Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
15 juillet
25 juillet 2014
À bord de l’Ocean Nova, juillet 2014
Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
Le réveil a sonné tôt dans les chaumières ce matin. Nous avions, en effet, rendez-vous dès 6 heures du matin au comptoir d’enregistrement de notre vol charter. Un peu plus de 4 heures plus tard, nous survolions le Spitzberg avec les commentaires de Christian en direct du cockpit. Pratique le vol privé ! Il faut dire que la météo était avec nous et nous avons pu profiter des somptueux paysages du « Spitzberg vu d’en haut » jusqu’à notre arrivée à Longyearbyen.
C’est là que les choses ont commencé à s’accélérer. À peine descendus de l’avion, nous embarquions dans un bus en direction de la vallée de l’Advental et avons fait connaissance avec la toundra arctique et ses habitants : rennes, oies, sternes et autres individus à 4 ou 2 pattes. Puis, vers 17h, nous touchions au but : embarquement sur l’Ocean Nova. Après quelques discours et un exercice d’abandon rondement mené, nous levions l’ancre. Enfin, nous allions rencontrer le Grand Nord !
Première journée au Spitzberg, mais quelle journée ! Tout a commencé au réveil, un ciel bleu et un soleil radieux étaient là pour nous accueillir en Baie du 14 juillet. Première croisière en zodiac devant une falaise où nichent, entre autres, des macareux moines au bec coloré. Les cris des mouettes tridactyles mêlés au pétillement du brash (cette glace pilée provenant du vêlage du glacier) nous prouvaient bien que nous étions dans le Grand Nord. Puis nous avons débarqué sur une plage, les oies bernaches nonnettes et les rennes nous observaient du coin de l’oeil, mais nous ont bien laissé approcher à une distance raisonnable.
Dans l’après-midi, nous repartions à bord de nos petites embarcations. Alors que nous nous trouvions devant le fabuleux glacier de Lilliehook et ses 7 kilomètres de front, voilà que le zodiac de Fabrice aperçoit un ours sur la berge. Un ours ! ! Dès le premier jour ! Quand les derniers sont arrivés, l’animal nous tournait le dos, pas vraiment décidé aujourd’hui à cohabiter quelques heures avec les humains. Nous avons tout de même pu l’observer grimpant doucement mais sûrement jusque sur la crête d’une moraine. Et là, nouvelle surprise.
Dans l’eau, des phoques communs se prélassaient sur leurs rochers. Nouveau spectacle encore que d’observer des phoques de si près ! Puis nous avons longé le front du glacier, naviguant dans la glace entre les petits icebergs… Et il y aurait encore beaucoup à dire : les sternes arctiques, les vêlages du glacier, le cadavre de phoque… mais c’est trop pour aujourd’hui. Et, nous avons fêté cette belle journée avec le pot de bienvenue du commandant du navire. Pour ceux qui en doutaient encore, il s’en passe des choses au Spitzberg !
Difficile d’aller se coucher avant 23 heures sur l’Ocean Nova. Ici au Spitzberg, au mois de juillet, le jour est permanent, la nuit n’existe plus. Donc, forcément, ça nous joue des tours… à 23h, on se sent une forme olympique et le lendemain on fait moins le malin. Surtout que, même si on est en vacances, on ne chôme pas…
Ce matin, 9h, Alexandre aperçoit un ours -au loin- depuis la fenêtre de sa cabine. Il court prévenir l’équipe de guides. Et c’est le branle-bas de combat. Les zodiacs étaient déjà descendus et tout le monde saute alors dans les embarcations. L’ours, une femelle âgée, est au premier abord ennuyée de notre venue. Elle nous regarde et part tranquillement plus loin. Puis, le temps passant, elle finit par accepter notre présence et nous offre un spectacle plutôt sympathique, préparant un trou dans la neige pour s’y lover, s’y frotter le museau et enfin s’y endormir. Nous la laissons dormir après une très belle observation. Nous rentrons au bateau pour ressortir en début d’après-midi.
Nous débarquons sur une plage dans le Liefdefjord et partons marcher sur la moraine frontale du glacier d’Erik. En haut de la moraine, nous avons une vue à 360° sur le paysage alentour : d’un côté le glacier d’Erik et son lac de fonte retenu par la moraine puis de l’autre côté, au loin, la mer et le glacier de Monaco au fond du fjord. C’est aussi l’occasion de nous pencher sur les fleurs de la toundra. Nous retournons ensuite au bateau pour une heure puis repartons en zodiac pour une croisière le long des 5 kilomètres de front de glace du glacier de Monaco. Nous rentrons enfin sur l’Ocean Nova, il est 19h et nous avons encore de la route. Nous prenons immédiatement la direction du Nord.
Et demain ? La BANQUISE !
Au réveil, la glace nous entourait. Dès 8 heures, le microphone du bord retentit. La voix de Christian annonce un ours. La journée commence encore sur les chapeaux de roues. Puis, quelques minutes plus tard, alors que nous interrompons notre petit déjeuner, ce sont 2, puis 3, puis 4 ours qui sont annoncés. Une carcasse de phoque bien nettoyée était l’objet de toutes les convoitises. Nous nous approchons avec l’Ocean Nova et nous nous apercevons très vite que ce sont en fait 6 ours qui sont autour du reste de phoque. Observation exceptionnelle. Nous voyons certains des ours interagir entre eux. Deux des ours sont visiblement des jeunes, l’un semble vouloir faire son téméraire, provoquant l’autre. Puis ils se roulent, courent, reviennent, vivent sur cette banquise… et nous comprenons à quel point l’ours blanc est ici chez lui, dans son milieu.
Quelques heures plus tard, une autre repas est interrompu. Au moment du déjeuner, un nouvel ours est aperçu, dormant sur la glace. Le capitaine nous fait alors une approche incroyable. Nous sommes à quelques dizaines de mètres seulement de l’animal ! Puis nous continuons notre route. Le long de la banquise.
Dans l’après-midi, alors que nous longeons la côte de l’île Lagoya et que Christian nous fait une conférence sur l’ours, ce sont cette fois des morses qui sont aperçus sur la glace. Puis un autre ours. Décidément, la banquise est pleine de vie… Nous approchons les mastodontes, dont 3 femelles et 2 jeunes. Encore une fois, le capitaine manie son bateau avec habileté, permettant à tout le monde d’admirer le spectacle.
Puis, dès le début de la soirée nous quittons cette banquise, des étoiles plein les yeux. Mais pas de panique, nous y retournerons dans quelques jours pour encore mieux l’apprécier.
La journée a été tellement chargée qu’on pourrait dire qu’on a quitté nos bottes vers 23 heures seulement. Nous avons commencé la journée dans le fjord de Murchinson. Certains ont débarqué près de la station scientifique suédoise de Kinnvaka construite pour l’année géophysique internationale de 1957-58. Cette station est maintenant inoccupée. Puis, nous sommes partis observer les fleurs et grimper sur une colline environnante qui offrait un point de vue sur le désert de pierre et de glace qui nous entourait. D’autres ont préféré le zodiac, et sont donc partis pour 2 heures de balade.
Les plus chanceux ont pu voir des phoques de très près, ou — devrions nous dire — ont été observés de très près par des phoques curieux qui n’hésitaient pas à inspecter le zodiac sous toutes les coutures !
Dans l’après-midi, nous ré-enfilons nos blousons direction Alkefjellet, la grande falaise où des dizaines de milliers de guillemots de Brünnich se reproduisent. L’endroit est tout simplement fantastique. C’est sous un ciel et une mer remplis d’oiseaux que nos zodiacs avançaient lentement. Nous avons même pu observer un renard polaire en quête de quelques restes tombés de la falaise. Toujours en mouvement à grimper, descendre, il s’approche du bord de la côte pour regarder nos zodiacs. On pourrait parler des heures de cet endroit incroyable…
Enfin, nous rentrons juste avant le dîner, mais pour peu de temps… 21 heures, beau soleil, des morses à l’horizon se prélassant sur une plage et un ours endormi en haut de la falaise. Nous ressortons les zodiacs. Un des morses, un gros mâle, se frotte le dos et se gratte avant de se lever pour se mettre à l’eau. Les morses ont tellement de comportements et d’attitudes différentes que c’est un régal à observer. Et c’est vers 23 heures que nous rentrons au bateau…
Faudrait-il une semaine de vacances pour se remettre de ses vacances ?
Dès 8 heures, nous étions devant le front de la grande barrière de glace de la Terre du Nord-Est; le paysage ne ressemblant en rien à ce qu’on avait pu voir jusqu’à présent. Fini, les montagnes pointues : ici c’est un paysage de calotte, blanc à perte de vue. C’est dans ce paysage, entre mer et glace que nous observons notre première baleine. Une baleine à bosse ! Les baleines les plus démonstratives en règle générale !
Après quelques manœuvres du bateau, chacun reprend son chemin et nous continuons vers le Nord-Est direction l’île Blanche. Alain Desbrosse nous présente une conférence sur les baleines. Cela nous permet de souffler un peu. Puis, dans l’après-midi, Christian Clot nous conte de manière très intéressante l’histoire des baleiniers dans le monde et plus particulièrement au Spitzberg.
Quelques temps plus tard ou quelques plaques de banquise plus loin, Marie nous présente également une conférence, cette fois sur Andrée et son expédition partie pour le pôle Nord en 1897 à bord d’un ballon à hydrogène. En début de soirée nous sommes aux îles Isis.
Nous sortons en zodiac après le dîner pour une fabuleuse croisière zodiac au milieu des glaces et des morses s’y reposant dessus, avec en arrière-plan le front de glace de la calotte de la Terre du Nord-Est. Une jolie soirée aux couleurs de l’Arctique.
Comme chaque jour, la journée commence avant que l’on ait le temps de s’ennuyer. Un ours est repéré sur des plaques de banquise à quelques encablures du bateau. Ni une, ni deux, les zodiacs sont à l’eau. Nous partons dans les dédales de banquise à la recherche de notre ours. Quelques 10 minutes plus tard, le seigneur de l’Arctique est là, juste devant nous, une carcasse entre les pattes. Splendide. Il nous regarde et continue de manger les restes de phoques qu’il a chassé. Nous restons près d’une heure et demie à contempler ce spectacle fabuleux. Tout y est. L’ours coopératif, les mouettes ivoires à l’affût de morceaux de viande, l’ambiance, la fine brume qui tombe et nous enveloppe doucement dans la banquise.
2 heures plus tard, le bateau n’est plus à portée de vue. Le brouillard nous sépare totalement de l’Ocean Nova. Nous rentrons grâce au GPS en zigzagant dans la glace. En début d’après-midi, le brouillard se dissipe et laisse place au soleil. Une surprise nous attend alors. Nous débarquons depuis nos zodiacs sur une plaque de banquise. Nous marchons véritablement sur l’eau. Pour fêter ça, nous buvons un verre au milieu de nulle part sur cette plaque en dérive. Puis, nous remontons à bord et quelques heures plus tard, un deuxième ours est aperçu. Nous l’approchons cette fois avec l’Ocean Nova. L’ours semble bien curieux à la vue de ce gros bateau.
Puis vint l’heure du dîner et la dernière surprise de la journée : un barbecue nous attendait sur le pont arrière du bateau. C’est donc avec la doudoune et le bonnet que nous sommes allés manger ce soir. Encore une journée incroyable en compagnie du plus emblématique animal de l’Arctique…
Débarquement matinal sur une plage du fjord de Palander. La raison ? Un groupe de morses dort nonchalamment sur le sable. Nous débarquons en zodiac quelques centaines de mètres plus loin et nous commençons à marcher doucement dans leur direction pour approcher les mastodontes.
Nous sommes tous serrés les uns contre les autres pour essayer de paraître le plus compact possible pour ne pas les effrayer. Les morses nous laissent les observer. Les uns dorment sur les autres, puis un jeune sort de l’eau et compte lui aussi se faire sa place au chaud entre les autres. Tout le monde se met à grogner, mécontents que le nouveau voisin s’entasse sur eux. Mais chez les morses la paix est vite rétablie et tout le monde recommence la sieste matinale. Certains se grattent avec leurs nageoires. D’autres préfèrent se frotter le dos dans le sable. Bref, nous observons ces instants de vie, le sourire au coin des lèvres. Deux morses curieux sont à l’eau et tentent alors de venir nous voir de plus près. Ils avancent doucement, mais se font peur tout seul lorsqu’ils se trouvent trop près de nous. Ils repartent vite en éclaboussant les alentours et reviennent… Ceci pendant près de 30 minutes.
L’après-midi, nous faisons différents groupes selon les envies, les premiers partent pour une croisière zodiac en front du glacier de Palander. D’autres se promènent sur la plage pour aller voir les fleurs, des os de baleines et marcher sur la calotte de glace. Enfin, le dernier groupe part pour une marche de 6 kilomètres dans le désert de cailloux et de glace. Et ce soir, nous guettons les baleines… croisons les doigts !
La veille, nous avons aperçu de grands souffles de baleines à l’horizon et nous avons pu voir à plusieurs reprises le dos de rorquals communs, les deuxièmes plus grandes baleines au monde après la baleine bleue. Même si le spectacle est fugace, c’est toujours magique d’apercevoir de tels animaux gigantesques, majestueux mais pourtant si discrets…
Au matin, nous naviguons dans le Wijdefjord mais le clapot de la mer est trop fort pour nous permettre de monter dans nos zodiacs. Nous passons donc la matinée au salon panoramique à regarder le paysage et à écouter les conférences. Christian termine la sienne sur l’ours blanc, interrompue à plusieurs reprises justement par le principal protagoniste de l’histoire. Jusque là un ours blanc était aperçu à chaque fois avant que Christian ne puisse finir. Puis nous profitons d’être dans le fjord, où un trappeur vit encore actuellement, pour écouter Xavier nous parler de l’histoire et de la vie des trappeurs du Spitzberg.
Après le déjeuner nous sommes dans le Bockfjord et nous débarquons à terre pour aller voir de petites sources chaudes, phénomène rare au Spitzberg où la vie s’est adaptée parfaitement aux différences de températures entre l’extérieur et l’eau à 22°C. Puis nous remontons à bord et c’est à Fabrice Genevois de nous présenter sa conférence sur la banquise, ce milieu si intriguant et si riche à la fois. Dans la soirée, Marianne Duruel nous parle des voyages qu’elle accompagne en Afrique, et nous quittons l’Arctique, rejoignant pour une heure les éléphants, les gorilles et autres animaux si emblématiques du continent africain.
Après une nuit mouvementée, durant laquelle l’Ocean Nova nous a baladé d’un bout à l’autre de notre lit, nous étions tout de même frais comme des gardons pour notre dernière journée. Ce matin, nous débarquons dans le fjord de Möller pour visiter une ancienne cabane de trappeur rénovée pour les touristes depuis 1896. Les plus ambitieux partent également pour une marche sur la crête donnant un superbe panorama sur le glacier de Lilliehook, le premier glacier que nous avons vu au début de notre voyage.
Nous arrivons dans la baie du Roi en début d’après-midi et nous partons alors pour notre toute dernière sortie au Spitzberg. Les animaux seront au rendez-vous pour nous dire au revoir. D’abord, un phoque curieux s’approche de nos zodiacs et de la plage comme pour venir nous saluer. Puis un grand renne mâle nous laisse le photographier à quelques dizaines de mètres seulement. Un jeune renard arctique nous offre des cabrioles en guise d’adieu. Puis les mouettes tridactyles, les guillemots de Brünnich, les labbes à longue queue… Tout sont là. Mais il est 17h30 et nous avons encore de la route pour arriver jusqu’à Longyearbyen demain matin. Il est grand temps de rentrer. Le glacier se met à gronder, le crachin à tomber. Sonne l’heure pour nous quitter les contrées sauvages du Spitzberg…
Tout est allé très vite ce matin. Petit-déjeuner, et nous partions dans nos zodiacs direction Longyearbyen où nous avions 2 heures de libre pour vaquer à nos occupations dans la petite ville. Déjà, il était temps de monter dans les bus direction l’aéroport. À peine le temps de dire un dernier au revoir à tout le monde et nous quittions le Spitzberg… des souvenirs plein la tête…
« Encore Merci à TOUS ! » signé l’équipe de guides : -).