Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
19 août
31 août 2018
À bord de l'Ocean Nova, 19 août 2018
Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
D’ici quelques jours, nous ferons route à bord de l’Ocean Nova vers le Nord Est du Groenland. Mais notre aventure débute à Longyearbyen. Cette ancienne implantation minière fondée en 1906 est aujourd’hui le siège administratif et la ville la plus peuplée de l’archipel du Svalbard.
Nous découvrons cet endroit étonnant et ses environs lors d’un tour en bus commenté par Anaïd et par Rémi : nous marquons des arrêts au sommet de la mine n°7 et à l’église de Longyearbyen. Nous observons au passage de nombreuses bernaches nonettes, quelques sternes arctiques et plusieurs rennes à deux pas seulement des routes asphaltées.
Plus que des photos et des cartes postales, nous emportons de cette visite le souvenir des aboiements de chiens de traîneaux, la douceur du soleil qui inonde la vallée de l’Adventdal cet après-midi-là, ou encore l’odeur des pâtisseries à la cannelle qui s’échappe du café préféré des habitants…
Nous embarquons à bord de l’Ocean Nova à partir de 17h où nous retrouvons notre équipe au complet. Christian Kempf, notre chef d’expédition, nous expose les premières règles de sécurité à bord du navire, suivie par un exercice d’abandon mené par Jonathan et l’officier de sécurité. Christian poursuit avec la présentation du programme des prochains jours. Les prévisions météo ne nous encouragent pas à mettre cap au nord où des vents forts pourraient compromettre le déroulement de nos activités et nous prendrons cette nuit la direction du sud de l’île du Spitzberg.
Nous nous réveillons ce matin par plus de 78°N. Ne devions-nous pas aller vers le sud, Bellsund et Hornsund ? Oui, mais dans le courant de la soirée, à la sortie de l’Isfjord, les conditions météo et les perspectives de sorties pour aujourd’hui se sont révélées bien meilleures. Cap au nord donc, en commençant par le fjord du Roi.
Après un dernier briefing concernant les codes de conduites AECO et la sécurité en zodiacs, nous entrons dans le vif du sujet avec une première sortie devant le front de glace de Blomstrandbreen. Craquements, grognements, crépitements, les glaces ont beaucoup à raconter. Nous observons ainsi plusieurs vêlages, naviguons dans le brash et flânons d’un iceberg à un autre. Ce glacier étant en régression comme la majorité au Svalbard et dans le monde, la péninsule de Blomstrandhalvøya s’est extirpée des glaces en l’espace de quelques années seulement, devenant une île à part entière.
Nous découvrons avec enthousiasme le buffet du midi qui rassasiera sans aucun doute nos faims d’explorateurs durant ce voyage. L’équipe hôtelière est aux petits soins, mais cultive une ambiance joyeuse et détendue. Après quoi Jonathan nous propose une conférence introductive sur le Svalbard.
Le reste de l’après-midi est consacré à une ballade à terre à Ossian Sars Fjellet. L’objectif est d’atteindre le sommet de cette falaise où niche une colonie de mouettes tridactyles. En chemin, nous faisons des observations exceptionnelles de rennes et de renards arctiques venant à notre rencontre avec curiosité. Le beau temps est au rendez-vous et le panorama est incroyable. À l’est, nous pouvons voir Nora, Svea et Dana, les trois couronnes de Scandinavie incarnées par trois montagnes aux reliefs atypiques.
De retour à bord, le Capitaine Oleg Klaptenko nous souhaite officiellement la bienvenue à bord autour d’un verre. Puis le repas du soir se termine au salon panoramique avec vue sur le glacier de Lilliehöök. Un agréable moment de détente avant de rechausser nos bottes, car la soirée est l’occasion d’une exploration de la baie du 14 juillet. Les uns choisissent de faire une balade à pieds sous les jardins suspendus au nord du front de glace, d’autres restent sur l’eau, en zodiacs, pour rencontrer le célèbre macareux moine. Certains zodiacs ainsi que leurs occupants sont l’objet de beaucoup de curiosité de la part d’un jeune phoque barbu avec lequel nous échangeons des regards particulièrement intenses en émotions.
Cette « nuit » fut un peu moins agitée que la précédente et après 36 heures sur le bateau nous sommes mieux amarinés et ainsi le sommeil a été meilleur.
Pendant le sommeil, nous avons doublé le coin nord-ouest du Spitzberg et mis le cap à l’est-nord-est vers l’île de Moffen que nous atteignons à 10h. Moffen, au départ, est un terme péjoratif des langues nordiques pour désigner les baleiniers allemands (germaniques) qui ont fréquenté cet endroit dans les siècles passés. L’île est un anneau de graviers qui ne s’élève qu’à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer et renferme une lagune. Elle a ainsi l’aspect d’un petit atoll tropical. Elle est située très légèrement au-dessus du 80e degré de latitude nord que nous avons traversé à 9h53. Ce sera le point le plus septentrional atteint au cours de cette croisière. Si nous nous sommes dirigés vers ce lieu, c’est pour y observer le groupe de morses mâles qui s’échouent ici tout l’été pour muer leur pelage. Aujourd’hui, une cinquantaine sont fidèles au rendez-vous
Ensuite, cap au sud vers les Woodfjord et plus précisément les glaciers d’Erik et de Monaco dans le fjord de l’Amour, en allemand Liefde qui est le nom d’un bateau ayant fréquenté ces parages. Avant le repas de midi, Frédéric nous dévoile la vie, l’écologie et les caractéristiques physiques des morses que nous venons d’observer. MAIS, pendant le déjeuner, Mathieu l’un de nos coordinateurs de croisière, repère notre premier OURS ! Nous dévions donc notre route pour mettre les zodiacs à l’eau et faire une approche de ce roi de l’Arctique. Il, c’est un mâle, a la bonne idée de s’approcher du rivage pour poursuivre sa tranquille mais inexorable marche en avant et nous offrir ainsi de belles opportunités d’observation et de photos. Entre sa découverte par Mathieu et le moment où nous le quittons pour regagner l’Ocean Nova, il a dû parcourir 6 ou 7 kilomètres.
Nous reprenons le programme prévu pour débarquer vers le glacier d’Erik et sa belle moraine frontale au sommet de laquelle nous avons une vue magnifique sur le glacier de Monaco. Au retour de notre petite randonnée botanique – il reste quelques petites fleurs arctiques – et historique – la présence d’un vieux piège à Renard arctique qui nous permet d’évoquer les trappeurs du passé – nous sommes accueillis par un verre de vin pétillant que l’équipe des coordinateurs nous a préparé. Tous ensemble, nous levons nos verres pour célébrer notre premier ours et notre dernier contact avec la Terre du Svalbard, nous saluons ainsi le drone de Maxime qui nous survole.
Retour au navire et cap au Groenland pour de nouvelles aventures… sans oublier le récap post dinatoire au cours duquel notre chef d’expédition Christian nous éclaire sur ces aventures à venir. Jonathan, lui, évoque les fleurs et les plantes observées durant les jours précédents.
C’est avec des souvenirs pleins la tête que nous avons quitté le Spitzberg, ce « top of the world » où l’on croit avoir déjà quitté la planète.
Ce matin nous nous réveillons en pleine mer sous un ciel nuageux et un vent relativement faible et en direction de la côte est du Groenland. Nous avons environ 350 miles nautiques pour rejoindre notre destination.
Les conditions de navigation sont agréables. Nous redescendons vers le sud à la latitude de Longyearbyen et nous passons dans l’après-midi le méridien de Greenwich en gagnant une heure de sommeil cette nuit. Aujourd’hui sera sous le signe de la détente et entrecoupé de conférences, la première est celle d’Anaïd sur l’écosystème arctique, ses fonctions de pompe à carbone et de producteur d’oxygène si méconnues mais fondamentales à la vie sur notre planète. David, notre photographe, intervient ensuite sur les techniques photo avant de diriger un atelier pratique. Enfin, Frédéric fait une conférence sur les oiseaux marins pélagiques et Laurent sur le GPS.
Chacun à sa guise profite de cette tranquille journée au gré de cette navigation entouré par des vols de fulmars boréaux virevoltant autour de l’Ocean nova. Les lumières sont magiques avec l’horizon du ciel rempli de nuages gris.
Au soir, Christian nous explique comme chaque jour le programme du lendemain et notre arrivée en terre groenlandaise avec la carte maritime des glaces. Anaid nous raconte à qui appartient l’Arctique avec un bref aperçu sur enjeux géopolitiques actuels, et Jonathan nous parle du soleil de minuit et de la nuit polaire. Cela nous rappelle que l’été s’effiloche dans ces terres polaires et que bientôt lui succédera la nuit arctique, propre à ces contrées du sommet de la terre.
Ce soir après le dîner, nous découvrons Nanooq of the North, le tout premier film ethnographique réalisé sur les inuits qui nous plonge déjà vers un dépaysement total.
Ce matin, nous nous réveillons en pleine mer entre le Spitzberg et le Groenland que nous devrions atteindre dans la soirée. La mer est calme, le plafond nuageux est assez haut, ce qui nous donne une très bonne visibilité.
Les guides se relaient à la passerelle pour essayer de « spotter » des baleines, mais elles ne semblent pas être dans les zones que nous traversons.
Aujourd’hui, nous allons naviguer en direction du Groenland pour espérer atteindre l’entrée de la baie de Dove dans la soirée. Quelques conférences sont mises au programme et c’est Christian Kempf qui commence ce matin par une introduction historique au monde Arctique et en particulier sur l’histoire du Groenland. Ensuite, Christophe Bassous nous présente les bruits sous-marins et nous parle des « pipelettes » des mers en diffusant entre autres des sons de baleines, poissons et crevettes. Dans l’après-midi, David et Stéphanie Lallemand nous proposent un atelier photo afin de nous préparer aux techniques de prise de vue en Arctique.
En milieu d’après-midi, nous commençons à voir les premières plaques de banquises. Elles sont disloquées, mais en forte concentration ; le repère parfait pour les ours blancs. Les guides spottent depuis la passerelle et soudain, la voix de Christian Kempf retentit au travers des hauts parleurs du bateau : « Mesdames, Messieurs, chers Amis, nous avons un ours en visuel ;
nous allons mettre les zodiacs à l’eau et vous donnons rendez-vous dans 10 min pour embarquement ». Les guides s’affairent et tentent de ne pas perdre de vue l’ours qui se trouve à quelques centaines de mètres, sur un morceau de banquise et qui semble manger un phoque. Lors de l’embarquement, la brume tombe subitement et nous le perdons de vue. Le temps de rejoindre la plaque sur laquelle celui-ci se trouvait, il a disparu. Nous observons la carcasse de phoque et tentons de le retrouver, mais en vain.
Nous retournons au bateau après une croisière zodiac au milieu des plaques de banquise et profitons de la soirée à bord, avec une magnifique navigation pendant laquelle nous observons d’imposants icebergs tabulaires dont certains mesurent plus d’un kilomètre de long.
À 23h30, la voix de Christian Kempf retentit de nouveaux : « Mesdames, Messieurs, chers Amis, nous avons un ours en visuel ; nous allons mettre les zodiacs à l’eau et vous donnons rendez-vous dans 10 min pour embarquement ».
Eh oui, les croisières expédition Grands Espaces ne sont pas de tout repos ;
c’est la nature qui donne le rythme ici. Nous embarquons dans les zodiacs et faisons une approche lente de ce jeune ours qui est en train de dormir.
Alors que nous sommes à environ 50 m de la plaque de banquise sur laquelle il se trouve, celui-ci se réveille. Étant encore chassés au Groenland, les ours de cette région sont plus craintifs que ceux du Spitzberg et l’individu que nous avons devant nous ne fait pas figure d’exception. Il se met à fuir et nous le laissons partir afin de ne pas le fatiguer.
Nous rentrons au bateau, où une coupe de champagne nous attend au salon panoramique pour fêter cette belle observation. Nous allons nous coucher avec vers 1h du matin avec ces belles images d’ours dans nos mémoires…
Après l’ours de minuit, nous nous réveillons par 75°42’33.79 N et 17°40’10.40 W entre l’île de Koldewey et l’île Shannon. Une bonne visibilité, un petit vent de 20 nœuds et une température de 1°C. Et il neige un peu ! Incroyable en plein mois d’aout !
On voit les côtes montagneuses du Groenland. Nous avons contourné la banquise vers le sud pour tenter une entrée en baie de Dove. Les conditions ne sont pas faciles tant la ceinture de glace de banquise est dense. Dans cette entrée du Bjorgfjord, il y a énormément de glace de fjord et cela est totalement inhabituel. C’est le capitaine Oleg qui en profite pour jouer avec la glace, en empruntant des chenaux libres de glace, mais le plus souvent en passant sur les plaques gigantesques dont certaines se brisent en d’immenses morceaux.
Ce sont de splendides images de glaces que nous avons en spectacle. Et c’est tout naturellement qu’Anaïd nous présente sa conférence sur la banquise.
Peu après notre déjeuner, David aperçoit un ours sur la banquise ! Nous sortons les zodiacs en quatrième vitesse pour une approche très délicate.
Les ours du Groenland sont très prudents et il est difficile de les approcher. Nous approchons groupés, extrêmement doucement, en naviguant le long des morceaux de glace. L’ours se cache, plonge dans l’eau, ressort, replonge entre les morceaux de banquise. Nous avons de la peine à le suivre.
Nous le perdons puis nous le retrouvons un peu plus loin. Il n’est pas inquiet ; il nous flaire, mais ne s’échappe pas. En fait, nous nous apercevons qu’il a une stratégie de chasse et ce sont les zodiacs de Christophe et Jonathan qui sont les proies ! Il s’en approche comme s’il s’agissait d’un phoque. Notre prudence nous fait reculer assez loin, même si nos zodiacs peuvent s’échapper sans difficulté. Finalement, notre ours, malin, comprend qu’il ne peut nous avoir et finit par disparaitre au loin.
Nous continuons notre croisière sur l’Ocean Nova dans cette magnifique banquise. Quelques très gros icebergs parsèment le chemin. Rémi nous parle alors d’un animal dont on ne connait presque rien. Et pourtant il est gros, plus de 5m de long, et pourrait vivre jusqu’à 400 ans ! C’est le requin du Groenland.
En cette fin d’après-midi, c’est une très belle plaque de glace ornée de superbes hummocks qui est notre terrain de jeu. Nous débarquons sur cette banquise. Ce sont des sensations formidables qui nous envahissent ; quel plaisir de savoir que l’on marche sur une mer gelée, avec des centaines de mètres sous nos pieds. Avant de rembarquer, un petit apéritif est servi par Marielle et Stéphanie. Personne ne veut rentrer, mais le diner nous attend.
C’est finalement Bruno qui nous présente son métier de guide de haute montagne, ainsi que les problématiques parallèles du réchauffement climatique dans les Alpes et l’Arctique. Il nous régale ensuite d’un film sur son ascension du mont Vinson, le plus haut sommet de l’Antarctique !
Splendide !
Nous nous sommes réveillés ce matin avec une belle vue ensoleillée sur la côte d’Est du Groenland. Nous avons une visibilité excellente avec de grandes plaques de banquise et des icebergs géants.
À l’approche de l’Île aux Morses, Hvalroso, Christian et Christophe ont fait une conférence sur l’histoire du Groenland. La température est un chaud 6 degrés qui est parfait pour la première sortie du jour. Allez hop ! Il est temps de mettre les zodiacs à l’eau. Nous partons autour de l’île aux Morses pour voir les colonies d’oiseaux, il y a des mouettes tridactyles et des goélands bourgmestres sur les falaises. Nous faisons une navigation sympa entre les vagues, la banquise et les icebergs. Nous nous retrouvons tous autour d’un iceberg magnifique coupé en deux. Les couleurs de la glace, le mouvement avec la mer et les réflexions du soleil sont très très beaux.
Vers 13h, c’est l’heure de déjeuner. Juste après, nous partons en direction de l’Île Sabine pour la sortie de cet après-midi : soit une petite marche à la plage, une longue marche en hauteur ou une sortie en zodiac autour de Hansa Bugt.
Nous sortons en direction de la baie de Hansa, situé entre l’île Sabine et l’Île Lille Pendulum. Nous repérons la plage pour débarquer nos 8 zodiacs et pour la première fois, nous mettons pied à terre au Groenland. Nous repérons des empreintes d’ours blanc et de renard arctique. Après avoir vérifié que les animaux ne sont pas cachés dans le coin, nous débarquons nos passagers pour pouvoir faire l’exploration de ce terrain naturel inconnu. La terre semble comme la lune, couverte de petits cailloux et de grandes roches. Le sol est riche de vie avec les arbres rampants, les petites plantes et même des fleurs. Nous cherchons à voir des bœufs musqués, mais nous n’en trouvons pas. Le panorama depuis la plage est exceptionnel avec les montagnes vertes et marron, la neige, la mer d’huile, ses plaques de banquise et ses icebergs. Nous grimpons la falaise pour une vue encore plus loin de cette belle région.
Nous rentrons à l’heure du dîner pour un repas bien mérité après nos randonnées ! Ensuite un petit récap’ de la journée avec les animaux que nous avons rencontrés ces derniers jours : les copépodes présentés par Anaïd, le phoque à capuchon par Frédéric et l’ours polaire par Jonathan.
Nous continuons la descente du côté est du Groenland pendant la nuit – en direction du Fjord Franz Joseph !
Il est 7h15 lorsque nous entendons la voix de Christian nous inviter à un petit déjeuner matinal. Rapide coup d’oeil par le hublot : un ciel dégagé présageant une journée ensoleillée. La température est de 6 degrés, nous arrivons bientôt au Kap Humboldt.
Le débarquement est prévu à 8h15. Houleux et quelque peu « mouillé », il apporte une petite touche d’aventure en ce début de dimanche. Les passagers s’avancent afin d’écouter attentivement les explications de nos guides déjà sur place. On découvre tout d’abord une maison de trappeurs groenlandais qui sera par la suite utilisée par la patrouille Sirius. Un peu plus loin, on passe près des restes des Inuit de la civilisation de Thulé. Plus haut, ce sont des traces de la civilisation de Dorset qui sont observées, dont une cache à viande. Au cours de la balade, nous trouvons également des crânes et des squelettes de Bœufs musqués. Enfin, pour clôturer cette excursion riche d’histoire et d’observations naturalistes, une très jolie cascade se présente à nous.
De retour au bateau, vers 11 heures, nous poursuivons la navigation dans le merveilleux détroit de Sofia bordé de montagnes sur lesquelles nous pouvons apercevoir quelques bœufs musqués à l’aide de jumelles.
À 11h45, Laurent, notre médecin à bord, nous présente un exposé sur « l’homme et le froid » plein de bons conseils sous ces latitudes.
Après un excellent buffet/déjeuner pris vers 12h45, des informations sur le survol en hélicoptère à venir sont données aux passagers concernés au salon panoramique par Christian, Jonathan et Rémi. Puis à 16 heures, c’est Christophe qui nous fait partager ses connaissances sur les Bœufs musqués lors d’une présentation en ce même lieu de réunion.
C’est vers 17h15 que l’Ocean Nova stoppe sa navigation dans le fjord de Segelsallskapet. Un débarquement en zodiacs est alors réalisé à Skipperdal, endroit magique qui nous offre une vue panoramique époustouflante ! Sur les côtes, les « roches peintes » sont constituées de sédiments de l’âge primaire accumulés en couches plissées de couleurs différentes allant de l’ocre, au jaune, au vert… Le sol qui se déroule sous nos pieds déploie ces mêmes teintes chatoyantes, tandis qu’en tournant la tête sur notre gauche, les montagnes se dressent, enneigées vers un ciel gris dramatique chargé de nuages structurés et cotonneux. Un premier groupe choisit de marcher vers un petit sommet depuis lequel on peut admirer le site ainsi qu’un lac en contrebas. Les autres restent à contempler et photographier la féerie de cet endroit unique, véritable paradis pour les amoureux de paysages grandioses et de nature !
Nous revenons au bateau pour apprécier l’excellent dîner proposé à bord et servi à 20h00. Durant celui-ci, l’Ocean Nova reprend sa navigation devant les Alpes de Stauning, nous offrant une fois de plus une vision extraordinaire de ce monde arctique.
La soirée se termine au Salon panoramique par la projection du film Ovibos avant de s’endormir la tête pleine de belles images groenlandaises…
Lorsque nous nous réveillons ce matin, nous ne sommes plus qu’à quelques heures de navigation de Kap Tobin, situé à l’embouchure de Scoresby Sund, le plus grand système de fjords au monde qui sera notre terrain de jeu durant les prochains jours.
En fin de matinée, nous apercevons sous une « tempête de ciel bleu » les petites maisons de bois colorées d’Ittoqqortoormit émergeant des roches nues. Cette communauté Inuit, fondée en 1923, ouvre aujourd’hui volontiers ses portes aux visiteurs.
Avant d’organiser le débarquement, Christian et Jonathan évoquent son histoire et nous rappellent certains points des recommandations AECO. Nous disposons d’environ 3h pour découvrir les lieux et rencontrer ses habitants. Nous sommes accueillis par Bella, 12 ans, vêtue du costume traditionnel, dans un petit musée qui rassemble quelques objets emblématiques de la société Inuk – kayak, Ulu et harpons – ainsi qu’une belle collection de photographies en noir et blanc. Nous sommes également reçus à l’office de tourisme, dans une petite galerie d’artisanat et à l’école primaire. De nombreux produits d’artisanat locaux, faits de peau de phoque, ivoire de morse ou corne de bœufs musqués, sont proposés à la vente. Nous assistons également au nourrissage des chiens de traineaux gardés dans le creux de la vallée.
Pendant que Christian, Jonathan, Bruno et David partent repérer le terrain pour les opérations hélicoptère de demain, la vie à bord de l’Ocean nova reprend son cours avec une conférence de Rémi sur l’Islande, terre de feu et de glace vers laquelle nous irons dans quelques jours. Nous naviguons alors vers l’intérieur du Scoresby Sund sur une mer paisible et sous un soleil déclinant lentement.
Deux sujets de récap’ seulement sont au programme ce soir : Anaïd nous parle des Inuit et de leur relation au monde, d’animisme et de chamanisme, puis Christophe nous présente la microalgue Chlamydomonas nivalisresponsable de la coloration rose de certains névés. Anaïd ressort alors ses tubes et pipettes, ainsi que son « foldscope » pour nous permettre d’observer directement ces algues.
Le diner est agrémenté par l’observation par les fenêtres d’énormes icebergs striés de veines bleutées. De même durant la soirée, le paysage nous appelle sur les ponts extérieurs et il nous est parfois difficile de rester concentrés sur le documentaire projeté (sur les expéditions réalisées à bord du navire polaire norvégien, le Fram).
Nous jetons l’ancre vers 22h dans la baie des Vikings où nous passerons la nuit.
Le bateau a quitté tôt la baie où nous mouillions cette nuit en direction du Gåsefjord où nous déroulons aujourd’hui nos activités de survol de la calotte en hélicoptère. Les repérages réalisés la veille par le pilote et l’équipe d’expédition – en particulier Bruno notre guide de haute montagne – permettent d’établir un périmètre de sécurité à près de 2000 m d’altitude sur le plateau de Geikie d’où on peut profiter librement d’une vue époustouflante. Nous survolons à l’aller et au retour la surface hérissée des langues glaciaires de Syd Bræ et de Bredegletscher.
Pendant que les vols s’organisent et se succèdent pour une partie d’entre nous – et que certains passagers gardent la tête dans les nuages, une balade à terre est proposée sur la péninsule. Le soleil est encore une fois au rendez-vous et la mer, particulièrement calme, offre un cadre des plus reposants. Les « grands marcheurs » eux-mêmes s’abandonnent à des poses contemplatives.
Pas encore rassasiés de la vue de ces grands icebergs, nous clôturons l’après-midi par une croisière en zodiac. Nous cabotons ainsi d’iceberg en iceberg, les observant sous toutes les coutures, examinant chacune de leurs courbes, comme dans une galerie d’art à ciel ouvert.
L’Ocean Nova étant contraint de reprendre la route sans tarder, notre plaisir se poursuit depuis le pont 5 où l’équipe hôtelière nous a préparé un barbecue polaire. Le capitaine Klaptenko se joint avec enthousiasme à l’événement, jusque sur la piste de danse !
Le ciel nous gratifie d’un phénomène extraordinaire : un parhélie prenant la forme d’un halo lumineux autour du soleil. Mais il a encore bien à nous offrir pour le reste de la soirée… En effet, peu avant minuit, Maxime nous invite à sortir de nos lits pour profiter du spectacle des aurores boréales. Malgré une luminosité ambiante encore importante en cette période de l‘année et à cette latitude, l’activité est importante et, « haaaaaa », « waowwww », « oh la la » l’émerveillement est généralisé !
D’après les Inuit du Labrador, terres et eaux sont bordées d’un immense abysse et le ciel est un dôme au-delà duquel se trouve le vrai paradis. Seuls les esprits de ceux morts volontairement ou violemment, ainsi que le corbeau – le grand créateur dans la cosmologie Inuit- ont su trouver le chemin vers cet au-delà. Aussi, ils allument des torches pour guider les pas des nouveaux arrivants. Parfois, ils sont également vus comme jouant à la balle avec un crâne de morse.
Après des moments féériques passés cette nuit à admirer le lever de lune, puis la danse sensuelle des aurores boréales dans un ciel groenlandais d’une clarté de cristal, nous naviguons maintenant dans le Nordvestfjord, la branche nord-ouest du Scoresbysund.
Tôt ce matin, nous sommes réveillés par Christian : nous sommes invités à sortir de nos couettes pour admirer les immeubles de glace que sont ces icebergs tabulaires que nous croisons.
À 10h15, nous embarquons pour la dernière sortie zodiac de notre aventure : nous prévoyons une courte heure de visite dans l’archipel complexe des îles aux ours, Bjørneøer.
Sur l’une des îles, nous voyons, enfin, notre premier (gros) bœuf musqué de près : celui-ci semble seul maître de son îlot : peut-être s’est-il fait piéger là lors de la débâcle avec le retrait de la banquise ?
Habitués depuis maintenant 10 jours aux ajustements de programme, nous apercevons au-delà d’un cap, un champ d’icebergs géants : après une brève communication avec le Commandant, nous voilà repartis pour 2 heures de zodiac, à explorer et louvoyer près de ces majestueuses cathédrales de glace.
Nous rentrons dévorer notre déjeuner, puis il est temps de prendre le chemin du retour vers la sortie du Scoresbysund.
À 18h30, les informations de fin de voyage sont données par Christian et René, suivies du discours (et du verre) d’au revoir du Commandant et du repas. Celui-ci se termine par la présentation de la formidable équipe d’hôtellerie-restauration, qui nous a si bien régalés et chouchoutés pendant ce voyage.
Enfin, nous admirons les photos et vidéos de David et Stéphanie Allemand, suivies des vidéos aériennes de drone de Maxime Barthelmé, afin de revivre les moments forts de nos aventures arctiques.
Les applaudissements fusent après le défilé de ces si belles images et dehors, le soleil nous offre ces plus belles couleurs dorées.
La traversée du Groenland vers l’Islande a débuté depuis hier fin d’après-midi. Au moment où Christian nous réveille, nous avons déjà parcouru cent miles nautiques. La mer est formée et nous a bercés dans une longue ondulation nocturne. Le vent – 15 noeuds de face – n’a toutefois pas ralenti notre progression. L’Ocean Nova file à 10 noeuds si bien que nous sommes en avance sur notre horaire. Nous sommes accompagnés par nos compagnons habituels les fulmars boréaux et nous apercevons çà et là un labbe à longue queue ou des guillemots à miroir en pleine migration. Les guides se succèdent ainsi durant toute la journée à la veille afin de débusquer au milieu des vagues quelques souffle de baleine ou un saut de dauphin.
Dans la matinée, Rémi nous captive par un très bel exposé sur la nivologie, science de la neige qui nait loin dans les nuages pour finir en icebergs géants dans les fjords que nous venons de quitter.
Comme tous les jours le repas est servi à 12h30, suivi d’une sieste dans le balancement des vagues. Puis dans l’après-midi, Anaïd nous expose les dégâts du plastique dans les océans. Nous connaissons les principales zones d’accumulation de plastique dans les gyres océaniques, notamment pacifiques, mais beaucoup moins au niveau de l’Océan Arctique. La taille de ces plastiques pouvant atteindre quelques micro- ou nanomètres seulement, ils peuvent être ingérés à la chaine alimentaire par l’intermédiaire du plancton qui les ingère. Nous retrouvons ces polluants jusque dans les glaces de mer et dans notre eau de boisson.
Jonathan nous parle ensuite de l’ozone. Ce composant de la couche stratosphérique intercepte plus de 97% des rayons ultraviolets, responsables entre autres de cancer de la peau. Cette couche est menacée par la pollution en particulier les chlorofluorocarbures ou CFC que l’on trouvait – avant leur interdiction en 1987 – notamment dans les réfrigérateurs et les climatisations. Toutefois, dans l’atmosphère basse (troposphère) il est un composant toxique pour les poumons et les yeux des animaux et pour les plantes.
Le calme de l’après-conférence est tout à coup troublé par l’annonce de Christophe : « Dauphins à bec blanc à 11 heures ». Ce dauphin est assez commun dans les eaux arctiques. Ce groupe d’une dizaine d’individus nous montre toutes ses facultés à évoluer dans ces eaux froides et profondes. Lorsqu’ils jouent avec les vagues que créé notre bateau, leur coloration contrastée est clairement visible à travers les eaux.
Peu de temps après, nous découvrons les côtes escarpées de l’Islande, la mer faiblit petit à petit. Nous sentons également la fin du voyage se rapprocher de nous avec une certaine nostalgie. Mais que de belles expériences nous avons partagées au cours de cette croisière. Nous rentrons progressivement dans le fjord pour accoster à Akureyri le lendemain matin très tôt.
Nous sommes réveillés ce matin par les manœuvres de l’Ocean Nova se plaçant à quai avec l’aide du bateau pilote. Nous sommes à Akureyri ! Et à l’horizon, les collines verdoyantes, parsemées d’arbres – d’arbres ! Le saule polaire parait bien loin… – laissent entrevoir une belle traversée du pays.
Le débarquement est organisé pour 9h, le temps pour nous de préparer nos sandwichs pour la route et de faire le tour des au revoirs à l’équipage de navigation ainsi qu’à l’équipe hôtelière qui nous a choyés pendant ces 10 jours.
Alors que six d’entre nous s’en vont avec Rémi pour un circuit d’une semaine à travers l’Islande, nous nous installons dans deux bus à destination de Reykjavik. 389 kilomètres nous séparent de la capitale et l’équipe d’expédition, bien qu’ayant abandonné zodiacs, GPS et fusils, entend bien nous faire profiter de ce bout de route. Reliefs volcaniques, champs de basaltes à demi recouverts de lichens, rivières et cascades, fermes en bois coloré, moutons et chevaux… C’est bien l’Islande de nos rêves qui se déroule sous nos yeux.
Peu avant l’heure du repas, nous quittons la route 1 pour marquer un arrêt à l’ancienne ferme de Glaumbær, datant du Xième siècle. Elle a la particularité de mêler divers matériaux de construction, dont la pierre, le bois flotté, et surtout la tourbe parfaitement découpée et empilée pour former des « maisons » à l’allure de trous de hobbits. Mais l’Islande n’a pas besoin de Tolkien pour être terre de légendes, bien au contraire, car l’auteur britannique s’est beaucoup inspiré des sagas Islandaises et autres poèmes eddiques pour créer son propre univers. Les lieux que nous traversons sont imbibés d’histoires de revenants et d’elfes, et la majorité des habitants n’excluent pas leur existence. Anaïd partage à bord du premier bus quelques-unes de ces histoires dont celle de l’homme transformé en baleine par une elfe et qui mourut piégé dans les eaux de rivières se jetant dans Hvalfjörđur.
Arrivés à Reykjavik, nous profitons d’un temps libre pour découvrir le port, le Harpa, centre culturel et de congrès ou encore la cathédrale dont l’architecture imite les orgues basaltiques.
La soirée se termine à l’hôtel de Keflavik ou pour la dernière fois nous échangeons souvenirs, bons moments et coordonnées.
Au plaisir de vous revoir avec l’équipe de Grands Espaces !
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Comment ne pas rêver devant un tel voyage……dans ces contrées lointaines !
Je reste convaincue que malgré l’appréhension de mettre pieds sur « glace » et photographier le roi de l’Arctique, l’adrénaline doit être à son comble.
Bonne suite de voyage. Marie France.
Je vous suis, en rêve, sur les zodiacs, à la recherche de l’ours blanc…sans trop le déranger et sans casser la banquise !
Je salue tous les membres de cette fabuleuse expédition, et en particulier Jean-Paul.
Bonne suite de découverte de ce paradis blanc,
Nicole (de Bordeaux)
Voila maintenant 9 jours que nous avons quitté le Spitzberg. Merci encore pour ces bons moments et là je rêve encore avec votre compte rendu. MAGNIFIQUE!
Le bonjour à l’équipe et à nos connaissances qui on eu la chance de poursuivre l’aventure avec vous. Bises Nath, Chris, Jean louis. Ramenez nous des belles images
Anaïd tes copépodes apparemment ne sont pas mangé par les baleines!!!:)
Bonne mer et bon voyage on vous suit.
Les salutations ont été transmises !
Bonjour à vous tous,
Nous vous suivons depuis notre ordinateur à défaut de pouvoir embarquer au son des appels micro de Christian et de courir dans nos cabines nous préparer pour sauter dans les zodiacs…
Les paysages surréalistes nous manquent. Nous étions au Spitzberg du 1er au 11 août sur l Ocean nova. Et nous continuons de rêver de notre croisière
Toscane parle d ours polaires, de morses et d icebergs à son petit frère quand nous trions les photos!
Nous avons eu la chance d avoir une équipe et des spécialistes au top ainsi que des passagers géniaux !
Nous saluons tous ceux qui faisaient partie de notre croisière et vous souhaitons une bonne fin de voyage. Continuez de vous émerveiller et de nous faire rêver !!! Nous espérons revenir bien vite !!!!
Audrey et Toscane
Quel beau voyage! Grâce à la flexibilité de Christian, notre chef d’expédition et à celle d’Oleg, le capitaine du bateau, les difficultés éventuelles ont été avantageusement contournées. Tous les figurants espérés étaient à leur poste : morses en phase de récupération, ours plus ou moins joueurs, boeuf musqué, solitaire
mais remarquable, aurores boréales avec pleine lune, icebergs à foison à ne plus savoir lequel photographier. Même si le but de la croisière n’était pas gastronomique, les repas et buffets ne souffraient aucune critique. Tout juste les desserts trop appétissants qui se sont traduits par un kilo supplémentaire à l’arrivée. Mais débroussailleuse et tronçonneuse (que les Inuits ont la chance de ne pas connaître) vont arranger cela. Seul petit loupé : une heure et demie d’attente à Roissy avant de pouvoir récupérer les bagages. Mais nous étions de retour d’un monde merveilleux pour retrouver le plancher des vaches. La transition fut rude …
Que de merveilles! Quelles émotions! De retour sur la terre ferme les images défilent sous nos paupières closes (nous sommes en phase récupération…):exceptionnelles lumières arctiques et superbes reflets des icebergs géants sur l’eau-miroir du fjord, marche tranquille d’un ours polaire sur le rivage, rayonnante lune rouge qui précède nos premières aurores boréales…Notre retour à la réalité quotidienne est un peu rude, et laborieux avec ces centaines de photos à classer-pour prolonger le rêve…Un grand merci à toute l’équipe qui a su nous concocter cette magnifique croisière.Nous vous faisons confiance pour les suivantes!