Jean Robert
Photographe et Journaliste
31 août
11 septembre 2024
Jean Robert
Photographe et Journaliste
Bienvenue à Belém, ville brésilienne nichée à 1,5° au sud de l’Équateur, dans l’État du Pará, au nord du Brésil. Arrivés de Paris, Montréal ou Cayenne en Guyane française, nous avons débarqué dans cette métropole de 2,5 millions d’habitants, située au cœur du delta de l’Amazone, sur le rio Guamá. En novembre 2025, Belém sera sous les feux des projecteurs en accueillant la 30e conférence mondiale sur le climat, portée par la volonté du président Lula.
Le petit-déjeuner dans le patio de notre hôtel, l’historique Quinta das Pedras, un ancien couvent dans la vieille ville, marque le début de notre journée. Nous partons explorer le parc Mangal das Garças, la « Mangrove des aigrettes ». Sous le soleil du matin, les grandes aigrettes se pavanent élégamment, rejointes par des ibis rouges, des flamants roses et des vanneaux. Les iguanes, grands amateurs de carottes râpées, profitent aussi du calme. Depuis le sommet du phare, nous avons une vue imprenable sur la ville, baignée d’un côté par le rio Guamá et de l’autre par la baie de Guajará.
Vers midi, nous prenons un vol pour Santarém, survolant l’immense delta de l’Amazone. À l’atterrissage, un court transfert en bus nous mène à l’Amazon Dream, notre navire. Après un rafraîchissant jus de fruits, nous levons l’ancre vers l’embouchure de l’Ituqui, un canal parallèle à l’Amazone. À la rencontre entre les eaux bleues-noires du rio Tapajós et les eaux limoneuses de l’Amazone, nous assistons à un spectacle fascinant : les deux cours d’eau, si différents par leur densité, couleur et température, refusent de se mélanger sur plusieurs kilomètres. Le soir, nous admirons le coucher du soleil, salué par les souffles des dauphins roses, les fameux « botos » de l’Amazonie.
À 6h30 du matin, nous sommes déjà sur le pont, profitant des premiers rayons de soleil et des jeux des dauphins roses et gris, les tucuxis. Ces cétacés, témoins de l’évolution de l’Amazone, sont parmi les plus anciens de la région, ayant survécu à la formation des Andes et à la transformation de la mer intérieure en vaste réseau fluvial.
Nous montons dans les annexes pour explorer les marécages du lac Maicá, un écosystème de forêts inondées où les ornithologues se régalent. Des perroquets verts nous survolent bruyamment, tandis que les hérons et les aigrettes picorent les rives. Nous nous enfonçons dans un canal, découvrant une maison du XIXe siècle appartenant à un riche propriétaire local, surnommé le « Duc ». Sur notre chemin, nous croisons des buffles d’eau, coiffés d’aigrettes perchées sur leurs têtes.
Plus tard, lors d’une balade au coucher du soleil, nous observons des kamichis cornus et des hoazins, des oiseaux fascinants par leur apparence et leur lien avec l’Archaeopteryx. La soirée se termine par une présentation sur l’Amazonie, avant un apéritif bien mérité.
Départ à 7h pour une nouvelle journée d’exploration. Le soleil à peine levé, nous pénétrons dans un réseau de canaux où les oiseaux sont déjà actifs. Des ibis mandore se chamaillent dans les arbres, tandis qu’un balbuzard pêcheur vole au-dessus de nous, un poisson frétillant dans ses serres.
Nous visitons le village de Pacoval, habité par les Quilombolas, descendants d’esclaves africains ayant trouvé refuge en Amazonie au XVIIIe siècle. Leur village paisible est entouré de plantes et d’arbres fruitiers.
De retour à bord, nous remontons l’Amazone. Assis sur le pont supérieur, nous observons les rives défilant lentement, tentant d’immortaliser les dauphins roses qui surgissent de l’eau là où on ne les attend pas. Le soir, une sortie nocturne nous mène à la recherche de caïmans. Sous la lumière d’un projecteur, nous apercevons quelques jeunes jacarés et un subadulte d’un mètre. Sous un ciel étoilé, nous rentrons fatigués mais enchantés à bord de l’Amazon Dream.
Nous quittons notre mouillage aux premières lueurs du jour et filons le long du canal. Un héron cocoï, posté tel un gardien au bord de l’eau, s’envole à notre passage. Un dauphin rose vient perturber la tranquillité de la surface d’un souffle discret, presque comme un éternuement. Nous accostons face à une maison sur pilotis où la propriétaire nous accueille chaleureusement. Elle nous raconte la vie des petites communautés locales, où les habitants vivent simplement, en harmonie avec la nature. Leur quotidien alterne entre la pêche, l’agriculture, et la gestion des varzéas, ces terres inondées pendant la moitié de l’année. Nous dégustons un jus d’orange fraîchement pressé et une pastèque juteuse, avant de partir en balade avec son beau-père à travers les prairies et forêts, en quête de singes.
De retour sur l’Amazon Dream, nous mettons le cap sur Santarém pour un arrêt technique. L’occasion de visiter le musée du quai, qui abrite une fascinante collection d’objets en pierre et en terre cuite de la civilisation Tapajoara, ayant prospéré ici il y a plus de 6 000 ans. En reprenant la navigation, nous passons devant l’immense complexe de Cargill, où des millions de tonnes de soja et de maïs génétiquement modifiés transitent vers la Chine et les États-Unis. Le soir venu, nous rejoignons une plage idyllique sur le Rio Tapajós pour un bain de soleil avant de continuer notre navigation nocturne vers l’embouchure du canal de Jari. Mais avec le niveau de l’eau trop bas, nous ne pouvons pas y pénétrer.
Au petit matin, nous rencontrons Rosa-Angela, une femme inspirante qui a créé une réserve de faune sur 500 mètres de littoral. À peine débarqués, nous sommes entourés de petits singes saïmiris, curieux et espiègles. Dans sa grande maison sur pilotis, elle nous régale de noix de sapucaia et d’histoires captivantes, comme celle d’un caïman noir géant ayant trouvé refuge sous sa maison en pleine saison des pluies.
Nous partons ensuite explorer sa réserve. Rosa-Angela nous guide jusqu’à un grand ibijau, un oiseau nocturne qui se fond parfaitement dans le décor. Un peu plus loin, une femelle paresseux nous observe tranquillement avec son petit accroché à son ventre. De retour sur l’Amazon Dream, nous assistons à une conférence passionnante sur l’Amazonie, évoquant ses fleuves aériens, la biodiversité unique par kilomètre carré et les conséquences dévastatrices de la déforestation.
Dans l’après-midi, nous rejoignons une plage paradisiaque pour une baignade, avant de repartir à la recherche des singes hurleurs au coucher du soleil. De retour à bord, nous avons la surprise de découvrir une soirée barbecue préparée par l’équipage, sur la plage sous les étoiles.
Une matinée plus tranquille s’annonce avec un petit-déjeuner à 6h30. Sur la plage, Juvenal, notre guide, nous accueille et nous mène à travers la forêt vers la communauté d’Urucureá. Sa femme nous présente un petit singe zog zog, une adorable sous-espèce du capucin.
Cette journée marque notre premier contact véritable avec la forêt primaire de « terra firme ». Nous croisons les ombres furtives de singes hurleurs et découvrons une coopérative de vannerie où les femmes du village travaillent à la fabrication de paniers et objets artisanaux, utilisant des techniques anciennes. L’après-midi, l’Amazon Dream traverse le Rio Tapajós, aussi large qu’une mer intérieure, en direction des territoires des Mundurukus, où nous assistons à un rituel traditionnel au coucher du soleil.
Nous poursuivons notre route vers le nord, profitant de la traversée pour écouter l’histoire fascinante du boom du caoutchouc qui a propulsé l’Amazonie sur la scène économique mondiale au XIXe siècle. Nous faisons escale à Jamaraqua pour visiter un atelier de fabrication artisanale de latex avant une balade en pirogue dans la forêt inondée. La journée se termine sur une plage immaculée avec un coucher de soleil à couper le souffle, nous transportant une fois de plus dans un décor digne des Caraïbes.
Aujourd’hui, une randonnée nous attend au cœur de la forêt pour découvrir le majestueux Samauma, l’un des plus grands arbres de la région, vieux de plusieurs siècles. Nos guides nous partagent leurs connaissances de la flore amazonienne, des plantes médicinales aux techniques artisanales de la région. Nous finissons notre marche dans une clairière où une source d’eau fraîche nous offre une baignade bien méritée. Après avoir traversé à nouveau le Rio Tapajós, nous faisons route vers Alter de Chão, où un gros orage nous empêche de rejoindre Vista Alegre.
Nous débarquons tôt pour une dernière exploration en forêt, à la recherche des singes hurleurs. Après un petit déjeuner copieux, nous nous rendons à Punta de Pedras pour profiter de la plage parmi les locaux. Une balade dans la forêt inondée au coucher du soleil et un peu de shopping clôturent cette belle journée. Le soir, nous avons droit à un dîner festif sur la plage, accompagné d’un spectacle de danse traditionnelle.
Ce matin, il est temps de dire au revoir à l’Amazon Dream. Après avoir exploré le marché aux poissons de Santarém et goûté aux délices locaux, nous prenons l’avion pour Belém. Là-bas, nous visitons rapidement la ville, ses monuments historiques et le fameux marché Ver-o-Peso, avant de terminer la soirée sur les docks, bercés par les rythmes de la samba et de la bossa nova.
Pour notre dernière journée, nous explorons Belem, une ville en pleine effervescence en préparation de la prochaine conférence sur le climat. Après avoir visité le théâtre de la Paix et flâné dans le Mercado Ver-o-Peso, certains d’entre nous prennent le chemin de l’aéroport tandis que d’autres prolongent leur aventure en visitant les parcs zoologiques ou en admirant les magnifiques aras du Bosque Rodrigues Alves. Un dernier au revoir à l’Amazonie avant de reprendre la route vers de nouvelles aventures.
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