4 août
15 août 2017
À bord de l’Ocean Nova, du 4 au 15 août 2017
Le premier contact avec le Svalbard est établi depuis le ciel, à travers une couche nuageuse laissant timidement apparaître ses beaux reliefs. Atterrissage à Longyearbyen vers 12h puis visite de l’Adventdalen en compagnie de Bruno et Alain. Embarquement à 17h30 après un peu de temps libre pour découvrir la ville, ses rues, ses musées, ses curiosités.
Avant le dîner et surtout avant de faire route, nous n’échappons pas aux traditionnelles consignes de sécurité à bord et à l’exercice d’abandon du navire conduit par l’équipage.
Nous terminons la soirée à l’approche de l’île du Prince Charles pour faire cap sur Krossfjorden.
„Mes chers explorateurs polaires. Quelle journée !“
Après avoir digéré les informations de la veille et les dernières instructions de sécurité données dans la matinée, nous passons à la pratique avec une première sortie en zodiacs aux abords du glacier du 14 juillet. Nos principales cibles sont les macareux moines qui occupent une falaise émergeant à pic des eaux, mais nous faisons également la rencontre des goélands bourgmestres, mouettes tridactyles, guillemots, fulmars et labbes… Déjà un bel avant-goût des rencontres qui nous attendent.
Alors que nous prévoyions de naviguer durant l’après-midi dans le brash du fjord de Lilliehöök, les plans et le cap sont modifiés pour tenter de retrouver un ours blanc observé la veille par un petit voilier croisé sur notre route. C’est finalement entre Blomstrandhalvøya et le front de glacier qui l’a vu naître que nous commençons un « raid » en quête d’une boule de poils blancs… Qui finit par montrer le bout de son museau sur Gredøya, petite île défendue par des sternes arctiques et située à l’est de notre principale cible. Mais l’animal préfère nous éviter. Nous le laissons donc tranquille après une observation discrète, qui restera la première de notre voyage.
Réveil dès potron-minet par notre chef d’expédition : à 6h00 du matin, un ours est en plein petit déjeuner sur les restes d’un cachalot échoué près de l’ancienne Smeerenburg, la « ville de la graisse » à l’époque de la ruée vers cette manne financière générée par la grande boucherie des baleines du Spitzberg au XVIIe siècle. L’appétit insatiable de cet ours lui laisse à peine le temps de lever la tête pour scruter les environs encombrés d’une flopée d’embarcations multicolores.
Le reste de la matinée est consacrée à un raid zodiac en direction de la plage de Smeerenburg où une trentaine de gros morses mâles profondément somnolents n’ont manifestement pas eu droit aux annonces matutinales diffusées par leur chef d’expédition… Un peu plus loin, du côté de Virgohamna, quelques Phoques veau-marins prennent la pose de la banane sur chacun des rochers, une posture typique de ce pinnipède commun sur les côtes des latitudes tempérées.
Le navire reprend sa route en direction du Nord-Est pour aller mouiller dans le Raudfjord, le « fjord rouge » qui marque la zone où se sont sédimentés les conglomérats du Dévonien. L’anse d’Alice (Alicehamna) nous ouvre son rivage pour un accostage tout en douceur. Constitution de trois groupes de marcheurs, les grands explorateurs polaires partis à la conquête des crêtes dominant le fjord, les moyens explorateurs polaires gambadant dans un désert de pierres et les petits explorateurs polaires restreints aux joies de la plage : découverte des gélifracts, oseille, thixotropie des argiles dans les mollisols et autres sols polygonaux.
En fin d’après-midi, un récapitulatif en images nous conte les aventures du morse et d’Albert 1er ainsi que les subtilités de la composition photographique. Notre navire vogue en mer calme en direction de l’île de Moffen, par 80° de latitude nord, à 1100 kilomètres du Pôle Nord.
Réveil ce matin au milieu de la banquise disloquée noyée de brume qui limite la visibilité à quelques dizaines de mètres. Nous en profitons pour écouter l’exposé de Bruno sur l’Arctique, en commençant par la mythologie grecque jusqu’aux délimitations établies par botanistes, climatologues et autres géomorphologues et glaciologues. Si Delphes avait sa Pythie, l’Arctique possède désormais sa Grande Prêtesse Planctonique, en la personne d’Anaïd qui déchaîne les passions microphotographiques des adorateurs du Cnétophore, des copépodes et de la multitude des organismes constituant la base de l’écosystème marin des mers glaciales.
En début d’après-midi, les brumes ayant décidé de se dissiper, une exploration en zodiacs de cet univers sans cesse en mouvement est lancée. Banquise annuelle, hummocks, piscines et chenaux de fonte, les mille détails de l’eau de mer solidifiée s’offrent à nos yeux. Nous nous lançons à la découverte d’une grande plaque, prestement hissés grâce aux moteurs de 50 CV capables de propulser leurs dix occupants directement sur un bon mètre de glace bleutée. L’évènement est célébré par force libations et par une photographie du groupe sur fond de l’immensité d’un Océan Glacial Arctique s’étendant jusqu’au Pôle distant maintenant, par 81°20’ de latitude nord, de moins de 1000 kilomètres.
Prenant la route des Sept Îles, l’Ocean Nova trouve de vastes zones de banquise couvrant la mer à plus de 90%, freinant notre avancée limitée aux quelques chenaux encore existants. C’est alors que Nanok, le grand marcheur, dresse la tête derrière un hummock au pied duquel il semble être à l’affût d’un aglou, le trou de respiration d’un phoque. Après une grande manœuvre de contournement, l’Ocean Nova tente de se rapprocher de l’animal manifestement indifférent. Il est décidé à passer la nuit au milieu de cet univers glacé…
7H30 le soleil inonde l’immensité glacée qui nous entoure. Le grand marcheur de la veille nous a quittés pendant la nuit, départ nonchalant vers d’autres horizons.
Nous partons à la recherche d’une nouvelle tache jaune au milieu du paysage trop blanc. Un nouvel ours est rapidement repéré, allongé près d’un trou à quelques encablures sur une plaque trop épaisse, pour que le navire puisse s’en approcher.
Nous mettons le cap vers les Sept Îles, cherchant notre chemin au milieu de ce labyrinthe de glace. Anaïd en profite pour nous dévoiler tous les secrets de la banquise, ses états, ses formes, sa création, jusqu’à sa triste disparition…
Oyez ! Oyez ! Un autre ursidé se montre sur tribord. Décidément ils se sont passé le mot, affalé lui aussi au milieu d’une plaque trop épaisse… D’abord impassible, il se lève soudain et marche d’un pas franc vers le bord de la surface gelée. Le navire démarre à son tour et nous parcourons un bout de chemin ensemble.
Quelques milles à parcourir, Jean-Marie partage ses secrets de la photographie à la bibliothèque, vitesse, profondeur de champ, ouverture…
A notre arrivée aux sept îles, ambiance de bout du monde, la brume qui cache les sommets, le silence, l’eau est limpide et calme. Nous coupons les moteurs aux pieds des éboulis qui dévalent les raides pentes des montagnes, symphonie inattendue, des airs de forêt tropicale, nous entendons les chants des mergules nains qui résonnent dans les dédales de roches.
L’Ocean Nova repart vers le sud, direction le détroit de l’Hinlopen. En route, nous croisons la route d’un groupe de baleines, Rorqual bleu et Rorqual commun viennent respirer autour du navire. L’astre est bas à l’horizon, tout est calme, endormi, le temps d’un repos bien mérité est venu pour les explorateurs…
Réveil dans la baie de Murchison, devant l’ancienne base scientifique de Kinnvika, construite en 1957 pour l’année internationale de la géophysique. Nous débarquons à 8h45 dans ce village fantôme où nous trouvons entre autres un sauna, des bâtiments de vie commune, un atelier… Nous sommes en plein désert polaire et pourtant nous apercevons déjà de la vie, quelques rennes semblent brouter entre les pierres. Nous découvrons également des mousses, des lichens, mais aussi des Saxifrages à feuilles opposées, du Pavot arctique et autres Oxyres et Ceraistes.
De retour sur la plage le vent s’est levé et la mer est un peu agitée, mais rien n’arrête les explorateurs et nous partons pour une petite balade en zodiac. Nous avons repéré un petit groupe de morses qui se laissent approcher sans broncher, nous les admirons, nous les entendons, nous les sentons, expérience morse assurée !
De retour sur le navire, nous nous engouffrons plus loin dans le détroit de l’Hinlopen, direction Alkefjellet, la « falaise aux alcidés ». Ici nichent sur un mur de dolérite pas moins de 60 000 couples de Guillemots de Brünnich et quelques milliers de Mouettes tridactyles. Et voici qu’au pied d’un pierrier un groupe de Renards polaires, intrigués par nos embarcations vient au bord de l’eau à seulement quelques mètres.
Le brouillard tombé, nous faisons route vers Kvitøya, la soirée est calme, nous quittons le désert et il est temps pour le marchand de sable de passer. Bonne nuit polaire !
Il est 6h30, la route cette nuit a été bonne et nous ne sommes plus qu’à 90 km de l’île blanche, l’île la plus à l’Est du Svalbard à 30km de la frontière russe. Brouillard, température de 4°C, vent de 10 nœuds ralentissent notre progression et pour nous mettre dans le bain c’est une conférence de Christophe sur le célèbre explorateur Nansen qui ouvrira les activités de ce matin. Dehors, le brouillard est encore épais, les officiers sont sous tension et attentifs à toutes formes surgissant de cet univers blanc.
Vers 12h30, nous sommes arrivés près de l’île blanche, l’île où notamment furent retrouvés les restes de l’expédition de Salomon August Andrée. Cette île d’environ 700 km² est recouverte à 99% de glace. Malgré le vent supérieur à 20 nœuds, le brouillard persistant qui limite la vue à 300 m, 64 passagers décident d’affronter les éléments naturels pour aller voir cette île mythique du Svalbard. Les guides font « chauffer » les GPS car le retour ne pourra se faire qu’aux instruments. Nous longeons d’abord la plage d’Andréeneset puis la calotte glaciaire de l’île qui culmine à 410 m apparaît, montrant aussi un splendide front de glace de plusieurs kilomètres de long et d’une bonne soixantaine de mètres de haut.
Le retour se fait face au vent avec une petite douche d’eau de mer fraîche, mais nous sommes tous heureux de découvrir, perçant le brouillard, notre hôtel flottant préféré après une navigation dans un brouillard encore plus épais.
La fin de soirée est animée par une conférence d’Alain sur les cétacés, puis c’est Christophe qui, reprenant sa casquette de conférencier, nous narre l’incroyable histoire de Salomon August Andrée et de son équipe, histoire qui se finit à l’île blanche…
L’Ocean Nova se réveille dans la brume… Malgré tout, l’immense barrière de glace de la terre du nord-est est visible à quelques milles du navire. Malheureusement, la quantité de glace sur la mer, le « brash », est trop importante et le navire ne peut s’engager dans celui-ci sans danger. Notre chef d’expédition décide donc de continuer notre route pour atteindre Torellneset à la sortie du détroit d’Hinlopen. Le temps du trajet, une conférence sur l’histoire des baleiniers au Spitzberg nous est racontée par Alexandre.
Arrivés sur site vers 10h du matin, nous observons sur la plage qui borde le désert arctique un groupe de morses qui se prélassent. Un débarquement est organisé pour approcher depuis la terre le groupe de pinnipèdes. Un premier groupe de passagers entame l’approche à pas feutrés des mammifères marins tandis qu’un second groupe part à la découverte du désert arctique avec Alain. Après deux heures de belles observations, tout le monde remonte dans l’Ocean Nova tandis que le brouillard se lève peu à peu.
Après le repas, une réunion est organisée par notre chef d’expédition Christophe Bouchoux. Les dernières données météorologiques montrent que le vent se lève sur une grande partie sud et ouest de l’archipel. Nous rentrerons donc par le nord.
Le bateau remonte donc le détroit d’Hinlopen, et s’engage dans le fjord de Palander. Une sortie est organisée à 17h, les passagers de l’Ocean Nova débarquent dans un univers de Pierre est de glace.
Au retour de cette excursion, une surprise attend nos explorateurs polaires. En effet l’équipe hôtelière accueille les passagers au pont 5 pour un barbecue polaire et un bon verre de vin chaud.
Compte-tenu du coup de vent annoncé la veille, nous sommes restés dans le secteur du fjord de Palander, à savoir le fjord de Walhenberg. Nous nous rendons dans le fond du fjord où se trouve le glacier d’Eton, long de 10 Km et pourvu de formes et de couleurs de glace étonnantes, notamment dans sa partie mourante. Nous avons pu voir plusieurs rennes, des eiders, un plongeon et les habituels guillemots et mouettes. Nous rentrons pour 11h sur l’Ocean Nova (qui appareille aussitôt), puis assistons à 11h30 à une présentation des voyages Grands Espaces par l’équipe de guides.
Le déjeuner nous appelle: il est 12h30. Après un moment à vaquer à ses occupations, une conférence sur l’ours polaire nous est proposée par Bruno à 14h45. Pendant ce temps, l’Ocean Nova progresse toujours vers notre destination de la fin de journée: le Faksevagen. Nous arrivons sur site à 16h et entamons notre seconde sortie majeure de la journée, une marche. Nous nous répartissons en 3 groupes et découvrons la toundra, ce milieu si hostile au premier regard, mais si riche dès que l’on prend le temps d’observer. Après 2 heures de randonnée dans ce magnifique paysage, nous rejoignons l’Ocean Nova pour le dîner suivi du récap’.
C’est en grande partie au soleil que nous devons cette belle journée. Lumière chaleureuse sur les reliefs de roches rouges du Liefdefjord, températures clémentes, mer d’huile, sortie zodiac sans gants, crème solaire… ! Après plusieurs jours d’acclimatation à un épais brouillard, le bleu du ciel apporte beaucoup de réconfort.
Motivation générale pour la sortie de la matinée autour d’Andøyane, « les îles aux canards », même si, à cette époque de l’année, nombre des espèces présentes durant l’été ont déjà repris la route vers le sud. Ce sont finalement essentiellement les sternes arctiques qui s’offrent à nos yeux dans le cadre de leurs activités de pêche et leurs parades de défense acharnées. Quelques phoques curieux, certainement friands de plongées dans les champs de laminaires que nous observons à travers l’eau limpide, viennent également tourner autour de nos zodiacs. L’ours blanc, cependant, manque à l’appel…
Comme il en faut pour tous les goûts et tous les niveaux de marche, l’après-midi est divisé en deux activités au choix : tandis que la moitié d’entre nous s’élancent à pied sur la moraine frontale du glacier Erik, à la découverte de son lac proglaciaire, d’autres se réinstallent à bord des zodiacs pour une croisière prolongeant leur exploration du « fjord de l’amour » du côté de Lernerøyane, îles parsemées d’icebergs remarquables.
Au retour, nos aventures respectives s’échangent au détour d’un corridor ou autour d’un café, tandis que le navire fait route vers le glacier de Monaco. Le Capitaine s’engage alors dans le brash pour nous offrir une vue panoramique et rapprochée de ce front de glace mythique. Une fois de plus, nous nous régalons des nuances et motifs que forment les glaces mêlées de moraines, et jouons à capturer en images les jeux de réflexion qu’offre une mer décidément très calme. Allongé sur une plaque de glace, un phoque barbu regarde passer ce monstre d’acier nonchalamment.
Le récap’ de la journée met à l’honneur la sterne arctique ainsi que quelques anecdotes de la guerre météorologique au Svalbard durant la seconde guerre mondiale. Puis, l’ingénieur en chef prend le temps de répondre à nos questions sur les machines propulsant notre cher Ocean Nova.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Merci de transmettre ce commentaire à votre Chef d’expédition!
A l’attention de Christophe BOUCHOUX, Chef d’expédition à bord de l’Ocean Nova, actuellement au Spitzberg (du 4 au 15 août 2017).
Cher Monsieur,
Nous avons une amie de longue date qui effectue le voyage avec votre groupe (Mme R.-M. M). Elle nous a fourni les indications pour suivre le compte rendu de votre voyage. Merci de vos descriptions et de vos récits journaliers! J’ai espéré voir quelques photos des régions visitées. Mes questions et suggestions sont les suivantes:
1) Serait-il possible d’inclure dans vos récits journaliers une ou deux photos?
2) Notre amie s’est embarquée volontairement sans appareil photo, afin de jouir au maximum de l’instant présent, ce que je conçois tout à fait. Planifiez-vous l’édition d’un DVD ou d’un album photo à remettre à chaque participant de votre belle croisière? Comme co-organisateur et médecin d’un voyage d’étude au Vietnam, c’est ainsi que nous avons procédé. Les photos ne provenaient pas seulement d’un photographe officiel, mais de 4 ou 5 participants – de bons amateurs – , qui ont mis leurs prises de vue à disposition, et nous avons ainsi, après choix et sélection des meilleurs clichés, publié un album distribué par la suite à chacun. Avec un DVD, c’est encore plus simple et moins onéreux.
Peut-être que ma deuxième suggestion est superflue. Un DVD ou un Album serait aussi une formidable réclame pour d’autres intéressés à vos croisières (via le bouche à oreille)!
Merci de toute l’attention que vous vouerez à la présente, et bonne fin de voyage à vous tous,
Amicalement,
Eric STETTLER
Bonjour à tous et merci pour ces compte rendus très intéressants qui nous ont permis de suivre cet extraordinaire aventure de nos chers parents Michel et Yvette Colomés pour célébrer leur 60 ans de vie commune, nous les embrassont tous très fort, bonne fin d’expédition à tous.