Xavier Allard
Arctique
13 août
23 août 2016
À bord du Polaris, du 13 au 23 août 2016
Xavier Allard
Arctique
Benjamin Dy
Destinations Nordiques et Antarctique
L’avion se pose à Longyearbyen à 11 h 30 et les bagages sont embarqués dans la foulée. Après-midi libre en ville puis départ de croisière vers 17 h 30. Arrêt à 17 h 40 pour l’observation d’une femelle ourse polaire et de son jeune de un an et demi juste en face de Longyearbyen. 18 h 30, pot d’accueil et débriefing sur les consignes de sécurité à bord, lors de l’embarquement et de la navigation zodiacs, sur les réglementations de l’AECO pour les sorties à terre, ainsi qu’une présentation générale des régions visées pour cette croisière expédition. Vers 22 h, la fatigue rattrape les esprits.
Réveil dans la baie Skansbukta au sein du Billefjord. Comme la météo l’avait prédit, le plafond est bas et la pluie tombe. Cependant, le moral est bon et nous partons pour un trek de 6 heures dans cette superbe vallée. La dense toundra verdoyante s’assombrit et s’éclaire dans les allées et venues des averses et éclaircies. Les rennes sont nombreux et la taille de leurs panaches atteint des records. Les paysages sont grandioses et nous suivons un canyon de plus en plus étroit qui nous fait saisir la dimension de l’environnement qui nous entoure. Vers 15 heures, le vent s’est levé et la mer moutonne. Direction Pyramiden où nous débarquons et nous laissons surprendre par le caractère improbable de cette ville fantôme russe. L’expérience est inédite. Les mouettes tridactyles ont investi les fenêtres des immeubles, les graminées envahissent les ruines du centre-ville et les anciennes installations de l’exploitation du charbon jonchent les versants des montagnes avoisinantes. Vision irréelle et hors du temps. Un rapide saut au glacier Nordenskioldbreen en soirée devant lequel nous dînons. Puis nous levons l’ancre pour une navigation de nuit qui nous mènera dans le St. Jonsfjorden plus au nord.
Il est 7h et c’est dans le St Johnsfjord que nous nous réveillons, nous prenons un petit-déjeuner après notre nuit agitée bercée par la houle. Nous débarquons au fond de ce fjord pour partir randonner sur le Valentinriggen coincé entre deux énormes glaciers : le Konobreen et le Osbornebreen. Nous commençons par monter dans un terrain sans difficulté et nous découvrons notre premier point de vue sur le glacier de Konobreen. Nous continuons notre ascension et la vue sur le second glacier est saisissante. Nous arrivons au sommet après une bonne heure de marche et nous prenons le temps d’admirer les deux langues glaciaires qui rampent tel des dragons déversant dans la mer de gros icebergs. Nous continuons notre marche sur un grand plateau que nous traversons jusqu’à son extrémité nord. Nous arrivons à même le glacier, nous sommes si petit devant cette démesure, ce sont des kilomètres de glace qui se déroulent devant nos pieds, le spectacle est grandiose ! Puis, nous repartons sur l’autre versant pour admirer le front du second glacier. La progression est rapide et nous descendons droit dans la moraine pour rejoindre la plage où des bourguignons se sont échoués sur le sable. Nous repartons au Polaris pour déjeuner : il est déjà 14h. Nous naviguons avec le Polaris pour ressortir du StJohns et en fin d’après-midi, nous débarquons sur la presqu’île de Sarstangen où une colonie de 30 morses fait la sieste, empilés les uns sur les autres. Qu’ils sont énormes et impressionnants avec leur longues défenses ! Nous terminons notre journée dans la baie de la croix, plus exactement à Signehamna.
Ce matin, c’est devant l’immense front de glace de Lilliehookbreen que nous partons faire une randonnée sur le mont Oyenrabben. Au débarquement, la tension est au maximum, car quelques jours plus tôt, un énorme ours a été observé sur la plage dévorant un phoque. Mais la nature a fait son travail et il ne reste plus aucune trace de la carcasse du phoque et l’ours doit avoir quitté les lieux. La randonnée commence par la traversée à gué d’un torrent puis nous filons vers le sommet dans un terrain assez facile. Nous arrivons sur une épaule qui nous offre une belle vue sur des sommets acérés. Puis nous progressons assez rapidement jusqu’au sommet et là, c’est fabuleux, une vue aérienne s’ouvre sur l’immense glacier de Lilliehook avec ses 7 km de front. Le tout sous un beau soleil. Nous longeons un des 14 glaciers qui alimente ce front. Nous pénétrons dans un nouvel univers, celui de la glace. Nous faisons une boucle sur cette langue glaciaire (Forbesbreen) et nous repartons dans un passage qui nous mène sur un vieux glacier. Nous descendons tranquillement jusqu’à sa langue terminale et finissons la randonnée dans un énorme tas de pierres, vestige de l’avancée du glacier pour terminer au niveau de la plage. Après le déjeuner, nous partons en zodiac devant le front du glacier de Lilliehookbreen et c’est devant un spectacle de vêlage assourdissant que nous profitons de ce lieu. Notre zodiac traverse et passe entre des milliers de morceaux de glace appelés brash et bourguignons. De retour à bord, nous partons en direction du nord et de la baie de la Madelaine.
Réveil en baie de La Madeleine. Nous sommes seuls et profitons du calme pour nous rejoindre sur le pont afin de présenter le parcours de la journée. Nous sommes à terre à 8 h 45 et commençons notre ascension sur la langue glaciaire de «Mietbreen». Il nous faut 2 h 30 de randonnée pour gravir les 560 mètres de dénivelé jusqu’au col. Le paysage est superbe. Un léger brouillard vient nous envelopper lors de notre pause et sonne le début de la redescente. La glace irrégulière de surface facilite notre progression et nous arrivons au bateau vers 14 h 00. Après un rapide repas, deux morses sur une plaque de glace dérivante sont repérés. Nous partons pour une croisière zodiac d’une heure pour les observer. De retour au Polaris, nous levons l’ancre en direction du nord, mais un ours se trouve sur le littoral du Bjornfjord 30 minutes plus tard. Les zodiacs sont remis à l’eau. L’observation commence. Au fur et à mesure des heures qui passent, cette femelle d’abord furtive nous accepte et nous la suivons le long du rivage sur plusieurs kilomètres. L’observation se termine dans le brash d’un glacier à la sortie du fjord. Il est 21 h 30 lorsque nous sommes de retour au bateau. L’ancre est posée, le dîner est servi. Une magnifique journée polaire prend fin.
Réveil dans la baie de Sheibreen. Ce matin, ascension du glacier du même nom. La sortie est belle et le ciel est dégagé, car un violent vent du sud s’est levé. Nous longeons une impressionnante crevasse sur la partie gauche du glacier, puis rejoignons une moraine et un sommet. La vue est encore une fois superbe. L’atmosphère est claire et la vision porte très loin. Les nuages sombres accentuent le caractère austère de ces montagnes. En début d’après-midi, nous repartons pour le glacier de Smeerenburg, l’île Danskoya et Amsterdamoya en passant par plusieurs fronts de glaciers. Le vent forcit dans l’après-midi et nous interdit le débarquement à Smeerenburg. Les bourrasques de 30 à 35 nœuds nous forcent à revenir nous abriter dans le Fuglefjord où nous effectuons une petite sortie zodiac pour les plus téméraires. Au vu de la météo des jours à venir, nous décidons de redescendre après dîner en baie de la Madeleine et de partir très tôt le lendemain matin pour redescendre vers la baie du roi avant le prochain coup de vent. La houle, où quelques morses s’ébattent ici et là, nous accompagne jusqu’au mouillage abrité du soir.
5 heures du matin, l’ancre est levée. Direction le sud et la baie du roi pour éviter un coup de vent à venir sur le nord-ouest de l’archipel. À 10 h 30, nous sommes au glacier du 14 juillet dans le Krossfjord et nous partons pour une randonnée de presque 5 h 00 vers un point de vue sur la vallée et ses gigantesques moraines. Le soir venu, nous sortons du fjord pour rejoindre la baie de Nordvagen au nord de l’île de Blomstrand, dans la baie du roi. En dînant dans le brash du glacier, nous apercevons quelques phoques marbrés et notre premier béluga. La nuit s’annonce très calme.
7 h 45, café à la main, une femelle et son jeune sont repérés en face de notre mouillage. Zodiac à l’eau et observation de leur petite escalade vers une falaise où niche une colonie de mouettes tridactyles. Vers 10 heures, nous débarquons à Ossiansarsfjellet pour une randonnée de 3 h 30 sur les crêtes de la région. Le plafond est bas, mais les lumières radieuses et les paysages à couper le souffle. Rennes et renards sont au rendez-vous. En soirée, retour vers nos deux ours qui n’ont pas bougé d’une oreille depuis le matin, puis départ vers la baie de Grimaldibukta sur l’île du Prince Charles.
Une colonie de morses se repose sur la lagune devant le bateau. Nous nous sommes en effet arrêtés hier soir à l’abri de la houle derrière la lagune de Oyrflaket pour la nuit. Nous levons l’ancre pour la baie de Grimaldibukta vers 8 h 45 d’où nous gagnons la zone de Buchananryggen, et entreprenons de longer le littoral à pied où nous apercevons de nombreux limicoles ainsi que des phoques barbus et communs. Nous prenons la direction d’un col entre deux pics montagneux. Le paysage est superbe et très atypique, fait d’aiguilles rocheuses acérées qui s’élancent vers le ciel et des glaciers qui s’écroulent sur eux-mêmes de part et d’autres de ces piliers naturels. Malheureusement, le brouillard se lève soudainement et nous ne voyons plus que nos pieds lors du passage le plus radieux au col. Retour au bateau, dîner et… fabuleuse éclaircie… Nous reprenons notre navigation vers la vallée de Finneryggen et Scotiadalen. Les lumières sont superbes, les paysages de toundra resplendissants. Tout est calme autour de nous. Nous visitons une ancienne cabane de trappeur perdue dans ces paysages de bout du monde. Elle parle d’elle même, mais nous saisissons malgré tout l’occasion pour revenir sur l’histoire de l’exploitation faunique au Svalbard au cours des siècles. Vers 18 h, nous levons l’ancre pour Poolepynten où quelques morses nous attendent. Le vent est encore tombé, le ciel est bleu et la vue porte à des dizaines de kilomètres d’un bord comme de l’autre du bateau. Direction l’Isfjord.
Réveil dans la baie de Ymerbukta face au glacier de Esmarkbreen. Trois énormes phoques barbus sont au repos sur la glace dérivante devant le glacier. Nous approchons l’un d’entre eux en zodiac à une vingtaine de mètres avant de nous faire déposer sur le littoral de la baie pour partir randonner sur la moraine. Le terrain est stable et la progression rapide. Un premier point de vue nous ouvre une perspective intéressante sur le glacier, les montagnes ainsi que l’Isfjord en contrebas. Le deuxième petit sommet nous ouvre la vue sur une très belle petite vallée intérieure dont les versants sont recouverts de toundra. Une compagnie de lagopèdes alpins s’envole et passe à quelques dizaines de mètres de nous. Nous entamons une redescente en longeant la moraine jusqu’au littoral. Vers 13 h 00, nous sommes à bord pour le dîner et levons l’ancre pour rejoindre le glacier de Sveabreen. À 17 h 00, les zodiacs sont à l’eau pour une excursion sur le front de glace. Les lumières sont superbes, le ciel dégagé. Le fjord est rempli de brash et d’icebergs. La poussée de ce glacier en surge est surprenante. La glace s’écrase sur ses flancs et emporte les moraines latérales. Deux heures plus tard, nous sommes de retour sur le pont du Polaris pour célébrer au champagne cette magnifique journée et ce voyage qui touche à sa fin. Nous prenons la direction de Longyearbyen en début de soirée, car deux heures de navigation nous attendent à travers l’Isfjord. Les bagages sont montés sur le pont, les zodiacs sont chargés. Retour à terre, retour aux airs…