Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
24 juillet
2 août 2016
À bord de l'Ocean Nova, du 24 juillet au 4 août 2016
Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
Après un petit retard de 40 minutes au décollage, notre avion rallie Longyearbyen en 4h30. Le survol de la côte sud-est de l’île du Spitzberg nous offre un beau point de vue sur 2 ou 3 baies englacées, ainsi que sur les sommets dépassant de la couche de nuages bas. Nous voici donc mis dans l’ambiance polaire de l’archipel avant même d’y avoir posé le pied. Après un atterrissage sans encombre à Longyearbyen, nous partons pour un tour de ville guidé et une excursion dans la vallée de l’Adventdal. Un moment de temps libre permet quelques achats avant l’embarquement sur notre bateau, l’Ocean Nova. S’ensuivent le traditionnel exercice d’abandon du navire, la séance d’introduction au voyage et de présentation des guides, ainsi que l’apéritif de bienvenue. Après cette longue journée démarrée aux aurores, personne ne se fait prier pour tomber dans les bras de Morphée après le dîner.
Au réveil, l’Ocean Nova se trouve à l’entrée du Hornsund, le plus méridional des fjords du Spitzberg. Un plafond nuageux épars et élevé nous permet d’admirer le plus haut sommet de cette partie de l’archipel : le Hornsundtind (1429 m). La chance semble nous sourire en cette première journée de croisière-expédition, puisqu’une météo aussi clémente est plutôt rare à la pointe sud du Spitzberg. A 9h30, nous effectuons notre première croisière zodiac dans les 2 grands embranchements de la baie Burger (NDLR : sur les cartes topographiques, les termes norvégiens bukta et breen signifient respectivement baie et glacier). Dans un paysage de carte postale aux montagnes déchiquetées et pointues qui ont donné leur nom à l’archipel du Spitzberg, nous découvrons nos premiers icebergs vêlés par les glaciers Mühlbacherbreen et Payerbreen, dont les noms germaniques font référence à l’expédition austro-hongroise de Payer et Weyprecht. En dépit de leur taille réduite, ces vestiges glaciaires flottants – en fin de vie – nous présentent une multitude de formes, toutes plus originales les unes que les autres, et de nuances de couleurs oscillant du gris au bleu. Avec son arête effilée, ses petits glaciers suspendus et ses coulées d’oxydation à la teinte brun-rouge, le mont Sofiekammen offre un arrière-plan particulièrement photogénique. Au fil de cette croisière zodiac, nous observons également nos premiers oiseaux arctiques (mouettes tridactyles, goélands bourgmestres, macareux, guillemots de Brünnich et à miroirs, sternes arctiques).
Durant le repas de midi, l’Ocean Nova se repositionne au fond du fjord de Hornsund dans la baie de Brepollen, où converge une dizaine de glaciers. Nous approchons jusqu’à 700 m du front du glacier Storbreen, large d’environ 5 km. Lors du trajet retour, notre guide Xavier aperçoit aux jumelles un ours blanc sur l’un des îlots de la baie. Après un premier repérage en zodiac par les guides, il s’avère que l’individu ne semble pas farouche. Inutile de dire que tous les zodiacs sont immédiatement mis à l’eau et nous approchons de la rive en zodiacs groupés et à vitesse réduite. Notre ours demeure imperturbable dans sa sieste au milieu d’une colonie de sternes, probablement gavé d’œufs. C’est à peine s’il lève la tête 2 ou 3 fois dans notre direction et s’étire.
Nous quittons finalement notre premier ours et mettons le cap de l’autre côté de la baie vers l’impressionnant pic Bautaen (487 m). C’est face à ce dernier que nous débarquons au pied du glacier Chomjakovbreen. Une courte marche dans le mollisol et sur la moraine latérale nous amène sur les premiers contreforts du glacier, d’où nous jouissons d’une magnifique vue sur la baie de Brepollen. Du haut de notre point d’observation, nous entendons plusieurs vêlages en front du glacier. Un îlot rocheux isolé du glacier et encore coiffé d’une épaisse couche de glace nous permet de constater la réalité du retrait rapide des glaciers dans l’archipel. Lors du retour vers le bateau, 2 zodiacs ont la chance d’admirer un phoque barbu curieux en train de les observer.
En soirée, une nouvelle sortie est proposée aux passagers à Sofiebogen pour visiter une hutte de trappeurs, marcher dans la toundra au pied de la haute falaise à oiseaux jusqu’aux traces de huttes Pomores. Au sommet d’un gros rocher, 2 jeunes goélands accompagnés d’un de leurs parents observent le va-et-vient de tous ces drôles de bipèdes… qui rentrent bientôt sur leur gros bâtiment d’acier flottant prendre un repos bien mérité !
Durant la nuit, l’Ocean Nova a franchi le Sørkapp, le cap le plus méridional de l’archipel du Spitzberg. En début de matinée, nous naviguons dans le Storfjord, le grand détroit qui sépare l’île du Spitzberg de celle d’Edgeøya.
A 11h00, une sortie est organisée à Kvalvågen, sur la côte sud-est de l’île du Spitzberg. Pour la plus grande partie du groupe, c’est l’occasion de se dégourdir un peu les jambes tout en découvrant la toundra et sa végétation très basse. Ce n’est pas tous les jours que nous avons l’occasion de marcher sur une forêt de saules… dont la hauteur ne dépasse pas 1 centimètre. Les non-marcheurs effectuent une croisière zodiac le long de la côte au cours de laquelle ils observent 3 – 4 bélougas furtifs, ainsi qu’un ours en train de marcher, puis de se coucher.
Après un récapitulatif avec l’équipe de guides à 15h00 sur la géologie, Bruno présente ensuite sa conférence sur l’histoire du Spitzberg pendant que l’Ocean Nova poursuit sa traversée vers le coin nord-ouest de l’île d’Edgeøya.
Exceptionnellement, le dîner est avancé à 18h30 pour permettre une excursion en soirée dans le détroit de Freemansundet entre les îles d’Edgeøya et Barentsøya, où patrouillent fréquemment de nombreux ours. En effet, durant notre navigation dans la zone, les guides repèrent pas moins de 18 ours. Malheureusement, ceux-ci se trouvent toujours à flanc de colline, loin des plages. Certains sont en déplacement, d’autres semblent à la recherche de toute source de nourriture possible. Lors d’un arrêt de l’Ocean Nova, nous pouvons en observer 5 relativement proches à la jumelle, dont une mère et deux jeunes nés l’an dernier. Peu après, nous partons en zodiac à la recherche de deux ours observés à proximité d’une plage quelques instants plus tôt. Entretemps, les individus ont disparu, mais nous en trouvons un autre plus loin, plutôt amorphes en fond de plage. Nous poursuivons notre exploration de la côte jusqu’au glacier Freemanbreen, en observant quelques vols d’eiders à duvet, deux fameuses mouettes blanches, des guillemots à miroirs et des mouettes tridactyles, ainsi qu’un jeune goéland.
Au retour vers 22h15, un buffet de fromages, desserts et café est servi au salon panoramique pour parachever cette magnifique journée bien ensoleillée.
Au réveil, une ambiance totalement différente des jours précédents nous attend : nous voici en train de naviguer dans la glace, dans le brouillard. Selon les données GPS, l’Ocean Nova se trouve en effet devant le front de glace de la Terre du Nord-Est, long d’env. 160 km, ce qui en fait le plus long de l’hémisphère nord. La brume épaisse, due à un léger vent du nord soufflant par-dessus la grande calotte glaciaire de la Terre du Nord-Est, nous empêche toutefois d’apercevoir cette énorme barrière de glace. Il n’en demeure pas moins que le spectacle de la navigation au milieu du brash glaciaire très dense est absolument féerique, avec les multiples tonalités bleutées de la glace. La quantité de glace vêlée par la calotte glaciaire est impressionnante, alors qu’il n’y en avait que très peu il y a 10 ans encore. L’Ocean Nova se fraie lentement un passage au milieu de ces débris glaciaires et le chenal ainsi ouvert se referme presque immédiatement derrière lui. Alors que le bateau décide de faire route vers le sud pour contourner cette ceinture de brash, nous croisons la route d’un phoque barbu qui se prélasse nonchalamment sur une plaque de glace. Il ne se laisse guère impressionner par notre approche et nous pouvons l’observer de longues minutes à une dizaine de mètres de l’Ocean Nova avant qu’il ne décide de se mettre à l’eau. En fin de matinée, Nicolas Vogel nous présente une conférence passionnante sur les glaciers.
L’après-midi, nous poursuivons notre route vers Kvitøya, toujours dans un paysage nimbé de brumes. Après une période de repos et de digestion, Christophe Bouchoux nous fait revivre avec passion les fascinantes épopées de l’explorateur polaire norvégien Roald Amundsen, qui détient à son actif le premier franchissement du Passage du Nord-Ouest, la conquête du Pôle Sud et le premier survol du Pôle Nord en dirigeable. Vers 18h00, nous atteignons Kvitøya (ou île Blanche en français), l’île la plus orientale de l’archipel du Spitzberg, recouverte de glaces à 99%. Au-delà commence l’Arctique russe et l’archipel François-Joseph. La brume se dissipe peu à peu. Suite au repas du soir, nous partons en excursion zodiac le long de la pointe d’Andréeneset, où les guides ont repéré à la jumelle deux ours plus tôt en soirée. Durant cette sortie fort variée, ce seront finalement les morses qui raviront la vedette aux ours. Une colonie d’une vingtaine d’individus, des mères accompagnées de leur petit sont installés sur un îlot rocheux. Après leur mise à l’eau, nous pouvons constater leur grande agilité dans le milieu aquatique, qui contraste avec leurs déplacements lourdauds à terre. Sur le rivage, nous observons le cadavre d’un ours mort il y a 2 ans. Du valeureux plantigrade, il ne reste plus que la peau et les griffes. Un peu plus loin, nous voyons à distance le monument commémoratif des membres de l’expédition en ballon du suédois Andrée, morts à cet endroit en 1897. En fin de sortie, l’un des ours fait son apparition sur une crête au-dessus de la plage. Il se cache rapidement en ne laissant dépasser que sa tête curieuse qui observe attentivement nos étranges embarcations de caoutchouc.
Nous avons le privilège de nous réveiller face à la calotte glaciaire de l’île de Storøya, et sous le soleil. Durant la nuit, la brume s’est en effet complètement levée. Les guides d’un autre bateau nous ont signalé la présence d’une carcasse de baleine sur le versant occidental de l’île. Or, qui dit carcasse de baleine dit aussi forte probabilité que des ours rôdent dans les parages. C’est donc une vraie journée de croisière-expédition qui s’annonce, avec son lot d’inattendu et de découverte. De quoi étancher notre inextinguible soif d’aventure au cœur du Grand Nord ! A peine le petit-déjeuner fini, notre chef d’expédition annonce immédiatement la couleur pour aujourd’hui : nous effectuerons 2 ou 3 longues excursions en zodiac d’environ 3 heures chacune. Nous commençons par longer le front de la calotte glaciaire jusqu’à la frange littorale libre de glace où se trouve la carcasse de baleine. Nous y repérons 4 ours, tous avachis assez loin du rivage. Comble de chance, l’un d’eux se lève et approche de la plage pour se diriger droit sur les os de baleine. Nous l’observons longuement : tantôt il soulève et retourne l’énorme humérus de la baleine, tantôt il ronge les rares bouts de viande ou de tissus mous restants. Nous le suivons ensuite le long de la plage, au pied des falaises de glace du petit inlandsis. A l’endroit où la plage rocailleuse laisse place à la paroi englacée, notre plantigrade se met à l’eau et nage jusqu’au prochain cap, où il monte sur de grosses masses rocheuses d’où il nous domine et nous observe. Il retraverse ensuite une baie à la nage. C’est là que nous séparons nos chemins et rentrons déjeuner au bateau. Eh oui, le buffet de l’Ocean Nova est nettement plus appétissant et roboratif que la carcasse de baleine des pauvres ours !
Après le déjeuner, nous ressortons pour la 2e balade en zodiac. Nous repartons directement jusqu’à la carcasse de baleine. Un autre ours y dévore les quelques restes de tissus carnés de la colonne vertébrale. Un spectacle de toute beauté, encore renforcé par le somptueux décor de la calotte glaciaire en arrière-plan ! Nous poursuivons notre exploration de la côte. Un autre ours est affalé à la bordure de la calotte. Il s’agit visiblement d’un jeune ours de 3 ou 4 ans qui nous présente diverses positions toutes plus photogéniques les unes que les autres. Après avoir passé une hutte de trappeurs, nous atteignons une série d’énormes blocs de granite rose échoués en bord de plage. Avant notre retour sur l’Ocean Nova, nous effectuons un dernier arrêt près de 2 îlots rocheux occupés par une petite colonie de femelles morses et leurs petits. Au bout d’une dizaine de minutes, tout ce petit monde se lance à l’eau dans la précipitation grégaire si typique des morses. Il est temps pour nous d’aller une fois de plus se sustenter sur notre bateau.
Après les 2 magnifiques sorties du jour, il est temps de quitter Storøya et ses paysages de calotte glaciaire typique de l’extrême Est du Spitzberg. Le bateau prend la route du nord, plein cap vers la banquise. Nos espérances d’apercevoir des baleines ce soir ne se réalisent malheureusement pas.
Au petit matin, nous approchons les premières plaques de banquise, encore très disséminées sur la mer libre. Vers 7h00 du matin, sous un ciel clément, un ours est repéré en plein repos sur une plaque. A l’approche du bateau, il lève la tête et nous observe. Il semble plutôt inquiet et farouche. Il se lève, se recouche, se relève et se met finalement à l’eau pour fuir notre présence. Un autre ours est repéré par les guides effectuant leur tour de veille à la passerelle, raison suffisante pour sortir en zodiac après le petit-déjeuner. Du grésil et des flocons de neige nous accueillent à notre arrivée sur les embarcations pneumatiques, nous démontrant combien le temps peut changer rapidement sous ces hautes latitudes. Nous louvoyons entre les plaques de banquise en direction de l’ours repéré précédemment. Peu à peu, il se met à neiger et tant les zodiacs que les passagers sont vite recouverts d’une mince pellicule blanche. Voici une excursion en zodiac placée sous le signe de la neige, dans une vraie ambiance de croisière-expédition polaire ! La vision de l’ours sous la neige avec la banquise en arrière-fond révèle une fois de plus toute la magie de l’Arctique.
L’Ocean Nova poursuit sa route vers le nord vers une banquise plus dense. Plusieurs ours sont repérés, mais tous semblent très peureux et s’écartent à l’approche du bateau. En milieu d’après-midi, nous tentons une activité très particulière : la marche sur l’eau. Sauf que contrairement à Jésus, nous marchons sur l’eau de mer gelée, autrement dit sur la banquise. Les guides nous ont concocté un petit circuit sur une plaque suffisamment grosse pour accueillir tout le groupe sans danger et pour pouvoir observer les différents phénomènes liés à cette glace de mer, notamment les mares de fonte et les crêtes de compression (hummocks). Quelle impression fantastique d’accoster la banquise en zodiac et de débarquer sur une simple plaque de glace de moins de 2 mètres d’épaisseur flottant sur un océan profond de plus de 200 mètres à cet endroit ! Avant de rentrer sur l’Ocean Nova, l’équipage nous a organisé un chocolat chaud sur la banquise, fort apprécié vu la météo toujours fraîche et neigeuse. Avant le dîner, Nicolas nous tient en haleine avec une conférence sur la banquise, sujet fort approprié vu l‘environnement dans lequel nous naviguons aujourd’hui. En soirée, un film du National Geographic sur l’ours polaire est projeté au salon panoramique.
« Mesdames, messieurs, chers amis… ». Vers 4h30, une voix désormais familière retentit dans les haut-parleurs du bateau. C’est surtout la fin de la phrase qui réveille la majorité d’entre nous : « un ours est proche du bateau ». Branle-bas de combat à bord, chacun s’habille en vitesse pour aller observer le plantigrade sur la banquise. Celui-ci vient quasiment toucher le bateau positionné en limite de banquise, puis il s’éloigne nonchalamment en passant d’un floe à l’autre, en se mouillant parfois lorsque la jeune banquise grise n’arrive pas à supporter son poids. Les quelques personnes qui ne rentrent pas se recoucher et ont le courage de braver le vent froid ont la chance de l’observer se rouler dans tous les sens pour sécher ses poils. Après avoir crapahuté un moment, il se couche derrière un petit hummock. Poussé par les courants et avec les machines au ralenti, l’Ocean Nova rentre très lentement dans la banquise en direction de l’ours, qui ne semble absolument pas intimidé par notre présence. Après un long moment de repos, il se relève et se dirige à nouveau dans notre direction. Curieux, il passe sous la proue du bateau et depuis la plateforme d’observation devant le salon panoramique, nous l’admirons à une dizaine de mètres de nous seulement, à tel point que nous pourrions presque compter ses poils à l’œil nu. Quel spectacle inouï ! Aucune des personnes présente ne regrette les heures de sommeil perdues. Une fois sa curiosité rassasiée, il s’éloigne du bateau en laissant de belles empreintes sur les plaques de banquise. Après le petit-déjeuner, le bateau tente une approche du même ours affalé sur un floe pour que les passagers restés endormis à l’aube puissent aussi profiter du spectacle. La superbe luminosité du moment, les plaques de banquise à l’arrière-plan, ainsi que la proximité et la coopération de l’ours nous procurent à nouveau un superbe moment d’observation animalière.
En fin de matinée, le bateau quitte la banquise pour mettre le cap au sud-est vers l’île Charles XII, où nous ne débarquons finalement pas en milieu d’après-midi en raison de la houle qui s’est levée. L’Ocean Nova poursuit sa route vers le Duvefjord, sur la côte septentrionale de la Terre du Nord-Est. A 15h30, Pascal nous présente un exposé sur les lumières et les phénomènes célestes polaires. Puis, c’est au tour d’Alain de nous dévoiler tous les secrets des morses. Après le dîner, nous débarquons au fond d’une baie du Duvefjord aux eaux turquoise dignes des plus belles plages tropicales. Seule la température de l’air et de l’eau nous rappelle que nous nous trouvons bien à plus de 80° de latitude nord. Certains d’entre nous effectuent une petite croisière zodiac, tandis que les autres partent pour une marche sur la colline dominant la baie. Notre balade commence sur les plages fossiles, qui se sont surélevées par isostasie au fur et à mesure de la déglaciation. Au retour, nous revenons le long d’une rivière glaciaire jusqu’en bord de plage.
A 9h15, la première sortie de la journée se déroule dans le fjord de Bengtsen. Certaines personnes optent pour une croisière zodiac le long des 2 fronts glaciaires à la limite du brash et jusqu’aux superbes icebergs bleutés au sud-est de la baie. Outre la glace, c’est également l’occasion d’admirer de superbes formations géologiques multicolores et une colonie de mouettes tridactyles. Les autres partent marcher sur la ligne de crête d’où la vue surplombante sur le glacier s’avère superbe. Les différents groupes reviennent tous enchantés de leur activité.
A 15h00, Pascal prodigue une séance de conseils photographiques pour les photographes néophytes. Une heure plus tard, Christophe et notre chef d’expédition Christian effectuent un récapitulatif sur l’expédition de Nobile et sur la 2e guerre mondiale au Spitzberg, en lien avec notre prochain débarquement. En effet, à 17h30, nous posons le pied à Chermsideøya, où nous observons 2 monuments commémoratifs : une inscription en grosses pierres rend hommage au sauvetage de l’expédition de Nobile par le brise-glace russe Krassin en 1928, tandis qu’une croix gammée, plusieurs fois enlevée puis reconstruite, commémore l’expédition allemande qui s’est malheureusement achevée tragiquement pour tous ses membres. Après le dîner, les zodiacs nous débarquent à Phippsøya, l’île la plus septentrionale des Sept Iles et de tout l’archipel du Spitzberg. A cet endroit, il s’agit d’observer une colonie de morses mâles. Pour ne pas effrayer les pinnipèdes, nous tentons une approche à pied en groupe compact le long de la plage, à marche très lente. Dans l’eau, 2 individus curieux se rapprochent de nous. Nous parvenons jusqu’à la distance réglementaire de sécurité pour admirer l’amas de morses en repos sur la plage. De temps à autre, quelques combats entre voisins provoquent le redressement des morses et de leurs belles défenses d’ivoire.
A notre réveil, l’Ocean Nova est positionné dans le détroit de Hinlopen, au large de la falaise à oiseaux d’Alkefjellet. Après le petit-déjeuner, les zodiacs partent vers le glacier voisin, qui vêle directement dans le détroit d’Hinlopen par une dépression du substrat, avant de débuter la navigation au pied des immenses falaises. La sortie en zodiac constitue l’un des moments forts de la croisière pour les amateurs d’ornithologie. Et pour cause : Alkefjellet héberge 120 000 oiseaux, dont une grande majorité de guillemots de Brünnich. Dans les éboulis au pied des falaises, Mère Nature nous réserve une fois encore une belle surprise : plusieurs renards polaires montrent le bout de leur nez et gambadent à la recherche d’oiseaux tombés du nid. Les guillemots de Brünnich occupent toutes les vires de falaises. Celles-ci sont de véritables HLM d’oiseaux, et les places sont chères. Nous pouvons également observer des goélands bourgmestres, dont 2 ou 3 juvéniles, des mouettes tridactyles, des guillemots à miroir. Deux des zodiacs les plus à l’avant sont témoins d’une scène animalière captivante, avec plusieurs goélands qui se disputent la carcasse d’un jeune guillemot de Brünnich. Soudain, la radio notre chef d’expédition retentit. Comme le vent a considérablement forci – ce que nous constatons aisément sur les zodiacs – et est passé de 5 à 35-40 nœuds, le capitaine demande aux zodiacs de rentrer au plus vite au bateau. Le trajet jusqu’à l’Ocean se révèle quelque peu rock’n roll pour certains passagers qui découvrent les joies du mal de mer…
En raison du forcissement du vent, le chef d’expédition doit revoir nos plans pour l’après-midi. Nous n’irons finalement plus au fjord Murchison, où tout débarquement serait impossible en raison de la houle, mais nous mettons le cap sur les fjords de Palander et Wahlenberg, sorte de large échancrure sur le flanc occidental de la Terre du Nord-Est. Ces fjords procurent non seulement un excellent abri en cas de houle en provenance dans le détroit d’Hinlopen, mais les paysages y sont aussi magnifiques, avec une géologie très variée et colorée, avec notamment les couleurs noirâtres des strates basaltiques, les verts de la végétation au-dessous des quelques colonies d’oiseaux, les couleurs claires des roches calcaires. Au fond du fjord de Wahlenberg, nous mettons les zodiacs à l’eau pour longer la totalité du front du glacier d’Eton, du nom du célèbre collègue anglais éponyme. En dehors de la barrière de glace de la Terre du Nord-Est située de l’autre côté de la grande calotte glaciaire, c’est l’un des plus longs fronts glaciaires de l’archipel avec environ 10 km de large. A l’embouchure des 2 rivières sous-glaciaires chargées de sédiments, la mer se pare d’une couleur brun chocolat qu’une brève éclaircie rend encore plus éclatante. A l’extrémité occidentale du glacier, une zone de glace morte présente des formes d’érosion absolument spectaculaire. Lors d’un bref débarquement pour une urgence urinaire, l’un des zodiacs découvre des traces d’ours bien visibles dans le mollisol. Avant de retourner au bateau pour le repas du soir, nous nous dirigeons vers un îlot où Xavier avait repéré un ours avant le début de la sortie zodiac. Le plantigrade n’a pas bougé. Notre approche ne semble pas le perturber outre mesure. Il nous surveille, sans fuir pour autant. Après le repas du soir, les passagers les plus enthousiastes ressortent observer le plantigrade et quelques icebergs. Le zodiac d’Alain a la chance d’approcher un phalarope à bec large, une espèce d’oiseau rare et particulièrement esthétique avec son ventre orangé et ses ailes blanc-noir.
C’est un ciel sans nuage qui nous attend ce matin. Une belle journée en perspective dans le Liefdefjord. Nous débutons nos activités par une sortie à Reinsdyrflya, vaste plateau de toundra qui héberge de nombreux rennes qui y trouvent une nourriture abondante. A la cabane de trappeur en bord de plage, Xavier en profite pour nous expliquer l’histoire des trappeurs au Spitzberg. Nous nous séparons ensuite en 3 groupes : les 2 premiers pour une balade plus ou moins longue dans la toundra et le 3e pour une croisière zodiac à la recherche d’oiseaux le long de la côte. Les zodiacs observeront notamment de près le nourrissage d’une jeune sterne par les adultes. Quant à la marche dans la toundra, elle nous permet d’observer diverses espèces de plantes, de lichens, de mousses et de champignons, sans compter la vue superbe sur l’entrée du Liefdefjord et du Woodfjord.
Lepidures arctiques
Durant le repas de midi, l’Ocean Nova pénètre plus profondément dans le Liefdefjord jusqu’à la zone du glacier d’Erik. Le groupe se scinde à nouveau en 3 sous-groupes : les marcheurs les plus aguerris montent sur la moraine frontale, puis la moraine latérale jusqu’à un point de vue surplombant le glacier et le lac de fonte créé entre le front glaciaire actuel et la moraine frontale. En chemin, un jeune lagopède se laisse observer de près. L’autre groupe de marcheur se contente de monter sur la moraine frontale pour admirer le lac et le glacier d’en bas, mais il bénéficie des commentaires experts d’Alain sur les diverses espèces végétales et minérales de la toundra. Enfin, les non-marcheurs effectuent une croisière zodiac sur le Liefdefjord. En fin d’après-midi, le bateau remonte le Liefdefjord jusqu’à son extrémité : le glacier de Monaco. C’est depuis les coursives extérieures de l’Ocean Nova que nous admirons le spectacle de ce puissant glacier, qui est pourtant en fort recul et s’est désormais scindé en 2 entités distinctes. Ce retrait très rapide constitue un témoin indéniable et aisément visible du changement climatique en cours. Dans la partie orientale du front de glace, la plus haute avec plus de 50 mètres, nous observons un beau vêlage avec l’effondrement de la voûte en front de glacier. Le dîner est servi plus tôt qu’habituellement, vers 19h00. C’est un repas extraordinaire dans tous les sens du terme : l’équipe de cuisine a installé un barbecue sur le pont 5 arrière. Avec le soleil et la température douce dans ce fond de fjord bien abrité, ce repas en plein air avec une vue époustouflante sur le glacier de Monaco est un vrai régal, tant pour nos yeux que pour nos papilles gustatives.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
je me demande parfois pourquoi je ne suis pas avec vous !
Le début de croisière semble super, je vous souhaite une continuation de même.
Amicalement,
Bernard
Quel bonheur et quelle chance. Merci de partager avec nous ces aventures.
Quelle belle aventure bon anniversaire a Mélanie Jimmy est de retour tout va bien
Moi je me demande pourquoi je n’ai pas redoublé en 2ème semaine, du 16 au 24 juillet c’était exceptionnel mais là ça parait divin.
Bonjour à Marie Madeleine.
Cordialement, à bientôt pour de nouvelles aventures.