Lydie Lescarmontier
Changement Climatique
7 juillet
14 juillet 2017
À bord de l’Ortélius, juillet 2017
Lydie Lescarmontier
Changement Climatique
Survol du Spitzberg et en particulier du secteur de Hornsund en partie dégagé de sa couverture nuageuse laissant pointer le sommet de Hornsuntind (1431 m).
Arrivée à Longyearbyen en début d’après-midi et départ pour l’excursion dans la vallée de l’Adven sous la conduite d’Alain et Christophe. Nous embarquons sur l’Ortelius et après l’exercice obligatoire d’abandon du navire, nous voguons vers les mers du Sud…
76°58′ Nord x 15°35′ Est
Après une nuit calme bercée par une mer d’huile, nous découvrons le fjord de Hornsund et la baie de Burgerbugta, non loin de la base de recherche polonaise.
Croisière zodiac dans une baie originellement cartographiée par Jonas Poole en 1610, en direction du glacier Paierl. Splendide observation du retournement d’un gros iceberg bleuté qui retrouve progressivement son équilibre.
Dans l’après-midi, premier contact avec la terre du Spitzberg. Nous débarquons au pied de la grande falaise de Gnalodden, la bien-nommée, où les multitudes de tridactyles braillent à longueur de saison de reproduction d’où l’étymologie du site.
Nous visitons la cabane de trappeur puis nous gravissons l’éboulis du pied de la falaise. Nous croisons le beau renard brun avec une jeune bernache dans la gueule. Près de la plage, les goélands bourgmestres sont assis sur leurs nids, couvant leurs œufs. Visite des restes d’une cabane pomore datant de deux siècles environ près de laquelle se trouve une tombe de baleinier.
Près de la plage, un couple de labbes parasites défend son nid contre quelques passagers égarés en territoire ennemi.
Après une première journée à la découverte en zodiac et à pied du Sud-Ouest du Svalbard, en ce deuxième jour de voyage, l’aventure se poursuit vers la pointe sud de l’archipel. Nous franchissons le Cap Sud vers 23h00 dans une mer modérément agitée avec des vents de vingt nœuds pour nous diriger plus à l’Est et remonter le Storfjord – un bras de mer entre le Sud-Est du Spitzberg et les îles de Barentsøya et d’Edgeøya – au cours de la nuit. Au petit matin, c’est l’île d’Edgeøya que nous découvrons tout d’abord. Nous effectuons notre premier débarquement du jour à Dolerittneset, non loin du Cap Lee au Nord-Ouest de l’île. Ce site tire son nom d’une roche particulière : la dolérite. Ce secteur est également connu pour sa cabane de trappeurs norvégiens octogonale dite « le carrousel » bâtie en 1904 et surtout pour son cimetière de morses massacrés par les baleiniers puis les trappeurs dès le 17e siècle. Le clou du spectacle est incontestablement l’observation de morses bien vivants, eux, au cours d’une approche à pied d’un groupe d’une quinzaine d’individus mâles se reposant sur une plage, fantastique ! Tout au long de cette sortie, des rennes peu farouches nous accompagnent çà et là. Une matinée incontestablement très riche. Après le déjeuner, l’Ortelius se dirige en début d’après-midi vers le Cap Waldburg au sud-est de Barentsøya. Une seconde excursion nous mène à terre dans un canyon où nichent des centaines de mouettes tridactyles, bruyantes mais spectaculaires ! Des renards polaires à peine dérangés par notre farandole multicolore de bipèdes déambulent entre les différents groupes. Certaines personnes courageuses sont même montées au-dessus d’un second canyon pour y observer les oiseaux de haut, une jolie cascade et bien entendu le paysage infini magnifique de Freemansundet. Cette belle journée a fait l’objet de plusieurs récapitulatifs instructifs puis nous avons poursuivi avec une agréable navigation dans la banquise sous une douce lumière.
Depuis le début de la « nuit », nous sommes entourés de plaques de banquise. Le capitaine a coupé les moteurs afin que nous puissions profiter du silence et de la beauté des paysages. La première nuit de veillée « ours blanc » est lancée et les guides se relaient par paires pour surveiller la glace et « spotter » les ours.
À 6h30 du matin, nous levons l’ancre et partons vers la Terre du Nord-Est en direction du glacier Bråsvell.
La matinée est dédiée à l’observation de la banquise ainsi qu’aux ateliers photographiques proposés par David et Philippe au bar. L’Ortelius continue de se faufiler lentement entre les plaques de banquise et atteint durant la matinée les coordonnées GPS suivantes : 78°45’858 N et 023°56’680 E.
À 15 heures, une croisière zodiac est organisée afin de découvrir la banquise de plus près. Le spectacle des glaces est saisissant et agrémenté de quelques pétrels, mouettes tridactyles et guillemots. Quelques passagers ont même la chance d’observer une mouette ivoire ! Un débarquement sur une plaque de banquise est organisé sous un soleil radieux. Cette expérience est une première pour de nombreux passagers et restera gravée dans leur mémoire ! Nous dérivons avec la plaque et avons parcouru 127 mètres en 12 minutes, soit une vitesse d’environ 11km/jour. À notre retour, l’équipage de l’Ortelius nous réserve une surprise en nous accueillant avec un chocolat chaud et des gâteaux sur le pont extérieur du bateau.
Le récapitulatif de la journée est bien évidemment essentiellement dédié à la banquise mais aussi aux micro-organismes qui vivent dessous. Il est présenté par Lydie et Anaïd. Adrien et Nathanaël se focalisent sur les oiseaux, détaillant ainsi les trois spécimens vus le plus fréquemment depuis notre croisière : la mouette tridactyle, le goéland bourgmestre et le fulmar.
Après un dîner copieux, nous arrivons enfin à notre destination : Bråsvellbreen. Les cascades qui s’écoulent depuis le sommet de la calotte nous offrent un spectacle à couper le souffle dont nous allons profiter toute la nuit.
Début de journée ensoleillé sous le signe de la chance. Un ours est repéré vers 7:00 sur l’île de Pescheløya. Départ pour une observation en Zodiac après un repérage sans véritables certitudes, car notre ours joue à cache-cache. Finalement, ce sera un autre ours que nous suivrons. Premier contact qui n’aura pas la coopération escomptée, car notre individu préfère dormir ! Malgré tout, nous observerons avec plaisir les sternes arctique papillonnant au ras de l’eau à la recherche de nourriture sous le regard de quelques Eiders à Duvet.
Retour à bord de l’Ortélius juste avant le brouillard.
A 11:30, Samuel nous passionne avec sa conférence d’introduction au Svalbard. Un rapide historique et une description de la géographie, la faune et la flore sans oublier les grands noms des aventuriers.
Nous commencerons l’après-midi avec une autre conférence tout aussi passionnante de Lydie sur la banquise.
En attendant d’atteindre notre objectif de navigation vers la falaise de Alkefjellet, David et Philippe se chargent de continuer leurs ateliers photographiques avec succès!
17:00, sous un temps couvert nous préparons le départ en Zodiac vers Alkefjellet. Notre navigation débutera du sud par les orgues de Dolérite qui culminent à 371 m d’altitude, abritant l’une des plus grandes colonies de Guillemots de Brünnich. Petit à petit, le soleil fera son apparition pour mettre en splendeur le glacier au Nord. Retour dans le froid arctique, une fois encore la chance nous sourit, le brouillard se lève dès que nous rentrons à bord. Cette nuit sera ponctuée de tours de veille pour l’entrée dans la banquise avec l’espoir de voir un ours.
A-t-on réussi à passer le détroit d’Hinlopen ? Réussi à atteindre les côtes nord du Spitzberg par l’est ?
A-t-on une dernière chance d’observer un ours sur la banquise ?
Voici les interrogations qui occupent nos esprits ce matin.
C’est sans compter sur les conditions météorologiques optimales qui continuent d’agrémenter notre croisière expédition.
Les 80° de latitude nord sont franchis au milieu de la nuit et le premier objectif est atteint.
La veille nocturne pour trouver l’ours polaire a été infructueuse, mais Christophe Bouchoux sait fasciner son auditoire en racontant l’épopée du légendaire Nansen et du Fram.
En milieu d’après-midi, les recherches portent leurs fruits et nous découvrons un groupe de narvals composé d’une quinzaine d’individus au milieu de plaques de banquise.
L’observation est magnifique, nous les suivons pendant près d’une heure au travers des glaces. Nous apercevons à plusieurs reprises la fameuse dent qui a forgé la légende de ce cétacé si rare et mystérieux.
L’enthousiasme est palpable sur le navire, pour beaucoup d’entre nous c’est la première fois, même pour le capitaine de l’Ortélius.
Après une telle rencontre, nous en sommes certains maintenant, nous allons trouver un ours.
Et la chance continue de nous sourire puisque moins d’une heure plus tard nous apercevons une tache crème à l’horizon, il est là.
Nous investissons de nouveau les ponts extérieurs. L’ours est actif, il se déplace beaucoup, traverse des bras de mer à la nage, franchit des hummocks… Il prend quelques instants pour se renseigner à notre sujet. Notre odeur l’interpelle, mais ne semble pas être assez intéressante à son goût.
Il reprend son chemin.
Nous le suivons sur quelques centaines de mètres avant de le laisser disparaître dans l’immensité du Grand Nord.
Après ces deux extraordinaires rencontres, il semble difficile de faire mieux et pourtant la journée n’est pas finie. De nombreux phoques du Groenland viennent jouer à l’avant du navire. Un macareux moine survole la proue et quelques rorquals de Minke laissent apercevoir leur aileron avant de sonder.
La journée se termine par une conférence sur l’ours de Fabrice Capber qui s’appuie sur notre récente expérience.
Le bateau met le cap au sud.
Demain, nous serons dans le Woodfjord.
Ce matin, nous nous réveillons à 7h30 à proximité de l’île d’Andøyane. La météo n’est malheureusement pas de notre côté ; une fine pluie tombe sur notre position. Un ours est localisé depuis la passerelle mais un autre navire est déjà en train de l’observer. Notre chef d’expédition du jour Christophe Bouchoux (qui prend la place de Christian Genillard le temps d’une journée) doit trouver un plan B… L’île d’Andøyane est peuplée de sternes, d’eiders et d’oies à bec court, ce qui laisse présager de belles observations ornitho ainsi que de leurs prédateurs. Nous organisons donc une croisière zodiac pour faire le tour de l’île et avons la chance de voir 2 renards polaires et pour la première fois, des phalaropes à bec large, bécasseaux violets et hareldes boréales. Nous regagnons ensuite le navire pour le repas et une navigation en direction du Liefdefjorden. À 15h, nous débarquons à terre au pied du glacier d’Erik pour une marche sur la moraine d’où nous avons une vue splendide sur l’Erikbreen. La promenade est l’occasion d’observer la flore du Svalbard (avec ses saxifrages, ses lichens et autres réjouissances). Nous avons aussi la chance de tomber sur de belles traces d’ours fraîches et sur un piège à renard. En fin de journée, après le repas, le commandant de l’Ortélius nous offre une splendide navigation face à l’immensité du glacier de Monaco. Nous pouvons alors contempler de très gros icebergs avant de repartir pour une navigation de nuit en direction du Raudfjord.
Nous nous réveillons ce matin au milieu des reliefs à la fois doux et abrupts du Raudfjord dans l’espoir d’explorer la baie de Hamilton en zodiacs. Malheureusement, la persistance de vents forts et de précipitations nous force à y renoncer. Tandis que certains préfèrent rester sous la couette, d’autres s’accrochent a leurs jumelles (et ont la chance d’observer notamment deux petits rorquals de passage) ou se retrouvent autour d’une boisson chaude. Le temps libre laisse place à deux conférences : Anaid et Christophe nous emmènent d’abord dans les eaux riches de l’arctique avec un aperçu en images de sa vie planctonique, puis Alex nous fait voyager dans le temps, avec le récit passionnant de la guerre météorologique venue troubler le repos de ces terres durant la seconde guerre mondiale. Nous prenons le repas pendant que l’Ortelius fait route vers le fjord de la Madeleine où nous espérons trouver les conditions propices à un débarquement. C’est ce que nous faisons, à Graveneset, encore un lieu chargé d’histoire puisque c’est ici que William Barentz posa pour la première fois le pied au Spitzberg en 1596. La présence notamment d’anciens fours à graisse et de nombreuses tombes nous rappellent combien la chasse baleinière fut rude, tant pour la baleine franche (quasi disparue dans les eaux de l’archipel) que pour les hommes à la recherche d’aventures ou de fortune. Les aménagements qui protègent ces sites témoignent également d’une importante fréquentation touristique et ce depuis la fin du XIXe siècle. Sur notre chemin vers Gullybreen, nous fondons devant Sternes et Bernaches prenant soin de leurs petits. Quelques irréductibles sont partis vers une colonie de mergules nains dans l’espoir d’approcher ces oiseaux encore restés discrets depuis le début du voyage. Au retour, nous trouvons le réconfort dans un repas de grillades et la soirée se poursuit au bar, dans une ambiance joyeuse. Mais la fin du voyage approche, teintée d’une pointe de nostalgie.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Bonjour Colette,
j’espère que tu fais de nombreuses photos!!! que je puisse profiter aussi des paysages ;
Premier voyage avec « Grands Espaces ». Il aurait été dommage de le rater. Un seul qualificatif : « parfait ».
Ortélius ; commandant à l’écoute n’hésitant pas à modifier son itinéraire. Personnel souriant et efficace. Restauration de très bonne qualité.
Avis de Bourguignon. Même les vins offraient un très bon rapport qualité/prix. Un Chablis 1er cru 2013 à 20 euros sur table, cela vaut la peine d’être signalé.
Ce bateau affecté de seulement 2* en mérite au moins une de plus. Ou alors que doivent réserver les bateaux à 4*?
Grands Espaces : des accompagnateurs à hauteur du chef d’expédition, c’est à dire très haut. En moyenne 1 accompagnateur pour 4 participants.
Des guides, y compris les stagiaires, très compétents et professionnels, connaissant à fond leurs sujets de prédilection. Des exposés concis et passionnants.
Mammifères : Ours polaire : 2 observations (seulement pour certains), mais de grande qualité dans la durée. Ce sont les humains qui y ont mis un terme. Renards arctiques à gogo, Morses, Phoques de 4 espèces et le top : les Narvals (espèce rarissime qui vaut bien une vingtaine d’Ours).
Oiseaux : difficile de faire mieux. Plus de 20 ‘espèces caractéristiques de l’Arctique, avec surtout Mouettes ivoire et de Sabine (qui valent bien aussi quelques Ours), Phalarope à bec large et un clin d’oeil aux Mergules nains, ces Macareux en noir et blanc.
Paysages enfin : le meilleur pour la fin. Grandioses avec glaciers et petits icebergs de toutes les couleurs et la banquise …
Ne pas oublier : c’est la Nature qui décide. La partie Nord-est était inaccessible.
A bientôt pour le prochain voyage et merci …