25 février
16 mars 2017
À bord du Sea Spirit, du 25 février au 16 mars 2017
Après un long voyage en avion avec escale à Buenos Aires, nous sommes arrivés avec un temps splendide à Ushuaia. Cette matinée a été consacré à la visite du parc de Lapataia, le bout du monde et la fin de la route Panaméricaine qui lie l’Alaska à cette extrémité sud de la Terre de Feu. Beaucoup de vent et beaux ciels de traine. Puis, en milieu d’après-midi, nous avons embarqué sur le Sea Spirit, notre maison pour la grande aventure de 18 jours vers l’Antarctique et la Géorgie du Sud. Départ vers le Grand Sud à 18h après les traditionnelles réunions d’information et exercice de sécurité. Le temps annoncé étant assez venteux avec une forte houle nous avons passé une bonne partie de la nuit à l’abri dans le canal du Beagle avant de rejoindre la haute mer et de passer au large du Cap Horn.
Ce matin, Cap sur l’Antarctique que nous devrions atteindre dans deux jours, le matin du 28 février. La mer est moyennement agitée et la traversée devrait se faire sans encombre. Nous profitons de la matinée pour observer les oiseaux de mer, albatros et pétrels qui volent autour du bateau.
Une partie de cette journée sera consacrée à différentes conférence d’introduction à l’Antarctique et à la faune que nous allons pouvoir observer.
En ce deuxième jour de notre traversée du passage de Drake pour rejoindre la péninsule Antarctique, les conditions de mer se sont un peu améliorées, mais restent un peu pénible avec des vagues de 5-6 m. Nous faisons cependant une bonne vitesse et nous arrivons ce soir dans l’archipel des Shetlands du Sud, trop tard pour faire un débarquement avant la nuit. Nous continuons donc notre navigation dans le détroit de Bransfield pour atteindre la péninsule Antarctique le 28 février au matin.
Nous avons pu observer longuement les oiseaux de mer, surtout le 26 février où nous étions accompagnés par des albatros en nombre, les plus nombreux étant les albatros à sourcils noirs, mais nous avons aussi eu la chance de voir des albatros à tête grise, quelques albatros fuligineux et surtout le plus gros et le plus beau, l’albatros hurleur ou grand albatros, le plus gros oiseau volant avec une envergure jusqu’à 3,5 m. Nous en avons aussi profité pour nous préparer à nos débarquements en Antarctique et pour suivre plusieurs conférences sur la faune, la glace et l’histoire de la découverte de l’Antarctique.
Demain, le 28 février, nous devrions pouvoir faire notre premier débarquement sur une petite île à l’entrée du détroit de Gerlache.
Débarquement juste après le petit-déjeuner sur la petite île d’Hainaut située dans le havre Mikkelsen, au sud de l’île Trinity. Un peu de vent, certains zodiacs arrivent à terre avec leurs passagers bien humide… Très belle matinée dans un décor de rêve au milieu des manchots papous qui sont pour la plupart en train de muer. Ils se laissent approcher et certains viennent même nous pincer le pantalon, espérant probablement recevoir quelque chose à manger! Deux phoques de Weddell se prélassent aussi sur la grève. Le décor est somptueux avec les glaciers de l’île Trinity dans le fond et la neige fraiche sur l’île d’Hainaut. Le soleil se met de la partie mais le vent reste fort et glacial.
L’après-midi nous partons en croisière zodiac dans la baie Cierva, un peu plus au sud. Beaucoup de glaces et deux très gros icebergs au milieu de la baie. Nous commençons par aller observer les manchots à jugulaires qui attendent au bord d’une petite île le bon moment pour se jeter à l’eau entreles vagues spectaculaires qui se brisent sur les rochers. Après cela, nous repérons quelques souffles de baleines au loin. Nous nous dirigeons vers elles et nous avons un spectacle magnifique de 4 baleines à bosse en train de se nourrir. Deux d’entre elles sont assez paisibles et nous pouvons nous approcher à une dizaine de mètres. Elle sont assez « relax » et nous pouvons les observer de près pendant plusieurs minutes. A la fin nous avons même un petit rorqual Antarctique (Minke whale en anglais) qui vient passer tout près de nos zodiacs. Nous continuons ensuite notre périple en direction d’un très beau glacier, en pénétrant dans le brash (petits morceaux de glaces qui flottent) nous apercevons plusieurs groupes de phoques crabiers que nous pouvons approcher d’assez près et pour finir un phoque léopard qui dort paisiblement sur son glaçon. Sur le chemin du retour, nous observons quelques icebergs imposants dont un fait certainement plus de 100 m de long… Avant de rentrer au bateau nous jetons un coup d’oeil de loin a la base argentine Primavera, quelques bâtiments peint en orange avec le drapeau argentin et à la petite colonie de manchots papous qui se sont établis tout autour. Quelle après-midi riche en observations sous un soleil radieux ! Le soir, un rapide récap pour nous donner le programme du lendemain : probablement le havre Neko et l’île Enterprise. Dîner, puis au lit ou au boulot pour trier les milliers de photos prises pendant cette première journée mémorable en Antarctique!
Le matin, nous effectuons notre premier (et seul) débarquement sur le continent Antarctique, au havre de Neko (Neko Harbour), Neko étant le nom d’un navire baleinier qui utilisait cet endroit au début du XXe siècle. Ce matin, il fait grand beau mais froid. A terre, nous observons la colonie de manchots papous dont les poussins sont presque la taille des adultes et sont tous en train de muer. Les plus courageux montrent sur un chemin glacé vers le sommet de la petite butte pour avoir une jolie vue sur le glacier et admirer d’autres manchots qui sont sur les vestiges de la colonie qui était pleinement occupée encore un mois plus tôt. Nous assistons à quelques petit vêlages du glacier, mais d’assez loin.
L’après-midi, nous arrivons à l’île Enterprise par une mer d’huile et un soleil radieux. Nous mettons les zodiacs à l’eau et allons observer de près plusieurs groupes de baleines à bosse. Par la suite, nous allons aussi observer quelques otaries à fourrure avant d’aller voir ce qui reste du Guvernøren. Nos zodiacs visitent l’épave partiellement submergée du baleinier, Ce navire de 3433 tonnes prit feu en 1915 et fut échoué pour sauver l’équipage et les marchandises. A l’heure actuelle, cette épave n’abrite plus que des sternes Antarctique. Enfin, notre après-midi s’achève par l’observation d’une petite colonie de cormorans antarctique, d’un phoque de Weddell couchée confortablement sur un îlot et de quelques beaux icebergs. Il est déjà l’heure de rentrer (19h) pour ne pas être en retard au restaurant pour notre dîner.
Arrivée vers 7 heures du matin devant la caldeira de l’île Deception, le lever du soleil a été somptueux. C’est avec une grande prudence que le capitaine négocie l’étroit goulet d’entrée, dénommé soufflet de Neptune par les marins. Avec le soleil rasant, les paysages encore enneigés de la caldeira sont particulièrement beaux. Nous observons de loin les restes de la station baleinière avant de nous diriger vers le fond de la caldeira. Nous mouillons devant Telefon Bay, et nous débarquons dans la petite baie de Stancomb, trois groupes sont organisés pour faire une longue, moyenne ou petite marche. La « longue » marche nous amène autour d’un petit cratère jusqu’au sommet d’une colline, à 160m d’altitude d’où nous avons une belle vue sur la baie de port Foster, les 2 stations scientifiques Espagnole et Argentine et sur la caldeira de Deception.
L’après-midi, nous débarquons sur l’île de la Demi-Lune, grande colonie de manchots à jugulaire. En cherchant bien dans le groupe à l’Est, nous trouvons un gorfou doré (gorfou macaroni) esseulé. Il est là chaque année mais souvent difficile à repérer!
Après avoir bien profité de ces sympathiques manchots, pour la plupart en train de muer, nous nous dirigeons vers la base argentine Camara pour une petite visite de cette station dite scientifique. Jolies vues sur l’île de la demi-lune, nous avons de belles lumières et des éclaircies sur l’île Livingstone au fond, c’est une très belle ambiance pour notre dernier débarquement en Antarctique.
Le Sea Spirit est arrivé à l’aube près de l’île Éléphant, au Nord-Est de l’archipel des Shetlands du Sud. Vers 10h, nous sommes dans les parages du cap Lookout que nous observons pendant près d’une heure depuis le bateau. La mer se brise sur les rochers et la houle nous interdit de mettre les zodiacs à l’eau. Nous sommes cependant assez près pour voir la colonie de manchots à jugulaire, certains sont de véritables alpinistes, car la colonie s’étend assez haut sur la paroi rocheuse qui culmine a 240m d’altitude. Nous apercevons aussi de nombreuses otaries à fourrure qui se prélassent sur la plage. Ensuite, nous contournons l’île par l’Est, passons la pointe Nord-Est, le cap Valentine, lieu du premier débarquement de l’équipe de l’expédition impériale transantarctique de Shackleton le 14 avril 1916. Puis nous longeons la côte nord jusqu’au cap Wild, lieu où une partie de l’équipage de Shackleton – 22 personnes sous la conduite de Frank Wild – a trouvé un abri pour attendre 135 jours les secours que leur chef était parti chercher en Géorgie du Sud. Il y a un vent glacial qui souffle du glacier, mais après avoir observé le site depuis les ponts du bateau, Jonathan, notre chef d’expédition, propose aux plus courageux une sortie en zodiac pour voir les lieux de plus près. Une petite moitié d’entre nous embarque donc pour une croisière d’une quarantaine de minutes pour approcher la colonie de manchots à jugulaire et aussi le buste de bronze du capitaine Luis Pardo, commandant du navire militaire chilien Yelcho qui secourut les hommes de Shackleton. La petite plage sur laquelle les hommes s’étaient construit un abri n’existe plus, probablement détruite par la mer et les vagues. Il est impossible de débarquer, car la mer se brise sur les roches, l’endroit est impressionnant et lugubre, mais nous avons la chance d’avoir la visite de deux léopards de mer curieux qui viennent inspecter nos zodiacs! Après cela, de retour au bateau, nous profitions d’un bon thé chaud et en route pour la Géorgie du Sud !
Aujourd’hui, première journée de mer en route vers la Géorgie du Sud après quatre belles journées passées en Péninsule Antarctique et aux îles Shetland du Sud. Temps assez maussade avec un vent de secteur Sud assez fort et froid. Les conditions de mer ne sont pas mauvaises et nous faisons bonne route vers la Géorgie du Sud accompagnés par des damiers du cap et quelques albatros à sourcils noir. Le temps de suivre quelques conférences, sur Shackleton et sur la Géorgie du Sud et aussi de décontaminer notre équipement pour ne pas amener d’espèces étrangères à la Géorgie du Sud lors de nos futurs débarquements. Ce soir, nous avons parcouru la moitié du chemin et devrions arriver en Géorgie du Sud le 6 mars au petit matin.
Deuxième jour de la traversée vers la Géorgie du Sud, temps toujours gris et belle mer avec houle de Sud. Quelques oiseaux, albatros et pétrels nous accompagnent encore. Nous progressons à bonne vitesse et devrions arriver au petit matin du 6 mars en Géorgie. Journée animée par des conférences sur la faune et par un film du gouvernement qui présente différents aspects de l’île de Géorgie du Sud et les règles à respecter lors de nos débarquement. Nous espérons débuter nos activités vers 6 heures du matin, au lever du soleil… Donc nous allons nous coucher tôt pour être en forme…
Réveil très matinal à 4h45 devant Gold Harbour sous la neige et sans vent. Nous débarquons pour approcher notre première grande colonie de manchots royaux au pied d’un glacier suspendu spectaculaire. Ce site est considéré par beaucoup comme l’un des plus beaux de Géorgie du Sud avec son amphithéâtre de glaciers et de parois verticales, surtout le matin lorsque le soleil se lève et peint le paysage de ses rayons dorés. Mais ce matin, l’ambiance est hivernale avec la neige qui a tout recouvert d’un beau manteau blanc. Près du point de débarquement, un gros groupe d’éléphants de mer se serre les uns contre les autres, cela fume et sent assez fort… Les manchots royaux sont éparpillés le long de la plage, certains sont en train de se faire la cour et d’autres sont en pleine mue. Devant la partie principale de la colonie nous pouvons voir un jeune de la saison passée qui a encore son duvet et quelques manchots en train de couver. Le temps neigeux, ouaté, et le sol tout blanc donne une ambiance polaire extraordinaire à ce site et c’est de toute beauté d’admirer les manchots royaux avec leur splendides couleurs sur la neige blanche immaculée.
De retour au bateau, juste au moment de déjeuner, Jonathan nous annonce la présence de deux baleines franches australes tout près du bateau. Tout le monde abandonne son assiette pour se ruer au dehors. Nous avons la chance de l’apercevoir plusieurs fois assez près du bateau, une masse imposante et très tranquille… C’est la première fois que nous avons la chance de voir une baleine franche en Géorgie du Sud !
Après le déjeuner, malgré un temps maussade et de petites chutes de neige, nous partons en croisière zodiac dans Royal Bay, pour voir la grande colonie de manchots royaux de la pointe Brisbane. Ils sont tous alignés au bord de l’eau, toute la place est occupée. Quelques jeunes encore en duvet et beaucoup d’adultes qui muent. Puis, nous longeons la côte pour aller voir la colonie de gorfous dorés (macaronis) qui habitent les rochers plus au Sud. l’endroit est sauvage, battu par les vents et la houle mais de toute beauté. Des pétrels géants, des labels et quelques albatros fuligineux volent dans le ciel alors qu’un grand groupe de pétrels géants, dont un complètement blanc, se reposent sur la plage. Retour au bateau un peu humide, pour profiter d’un bon thé chaud!
Et troisième et dernière sortie juste avant Ocean Harbour. Une petite baie bien abritée, tranquille et reposante où s’ébattent des jeunes otaries tout à fait craquantes. Nous passons une bonne demi-heure à les regarder jouer, certaines nous foncent dessus et finissent par repartir tout aussi vite, on ne sait plus très bien qui a peur de qui, mais c’est un moment magique d’être entouré de ces petites bêtes joueuses. Nous allons au lit tôt ce soir car nous avons encore un programme chargé demain avec un débarquement prévu à St-Andrews, la plus grosse colonie de manchots royaux de l’île, à 7h du matin…
Réveil matinal à 6h pour débarquer à 7h du matin dans la baie de St-Andrews, une plage de sable noir de plus de 3 km de long, c’est le lieu où réside la plus grande colonie de manchots royaux de Géorgie du Sud, on parle de plus de 150.000 couples… Temps gris et neige, mais cela ajoute au mystère de l’endroit. Et les manchots royaux sur une neige blanche immaculée sont très photogéniques… Nous avons la chance de pouvoir traverser la rivière qui coupe la baie en deux parties et de pouvoir rejoindre le bord de la partie principale de la manchottière. Nous grimpons sur une petite butte et avons une vue saisissante sur le gros de la troupe, plus de 100.000 manchots sont regroupés devant nous, avec des poussins, des jeunes immatures, des adultes qui couvent et d’autres qui se font la cour. Nous restons plus de deux heures à admirer ce spectacle unique.
L’après-midi, par un temps ensoleillé avec de magnifiques lumières sur les montagnes de la Géorgie du Sud, le Sea Spirit mouille devant la capitale, Grytviken, dont le nom signifie la « baie du pot » en norvégien, en référence aux pots que les phoquiers ont laissés sur le site. Le temps d’effectuer les formalités administratives de libre pratique, Sarah Lurcock nous présente les missions du « South Georgia Heritage Trust » qui s’occupe principalement du programme de dératisation de l’île. Nous débarquons pour une visite du cimetière où nous nous recueillons sur la tombe de Shackleton. Puis nous partons pour un petite balade sur les hauteurs pour apprécier la vue magnifique sur la baie par ce beau temps. Ensuite nous allons vers les vestiges de l’ancienne station baleinière (1904-1966) et le musée. Certains passagers en profitent pour affranchir du courrier à la poste, les timbres de Géorgie du Sud étant particulièrement beaux et prisés des philatélistes. Avant de retourner au bateau, certains suivent encore un tour guidé et commenté de la station baleinière, l’occasion de mieux comprendre ce qui s’est passé ici et la vie des 300-400 hommes qui travaillaient dans la station lorsqu’elle fonctionnait. Après le dîner festif, car c’est l’anniversaire de Lanfranco, un verre et tout le monde au lit, car nous espérons débarquer à 6h demain matin pour aller voir des albatros au nid sur l’île Prion, au large de la côte Nord de la Géorgie du Sud.
Le matin, lever matinal pour partir d’abord en croisière zodiac découvrir les côtes de l’île Prion. Nous visitons une belle grande grotte dans laquelle nous pouvons aisément entrer avec le zodiac, les roches éclairées par le soleil levant sont de toute beauté et le ballet des gigantesques algues laminaires (le kelp) et leurs ondulations continues dans la mer est fascinant. Nous longeons la côte pour voir une petite colonie de cormorans de Géorgie du Sud. Les jeunes ont presque terminé leur mue et sont près de s’émanciper de leurs parents (enfin!). Nous avons aussi la chance de pouvoir observer quelques Pipits de Géorgie du Sud qui picorent tout près de nos zodiacs. Ensuite, nous débarquons sur l’île Prion, où un luxueux parcours sur pilotis donne accès à la petite colonie d’albatros hurleurs, ces géants des mers, dont l’envergure atteint 3,50 mètres, sont au nid en train de couver. Nous pouvons en observer plusieurs ainsi que quelques jeunes pétrels géants. Malheureusement, la pluie et le vent ne nous laissent pas apprécier pleinement la beauté du paysage et nous retournons au bateau quelque peu humides.
Le Sea Spirit reprend la route vers le Nord-Ouest et après le déjeuner, nous sommes dans la baie d’Elsehul qui est la dernière échancrure sur la côte nord de l’île. Nous partons pour une croisière zodiac mémorable, quasiment toute la diversité de la faune de Géorgie du Sud est présente ici. Nous commençons par observer trois léopards de mer qui se cachent dans le kelp, ils ne sont pas peureux et certains viennent inspecter nos zodiacs de près. L’animal est impressionnant de puissance et d’agilité, nous ne laissons pas traîner les mains à l’extérieur des embarcations… Puis, en longeant les côtes, nous voyons de grandes quantités d’otaries à fourrure, des jeunes encore assez petits et même deux mâles attardés qui gardent encore quelques femelles. Il y a aussi quelques pipits près du bord de l’eau, trois espèces de manchots sont visibles sur la plage ou sur les cailloux: Des manchots royaux, des papous et des gorfous dorés (macaronis). Heureusement, le temps s’éclaircit et nous avons droit à de beaux rayons de soleil pour le clou du spectacle: le ballet des albatros, pas moins de trois espèces nichent ici dans les falaises: des albatros fuligineux (à dos clair), des albatros à tête grise (les plus beaux, avec le dessin très fin de la ligne jaune sur leur bec) et des albatros à sourcils noirs, seule espèces que nous verrons encore aux îles Falkland (Malouines). Un fin donc en apothéose avant de prendre la mer pour rejoindre dans deux jours et demi les Falkland, heureusement la prévision météo est bonne et ce devrait être une traversée sans problèmes!
Au réveil, il fait assez beau et la mer est calme avec de petits creux de 2-3 mètres. Nous avons encore beaucoup d’oiseaux autour du bateau, albatros, prions et pétrels en ce début de traversée. Plus tard dans la journée, nous avons la chance d’avoir la visite d’un groupe de Lagénorhynques sablier, ces dauphins noirs et blancs sont ceux qui ont la répartition la plus australe, au sud du front polaire, jusqu’à 66°S. Dans l’après-midi, nous observons plusieurs fois des souffles de rorquals communs qui font surface assez près de l’arrière du bateau.
Durant cette journée de « repos », nous assistons à une très intéressante conférence sur les cétacés (baleines) par Eduardo et à la suite de la présentation de Christian sur l’exploration de l’Antarctique.
Ce vendredi 10 mars, le temps est couvert et la mer est un peu plus formée mais les conditions sont toujours favorables et nous faisons bonne route vers les Falkland où nous devrions arriver la nuit prochaine. Nous ferons escale à Port Stanley, la capitale des îles, demain, samedi 11 mars.
Le Samedi 11 mars, en début de matinée, le Sea Spirit s’amarre au dock de Port Stanley, la capitale des îles Falkland située sur la grande île orientale. Un bus – qui roule bien sûr à gauche – nous emmène jusqu’à la baie de Gypsy Cove. Avec sa couleur de l’eau, ses vastes plages et ses dunes, le site est absolument paradisiaque et constitue le territoire de nourrissage favori de nombreux oiseaux. Ne serait-ce la température de l’eau, on se croirait dans les Caraïbes… Il s’agit également de la plage où les Argentins ont débarqué plus de 10’000 hommes avec des véhicules amphibies. Cet endroit recèle encore quelques zones potentiellement minées, désormais entourées de barbelés dissuasifs, et les autorités ont aménagé un joli sentier balisé avec différents panneaux informatifs. Cet endroit héberge également une colonie de manchots de Magellan. Nous en observons quelques-uns sur la plage et en bordure du sentier. Ils sont comiques avec cette manière bizarre de nous regarder d’un oeil à la fois en tournant et hochant de la tête. Ils n’ont en effet pas de vision stéréoscopique. Nous avons aussi la chance de voir des brasser des Malouines, ou canard-vapeur. Il s’agit d’un canard endémique des Falkland qui ne vole pas mais utilise ses moignons d’ailes pour se propulser à toute vitesse à la surface de l’eau, on croirait un bateau à vapeur à roues à aubes, d’où son nom! Il y a aussi des urubus à tête rouge (sortes de vautour), de très beaux goélands de Scoresby, des grives australes et pleins de petits oiseaux. Quelques-uns d’entre nous ont même la chance d’observer, fugitivement, un petit groupe de dauphins.
Au retour à Port Stanley, temps libre pour la découverte de cette « capitale » d’à peine plus de 2000 âmes. Habité depuis les années 1840, Stanley fut choisi pour son port abrité et la proximité d’eau douce et de tourbe utilisée comme combustible. Initialement destiné à réapprovisionner et réparer les navires voyageant autour du Cap Horn, Stanley est devenu peu à peu dépendant du marché de la laine après l’ouverture du canal de Panama en 1914. Visite du musée et des différents lieux publics à ne pas manquer : la cathédrale anglicane ; la poste ; la maison du gouverneur ; représentant de la reine d’Angleterre ; l’église catholique ; le monument commémoratif de la victoire de 1982, etc. Certains d’entre nous s’arrêtent pour prendre un en-cas ou une boisson dans l’un des pubs typiquement britanniques, tandis que les quelques magasins de souvenirs font un chiffre d’affaires non négligeable avec les 4 bateaux à quai aujourd’hui (Sea Spirit, Hebridean Sky, Ocean Diamond, Silver Explorer).
Le soir, nous partons du quai, mais nous nous arrêtons juste après la passe étroite qui mène au port intérieur de Stanley. Le temps d’un dîner surprise-BBQ. magnifique coucher de soleil alors que nous dînons sur le pont 5 puis nous reprenons la route, car nous devons être à l’île de West Soit demain matin vers 8 heures pour notre dernier débarquement aux Falkland.
Ce matin du dimanche 12 mars, nous effectuons notre dernier débarquement de la croisière sur l’île West Point, à l’extrémité nord-ouest de l’archipel des Falkland (ou Malouines). nous mettons pied à terre au sec, sur un petit quai, au pied de la ferme. De nombreuses espèces d’oiseaux nous attendent sur cette île exempte de rats. A proximité de la plage, plusieurs ouettes de Magellan, des ouettes marines et des brassemers (ou canards vapeurs) sont observés. Cependant, c’est la colonie d’albatros à sourcils noirs et de gorfous sauteurs de Devils’ Nose (le Nez du Diable) qui constitue l’attraction principale de West Point, sur l’autre versant de l’île soumis aux vents d’ouest. Pour nous y rendre, nous traversons les verts pâturages d’est ou ouest sur environ 2,4 km, la plupart des gens à pied, quelques-uns en Landrover aux suspensions surannées. En chemin, des caracaras austral se laissent facilement approcher. A Devil’s Nose, nous avons tout le loisir d’observer les albatros à sourcils noirs, juste à nos pieds. Les nids sont occupés par les poussins qui ont déjà quasiment la taille des adultes, ils ont encore du duvet mais la plupart ont commencé leur mue vers leur plumage d’adultes. Les jeunes sont affamés et quémandent sans cesse de la nourriture aux adultes encore présents. Quant aux gorfous sauteurs, avec leurs aigrettes et leurs yeux rouges vifs, ils sont pour la plupart en train de muer et attendent immobiles la fin de cette pénible période. Heureusement certains sont encore actifs et nous régalent de leurs déplacements sautillants de pierre en pierre et faisant parfois des chutes assez comiques. Au retour, nous sommes accueillis par les occupants de la ferme, qui se sont faits une spécialité de la cérémonie du thé et des gâteaux maison. Eh oui, nous sommes en territoire britannique !
Nous partons de ces îles paradisiaques au moment du déjeuner et prenons la mer vers Montevideo, notre destination finale. Le vent souffle maintenant assez fort et quelques courageux sont sur les ponts pour observer les albatros et pétrels qui volent autour du bateau. Nous voici partis pour trois jours et demi de mer pour rejoindre la capitale de l’Uruguay, arrivée prévue dans la nuit de mercredi à jeudi.
Cette première journée de la traversée retour vers Montevideo a commencé de manière un peu agitée avec de forts vents contraires pendant la nuit et les chocs du bateau dans les vagues étaient suffisamment forts pour empêcher la plupart d’entre nous de dormir. Mais au matin, la mer est assez forte mais très belle. Il fait plus chaud et nous pouvons rester dehors à l’arrière du bateau à regarder de grands groupes d’albatros à sourcils noirs, avec quelques albatros hurleurs et pas mal de pétrels qui nous accompagnent. Un très beau spectacle qui dure une bonne partie de la journée, le bateau s’étant rapproché plus que prévu des côtes de Patagonie pour essayer d’échapper à la zone la plus agitée. Dans l’après-midi, le vent diminue et les conditions deviennent nettement plus agréable. Christian nous parle de météo et nous présente la fin de sa conférence sur la découverte de l’Antarctique en matinée. Il nous parle entre autre de J.-B. Charcot et nous promet la projection attendue d’un film récent sur ce grand explorateur polaire pour le lendemain. Jonathan nous montre le film qu’il a réalisé lors de son hivernage en terre Adélie et pendant l’après-midi des ateliers sont organisés dont une visite de la passerelle pour une partie du groupe Grands Espaces sous la conduite de Christian. En fin d’après-midi, au recap, nous avons droit à la projection d’un magnifique diaporama sur notre voyage réalisé par le photographe du bord, Anthony. Le soir, nous avons droit à un superbe coucher de soleil et lever de lune.
Deuxième jour de notre traversée retour vers Montevideo, beau temps et vents modérés.
Nous sommes montés en latitude, assez au large des côtes de la Patagonie aujourd’hui et il y a moins d’oiseaux autour du bateau, toujours quelques pétrels géants, des albatros à sourcils nous et quelques pétrels soyeux, entre autres. Journée de conférences d’abord par Anthony sur ses sculptures animalières puis par Sven sur le grand explorateur polaire Roald Amundsen.
L’après-midi, nous visionnons le très beau film sur Claude Lorius « La glace et le ciel ». La projection est suivie d’une discussion animée sur le réchauffement climatique.
Dernier jour de notre traversée retour vers Montevideo, temps couvert et vents contraires ce matin. Nous sommes à 30 milles nautiques au large de Mar Del Plata. Nous avons eu la chance d’observer plusieurs fois des dauphins communs et quelques albatros à sourcil noir. La journée est occupée par des réunions d’information et par une visite de la passerelle conduite par Christian. En fin de journée, cocktail avec le capitaine et délicieux diner d’adieu. Pour la plupart, la soirée se termine par l’exercice qui consiste à faire entrer toutes nos affaires dans la valise, celle-ci devant être prête à 6h30 le lendemain matin pour être mise sur le quai par l’équipage. Demain, jeudi 16 mars, nous débarquerons tôt du bateau pour aller prendre l’avion à Montevideo qui nous ramènera à Paris. Fin d’un très beau voyage, merci à tous ceux qui nous ont suivi et rendez-vous la saison prochaine pour d’autres aventures polaires!