Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
1 août
9 août 2018
À bord de l'Ocean Nova, 1er août 2018
Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
Paris – Longyearbyen
Réveil très tôt ce matin à Paris, nous venons de passer notre dernière nuit noire avant 10 jours. Malgré les visages endormis, une agitation se fait ressentir, car dans quelques heures nous découvrirons le Svalbard… Un vol très agréable nous conduira vers les premiers sommets du Spitzberg et c’est un spectacle inouï qui s’offre à nous, je n’avais jamais vu une aussi belle lumière sur ce paysage pourtant maintenant familier. Notre descente vers Longyearbyen sera, elle, dans un épais brouillard.
Nos participants découvriront la vallée de l’Advental et l’histoire de Longyearbyen sous les explications d’Olivia et d’Alain durant 2 heures. Premier et unique shopping avant d’embarquer sur notre bateau en Zodiac sous un brouillard envoutant !
À bord, c’est les premiers rendez-vous au salon panoramique pour les formalités obligatoires, premières règles de sécurité concernant l’environnement et les ours, et l’Ocean Nova commence sa navigation.
Après une bonne nuit de sommeil, nous serons en forme pour découvrir les paysages du Nord-Ouest.
Un réveil sous un grand soleil, nous venons de passer les « 7 glaciers » qui longent la côte nord-ouest du Svalbard et avant 8h, notre capitaine et notre chef d’expédition décident de naviguer dans la célèbre baie de la Madeleine ! Un spectacle époustouflant : la carte postale du Spitzberg ! Des montagnes en pic envahis de langues glaciaires. Après le petit déjeuner et une réunion sur le programme de la journée, nous naviguons vers le Fjord de Smeerenburg en passant par le passage étroit de Sorgattet.
Arrivés dans le fond du Fjord de Smeerenburg, nous voilà dans les zodiacs pour la première fois. Le soleil est toujours présent et les paysages grandioses ! On parle de glace, de glaciers, de rivière glaciaire, on part à la rencontre de nos premiers oiseaux comme le guillemot à miroir, la sterne arctique et le labbe parasite. On se promène dans le brash, ces morceaux de « glace pilée » à la surface de l’eau. On s’arrête et contemple pendant de longues minutes le front de glace de plus de 60 mètres de haut. Le glacier de Smeerenburg est particulièrement actif et on assiste à de nombreux vêlages, lorsque des parties du glacier chutent dans l’eau. On fait le tour de la baie pour aller observer d’autres glaces, et on tombe sur un phoque barbu curieux pour le plus grand plaisir de tous !
De retour sur l’Ocean Nova pour le déjeuner, juste le temps d’avaler une entrée et une soupe, que la passerelle nous annonce des bélugas à tribord ! Ces fameuses baleines blanches de l’Arctique tant attendues sur nos croisières. Le capitaine se positionne parfaitement et on peut les observer sans les déranger. On finit par reprendre notre route (et aussi notre repas).
Une nouvelle aventure commence en après-midi, de retour dans les zodiacs pour un accostage sur l’île d’Amsterdam. Au programme : parler de Smeerenburg, la ville de la graisse et du temps des baleiniers du 17e siècle et approcher un groupe de morses qui se prélassaient sur la plage. Une rencontre impressionnante. Ensuite, nous retournons dans les zodiacs pour aller observer une falaise où nichent des mouettes tridactyles et on observe aussi 2 rennes du Svalbard. Direction Virgohamna sur Danskoya, l’île des danois, pour voir les restes de l’expédition du suédois Salomon August Andrée qui est parti à la conquête du Pôle Nord à la fin du 19e siècle depuis cet endroit. Nous observons ensuite, dans le fond de la baie, des phoques communs en train de se faire sécher sur leurs rochers.
À peine de retour sur notre bateau, que Manon repère un ours sur la rive ! Il part à l’eau, on le suit pour voir sa destination et son comportement. Il remonte sur une île et reste tranquille. On met les zodiacs à l’eau, on embarque tout le monde et nous voilà en route sur la fameuse île. Nous observons notre ours, il est calme, il est gros, il est beau ! On l’observe sur les roches, il grimpe sur la crête, il redescend et retourne à l’eau, on le laisse partir et on retourne sur l’Ocean Nova avec de magnifiques souvenirs !
Après le diner, c’est le cocktail du capitaine au salon panoramique. On sent une belle ambiance ici, tout le monde est ravi de sa journée.
Aujourd’hui, nouvelle journée au Spitzberg qui commence avec un délicieux petit déjeuner à 8h. L’ambiance paysagère a changé par rapport à hier et laisse la place aux ambiances typiques de l’Arctique, où la brume joue entre la glace, la terre et l’eau, nous laissant deviner les traits de côtes au-dessus d’une mer d’huile. Ambiance mystérieuse, qui malgré sa beauté ne nous permettra pas de mettre le pied à terre à Erikbreen, comme prévu initialement, pour des raisons évidentes de sécurité. Le « risque ours » est présent lorsque nous sommes à terre et de bonnes conditions de visibilité sont indispensables pour une marche en toute sécurité. Mais la place n’est pas à la déception puisque nous repartons immédiatement vers le glacier de Monaco pour une croisière en zodiac.
Ce glacier, ainsi nommé par William Bruce qui l’a vu pour la première fois en 1898, a ensuite été cartographié lors d’une seconde expédition menée par le Prince Albert 1er entre 1906 et 1907.
Encore plongée dans une ambiance brumeuse, la visibilité est tout de même meilleure et la lumière unique dans ces paysages grandioses. Nous aurons l’occasion de naviguer entre les icebergs et dans le « brash ». L’ambiance sonore est venue compléter le spectacle entre pétillement de bulles libérées par la glace, craquement de glacier et vêlages spectaculaires. Même un phoque barbu s’est donné en spectacle sur un glaçon pour notre plus grand plaisir !
Nous rentrons un peu avant 13h à bord afin de profiter du buffet qui nous est donné.
En début d’après-midi, la brume s’épaissit et nous devons à nouveau changer nos plans. Place au calme et à la culture, c’est une conférence sur le Spitzberg et un cours sur la photographie qui nous seront donnés par Christian, notre chef d’expédition et Philippe notre photographe.
Nous arrivons à 17h sur le site de Mosselbukta où une hutte de trappeur est bien visible, le temps s’est dégagé et il est temps d’aller mettre le pied à terre. Encadré par notre équipe de guides, nous évoluons autour de cet environnement fascinant où l’on se verrait bien passer quelque temps. Le site nous raconte l’histoire des trappeurs qui dure encore aujourd’hui puisque certains viennent encore y séjourner.
19h30, il est temps de remonter à bord pour partager le dîner.
On nous annonce que la soirée nous est laissée libre, le réveil sera tôt demain matin (5h30) pour jouir d’une nouvelle journée bien remplie.
21h45, changement de programme ! Les guides ont repéré un ours sur la terre ferme lors de leur repérage zodiac « scouting », nous nous préparons en vitesse et en deux temps, trois mouvements, nous revoilà tous sur l’eau. Nous profitons une fois de plus d’une superbe observation d’ours femelle ayant visiblement bien mangé et faisant route vers le nord en longeant la côte. Nous la suivons pendant de longues minutes avant de la laisser continuer son chemin tranquillement.
Cette fois-ci c’est officiel, la croisière démarre fort !
23h, nous revoilà tous à bord de l’Ocean Nova, le réveil a été décalé à 7h30 et cette fois-ci, c’est promis, on va se coucher, de belles images plein la tête…
Nous nous réveillons ce matin au pied de la falaise à oiseaux d’Alkefjellet. Nous voyons par les fenêtres du bateau une multitude de guillemots en vol. La mer est assez agitée et nous décidons alors de ne pas faire de croisière zodiac, mais demandons au capitaine de nous faire des passages devant la majestueuse falaise. Au cours du premier passage, le chef d’expédition, Christan Kempf, prend la parole via les haut-parleurs du bateau et invite les passagers à être attentifs aux renards polaires, grands habitués du secteur. Tout à coup, il annonce la présence d’un ours dans les pentes raides qui se trouvent sous la falaise. Après quelques secondes, il se reprend et annonce la présence d’un petit, puis d’un second. Nous avons devant nous, une mère et ses deux petits de l’année qui se dirigent vers le bord de mer, à la recherche de guillemots tombés de leurs nids. Nous contemplons cet incroyable spectacle grâce au talent inégalé du capitaine Klaptenko qui nous offre une navigation au plus près de la côte malgré les vents et les courants.
Après cette superbe observation, nous mettons le cap vers Torrelneset où plus d’une centaine de morses nous attendent. Nous embarquons sur les zodiacs pour aller les observer de plus près. Nous passons alors une heure en compagnie d’une trentaine de morses à l’eau, très joueurs près de nos zodiacs, nous offrant ainsi un fabuleux spectacle.
Dans la soirée, nous arrivons au Brasvellbreen, le plus grand front de glace de l’hémisphère nord avec un peu plus de 160km de long. Le capitaine nous offre alors une navigation exceptionnelle auprès d’innombrables icebergs qui se trouvent devant ce mur de glace d’où nous pouvons voir sortir des cascades d’eau de fonte. C’est sur ces belles images que nous allons nous coucher.
Nous venons de passer le 80e degré de latitude nord ce matin ! Et nous nous réveillons par 80°00N & 32°60’E dans un épais brouillard, un peu de vent à 22 nœuds et une température de 3°C.
Nous sommes sur 130 mètres de fond avec un petit peu de houle et encore à 5 miles de la glace.
C’est en effet en direction de l’Ile Blanche que nous allons. C’est un des lieux les moins visités du Svalbard et pourtant nous y croiserons le sistership de l’Ocean Nova ; c’est le Sea Endurance qui navigue aussi dans cette contrée. Nous sommes les deux seuls navires à des centaines de miles à la ronde.
Il est difficile de retranscrire les émotions que nous avons ressenties ici, tant la beauté et la solitude des lieux nous ont bouleversés. Non, ce ne sont pas des mots trop importants…
Cette ile de Kvitoya de 700km², découverte en 1707 est tout simplement magique. Elle est presque totalement recouverte d’une calotte de glace d’environ 400 mètres de hauteur. C’est là que finit dramatiquement l’expédition vers le Pôle Nord en ballon à hydrogène de Salomon Andrée.
Déjà un premier ours est aperçu sur la pointe de Kroemerpynten, puis un deuxième un peu plus loin.
Le brouillard s’est levé ; nous sortons les zodiacs et partons pour une approche prudente. Les ours sont tranquilles ; ils sont affalés, l’un sur un rocher, l’autre sur un névé. Ils lèvent la tête, nous reniflent, puis se recouchent.
Nos zodiacs ne les impressionnent pas le moins du monde. Puis, non loin de là, un troisième ours nous attend sur un superbe iceberg bleu. C’est une fois de plus une magnifique observation. L’ours est étendu en haut du glaçon ; il nous hume et nous toise avec indifférence. Visiblement, il se moque éperdument de notre farandole de zodiacs venus l’admirer.
Plus loin, un quatrième ours est debout dans la glace de la calotte ; il vient de balancer un gros morceau de ce qui semble être un bout de viande (laquelle ? mystère…).
Puis encore un cinquième qui marche un peu plus haut, et un sixième en bord de plage !
C’est un véritable défilé !
Et cela continue ! C’est une septième grosse bête à poil, couchée (que nous prenons d’abord pour un caillou), qui se lève, s’ébroue et marche tranquillement en bord de côte dans la neige ! Celui-là est énorme ! On lui attribue un poids de plus de 450kg ; le poil est bien jaune, il n’est pas tout jeune, mais quelle puissance. Et il n’est qu’à 40 mètres de nos embarcations !
Et encore ! Un jeune ours apparait et passe devant le vieux sans inquiétude.
À bord des zodiacs, c’est du délire… !
Nous restons des heures à les regarder, puis nous continuons notre navigation sur une autre partie de la baie. Elle est magnifique ! Un front de glace ininterrompu dans une ambiance « arctique ».
Il faut le vivre pour comprendre pleinement cette expression… Des dizaines d’icebergs bleutés et découpés nous entourent. Il y a des morses, des solitaires, des mères avec leur petit…
Et…, oui ! Un huitième ours, couché sur la neige de la calotte… et un neuvième couché sur un monticule rocheux… Que dire… c’est génial !
Et…, sur le haut du front de glace parsemé de rouge (le rouge de notre petite algue unicellulaire à flagelle et dont le pigment caroténoïde, l’astaxantine, la protège des rayons UV), tout en haut et sur le bord de cette véritable muraille de 80m de hauteur… et bien, oui, encore un ours !
Notre dixième plantigrade est là-haut, marchant tout au bord.
Quelles observations ! Quelles émotions ! Nous sommes heureux, tout bonnement !
C’est une des journées les plus extraordinaires que nous avons vécue ici à Kvitoya.
Nous rentrons vers le bateau, lorsque nous avons un appel radio…
On ne peut pas rembarquer, car il y a… Oui, il y a un jeune ours qui tourne autour de la porte d’entrée de l’Ocean Nova, et qui soudain suit le zodiac d’Alain ! C’est incroyable… Alain change de direction, l’ours aussi ; cela dure plusieurs minutes avant que notre gros curieux finisse par changer de direction lui aussi…
Cette journée mémorable, pour le moins, se poursuit par les présentations de Jeremy et Élodie sur la fameuse expédition d’Andrée, suivie d’une causerie photographique de Philippe. Pour lui, une image doit raconter une histoire et quelques règles sont néanmoins nécessaires pour cela. Lors de notre « récap » de soirée, Christian nous donne des éléments sur nos observations d’ours de la journée ; Olivia sur ses Bélougas chéris et Christophe nous explique « la neige rouge » et Chlamydomonas nivalis…
Une journée mémorable, je vous dis… !!!
5h45… « Mesdames et messieurs, chers amis… »
L’annonce de notre chef d’expédition dans le micro est matinale, très matinale, mais ce n’est que pour le plaisir des yeux que nous sommes réveillés si tôt. Nous venons d’atteindre la banquise, le ciel est magnifique, le soleil inonde cette étendue blanche qui nous paraît infinie.
5h50, à peine le temps de sortir du lit et de se préparer pour le panorama une nouvelle annonce diffuse dans le micro, un ours blanc est repéré, c’est certain cette fois par 83° nord, nous entrons dans le royaume du grand blanc. Le navire tape les premières plaques de glace, il fait 2°C avec une légère brise qui souffle du nord, l’air est vivifiant, nous devons enfiler doudounes, gants et bonnets pour sortir sur les ponts extérieurs et profiter du spectacle.
L’ours avance sur la banquise, il est surnommé le grand marcheur et nous comprenons à présent pourquoi, perdu dans cette grande page blanche, il est en constante recherche de nourriture, et son territoire est immense. À l’approche du bateau il lève la tête, nous hume, nous profitons du spectacle une dizaine de minutes, puis il se met à l’eau et continue son chemin.
C’est l’occasion pour notre commandant de nous montrer son talent, il est capitaine des glaces et veut nous en faire profiter. L’Ocean Nova prend cap encore plus au nord et nous progressons dans la banquise. Nous poussons, nous brisons, nous écartons la glace, le paysage est polaire. Après quelque temps de navigation, nous trouvons une polynie, zone d’eau libre entre les plaques de glace, c’est l’occasion de mettre les zodiacs à l’eau et d’aller découvrir cette banquise de plus près. Nous trouvons rapidement une belle plaque sur laquelle nous pouvons débarquer. Nous sommes sur la banquise, nous marchons sur la mer gelée. Des crêtes de compression ou hummocks nous entourent, petites barrières de blocs de glace créés par les collisions entre les plaques. Ici et là, nous rencontrons des mares, véritables piscines d’eau douce d’un bleu turquoise issues des eaux de fontes. Après avoir appris tous les secrets de la banquise, un chocolat chaud est servi sur un stand improvisé sur la plaque de glace. Il est temps de remonter à bord et de continuer notre route à travers les glaces.
L’atmosphère change, le brouillard arrive et une nouvelle ambiance polaire se dessine devant nous. Les contrastes s’accentuent et c’est presque un nouveau paysage qui s’offre à nous. Nous profitons alors d’une nouvelle polynie pour mettre à nouveau les zodiacs à l’eau. Cette fois-ci, pas de débarquement sur une plaque, mais nous naviguons au milieu de la glace pendant plus d’une heure.
De retour à bord, Olivia nous présente une conférence sur la banquise et nous dévoile ses derniers secrets. Pendant ce temps l’équipe des cuisines s’active, ce soir c’est le temps du barbecue polaire. Les tables sont dressées sur le pont extérieur, au menu saumon, saucisses grillées, côtelettes et diverses salades. De la glace est même servie au dessert. La musique sort des enceintes et l’ambiance prend des tournures de fête de village. Nous sommes par 83° nord, au milieu de la banquise et nous dansons, nous chantons, nous rions. Le navire continue sa route et quitte à présent les glaces, nous avons retrouvé le large et la soirée se termine dans le salon panoramique après quelques derniers pas de danse. Journée inoubliable, ambiance exceptionnelle. Chers explorateurs polaires, bonne nuit !
Vers les fjords de la côte nord
Le petit déjeuner nous trouve dans une mer bien formée par un vent de Nord de 20 nœuds qui creuse les flots de creux de 2 à 3 mètres. L’Ocean Nova navigue imperturbablement, vérifiant l’adage : « vent arrière, la mer est toujours belle ! » Depuis hier soir, nous faisons route plein Sud sur le long trajet de 12 heures qui nous ramène de la banquise vers les fjords de la côte nord très indentée de la Terre du Nord-Est, Nordauslandet, où nous espérons trouver un abri dans la découpe des rivages du fjord de Bengssen.
Toute la matinée, les conférences au salon panoramique s’enchaînent : Manon et Jeremy pour les oiseaux marins, Philippe concernant le traitement d’image, Christophe pour les organismes marins gélatineux et la jungle des petites bêtes qui grouillent sous la coque de nos zodiacs.
Nous arrivons en début d’après-midi par un temps bien couvert en vue du fjord de Bengtseen où descend un glacier divisé en deux langues issues de la calotte de la Terre du Nord-Est. Pendant qu’un zodiac piloté par Christian patrouille le bord de côte, le reste du groupe se divise en deux pour aller arpenter les versants et lignes de crêtes situés sur la côte est du fjord. Nous foulons des roches vieilles d’un milliard d’années, schistes rouges, gris ou noirs et quartzites claires, toutes roches actuellement débitées en mille morceaux par l’action du gel et du dégel. Nous commençons la marche sous une petite pluie froide à la découverte des paysages des déserts polaires qui caractérisent l’extrême nord de l’archipel. La végétation est ici rare, constituée de quelques touffes éparses de saxifrages, renouée, saule ou dryade. Elle forme souvent des lignes qui soulignent les micro reliefs des sols polygonaux, ces formations des pierres et des argiles triées par l’action du gel et du dégel au fil des siècles. Ces immensités sont parcourues par de petites hardes de rennes qui trouvent néanmoins assez de végétation pour fabriquer leurs bois en velours en ce début d’août et suffisamment de graisse pour survivre au glacial et long hiver qui les attend au cours des mois de nuit polaire qu’ils auront à affronter. Des bernaches cravants paissent à proximité des rennes, un vol d’oies à bec court indique que ces oiseaux ont déjà reconstitué leur voilure et sont prêts à prendre la route vers l’Europe du Nord où elles passeront l’hiver.
Près de la plage, c’est un véritable cimetière d’ours que nous découvrons avec la présence de deux grands mâles dont les dépouilles datant probablement de l’hiver précédent sont en voie de décomposition avancée, l’une des deux ayant déjà fait le bonheur des renards polaires qui ont vidé proprement les entrailles. Les deux ours sont dotés à chacune des oreilles de marques qui indiquent que ces individus ont fait l’objet de mensurations de la part des scientifiques qui suivent la population dite de la Mer de Barents, celle constituée d’ours naviguant entre Spitzberg, Terre François Joseph et Nouvelle Zemble. Un troisième crâne d’un individu jeune, parfaitement nettoyé, permet d’observer la redoutable dentition de ces carnassiers spécialisés dans la prédation des phoques.
Il est 7h30 lorsque nous arrivons dans le Murchinsonfjord sur la Terre du Nord-Est, plus précisément tout proche du site de Kinnvika. Le temps est légèrement couvert avec un plafond nuageux gris qui fait la réputation du Spitzberg. La visibilité est bonne et la température fraiche, mais agréable. À 9h15, après un bon petit-déjeuner, nous débarquons sur le site de Kinnvika afin de nous dégourdir les jambes et de visiter le site. Une croisière zodiac est également organisée pour les quelques passagers qui ne souhaitent pas marcher. Ces derniers vont se promener avec Olivia sur le fjord à la découverte d’une colonie de mouettes tridactyles et de beaux paysages.
Dans les années 1957-1958, les Finlandais et les Suédois ont établi une station de recherche scientifique à Kinnvika afin de réaliser différentes mesures dans les domaines de la géophysique et de la météorologie. Il est, aujourd’hui, possible de visiter et de pénétrer dans les restes de cette station scientifique. Nous y voyons les dortoirs, les baraquements destinés au rangement du matériel et même un sauna !
Après avoir déambulé dans le site, nous formons deux groupes distincts. Le premier, accompagné de Manon, Nathanaël et Christophe, est le groupe des marcheurs qui va aller jusqu’au sommet de Kinnberget qui surplombe le site de Kinnvika. La vue depuis le sommet est époustouflante et permet d’avoir une vue à 360° sur tout le Murchinsonfjord et ses nombreuses îles. Le deuxième groupe, emmené par Alain, Jérémy et Élodie, va se promener sur la crête en dessus du site de Kinnvika et part à la découverte de la richesse géologique du lieu avec notamment des stromatolites datant d’un milliard d’années.
À 12h30, nous sommes de retour sur l’Ocean Nova pour le déjeuner. Vers les 13h, le bateau lève l’ancre et nous continuons notre navigation en direction du Sorgfjord, fjord situé au Nord-Est de l’île du Spitzberg. À 15h30, nous débarquons sur l’ancien site baleinier d’Eolusneset. La particularité de ce site réside dans le fait qu’il y a 30 tombes de baleiniers datant du 17e siècle. Olivia raconte l’histoire des lieux en insistant sur les pénibles conditions de vie et le travail harassant des baleiniers à cette époque.
Dès le retour sur l’Ocean Nova, Nathanaël donne une conférence très complète sur les glaciers et sur les enjeux liés au réchauffement climatique. Le diner est servi à 19h30 et nous souhaitons un joyeux anniversaire à une passagère.
Durant la soirée, nous nous dirigeons vers Moffen. En chemin, nous pouvons observer plusieurs petits rorquals.
Il est 8h lorsque nous arrivons dans le Lilliehookfjord sur la côte ouest du Spitzberg. Le temps est, comme hier, légèrement couvert avec un plafond nuageux gris relativement bas, mais la visibilité est très bonne et il n’y a pas de vent. À 9h, après un bon petit-déjeuner comme à son habitude, nous sortons les zodiacs afin d’aller explorer le front du glacier de Lillihook. Nous pouvons observer de beaux vêlages dans une ambiance hors du commun avec une lumière incroyable. Le front de ce glacier est particulièrement impressionnant, car il mesure près de 11 kilomètres de long. C’est certainement un des plus beaux fronts glaciaires du Spitzberg sous fond de montagnes culminant à plus de 1000m d’altitude. Nous avons également observé des centaines de mouettes tridactyles qui se nourrissent tout près du front du glacier.
À 12h, l’Ocean Nova lève l’ancre pour se diriger en direction du fjord de la Croix pour visiter la colonie d’oiseaux d’Ossian Sarsfjellet. Une croisière zodiac est également organisée avec Christian et Christophe pour les quelques passagers qui ne souhaitent pas marcher. Ils ont la chance de découvrir le front du glacier du Roi et des rennes peu farouches.
Pour les marcheurs, l’objectif est d’aller randonner au-dessus de la colonie de mouettes tridactyles. Une fois débarqués sur la plage au pied de la colonie, nous nous mettons en marche sur un sentier légèrement escarpé et caillouteux dans une magnifique et riche toundra arctique. Au fur et à mesure de la montée, le panorama devient spectaculaire. Arrivés au sommet de la colonie d’oiseaux, nous avons une vue à couper le souffle sur le fjord du Roi et les glaciers du Kongsbreen et du Kronebreen. Un soleil radieux et une température idéale embellissent ce moment unique. Nous avons eu la chance, lors de la descente, de tomber sur quatre rennes avec des bois imposants qui nous ont offert un magnifique spectacle.
À 18h, nous rentrons sur l’Ocean Nova et nous assistons au cocktail d’au revoir du Capitaine et au discours final de Christian. Quelles émotions ! Le dernier repas de la croisière est servi à 19h30. À 21h30, Alain nous fait son traditionnel récap photo qui illustre les moments clés du voyage. Par la suite, c’est au tour de Philippe et Maxime de revenir sur ce voyage en photos et en vidéos. Que de beaux souvenirs !
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Bonjour à tous.
Quel plaisir de lire le compte-rendu du début de ce beau voyage, on a presque l’impression d’y être et c’est parti fort pour l’observation de la faune, génial !!!
Nous vous souhaitons une magnifique suite de voyage et nous réjouissons particulièrement pour Simon et Florence qui ont la chance de vivre cette belle aventure.
Simon et Florence, nous vous embrassons and enjoy.
Marianne et Daniel
Pour Mr et Mme Griffon: nous sommes nous aussi bien arrivé en vacances. Nous vous souhaitons bonne croisière. Bises. Les enfants et petit enfants.
Pour Mr Gérard Bourgeois :je lis avec plaisir le compte rendu de votre séjour, superbe croisière cependant à terre, attention aux ours…..
bisou
Merci au narrateur qui nous fait vivre cette aventure quasi en direct bien qu’à des milliers de kilomètres de notre France engluée dans la torpeur de notre canicule.
Profitez de ces moments fragiles, mais intenses, et de ces paysages vraisemblablement menacés par notre mode de vie actuel.
Continuez à nous régaler et a nous donner envie.
Dans l’attente et l’impatience des photos de Agnès, Bernard, et Marie Victoire TETE, bon voyage et bon Trip.
Bizzzzz.
Peyo de Janeiro
Cette croisière a l’air merveilleuse, et les paysages magnifiques plein de petites et de grosses bêbêtes à observer et tout cela loin de la chaleur. Petit bémol les photos seront sûrement moins belles que les miennes, il faut ‘il faire Gérard. Demande de l’aide au photographe qui vous accompagne. Bisous à la famille ours.
Ça a l’air incroyable ! On lit avec passion vos superbes et rafraichissantes nouvelles sous notre canicule étouffante.
J’attends avec impatience le récit en image, on compte sur vous pour de belles photos…d’autant plus que les ours ont l’air d’être de la partie.
Plein de bises aux parents et à Marie-Vic, profitez bien.
Bon vent.
I N C R O Y A B L E ! On s’y croirait ! Nous sommes vraiment heureux pour la famille Muller et Niss en expédition sur le NOVA et puis plus particulièrement à Papa Claude Muller qui a eu son anniversaire le 6 août. Moments Mémorables! La bise ! Les enfants Muller
Thomas & Matthieu
Monsieur le rédacteur talentueux, pouvez-vous nous mettre quelques photos, nous sommes impatiens de voir la splendeur si bien décrite par vos soins.
Passez le bonjour à la famille TETE, dites leur que l’arrosage est au top ;).
Bonne continuation
Peyo de Janeiro.
Les salutations ont été transmises ?
(Malheureusement, les photos sont trop lourdes pour les transmissions satellites)
Merci au rédacteur dont je confirme le talent de conteur.
Grâce à vous, nous sommes dans tout ce blanc : la glace, les ours, la mer, les montagnes qui n’en sont pas, la banquise et même les épisodes brouillards.
Merci donc et merci à la famille TETE qui a eu la bonne idée d’aller visiter ces contrées qui semblent magiques.
Catherine
Les salutations ont été transmises