Jonathan Zaccaria
Antarctique et Arctique
5 septembre
17 septembre 2018
À bord de l’Ortelius, septembre 2018
Jonathan Zaccaria
Antarctique et Arctique
Paris / Longyearbyen (78°13’N, 15°37E’)
Pour commencer notre aventure vers le Grand Nord, nous nous retrouvons au terminal 3 de l’aéroport de Paris Charles de Gaulle dès 4h45 du matin. Une partie du groupe, dont les passagers arrivant de Suisse, a déjà pu faire connaissance dès la veille, à l’hôtel Ibis.
De Paris, un avion de la compagnie ASL, spécialement affrété par Grands Espaces, nous attend.
Le Commandant de bord, fort sympathique, commente les différentes étapes de notre vol. Nous franchissons le Cercle polaire au nord de la Norvège puis traversons la mer de Norvège qui nous sépare de l’archipel du Svalbard.
Quatre heures 15 plus tard, nous plongeons dans l’air frais et vivifiant de Longyearbyen. 78° de latitude nord, 4°C et des montagnes enneigées… nous sommes au Spitzberg.
Avant d’embarquer à bord de notre navire polaire l’Ortélius, nous partons en autocar pour une excursion dans la vallée de l’Advent, « l’Adventdalen », sous la conduite de nos guides, Fabrice, Jérémy et Élodie.
Après l’arrêt au pied du panneau signalant le danger que représentent les ours à la sortie des dernières habitations, nous remontons la vallée de l’Advent au milieu des vastes étendues de toundra peuplées de bernaches nonnettes et de rennes du Spitzberg, espèces magnifiquement adaptées à la survie dans ces contrées polaires.
À un peu plus d’un kilomètre du port s’étend donc la petite ville de Monsieur John Munro Longyear : Longyearbyen. Fondée en 1906, c’est aujourd’hui la plus grande « ville » de l’archipel avec 2 100 habitants de 44 nationalités différentes. C’est un lieu bien singulier. Avec ses baraques en bois sur pilotis profondément ancrées dans le sol, ses gazoducs, son hôpital, ses bars, sa boîte de nuit et… son UNIS : l’Université la plus septentrionale du monde.
Les écoles sont protégées par de hauts grillages. En aucun cas pour éviter une évasion des jeunes écoliers vers des contrées plus douces, mais bien pour les protéger. L’ours fait ici partie du quotidien. À l’entrée de la banque de Longyearbyen, un panneau demande aux clients de déposer leur arme à l’extérieur !
Dans la très conviviale église de bois, il est possible de s’arrêter boire un thé et déguster des waffles (gaufres).
Longyearbyen, c’est aussi ses 7 mines de charbon, ses wagonnets sur leurs téléphériques.
Seule la mine N°7 est encore en exploitation. Son charbon alimente la centrale thermique et fournit ainsi l’électricité nécessaire à cette ville du haut arctique. La statue, devant le supermarché, est là pour rendre hommage aux mineurs du Svalbard.
Autour des habitations, de nombreux skidoos attendent les premières neiges. Les importantes meutes de chiens nous font imaginer les belles escapades hivernales.
Sur les collines environnantes, de larges antennes ont retenu notre attention. Ces infrastructures permettent d’étudier les aurores boréales : magie des hautes latitudes qui illuminent la longue nuit polaire.
Les deux dernières heures sont consacrées, qui à la visite du musée polaire situé dans les bâtiments de l’université, qui à faire marcher le petit commerce de pulls norvégiens, d’artisanat d’art local, d’eau fossile d’iceberg mise en bouteilles ou peluches et autres souvenirs qui attesteront notre passage dans la ville la plus septentrionale du monde !
Nous embarquons à bord de l’Ortélius à 16h00. Après avoir écouté les importants conseils de sécurité et participé à l’exercice d’abandon obligatoire, nous faisons plus ample connaissance avec notre équipe d’expédition, dirigée par Jonathan, qui nous présente le voyage. Élisabeth nous donne quelques précieux conseils sur la vie à bord, puis nous larguons les amarres et quittons l’Isfjord, pour mettre le cap au Nord.
Après le dîner et la distribution des bottes et des gilets, chacun regagne sa cabine pour un repos bien mérité, mais c’est sans compter sur la présence d’un grand rorqual, dont Maxime a repéré le souffle, lors d’une première veille à la passerelle, et qui nous propose un superbe spectacle à quelques mètres à peine du navire.
Bienvenue à bord pour 15 jours d’expédition polaire !
7h30, premier réveil en douceur de notre chef d’expédition ; le petit déjeuner nous attend au restaurant et la mer plutôt houleuse de la nuit a laissé place à une mer assez calme, éclairée par de belles lumières.
Nous découvrons alors les premiers paysages du Spitzberg avec ses montagnes pointues, et pour l’occasion, saupoudrées d’une fine couche de neige. L’ambiance est magique.
Nous arrivons ensuite dans la baie de La Madeleine, c’est à bord du bateau que nous longeons les côtes de cette baie pour en admirer les reliefs. On retrouve sur ce site historique 130 tombes de baleiniers anglais du 17e siècle qui reposent ici. C’est un des plus grands cimetières de ce type au Svalbard.
C’est en milieu de matinée que nous faisons notre première sortie en zodiac, au fond de la baie, afin de profiter de ces ambiances polaires. Le temps un peu brumeux au début se dégage alors pour nous laisser profiter de nos premières glaces, du glacier nommé « Waggonwaybreen » et de ses montagnes environnantes de plus de 1000 m. Le glacier nous offre même un beau spectacle avec un vêlage remarquable ! La surprise du jour, ce sont plusieurs phoques veaux marins, qui curieux, viennent nous voir jusqu’aux zodiacs !
C’est à 12h que nous retournons à bord, de belles images plein les yeux et les estomacs creusés, afin de profiter du buffet qui nous est proposé.
L’Ortélius reprend alors sa navigation. À partir de 14h45, des mini-conférences nous sont données par nos guides sur les baleiniers, le labbe parasite, un des oiseaux que nous avons observé dans la matinée et le Rorqual commun que nous avons eu la chance d’observer la veille au soir.
Nous arrivons ensuite aux abords du Raudfjord, sa géologie particulière lui confère de superbes couleurs rouges. Dehors, la neige tombe parfois à gros flocon et renforce cette ambiance de fin d’été à travers laquelle ces déserts polaires nous semblent encore plus hostiles et de fait nous fascinent encore plus. C’est à bord du bateau que nous longerons les côtes de ce fjord afin d’en admirer tous les contours.
Avant d’arriver à notre destination finale pour la journée, le site d’Alice Hamna, et avant le dîner, Jérémy et Élodie nous invitent à écouter l’histoire du « Drame de l’expédition Andrée » à destination du Pôle Nord… en ballon !
Après le dîner, c’est un débarquement à terre qui nous attend et une marche digestive à travers des paysages de toundra. Nous admirons les lumières du soir, les nuages percés par des éclats rougeoyants, les montagnes enneigées, l’eau lisse et bleue et la terre caillouteuse et sombre qui contraste avec tout ça. Une fois de plus, l’ambiance est saisissante. Nos guides nous content des histoires de trappeurs, de baleiniers et nous renseignent sur les bêtes à plumes et les diverses plantes et formations géologiques que nous rencontrons sur notre trajet.
22h30, il est temps de rentrer à bord du navire après cette belle première journée, car demain, il nous reste encore de beaux spectacles à découvrir !
Ce matin, nous nous réveillons avec à l’esprit la belle baleine que nous avons quittée hier soir avant d’aller nous coucher. Nous prenons la direction du Bockfjord où nous arriverons vers 10h30. Ce magnifique Fjord est bordé d’un côté d’une chaîne de montagnes aux roches rouges, dont les sommets sont aujourd’hui enneigés grâce aux précipitations d’hier, et de l’autre côté par un ancien volcan et des glaciers. Malgré la beauté des montagnes qui le forment, ce fjord est assez peu connu du grand public et très peu de navires s’y rendent. Une fois débarqués sur la plage, nous nous organisons en trois groupes de marche de niveaux différents pour aller nous promener sur les pentes du Sverefjellet, l’un des 3 volcans du Spitzberg.
Le groupe de la petite marche est guidé par Elodie, spécialiste en géologie, qui prend à cœur d’observer les roches et d’expliquer la géomorphologie de ce lieu atypique ; elle nous parle des différentes roches volcaniques que nous trouvons et nous explique la présence de plages surélevées, géromorphisme très présent au Spitzberg lié à la surélévation de la croûte terrestre lors de la fonte des glaciers.
Les groupes de la moyenne et de la longue marche vont un peu plus haut et plus loin. Nous observons une grande diversité de végétation dans la toundra qui forme les rives de ce fjord avec notamment des saxifrages en touffes, des mousses et des lichens. D’un point de vue faunique, nous sommes gâtés ce matin : nous avons pu voir des lagopèdes alpins (pour la première fois de la saison), des labbes parasites et des rennes avec leurs petits.
Lors de cette sortie et suite à un problème technique, Maxime (le pilote de drone) a « posé » son drone sur le Sverefjellet à 500 m d’altitude. Il est donc parti à pied avec une équipe de guides pour faire l’ascension de ce volcan afin de le récupérer. Le drone a subi quelques dégâts, mais Maxime a pu le réparer et il est de nouveau prêt à faire des prises de vues aériennes de notre expédition.
Après cette sortie, nous remontons à bord pour le déjeuner et mettons cap vers le glacier de Monaco où nous arrivons à 16h. Nous partons en croisière zodiac devant ce front de glace de 7 km de long pour y admirer d’imposants icebergs. Certains sont d’un bleu profond, d’autres sont très travaillés par l’érosion, bref, un spectacle magnifique. Nous avons également la chance d’observer 2 phoques barbus qui nagent au milieu des bourguignons (petits icebergs).
Nous rembarquons sur l’Ortelius et mettons le cap vers l’ile de Moffen (80°N) pour y observer des morses. Pendant la navigation, nous en profitons pour faire un « récap » sur les différentes observations de la journée et nous dînons. Des guides se relaient à la passerelle depuis 6h du matin pour « scanner » les cotes en espérant trouver un ours, mais la chance n’est pas avec nous sur ce point-là. Jonathan nous annonce alors les plans de la journée de demain : nous allons mettre le cap vers l’ile Charles XII où, par expérience, nous avons de bonnes chances d’en voir.
Happy bears’ day !!!
7h50, la douce voix de notre chef d’expédition se fait entendre dans le bateau, appel inattendu et précoce, mais les conditions de mer et de vents nous ont permis d’arriver plusieurs heures en avance à notre objectif, l’île de Charles XII.
9h la masse rocheuse est en vue, toutes les jumelles sont braquées sur les plages et les versants de cette montagne. Le paysage est magnifique, nous sommes en face d’un pic rocheux isolé et perdu au nord de la Terre du Nord Est. Très vite, l’excitation se fait sentir à bord, nous repérons des points blancs sur la côte, mais nous sommes trop loin et ils restent immobiles pour l’instant, impossible d’identifier de quoi il s’agit actuellement. Nous attendons que le navire s’approche et au bout d’un suspens insoutenable nous pouvons enfin avoir confirmation, oui nous avons repéré un ours allongé dans la toundra, non… deux ours et même trois ours au moins sur la partie de l’île qui nous fait face.
Il est temps de mettre les zodiacs à l’eau, la mer est belle, la lumière est fantastique, nous faisons cap avec nos petites embarcations vers les côtes de Charles XII. À peine arrivés nous repérons sur un des pics rocheux à l’ouest de l’île, toute au sommet, une grande silhouette qui nous observe. Le seigneur de l’Arctique est là, impassible. Il se découpe à contre-jour et sur fond de ciel, le spectacle est tout à fait unique, majestueux. Après une dizaine de minutes, il se met en marche vers le nord de l’île, nous le suivons avec nos zodiacs tranquillement tout en profitant du spectacle que nous offrent les paysages.
Un peu plus loin, nous trouvons deux morses, une mère et son jeune, qui se reposent sur un rocher, impassibles, insensibles à notre présence également. Mais nous sommes tous attentifs, l’ours marche dans leur direction. Il s’approche tranquillement, comme s’il n’était pas intéressé, mais arrivé à une dizaine de mètres les morses le repèrent, moment de panique, ils se jettent dans l’eau, l’ours ne réagit pas, il continue inlassablement sa marche. Un peu plus haut dans la toundra nous repérons deux autres ours blancs, ils ont l’air de fouiller le sol, difficile à dire s’ils mangent de la végétation ou s’ils sont à la recherche de quelques cadavres d’oiseaux. Au sommet de l’île, une grande colonie de mouettes tridactyles se fait entendre, nous pouvons encore apercevoir les oiseaux posés sur leur nid. Un quatrième ours allongé apparaît un peu plus loin, panorama improbable, nous avons quatre ours dans notre champ de vision, tout simplement magnifique.
Nous continuons à longer l’île vers l’est et ne tardons pas à voir un rocher avec une vingtaine de morses qui se reposent. Un autre groupe est dans l’eau, ils se montrent curieux, sortent la tête pour nous observer, s’approchent des zodiacs, un véritable ballet s’opère autour de nous et nous repérons un cinquième ours allongé sur la plage, derrière le groupe de morses.
Une sortie féerique et il est déjà temps de retourner à bord pour prendre la direction du Groenland. Nous mettons ainsi le cap vers l’ouest en longeant la côte nord du Spitsberg. Manon et Jérémy en profitent pour nous présenter lors d’une conférence les oiseaux de l’Arctique et Jonathan nous raconte le Svalbard, son histoire, sa géologie et la vie sur cette île du bout du monde.
Avant le repas, le commandant de bord nous offre un apéritif, champagne et petits fours sont servis au bar. Le repas est suivi d’une projection de film en salle de conférence. Il est temps à présent d’aller se reposer après cette journée riche en observations, riche en émotions. Durant notre traversée nous changeons de fuseau horaire, nous gagnons une heure de repos, à 3 h il sera 2 h.
Après une nuit en mer à bord de l’Ortelius, qui a mis le cap sur la côte Est du Groenland, nous entamons la matinée avec l’observation de plusieurs dauphins depuis la passerelle du bateau. Le ciel est gris, et la houle accompagne notre navigation.
La matinée débute autour d’un café, et c’est l’occasion d’échanger sur toutes les découvertes que nous avons effectuées depuis le début de la croisière.
Après la matinée exceptionnelle de la veille, passée en compagnie d’ours, de morses et d’oiseaux, plusieurs conférences nous sont proposées pour cette journée en mer.
Une première conférence, animée par Fabrice, concerne l’ours polaire. De son nom scientifique Ursus maritimus, de 2,4 à 3,3 m de longueur, d’un poids de 180 à 550 kg et de couleur blanc-jaunâtre (le jaune ours…) l’ours est appelé « nanook » par les Groenlandais. Fabrice nous explique qu’après une brève cour de huit jours environ, mâle et femelle se séparent, car ce sont de farouches solitaires. La femelle pleine quitte la glace en novembre-décembre pour trouver une solide congère et y creuser une tanière où elle met bas un ou deux petits de 450 g. Elle y demeure jusque vers le 1er avril, à nourrir sa progéniture sans s’alimenter, en vivant sur ses réserves. En 2 mois, les oursons atteignent une dizaine de kilogrammes, grâce à la richesse du lait maternel. Les jeunes restent avec leur mère jusqu’à 26 mois environ. Ainsi la femelle ne donne naissance que tous les 3 ans. La durée de vie moyenne est de 25 ans, Protégé au Spitzberg depuis le traité de 1978, il est chassé dans certains pays, dont le Groenland. Bien des menaces pèsent sur cette espèce, comme la diminution de la banquise qui constitue son territoire de vie et surtout la pollution multiforme qui se concentre dans l’Arctique.
S’ensuit l’intervention de Jean, qui partage avec nous son expertise en photographie. Au programme, la transmission de diverses méthodes pour réaliser de meilleures images pendant le reste du voyage.
Le déjeuner passé, nos responsables de l’hôtellerie Sigi et Sava ouvrent la petite « boutique » du bord, et Élisabeth propose à la vente les livres de Christian Kempf. Puis c’est au tour de Nicolas d’animer une conférence sur les pinnipèdes (phoques, morses, otaries, etc.). Attentifs, nous sommes désormais en mesure de distinguer les différents spécimens que nous avons déjà pu observer.
Avec une petite pause, en fin d’après-midi, un film sur le Fram nous est proposé en salle de conférence. Ce bateau, construit par l’architecte naval norvégien Colin Archer, selon le plan de Fridtjof Nansen, célèbre explorateur, appareilla en 1893 pour l’océan arctique et le pôle Nord. Le documentaire nous conte les 3 grandes expéditions, dont la première fut dirigée par Fridtjof Nansen (1893-1896), la deuxième par Otto Sverdrup (1898-1902) et la troisième par Roald Amundsen dans les années 1910-1912 à destination du pôle Nord. Le Fram (qui signifie « en avant » en norvégien) peut aujourd’hui être visité à Oslo dans l’un des musées se trouvant sur la péninsule de Bigdoy.
À 18h30, Jonathan, notre chef d’expédition, annonce le programme des jours à venir. Au menu, une arrivée en baie de Dove d’ici demain, pour observer la banquise que les cartes nous promettent. Rendez-vous donc demain, sur l’île la plus grande du monde.
Premier jour au Groenland…
Aux alentours de 2h du matin, la nuit est noire et sans lune, la banquise est bien formée et le vent forcit à 15 nœuds, le capitaine décide alors de se mettre à l’abri dans la baie de Roseneathbugt, juste derrière la pointe de Haystack.
Au petit matin, à la lumière du jour, nous reprenons notre route à travers les glaces, dans un paysage féérique où se dessinent des amas de glaces de toutes formes dans un dégradé de couleurs. Dans cette banquise que nous attendions tous, nous avons la chance d’observer un ours évoluer de plaque en plaque, tantôt marcheur, tantôt nageur, mais plutôt farouche. Nous le laissons évoluer tranquillement alors que deux phoques du Groenland viennent marsouiner autour de notre bateau. Quelques dizaines de minutes plus tard, c’est un phoque à capuchon qui nous apparaît à la surface pour une fois de plus nous prouver que cette banquise est pleine de vie.
Nous nous approchons progressivement de la baie de Dove par le sud en passant la pointe du Kap Alf Trolle pendant le déjeuner. Nous avons maintenant le Store Koldewey à tribord et la terre Adolf Jensen à bâbord. Nous continuons ainsi notre route vers le fond de la baie. Il fait très froid avec un vent à 15 nœuds et un ciel bien sombre qui contraste avec le blanc de la glace.
Dans cette glace relativement dense, nous progressons seulement à deux nœuds, mais nous arrivons bientôt au niveau du Kap Peschel qui marque vraiment l’entrée de la baie de Dove. Des montagnes impressionnantes originaires de la formation du Groenland se dressent sur les côtés du Fjord, il s’agit de gneiss aux tons bruns lézardés d’inclusions granitiques.
Notre route est très variée, parfois dans l’eau libre appelée « Polynie », parfois dans de la glace de différente densité telle que Frasil, Nilas, Pancake, Hummock qui sont ici des termes précis décrits par Anaïd et qui prennent maintenant tous leurs sens pour mieux comprendre l’environnement qui nous entoure.
En fin d’après-midi, nous apercevons au loin la calotte du Groenland qui se découpe dans le ciel alors qu’au premier plan, de gros icebergs trônent au milieu de notre route.
Nous trouvons alors une petite baie protégée des vents pour nous abriter pour la soirée, ce qui nous permet de profiter d’un superbe barbecue organisé par l’équipage sur le pont arrière.
C’est dans une ambiance festive et sous un ciel digne d’une peinture que nous terminons cette belle journée sous le ciel de l’Arctique.
« Soleil, mer calme, vent nul et température clémente de 5°C ». Il est 5h45, ce mercredi 12 septembre, et la voix de Jonathan nous réveille en douceur. Difficile de croire au vu de la météo que l’on se trouve dans la baie de Dove, à l’extrême nord-est du Groenland par plus de 76° de latitude. Un lieu mythique qui a vu plusieurs expéditions arctiques* échouer dans ses fjords battus par les vents et noyés dans les brumes hivernales. Après un petit café et un croissant pris sur le pouce dans le bar du navire, on embarque avec joie dans les zodiacs après plus de deux jours de navigation. Les premiers rayons du soleil effleurent les icebergs qui deviennent luminescents, les plaques de glace scintillent au contre-jour. On admire ce spectacle depuis une dizaine de minutes quand la radio des guides crépite « deux ours en vue sur la banquise ». Bingo ! À la jumelle, on distingue à 300 m une mère et son petit. Un balayage rapide sur la gauche et l’on tombe sur une autre femelle avec ses deux oursons. Cinq ours au même endroit en même temps au Groenland ! Même les guides les plus confirmés du navire n’en croient pas leurs jumelles ! Pendant près de 30 minutes, les ours déambulent, tranquilles, dans un décor d’icebergs et de banquise avec en prime une lumière de cinéma. Un rêve pour les photographes ! Repus d’images et de sensations, on quitte les ours pour prendre le cap d’un iceberg tabulaire qui barre l’horizon. Plusieurs glaciers issus de la calotte du Groenland prennent leurs aises dans la baie de Dove. Ici, contrairement au Svalbard, les fronts glaciaires sont immenses et assez plats, d’où la présence d’icebergs tabulaires qui peuvent mesurer plusieurs centaines de mètres de long et accuser sur la balance un poids de plusieurs centaines de milliers de tonnes. Un paysage identique à celui que découvraient les premiers explorateurs il y a déjà plus de deux siècles « Cet été, sur les sept navires qui ont essayé de s’aventurer dans cette baie, nous sommes les seuls à avoir pu remonter aussi profondément dans la baie » précise Jonathan notre chef d’expédition. Un succès dû à la météo clémente, mais aussi à l’expérience de notre capitaine Mika Appel qui navigue avec son équipage dans ces latitudes arctiques depuis des années.
Renard à tribord ! Nouvel appel radio et encore une belle surprise avec un renard arctique qui gambade sur les dalles de gneiss datant de près de 2 milliards d’années. Agile et vif, l’animal, déjà en pelage blanc hivernal, détale en nous jetant un dernier regard. Un peu plus loin, un autre renard attire nos jumelles. Cette fois-ci, sa livrée tire sur le gris et noir. Un renard bleu, assez fréquent au Groenland, mais rare au Svalbard ! Le dieu des naturalistes est avec nous aujourd’hui !
Fouettés par le vent et les embruns qui se sont levés, on met pied à terre avec plaisir sur une plage de sable constellée de glaçons échoués. Trois balades sont organisées rapidement par les guides polaires. Les plus contemplatifs restent sur la plage à admirer les icebergs et la toundra qui borde le rivage. Les plus courageux montent dans la toundra entre roches et névés. Des oies à bec court s’envolent devant nous. Les botanistes ont le nez au ras des pâquerettes à la recherche des linaigrettes à feuilles étroites, des saules polaires et des dryades à 8 pétales. Cette toundra est aussi un paradis pour les lemmings. Fabrice, notre guide naturaliste, adorateur – entre autres – de ces petits rongeurs, promet un cocktail gratuit au photographe qui arrive à prendre un portrait de cette petite bête aussi rapide que Speedy Gonzales. Sans succès !
On trouve un papillon un peu sonné par le vent. Les naturalistes sont ébahis par la découverte. C’est un Nacré polaire, rarement observé dans cette région.
Retour au bateau pour un lunch bienvenu après une sortie polaire de près de 6 heures.
Cap au sud pour redescendre la baie de Dove. Un dernier salut aux falaises géantes de l’île du Diable avant de célébrer un coucher de soleil majestueux sur les montagnes environnantes. La glace qui avait fortement réduit notre allure la veille a disparu, poussée par les vents. On file à près de 12 nœuds vers notre prochaine destination, Eskimonaes, au sud de l’île Clavering. Vers 21h, une barre blanche s’étale devant la proue. Une banquise assez épaisse s’est accumulée à cet endroit. Et c’est à vitesse réduite que l’on traverse ce tapis de plaques mouvantes sur près d’un mile nautique. Encore une journée extraordinaire à notre actif.
Au même instant, on apprend qu’à Illoqqortoormiut, 700 km plus au sud, l’aéroport est fermé depuis deux jours pour cause de tempête. Jamais le proverbe inuit « ici la glace et le vent sont maîtres » n’aura été autant de circonstances !
*Expédition de l’allemand Karl Koidewey en 1869 pour atteindre le Pôle Nord et en 1906 celle du danois Milyus Erichsen
En cette matinée du 13 septembre, nous naviguons le long de la côte est du Groenland direction sud sur une mer formée avec des vents de 30 nœuds. Cette longue navigation depuis la baie de Dove, près de 200 miles marins, aura duré toute la nuit et une partie de la journée jusqu’en fin d’après-midi, car non seulement ce territoire du bout du Monde est vaste, mais il fallait également contourner par le sud la banquise côtière encore présente.
Ce matin, c’était « grasse matinée » jusqu’à 8h pour les passagers après l’exceptionnelle et longue journée d’hier. Pour agrémenter la navigation, un trio féminin composé d’Anaïd, Manon et Élodie nous présente une conférence très instructive sur les différents peuples inuits qui se sont succédé depuis la colonisation du Groenland il y a 4500 ans.
Au cours de l’après-midi, c’est au tour de Nicolas de nous révéler tous les secrets de l’intrépide renard polaire.
En approchant la côte en fin d’après-midi, la brume s’est levée et c’est sous une « tempête de ciel bleu », dixit Jonathan, que nous allions dérouler nos activités à terre.
Après le dîner, avancé de deux heures afin de profiter pleinement de la soirée hors du bateau, nous sommes plongés dans l’Histoire des Inuit et explorateurs de la côte est du Groenland sur l’île Clavering. Cette île culmine à 1650 mètres dans la baie Gael Hamke à 74°N. C’est au sud de cette île, sur un site dénommé Eskimonæs, que la plupart d’entre nous débarquent pour une randonnée, alors que d’autres profitent également du Soleil couchant en croisière zodiac. Eskimonæs est riche en histoires anciennes et récentes, aussi bien d’Inuit que d’Occidentaux. En effet, c’est ici que le Britannique Douglas Clavering croisa en 1823 la route des premiers Inuit rencontrés dans ce secteur alors que les populations autochtones étaient déjà bien connues sur la côte ouest du Groenland depuis plus d’un siècle. Ce groupe de 12 personnes était sans doute les derniers survivants de la Culture de Thulé. Depuis, de nombreuses découvertes archéologiques nous en disant plus quant à ce peuple si isolé du reste du Monde ont été faites en ces lieux à partir des années 1930. Les restes de quatre habitations inuit ont été découverts. Mais l’Histoire plus récente a également marqué Eskimonæs. C’est ici que l’une des stations de la plus importante expédition scientifique danoise jamais organisée a été construite en 1931. Cette station a été utilisée par les scientifiques jusqu’en 1939, puis elle a servi de quartier général pour la « patrouille des traîneaux » aussi connue sous le nom de « patrouille Sirius », pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ces patrouilles étaient constituées de volontaires danois et norvégiens accompagnés de conducteurs de chiens groenlandais et avaient pour mission de patrouiller entre 70° et 77°N pour repérer toute activité allemande suspecte. En effet, les Allemands étaient venus ici installer des stations météorologiques dès le début de la guerre afin d’obtenir des informations stratégiques sur la météo en Atlantique nord. La station, dont nous avons découvert les ruines lors de notre balade, fut incendiée par les Allemands en 1943 suite à une altercation avec la patrouille qui a fait un mort du côté de cette dernière, puis elle subit un bombardement américain la même année.
La balade nous a aussi permis de prendre contact avec le bœuf musqué en observant çà et là des traces, crottes, poils ou ossements. Omingmak, comme le nomment les Inuit, n’est pas loin. Nous espérons le voir dans les jours à venir, peut-être demain ?
La plupart des passagers ont rejoint leur cabine et se préparent pour une bonne nuit de repos… quand une annonce de Jonathan, depuis la passerelle, nous invite à sortir sur les ponts extérieurs… les aurores boréalestant espérées sont au rendez-vous !
Après avoir admiré le ciel sombre, paré de ses voiles verts, flottant au-dessus de l’horizon, nous plongeons dans les bras de Morphée, rêvant des paysages grandioses du Groenland, des couchers de soleil étincelants, et de légendes inuit (les Inuits pensent que les aurores sont dues aux âmes des morts qui continuent à jouer à un jeu de balles avec des crânes de morses).
Nous ouvrons un œil, ce matin, en repensant aux magnifiques aurores boréales observées durant la nuit. Celles-ci, d’une rare intensité, resteront gravées durablement dans notre mémoire.
Notre objectif de ce matin est d’effectuer un débarquement à Myggbukta, littéralement la « baie des moustiques », nom donné en raison de l’abondance de ces petits insectes jusqu’à la mi-août.
Sur ce lieu s’est installée en 1922-23, une station météorologique d’où 7 Norvégiens envoyaient 3 bulletins par jour à Tromso. Jean-Baptiste Charcot y vint en 1932 dans le cadre de l’année polaire internationale, puis, juste avant la Seconde Guerre mondiale, Edward et Charles Bird (nom prédestiné pour des ornithologues !) vinrent y étudier plusieurs espèces. La station fut détruite en 1940 par les Allemands, puis reconstruite en 1945. Elle fut alors, un temps, utilisée par des trappeurs qui faisaient le commerce des peaux de renard. En 1988, le président de Grands Espaces, Christian Kempf y a effectué un hivernage pour faire des recherches scientifiques pour le compte du GREA – groupement de recherche en écologie arctique, qu’il avait cofondé.
Lors du débarquement en zodiac, nous observons un troupeau de 8 bœufs musqués dans la toundra ; malheureusement, sentant notre présence, ils ne tardent pas à s’éloigner.
Un vol d’eiders à duvet passe au-dessus de nos têtes, ainsi que plusieurs hareldes boréales et un plongeon ambrin.
Comme de coutume, nous organisons une marche en trois groupes : grands, moyens et petits marcheurs, tandis qu’un zodiac longe la côte pour essayer de retrouver la trace des bœufs musqués.
Près de la plage, nous visitons la cabane, relativement confortable, qui sert également à la patrouille Sirius (*), et où tout est prêt pour accueillir les futurs visiteurs : le poêle est garni de bois et les allumettes sont posées sur la table, prêtes à l’emploi, même en cas de mains gelées…
(*) La patrouille Sirius est une unité d’élite de la marine danoise qui mène des patrouilles de reconnaissance sur de longues distances et pour appliquer la souveraineté danoise sur les immensités arctiques de l’est et du nord du Groenland, sur un territoire englobant le plus grand parc national du monde. Les patrouilles sont généralement effectuées par paires, parfois pendant quatre mois et souvent sans aucun contact humain extérieur. La patrouille Sirius peut être engagée militairement et l’a été dans le passé. Toutefois, à la différence des autres unités militaires, il n’est pas attendu d’elle qu’elle soit engagée dans des opérations de combat. Son objectif est uniquement de maintenir la souveraineté danoise et d’assurer la police dans son aire de responsabilité. Les exigences physiques et psychologiques pour intégrer cette unité sont très élevées. Le prince Frederik de Danemark a fait partie de la patrouille Sirius.
Les promeneurs restés près de la plage en compagnie de Fabrice et Jonathan découvrent plusieurs cadavres de bœufs musqués.
Les participants à la longue marche ont, quant à eux, la chance d’observer, du sommet d’une crête, trois bœufs musqués au loin dans la toundra.
Lors des différentes marches nous observons plusieurs espèces d’oiseaux : bernache gravant, tourne-pierre à collier, bécasseau sanderling, bruant des neiges.
Nous regagnons l’Ortélius pour le déjeuner et nous reprenons aussitôt la route en direction du Scoresby Sund, le plus grand système de fjords au monde.
À 15 heures, nos guides nous invitent au « récap » quotidien. Élodie rappelle l’histoire du lieu que nous avons visité, Fabrice explique la formation des aurores boréales, tandis que Jean nous donne des conseils pour mieux les photographier, puis Jonathan communique le programme à venir.
C’est Fabrice qui termine l’après-midi avec une conférence sur les bœufs musqués.
Avant le dîner, les futurs participants au vol en hélicoptère se réunissent en salle de conférence pour écouter les précieux conseils donnés par Jonathan, Michel et Fabrice sur le déroulement des opérations prévues, et sur la manière d’embarquer et débarquer de l’appareil en toute sécurité.
Le soir, nous retrouvons Sean Connery (dans le rôle de Roald Amundsen), Claudia Cardinale et Peter Finch dans un film intitulé « La tente rouge », qui relate les aventures du célèbre général explorateur italien Umberto Nobile dans son expédition pour survoler le pôle Nord en dirigeable en mai 1928.
La majesté du Groenland ; entre icebergs et pics enneigés
Ce matin, le petit déjeuner est fixé à 8h, légèrement plus tard que d’habitude, car nous n’avons pas d’activités organisées à l’extérieur pour la matinée. En effet, nous avons navigué toute la nuit pour rejoindre le Scoresbysund et il nous faut encore quelques heures de navigation pour arriver sur l’archipel de Bjørneøer. Le Scoresbysund est le plus grand système de fjord au monde avec plus de 1000 kilomètres de côtes et c’est dans ces lieux majestueux et grandioses que vont se dérouler les activités des deux prochains jours.
La journée commence avec une réunion de Jonathan, notre chef d’expédition qui nous annonce qu’en raison d’une visibilité très mauvaise et d’un brouillard proche du sol, le pilote d’hélicoptère de Air Greenland a pris la décision d’annuler les vols. La matinée se poursuit avec la conférence de Jean sur les différents types de chiens de traineaux et avec la diffusion du film « Nanooq l’esquimau ».
Avant le déjeuner, nous naviguons dans le Scoresbysund et pouvons observer des icebergs gigantesques. Le bateau se déroute de son itinéraire afin de les observer au plus proche. L’observation est extraordinaire, nous sommes accoudés sur les ponts extérieurs afin de profiter au maximum de ce paysage qui s’offre à nos yeux : un iceberg en forme d’arche qui mesure près de 70 mètres de haut, à une distance d’environ 700 mètres du navire !
Après le déjeuner, nous débarquons à proximité de l’archipel de Bjørneøer. Le spectacle est époustouflant ! Des icebergs illuminés par un soleil rasant, tels des cathédrales de glace s’offrent à nos yeux. Nous continuons notre croisière zodiac d’exploration entre les différentes îles de l’archipel et tombons sur cinq bœufs musqués qui sont en train de marcher à flanc de coteau sur un relief abrupt.
Après avoir navigué dans un dédale d’îles plus mystérieuses les unes que les autres et observé des eiders à duvet et des plongeons imbrin, nous arrivons dans une petite crique et débarquons pour partir à la découverte de l’île à pied. Les randonneurs sont répartis en trois niveaux selon la difficulté du terrain. Certains passagers restent sur les zodiacs afin de prolonger la croisière zodiac et partent explorer les canaux entre les îles et observent un autre groupe de bœufs musqués. Les grands et moyens marcheurs partent en direction d’un petit lac perché puis du sommet d’une des petites buttes couvertes de bouleaux et de myrtilles. La vue est à couper le souffle ! Devant nos yeux s’offre un horizon illimité fait d’icebergs éclairés par une lumière exceptionnelle sur une mer d’huile.
En approche de l’Ortelius, nous pouvons déjà sentir l’agréable odeur de saucisses grillées pour le traditionnel barbecue qui prend place sur le pont arrière du navire. Le décor est magique ; des pics et dômes granitiques sortis de nulle part reflètent une lumière de coucher du soleil.
Après le barbecue, Jonathan réunit les passagers pour présenter le programme du lendemain : de belles surprises en perspectives !
Scoresby Sund
Rodefjord (Le Fjord Rouge) – Ile des Danois
5h45, réveil matinal de notre chef d’expédition… Nous sommes arrivés dans le Fjord Rouge. Le jour est à peine levé et le temps d’avaler un rapide petit déjeuner préparé pour nous au bar, nous voilà bientôt en tenue pour prendre place dans les zodiacs.
L’ambiance est polaire et les paysages sont réellement magnifiques dans ce fjord où les couleurs sont flamboyantes. Le plafond nuageux est bas, ce qui rend l’atmosphère un peu mystérieuse, la neige tombe, la mer est d’huile, et les paysages se reflètent à sa surface.
Nous commençons par une croisière zodiac qui nous permet de pleinement profiter de cette ambiance polaire, le long d’un cimetière d’icebergs, logé entre la côte et l’île rouge, qui porte bien son nom et qui nous domine de toute sa hauteur. En contrebas, l’eau est turquoise et les géants de glaces se dressent majestueusement devant nous.
Nous prenons le temps, écoutant les sons, admirant les lumières et respirant cet air pur et frais qui nous réveille doucement.
Lors de notre croisière zodiac, nous rencontrons des formations géologiques uniques, détonant de la couche sédimentaire rouge qui compose l’île. Ce sont des intrusions de basaltes cristallisés sous forme de colonnes. On pourrait croire des briques soigneusement empilées par l’homme.
Au bout d’une heure, nous procédons à un débarquement sur une plage de l’île rouge. Là nous nous divisons, comme d’habitude, en 4 groupes ; 3 marchent à terre (petite, moyenne et grande marche) tandis que d’autres restent à bord du zodiac en compagnie de Fabrice. Les points de vue à terre sont superbes et la croisière zodiac nous permet de continuer à profiter pleinement de la navigation entre les magnifiques icebergs.
À 9h00, nous retournons sur l’Ortélius ; le grand air ouvre l’appétit et c’est avec plaisir que nous partageons nos observations matinales autour d’un « vrai » petit déjeuner copieux au restaurant.
Nous reprenons alors notre navigation en direction de l’île Danemark, ainsi dénommée par un explorateur et hivernant danois à la fin du 19e siècle.
Nous arrivons sur le site en tout début d’après-midi ; le « Rembrant », magnifique trois-mâts qui passe la saison dans le Scoresby Sund, et qui appartient à la compagnie Oceanwide, tout comme notre navire, vient à notre rencontre. Les deux équipages sont heureux de se retrouver…
C’est un débarquement sur l’île qui nous attend avec, à nouveau, trois niveaux de marche et une promenade zodiac. Nous profitons alors d’un panorama superbe sur les montagnes enneigées et la toundra riche et colorée, typique du Groenland, en contraste avec l’eau, bleue et limpide, qui borde la côte.
Nous devenons alors chacun botaniste en herbe sous l’œil expert de Louise, notre guide spécialiste de la flore… mais aussi apprenti géologue, sous la tutelle d’Élodie.
Nous aurons également l’occasion de découvrir des sites archéologiques révélant les traces du passage lointain des Inuits appartenant à la culture de Thulé. En effet, nous y trouvons des cercles de pierres délimitant les anciens emplacements de tentes érigées par les Inuits. Un deuxième site nous permettra également d’observer des vestiges des structures de maison semi-enterrées où l’on peut encore voir les entrées en tunnels. Notre imagination nous emmène loin, très loin dans le temps, lorsque les ancêtres des Inuits actuels étaient seuls habitants du Groenland.
18h30, nous retournons à bord de l’Ortelius. Nous profitons alors une dernière fois de la vue avant d’aller au restaurant pour notre dernier dîner au Groenland !
Après le repas, c’est le récap quotidien qui nous attend. Entre minis prédateurs marins bioluminescents (Anaïd), mystères géologiques, archéologie (Élodie) et plantes arctiques (Louise), nous voilà encore bien enrichis !
Jonathan nous parle du village d’Ittoqqortoormitt que nous visiterons le lendemain, si les conditions météorologiques le permettent…
Nombreux sont ceux qui prolongent la soirée au bar… pour fêter cette belle dernière journée sur le territoire des ours… Belle soirée, bonne nuit et à demain !
Ittoqqotoormiit
Les conditions de vent nous permettent de débarquer ce matin dans le village d’Inuit d’Ittoqqortoormiit, pour le plus grand bonheur de tous.
C’est sous une neige fine que, vers 08h30, nous prenons place dans les zodiacs qui nous emmènent à la plage où nous débarquons sans trop de difficulté malgré la houle, et avec l’aide de nos guides, vêtus de salopettes étanches. Dès notre arrivée, nous sommes accueillis par un officier de police présent sur la plage, et par une charmante jeune inuit de l’office du tourisme, qui nous distribue un plan de la ville et des informations utiles pour notre visite.
Le village groenlandais d’Ittoqqortoormitt est composé d’environ 480 âmes. Cette colonie fut fondée en 1925 par le gouvernement danois dans un but géopolitique dans une période où de nombreux trappeurs norvégiens occupaient la côte orientale du Groenland.
Le village, composé d’un panel de maisons aux couleurs vives, présente plusieurs lieux incontournables. L’église, en raison des risques d’effondrement, ne peut malheureusement pas être visitée.
En arpentant les quelques rues, nous passons devant l’office du tourisme où nous sommes accueillis par une dégustation de quelques amuse-bouche de bœuf musqué. Certains y dénichent quelques souvenirs typiques.
Le musée permet d’en apprendre beaucoup sur le passé des Esquimaux ainsi que sur leurs traditions et leurs croyances. Nous y découvrons également le costume typique de fête, richement brodé, porté par une jeune fille du village.
Un peu plus loin, nous apercevons l’école. Cette école accueille une cinquantaine d’enfants. L’instituteur nous informe que plusieurs enfants ne sont pas présents aujourd’hui en raison d’une épidémie de grippe. Ils ont comme projet de partir en Islande pour apprendre à nager. Pour financer leur séjour, ils proposent à la vente des petits objets confectionnée par leurs soins ; pendentifs, dessins, collages.
Quelques jeunes, en embuscade, nous guettent pour nous lancer des boules de neige, jeu sympathique auquel nous nous prêtons volontiers !
Les nombreux équipages de chiens groenlandais présents dans le village permettent aux visiteurs que nous sommes d’admirer la beauté de ces animaux, compagnons indispensables aux chasseurs parcourant la banquise sur des traîneaux.
Certains se rendent au monument de Charcot ; ce mémorial a été érigé à Ittoqqortoormitt en mémoire du commandant et explorateur polaire français Jean-Baptiste Charcot et de l’équipage du « Pourquoi pas ? » par le muséum national d’histoire naturelle de Paris et « l’Association des anciens du Pourquoi pas ? ».
Jean-Baptiste Charcot navigua au Groenland de l’est de 1925 à 1936. Il se rendit notamment à Ittoqqortoormitt en 1926 pour une expédition géologique en terre de Jameson. Il a pu ainsi constater la réussite de l’implantation de la colonie entreprise seulement un an auparavant.
Plus haut sur une colline, nous assistons également au lâché de ballon météorologique. Celui-ci a lieu 2 fois par jour, à 11h03 et 23h03. Le ballon fait de latex est gonflé sur place à l’hydrogène et monte jusqu’à une altitude de 35 à 40 km en augmentant de près de 200 fois sa taille. Il sert à recueillir des données météorologiques comme la vitesse et la direction du vent, la température et la pression atmosphérique. Son rôle est avant tout de vérifier les données de satellites qui seront ensuite rassemblées et traitées pour établir des bulletins météorologiques.
Après avoir effectué un dernier embarquement à bord de l’Ortelius, nous reprenons notre navigation et quittons le fjord du Scoresbysund pour nous diriger vers Akureyri en Islande. Des vents de 35 nœuds ainsi que des creux de 3-4 mètres chahutent déjà le bateau.
La traversée s’annonce mouvementée… C’est pourquoi le Commandant Mika Appel nous invite, à 15h, au traditionnel cocktail de l’au revoir ; c’est l’occasion pour lui de remercier les membres de l’équipage du pont et de la machine qui ont mené le bateau en toute sécurité pendant notre croisière expédition.
En fin d’après-midi, notre médecin Alain nous propose une conférence sur la tectonique des plaques et nous explique la théorie de Wegener et la dérive des continents.
Avant le dîner, nous nous retrouvons au bar pour un dernier « récap » au cours duquel Jérémy nous raconte sa mission de comptage des oiseaux à Ittoqqortoormitt pour le compte du CNRS ; Anaïd nous parle du Grand Corbeau et des légendes qui s’y rapportent, et Élisabeth donne les conseils pratiques pour notre débarquement.
Le diner nous a donné l’occasion de féliciter et de remercier toute l’équipe hôtelière, qui nous a particulièrement choyés pendant ce voyage.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Bonsoir à tous ! Passagère sur l’Ortélius début juillet dernier je voudrais faire un petit coucou à Elisabeth et lui renouveler toute notre amitié et lui dire combien nous avons apprécié sa compétence et son dévouement. Je suis ravie qu’elle reparte en expédition.
Beau voyage à tous et peut être nous reverrons nous sur une autre croisière.
Cordialement,
D B
Bonjour à tous , en particulier à Marie Claude et sa cousine
Nous suivons votre expédition ,je la trouve magnifique ,nous pensons bien à vous ,profitez en au maximum
Bon séjour à vous tous
Joël
Bonsoir A Mireille et Françoise de Pont Saint Esprit
Je suis attentivement votre voyage, j’espère que vous profitez bien de ces magnifiques paysages. je pense a vous le soir au bord de ma piscine, et je suis contente d’avoir chaud! Alors ce pull en Alpaga, vraiment chaud ?
Je vous embrasse
Bises
Monique
Bonsoir, je suis avec une grande attention vos comptes-rendus puisque je connais bien une de vos passagères.
Avez vous la possibilité de joindre quelques photos de vos visites au gré de vos comptes-rendus ou pas ?
Ce serait formidable pour les proches qui suivent pas à pas vos expéditions !!!!!
Merci et bonne continuation !!
Sabine
Quel voyage !!!! J’en ai plein les yeux et quels regrets de ne le partager avec vous…
Affectueusement. Monique
Un coucou à Sylvie et Denis
Nous suivons pas à pas votre magnifique exploration et nous sommes ravis des bellles journées que vous passez à contempler cette faune exceptionnelle.
Bonne suite de voyage.
Dommage que nous ne puissions avoir quelques photos……. nous les verrons à votre retour !!!
Bises
Mimi et Jean Lou
Bonjour!!! Salutations à tous, particulièrement à mon oncle Jacques B. et ma tante Francine D.
Quel plaisir de vous suivre, quelle belle aventure!!! Profitez au maximum!!!
Déjà hâte d’entendre vos récits!!! À bientôt!!! Soyez prudents!!
Mylène & Louis-André
Encore un petit coucou a Mireille et Françoise, Demain, je pars en randonnée et je ne pourrai plus suivre votre voyage profitez bien, et Si le paysage est encore plus beau que le récit, le voyage doit être magnifique !
Bises a vous deux
Monique
Bonjour aux amies Brigitte et Eliane
Quel plaisir fantastique nous avons en vous suivant sur cette aventure.
Nous ferons une séance photos (hâte de voir ces ours blancs tant attendus) en octobre
Prenez un plaisir immense avec ces passions qui vous animent les amies
Pensons à vous
Bises à vous deux
Anne Marie. Jean-Jacques
Bonjour Lorrain à Monique et Pascal,
Je suis avec enthousiasme et admiration votre périple boréal tellement insolite !
Que de souvenirs emmagasinés, de visions improbables de faune et de beautés géologiques !
Un bel anniversaire de mariage qui en appellera d’autres sous d’autres latitudes, j’imagine…
MP et moi pensons à vous et vous souhaitons bon vent pour la fin en Islande.
Bises
Hello Sylvie et Dénis
Bienvenue au Groenland
Deux mamans ours avec leur progéniture pour vous accueillir c’est génial
Vivement des photos avec les belles couleurs décrites dans les commentaires du voyages.
Vous devez vivre ça à fond
Sylvie couvres toi bien
Bises à vous deux
Bonjour Lorrain à Monique et Pascal, nos grands explorateurs de l’extrême,
Quelle aventure parmi des paysages et une faune époustouflants, vous devez en prendre plein la vue !
2018 restera une année « inoubliable » à bien des égards pour Monique, c’est sûr…
Bientôt l’Islande pour terminer en beauté cette expédition polaire, profitez en bien !
Bises,
MP et Pierre
De la part des enfants et petits-enfants d’ALAIN et CATHERINE, qui ont la chance d’être à bord de l’Ortelius :
Merci pour ces récits qui nous font rêver et voyager.
Nous sommes heureux de partager un peu de cet extraordinaire voyage.
Bonne navigation à tous.
Bonjour et en particulier à mon amie Thérèse B,
Merci pour les nouvelles, quelle belle expédition mais quel dommage pour les photos !
Profitez en bien.
Bisous Thérèse ?
Nathalie, Chupa et Forza
Bonjour à mes parents, Monique et Dominique
je viens de lire les compte rendus de ces derniers jours
Génial, vous avez vu des ours et des aurores boréales! Vous devez être aux anges!
Papa, tu vas nous avoir fait de superbes photos; je n’en doute pas
je vous embrasse très fort
ici, il fait encore très chaud
profitez bien
Bisous
Céline
Bonjour à Mireille et Françoise de Pont-Saint-Esprit
Superbe voyage – je me réjouis déjà de pouvoir voir les photos.
Bonne Continuation ! Bisous
Marie-Antoinette
Bonjour Marie Claude ,et la cousine !
Ainsi qu’a Tout le monde
Nous suivons votre périple au quotidien !
Quelle belle expédition tu fais avec ta cousine ! Les commentaires sont très clairs ,vous devez vous régaler avec tous ces paysages féeriques ,la faune qui ne fait absolument pas attention à vous ,que du bonheur
Vous allez rentrer avec des souvenirs pour longtemps
Grosse bises
Joël ,Jacqueline
Pour Antoine et Marie : Je pense à vous et sais combien vous devez apprécier ce temps exceptionnel !
En arrivant à Chypre aujourd’hui, ( tout se passe bien pour moi ) ,une participante m’a longuement parlé de l’Ortelius car elle a fait le Spitzberg il y a quelques années et cette croisière lui a laissé un souvenir impérissable !
Profitez bien et au maximum !
Je vous embrasse ❤️
Hello Sylvie et Denis,
Nous voyons que votre exploration se passe toujours à merveille avec en prime les aurores boréales, ça nous rappelle de bons souvenirs.
Alors …. bœufs musqués dans la boîte à image ou pas ?
Nous supposons que vous avez fait partie de l’équipage de l’hélicoptère.
Ce doit être passionnant avec toutes les conférences et explications de toutes vos sorties.
Il va y avoir un sacré compte-rendu à nous faire à votre retour
Pour nous dernière journée …. nous rentrons demain.
Bises à vous deux
Mimi et Jean Lou
Coucou Marie-Claude et Dominique ! J’ai hâte de vous revoir après ce périple plus qu’extraordinaire que je suis jour après jour. Bisous
Bonjour à tous les chanceux qui naviguent sur l’Ortelius. Tout d’abord toutes mes félicitations pour la teneur des comptes-rendus journaliers très concis, mais ceux-ci doivent être encore bien loin de la réalité aussi bien visuelle qu’émotionnelle ressentie lors de cette expédition.
Petit message pour Marie-Claude et Dominique : profitez pleinement et appréciez les quelques jours qui restent avant votre retour. J’attends vos photos !!!!!
Je vous embrasse. Martine