Sophie Tuchscherer
Guide
28 mars
9 avril 2024
Sophie Tuchscherer
Guide
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédents voyages. Lorsque celui-ci sera terminé, nous publierons les photos de la croisière.
C’est tôt le matin que nous avons rendez-vous à l’aéroport de Paris pour notre vol vers l’Équateur. Nous faisons la connaissance les uns des autres ainsi que de notre guide accompagnatrice Sophie avant d’embarquer pour le long courrier qui nous mènera vers “la moitié du Monde” comme on surnomme parfois l’Équateur, traversé en effet par
la ligne du même nom. À notre arrivée, nous sommes pris en charge par Carlos et Wilson qui nous feront la visite de ville demain mais en attendant, c’est bien fatigués que nous dînons et échangeons avant de rejoindre nos chambres pour la première nuit de notre grand voyage.
Après une nuit d’un sommeil plus ou moins profond au vu du décalage horaire, nous retrouvons notre guide Carlos pour une visite de la ville et commençons par les collines de cette ville déjà haute (près de 3000 m) où une statue d’une vierge ailée, la vierge apocalyptique (une des seules au monde) domine la ville. Cette dernière est d’un calme exceptionnel : pas un son de klaxon ou moteur pétaradant ne vient troubler la douceur matinal : nous somme vendredi saint et la vieille ville est complètement fermée à la circulation!
Notre guide Carlos profite de cette situation pour nous emmener vers la procession où des milliers de personnes sont rassemblées pour voir passer les chars soutenus par les fidèles. Des sculptures, images pieuses et représentations du christ, de la vierge et de nombreux saints entourés de guirlandes piquées de fleurs sont montrés dans les rues et nous sommes particulièrement impressionnés par les pénitents défilant par milliers, vêtus de violet et coiffés de troublantes cagoules pointues. Le vol de nuées de pigeons surpris par les tambours, flûtes et trompettes de la cérémonie se perdent dans le ciel où des brumes grises s’accrochent aux clochers des nombreuses églises environnantes. A notre grand regret, certaines prévues à la visite sont fermées mais inversement, nous avons la chance d’avoir pour nous seuls la perle des églises: celle de la compagnie des
Jésuites, remarquable édifice croulant littéralement sous l’or puisqu’elle cumulerait en effet 5 tonnes de feuilles d’or recouvrant presque l’intégralité de la construction finement ouvragée ! Nous profitons aussi du silence exceptionnel qui y règne avant de retrouver les clameurs de la ville avec sa Place des Armes entourée d’édifices symboliques aux rôles essentiels: le palais Présidentiel et ses gardes en uniforme, l’archevêché, l’hôtel de ville et la Cathédrale.
Carlos nous donne de nombreuses explications sur l’histoire de la ville et du pays (dont la situation actuelle avec un état d’urgence dû à la l’activité des narco-trafficants dont la levée est prévue début avril), l’époque présidentielle, celle des conquistadors et celle pré-hispanique où nous allons continuer dans le thème car nous avons l’entrée au musée Alabado. Cette remarquable collection d’objets créés avant l’apparition de l’homme blanc est un incroyable voyage dans le temps et le mysticisme et présente la cosmogonie précolombienne sous forme de salles remplies d’objets illustrants les différents mondes des croyances d’autrefois : les défunts, les hommes et les esprits, unis par une force vitale et une énergie circulant à travers eux et des mondes parallèles. Les représentations des statues, objets du quotidien, amulettes ou bijoux nous dévoilent une page inconnue et
captivante de cette culture ancienne. Quel contraste avec la fête religieuse au dehors; et pourtant mue par une même aspiration: la spiritualité.
Dehors justement, la fête bat son plein et nos estomacs clament aussi alors que nous prenons le chemin du restaurant. Un délicieux menu local nous est servi et nous profitons des plats et de l’ambiance de la belle architecture coloniale du bâtiment en faisant plus amplement connaissance.
Nous rentrons plus tard dans notre quartier où nous profitons de la proximité du marché des artisans pour déambuler entre les étals colorés, certains en profitant pour déjà choisir quelques souvenirs.
Le soir, nous ne faisons pas long feu après le dîner et choisissons bientôt la posture horizontal pour clore cette journée intense et vibrante.
Ce matin, après un réveil matinal, nous quittons Quito pour son aéroport en vue du vol vers notre destination tant désirée : Les Galapagos. Après les formalités de bio-sécurité et taxes d’entrée du parc, nous nous envolons sous un beau ciel dégagé et un dernier coup d’oeil à la capitale et les volcans qui l’entourent.
À peine atterris, nous voyons déjà deux gros iguanes allongés sous les feuillages d’arbres aux formes étranges; ils semblent venir des temps préhistoriques. Carmen, notre guide assermentée du parc et cheffe d’expédition vient nous accueillir et nous accompagner : il faut prendre un ferry puis un bus avant d’arriver à destination pour embarquer à bord de l’Ecogalaxy.
Autour du ferry, une profusion de vie est déjà au rendez-vous : des groupes d’oiseaux dans le ciel dont la majestueuse frégate aux dimensions impressionnantes. Ce bel oiseau (qui n’est pas sans nous rappeler un ptérodactyle) passe si près de nos têtes que nous voyons son jabot gonflé d’un rouge éclatant. Des pélicans planent autour de nous et un groupe de sternes brunes pêche en se chamaillant.
Le fond des eaux turquoises nous laisse entr’apercevoir les poissons qu’ils convoitent. Carmen nous montre deux raies léopard qui passent comme pour saluer, avec des pointes à une vitesse étonnante au ras de rochers noirs où cheminent quelques crabes rouges.
Nous continuons notre route en bus à travers les hauteurs, passant par les prairies et forêts de l’île. Nous y croisons quelques vaches, fruits de l’agriculture qui représente une des économie de l’archipel, aujourd’hui bien en deçà du tourisme qui fait vivre une bonne partie des 15 000 habitants de Santa Cruz. Le point culminant de l’île nous offre une belle vue panoramique sur cette forêt endémique où découvrons une flore unique et inconnue avec des arbres aux troncs couverts d’un lichen abondant et poilu, des fleurs colorées, des arbustes aux formes biscornues et d’autres aux allures de marguerites géantes. Nous sentons des odeurs saisissantes dont certaines nous sont familières et d’autres ouvrent la porte d’un monde nouveau; l’air iodé de l’eau de la baie, la terre humide et riche en humus décomposé et celle, inconnue et délicieuse du bois sacré palo santo à l’état sauvage.
Nous arrivons ensuite à Puerto Ayora et sommes pris en charge par l’équipage, découvrons nos cabines et passons à table dans la foulée, l’estomac bien disposé à savourer la cuisine du bord. Nous suivons ensuite une présentation d’information du parc national et de la vie à bord suivie des instructions de sécurité règlementaires et obligatoires avant de reprendre les pangas (zodiacs) pour une sortie à terre au centre d’élevage des tortues géantes, passant devant le centre de recherches Darwin, cet illustre personnage connu pour sa théorie de l’évolution qui prendra sa genèse ici.
Le chemin bordé de roches de lave abrite une flore remarquable dont le manzanillo, un arbre dont il faut se méfier puisque ses fruits sont toxiques. Des lézards de lave se faufilent entre les buissons et les cactus aux troncs poilus qui atteignent ici des proportions notoires. Certains ont des fleurs d’un jaune aussi vif que celui des ailes de papillons qui les entourent. Au centre d’élevage, Carmen nous parle de l’histoire des tortues, leur évolution et adaptation, bouleversées par l’arrivée de l’homme autrefois. Pirates, baleiniers et autres marins de passage se sont largement servis de ces garde-mangers à longue conservation (la tortue peut en effet survivre longtemps sans boire ni manger), contribuant à décimer grandement ce reptile emblématique. Ouvert à la fin des années soixante, le bâtiment abrite plusieurs spécimens adultes et de nombreux bébés et participe activement à la repopulation des tortues de l’archipel et leur préservation, notamment d’espèces en voie d’extinctions comme celles qui possèdent la carapace en selle de cheval (qui serait d’ailleurs à l’origine du nom de l’archipel). Nous observons d’ailleurs George le solitaire, seul représentant de son espèce aujourd’hui éteinte, qui, empaillé et présenté dans une salle-sanctuaire du centre, est devenu un symbole d’espoir et d’éducation pour le travail à venir et la préservation des espèces encore en vie. Carmen nous explique le travail des scientifiques et bénévoles et le cycle de vie des tortues alors que nous parcourons les enclos où sont les pouponnières et bébés tortues, surveillés de près en vue de leur relâchement en milieu sauvage.Sauvages sont 97% du parc national des Galapagos puisque seuls 3% sont habités, ce qui nous laissera un ample terrain de jeu et d’exploration dans les jours à venir! Ce parc national est remarquable : 1er parc en Équateur, il est aussi le tout premier site de l’UNESCO au monde!
Nous retournons à bord en fin de journée pour la suite de notre aventure et assistons à la présentation de l’équipage : matelots, mécaniciens, chefs, stewards et bien sûr le second et le capitaine, tous équatoriens, qui nous souhaitent la bienvenus à bord. Nous sommes entre de bonnes mains. Nous appareillons après un bon dîner
et nous laissons porter par la houle et par des souvenirs déjà nombreux et mémorables.
C’est avec le soleil que plusieurs d’entre nous se réveillent et profitent des premiers rayons sur le pont supérieur avant le petit déjeuner copieux et savoureux. Une belle journée s’annonce et nous partons enthousiastes pour une sortie en zodiac dans les eaux turquoises qui contrastent fortement avec le noir de la lave environnante. Cette île, l’une des plus jeunes de l’archipel, fut en effet formée comme ses voisines par l’émission abondante de lave par un point chaud et montre un paysage minéral à souhait avec ses roches basaltiques. Sur ces îlots noirs se confondent plusieurs espèces dont la plupart sont endémiques et une première pour nous : des iguanes marins, gros reptiles tout aussi sombres que les roches qui les abritent et se prélassent en groupe dense agglutinés au soleil mais aussi des manchots, incroyable adaptation d’une espèce normalement des régions australes, ayant remonté les courants froids pour s’établir ici.
Une autre à s’être adaptés sont les cormorans aptères: l’absence de prédateurs a rendu inutile l’usage de leur ailes et profilé leur silhouette aux ailes complètement atrophiées. Un
couple est en pleine parade nuptiale et nous suivons leur chorégraphie avec intérêt et amusement. Les crabes rouges contrastent eux fortement et dans le ciel ce sont des pélicans et somptueuses frégates qui sont au rendez- vous. On devine un autre règne, un nouveau royaume où les animaux sont rois et l’utopie devient possible : cohabiter ensemble en harmonie, comme à l’aube du monde.
Nous continuons par une marche dans des champs de lave accidentés où Carmen nous raconte l’histoire volcanique du site et la formation des volcans boucliers qui nous entourent tel le Cerro Azul, crachant il y a des centaines de milliers d’années des quantités de lave formant ces paysages tourmentés : le crissement presque métallique de la lave sous nos pas est un son inhabituel. La vie s’y cache néanmoins, sous la forme de végétation tels les cactus de lave poilus parfois oranges. Une piscine naturelle abrite des représentants de la vie animale avec pour nous la joie d’observer une tortue marine et même un requin à pointe noire! La première est bien trop grosse (et coriace!) pour le squale qui ne présente aucun danger.
Le soleil frappe sans pitié mais nous sommes équipés en conséquence et profitons de la marche avant de retourner à bord pour une expérience différente avec le même décor mais vu d’un autre angle : sous l’eau !
Notre séance de snorkeling, dans les eaux aux courants assez soutenus nous fait découvrir des myriades de poissons (perroquets, chirurgiens, anges, labres) et même une raie léopard qui nage avec une grâce distinguée. Une tortue et un requin sont aussi observés avant que ne soit donné le signal du départ.
Nous rentrons à bord où nous déjeunons avec appétit avant de mettre cap à quelques miles nautiques à Elisabeth Bay pour une séance de zodiac. Nous allons y découvrir un tout nouvel écosystème pour nous : la mangrove. Les marins Holger et Luis manoeuvrent avec habileté et délicatesse dans ce labyrinthe de bleu et de vert. Les palétuviers aux étonnantes facultés d’adaptation à l’eau salée et les animaux qu’ils abritent nous émerveillent: nous découvrons des tortues marines qui nagent paisiblement, des raies, des manchots et pélicans en chasse. Nous assistons au plongeon imposant de ce dernier qui attrape et avale son poisson sous nos yeux ébahis. Un fou à pattes bleus tente lui aussi sa chance avec des plongeons à pic plus impressionnants encore!
Lorsque les moteurs s’éteignent pour faire place aux pagaies, le silence est paisible et contemplatif. Carmen déniche deux otaries perchées sur les branches d’un palétuvier à une hauteur respectable (mais comment sont-elles montées si haut?) qui se reposent : c’est une mère qui allaite son petit ! Quelle incroyable chance de pouvoir assister à une telle scène! Nous sommes comblés.
Nous prenons notre temps dans ce décor envoûtant avant de finalement rentrer à bord où un pot de bienvenue nous est servi avant la présentation de Carmen sur la vie marine des Galapagos et les poissons dont nous avons vu certains représentants ce matin. Que de tons et couleurs!
Et c’est avec appétit que nous enchaînons le dîner, préparé avec soin par notre chef qui ne cesse lui aussi de nous surprendre avec la qualité de ses plats. Nous terminons et sortons sur le pont où la nuit exhibe une multitude d’étoiles aux constellations inconnues sous ces nouvelles latitudes.
Notre journée commence à Urbina Bay sous un soleil doux qui ne tardera pas à monter en température. Après un bon petit déjeuner au choix varié, nous quittons le bateau pour une plage de sable noir bordée de roches volcaniques où nous débarquons pour une marche facile sur un sentier dans un bosquet au feuillage qui protège ses hôtes du soleil. Des ossements, coquillages et même écailles de carapaces jonchent le bord du chemin. Des pinsons, moqueurs et parulines rasent nos têtes dans un vrombissement insolent alors que nous cherchons notre objectif… De grosses crottes cylindriques très fraîches nous indiquent que nous sommes sur la bonne voie et, en effet, au bout d’à peine quelques mètres apparait une énorme et tranquille tortue géante.
Elle marche nonchalamment, cassant quelques branches au passage. Quelle incroyable émotion de la voir à l’état sauvage! Nous nous attardons pour la regarder et plus loin, nous découvrons d’autres spécimens, jusqu’à une douzaine! Certaines s’en vont dans les fourrés, d’autres se reposent ou se nourrissent, mâchant à peine des aliments de cet écosystème singulier où chacun joue un rôle. Carmen nous explique qu’en avalant des fruits sans beaucoup mâcher , elles contribuent à la plantation de plusieurs espèces végétales.
Nous reprenons à peine notre route que voici un autre habitant important de ce biotop : l’iguane terrestre. Nous faisons la rencontre de gros mâles aux couleurs vives, profitant tranquillement du soleil pour “recharger ses batteries” puisque, animal à sang froid, il se réchauffe de cette manière. Ses couleurs vives, destinées à séduire la femelle nous séduisent nous aussi, homo sapiens en simple visite dans ce lieu incroyable.
Nous enchaînons direct avec l’activité et passons à la case fraîcheur avec une séance de snorkeling : les eaux peu profondes et rocheuses du site sont autant de cachettes (ou de restaurants) pour bon nombre d’espèces qui viennent ainsi s’y nourrir sous l’oeil indifférent (ou affamé) d’aigrettes, manchots ou pélicans. À nouveau, la chance nous sourit côté tortues avec une demi douzaine d’entre elles qui nagent ou broutent sous la surface. Nous les contemplons fascinés. Plus loin, un requin fait un passage éclair alors que nous reconnaissons certains des poissons de la présentation de la veille : girelles, perroquets, labres, raie léopard et même requin à pointe noire!
Nous sortons, repus de mer et d’images et rentrons à bord où nous prenons le déjeuner, naviguant vers notre prochaine étape. Nous avons la chance incroyable de voir les fumées du volcan La Cumbre en éruption sur l’ile voisine de Fernandina, la plus jeune (et plus active) de l’archipel! Arrivés sur le site de Tagus Cove, nous enchaînons avec une séance sportive au choix: kayak ou snorkeling. Chaque groupe revient ravi de l’activité et avec des observations de faune et des impressions enthousiastes. Certaines nouvelles espèces sont aperçues.
Nous nous rassemblons ensuite et rentrons à bord pour une courte pause avant de reprendre les zodiacs pour une sortie de long des falaises sédimentaires de tuf volcanique qui donne à ces paysages une touche dramatique. Carmen développe les explications sur les formations volcaniques du site. Nous scrutons les anfractuosités dans les hauteurs où nichent (ou se reposent) des sternes noddis, fous à pieds bleus et où apparaissent des hirondelles endémiques. Sur les rochers, iguanes marins, pélicans et otaries se prélassent au soleil maintenant plus clément.
Tant mieux, nous aussi profiterons de sa douceur pour clôturer la journée avec une marche facile dans les hauteurs de l’île où la caldeira (partie effondrée du cratère) abrite un lac saumâtre baptisé Darwin en l’honneur du fameux naturaliste qui la visita autrefois. La vue est belle et nous sommes à nouveau accompagnés de l’odeur suave des palo santo dont la sève entêtante parfume à des mètres à la ronde.
De retour au bateau, c’est une autre odeur qui nous accueille: de délicieuses empanadas frites nous sont servies en attendant de souffler et nous préparer pour le point info. A cette occasion, nous revenons sur la journée et trinquons aussi à l’occasion d’un anniversaire de mariage. Un savoureux repas (au choix, s’il vous plaît!) nous est servi ensuite dans une ambiance chaleureuse, encore égayée par l’arrivée d’invités surprise : une puis deux et ainsi jusqu’à cinq otaries viennent au crépuscule s’étendre sur les ponts arrière de l’Ecogalaxy où elles semblent trouver un bon spot de repos pour la nuit.
Nous observons leur manège et chicaneries avant que tout ce petit monde ne se calme et tombe dans une torpeur alors que le ciel se teinte de rose et la nuit tombe…un bon moment pour retrouver nous aussi le calme de nos cabines en attendant le lendemain pour de nouveaux événements.
Changement de décor pendant la nuit, nous voici maintenant à l’île Fernandina, la plus jeune de l’archipel. Après le petit déjeuner nous accostons à Punta Espinoza, un lieu connu pour être le territoire de la plus grande concentration d’iguanes marins des Galapagos. En effet, des dizaines et dizaines de ces gros reptiles se prélassent sous le chaud soleil de la côte. Leur peau, permettant d’absorber les rayons du soleil est aussi noire que la lave où ils s’étendent.
Ces iguanes sont en effet le fruit d’une adaptation hors-norme : descendants des iguanes terrestres, ils ont dû s’acclimater à d’autres conditions de vie et changer de régime alimentaire au vu de la rareté des proies. Aujourd’hui exclusivement végétariens, ils broutent les algues sous-marines qui constituent l’essentiel de leur diète; faisant de longues pauses au soleil pour récupérer une chaleur dont leur corps ne dispose pas. Carmen est inquiète : le nombre de cadavres, anormalement élevé et la maigreur de ceux que nous voyons indique que les réserves de nourriture sont faibles. N’ayant pas assez pour se nourrir (probablement dû au réchauffement à cause du phénomène El Niño qui a une incidence sur les algues), beaucoup meurent de faim.
Les palétuviers en pleine forme et d’un vert attrayant ne sont malheureusement pas à leur menu et leurs côtes efflanquées témoigne de leur santé précaire. Nous prenons malgré tout de superbes photos dans ce décor de rêve où des troncs secs et blancs contrastent avec ces sombres reptiles perchés dessus. Des lézards de lave vadrouillent en sautillant parfois et les crabes rouges Sally cheminent sur les plage où l’érosion n’a pas fini son travail : de gros morceaux de coquillages mêlé à des branches d’oursins-crayon forment un sable grossier s’étalant au bord des coulées de lave pahoehoe, une formation typique de coulées fluides émises autrefois par le volcan La Cumbre; celui-là même qui est en éruption en ce moment de l’autre côté de l’île et dont nous avons distingué les fumées hier.
Nous enchaînons plus tard avec une séance de snorkeling où les eaux sont franchement froides mais la visibilité bonne. La chance est une fois de plus au rendez-vous et nous avons l’impression d’être dans un aquarium géant: raies-léopard, requins à pointe noire, manchot, poissons-chirurgiens, poisson-globe, perroquets à bosse, girelles, poisson-scorpion, arlequins et même un iguane observé sous l’eau! L’étrange animal se déplace en ondulant, pattes plaquées contre le corps, queue sinuante. Nous avons même la chance de le voir brouter!
Le froid (et le temps qui semble se dissoudre sous l’eau) ont raison de nous et nous rentrons à bord pour un excellent repas typiquement équatorien préparé par José notre chef. Un régal qui va nous revigorer; nous enchaînerons en effet une prochaine sortie snorkeling à Punta Vicente Roca après une courte navigation. Le décor est cette fois bien différent : des falaises vertigineuses de tuf s’enfoncent dans la mer bleue roi où quatre requins marteaux musardant sous la surface sont aperçus ! Plutôt inhabituels dans cet endroit, nous ne sommes que plus reconnaissants de les voir. Plus tard, ce sont les tortues qui sont à l’honneur puisque nous en percevons plusieurs dizaines alors qu’elle se reposent à quelques mètres de fond, indifférentes et paisibles. Quelle scène émouvante!
Sitôt remontés à la surface, nous enchaînons directement avec une promenade en zodiac le long des falaises et ce sont les oiseaux qui sont cette fois à l’honneur : fous à pattes bleues, fous de Nazca, cormorans, sternes brunes noddis et encore des iguanes marins grimpant les rochers avec une agilité inouïe après une baignade nutritive. La géologie du site est fascinante et Carmen nous explique la formation volcanique étonnante de cette île, pile au dessus d’un point chaud avec des accumulations de cendres, lave et roches aux incrustations de lave (dykes) dont la partie érodée de gros blocs écroulés forment un refuge naturel pour une autre star de l’archipel : les otaries. Plusieurs otaries des Galapagos sont décelées jusqu’à ce que Carmen nous montre des spécimens de l’espèce voisine : des otaries à fourrure! Plus rares, ces dernières sont aussi plus petites mais tout aussi photogéniques. Nous nous en donnons à coeur joie avec nos appareils et contemplons ce spectacle de dame nature, bien généreuse avec nous aujourd’hui.
De retour à bord, après une bonne douche et une pause, nous avons rendez-vous en passerelle pour le passage de la ligne de l’Équateur: cette ligne imaginaire symbolique qui coupe l’archipel et que nous franchissons alors que le capitaine baisse la vitesse pour nous permettre de voir le passage au zéro mythique sur les écrans du poste de pilotage. Un moment intense dont nous profitons dans la lueur du couchant, quintessence parfaite de cette journée réussie. Après un point info de notre guide, nous partageons un délicieux repas du chef qui achève de marquer définitivement cette journée comme un point fort du voyage.
Après une navigation nocturne, nous arrivons sur Santiago, une nouvelle île où nous accostons sur sa plage de sable sombre.
Là, une armée de fous à pattes bleues pêche avec une technique impressionnante : ils planent dans le ciel, scrutant la surface des flots, puis plongent tels des torpilles, repliant leurs ailes et fonçant sur leurs proies à une vitesse folle. C’est impressionnant !
Nous entamons une balade à pied, faisant une boucle à travers cette nature contrastée. Un sentier se déploie au milieu d’une végétation rase, ponctuée d’arbres où de jeunes pousses vertes confirment les pluies récentes. Une buse des Galapagos, perchée sur un grand arbre, inspecte les environs en vue d’une chasse imminente. Moqueurs, pinsons, insectes, araignées, iguanes et de nombreux lézards de lave croisent notre route : un sentier de sable bordant la mer qui se termine par une belle vue panoramique sur l’océan.
Les couleurs sont sublimes et les formations rocheuses sont un régal pour les amateurs de géologie. Les volcans sont responsables de ce paysage biscornu mais beau : des coulées de lave basaltique côtoient des parois plus anciennes de tuf. Ces couches de cendres volcaniques érodées forment des corniches en mille-feuilles aux courbes adoucies par le vent et le sel, ponctuées de petites mares et piscines naturelles qui rendent ce paysage nouveau et photogénique.
Une faune diverse s’y développe : des iguanes marins maraudent à la recherche de nourriture, hérons, hérons des laves, bécasseaux et huîtriers-pie picorent le bord du littoral pour le plaisir des photographes.
De retour au point de départ, nous enfilerons nos palmes et tubas laissés sur place en vue de la sortie et profiterons des eaux bien plus chaudes ici pour une observation sous-marine. Un requin passe à quelques mètres de nous à peine, mais disparaît aussitôt dans le grand bleu.
Une multitude de poissons sont présents, dont certains que nous reconnaissons et identifions maintenant, notamment un immense banc de mulets. Ils sont sans doute la raison pour laquelle les fous à pattes bleues s’agitaient à notre arrivée.
Nous repartons vers le bateau pour un déjeuner toujours aussi savoureux de notre chef Jose. Chaque jour, à chaque escale, et à chaque retour d’activité, nous sommes accueillis avec un petit encas ou une petite gourmandise concoctés par ce dernier (les roulés à la cannelle ou les petits pains de manioc ayant notre préférence), ainsi qu’un jus de fruit ou un ice tea qui rendent notre arrivée encore plus agréable après ce soleil de plomb.
Nous quittons Port Egas pour un îlot au sud : Isla Rabida.
S’il y a une chose qui détonne ici, c’est la couleur : toute l’île est rouge et la longue plage qui la borde l’est aussi. Une couleur inhabituelle mais si belle, qui s’explique par la présence importante de fer dans la roche.
Nous nous rendons immédiatement à l’eau pour une séance de snorkeling le long de la falaise où de nombreux poissons trouvent refuge. Ils arborent des couleurs chatoyantes et certains, moins timides que d’autres, nagent tout près de nous. De nouvelles espèces sont découvertes et nous profitons de la clarté de l’eau limpide.
À notre retour sur la plage, une otarie des Galapagos et son petit sont allongés sur le sable ; le petit, même s’il n’est pas encore sevré, est déjà indépendant et s’en va dans les flots sous le regard tranquille de la mère qui le laisse jouer et reste sur la plage.
Après une courte escale au bateau, nous repartons pour une promenade dans la colline avoisinante la plage où la vue au sommet donne sur la baie où mouille l’Ecogalaxy. Les cactus, d’un vert vif, tranchent avec le rouge du sol et d’autres fleurs embaument, dont la lantana, de la famille de la verveine, et le fameux bois sacré palo santo aux effluves délicieux.
À notre retour, après une courte pause, nous sommes conviés au salon pour une découverte gustative du canelazo, un original breuvage à base d’épices et d’alcool de sucre de canne qui embaume, ravit nos palais et réjouit les amateurs de cannelle… Un point récapitulatif est fait par notre guide Carmen, qui profite de l’instant pour nous faire également une présentation sur la géologie de l’archipel. Une fois de plus, le savoureux dîner de notre chef met les ingrédients locaux à l’honneur et nous comble. Nous levons l’ancre et quittons le site, cap au sud-est pour quelques heures sous le ciel étoilé.
C’est sur l’île de Santa Cruz que l’Ecogalaxy jette l’ancre aujourd’hui. Il ne faut pas se fier à la lumière dorée du matin : elle se transformera bientôt en un soleil implacable, comme le dit notre guide Carmen : « ici, on ne bronze pas, on brûle ». C’est donc bien équipés, enduits de crème solaire et couverts, que nous sortons ce matin pour notre excursion en zodiac à Tortuga Negra.
Nous découvrons une superbe mangrove où nos marins Luis et Holger manœuvrent avec aisance dans ce labyrinthe aux recoins et passages improbables. Dès le début, les oiseaux sont au rendez-vous : pélicans, fous, sternes brunes et frégates planent au-dessus de nos têtes et fondent sur leurs proies. Certains sont plus malins que d’autres, et nous assistons à une scène amusante : une sterne brune se pose sur la tête d’un pélican qui vient d’attraper un poisson pour tenter de le lui voler au moment de l’avaler ! Plus loin, d’autres se disputent de la nourriture, et la frégate est championne en harcèlement d’autres oiseaux et piratage de proies.
L’eau de la lagune n’est pas en reste et nous offre de très belles observations : un nombre remarquable de bébés requins nagent à l’abri dans les eaux calmes de cette nurserie naturelle. Une tortue marine et des raies léopards passent à la limite des branches immergées des palétuviers.
Soudain, un groupe de trois raies dorées est repéré. Nous nous approchons doucement car ces animaux sont connus pour être farouches, mais nous avons, semble-t-il, l’exception qui confirme la règle : elles nagent tranquillement autour des zodiacs, pas le moins du monde dérangées et s’approchent à quelques centimètres seulement ! Une observation spectaculaire et rare. Elles portent bien leur nom : leurs reflets d’or sur le vert émeraude de l’eau sont sublimes.
De retour à bord, Sophie nous donne une conférence sur le voyage de Darwin aux Galápagos et sa célèbre théorie qui prit naissance ici. Avant le repas, nos guides reprennent un point sur les poissons avec lesquels nous sommes de plus en plus familiers maintenant. Une sieste le temps d’une courte navigation et nous voici à la plage de Las Bachas où nous accostons pour une promenade dans le sable blanc. Nous prenons garde de bien marcher à la limite de l’eau, loin des petites dunes, pour ne pas risquer de piétiner les cachettes où sont enfouis les œufs des tortues marines, qui incubent avec la chaleur naturelle du soleil. Un gros cactus poilu attire notre attention, bientôt détournée par un groupe de raies qui longe la plage. Nous suivons leur forme sombre au ras des vagues qui finissent leur course ici.
La houle est importante aujourd’hui et les vagues bien formées ; la visibilité pour notre séance de snorkeling est compromise et nous troquons cette dernière pour une session de natation ou de farniente sur la plage. Une tortue est tout de même aperçue et Carmen nous amène à une petite lagune où nous retrouvons un magnifique flamand rose qui vient de planer au-dessus de nos têtes avant d’atterrir. Une échasse le rejoint et est également immortalisée. Nous quittons ce lieu paradisiaque pour retourner à bord. Après une pause rafraîchissante, nous nous retrouvons pour un point récapitulatif et les informations du lendemain. Carmen en profite pour terminer le point sur la géologie des Galápagos commencé la veille où elle aborde un nouvel aspect de cet archipel décidément fascinant.
Pour le dîner, c’est une surprise qui nous attend : de délicieux sushis, sashimis et tempura rolls ont été préparés par notre chef et nous savourons leur délicate préparation avec un plat et un dessert tout aussi bons avant de faire route vers le nord pour quelques heures avant de jeter l’ancre pour la nuit.
C’est à l’ouest de l’île de Santiago que nous nous réveillons ce matin avec une vue saisissante : un magnifique pinacle domine la superbe baie de Sullivan. Pinnacle Rock comme on le nomme est le reste d’un cratère aujourd’hui érodé, est entouré de falaises de tuf, roches volcaniques et plages de sable fin et clair contrastant avec les sombres roches volcaniques. Collines et volcans se dessinent sous un ciel couvert dont les nuages ne tarderons pas à faire place à un soleil implacable alors que nous débarquons sur un immense champ de lave pour une balade insolite.
Les coulées de lave vieilles d’à peine 200 ans s’étendent sur une surface dont nous ne distinguons pas la fin (ou plutôt l’origine ) pour finir dans la mer. Nous cheminons dans ce paysage dantesque sur les coulées de lave pahoe-hoe et sommes fascinés par ce site extraordinaires. Des hornitos, lave cordée et autres formations géologiques stimulent notre imagination que chacun interprète à sa manière. Nous ne cessons de photographier ce lieu hors du temps que la vie semble bouder. Seuls quelques cactus de lave, pionniers de ce désert minéral ponctuent le noir de la lave.
Après cette marche, nous chaussons palmes et tubas pour une virée sous-marine le long de cette côte de lave, idéale pour les cachettes des poissons. Ils sont nombreux et leurs couleurs chatoyantes nous étourdissent presque. Une otarie passe en trombe sous nos regards surpris et un manchot fait sa toilette à la surface sur les rochers. Nous aussi revenons à la surface; l’heure du déjeuner sonnera bientôt à bord; le temps d’une douche avant de passer à table pour les délicieux plats de notre chef qui continuent de nous ravir.
Nous prenons des forces car nous enchaînerons l’après-midi avec une nouvelle séance de snorkeling et une marche vers les hauteurs. Nous barbotons le long de ce fameux pinacle qui abrite quelques fous et deux otaries faisant la sieste. découvrons de nombreux poissons pour certains pas encore observés dont une anguille aux couleurs de léopard qui ondule sur le fond sableux. Poissons anges, balistes, demoiselles, faucons orné, scalaires pour ne citer qu’eux (sur une longue liste) passent parfois à quelques cm de nos masques. Les gros pans de lave effondrés ne font que donner un air encore plus théâtral à ce royaume du bleu. La sortie dure plus que de coutume pour notre plus grand plaisir. Il nous faut cependant continuer et, après un court arrêt à bord pour se sécher et changer, nous enchaînons à quelques encablures, conduits par nos marins vers l’île de Bartolomé où les zodiacs se placent pour notre débarquement, la coque bien protégée de la lave par un épais filet.
Ce minuscule îlot est presque rattaché à Santiago et une passerelle en bois le traverse, cumulant 371 marches le long de la colline qui, avec sa couleur rouge vif nous rappelle la planète Mars. C’est vraiment un autre monde! La vue du sommet est époustouflante : l’isthme qui joint les deux partie de l’île est longé par une plage bordée de sable et recouverte de végétation d’un vert surréaliste.
Nous profitons de la douceur des rayons de fin d’après midi et d’une petite brise avant d’entamer la descente. Au retour, arrivés l’Ecogalxy , nous devons déloger une otarie ayant pris ses aises, affalée sur le pont arrière du bateau et qui plonge sans une éclaboussure en nous voyant arriver. Après un rafraichissement, nous nous retrouvons au salon. Notre serveur et barman Esteban nous concocte de délicieux gins (recette en prime) que nous agrémentons à notre convenance et sirotons alors que nous suivons le point info d’aujourd’hui et de demain de notre guide Carmen.
Que d’aventures avons-nous déjà vécues ! Nous dissertons sur le sujet et la chance de tant voir du pays avant de passer à table pour là encore être épatés par les plats de notre chef. La journée a été intense et nous nous préparons à regagner nos cabines non sans guetter les flots. Hier, des pélicans passèrent la nuit sur le pont arrière…aurons nous une surprise ce soir? Oui, et de taille: un gros requin de près de 3m (un adulte cette fois) louvoie puis disparaît aussi vite entre les faisceaux de la lumière de nos lampes torches et les poissons qui profitent de cette dernière pour une pèche nocturne. Tout ce petit monde s’enfuit quand les moteurs sont mis en marche pour notre prochaine destination sous un splendide ciel étoilé.
Nous avons aujourd’hui à nouveau un avant-goût de la civilisation puisque nous sommes au port de Ayora, sur l’île de Santa Cruz où nous passerons la journée à terre. Le matin, après le petit déjeuner, nous partons en bus pour notre excursion dans les hauteurs. Nous sommes conduits à travers l’île par la route principale; notre chauffeur freinant subitement pour laisser le passage à une grosse tortue qui monopolise la chaussée le temps de traverser. Notre premier arrêt nous conduit aux Gemelos (les jumeaux). Ces formations en cuvette qui ressemblent à des cratères n’en sont cependant pas. Ce sont les flux de lave accumulés qui vont s’effondrer et s’éroder avec le temps et donnent cette impression trompeuse de cône volcanique à la profondeur notoire, maintenant totalement colonisée par une végétation riche depuis sa formation. Les scalesia, ces arbres endémiques de la famille des marguerites plongent dans ce précipice où quelques fleurs et papillons côtoient un lichen abondant et fertile. Mousses, plantes et fougères poussent ici avec aisance et tant de vert nous étonne après ces journées passées sur la lave brute des îles voisines!
Nous visitons ensuite une ferme où les tortues terrestres géantes sont accueillies et bichonnées dans leur environnement naturel au milieu des arbres endémiques…et d’autres, introduits, tels les goyaves dont les fruits font le délice de ces gros reptiles aux allures de dinosaures. Carmen nous explique leur cycle de vie, de la ponte à la mort avec les informations scientifiques les plus récentes. Nous continuons à travers le chemin boisé jusqu’à une mare de boue où deux mâles et une femelle se reposent. Nous passons du temps à les observer. Nous continuons plus loin où d’autres spécimens se promènent, se reposent, se nourrissent. Leur taille est parfois impressionnante et nous contemplons ces géants de la nature, conscients de notre chance d’être témoins de ces moments rares et précieux.
La géologie est à nouveau à l’honneur dans un impressionnant tunnel de lave que nous avons la possibilité de traverser. Nous descendons sous-terre dans cette ambiance « julesvernienne » que nous offre les entrailles de la terre sur quelques dizaines de mètres. La lave a creusé sa route en profonds sillons lors d’éruptions anciennes et le lit de cette rivière de roche en fusion est définitivement marqué; les parois portant encore les marques et éclaboussures dans les parois lors de son passage. Le large diamètre de cette grotte nous donne une idée de la quantité massive de magma émise lors de l’éruption.
Revenus au grand jour, nous rentrons au centre d’accueil où souvenirs, artisanats ainsi qu’un délicieux café local (dont nous avons vu les arbres producteurs à l’entrée du parc) sont proposés.
Les carapaces des différentes tortues sont présentées ici et nous pouvons constater de près le volume de l’exosquelette imposant de ces géantes.
Nous redescendons dans la vallée, abandonnant les hauteurs pour retrouver le port où les zodiacs de l’Ecogalxy nous attendent pour nous ramener à bord afin de nous restaurer.
L’après-midi est consacré à la détente et le shopping avec la possibilité de balade dans le centre ou le long de la côte, les achats avec des produits locaux et une pause pour une boisson dans l’un des nombreux bars ou cafés qui bordent le port et ses rues animées.
Avant notre retour à bord, nous observons sur le quai les otaries affalées sur les embarcadères et le manège des pélicans en pleine chasse depuis les rambardes des pontons qui font un bon emplacement de repos avant de reprendre leurs attaques en piquet.
À bord, après un point de récap’ et présentation, le dîner est servi et chacun échange sur sa journée et ses activités. Nous quittons ensuite la civilisation pour retrouver demain la nature sauvage de l’île de Floreana vers laquelle nous mettons cap.
C’est à Floreana, à nouveau dans un décor de rêve que nous nous réveillons ce matin. Les volcans recouverts de végétation sont bordés d’une eau d’un turquoise surréaliste et plus loin, un cratère effondré imposant et mystérieux trône dans les eaux plus sombres. Nos zodiacs font arrêt à Punta Cormorant avec sa belle plage aux reflets verts, la présence de minuscules grains d’olivine expliquant cette couleur insolite.
Deux otaries au bord de la grève se reposent en faisant la planche sur le dos, nageoires pointées vers le ciel, tranquilles et insouciantes. Nous commençons la balade sur un sentier qui nous mène de l’autre côté de cette pointe de l’île en passant par une lagune où l’odeur nauséabonde de vase fait compétition à celle, suave, des arbres palo santo. Dans la lagune, des taches de couleurs vives tranchent avec les camaïeux de gris et verts : ce sont des flamands roses ! Ils pêchent ensemble et se nourrissent dans ces eaux troubles, filtrant la vase où ils trouvent les crustacés dont les copépodes, essentiels à leur survie. Ces derniers sont si petits qu’il leur faut amasser beaucoup de nourriture et une bonne partie de leur journée est donc consacrée au repas, tête en bas et marchant dans les limons où hérons bleus, aigrettes et limicoles sont aussi aperçus.
La flore et les insectes ne sont pas en reste et fleurs, chenilles, papillons ou araignées sont aussi passés au crible de nos objectifs. Nous arrivons de l’autre côté de la péninsule où le sable, de corail cette fois-ci, est d’un blanc éclatant. Tout de suite notre attention est happée par des requins des Galapagos qui sillonnent la plage, à la limite des vagues et à quelques mètres de nous seulement… Nous en comptons une demi douzaine et voir leur ailerons effleurer la surface nous fait frémir. Carmen nous parle de ce site, parfois exposé aux courants qui ramènent des morceaux de plastique éparpillés sur le sol. Nous les ramassons tant bien que mal au vu de leur taille infime, conscients de la menace de ce matériau sur les océans et l’environnement et méditons sur le parfois triste sort de la planète…
Nous quittons les lieux pour un snorkeling dans la fameuse caldeira de Crona del Dablo : la couronne du diable, ce le lieu imposant et majestueux formé par une caldeira écroulée entourées d’eaux profondes mais dont le centre abrite un havre de paix où coraux et rochers ne sont qu’à quelques mètres seulement. Une aubaine pour les plongeurs! Nous avançons par l’extérieur où par chance, les courants sont aujourd’hui modérés. Soudain nous voyons 3 gros requins tapis tout au fond, en pleine sieste… Heureusement que de si haut, près de la surface nous ne les dérangerons pas. Nous poursuivons notre cheminement dans la caldeira, c’est un festival de nageoires et de couleurs! La liste serait longue mais les plus beaux poissons sont observés et certains tels le respectable poisson coffre ou le somptueux scalaire passe devant nos yeux émerveillés. À nouveau une otarie virevolte dans cette eau presque transparente avant que le signal de départ soit donné.
Nous serions bien restés des heures de plus tant la nature est généreuse et belle ici. Nous retournons à bord avec un bon appétit, vite assouvi par le déjeuner de notre chef.
En début d’après midi, une visite de la salle des machines en compagnie d’Edwin, le chef mécanicien est organisée. À terre l’activité suivante est originale et différente : aujourd’hui, nous serons facteurs ! En effet, ce site (dont Carmen nous raconte l’histoire et les anecdotes parfois croustillantes) fit office de bureau de poste pendant des centaines d’années, et perdure encore aujourd’hui! Un tonneau, juste derrière la plage, fait office de boîte au lettres pour les envois comme pour les réceptions. Le principe est simple : qui poste une carte (sans timbre) en récupère une dont l’adresse est proche de la sienne et la remet en main propre à son destinataire. Nous nous répartissons les rares cartes destinées à la France et revenons sur la plage pour un épisode de baignade ou snorkeling. L’eau est plus trouble cette fois mais de nouveaux spécimens sont à nouveau découverts dont un poulpe aux reflets violets. Une balade en bateau et en kayak clôturent cette sortie et belle journée dans la lumière dorée où planent hérons pique-boeufs et fous en attaque. Nous immortalisons aussi ces images dans nos mémoires, conscients de cette fabuleuse beauté qu’il nous est donné d’admirer.
Ce matin, c’est la plus méridionale des îles de l’archipel qui est à l’honneur : Isla Española. Nous profitons de suite des eaux turquoises pour une sortie en zodiac le long du littoral rocheux où des dizaines d’iguanes marins endémiques sont aperçus sur les pierres. Leurs tons, plus chauds et rouges que ceux observés jusqu’alors les trahissent plus facilement et nous les observons alors que les jeunes et les femelles, moins aptes à nager loin, se nourrissent directement sur les rochers couverts de quelques algues.
Malgré leur aspect physique pas très engageant, leurs mouvement sont fascinants et nous les photographions à souhait. Des otaries sont aussi aperçues alors qu’elles se confondent avec le noir des rochers. L’une d’elle vient même jusqu’à notre zodiac, tranquille et curieuse, pour un tour d’observation. Nous contournons un petit cap où les brisants font des vagues plus soutenues dont l’écume donne une brume étrange et fantasmagorique à ce paysage grandiose. Nous longeons d’imposantes falaises réputées pour la faune aviaire et repérons des fous à pattes bleues et de Nazca, cherchant tout de même le roi du ciel : l’albatros.
Ces derniers migrent en effet et ne viennent ici que pour nicher. La saison de reproduction commence; nous espérons que l’un d’eux nous fera l’honneur de sa présence et scrutons le ciel à la recherche de ses ailes majestueuses. Il nous faut aller loin car ces grands oiseaux partent au large pour pêcher et ainsi éviter la présence des frégates qui voudraient leur chiper leur déjeuner. Mais, à part l’un d’eux, repéré par Carmen et qui vole très loin, seul point blanc au dessus de l’immensité de bleu, nous n’aurons pas d’autre rencontre avec le seigneur des airs.
Nous retournons dans l’anse abritée près de la côte et sommes surpris par la présence de reflets multicolores à la limite de l’eau : ce sont des dizaines de poissons-anges qui nagent à quelques centimètres à peine de la surface. Leurs bleu-violacé et orange vif s’agitent dans la lumière pour un spectacle littéralement haut en couleurs. Il ne faut même plus plonger pour prendre des photos sous-marines! Quel luxe ! Soudain, nous assistons à un autre spectacle : un fou à pattes bleues et un pélican volent et pêchent simultanément : ils fendent les flots presque au même moment alors que nous immortalisons leurs silhouettes et leurs attaques sur un même cliché !
Nous rentrons à bord pour un point info (sur le départ que nous ne voulons même pas évoquer) avant de déjeuner. Une fois de plus une surprise nos attend : notre chef Darío nous a concocté un ceviche, cette recette de poisson cru-mariné dont il partage les astuces et la confection avec nous. Un délice ! Nous poursuivons le repas et après une petite sieste comme de coutume, nous arrivons sur le site de la Baie Gardner où notre dernier snorkeling nous attend. Mais quel snorkeling! La nature a semble-t-il gardé le meilleur pour la fin car les observations sont incroyables : des dizaines d’espèces de poissons, une tortue, quatre raies-aigles, trois requins et tout un groupe d’otaries avec des petits qui batifole dans les flots, disparaissant dans les grottes par des entrées secrètes connues d’elles seules. Nous restons un très long moment à profiter de leur numéro et sommes subjugués par ce ballet.
Nous rentrons finalement à bord (il faut bien) et nous réchauffons sur le pont du navire, repassant le film de ces scènes spectaculaires. Notre dernière sortie se fait à une plage de la baie, à quelques minutes de navigation seulement. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises : elle est littéralement couverte d’otaries ! Disséminées sur le sable, elles se reposent, indolentes. Des petits tètent leur mère, des jeunes se chamaillent et de gros mâles se reposent en grognant parfois, tout ce petit monde paisiblement couché comme si de rien n’était et comme si l’homme n’existait pas. Nous sommes ahuris par leur nombre. Carmen l’estime à environ 150 individus et se fait même prendre en photo avec eux au vu de la rareté de l’instant, c’est dire !
Après avoir cheminé le long de la plage, nous rentrons à bord, la tête (et les cartes mémoires) pleines! Nous avons ce soir un cocktail de départ en présence du capitaine et de l’équipage qui ont pour l’occasion sorti uniformes et galons. Après le discours de rigueur et les félicitations et remerciements, nous échangeons un bon dîner avec un fabuleux gâteau thématique de notre chef. Nous profitons de cette dernière soirée et du bonheur d’être en un si bel endroit, privilégiés et heureux.
Il est maintenant temps de quitter ce site grandiose qu’est l’archipel des Galapagos. Nous prenons notre petit déjeuner et son jus fraîchement pressé comme tous les matins avant de rendre les cabines et d’être déposés au quai de Puerto Baquerizo Moreno par nos marins après un dernier au revoir à tout l’équipage et au capitaine. Nous serions bien restés encore mais la vie est ainsi faite et nous avons eu notre lot de belles excursions et splendides observations.
De plus, une dernière sortie est prévue : Carmen nous emmène au centre d’interprétation environnemental de San Chritobal, un établissement qui présente et raconte l’histoire de l’archipel, sa colonisation et ses habitants ainsi que l’aspect plus contemporain de la vie quotidienne des locaux et les ressources ou défis environnementaux des insulaires. Un petit temps libre nous est donné et d’aucuns vont à la plage, faire un dernier au revoir aux otaries, d’autres un tour dans les boutiques, le long de la côte ou à la terrasse d’un café pour se rafraîchir contre la chaleur particulièrement lourde et pesante en regardant les passants ou les otaries nonchalantes sur la plage.
Nous sommes cherchés par Carmen qui nous amène ensuite à l’aéroport, tout près d’ici. Après les au-revoirs avec notre guide du parc qui nous a si bien menés et continuera d’emblée avec un autre voyage, nous reprenons le nôtre en sens inverse avec l’enregistrement, les formalités du parc et de douanes et quelques contrôles aléatoires des valises de la police. Nous nous envolons dans le ciel azur, en jetant un dernier regard à l’océan bleu, les roches de lave et les plages de sable fin battues par les vagues et profitons des dernières images que nous offrent ces îles merveilleuses.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Coucou! Nous espérons que tout continue à merveille. Bonne continuation à bientôt ! Gros bisous
Felicitaciones. Espero poder hacer algún día, lo que ustedes bien hacen hoy. Saludos y que disfruten.
Carlos Estefan
Merci encore à chacun d’entre vous pour avoir participer à la réussite de cette magnifique croisière.
Très amicalement