Alain Desbrosse
Spitzberg
10 janvier
23 janvier 2016
À bord de l'Ortelius, du 10 au 23 janvier 2016
Alain Desbrosse
Spitzberg
Vol de Orly et Genève à Madrid où les deux groupes se retrouvent à l’embarquement pour le vol de Madrid à Buenos Aires.
Arrivée à Buenos Aires en fin de journée, transfert à l’hôtel Holiday Inn pour récupérer de la fatigue de ce long trajet et de ses quatre heures de décalage horaire.
Vol Buenos Aires – Ushuaïa et transfert à l’hôtel Albatros avec Paola. Après-midi libre sous les bourrasques de neige qui blanchissent les pelouses et les lupins en pleine floraison.
Repas du soir à l’Estancia avec le traditionnel barbecue argentin d’agneau grillé.
Excursion à 8h30 dans le parc national de la Terre de Feu en compagnie d’Iliana, visite de la forêt de hêtre austral (deux espèces à feuilles caduques et une à feuilles persistantes), tourbière, barrage de castor, pique- nique à l’intérieur du bus compte tenu des conditions de vent et des bourrasques de neige qui continuent à sévir. Arrêt à la poste la plus australe avant de revenir sur Ushuaïa pour embarquer à 16h00 à bord de l’Ortelius où nous attendent Christophe Gouraud, assistant du chef d’expédition, Sébastian, et Christophe Bouchoux.
En mer, cap au Sud. Après une nuit bien agitée dans sa seconde moitié, la matinée nous trouve à vitesse réduite, au large du Cap Horn que nous doublons par un petit 5 nœuds, dans une mer creusée par 50 nœuds de vents. Conditions s’améliorant lentement au cours de la journée qui permettent, en seconde moitié d’après-midi, de pouvoir présenter une conférence sur les phoques de l’Antarctique, à 16h30 par Barbara pour les anglophones, à 17h30 par Alain pour les francophones.
Récapitulatif à 18h00 avec présentation des principales espèces d’albatros et pétrels des mers du Sud par Christophe Gouraud et en particulier leur envergure matérialisés sur une cordelette.
Annonce du programme du lendemain ayant trait aux informations obligatoires concernant la réglementation à respecter par les visiteurs de l’Antarctique.
Le vent étant tombé, la mer en fait de même pour assurer un petit-déjeuner et une matinée bercée par un clapot reposant sous un ciel bleu moucheté de quelques nuages.
À 9h30, les réunions obligatoires avant débarquement s’enchaînent.
Dans l’après-midi, grande séance d’aspiration des sacs, vestes et vêtements qui seront utilisés à terre, dans le but de ne pas introduire des graines ou organismes vivants invasifs.
Belles observations depuis la passerelle et les ponts extérieurs de différentes espèces d’oiseaux marins : albatros fuligineux, damier du Cap, Pétrel à menton blanc, Pétrel bleu,…. et quelques souffles de rorqual commun.
Au récapitulatif, présentation des espèces d’oiseaux observées dans la journée par Mic, en particulier le Damier du Cap et sa technique de pêche du krill capturé à la surface de l’eau, puis présentation des grands traits de la biologie de cette crevette par Barbara, suivie d’une introduction à la chasse à la baleine en Antarctique par Louise dont le grand-père est venu dans ces eaux pour inaugurer ce grand massacre au siècle dernier.
En fin d’après-midi puis au cours de toute la soirée, nous croisons nos premiers icebergs dérivant vers le Nord. Superbe fin de journée avec le coucher du soleil à 22h30.
Après une nuit de nouveau agitée dans une mer contre laquelle la proue de l’Ortelius vient frapper violemment, nous embouquons le détroit de Bransfield dans la matinée pour nous diriger vers notre point de débarquement sur le continent antarctique, à la Pointe Portal.
Observations de baleines à bosse, femelles et jeunes croisant de concert. Bel iceberg tabulaire creusé d’arches multiples trouvé sur la route de l’Ortelius.
Arrivée en fin d’après-midi, après la traversée des détroits de Bransfield et Gerlache en vue de la péninsule antarctique et de ses reliefs escarpés dégoulinants de masses de glace. Bonne brise de Sud-Ouest dans tout le détroit de Gerlache, jusqu’à l’arrivée dans la baie de Charlotte parfaitement protégée.
Débarquement à Portal Point sur les granits polis par les glaces et balade en zodiac pour découvrir un champ d’icebergs échoués et les premières espèces des lieux : Labbe brunet Sterne couronnée, Cormoran antarctique, Goéland dominicain et trois espèces de manchots : à jugulaire, papou et adélie. Du côté des mammifères marins, plusieurs phoques crabiers dormant sur les icebergs, un jeune phoque léopard posé sur un bourguignon et un jeune éléphant de mer en pleine mue juché au sommet des roches moutonnées, fruit de l’érosion glaciaire. Fabuleuses lumières avec d’infinies nuances de gris, de bleus, de verts et de blancs pour le plus grand régal des photographes!
Réveil matinal à 6h30, par Sebastian, chef d’expédition, pour profiter de la navigation dans le Canal de Neumayer, fjord aux côtes escarpées. Temps gris lumineux.
Débarquement à Port Lockroy dans la matinée, sous un grain de neige, pour visite de la base historique anglaise et de la poste la plus australe de notre périple. Groupe divisé en deux (117 personnes au total là où la réglementation IAATO impose un maximum de 100 personnes en même temps à terre), pendant qu’une moitié visite la base, l’autre prospecte la colonie de manchots papous de la Pointe Jougla, à quelques encablures de la base. Restes de banquise hivernale dans tout le fond de la baie sur laquelle se prélassent deux phoques crabiers et quatre phoques de Weddell en pleine digestion. Compte tenu des conditions d’enneigement tardif ayant retardé les manchots papous dans la construction de leurs nids de cailloux, les oiseaux sont encore occupés à couver, très peu de jeunes ont éclos.
Dans l’après-midi, nous embouquons le chenal Lemaire dont les deux bords escarpés nous enserrent, du Cap Renard jusqu’au Sud de l’Île de Booth où nous espérons débarquer à Port Charcot. Le yacht Enigma nous précède pour finalement stopper sa course, bloqué par une vaste plaque de banquise qui va permettre à l’Ortelius de montrer ses capacités à pénétrer la glace. Après une première tentative trop timide, une manœuvre de recul permet de prendre l’élan nécessaire pour ouvrir une brèche dans les 40 à 60 centimètres de glace qui nous séparent de la baie d’accès à Port Charcot. Arrivés en vue de la côte, il apparaît que tout débarquement est impossible compte tenu de la quantité de bourguignons et d’icebergs venus de la mer de Bellingshausen située plus au Sud.
Nous nous rabattons sur l’exploration de l’île de Pléneau où chaque escarpement rocheux déneigé offre un site de nidification aux dizaines de couples de manchots papous. Spectacle grandiose de roches burinées par l’érosion glaciaire et de glaces dérivantes sous un soleil resplendissant.
Après dîner, départ d’un groupe de valeureux bivouaqueurs pour une nuit sous la voûte céleste australe pendant que le reste du groupe, en solidarité, prend le bar d’assaut pour quelques lampées salvatrices d’antigel et autres armagnacs de survie en zone hostile.
Retour des bivouaqueurs aux aurores pour séchage du matériel en salle de conférence puis petit-déjeuner roboratif à 7h30.
Un premier groupe part à 9h15 en croisière zodiac dans le dédale d’îles et d’icebergs des parages des Îles Yalours, le second enchaîne un périple similaire à 10h30. L’Ortelius ne jette pas l’ancre pendant tout ce temps compte tenu de la dérive permanente des glaces. Les îles basses sont toutes occupées par de petites colonies de manchots Adélie perchées sur chaque sommet arrondi. Un Phoque de Weddell se prélasse sur une des innombrables plaques de banquise dérivante.
Pendant le repas de midi, le bateau part se positionner devant l’Île Petermann où nous débarquons au pied d’une cabane construite par l’armada argentine. Quelques jeunes éléphants de mer sont venus y dormir en attendant que leur mue annuelle soit terminée tandis que les Manchots papous nourrissent leurs jeunes récemment éclos. Certains couvent encore un œuf et ont commencé à nourrir leur premier poussin. Tout au bout du parcours sur cette île encore très enneigée, les manchots Adélie ont des jeunes beaucoup plus développés, d’une corpulence proche de celle de leurs parents. Une petite colonie de cormorans antarctiques élève des nichées constituées de trois jeunes par nid. Les labbes bruns viennent se poser en couple pour tester la vigilance des manchots pour tenter de leur dérober œufs ou jeunes.
L’île Petermann constitue la limite méridionale de notre périple, l’abondance des glaces dérivantes nous interdisant de pousser plus vers le Sud. Décision est prise de repasser le chenal Lemaire où une plaque de banquise encore plus grande que celle rencontrée la veille nous ferme l’accès. Après deux avancées destinées à fracasser la plaque, au troisième coup de boutoir, l’Ortelius réussit à se frayer un passage jusqu’aux eaux libres de chenal Lemaire. En arrière-plan, le Mont Français s’élève, nous rappelant le passage du Pourquoi Pas ? de Jean-Baptiste Charcot.
Pendant le dîner, le ciel se dégage complètement pour nous offrir une fin de journée dans l’apothéose d’un soleil austral disparaissant vers 23h00 derrière la rotondité du continent antarctique. Force libations sont portées par quelques valeureux passagers pour célébrer cette sainte journée polaire.
Réveil matinal à 7h00 de la part de Sebastian pour un débarquement à Neko Harbour, vaste anse entaillée dans la côte de la péninsule antarctique. Soleil resplendissant sans nuages avec le Mont Français en arrière-plan. Ascension sur les pentes enneigées vers un point de vue dominant toute la baie et le glacier qui rend la fréquentation de la ligne de rivage dangereuse en cas de vêlage. Colonies de manchots papous couvant leurs œufs ou nourrissant leurs jeunes fraîchement éclos.
En début d’après-midi, débarquement au site de Danco où nous attendent de nouvelles colonies de manchots papous perchées à des hauteurs impressionnantes au-dessus des névés qui couvrent encore, en cette deuxième quinzaine de janvier, l’essentiel de cette île. Belle balade, pour les adeptes de cette activité en bord de rivage, à la découverte de la diversité des roches charriées par la calotte glaciaire qui recouvrait, il y a quelques millénaires, tous ces espaces. Rencontres avec les manchots papous revenus du large et cherchant leur chemin vers leur nid, observation d’un couple de Labbe brun en grande toilette.
À 18h30, récapitulatif de la journée au bar, présentation du programme à venir par Sebastian, les formes de relief laissées par les glaces par Alain, la biologie de la reproduction des manchots par Mic.
Réveil à 7h00 pour assister à la manœuvre d’entrée dans Neptune’s Bellow, les « soufflets de Neptune » qui constituent la porte d’accès à l’intérieur de la caldeira de l’Ile de la Déception, l’une des trois îles envahies par la mer, de ce type dans le monde. En arrivant dans WhalersBay où gisent les immenses réservoirs de tôle rouillée pour le stockage d’huile de baleine de cette ancienne station de chasse aux cétacés, des fumerolles s’échappent de la ligne de rivage, signalant l’activité volcanique de ce volcan momentanément endormi. Débarquement pour l’ascension à la Fenêtre de Neptune d’où l’on découvre toute la côte du continent antarctique, à plus d’une centaine de kilomètres. Dans les falaises, nichent cormorans antarctiques et damiers du Cap. Sur les rochers constitués de conglomérats rugueux de roches volcaniques, une forêt miniature de lichens brave les vents qui mènent la sarabande dans ces contrées. Aujourd’hui, un petit vent coulis transperce allègrement nos multiples couches protectrices. Un petit groupe d’irréductibles baigneurs goûte les joies d’une trempette éclair au pied des tôles rouillées laissées par les baleiniers.
Pendant le déjeuner, l’Ortelius fait route vers l’Ile Livingston distante de 2h30 de mer. En route, un groupe d’orques patrouille à proximité de deux rorquals à bosse. Le bateau dérouté permet d’effectuer une observation rare des animaux venus plonger sous l’étrave, offrant l’opportunité de les voir de tout près et par transparence de part et d’autre de la proue.
Arrivée à Hannah Point avec une heure de retard sur le programme (merci les orques !). Le site est aussi surpeuplé qu’une arche de Noé, colonies de manchots papous aux jeunes très développés formant des crèches, de manchots à jugulaire abritant un gorfou doré solitaire, pétrels géants, tas d’éléphants de mer réunis à cette époque de l’année pour leur mue qui les amène à changer non seulement de pelage mais aussi de peau comme en attestent les lambeaux laissés dans le sable volcanique noir. La balade qui devait se terminer vers une collection de fossiles est écourtée par la présence d’un jeune éléphant de mer accouru pour voir ses premiers visiteurs de l’année.
Réunion au bar pour arroser la fin du voyage avec un verre offert par Monsieur X à la santé duquel tous les passagers de l’Ortelius trinquent. Récapitulatif de la journée avec un exposé de Joe sur l’histoire volcanique de l’Ile de la Déception et Louise sur les résultats d’une recherche effectuée par une néo-zélandaise sur la puissance d’expulsion rectale des manchots, une fonction manifestement vitale si l’on en juge par le tapis puissamment odoriférant régnant sur les colonies.
En soirée, le ballet des icebergs s’éloignant lentement du continent antarctique ponctue notre route vers le Nord et le passage du Drake.
Toute la matinée se déroule sur un Drake proche de la mer d’huile, qui progressivement se fait plus humide et plus venté avec une petite brise de Noroît qui creuse lentement la surface marine pour nous procurer dans l’après-midi, des creux de trois à quatre mètres.
Conférence de Christophe Gouraud sur l’Albatros hurleur, ce géant des mers qui nous a tenu compagnie à l’allée et que l’on retrouvera, planant au-dessus de l’onde, dans la traversée du retour, présentation de Sebastian traduite en simultané par Christophe Bouchoux sur la géographie générale du continent antarctique.
Dans l’après-midi, conférence de Christophe Bouchoux sur la vie d’Amundsen et plus particulièrement sa conquête du Pôle Sud mais aussi ses différents exploits dans l’Arctique, passage du Nord-Ouest, survol du pôle en dirigeable…
Au récapitulatif, Barbara nous présente les plantes, algues, champignons et invertébrés de l’Antarctique puis Mic nous fait découvrir cette merveilleuse invention qu’est la plume dans le monde des oiseaux des divers continents.
Après une nuit quelque peu chahutée par le roulis généré par une grande houle de Noroît, l’Ortelius fait route vers la Terre de Feu à 10 nœuds avec des creux de 2 à 3 mètres par travers bâbord. Les conférences et causeries se succèdent : Mic pour tout savoir sur le Méridien de Greenwich et l’heure universelle, Alain pour une lecture de textes d’Erik Orsenna tirée de Salut au Grand Sud (Déception et Chacot), Joe fait un exposé sur la glaciologie et les glaciers dans le monde et en Antarctique.
Après-midi consacrée aux règlements d’usage, bar, buanderie, pourboires, retour des bottes en salle de conférence, rangement des valises observation de la mer depuis la passerelle.
Pot du commandant à 18h30 avant le dîner.
« D’où vient cette étrange attirance, si puissante, si tenace pour ces régions polaires qu’après en être revenu on oublie toutes les fatigues physiques et morales pour ne songer qu’à retourner vers elles ? »
Jean-Baptiste Charcot
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Très heureux de ces bonnes nouvelles qui font regretter presque en tant réel de ne pas être du voyage…
Bonne continuation à tous et toutes et un bisou à Joëlle FILHOLS
Michel
Message pour Joëlle FILHOLS
Ouh la… Ça fait envie !
Prends en plein les yeux Mam, on pense à toi…
Gros bisous
Flo and co
Ce reportage, c’est top ! Plus fort que Jules Verne !
Message pour Lucienne Pasche : te connaissant, on se réjouit de découvrir les photos des phoques, des manchots, peut-être même des conférenciers et des accompagnants !
Becs et amitiés à Marie-Claire
Marie-Claude et Jean-Luc
coucou! surtout à Odile et Raynald!
Superbe description du voyage! Je suis sûre que vent, froid, mal de mer, neige etc ne sont pas importants par rapport à tout ce que vous vivez et voyez. Les valeureux bivouaqueurs, c’est sûrement vous?
J’ai hâte de voir vos photos!
J’ai fait une feu de cheminée dans mon cabinet, car, ici aussi, il fait assez froid (moins4) mais très très beau!
Je vous embrasse,
Christiane Tonini
Merci à toute l’équipe de l’Ortélius pour ce magnifique voyage auquel j’ai participé
Mes amitiés Bisous Lucienne
Coucou Annie !
J’attends avec impatience ton retour pour que tu puisses raconter et partager toutes ces merveilles
Bizzzzzzzzz
Annie