31 octobre
22 novembre 2015
À bord du Sea Spirit, du 31 octobre au 22 novembre 2015
Température de l’air : 19°C, temps partiellement ensoleillé.
Arrivée à Buenos Aires en début de matinée. Après les formalités douanières et la récupération des bagages, notre guide francophone nous fait la visite de la capitale argentine : place du Congrès, obélisque, place de Mai avec visite de la cathédrale et du tombeau du général San Martin, quartier bohème de la Bocca.
Repas pantagruélique au restaurant de viande Las Nazareñas dans le quartier d’affaires de Retiro. Bref transfert jusqu’au port de croisière. Lors du contrôle de sécurité à l’entrée du port, les forces de sécurité argentines déploient tout leur zèle, au point de confisquer d’innocentes paires de ciseaux planquées au fond de certaines valises… Embarquement vers 16h15 et appareillage à 17h00. Nous prenons congé de la capitale argentine, qui laisse défiler les tours modernes du quartier de Puerto Madero.
À 17h30, nous faisons connaissance d’Anja, la chef d’expédition, et des autres guides, avant d’enchaîner les réunions obligatoires concernant la sécurité à bord du Sea Spirit et l’exercice d’abandon de celui-ci. Superbe coucher de soleil agrémenté de quelques nuages photogéniques. Repas servi à 19h30. Au terme de ces deux longues premières journées, personne ne se fait prier pour tomber dans les bras de Morphée.
Température de l’air : 17°C, temps ensoleillé
Le soleil nous gratifie d’un agréable début de traversée sur une mer parfaitement calme. Les premiers oiseaux marins – encore peu nombreux – font leur apparition. C’est donc le moment pour Dimitri de nous présenter une première conférence sur les oiseaux des mers australes. La matinée se termine par une présentation de Maarten sur l’histoire de la navigation sans sextant.
En début d’après-midi, les passagers sont appelés pont par pont pour la prise des bottes et de la parka. Après une séance d’information sur les services de bord et ateliers, Birgit nous parle de son expédition à ski au Pôle Nord depuis le camp Barnéo.
À 18h00, Christian Genillard réunit le groupe francophone de Grands Espaces pour une séance d’information sur le déroulement du voyage.
Ce soir, le dîner est servi sur le pont arrière à l’occasion d’un plantureux barbecue accompagné de vin chaud.
Température de l’air : 13°C, température de l’eau : 9° C, temps ensoleillé
Au réveil, le temps est radieux, mais la température est légèrement plus fraiche que la veille. Après le petit-déjeuner, Anthony nous donne quelques astuces pour de belles photos. Puis Dimitri nous parle des manchots. Le soleil incite de nombreux passagers à prendre le repas de midi à l’arrière du pont 5. Un souffle de baleine est aperçu au loin. Une nuée d’albatros suit le sillage du bateau. Nous sommes désormais dans les 40e rugissants et une légère houle fait son apparition, augmentant d’intensité au fil de l’après-midi. À 14h00, Christian Genillard présente une introduction aux îles Falkland. Son exposé est suivi par celui de Jonathan, qui nous parle de ses deux hivernages dans une station polaire en Antarctique, puis par la conférence de Baldur sur les cétacés des mers du Sud. À 19h00, le capitaine invite tous les passagers au cocktail de bienvenue. Lors du repas du soir, les places vides sont nombreuses dans la salle à manger… les 40es rugissants ont fait leurs premières victimes.
Température de l’air : 12°C, température de l’eau : 8° C, temps ensoleillé
Au réveil, le soleil est de nouveau de la partie pour la journée d’aujourd’hui. La houle a diminué depuis hier soir, avec de « gentils » creux de 3 – 4 mètres.
À 9h30, la chef d’expédition réunit tous les passagers pour un briefing obligatoire sur les zodiacs et une introduction aux Falklands. À 11h00, c’est au tour d’Anthony de présenter une conférence sur le caracara strié, appelé communément « Johnny Rook » aux Falklands.
À 14h00, Anthony conduit pour les francophones son atelier sur la photographie à bord, qui commence à la bibliothèque et se poursuit sur les ponts extérieurs. À 15h00, Mitya nous parle de l’histoire des Falklands, et notamment de la guerre de 1982, puis à 16h30 Dimitri passe en revue les différentes espèces d’oiseaux présentes sur ces îles. À 18h00, Christophe Bouchoux récapitule à nouveau les principales espèces que nous risquons de voir lors du débarquement de demain sur l’île de West Point. La journée se termine par un atelier de Christian Genillard sur la navigation céleste avec un sextant.
Température de l’air : 6°C, température de l’eau : 7°C. Temps ensoleillé le matin, partiellement couvert l’après-midi.
Position : 51°21’S / 60°41’W
Matinée libre pour l’observation des oiseaux marins et l’approche des îles Falklands depuis les ponts extérieurs. Le bateau passe au large des îles Saunders et Carcass, deux îles fréquentées par les touristes et dotes d’une avifaune variée.
En début d’après-midi, nous effectuons notre premier débarquement de la croisière sur l’île West Point, à l’extrémité nord-ouest de l’archipel. Les zodiacs débarquent les passagers dans une baie abritée du versant oriental de l’île West Point, au pied d’une ferme privée. Malgré, les couleurs paradisiaques de l’eau, le vent omniprésent est là pour nous rappeler que nous sommes bien aux Falklands ! De nombreuses espèces d’oiseaux nous attendent sur cette île exempte de rats. À proximité de la plage, plusieurs oies de Magellan, des oies marines et des canards brassemer (ou vapeur) ont pu être observés. Cependant, c’est la colonie d’albatros à sourcils noirs et de gorfous sauteurs de Devils’ Nose (le Nez du Diable) qui constitue l’attraction principale de West Point, sur l’autre versant de l’île soumis aux vents d’ouest. Pour nous y rendre, nous traversons les verts pâturages d’est ou ouest sur environ 3 km, la plupart des gens à pied, quelques-un en landrover aux suspensions surannées. En chemin, des caracaras striés se laissent facilement approcher. L’un deux s’acharne d’ailleurs à attaquer l’un des drapeaux rouges balisant le chemin. À Devil’s Nose, nous avons tout le loisir d’observer le ballet des albatros à sourcils noirs. Nombre d’entre eux couvent des œufs. Pour les oiseaux en vol, les décollages sont généralement efficaces, tandis que certains atterrissages se révèlent plutôt périlleux. Quant aux gorfous sauteurs, avec leurs aigrettes et leurs yeux rouges vifs, ils nichent entre les touffes de tussock (longues herbes typiques des îles subantarctiques) et il faut f aire particulièrement attention à ne pas sortir du sentier au risque d’écraser des nids. Au retour, les passagers sont accueillis par les occupants de la ferme, qui se sont fait une spécialité de la cérémonie du thé et des gâteaux servis avec cette boisson typiquement anglaise.
Température de l’air : 10° C. Temps partiellement couvert le matin, sans nuage l’après-midi
Position : 51°41’S / 57°41’W
En tout début de matinée, le Sea Spirit mouille au large de Port Stanley, la capitale des îles Falklands. Sur le quai où nous débarquons en zodiac, la cabine téléphonique typiquement anglaise à l’extérieur de l’office du tourisme ne nous laisse aucun doute : nous sommes bien en territoire britannique, quand bien même Londres se trouve à quelque 12 000 km de Stanley. Un bus nous emmène jusqu’à la baie de Gypsy Cove, où les paysages de plages et de dunes constituent le territoire de nourrissage favori de nombreux oiseaux, parmi lesquels les huîtriers, gravelots, canards, goélands dominicains, cormorans. En dépit de son aspect paradisiaque, cet endroit recèle encore quelques zones potentiellement minées, désormais entourées de barbelés dissuasifs, et les autorités ont aménagé un sentier balisé avec différents panneaux informatifs. Cet endroit héberge également une colonie de manchots de Magellan. Nous en observons plusieurs sortir de leurs terriers pour partir en mer. Nous en voyons également certains couchés dans leur terrier en bordure du chemin.
Au retour à Stanley, temps libre pour la découverte de cette « capitale » d’à peine plus de 2000 habitants. Visite du musée et des différents lieux publics à ne pas manquer : la cathédrale anglicane ; la poste ; la maison du gouverneur, représentant de la reine d’Angleterre ; l’église catholique ; le monument commémoratif de la victoire de 1982, etc. À 13h00, une fanfare militaire britannique donne une aubade sous l’arche en os de baleine bleue devant l’église anglicane. Certains passagers s’arrêtent pour prendre un en-cas ou une boisson dans l’un des pubs typiquement britanniques, tandis que les quelques magasins de souvenirs font un chiffre d’affaires non négligeable avec les 3 bateaux à quai aujourd’hui (Sea Spirit, Plancius, Fram).
La géographie de la baie de Stanley étant particulière, le Sea Spirit doit faire un tour sur lui-même afin de se positionner parfaitement en face de l’étroite passe de sortie. Nous nous dirigeons ensuite jusqu’à un petit pétrolier au large de la côte de l’île Falkland orientale pour remplir les réservoirs au maximum pour la suite du voyage. Conduite par le capitaine depuis le petit poste de pilotage extérieur côté tribord, la manœuvre d’approche du pétrolier s’effectue lentement, centimètre par centimètre. Durant les opérations de remplissage, les ponts extérieurs sont interdits par mesure de sécurité. Le Sea Spirit reprend sa route peu avant le coucher de soleil, offrant un dernier aperçu des îles Falkland en contre-jour.
Température de l’air : 7°C, température de l’eau : 4°C. Temps essentiellement couvert.
En début de matinée, Birgit nous parle de la pollution des océans du monde par les déchets plastique. Nous procédons ensuite à la traditionnelle séance de nettoyage des équipements d’extérieur à l’aide des aspirateurs à disposition à la bibliothèque. Il s’agit d’éliminer toute trace de terre, graines et autres éléments organiques afin de pouvoir débarquer en Géorgie du Sud et en Péninsule Antarctique sans amener de nouvelle espèce invasive.
Après le repas de midi, Christian Genillard nous présente sa conférence sur l’histoire de la chasse à la baleine. À 15h00, c’est au tour d’Anthony de parler des héros de la photographie antarctique. Après une pause gaufres, Mathias nous résume l’expédition impériale transantarctique de Shackleton.
Température de l’air : 7°C, température de l’eau : 2°C. Temps couvert.
Au réveil, Anja nous annonce que la température de l’eau a brusquement baissé durant la nuit. En effet, nous avons franchi la convergence antarctique et nous naviguons désormais dans les eaux froides de l’océan glacial Antarctique. Franchissement de la convergence antarctique durant la nuit. En début de matinée, Anja présente une introduction sur la Géorgie du Sud, ainsi que le briefing IAATO obligatoire sur la destination, les débarquements et la faune. Au cours de son atelier pour les francophones, Birgit nous parle des préparatifs d’une expédition, de l’équipement nécessaire et de la préparation physique nécessaire. La matinée s’achève par une conférence d’Anthony sur Grytviken, où il a séjourné comme artiste résident entre novembre 2013 et janvier 2014.
À 14h00, Christophe nous présente une conférence sur les pinnipèdes, suivi de Dima sur les oiseaux de Géorgie du Sud. En fin d’après-midi, le Sea Spirit arrive en vue des Rochers aux Cormorans (Shag rocks), constitués par 6 impressionnants pitons rocheux se dressant au milieu de nulle part, à quelque 270 km de la Géorgie du Sud. Comme leur nom le laisse supposer, ces derniers hébergent une gigantesque colonie de cormorans de Géorgie.
À 18h45, nous visionnons le film de présentation officiel sur la Géorgie du Sud. Ce soir, c’est soirée karaoké sino-anglophone dans le salon…
Temps couvert, quelques chutes de neige en cours d’après-midi.
Position de Salisbury Plain: 54°03’S / 37°19’W ; position de l’île Prion: 54°01’S / 37°15’W.
Les zodiacs nous déposent à Salisbury Plain au beau milieu de manchots royaux, magnifiques, dignes et tellement drôles ! Avec 60000 couples, il s’agit de la deuxième plus importante colonie de manchots royaux de Géorgie du Sud. Les adultes aux couleurs chatoyantes s’y pavanent, tandis que les jeunes muent leur duvet loqueteux. Nous devons faire attention où nous marchons, car les éléphants de mer sont partout : femelles, jeunes et mâles, si gros mais si placides. De temps à autre, il faut éviter soigneusement des otaries effrontées qui nous barrent le chemin. Cela dit, les otaries et éléphants de mer passent le plus clair de leur temps à dormir sur la plage. Les jeunes manchots changent leur duvet marron pour un plumage de grands. Ils sont splendides… Et bruyants !
L’après-midi nous réserve une belle surprise, car la météo nous permet d’accoster sur l’île Prion, où un luxueux parcours sur pilotis donne accès à la petite colonie d’albatros hurleurs, ces géants des mers, dont l’envergure atteint 3,50 mètres. L’île est également l’habitat de deux espèces endémiques, le pipit (petit passereau endémique) et le canard de Géorgie du Sud, préservées ici grâce à l’absence de rats. Nous avons la chance de pouvoir observer plusieurs albatros juvéniles en train de changer leur plumage à cette époque de l’année. Un tour de l’île en zodiac nous permet d’admirer quelques cormorans, un superbe lion de mer lové sur une plage cachée entre de minuscules îlots, ainsi que le ballet des gigantesques algues laminaires et leurs ondulations continues dans la mer.
Température de l’air : 5°C, température de l’eau : 0°C. Beau temps.
Position de Fortuna Bay : 54°07’S / 36°47’W ; position de Stromness : 54°09’S / 36°42’W
Au réveil, nous découvrons un ciel quasiment sans nuage, avec un superbe panorama sur les sommets enneigés de la Géorgie du Sud. Le Sea Spirit entre dans la baie protégée de Fortuna, nommée d’après le nom du premier baleinier ayant opéré à Grytviken au début des années 1900. Les zodiacs déposent les passagers à l’extrémité ouest de la plage. Nous marchons 1,5 km jusqu’à la colonie de manchots royaux, estimée à une dizaine de milliers de couples. En cette journée de printemps austral ensoleillé, la vaste plaine menant à la colonie affiche un vert éclatant. Le bruit de la colonie est impressionnant, avec les cris aigus des poussins et ceux ressemblant à des sirènes des adultes.
Durant le repas de midi, le bateau se repositionne dans une autre baie plus à l’est, celle de Stromness. Nous débarquons en début d’après-midi à côté des ruines de la station baleinière de Stromness où Shackleton trouva du secours à la fin de son incroyable aventure. Les otaries à fourrure sont nombreuses et plutôt agressives. Nous partons vers le fond de la vallée où se trouve la cascade de Shackleton pour faire le dernier bout de la traversée de la Géorgie que Shackleton, Cain et Worsley effectuèrent en 1916 pour aller chercher du secours pour leur équipe restée sur l’île Eléphant. C’est l’occasion d’avoir une belle vue sur la vallée et les sommets enneigés. Au retour, nous observons sur une colline au-dessus du chemin une petite colonie de manchots papous. Après avoir copulé avec la femelle, un mâle s’active à la consolidation de son nid en ramenant des touffes d’herbe dans son bec, parfois aussi en volant les brindilles d’un nid voisin. Un spectacle extrêmement drôle !
Avant le repas du soir, nous tentons une sortie en zodiac vers la station baleinière voisine de Leith. Malheureusement, le temps se couvre et un fort vent se lève soudainement, obligeant les zodiacs à battre en retraite. Cet épisode nous montre à quel point la météo peut changer rapidement à Géorgie du Sud.
Température de l’air : 5° C, température de l’eau : 0° C. Temps ensoleillé.
Position de Grytviken : 54°17’S / 36°30’W, position de la baie St-Andrews: 54°25’S / 36°10’W
À 7h00, le Sea Spirit dépose les randonneurs dans la petite baie de Maivikken avant de prendre la direction de Grytviken.
Le bateau mouille devant la capitale, Grytviken, ancienne base militaire (évacuée en 2003) et reconvertie en base scientifique. Le temps d’effectuer les formalités administratives de « clearance », Sarah nous présente les missions du « South Georgia Heritage Trust » qui s’est notamment occupé de l’abattage des rennes et du programme de dératisation de l’île. Nous débarquons pour une visite du musée, de l’église et des imposants vestiges de l’ancienne station baleinière. Certains passagers en profitent pour affranchir du courrier à la poste, les timbres de Géorgie du Sud étant particulièrement beaux et prisés des philatélistes. Un recueillement est également de mise sur la tombe de Shackleton dans le cimetière des baleiniers.
Pendant le déjeuner, nous passons devant le mont Paget, le point culminant de la Géorgie du Sud (2934 m). L’après-midi est consacré au débarquement à St-Andrews Bay, site de la plus grande colonie de manchots royaux en Géorgie du Sud (150 000 paires). Les innombrables éléphants de mer amassés sur la plage nous forcent à débarquer à l’extrémité nord de la baie. Nous allons ensuite nous approcher de la colonie mais nous ne pouvons pas accéder au site principal, la route est barrée par de milliers de manchots qui muent au bord d’une rivière. Le décor est tout de même impressionnant avec de superbes sommets englacés en arrière-plan. Dans la toundra, des bois de renne témoignent de la présence récente de ces animaux éradiqués il y a peu.
Température de l’air : 5° C, température de l’eau : 0° C. Temps ensoleillé, fort vent à Cooper Bay.
Position de Gold Harbour : 54°37’S / 35°56’W, position de Cooper Bay : 54°47’S / 35°49’W
Réveil très matinal à 5h00 devant Gold Harbour sous un grand ciel bleu et sans vent. Débarquement pour approcher une autre grande colonie de manchots royaux au pied d’un glacier suspendu spectaculaire. Le long de la rivière, des manchots en pleine mue se sont un peu isolés. Un groupe réduit de manchots papous s’est installé avec témérité au milieu du grand rassemblement des éléphants de mer. Durant l’approche de la colonie, quelques gros éléphants de mer nous regardent passer et se chamaillent devant nous. À proximité de la colonie de manchots royaux, nous apercevons de nombreux jeunes avec leur duvet brun. Au fil du débarquement, le vent forcit.
Après le petit-déjeuner, il était prévu d’aller voir la colonie de gorfous dorés (macaronis) de Cooper Bay. Malheureusement, à l’arrivée dans la baie, le fort vent nous empêche de débarquer. La cheffe d’expédition décide donc de remplacer cette sortie par une navigation dans le fjord Drygalski. Voilà pour les intentions. À mesure que nous approchons du fjord, le vent se renforce de plus en plus violemment jusqu’à atteindre une vitesse de 65 nœuds, soit env. 120 km/h. Il est quasiment impossible de se tenir debout sur le pont avant du bateau. Dans ces conditions, nous renonçons à remonter jusqu’au fond du fjord. Quelques pétrels des neiges nous accompagnent autour du bateau. Nous quittons cette merveilleuse Géorgie du Sud pour mettre le cap sur la Péninsule Antarctique.
Température de l’air : 2° C. Temps couvert, légère houle avec vent du nord-est.
Pour cette journée de traversée en mer de Scotia, qui se révèle souvent très agitée, nous continuons à être béni des dieux. En effet, le vent du nord-est nous pousse dans le dos, ce qui nous assure non seulement une navigation peu agitée dans le sens de la houle, mais augmente également notre vitesse de croisière (16 nœuds). Le cycle de conférences commence par une présentation de Mattias sur la course au Pôle Sud entre Amundsen et Scott. Baldur poursuit avec un exposé sur les orques des mers du Sud.
En début d’après-midi, Christian nous fait revivre l’histoire de la découverte de l’Antarctique en français, suivie par une introduction à l’Antarctique par Jonathan. Après la pause-café, Antony présente un atelier sur la sculpture, son métier de base.
Température de l’air : 0° C. Temps couvert, légère houle avec vent du ouest-nord-ouest.
Après le petit-déjeuner, Mitya nous parle de l’histoire de la découverte de la Péninsule Antarctique, puis Jonathan présente sa conférence sur la couche d’ozone. C’est ce matin que nous apprenons la triste et sanglante nouvelle des attentats de Paris survenus hier soir. Juste avant le repas de midi, le Sea Spirit croise la route de notre premier iceberg tabulaire. Le capitaine s’octroie un petit détour et nous fait le tour complet de ce monument de glace, estimé à 1,3 km de long et 40 à 50 m de haut. En début d’après-midi, Christian fait un exposé en français sur l’écologie de l’Antarctique, suivi de la présentation de Thérèse sur les pinnipèdes antarctiques. La conférence de Dima sur les adaptations des animaux aux conditions climatiques extrêmes est reportée un peu plus tard, car des rorquals communs et une baleine à bosse sont aperçus près du bateau. C’est donc la ruée sur les ponts extérieurs…
Température de l’air : 0° C. Temps couvert.
Position du Cap Wild : 61°06’S / 54°52’W.
Le Sea Spirit arrive à l’aube à l’île Éléphant. Nous longeons la côte nord jusqu’au cap Wild, lieu où l’équipe de Shackleton – 22 personnes sous la conduite de Frank Wild – a attendu 135 jours les secours que leur chef était parti chercher en Géorgie du Sud. Il y a trop de vagues pour pouvoir débarquer sur la minuscule plage. La houle est également trop forte pour que nous puissions embarquer sur les zodiacs à la marina. Nous observons donc cet endroit aussi superbe qu’austère depuis le pont du bateau. Nous contournons ensuite l’île Eléphant par l’est pour atteindre le Cap Lookout sur la côte méridionale. Plusieurs icebergs tabulaires croisent notre route. Le temps s’étant éclairci en milieu de matinée, nous effectuons une sortie en zodiac devant le superbe front du glacier Endurance, qui nous offre même un gros vêlage. Durant la sortie, le vent forcit et le retour en zodiac jusqu’au Sea Spirit est quelque peu « rock’nroll ». À notre arrivée vers la fin du déjeuner, le Cap Lookout est pris dans une tempête de neige. La visibilité est tellement réduite que nous apercevons à peine le cap en question. Dans ces conditions, il n’est bien sûr pas question d’essayer de débarquer et nous poursuivons notre route vers le sud. En moins d’une heure, les giboulées du printemps austral recouvrent les balcons et les ponts extérieurs d’une couche de neige de 2 cm.
Température de l’air : 2° C. Temps ensoleillé jusqu’en milieu d’après-midi, puis couvert.
Nous nous réveillons sous un beau soleil dans la splendide baie de l’Amirauté sur l’île du Roi Georges. Notre premier débarquement sur les îles Shetland du Sud nous amène à la station de recherche polonaise Arctowski, du nom du géologue de l’expédition belge d’Adrien de Gerlache en 1897-99. La colonie de manchots Adélie est classée comme zone d’intérêt scientifique dont l’accueil est restreint aux seuls chercheurs. Les visiteurs peuvent cependant observer de près les manchots effectuant le va-et-vient entre la colonie et la plage. Les glissades de ces petits manchots sont particulièrement drôles à observer. Le personnel basé à Arctowski a construit un centre d’information pour que les touristes puissent visiter la station sans perturber leur travail. Si la visite de la station présente un intérêt très relatif, c’est tout de même l’une des rares bases à l’intérieur de laquelle les touristes peuvent pénétrer. La baie abrita par le passé le premier bateau-usine baleinier de l’océan austral (l’Admiralen) et des os de baleines jonchent toujours la plage à l’heure actuelle.
Après une belle navigation sous le soleil avec quelques baleines aperçues au loin, nous arrivons en fin d’après-midi dans la baie de l’île de la Demi-Lune. Sise devant les hauts pics englacés de l’île Livingstone, elle doit son nom à sa grande baie de forme hémicyclique. Sur la plage, un manchot papou semble s’être égaré parmi les manchots à jugulaire. À la fin du sentier que nous empruntons, nous parvenons à l’un des principaux lieux de nidification des manchots à jugulaire. Dominant la baie avec les monts enneigés à l’arrière-plan, ce site est absolument magnifique. Le manchot à jugulaire tient son nom de la ligne noire dessinée sur le cou de part et d’autre des oreilles. Nous pouvons observer quelques individus en train de transporter de petits cailloux dans leur bec pour construire leur nid. Nous assistons également à plusieurs accouplements. Reconnaissable à ses longs « cheveux » dorés, un gorfou doré (ou gorfou macaroni) est perdu au milieu de la colonie. Plusieurs chionis (ou petits becs en fourreau) se chargent de nettoyer les lieux. Cette espèce de petite poule complètement blanche à plaques cornées au-dessus du bec est le seul oiseau de la péninsule Antarctique à ne pas avoir les pattes palmées. Le comportement des manchots est particulièrement amusant à observer, tant il constitue une parfaite réplique de la société humaine : il y a les téméraires qui n’hésitent pas à braver et affronter leurs congénères, les poltrons qui s’en vont au moindre problème, les voleurs qui s’emparent des petits cailloux des autres. Nous observons également des sternes Antarctique, ainsi que 2 phoques de Weddell en train de somnoler.
Température de l’air : -1 ° C. Temps ensoleillé.
Au réveil, les sommets de l’île d’Anvers sont illuminés par un beau soleil, tandis que les îles du côté de la Péninsule Antarctique sont encore recouvertes de nuages. À peine avons-nous commencé à débarquer sur l’île de Cuverville que le ciel a la bonne idée de se dégager. Sous un beau soleil et une température très agréable et sans vent, nous passons 3 heures à observer le comportement des manchots papous, dont la colonie compte environ 5000 paires. Le paysage est sublime et les icebergs piégés dans la baie peu profonde entre les îles de Cuverville et de Rongé constituent un arrière-plan photographique de premier choix.
Pendant le petit-déjeuner, le Sea Spirit entame sa navigation vers la destination de l’après-midi. Nous franchissons le canal Errera, étroit chenal entre 2 versants englacés menant au détroit de Gerlache. Deux heures et demie plus tard, le Sea Spirit entre dans le bien nommé Port du Paradis (et non Baie du Paradis, contrairement à ce qui est trop souvent dit et écrit), qui est fermé par la Terre de Graham (péninsule Antarctique) à l’Est et par l’île Bryde à l’Ouest. Des glaciers descendent des sommets Dallmeyer et Inverleith pour se jeter dans la mer en un paysage grandiose. Au pied du glacier, la base argentine Almirante Brown a été nommée d’après William Brown, un immigrant irlandais qui devint un héros national en Argentine et qui est considéré comme le père de la Navy argentine. En 1984, le docteur de la station a mis intentionnellement le feu pour éviter d’y passer une année supplémentaire. Les 7 membres de la base ont été secourus par un vaisseau de recherche américain. Actuellement, la base est toujours fermée, mais demeure aisément visible grâce au drapeau argentin peint sur la plupart des toits. À noter que c’est la première fois que nous foulons véritablement le sol du continent Antarctique, et non l’une des innombrables îles qui lui font face. La plupart des passagers montent jusqu’à un point panoramique qui domine la baie d’une bonne centaine de mètres. L’ascension dans la neige est relativement pentue et ardue, mais la vue fabuleuse sur l’ensemble de la baie récompense l’effort consenti. Et la descente sur les fesses nous rappelle les joies des glissades en toboggan de notre enfance. Avant de rejoindre la bateau, les conducteurs de zodiac nous gratifie d’un trajet en zodiac entre les glaces de la baie. Au retour sur le Sea Spirit, une surprise attend les passagers : l’équipage a organisé un barbecue sur le pont 5 à l’arrière du bateau avec salades, grillades, desserts et vin chaud.
Température de l’air : 2° C, température de l’eau : -1° C. Temps ensoleillé.
Peu après 5h00, l‘annonce matinale nous apprend que malgré le beau temps, le débarquement à Neko Harbour n’est pas possible en raison de forts vents catabatiques atteignant une vitesse de 53 nœuds (env. 100 km/h). Nous reprenons donc le canal Errera dans le sens inverse d’hier et repassons devant l’île Cuverville pour nous diriger vers la baie Wilhelmina et l’île Enterprise. Lorsque Shackleton marcha avec ses hommes à travers la glace de la mer de Weddell, sa destination prévue était justement la baie Wilhelmina où il pensait trouver des baleiniers. À l’approche de cette baie, la fine nappe nuageuse redescendant des crêtes laisse présager la présence de forts vents, ce que nous constatons sur les ponts extérieurs à mesure que le bateau avance dans la baie. Au fond de la baie, rebelotte : les vents catabatiques nous obligent à rebrousser chemin pour contourner l’île Enterprise par le nord. Le versant oriental de l’île est situé à l’abri du vent et nous pouvons finalement effectuer notre dernière sortie en zodiac vers divers icebergs aux superbes tonalités bleu-vert, dont l’un d’eux est percé par une petite arche, vestige d’une ancienne rivière intraglaciaire. Sur quelques rochers posés à fleur d’eau, nous approchons une petite colonie de cormorans, Plus loin, d’autres cormorans sont en train de nicher au-dessus d’une falaise. Sur les côtes de l’île Enterprise, les zodiacs visitent l’épave partiellement submergée du baleinier Guvernøren. Ce navire de 3433 tonnes prit feu en 1915 et fut échoué pour sauver l’équipage et les marchandises. À l’heure actuelle, cette épave n’abrite plus que des sternes Antarctique. Enfin, notre matinée s’achève par l’observation de 2 phoques de Weddell couchés sur la glace. Nous regagnons le Sea Spirit pour la dernière fois, puisqu’il s’agissait de notre dernière sortie en Péninsule Antarctique. En effet, il est déjà temps de commencer à remonter vers le nord, direction Ushuaia. En soirée, le capitaine nous réserve une dernière surprise, avec une navigation dans la caldeira de l’île de la Déception. C’est avec grande prudence que nous franchissons l’étroit goulet d’entrée, dénommé soufflet de Neptune par les marins. Avec le soleil rasant, les paysages encore enneigés de la caldeira sont particulièrement beaux. Nous observons de loin les restes de la station baleinière avant de nous diriger vers le fond de la caldeira, encore tapissé de plaques de banquise.
Il nous reste 2 jours de croisière pour la traversée du fameux Passage de Drake afin d’atteindre la Terre de Feu et le port d’Ushuaia. Ponctuée de conférences, d’ateliers et d’une mémorable soirée karaoké mêlant équipage et passagers, cette traversée s’effectue sur une mer heureusement calme, alors que le Passage de Drake est connu pour ses redoutables tempêtes. Tant pis pour ceux qui voulaient expérimenter une mer digne des 50èmes rugissants ! À Ushuaia, nous n’avons qu’une heure et demie pour le shopping ou la visite du musée avant de rejoindre l’aéroport pour les vols de retour vers Buenos Aires, puis vers l’Europe, où nous arrivons dimanche soir.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Merci pour ces descriptifs qui nous permettent de vous suivre!
Serait-il possible d’y ajouter quelques photos pour rêver un peu avec vous?
Bon voyage à tous
Quel plaisir de vous lire et un grand bonjour à nos amis Christiane et André BOLS.
Quel voyage fabuleux ! Je découvre cette expédition en même temps que mes amies Martine et Estelle MOREL. J’ attends la suite de votre périple et vous souhaite une bonne continuation.
Super ce voyage. Mon beau-père y est. Il doit avoir beaucoup de plaisir (M. Roland Bachelard).
Salutations
Lisette Bachelard