11 décembre
26 décembre 2017
À bord du Hans Hansson, décembre 2017
11 décembre : Notre aventure commence à Punta Arenas, capitale de la Patagonie Chilienne. Les participants Grands Espaces se retrouvent et passent à travers les différentes étapes de la préparation au voyage.
C’est à ce moment-là que l’Antarctique nous donne sa première leçon ; car dans cette région reculée et sauvage, c’est la nature qui règne ; le décollage ne sera pas possible demain.
Toute l’équipe fait contre mauvaise fortune bon cœur. Et tout le monde croise les doigts pour le jour suivant…
La malchance se poursuit de jour en jour avec le brouillard qui s’accroche sur l’île du roi Georges puis la neige qui recouvre la piste d’atterrissage. Le moral de l’équipe reste bon et nous en profitons pour visiter l’île Magdalena au large de Punta Arenas, peuplée de Manchots de Magellan. L’excursion passe également par une petite île, refuge de cormoran patagons et de lions de mer. Nous visitons ensuite le fort Bulnes, premier lieu peuplé dans cette zone hostile et ancêtre de Punta Arenas. Nous testons les bons restaurants de la ville, « Le San Telmo », « la Marmita » pour garder le moral et l’optimisme propres aux aventuriers que nous sommes.
Enfin, les conditions pour voler sont bonnes mais c’est un incident technique cette fois qui retarde notre départ avec l’un des deux appareils prévus qui n’est pas opérationnel. Christophe en profite pour improviser une conférence sur le champion du pôle sud ; « Roald Amundsen ». Le début de notre aventure est proche et cette évocation nous met déjà dans l’ambiance.
Enfin, l’avion décolle et atterrit 2 heures plus tard sur l’île du roi Georges dans la base Chilienne Frey. Juliette, Dion et Franck sont là pour nous accueillir à bord du Hans Hansson avec un bon café. Visite du bord, consignes de sécurités et nous voilà partis vers nos aventures bien mérités.
Le Hans Hansson a fait route toute la nuit pour nos déposer ce matin sur l’incroyable île Gourdin tout au nord de la péninsule. Manchots Adélie, Papou et Jugulaire sont là, sur leur nid ou circulant autour de nous, vivant leur existence d’oiseaux pélagiques sans trop se préoccuper des drôles de bipèdes que nous sommes. Le site est superbe avec ce mariage typiquement antarctique de la roche et de la glace. Pour fond de nos photos d’oiseaux, les icebergs gigantesques décorent l’horizon. Voilà notre patience et notre ténacité bien payée.
Cerise sur le gâteau, nous voyons nos premiers poussins Adélie. Certaines mères ont particulièrement bien travaillé et nourrissent deux becs affamés cachés sous leurs matrices. Les cliquètements photographiques couvrent parfois les appels des manchots.
L’après-midi, après le délicieux déjeuner préparé par Juliette, la « swiss army wife » poly talentueuse, le Hans Hansson fait route pour le site de Brown bluff, au fond de l’Antarctic sound libéré de Glace. Le paysage est à couper le souffle, les icebergs sont imposants et quelques pétrels géants et autres océanites ou damiers profitent des courants d’airs provoqués par notre navire.
A terre, ce sont les goélands, les papous et d’autres Adélie qui nichent entre la plage et la falaise. Un phoque léopard tourne autour d’un floe où s’est réfugié un papou. On aperçoit du bout des jumelles quelques pétrels des neiges qui nichent plus haut dans les éboulis.
Nous ne nous lassons pas d’observer le nourrissage des petits manchots et quittons à regret ce site magnifique.
Ce matin, le courant a rempli la partie sud de l’Antarctic Sound et nous interdit d’aller plus avant vers la mer de Weddel. Le Hans Hansson prend le cap vers le nord et passe entre les plaques, s’arrêtant devant un phoque léopard en digestion et poursuit vers le site de Madder Cliff. Là, notre équipe d’aventurier gravit la première ligne de collines pour rejoindre un cairn d’où la vue est simplement époustouflante. La baie est peuplée d’iceberg géants. Sur la côte, l’eau translucide laisse apparaitre les fonds. Les colonies de manchots occupent les collines aussi loin que l’œil se perd. La poésie du paysage nous laisse silencieux. Ce n’est que l’appel du ventre qui nous oblige à rentrer.
A partir de maintenant, il faut naviguer pour rejoindre les sites plus au sud le long de la péninsule. L’après-midi sera donc dédiée à la navigation.
Christophe en profite pour faire un exposé d’introduction à l’Antarctique, exposant les bases de ce continent de tous les superlatifs : Le plus froid, le plus haut, le plus d’eau douce et de glace, le plus venteux, le plus riche en plancton…
Après diner nous restons dans la navigation avec le documentaire de l’épopée de « Damien » sur lequel le papa de Dion, Jérome Poncet a passé 5 années dans les années 70 avec Pierre Janichon à sillonner les mers du monde.
Cette journée restera longtemps gravée dans la mémoire des participants à cette aventure sur le Hans Hansson en péninsule antarctique.
La matinée est dédiée à la découverte de Mikkelsen Harbour sur l’île D’hainaut, minuscule. 4 phoques de Weddell nous attendent sur la plage et se prêtent aux appareils photos crépitants au milieu d’os de baleine épars à côté d’une vieille barque abandonnée. Les rochers sont habités de manchots papou sur leurs œufs. A l’autre bout de l’île, un petit refuge entretenu par les argentins et gardé pour l’occasion par une femelle éléphant de mer en mue. Le soleil est de la partie ce matin et les opportunités photographiques se déclinent à l’infini.
Nous partons à reculons de cet endroit très peu visité en direction des îles Entreprises.
En chemin notre capitaine propose de passer par le petit canal entre le continent et l’île Bluff. Le temps est méditerranéen avec soleil de plomb et ciel bleu. Le décor est incroyable entre les glaciers, les pics et les icebergs. Pour couronner le tout, 4 baleines à bosses viennent se nourrir à la sortie du canal. L’observation est hors du temps et nous passons le reste de la journée à observer ces cétacés parfois soufflant, parfois montrant leurs nageoires caudales au milieu de cet environnement enchanteur.
La journée se termine finalement comme prévu dans les îles Enterprise, plus précisément à Foyn Harbor où le Hans Hansson vient s’amarrer à l’épave du Governoren, sabordé en 1915 suite à un incendie à bord alors qu’il transportait une cargaison d’huile de baleine.
Nous profitons du temps clément pour prendre l’apéritif à l’extérieur en compagnie des sternes antarctiques.
Après l’excellent dîner, personne ne se fait prier pour aller se coucher, épuisé d’une bonne fatigue acquise dans cette journée de grand air.
L’Antarctique se révèle égale à elle-même ce matin ; Changeante et inattendue. Les conditions estivales de la veille ont laissé la place à l’hiver. Nuages bas, neige nous accompagnent durant notre petite croisière zodiac à la recherche des vestiges de l’époque baleinière. Çà et là, des vieilles barques en bois gisent sur les rochers, sortant à peine d’une couche de neige épaisse. Nous rencontrons 2 phoques de Weddell, des cormorans et des manchots papous. Deux immenses icebergs en arche attirent notre attention mais nous restons à distance pour faire nos photos.
Enfin, le Hans Hansson reprend sa navigation vers le sud. Les conditions restent couvertes et venteuses et Christophe en profite pour nous faire une présentation sur les manchots afin de répondre aux ultimes questions.
Nous arrivons à la pointe de Damoy et débarquons sur ce site où une cabane du British Antarctic survey est ouverte à la visite. De là, on peut également monter sur la colline et voir l’île Goudier et port Lockroy que nous visiterons le lendemain. La région est splendide et nos photographes font des prises panoramiques. Nous n’oublions cependant pas d’aller rendre visite aux quelques manchots papous qui habitent l’endroit.
Cette belle journée polaire se termine par le film racontant la vie de Claude Lorius « la glace et le ciel ».
21 décembre : Le vent s’est levé cette nuit avec des pointes jusqu’à 70 nœuds !! Dion n’a pas beaucoup dormi… Ce matin, les conditions sont plus clémentes mais toujours couvertes et venteuses ce qui ne nous gêne pas pour visiter le site de port Lockroy dont le musée et le célèbre magasin-bureau de poste de l’Antarctique où nos participants peuvent poster leur courrier.
Nous continuons vers le sud tandis que Christophe nous parle de la vie du Commandant Charcot venu dans cette région pour ses 2 hivernages au début du 20e siècle. Témoins de ces épisodes, de nombreux endroit ici portent des noms français (dont Port Lockroy…).
Tout de suite après, le temps se lève et pendant quelques heures le soleil revient. Juste le temps de passer le célèbre canal de Lemaire dans toute sa splendeur. Que de beautés polaires, la neige et le roc dans leur plus beau mariage. Heureusement que nous sommes sur un petit bateau car il y a encore de nombreux icebergs dans le canal et le Hans Hansson se faufile entre les floes.
Nous passons le reste de l’après-midi sur l’île Peterman à l’endroit même où le commandant Charcot effectua son second hivernage en 1909/10. Nous trouvons les lettres PP gravées dans le roc par l’équipage du « Pourquoi pas » en quittant le site. Les Papous, Adélies, Goélands, Labbes et les cormorans impériaux sont au rendez-vous de ce site fabuleux.
Le temps se couvre à nouveau et le vent se lève ce qui nous pousse à rentrer au plus vite car la glace gagne la baie.
Le Hans Hansson reprend cap vers le Nord et va chercher un abri sous l’île Booth, lieu du premier hivernage du commandant Charcot en 1904/5.
Une belle journée polaire franco-française… Pourquoi pas ?
Ce matin le temps retourne au beau avec soleil et ciel bleu. Le Hans Hansson en profite pour naviguer dans ces eaux remplies de glace qui bordent les environs du canal Lemaire. Nous nous rendons aux îles Yahlours après avoir fait maints détours pour observer des icebergs impressionnants et des flots occupés par des phoques crabiers.
Comme hier l’île Petermann, les îles Yahlours ne portent encore aucune trace humaine. La glace qui la borde semble avoir découragé les navires de l’aborder jusqu’à ce jour. Christophe s’arme de raquettes pour faire un chemin propre afin de déranger le moins possible les manchots. Les Adélies sur leurs nids ont déjà eu leurs petits et nous nous exclamons lorsqu’un individu se lève pour nourrir deux petites têtes affamées. Les labbes veillent et l’un d’eux emporte un petit sous nos yeux.
Le site est fabuleux de beautés et le décor époustouflant, avec les montagnes alourdies de neige et la mer recouverte d’un gros brash. Nous profitons au maximum à observer manchots, labbes et sternes qui nichent sur ces îles et nous repartons tout juste lorsque le temps se couvre.
Après le déjeuner, Dion trouve un iceberg plat et peu élevé sur lequel nous descendons pour une séance photo sur la glace. Certains participants perdent leurs bottes dans la neige molle. Nous ne les récupérerons qu’avec la pelle… Rires et bonne humeur sont au rendez-vous au milieu de ce paysage idyllique.
Nous tentons de rejoindre l’île de Pleneau pour une ultime sortie mais le brouillard est revenu avec un vent forcissant et de la neige.
Qu’importe, la journée est déjà splendide.
Christophe en profite pour nous parler des différentes formes de glaces juste avant l’apéritif et l’excellent dîner préparé par Juliette.
Le capitaine Dion a mis les moteurs en marche dès 5h ce matin direction le nord malgré la météo brumeuse et venteuse. 3h plus tard, nous sommes arrivés devant un site minuscule, absent des bases de données des navires de croisière expéditions. Quelle chance de voyager avec Juliette et Dion et de profiter de leur incroyable culture antarctique !
Nous sommes à Pursuit point, au sud de l’île de Wiencke où se trouve une minuscule colonie de manchots papous et de cormorans impériaux. Notre petit groupe en fait le tour en zodiac d’abord, puis à pied. Quelques manchots jugulaires sont en escale sur l’îlot et nous observons également Chionis, labbes et goélands. Les photographes (et les autres) sont ravis !
La navigation vers le nord se poursuit pour aboutir à la baie du paradis au milieu des glaciers et des icebergs majestueux. Notre équipe d’aventuriers se rend à terre à la base argentine d’Almirante Brown où nous attend une marche de 100m de dénivelé d’où la vue sur la baie est somptueuse. Pour la descente, inutile de prendre le même chemin qu’à l’arrivée, il suffit de s’asseoir et de glisser jusqu’en bas. Les plus courageux feront plusieurs fois l’aller-retour.
Christophe profite de la soirée pour faire une présentation sur les pinnipèdes avant un apéritif dont les glaçons ont été spécialement pêchés par le capitaine dans le brash autour du navire.
Encore une grande journée d’Antarctique qui se termine dans la bonne humeur.
Ce matin, la montée à Orne Harbour dans 50 cm de neige fraichement tombée est un petit exploit sportif que la plupart des participants a pu mettre à son actif. En haut de la crête, la récompense nous attend ; une vue fantastique de la baie où mouille le Hans Hansson au milieu de la glace, le tout baigné d’une lumière argentée filtrée par des nuages bas. Magnifique !
Sur les rochers saillants de la crête, notre première colonie de manchots à jugulaires nous attend. Dans ce décor de neige et de montagne sur fond de baie englacée, les photographes s’en donnent à cœur joie !! On oublie l’effort physique pour arriver jusque-là.
Le Hans Hanson poursuit sa navigation vers le nord mais sa course est bientôt arrêtée sitôt revenu dans le détroit de Gerlache. Là, plusieurs groupes d’orques circulent au milieu d’icebergs peuplés de manchots. C’est l’apothéose, les cétacés tournent autour du navire et nous nous apercevons qu’un peu plus loin, des baleines à bosse sont sur notre route. Nous tournons longtemps dans cette zone peuplée de cétacés, de glace et de manchots. Un couple de pétrels géants vient même se poser sur un iceberg tout proche de nous. Quelle matinée !! Il n’est pas encore midi !! Pas besoin de cadeaux de Noël ce soir, nous sommes déjà servis.
C’est dans de tels moments que l’Antarctique nous livre toute sa magie.
La sortie de l’après-midi est dans la lignée de la matinée avec une visite de Palaver point, un site très rarement visité bien connu du Hans Hanson. Nous débarquons sans trouver de traces de prédécesseurs et tournons autour des colonies de manchots jugulaires où se regroupent également quelques cormorans impériaux occupés à gaver des jeunes affamés. Le site est magnifique. La baie est bordée d’un glacier craquant régulièrement et le soleil est de la partie.
Sur la plage, quelques phoques de Weddel se prêtent à nos appareils photos.
Encore une belle journée polaire bien remplie !!
Toute l’équipe du Hans Hansson souhaite à ses lecteurs un joyeux Noël !
Après une nuit de navigation agitée, nous nous réveillons devant l’île de la Déception et plus précisément le site de Bailey Head. Malheureusement, nous ne pouvons pas débarquer à cause d’une houle trop importante mais Dion, avec beaucoup d’adresse, tiens le navire au plus proche de la côte ce qui nous permet de profiter de ce site incroyable où habiteraient 60 000 couples de manchots Jugulaires ! Des centaines se ruent sur la plage pour prendre la mer tandis que d’autres reviennent dans les rouleaux plein d’écumes. La scène est époustouflante. Nous entrons ensuite dans la caldeira de l’île de Déception et nous débarquons à Whalers bay entre les vieux bâtiments de l’époque baleinière. Certains restent concentrés sur les différents phoques et oiseaux peuplant cette immense plage, d’autres marchent jusqu’à la fenêtre de Neptune sur les bords du cratère. Par chance, la mer est calme et le soleil illumine un ciel bleu. Les conditions sont exceptionnelles.
Après le déjeuner, nous explorons le site de Telephone bay à l’autre bout du cratère. Nous partons pour une grande marche qui nous mène aux sommets des collines environnantes et sur les bords de plus petit cratères. Le sable volcanique est noir, la neige tombée il y a quelques jours est encore bien blanche. Le paysage lunaire et saisissant.
La balade se termine le long du glacier bordant la plage où de nombreux oiseaux, goélands et labbes pêchent le krill. De nombreux phoques de Weddell paraissent le long du rivage, ne nous prêtant que quelques regards indifférents.
Sitôt rentrés, nous nous préparons pour la célébration de Noël. Vin pétillant et cérémonie des cadeaux précèdent un fameux dîner où vin rouge et dinde sont à l’honneur.
Quel meilleur décor pour un noël que cette île de la déception ?
Après une nouvelle nuit de navigation, nous nous réveillons ce matin devant Fort point, petit site en forme de presqu’île à l’extrémité très rocailleuse qui n’est pas sans rappeler l’île Charles XII au Spitzberg. Malheureusement, la houle rend les conditions de mise à terre difficile. Nous montons néanmoins dans les zodiacs et tournons autour de la presqu’île pour trouver un endroit propice mais sans succès. En Antarctique c’est la nature qui commande et la sécurité qui prime.
Qu’à cela ne tienne, à une heure de navigation plus au Nord se trouve Robert Point qui n’est guère mieux orienté mais dont l’immense plage offre quelques possibilités pour notre zodiac. Nous ne perdons pas au change car le site est surpeuplé d’éléphants de mer en mue. Voilà une espèce que nous n’avions fait qu’entrevoir. A nouveau, il fait beau et nous pouvons visiter le site et assouvir notre curiosité d’éléphants. Dans les collines environnantes, de très nombreux pétrels géants nichent. Pour leur tranquillité nous restons à une bonne distance.
Avant de quitter le site, nous profitons du beau temps pour un apéritif à l’extérieur. Dion nous fait rêver en nous racontant ses aventures avec une famille d’orques lors du tournage du documentaire Frozen Planet par l’équipe de la BBC.
Le Hans Hansson poursuit sa navigation en direction de l’île du roi Georges.
Dans l’après-midi, Christophe nous fait une présentation sur les baleines et les orques que nous avons rencontrés.
Nous arrivons à bon port en début de soirée avec la nouvelle que notre avion arrivera demain matin et que nous décollerons à 11h.
Le dernier apéritif et le dernier dîner son pris avec émotion. Que de bons moments passés en quelques jours, que d’aventures, que de merveilles.
C’est le cœur lourd que toute l’équipe s’affaire à refaire les bagages et à se préparer pour l’au revoir final.