Louis Reynaud
Glaciers et Climats
14 août
26 août 2014
À bord du Polaris, août 2014
Louis Reynaud
Glaciers et Climats
Xavier Allard
Arctique
Durant notre visite en bus de l’Adventdal, nous croisons plusieurs rennes et bernaches nonettes. Sur la route, nous voyons les chenils à chien de traîneaux. Nous montons vers l’observatoire pour voir ses paysages de toundra du haut de la montagne élevée de 450 m, sous une tempête de ciel bleu.
Quelque temps après notre départ de Longyarbeen, en face de Barentsburg, la sonnette retentit, le capitaine a vu une dizaine de bélougas : on fait une belle observation de ces cétacés, voilà un voyage qui s’annonce bien.
Notre réveil se fait en Baie du Roi. Au petit matin, nous observons 3 renards polaires qui virevoltent sous la falaise à oiseaux d’Ossian Sarsfjllet, où nous allons faire une marche ce matin, mais à peine le petit-déjeuner terminé, une ourse pointe le bout de son nez et nous voilà partis en zodiac pour l’observer et finissons notre matinée en face du glacier du Roi. Vers 14 h, nous faisons une approche d’un gros phoque barbu qui faisait la sieste sur un iceberg à une dizaine de mètres du Polaris.
Cette après-midi sera consacré à la visite de Ny-London, superbe site archéologique et toundra fleurie. Durant la marche, nous croisons des rennes peu farouches. Nous dînons en face du glacier de Blomstrand où nous allons passer la nuit.
Du fjord du Roi à la baie de la Madeleine, la mer a été légèrement houleuse, et quel calme soudain en pénétrant dans le fjord… Débarquement sur la rive droite pour l’observation des pierriers où nichent les mergules. Il en reste encore beaucoup qui forment des nuées aux départs et arrivées groupées de la pêche. Ils se reposent sur les blocs et nous pouvons les observer de près, entendre leurs cris stridents, sous un chaud soleil, sans vent, face au vaste paysage de la baie !
Ensuite, c’est la visite aux morses récemment établis sur une plage sableuse de la Madeleine : une quinzaine, dont quelques-uns pêchent dans les fonds proches peu profonds et les autres vautrés sur le sable se réveillent de temps à autre pour échanger quelques coups de leurs longues défenses. Nous aurons là une longue observation avant de rentrer un peu transis au Polaris.
Réveil en baie de la Madeleine d’où nous partons pour le cap du Nord-Ouest. Nous passons par le détroit de Sorgattet et le fjord de Smeerenburg. Nous faisons une approche zodiac de la colonie de phoque veau marin de Virgohamna, que nous observons longuement sous leur regard peu inquiet. Puis après le déjeuner, nous continuons notre recherche d’ours ce qui nous mène au glacier de Svitjodbreen. Nous partons de là en zodiac à travers le brash et les nombreuses petites îles basses, sous un grand soleil, en direction de Birgerfjellet qui est un site historique très riche, car nous visitons des restes de fours de baleiniers pour fondre la graisse de baleiniers et une hutte de trappeurs. Nous jetons l’ancre pour passer la nuit dans Sallyhamna, le port de Sally, tout proche et bien abrité.
Du Fuglefjord au Liefdefjord…
Ce matin, le temps a changé et la brume recouvre les sommets, comme ceux de la falaise aux macareux moines : un vrai temps arctique. Aussi, le Polaris fait de la route vers l’Est en direction du fjord de Monaco et des îles des canards, Andøyane. Un premier ours, aperçu depuis le bateau, près du rivage, broute l’herbe de la toundra ! Nous l’observons quelque temps, mais rien ne le distrait de son repas végétarien. Puis, nous approchons des îles Makeøyane où un autre ours est repéré, le troisième du voyage, qui, lui, vient nous faire son show le long de la côte. Nous suivons sa promenade depuis nos zodiacs pendant une bonne heure, avant qu’il ne se retire vers l’intérieur de l’île.
Belle journée avec les ours !
Ce matin, nous partons dès 6 h pour aller ramasser notre pêche dans la baie de Mushamna, six beaux ombles chevaliers qu’Hervé, notre cuisinier, va nous préparer en carpaccio pour ce soir. Nous remontons le fjord de l’Amour, en chemin nous observons depuis les zodiacs une ourse et son ourson de l’année (6 mois), superbe scène de vie. Après le déjeuner, randonnée sur la moraine du glacier d’Erik et observation de la flore arctique. Belle navigation devant le glacier de Monaco d’un bleu intense. En fin de journée, nous faisons une belle navigation zodiac dans les îles de Lerneroyane où nous observons une dizaine de bélougas très curieux qui s’approchent de nous à quelques mètres et un renard arctique, près de son terrier.
Nous levons l’ancre de Mushamna à 8 h, cap au Nord pour trouver la banquise. À la sortie du Wood fjord, nous croisons le chemin de six petits rorquals qui se laissent approcher à quelques mètres, un cétacé nous fait le show de passer sous le bateau, superbe rencontre ! La matinée se passe entre deux conférences : Xavier nous parle de l’époque des baleiniers et Pascal nous explique la retouche photos. L’après-midi est agrémenté des premières plaques de banquise surmontées de phoques barbus et du Groenland. Le Polaris » se couple » avec une plaque de banquise de plusieurs ha de surface, ce qui nous permet de nous promener sur cette glace de mer, entre humocks, piscines de fonte et une trace récente de passage d’ours.
Notre journée banquise commence dans une ambiance glaciale avec -4 °C au thermomètre extérieur, car nous nous trouvons par 80° 40′ de latitude Nord, environnés de grandes plaques de glace de mer. Nous avalons notre petit-déjeuner et, déjà, un phoque à capuchon se laisse bien observer depuis le Polaris. Nous sortons les zodiacs pour une croisière dans ce dédale de plaques de banquise. Les miles défilent sous nos zodiacs tandis que nous observons d’étranges formes d’hummock. Nous rentrons pour continuer notre découverte de la banquise depuis le bateau. Nos observations de phoques à capuchons et du Groenland s’enchaînent, quelques mouettes ivoire immaculées nous survolent en poussant leur chant caractéristique et même une mouette de Sabine vient tourner autour du bateau, capuchonnée de noir. Nous repartons cap au Sud en direction de la baie Hamilton dans le Raudfjord où nous passerons la nuit.
La baie Hamilton dans le Raufjord est décidément une baie bien calme par vent du Nord qui a soufflé une bonne partie de la nuit. La croisière zodiac dans cette baie, par temps plus calme, nous fait rencontrer de nombreuses femelles eider suivies de leurs poussins. Nous passons aussi le long des deux fronts de glaciers qui viennent vêler dans la mer. L’après-midi, nous débarquons dans la baie de Alice, Alicehamna, pour une grande randonnée vers un sommet qui nous offre un beau paysage sur le fjord et les grands lacs de l’autre côté, ainsi que la rencontre de quatre lagopèdes, mâles et femelles, dans leur plumage d’été. La petite balade, elle, nous entraîne sur une petite colline entre deux bras de mer. Le soir, nous mouillons à l’abri de la petite colline de Sallyhamna.
Depuis Alicehamna, Raudfjord, que nous avions déjà inspecté à la jumelle sans succès, nous continuons nos recherches d’ours en en sortant, tout le long des rivages. C’est un groupe d’une quinzaine de morses qui sont repérés par Roxane depuis la passerelle, sur l’île Nordvestfluglesongen. Ce sera une excellente observation pendant deux heures sous un bon et clair soleil. Ensuite, c’est au tour d’un gros ours découvert par Xavier sur l’île du Spitzberg face à celle du Danemark, que nous approchons en train de consommer un phoque (c’est le 6e ours de cette croisière). Il est d’un beau pelage bien clair, bien rond d’avoir englouti tant de graisse. Il va ensuite étaler son ventre sur un névé, pour apaiser une digestion probablement difficile. Nous le quittons quand il se cache derrière une moraine. Le retrouverons-nous demain matin, vu que nous mouillons face aux restes de son phoque ?
Ce matin, tôt, notre ours est toujours en place, dormant tranquillement. Mais il commence à se déplacer en nageant et on le suit à la longue vue pour lui rendre visite en Zodiac. On suit ses pérégrinations dans la moraine jusqu’à ce qu’il se couche hors de notre vue. Nous débarquons ensuite sur le site de Smeerenburg pour la colonie de morses et les vestiges des fours de fonte de graisse de baleine. L’après-midi, nous refaisons un passage dans l’anse aux veaux marins de Virgohamna pour profiter de la belle lumière qui les éclaire et visitons les reliques du Hangar du ballon d’Andrée et de la production d’hydrogène à partir de l’action de l’acide sulfurique sur le fer. Puis, en empruntant le détroit Sorgatet, un gros ours est repéré dormant près du rivage. Des zodiacs, nous voyons qu’il s’agit là d’une mère et de son jeune de six mois, tous deux bien portant à la fourrure claire. Ils nous accompagnent un bon moment en marchant le long de la plage pour disparaître derrière une colline. Ce sont les 7e et 8e plantigrades que nous rencontrons.
Ce matin, nous nous sommes réveillés dans la petite baie de Signehamna : grand soleil avec en toile de fond la vaste falaise de vêlage du glacier de Lilliehöök, un arc de cercle quelque 7 km de long que nous parcourons en croisière bateau. Débarquement à Fancillipynten pour les nombreux rennes qui ne nous laissent approcher que d’assez loin. La cabane Zoé séduit beaucoup de nos passagers, car elle donne envie de venir y passer quelques jours de grand beau comme aujourd’hui. Ensuite, croisière zodiac le long de la côte pour rejoindre la baie du glacier du 14 juillet. Encore beaucoup de rennes sur le rivage et, enfin, les fameux macareux moines tant espérés qui font la joie des photographes. Puis, ce sont trois petits renards polaires blancs, dans leur livrée d’été, gris et marron, qui nous font le spectacle près du rivage, mi-peureux, mi-familiers. Pour finir, nous approchons deux phoques barbu qui plongent de loin et l’un d’eux vient tourner autour de nos embarcations, dans le brash de glace de mer, au front du glacier du 14 juillet, pour notre plus grande satisfaction !
Aujourd’hui, nous débarquons à Farmhamna, station de trappe qui fonctionnait encore récemment. On y voit les différents bâtiments et hangars, avec les outils de chasse et de pêche. Parmi les bois flottés récupérés par le trappeur, un arbre porte clairement les marques du recueil de sève, du temps où il était encore sur pied en Sibérie. Une boule de duvet grise, tachetée de noir, au bec orangé, est invisible tout près : c’est un poussin de sterne quasi invisible quand il est immobile. Les plages fossiles bien visibles, portent des os de baleine déposés naturellement dans un passé lointain. Nous verrons un plongeon catmarin s’envoler d’un étang, bel et grand oiseau. L’après-midi, le bateau atteint Alkehornet où nous débarquons pour une visite du site sous les grandes falaises à oiseaux et bien sûr les terriers de renards polaires. Dans la soirée, la dernière de la croisière, nous en revivons ensemble le déroulement avec une projection d’images préparée par Pascal, montrant la grande diversité des paysages et animaux caractéristiques du Spitzberg, le tout dans un bon moment de convivialité !