Bruno Guégan
Grand Nord
16 janvier
21 janvier 2017
Du 16 au 21 janvier 2017
Bruno Guégan
Grand Nord
Dès hier soir, après une longue journée de voyage, nous partons nous installer au large de Tromsö pour fuir les lumières parasites et essayer d’observer nos premières aurores boréales, ce fut efficace car malgré une intensité très faible, nous avons pu observer une aurore que nos meilleurs photographes ont pu immortaliser.
C’est à 7h que le doux bruit du moteur nous réveille, direction le kvalsundet, le passage des baleines, et une heure plus tard, le jour à peine levé, le capitaine annonce des orques en vue. Ce sera notre première observation d’un groupe de 33 orques, accompagnés de 7 pygargue à queue blanche et de quelques goélands marins, ils continuent leur pêche dans une grande indifférence, frôlant régulièrement notre bateau. Nous resterons plusieurs heures, fascinés par ce spectacle incroyable d’une pêche collective, tout autour du Polaris, à laquelle nous décidons de nous associer. A peine les lignes mouillées, les passagers et un membre de l’équipage remontent 12 beaux cabillauds qui nous ferons le repas de ce soir. Nous continuons notre route vers le Vangseyfjord, à nouveau c’est un festival d’orques autour du bateau et un peu pus loin nous pouvons observer avec les orques une dizaine de baleines à bosse qui se joignent aux festivités. Mais déjà, la nuit arrive et les teintes improbables de pourpre, roses, bleues se mélangent afin de mieux accueillir une nouvelle nuit, mais il n’est que 15h. Séance de tri de photos, puis petit gouter avant la découverte du Chemin du Nord, une « causerie » de Bruno qui amènera beaucoup de questions sur la flore et faune locale. Dégustation de rillettes de cabillaud, puis diner avec au menu du cabillaud vraiment frais. Ce soir et cette nuit, tempête de neige et vent, nous nous réfugions au fond du fjord pour une nuit calme.
C’est le doux tangage du bateau qui réveille les derniers passagers, nuit calme dans le fond du fjord, alors que la neige des sommets était balayée par des vents violents. Nous nous dirigeons vers la baie de Trom (Tromvik) où dès notre arrivée nous sommes accueillis par des groupes d’orques, et plus tard ce sera un festival de baleines à bosse, survolé par quelques pygargues.
Puis nous faisons route vers l’île d’Uloya, route longue de sept heures de navigation, mais dans un environnement splendide et étonnant de contraste de lumière roses, bleues, orange sur fond tantôt blanc, tantôt noir. Nous restons, malgré le vent frais, tous sur le pont observant les côtes bordées de petites maisons ou de petits phares de toutes les couleurs. Les plus frileux accompagnant le capitaine à la passerelle. Puis, une belle tempête de neige nous accueille au port d’Havnes. Tout le monde est volontaire pour faire une petite promenade terrestre, l’occasion de se dégourdir les jambes, il est 15h et il fait déjà nuit noire. Retour pour une petite « causerie » sur les baleines avant un apéritif bien mérité, puis diner et récit du PQ17, dont le Tirpitz, coulé à Tromsö fut un acteur involontaire.
Après une nuit calme à quai à Havnnes, c’est une longue promenade qui nous attend à la découverte du fjord bordant les alpes de Lyngen, magnifique monument naturel de 1500m donnant directement dans la mer. Un peu de sport pour tout le monde sur ce chemin enneigé et bordé de pins. Le pygargue de service vient nous saluer, harcelé par deux grands corbeaux. Après une brève halte autour d’une zone de refuge, nous continuons notre promenade jusqu’à midi, avant d’aller « magasiner » dans l’épicerie locale, le sympathique propriétaire nous ouvre le petit musée et l’usine de traitement et d’emballage des morues à l’odeur si caractéristique. Après le déjeuner, de valeureux passagers partent en zodiac pour une pêche au milieu du fjord, pêche qui ne fut pas miraculeuse mais qui leur laissera un souvenir inoubliable.
Puis c’est autour de Bruno que nous nous retrouvons pour quelques « causeries » en attendant que le ciel se dégage. Cette nuit, veille pour capter la moindre lumière d’aurore, les prévisions d’intensité sont fortes, reste au ciel de bien vouloir s’éclaircir…
L’intensité prévue pour les aurores est importante, mais il n’y a qu’un créneau étroit de ciel dégagé entre 0 et 1 heure, c’est donc avec courage que tout le monde veille en attendant l’heure fatidique. Neige, nuage, neige et vent, puis nuage et neige… Vers minuit, Bruno part en éclaireur (d’aurores) et bientôt suivi par 8 courageux passagers. À peine sommes-nous arrivés à l’abri des lumières parasites de la fée électricité, cheminant dans 70 cm de neige, qu’une première aurore laisse apparaître quelques faibles lueurs, puis progressivement les lumières des cieux se déchaînent, salués par les jurons des photographes qui ont le plus grand mal à régler leurs appareils dans cette obscurité. Les plus sages renonçant à la photo du siècle, pour contempler ces splendides phénomènes naturels. Et ce n’est que vers 1h30 après l’extinction des aurores que toute la petite troupe se replie pour un repos mérité. Dans la neige, quelques traces fraîches de loutres attestent de leur présence .
Vers 7h, les moteurs vrombissent et nous quittons le quai, la météo n’est pas très bonne et la visibilité très faible, le capitaine décide donc de faire route tout de suite vers Tromsö, c’est là que l’on voit les bons professionnels car en fin de matinée, nous aurons affaire à de doux balancements du bateau ponctués de rafales de vent dont certaines dépassaient les 140 km/h, le Nordddd’… comme disent nos passagers Niçois. Le vrai Nord ! Tromsö est sous la neige et nous rejoignons le Polaria, musée sur l’écologie Arctique où nous pouvons assister à la projection de deux films, l’un sur les aurores boréales, l’autre sur le Spitzberg.
Neige, neige et neige. Alors que le ciel reste encombré de flocons, nous prenons un maxi taxi pour aller admirer de près l’architecture de la « cathédrale » Arctique. Un petit tour autour du bâtiment nous permet de prendre conscience pleinement de ces formes si spéciales et de son magnifique vitrail moderne. Nous repartons pour une visite à l’autre bout de la ville, du musée de l’Université. Cette visite durera tout le reste de la matinée. Axée sur deux thèmes principaux : la culture Sami, l’évolution politique de leur vie et la faune du grand Nord. Excellente occasion de réviser nos connaissances. Retour au bateau pour le déjeuner, avant un quartier libre afin de pouvoir « magasiner » en toute tranquillité. Ce soir, soirée cinéma, le coeur est à la bonne humeur en attendant peut-être de nouvelles manifestations des feux du ciel.
Les routes d’accès aux chiens de traineaux sont bloquées et nous trouvons une activité « Lapone » à proximité de Tromsö, rendez-vous est pris pour une petite promenade en bus jusqu’à un camp de Lapons. Là nous pouvons entrer dans l’enclos des rennes et avec l’aide de quelques lichens pouvons avoir une proximité qui permet d’admirer l’épaisseur de leurs fourrures et les pieds si particuliers. Un jeune Sami nous présente l’activité d’élevage du renne, cinq familles se partageant plus de 5000 rennes sur plusieurs centaines de km. Puis, c’est en traineau au pas lent des rennes que nous effectuons une promenade dans un univers de neige, de montagnes et de fjords. Nous regagnons ensuite une tente traditionnelle lapone où une petite soupe nous est servie, avec l’élégance des authentiques, mais un peu rustres Lapons. Notre hôte nous explique sa vie, sa façon de se protéger du froid et nous chante son « Jok » traditionnel.
Retour à Tromsö où la fête du soleil bat son plein, une occasion de voir comment les autochtones vivent sans se soucier des conditions climatiques. Qui aurait pu imaginer assister à la projection d’un film pour enfant à l’extérieur ? Vers 18h, c’est une autre manifestation de joie qui illumine le lointain, un feu d’artifice tiré depuis le bord des quais. La prévision d’aurore est bonne, la météo nous donne un créneau à partir de 21h et c’est donc tout naturellement que depuis le bateau, nous commençons une veille. Nous pouvons, vers 21h30, admirer de belles aurores, une façon que la nature a de nous remercier de notre présence et de nous dire au revoir.
Le voyage se termine, peut-être avez-vous trouvé ce compte rendu ennuyeux, insipide et sans saveur. Mais comment décrire, l’exaltation devant le souffle des baleines, le retour de joies d’enfants quand 4 poissons se prennent sur la même ligne, l’effort nécessaire pour marcher dans la neige afin de s’extraire des lumières humaines et accéder aux lumières célestes. Le souffle des vents violents parsemés de flocons dans cet univers arctique… Et mille autres émotions ! Aucun récit ne vaut le voyage, et il vaut mieux avoir des souvenirs que des regrets.
Alors à bientôt !