Louis Reynaud
Glaciers et Climats
7 août
19 août 2015
À bord du Polaris, du 7 au 19 août 2015
Louis Reynaud
Glaciers et Climats
Benjamin Dy
Destinations Nordiques et Antarctique
Cette première journée du 8 août 2015 a démarré par l’observation courte mais belle d’une ourse et de son jeune près d’une carcasse de morse, avant que le couple ne monte sur le talus côtier et échappe à notre vue. Le Polaris nous ayant transporté en face, à la carrière de Bloomstrand où nous débarquons dans la toundra au milieu d’oies nonettes qui se dépêchent de nous laisser la place. Cette longue balade nous amène à la rencontre des fleurs, rennes et nombreux labbes parasites qui nichent dans le coin. L’après-midi, nous débarquons à Ossian Sars fjellet auprès de la colonie de mouettes tridactyles qui y niche et rencontrons deux petits renards en vadrouille, ainsi que des rennes peu peureux qui se laissent bien approcher. Le soir, nous fêtons tous ensemble cette première journée sous un grand soleil autour d’un apéritif commun.
Du fjord du Roy à Smeerenburg : Ce matin tôt nous sommes repartis observer l’ourse et son ourson entrevus trop brièvement hier, car dès 4 h elle était revenue à proximité de la carcasse de morse. Nous avons patienté un bon moment avant qu’elle ne descende de la colline et revienne manger du morse sur la plage. Mais bien nous en a pris, car ce fut une bonne observation de repas, puis de baignade, de tentative de l’ourson de pénétrer dans la dépouille du morse, de jeu sur le rivage avec sa mère…
Ensuite, le Polaris nous a emmenés vers le fjord de Smeerenburg, le long de la chaîne des 7 glaciers.
Dans le Fuglefjord, le fjord des oiseaux, un ours blanc en chasse est aperçu nageant dans le brash, de petits morceaux de glace vêlés par le front du glacier proche. Il est en recherche de phoque et seule sa tête dépasse de temps à autre des petits bourguignons pour observer. Il fait un large tour au front du glacier puis longe la rive. Nous l’observons aux jumelles dans l’attente d’une rencontre avec un phoque, mais la chasse dure et il entreprend un second tour, plus près du bateau cette fois, tour qu’il poursuit longuement entre les îles où il disparaît, toujours nageant assez rapidement. Quelle patience et quelle énergie !
Sur la route du fjord de Monaco, vers le Liefdefjord, le Polaris a croisé des baleines qui exhibaient leur large dos sombre. En déviant la route du bateau, nous avons pu les approcher et reconnaître trois petits rorquals, deux adultes et un jeune. Ensuite, nous avons randonné dans la toundra au Cap Worsley, en herborisant sur les fleurs qui sont encore belles à cette latitude. La visite de la cabane de trappeur qui s’y trouve en bordure de rivage, avec sa disposition intérieure et ses outils extérieurs, restes de pièges à renards et ours, nous a permis de se remémorer la vie aventureuse de la trappe, maintenant heureusement très limitée.
Dans le fjord de Monaco. Après une nuit passée à l’abri et au calme, à proximité de la cabane Worsley, nous sommes partis en croisière zodiac pour explorer les îles Macøyane à la recherche des ours éventuels. Pas de plantigrades, mais une belle croisière zodiac autour de ces îles illuminées par le grand soleil. Ensuite, nous avons marché jusqu’au glacier d’Erik et son imposante moraine contenant un très vaste lac, avant de croiser avec le Polaris le long de l’imposant front de glace du glacier de Monaco. Là, des écroulements importants ainsi que des groupes de bélougas en chasse le long des rives ont accueilli notre visite.
Des baleines bleues sont aperçues par leur souffle puissant en sortant du Woodfjord. Il y en a aussi plus loin, mais nous en observons un couple en détournant la route du Polaris. C’est un festival d’émergences de leur dos puissant, de leur tête plate, de leur large évent et, au bout d’un long dos, de leur petit aileron dorsal. Leur couleur de peau, dans cette soirée avancée, nous apparaît bien claire sur cette mer sombre. L’observation du plus gros animal existant sur terre dure bien une trentaine de minute avant de reprendre notre route vers les 7 îles.
Des ours, de la Toundra à la Banquise. En arrivant dans la banquise disloquée, par 81° 20′ Nord, Benjamin a repéré un ours au loin. Le Polaris s’en approche suffisamment pour qu’on le voie dégustant un phoque. Aussitôt, les zodiacs sont mis à l’eau et l’on avance lentement. Il nous regarde et arrête de manger pendant qu’on poursuit l’approche lente. Au bout d’un moment, il s’éloigne et se met à l’eau, car il avait totalement dévoré sa proie, ne laissant aux goélands que sang et vertèbres. Splendide observation d’un bel animal pour notre septième ours de cette croisière au Spitzberg.
En passant par Moffen, vers la baie d’Hamilton. Encore une belle et longue observation de 3 baleines bleues au droit du Woodfjord. Ensuite, le Polaris s’approche de Moffen, ce grand atoll de gravier posé au milieu de l’océan où se trouvent généralement en été une cinquantaine de morses. Aujourd’hui, il y a foule et c’est deux grands groupes qui stationnent sur le rivage sud, à quelques centaines de mètres de distance tandis que de nombreux animaux sont en train de pêcher près de la rive.
Croisière zodiac, dans Hamilton fjord, où nous avons passé la nuit. On y observe encore un renard polaire bleu sous une colonie de mouettes et guillemots. Ensuite, nous poursuivons notre prospection le long de la rive gauche du Raudfjord, sans autre rencontre que compagnies d’eiders et de bernaches nonettes. L’après-midi, nous randonnons dans la toundra, sur la rive droite du même fjord, avant de partir pour passer la nuit dans le fjord de la Croix.
Du Glacier de Lilliehöök à celui du 14 juillet. Nous voici dans le fjord de la Croix en train de longer le front du glacier Lilliehöök, immense, formé de la réunion de dix courants de glace. Puis, le Polaris nous emmène près du front du glacier du 14 juillet où nous randonnons dans la toundra de sa rive droite. C’était le domaine des oies nonettes, des rennes et des renards polaires. Un seul jeune renne vient paître à proximité tandis que nous assistons à un véritable défilé familial de renards polaires argentés, encore en robe d’été, moitié blanche, moitié marron. Et, là-haut, dans la falaise, encore d’innombrables mouettes tridactyles qui tournoient et piaillent bruyamment. La bruine nous mouille, mais nous restons longuement à tout observer.
Fin de séjour avec la visite de Farmhamna et Alkefjellet. Ce dernier jour, le Spitzberg n’a pas voulu nous laisser partir en nous laissant croire qu’il y faisait toujours beau et nous avons eu deux visites avec du temps très variable : vent, pluie et aussi quelques timides rayons de soleil. Derniers moments dans la toundra avec ses animaux comme les rennes et renards, puis cette végétation que nous avons appris à connaître et à apprécier en attendant d’y revenir pour un autre séjour. Au revoir le Spitzberg !