Marianne Duruel
Coordination et Photographie
13 août
21 août 2015
À bord de l’Amazon Dream, août 2015
Marianne Duruel
Coordination et Photographie
Après de bonnes conditions de vol sur nos différentes étapes, nous arrivons au Brésil, en Amazonie : Manaus, Bélem, Santarem…
Bientôt, les premières lumières du port apparaissent. Hélèna nous accueille chaleureusement et nous nous retrouvons rapidement à glisser sur les eaux du fleuve Tapajos vers notre charmant petit bateau caché dans une crique paisible. Bienvenue à bord !
Après une nuit bien méritée, tout le monde se retrouve pour notre premier petit-déjeuner à bord puis un premier débarquement à Santarem. Baigné par les eaux du fleuve Tapajos, le port révèle toute son animation. Les bateaux de transport de passagers sont alignés le long du quai, les pirogues des pêcheurs côtoient les énormes « vraquiers » dont les soutes se remplissent de soja. Nous débarquons près d’un secteur très animé : celui du poisson. Sous le toit rouge des halles, une foule se presse autour des étals. De nombreux poissons d’espèces variés sont présentés. Normal, lorsque l’on sait qu’environ 3000 espèces de poissons peuplent les fleuves et rivières du vaste bassin de l’Amazonie. Des quantités de poissons-chats aux tailles et couleurs différentes, les célèbres piranhas dont les dents affutées font un peu frémir même si beaucoup d’espèces sont végétariennes… Tambaquis, tucunarés, pirarucus… les noms sont pour nous aussi exotiques que les poissons eux-mêmes.
Dans l’eau en contrebas, s’impatiente un groupe de botos, les fameux dauphins roses de l’Amazone, fins prêts pour un petit-déjeuner de poissons facilement gagné. Une aubaine pour les amateurs de photos et de films. Un beau spectacle, d’autant que les grandes aigrettes et cormorans sont aussi invités au festin. Le poissonnier rémunéré a le sourire, tout le monde en profite. Puis c’est le marché aux fruits, les préparations médicinales élaborées à partir des plantes de la forêt.
Retour au bateau, la navigation commence. D’abord, nous longeons l’étonnante rencontre des eaux acides du fleuve Tapajos, dit « d’eau noire » et celles de l’Amazone, gorgées de sédiments, dites « d’eau blanche ». Les eaux s’enroulent, des « panaches » se mêlent un peu, s’évitent. Il faut du temps pour que finalement le mélange soit homogène. Bientôt l’Amazon Dream ralentit, s’amarre et c’est gardé par un grand iguane vert que nous déjeunons. Les navettes nous emmènent bientôt pour l’exploration du lac de Maica. C’est notre premier contact avec l’univers si particulier des secteurs de Varzea, sous les eaux toute une partie de l’année.
Après une partie de pêche aux piranhas plus ou moins coopératifs, nous reprenons notre navigation par le canal de l’Ituqui et le fleuve Amazone vers l’embouchure du fleuve Curua Una. Bonne nuit sur les eaux paisibles du Curua Una (littéralement « eau noire ») !
Ce matin, le soleil se lève sur l’Amazon Dream baigné par de vastes étendues inondées. Devant le bruyant réveil des oiseaux et le passage régulier de toutes sortes de volatiles quittant leurs dortoirs vers les sites de nourrissage, c’est avec enthousiasme que nous montons à bord des navettes. La lumière est superbe, le paysage somptueux et les oiseaux nombreux. Des couples d’aras macavouannes passent très haut au-dessus de nous. Nous explorons les îlots qui sortent de l’immense étendue d’eau. Un couple de tyrans des savanes à la longue queue noire en ciseau. Mais ils ne sont pas prêts pour une démonstration de leur vol spectaculaire.
Qu’à cela ne tienne, nous continuons vers des amazones en plein petit-déjeuner. Ces perroquets tout verts sont pourtant bien cachés quand ils sont dans la végétation. L’un, parfaitement éclairé, joue les stars. Un peu plus loin, c’est toute une petite troupe de hoazins que nous avons la chance de rencontrer.
Le grand hoazin huppé possède un plumage fauve surmonté d’une huppe du plus bel effet, un oeil entouré de bleu et une gorge claire. Outre sa beauté, ce grand consommateur de feuilles est une curiosité par son système digestif qui repose sur la fermentation bactérienne comme celui des vaches… L’étrange oiseau à la maladresse notoire possède également l’étrangeté de posséder des ailes équipées de griffes quand il est jeune. En effet, les petits hoazins, en cas d’alerte, se jettent à l’eau puis remontent dans la végétation grâce à leurs ailes munies de griffes. De plus, c’est tout le groupe qui s’occupe d’aider le couple reproducteur. Ils participent à la construction du nid, à l’incubation, au nourrissage des jeunes et à la défense du territoire. Bientôt, c’est un grand urubu à tête rouge qui nous survole. Sans aucun battement d’aile, il utilise les ascendants pour prendre de la hauteur. Un caracara à tête jaune et une buse à tête blanche nous occupent encore un peu avant de s’attaquer à la pêche aux piranhas. Le lieu est plaisant, baigné d’ombre propice, mais les piranhas ont pris un copieux petit-déjeuner de viande… Mais les quelques maladroits qui se sont fait attraper ont déclenché l’enthousiasme.
Nous continuons notre navigation vers Pacoval. D’une piste sortie de la forêt, des grumes s’entassent sur des barges… Nous faisons encore quelques rencontres : martin-pêcheurs d’Amazonie, ibis mandore… À peu de distance du village, des buffles traversent à la nage le Curua Una. Nous bifurquons vers une des berges pour admirer les nénuphars géants. Le Victoria Regia dont les gigantesques feuilles forment de vrais radeaux sont en fleurs en ce moment. Le bouton s’ouvre d’une blancheur immaculée puis vire très rapidement au rose, puis mauve avant de dépérir. Quelle riche matinée…
L’après-midi, c’est la forêt qui nous occupe. Nous débarquons à niveau du village de Pacoval où vit une communauté de quilombolas (descendants des esclaves noirs réfugiés au XVIIIe siècle en Amazonie), le traversons et nous rendons par une piste dans une forêt privée. C’est l’occasion d’une première approche de ce milieu si particulier et riche.
Le soleil se lève lorsque nous démarrons notre exploration matinale. Des dauphins roses pêchent près du bateau quand nous embarquons. Nous glissons d’abord dans un petit canal qui s’immisce entre des terres plantes ponctuellement de bananiers et de canne à sucre. Des maisonnettes sur pilotis, habitations traditionnelles des « cabocles », le « peuple des eaux », métis de Portugais et d’Amérindiens, des enfants nous saluent. Près du bétail, de nombreux hérons garde-bœufs s’agitent. Mais elles ne sont pas seules : grandes aigrettes, aigrettes neigeuses, petites sternes, becs en ciseau, dendrocygnes à ventre noir… passent en vols, pêchent, arpentent les différents terrains.
Puis c’est l’arrivée sur le vaste lac de Monte Alegre et ses 80 m de large. Nous en traversons une partie pour finalement nous faufiler dans de petits méandres propices à l’observation de la faune. Nous sommes accueillis par des tyrans des savanes, martins-pêcheurs et de charmants petits singes-écureuils. Pour qui sait observer, en cette saison où l’Amazone est en période de hautes eaux, le paysage au petit matin offre le superbe spectacle du réveil de la faune dans un milieu tout de vert « vêtu » aux multiples reflets émeraude. Au fil des méandres de ces vastes surfaces aquatiques d’où émerge ponctuellement le haut des barrières, nous avons la chance de croiser toute une famille de toucans aux superbes couleurs, de nombreux anis à bec lisse, les petits hérons striés craintifs et bavards s’envolent bruyamment… Un groupe d’hoazins huppés sont établis dans un arbre buissonnant dont la structure nous permet une belle observation. Les éclairs roux des jacanas noirs qui s’envolent par moments viennent animer les « radeaux » de jacinthes d’eau en fleurs.
Nous assistons également à la pêche traditionnelle locale. Deux pêcheurs font glisser dans l’eau leur filet de leur petite pirogue pour barrer un petit bras où le courant est sensible. Le filet est muni de flotteurs, quand l’un coule, c’est synonyme de belle prise et ils remontent le filet dans la pirogue. L’opération s’avère rapide et les prises de belle taille. Ici, tout le monde est pêcheur. Le « festival » se poursuit avec des buses à tête blanche, buses roussâtres, milans des marais… On se laisse même aller à s’extasier sur de charmants petits canetons… Des iguanes sont régulièrement repérés. Leur stratégie consiste à faire les morts ou tenter une intimidation à grand renfort de mouvements de tête, fanon (sorte de collerette) déployé. Puis, souvent, devant le fait que nous ne sommes nullement impressionnés, ils se laissent tomber dans l’eau. Nous regagnons l’Amazon Dream par de complexes canaux entrelacés sur lesquels nous croisons pas mal de monde. C’est dimanche, le jour de la messe. Nous faisons un petit arrêt à la salle des fêtes du village avant notre retour à bord pour le déjeuner.
Après une escale technique à Santarem et un arrêt baignade, nous naviguons vers le canal naturel du Jari, au bord duquel l’Amazon Dream mouille pour la nuit. C’est l’occasion d’une dernière petite sortie nocturne sous une somptueuse voûte céleste…
Le soleil est en train de commencer à éclairer les vastes étendues inondées quand nous embarquons pour remonter le cours du Jari, repérable aux grands arbres alignés le long de ses berges invisibles. Avec le réchauffement climatique, les crues de l’Amazone sont bien plus importantes qu’avant et Wilson nous fait remarquer les maisons les plus anciennes, bien plus basses que les habitations plus récentes dont les pilotis ont une hauteur nettement plus élevée. La décrue est en cours et la hauteur maximale est bien visible sur les troncs et les pilotis.
De bon matin, l’observation de la faune est particulièrement intéressante. Les « éclairs » jaunes ensoleillés des orioles des champs ponctuent régulièrement le paysage. Les arbres décharnés sont couverts de nombreux dendrocygnes à ventre noir dont les becs rouge vif s’agitent dans tous les sens. Sur les rares secteurs déjà sortis de l’eau s’activent les bruyants vanneaux téro et divers échassiers. Les tout premiers cabocles, descendus des zones de « terra firma » (terres hautes) vers la Varzea et son riche potentiel pour nourrir le bétail avec une belle herbe grasse juste sortie du limon, s’activent. Ils reprennent possession de leur domaine estival. Les maisons doivent être restaurées après leur longue absence pendant laquelle elles ont subi les trombes d’eau, les inondations, les orages violents… Les bovins juste débarqués sont plus longtemps que d’habitude sur des herbages surpâturés et certains sont véritablement squelettiques. Heureusement des croisements en ont fait du bétail particulièrement résistant. Près d’une petite église, sur une petite zone fraîchement sortie de l’eau, un jeune caïman est en train de réguler sa température interne. Il s’éclipse prudemment. Un grand urubu fait sécher ses ailes comme un cormoran géant afin d’en évaporer la rosée. Des petits perroquets verts, des touis à ailes variées, se nourrissent sur des arbres dont les fruits les attirent.
C’est un vrai ballet et il est bien difficile de différencier les feuillages des petites silhouettes vertes. Un peu plus loin, des caciques « cul jaune » sont en pleine activité : ils construisent leurs nids. Les grandes structures pendent du côté le mieux exposé de l’arbre. Il est intéressant de noter le fait que les ingénieux bâtisseurs ont positionné leur nid tout près d’un nid de guêpes en protection supplémentaire.
Bientôt nous pénétrons dans un petit chenal où nous croisons un bateau de transport de passagers. Étonnant compte tenu de la largeur réduite de la petite voie d’eau. Mais il faut dire qu’en Amazonie, c’est le moyen de locomotion vital et les bateaux sont conçus avec très peu de tirant d’eau. Nous débouchons sur un vaste plan d’eau au pied d’un secteur de « terra firma ». Des dauphins y batifolent.
Un héron strié, en pleine pêche, se laisse photographier et filmer à loisir. Nous faisons demi-tour. Sur le canal de Jari, le commandant du bateau nous fait une belle démonstration de pêche à l’épervier. Quand l’Amazon Dream lève l’ancre, c’est pour ressortir sur le fleuve Tapajos et naviguer vers le Rio Arapuins. Après une opération baignade bien agréable, nous faisons un petit tour au coucher du soleil. Des singes-écureuils quittent la canopée et un peu plus loin, 5 capucins alignés, sur une haute branche, sont prêts pour la nuit. À demain pour de nouvelles aventures…
Après une nuit bercée par la vie nocturne de la forêt, la palme revenant indiscutablement aux grenouilles, nous débarquons sur une petite plage réduite à sa plus simple expression par les hautes eaux. Tandis que certains tentent de photographier une minuscule grenouille peu coopérative il est vrai, d’autres vont rendre visite au siamois du coin, lui, très satisfait de la visite… La balade nous entraîne par un petit sentier, dans la forêt, pour rejoindre le village de Urucurea. Au loin un cri de singe hurleur retentit. Tout le groupe se fige pour écouter l’étrange sonorité gutturale qui n’en finit pas de couvrir tous les autres sons de la forêt. À se demander comment il parvient à gérer une telle puissance vocale sans jamais reprendre son souffle, car le long cri est continu. Toute une technique ! Après ce salut du matin, nous cheminons sous la canopée. Un habitant du village nous accompagne. Il repère bientôt un porc-épic dans les frondaisons. L’étrange silhouette passe sur l’arbre voisin et nous avons la chance de pouvoir profiter longuement de cette rencontre exceptionnelle. La progression dans cette forêt secondaire nous permet de constater la variété et l’intensité du couvert végétal. Des lianes spectaculaires « partent à l’assaut » des arbres. Les palmiers sont nombreux. Des hévéas portent encore les stigmates de leur exploitation : des séries de striures correspondant aux incisions pour faire couler le latex. De temps à autre, le groupe s’arrête pour tenter de photographier ou filmer les groupes de petits singes-écureuils mais ces derniers sont prudents. Même si c’est manifestement l’heure du petit-déjeuner, car certains ont encore une feuille à la main, ils considèrent qu’il est plus prudent de s’éloigner. C’est alors une partie de cache-cache qui s’engage, car toute la colonie s’ébranle et les petits singes, à la queue leu leu, sautent de branche en branche, d’arbre en arbre de plus en plus loin de nous. Chacun tente de les suivre du regard et de saisir le moment fugace où la petite tête se tourne vers nous le temps d’un bref arrêt.
Après la forêt, nous visitons le petit village. Les enfants sont sagement en classe. Certains sortent pour boire et voir un peu les drôles de visiteurs que nous sommes. La cuisinière s’active dans sa cuisine, car c’est bientôt l’heure d’un petit encas et les bols se remplissent d’une sorte de tapioca. Nous continuons vers l’église et la petite coopérative artisanale où les femmes réalisent de beaux objets en vannerie.
Après cette agréable matinée, l’Amazon Dream reprend sa navigation vers le fleuve Tapajos. Environ 3h30 après, un arrêt baignade plus loin et c’est l’arrivée en face de Maguari, près de la Forêt Nationale du Tapajos que nous découvrirons demain. Pour l’heure, nous faisons un dernier petit tour en annexe au coucher du soleil.
Lever matinal pour arriver au village de Maguari, sa population est estimée à 600 habitants. Là, nous démarrons notre expédition « découverte de la Forêt Nationale du Tapajos ». Nous traversons d’abord le village endormi en compagnie de nos guides de la communauté locale. Chaque famille possède une maison en brique et une traditionnelle en palmes pour la période la plus chaude. Machette à la main, ils nous dirigent d’abord vers le secteur des hévéas. Ces hévéas sont travaillés de janvier à août pour l’extraction du latex afin de fabriquer de l’artisanat. Une incision est faite tous les 2 jours. Un an, d’un côté de l’arbre et l’an d’après de l’autre côté. Un hévéa peut vivre plus de 100 ans, selon Wilson. Ce dernier nous explique combien les fruits de l’andiroba, bruns et à la pulpe blanche, sont utilisés. Avec, on fabrique de l’huile : la pulpe est cuite, gardée 30 jours puis placée dans une gouttière verticale, l’huile sort alors de la pulpe. C’est un anti-inflammatoire, indiqué contre les maux de gorge, utilisé pour les massages, en cosmétologie. C’est aussi un bon antimoustique.
Nous cheminons d’abord sur un sentier qui s’ouvre un peu plus loin. Nous sommes là dans une forêt secondaire. La main de l’homme y a laissé des traces d’activité encore récentes. Ce type de parc ne date que des années 70 et la population qui vivait dans ces forêts a dû s’installer au bord du fleuve Tapajos. Mais ils ont conservé le droit d’exploiter les terres déjà défrichées à condition de ne pas ronger progressivement la grande forêt primaire proche. Ce système protège les Amérindiens de la déforestation massive, en leur laissant l’exploitation extractiviste de leur territoire. C’est leur supermarché et leur pharmacie… Mais malheureusement pour eux, cela ne les met pas à l’abri de la construction des barrages, de l’exploitation minière à proximité… Nos deux guides continuent de nous initier aux secrets de leur forêt. Les propriétés des écorces, sève liquide sur un tronc fraîchement incisé, sève solidifiée se révèlent multiples. Cela donne une idée de l’énorme potentiel en molécules médicamenteuses que recèlent ces forêts. Certains de ces remèdes connus traditionnellement des populations indiennes puis cabocles (métis d’Indiens et de Portugais) sont également utilisés par certains animaux.
Progressivement, la forêt change d’aspect. D’une forêt de sol pauvre sablonneux, nous passons à une forêt de sol noir, plus riche. Nous sommes sur un plateau à un peu plus de 200 m d’altitude. Nous sommes proches de la forêt primaire. Près d’ici, des recherches archéologiques sont en cours. C’était un secteur indien, on y retrouve des morceaux de poteries, des petites représentations animales, de tête… Bientôt, la forêt s’ouvre, les troncs deviennent impressionnants, le sous-bois s’éclaircit. D’étranges petites constructions en terre, comme des bouts de tuyaux fermés sortent du sol : des nids de cigales… Après un bon moment passé à profiter de ce beau secteur amazonien, c’est le retour à bord direction les terres des Mundurucus.
Après une opération sieste bien méritée, le petit groupe se prépare à assister à un rituel mundurucu. Soudain, des lumières sortent dans la nuit, ils arrivent nous chercher en pirogue. La nuit amazonienne s’offre à nous tandis que le cacique, le chef du village, nous initie un peu à cet univers très particulier, plein de valeurs fortes et essentielles. Au dîner, les conversations prennent parfois une tournure philosophique…
Le débarquement au village mundurucu de Marituba se fait dans des conditions un peu étonnantes du fait de la hauteur de l’eau. Le terrain de football est à peine découvert… Qu’à cela ne tienne, nous traversons le village pour gagner le couvert forestier. 32 familles vivent là, soit environ 130 personnes. Deux indiens adultes et un jeune garçon nous accompagnent. Nous passons près de la salle des fêtes, la petite église, l’école primaire et la petite bibliothèque communale. Puis nous nous enfonçons dans la végétation. D’abord entourés de champs de manioc, nous passons entre des cacaoyers, des caféiers, des papayers…
La végétation se modifie petit à petit au fur et à mesure que nous nous éloignons du Tapajos. Il faut dire qu’ils n’ont le droit de pratiquer la culture sur brûlis que jusqu’à la distance de 1000 m du Tapajos en pénétrant dans la forêt. Le méli-mélo caractéristique des forêts secondaires nous entoure. Soudain une ouverture, cela nous donne une belle perspective sur le lac Maraï. Nous l’avions parcouru en navette la veille. Nous reprenons notre chemin, la forêt est sombre, mais de temps à autre, des rayons de soleil pénètrent dans l’épaisse couverture végétale. Nous faisons connaissance avec un certain de nombre de fruits comme celui du Jambu C. Nous assistons à une démonstration de la technique de récolte de l’açai. Les fruits de ce palmier sont riches en vitamines et excellents aussi bien en jus qu’en glace… Certains courageux tentent l’expérience… mais ici, cette technique s’apprend vers l’âge de 5 ans… Il manque juste un peu de pratique.
Autour de nous poussent de nombreux arbres dont la production fournit fruits, huile, café, cacao… Nous suivons maintenant un petit ruisseau, quelques petites grenouilles minuscules sautent parfois dans le tapis de feuilles mortes où elles se cachent. La noix du Brésil fait l’objet de toute une démonstration. On la récolte de novembre à février, lorsqu’elles sont mûres. Un bouchon les tient fermées mais quand elles sont arrivées à maturité, il tombe. L’oxygène pénètre et les noix sèchent. Là, nous trouvons 25 noix dans la coque. Leur nombre peut aller de 12 à 28. Sur 25 noix, en moyenne, 3 arbres se développent quand elles sont cultivées. Très énergétiques, elles sont emmenées traditionnellement lors des expéditions en forêt.
Le sentier étroit monte et descend comme des « montagnes russes »… Wilson nous montre « L’arbre qui marche » dont les racines en échasses poussent les unes par-dessus les autres. Au fil des ans, effectivement il avance…
Puis nous nous arrêtons près d’un invira dont l’écorce, constituée en sorte de « millefeuilles » permet de fabriquer des liens… Après avoir découpé un rectangle à la machette dans l’écorce, on en tire des bandes dont on peut sortir couche par couche, la fibre. Cela donne des liens très résistants. De retour au petit village, nous regagnons l’Amazon Dream après avoir eu un aperçu de l’artisanat local.
Nous gagnons le lac Anuma. Sur ses rives, une plage sublime nous attend. Il semble que les petits dauphins gris ou sotalies soient d’accord, car ils sont venus nager tout près de certains chanceux… Au village de Vista Alegre, nous sommes accueillis chaleureusement pour une joyeuse démonstration folklorique dont l’amusante et traditionnelle danse du Tipiti…
L’Amazon Dream a jeté l’ancre juste en face du village de Vista Allegre. Ceci est très étonnant, étant donné le nombre de bancs de sable et de plages que l’on voit d’habitude à cette saison. L’eau est encore vraiment très haute… Nous retrouvons notre paillote d’hier soir, non plus dédiée à la danse, mais à l’artisanat… Notre découverte du village commence par l’église « Notre-Dame de Lourdes ».
Dans ce village de 240 habitants, il y a deux églises. L’une est catholique, l’autre (pour 5 familles) est évangéliste. Nous passons près de touffes de patchouli avant de rejoindre l’école. C’est jour de fête des pères, pas d’école. Par contre, un banquet semble se préparer… Nous poursuivons notre chemin. Un peu plus loin, une équipe est en train de couvrir le toit d’une construction traditionnelle avec des palmes telles que nous les avons vues préparer dans la forêt. Sur quelques arbres fleuris, des colibris s’activent. Mais ils sont rapides et craintifs. Dommage, ils sont si beaux. Le chemin est facile. Wilson nous montre des palmiers porteurs de fruits comestibles. Il nous ouvre un fruit de l’urucum dans lequel se trouvent de petites graines. Écrasées, elles fournissent la couleur rouge, à la fois pour la cuisine et pour l’esthétique…
Nous bifurquons vers la forêt, le chemin devient sentier. Parfois, un morpho sort de l’ombre. Son vol irrégulier et rapide, coupé de courts moments où il se pose en fermant les ailes pour se dissimuler, en font la hantise du photographe ou du caméraman… Finalement un sujet beaucoup plus calme est annoncé : un paresseux… Mais… Le lieu le plus propice pour le voir était infesté de fourmis mécontentes et bientôt les piqûres commencent pour les plus téméraires. Finalement, tout le monde se retrouve sur le chemin. De là, il est plus dur à voir, mais c’est nettement plus confortable. Ponctuellement, une fleur donne une note de lumière au sous-bois.
Les fleurs sont très majoritairement sur la canopée. Un petit escarpement, une autre bifurcation et nous arrivons à l’embarcadère où nous attendent nos pirogues. Après avoir vu la forêt de Varzea, celle de « terra firma » comme à Maguari, nous voici dans un secteur d’Igapo, la forêt plus ou moins toujours inondée. Les pirogues dirigées de pagaie experte par des pêcheurs locaux glissent doucement sur l’eau. Nous descendons d’abord une petite rivière alimentée par une source située à près de 4 km de là. Puis, le paysage s’ouvre le monde tout en reflets de ce grand secteur d’ombre et de lumière. Régulièrement retentit le cri si particulier des caciques. À chaque fois, deux oiseaux se répondent. Finalement, nous débouchons en pleine lumière sur le lac Anuma.
Et c’est le retour pour un bain bien mérité sur la petite plage de rêve ! Après le déjeuner, en route pour Alter de Chao. La traversée est un peu « rouli roula », autant que le Tapajos peut l’être… L’Amazon Dream jette l’ancre juste en face de la petite station balnéaire.
Dernier tour d’exploration en navette, dernier shopping et dernière soirée brésilienne, festive, bien sûr…
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Messages
Bonjour,
Avec ce blog, je suis sûre que Rose passe un bon et beau séjour!
Une bonne fin de séjour à tous.
Cécile (la voisine de Rose)
Merci de nous faire voyager grâce à tous ces moments vécus, notre imagination travaille en attendant les photos de Rose.
Profitez bien de ces derniers jours avant le retour à la réalité urbaine.
Isabelle (Voisine de Rose)
J’ai fait une croisière formidable sur l’Amazon Dream ! L’ambiance chaleureuse et le professionnalisme de l’équipage m’ont fait découvrir cette magnifique partie de l’Amazonie.
Ne parlons pas de Marianne qui est toujours au « top » pour nous faire apprécier toutes les beautés de la nature.
Merci ! de m’avoir permis de rêver dans ce monde plein de surprises.