Sylvain Mahuzier
Oiseaux et Mammifères
14 juillet
26 juillet 2018
Galapagos, las Encantadas, les Îles Enchantées à bord de l'Éco-Galaxy, Juillet 2018
Sylvain Mahuzier
Oiseaux et Mammifères
En fin d’après-midi, nous arrivons à Quito, capitale de l’Équateur nichée à 2830 mètres d’altitude, ce qui en fait la seconde capitale la plus haute du monde. Installation à l’hôtel « Reina Isabel », dans le quartier de Mariscal. Dîner de cuisine locale sur place, puis tentative de repos après une longue journée de voyage.
La journée s’annonce bien, la lumière est déjà belle. Nous partons en minibus vers un jardin public situé dans les hauteurs, non loin de la grande statue de la Vierge de Quito, qui nous offre un point de vue imprenable sur une partie de la capitale, et sur quelques volcans aux alentours. Puis nous sommes déposés près du centre historique de Quito, première ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco en 1978, pour une visite complète en compagnie de notre guide Alexandra, que nous effectuerons à pied, car l’accès aux véhicules est interdit le dimanche. Nos pas nous conduisent dans les petites rues autour de la basilique, puis autour du palais présidentiel et nous arrivons sur la magnifique Plaza San Francisco, vaste place pavée entourée de maisons coloniales colorées, et visitons la remarquable église du monastère San Francisco, emplie de sculptures et de décorations de style baroque. À travers les rues animées, nous passons devant l’église de la Compagnie de Jésus et débouchons sur la Plaza Grande, que bordent la cathédrale, le palais du Gouverneur ou encore le palais de l’Archevêché.
Déjeuner au restaurant « des miracles », à l’entrée très originale puisqu’il faut passer par la chapelle du même nom pour y arriver. Nous dominons le centre-ville, mais l’endroit est calme et ravissant, et le menu fin et savoureux. En après-midi, nous passons deux heures au Jardin botanique qui présente toute la diversité de la flore équatorienne, sans oublier les somptueuses serres à orchidées. Nous y observons aussi quelques oiseaux, dont un colibri à la queue très longue qui répond au nom étonnant de porte-traîne de Lesbie, ainsi que le merle géant et la tourterelle oreillarde. Dîner au restaurant Achiote, puis retour à l’hôtel Reina Isabela.
Encore une journée ensoleillée. Départ tôt le matin pour l’aéroport et toutes les formalités à accomplir. Puis cap sur l’archipel des Galapagos. À l’aéroport de Baltra, nous sommes accueillis par Juan, dont la famille vit depuis 3 générations aux Galapagos et qui sera notre guide pour toute la croisière. Un court trajet en bus nous conduit au chenal qui sépare Baltra de l’île Santa Cruz, et un petit traversier nous emmène sur l’autre rive avec nos bagages. Déjà, pélicans, noddis et crabes des Galapagos nous mettent dans l’ambiance et excitent notre curiosité. Cette fois dédié uniquement à notre groupe, un minibus nous fait traverser les « hautes terres » de Santa Cruz, où la végétation exubérante et bien verte contraste avec le paysage volcanique et aride observé en arrivant sur Baltra. Nous effectuons une courte étape auprès de « Los Gemelos », les jumeaux, site ainsi appelé, car deux impressionnants cratères d’effondrement se côtoient, l’un profond de 80 mètres et l’autre de 60. La végétation est dense jusqu’au fond des cratères, et quelques passereaux chantent dans les arbres. Tout en pique-niquant, nous roulons ensuite jusqu’à Puerto Ayora, la « grande ville » de l’île, que nous traversons pour arriver au port. Pour nous mettre directement dans l’ambiance, une femelle lion de mer (ou otarie) des Galapagos – sous-espèce endémique du lion de mer de Californie -, accompagnée de son petit, se reposent jusque sur les bancs situés sur les quais, pendant que les frégates font des cercles au-dessus du port. Les marins nous conduisent jusqu’à l’Alya, notre élégant et spacieux yacht, où nous prenons possession de nos cabines. Retour à Puerto Ayora pour visiter la Station de Recherche Charles Darwin, inaugurée au début des années 60. Ses fonctions principales : fournir des informations scientifiques, principalement sur les Tortues géantes des Galapagos, aider le Parc National avec des programmes d’éducation, et former les étudiants équatoriens. Juan nous explique tout le processus d’élevage des petites tortues puis de réintroduction dans la nature. Nous rejoignons ensuite l’Alya et effectuons l’exercice de sécurité obligatoire, avant d’appareiller. Dîner – délicieux – à bord puis c’est le temps du repos, car la journée de demain s’annonce chargée…
L’île Isabela est de loin la plus grande des Galapagos. Nous y sommes arrivés au petit matin, et jetons l’ancre à Punta Morena, un site peu visité situé au sud-ouest de l’île et loin de tout. C’est l’occasion de mettre nos pangas (bateaux pneumatiques) à l’eau et d’observer sur les rochers nos premiers iguanes marins, couleur de lave. Des reptiles qui n’existent qu’aux Galapagos, et les seuls iguanes au monde à être devenus marins ! Femelles et jeunes broutent les algues à marée basse, tandis que les mâles, qui se sont lesté l’estomac en avalant des graviers, sont capables de plonger à plusieurs mètres pour aller chercher des algues au fond de l’eau… Autres espèces étonnantes : le manchot des Galapagos, qui survit ici grâce aux courants froids de Humboldt et de Cromwell, et le cormoran aptère, dont les ailes se sont atrophiées en l’absence de prédateurs terrestres. Trois espèces endémiques dès la première sortie, cette croisière commence fort ! Puis nous accostons pour une balade au sein des laves cordées, où nous découvrons nos premiers cactus des laves. Dans un petit lagon en communication avec la mer, nous apercevons un petit requin. Autre découverte, le snorkeling depuis les pangas : manchots, poissons multicolores, tortues vertes marines et lions de mer des Galapagos sont au rendez-vous, ces derniers n’hésitent pas à jouer avec les plongeurs en fonçant sur eux et s’esquivant au dernier moment ! Nous reprenons ensuite notre route en direction de la baie Élisabeth, plus au nord. En chemin, nous apercevons au loin un cratère vomissant de la lave en fusion sur les flancs du volcan Sierra Negra, qui arrive jusqu’à la mer et produit de grands panaches de vapeur. Cette vision lointaine nous laisse sur notre faim… Arrivés dans la baie, on nous propose une belle croisière de 2 heures en panga. Scène 1 : nous assistons à un véritable piratage des fous à pieds bleus, emblématiques des Galapagos, par les frégates qui leur volent leurs proies. Scène 2 : nous entrons dans une vaste mangrove et observons une foule d’animaux. Pélicans bruns perchés sur les palétuviers, grand héron, héron des laves – gris foncé comme son nom l’indique –, cormorans aptères et manchots des Galapagos, tortues marines, raies…
Avant de remonter plus au nord encore, le capitaine nous offre un cadeau que nous n’oublierons pas : il rebrousse chemin pour nous approcher au plus près du volcan en éruption… et nous restons pendant une heure et demie à profiter de ce spectacle de plus en plus dantesque au fur et à mesure que la nuit tombe. L’émission continue de lave est impressionnante même si le cratère d’émission du magma est à environ 8 km à l’intérieur des terres, et nous sommes tout près du rivage où les panaches de vapeur sont gigantesques lorsque la lave touche l’eau. Lorsque la nuit est tombée, le son et lumière atteint son paroxysme et notre excitation est à son comble ; une partie d’entre nous assiste pour la première fois à une éruption ! Plus tard, lors du cocktail de bienvenue du capitaine, nous ne manquons pas de le remercier chaleureusement pour son initiative. Quelle journée !
Nous sommes arrivés ce matin à Urbina Bay, près du volcan Alcedo. Première activité : une marche à travers une forêt d’arbustes sur un champ de lave surélevé par un gigantesque soulèvement de terrain volcanique il y a quelques décennies. Le sol est mélangé de cendres volcaniques et de corail, et parmi les arbustes le « Muyuyo » présente de belles fleurs jaunes épanouies. Rencontre particulièrement marquante et attendue sur ce sentier : les énormes tortues géantes des Galapagos : certaines dorment, d’autres se déplacent à la recherche de nourriture, de leur pas lent, mais déterminé. Spectacle impressionnant, et drôle lorsqu’une petite femelle semble poursuivre un énorme mâle qui ne semble pas très intéressé… Autres reptiles que nous n’avions pas encore observés : les iguanes terrestres des Galapagos, qui pour certains dépassent un mètre de long ! Principalement des mâles, tous de couleur dominante jaune. Leurs terriers sont bien visibles au bord des chemins. Une buse des Galapagos (encore une espèce endémique !) nous survole. Activité nautique ensuite, dans des eaux un peu agitées. Le haut de plage est truffé de trous de ponte de tortues marines, nous en croisons d’ailleurs quelques-unes en nageant le long des rochers. De nombreux pélicans parcourent le bord de mer et pêchant de petits poissons. Un manchot des Galapagos fait surface non loin, et un cormoran aptère vient faire la sieste puis sa toilette à deux pas de nous, sans aucune appréhension.
L’après-midi, nous voici à l’ancre au large de Punta Espinoza, située sur Fernandina, l’île à l’ouest immédiat d’Isabela et 3e plus grande île des Galapagos par sa taille. Nous allons à la rencontre des iguanes marins, en harmonie totale avec leur milieu, noir de lave. Dès le débarquement il est difficile de se frayer un chemin à travers les centaines de reptiles rassemblés par groupes. Nous évoluons sur les plaques de laves, cordées pour la plupart, en oreillers par endroits (« pillow-lavas »), et qui témoignent du passé volcanique tumultueux de la région. Les légions d’iguanes marins ne se révèlent à nous qu’au dernier moment, le ton sur ton fonctionne bien. De jeunes lions de mer se rafraîchissent dans les petites anses peu profondes du rivage. Un cormoran aptère niche à même le sol, un autre fait sa toilette et nous apercevons au moins une demi-douzaine de tortues vertes marines au bord de la mer. Sur les rochers, un spectacle étonnant : une bande de crabes des Galapagos, rouge flamboyant, est en train de dévorer un poulpe de belle taille, probablement abandonné là par un cormoran.
Avant le dîner, au cours de notre « récap », nous reparlons des cormorans aptères, de leur biologie et des menaces qui pèsent sur eux.
Connue pour offrir un ancrage abrité depuis 300 ans, la baie Tagus (Tagus Cove) fut fréquentée par les pirates, puis par les pêcheurs qui aujourd’hui n’ont plus l’autorisation de pêcher. Elle accueillit en 1835 un hôte de marque : le jeune Charles Darwin à qui on dédia plus tard le lac Darwin dont nous faisons le tour par le haut du cratère. À la recherche des fameux pinsons de Darwin, plus précisément appelés géospizes aujourd’hui, nous cheminons à travers les Palos Santos, arbres au tronc très blanc et à la résine qui sert d’encens (et en a le parfum). Arrivés au sommet du cratère – et survolés par une buse des Galapagos -, nous découvrons une vaste plaine de lave au pied du volcan Darwin, et au-delà le volcan Wolf. Au bord de la mer, Juan nous montre au loin une petite mangrove qui abrite le très rare Géospize des mangroves, menacé depuis peu par une mouche africaine probablement introduite accidentellement. Puis quelques-uns d’entre nous s’essayent au kayak de mer pendant que d’autres tentent une séance de snorkeling qui ne dure pas longtemps compte tenu de l’agitation de la mer.
Cap sur Punta Vicente Roca, encore plus au nord de l’île d’Isabela, falaise de lave vertigineuse et multicolore – grise, rouge et brune. Nous partons en pangas (nos bateaux pneumatiques) pour longer cette côte éminemment volcanique. Dykes, coulées de lave, couches de cendres, caldeira, le cadre est spectaculaire. Et la faune n’est pas en reste. De nombreuses tortues vertes nagent tranquillement dans l’anse, nombreuses à se nourrir. Apparemment pas du tout importunées par notre présence, elles semblent voler au ralenti, et leur élégance est infinie. Les lions de mer jouent dans l’eau, les iguanes marins se prélassent sur de gigantesques blocs de basalte, noddis bruns, fous à pieds bleus et fous de Nazca occupent les corniches et anfractuosités pour nicher. Dès notre retour à bord, le capitaine appareille pour le nord, afin que nous fassions le tour d’Isabela et atteignions demain matin l’île Santiago. Les puffins des Galapagos nous accompagnent, plusieurs raies mantas sautent non loin du bateau et nous apercevons quelques représentants du très étonnant et énorme poisson-lune, sans oublier quelques dauphins communs. Juste avant le coucher du soleil, nous franchissons la ligne de l’équateur et le Capitaine Jaime nous invite à la passerelle pour guetter sur l’écran du GPS l’indication 0° 0 mn 0 sec. C’est à ce moment que surgissent le second capitaine et le barman déguisés en pirates…
La nuit a été difficile, car la mer était très mauvaise entre Isabela et Santiago. Mais au matin tout est oublié et nous voilà dans la baie de Playa Espumilla, au nord-ouest de l’île Santiago. Au programme : kayak au pied des falaises. Fous à pieds bleus, lions de mer femelles avec leur petit, héron des laves sont au rendez-vous. Courte navigation pendant le déjeuner, et nous atteignons Puerto Egas, un peu plus au sud. Le temps est lumineux et le sentier que nous empruntons est volcanique à souhait, comme chaque jour… Cendres volcaniques, laves cordées, pont de lave et cavités dans lesquelles la mer pénètre. Nous sommes à marée basse et la mer a laissé dans les nombreuses vasques naturelles que forme la lave de véritables piscines d’eau chaude où les iguanes marins peuvent se chauffer confortablement. Pour la première fois, nous observons l’otarie à fourrure des Galapagos ; quatre individus dorment dans une fissure le long des « toilettes de Darwin », ainsi que les locaux appellent ces trous d’eau dans la lave. Un bihoreau violacé (héron nocturne) immobile monte la garde et un héron des laves est à l’affût d’organismes marins de passage. Huitriers américains et courlis corlieu s’affairent autour des vasques. La végétation est assez fournie dans l’intérieur, et fréquentée par quelques passereaux (parulines, géospizes, moqueurs) et la buse des Galapagos. Retour à bord après cette belle balade, puis une heure de navigation « rude » (la mer est à nouveau forte) nous conduit près de la petite île de Rabida, où nous allons cette fois passer une nuit calme…
Surprise au matin : la plage de Rabida est très colorée ! Ici, le sable et la falaise dont il est issu sont rouge brique foncé. Il s’agit d’un matériau volcanique très poreux qui a été oxydé par la pluie, l’eau salée et les vents marins. Cette couleur brique contraste avec l’écume des vagues qui viennent lécher la plage, et avec la végétation bien verte de l’arrière-plage et cela donne au paysage un caractère tout à fait original. Nous débutons par une petite croisière en panga le long des falaises, et observons plusieurs pélicans nicheurs avec quelques poussins, dont un né récemment. Débarquement ensuite sur la plage pour une balade. Derrière le cordon littoral, une lagune entourée d’arbres a pris elle aussi la dominante brique. Promenade découverte sur un chemin bordé de cactus Opuntia, qui domine la lagune. Géospizes, moqueurs des Galapagos sont de la partie, et nous observons une nouvelle espèce : Le Tyran des Galapagos.
Puis c’est le temps du snorkeling, et nous investiguons la bordure sous-marine de la paroi brique, où quelques nouvelles espèces de poissons colorés nous enchantent une fois encore…
À quelques encablures, nous atteignons la petite île de Sombrero Chino, le chapeau chinois, ainsi appelé en raison de la forme de son volcan sommital. Le paysage est enchanteur : sable blanc, coulées de lave bien noires aux formes torturées autant qu’artistiques, bouquets de plantes grasses tantôt rouges tantôt vertes, le tout au milieu d’une mer couleur turquoise ! Comme toujours, crabes des Galapagos et iguanes marins sont très présents, et une buse des Galapagos est de passage. Quelques-uns d’entre nous remettent palmes et masques, avec succès : l’eau est claire et le fond de sable corallien blanc, les poissons multicolores et les oursins et étoiles de mer très variés. Rencontre rapprochée avec des manchots des Galapagos, l’un d’entre nous a presque entamé une discussion avec un manchot qui est passé à quelques centimètres de lui ! Sans oublier quelques petits requins à pointe noire et un requin des Galapagos qui dort derrière un rocher…
Nous voilà revenus au nord de l’île de Santa Cruz et ce matin, nous randonnons sur la plage blanche de Bachas au bord de laquelle sont enfouis les vestiges des barges américaines utilisées à Baltra pendant la Deuxième Guerre mondiale, seuls quelques morceaux de ferraille surgissent encore du sable. Sur le haut de plage, de vastes trous creusés par les tortues vertes abritent des centaines d’oeufs. Frégates, grand héron et mouettes obscures (appelée aussi mouette des laves, une nouvelle espèce pour nous) sont à l’affût du moindre mouvement de sable susceptible de révéler la sortie imminente à l’air libre d’un bébé tortue. Au bord de la mer, deux bécasseaux Sanderling courent en rythme avec le flux et le reflux. De petites lagunes arrière-littorales accueillent un canard des Bahamas, un tournepierre à collier, et enfin ceux que nous cherchions depuis quelques jours : les flamants roses, plus précisément les flamants des Caraïbes. 3 mâles et 3 femelles nous offrent un véritable show : parades nuptiales, accouplements, vocalises… et finissent par s’approcher très près, pour le bonheur des observateurs et photographes que nous sommes tous. La lumière est douce et le rose intense de ces grands échassiers ressort magnifiquement. La matinée se termine par un bain très agréable sur fond de sable blanc et d’eau turquoise.
Cap à l’est de Santa Cruz, sur la petite île de South Plaza autour de laquelle nous effectuons une randonnée, cette fois sous un ciel plus couvert que ce matin et les jours précédents. La végétation aride est spécifique ; des tapis interminables et rougeoyants de « Sesuvium », plantes grasses annuelles de la famille des succulentes, au milieu desquelles poussent les cactus Opuntia. Le tout sur la lave, comme d’habitude, avec de jolis contrastes. Nous observons quelques iguanes terrestres tirant sur le jaune, pigment qu’ils tirent des fleurs de cactus dont ils se nourrissent, et leurs cousins iguanes marins, toujours ton sur ton sur le basalte. Côté oiseaux, de nouvelles rencontres : la mouette à queue d’aronde également appelée mouette à queue fourchue, particulièrement élégante avec son cercle orbital rouge que souligne la tête noire, et le phaéton éthéré à bec rouge au vol d’autant pus gracieux qu’il « traîne » deux brins de queue très longs et très fins derrière lui. Un héron garde-bœufs inattendu erre entre les cactus, probablement en escale. Quant aux géospizes, c’est le « pinson de terre à bec fin » que nous observons parmi les plantes succulentes. Enfin, les lions de mer des Galapagos sont très présents sur les rochers littoraux de la partie basse de l’île, et leurs appels retentissent un peu partout. Départ après le dîner, et nous devons tout bien caler dans les cabines, car le Capitaine nous prévient que nos 4 heures de navigation vers San Cristobal vont être assez agitées…
Débarquement à Puerto Baquerizo Moreno, la capitale administrative des Galapagos. Un quai en T qui rappelle la tête du requin marteau – et a pris son nom – nous accueille. Beaucoup d’otaries, la ville a même installé des barrières afin qu’on ne les retrouve plus en pleine rue. De nombreuses échoppes proposent des sorties de plongée, et sur une partie de la côte les vagues longues et imposantes se prêtent au surf. Nous visitons le Centre d’Interprétation du Parc National des Galapagos, au préalable Juan nous fournit de multiples informations passionnantes. Les panneaux concernent le volcanisme, la faune et la flore, le passage de Darwin aux Galapagos, l’évolution et l’histoire. Chacun s’éparpille dans la petite ville après, à la recherche de souvenirs, d’un cybercafé, de la poste ou de la pharmacie. Cap ensuite sur l’île Lobos, où pour commencer une séance de snorkeling est proposée, tout près de la côte et à partir des pangas. Peu de diversité en matière de poissons, mais quelques visites d’otaries curieuses. Puis, nous débarquons sur l’île, et comprenons vite pourquoi elle se nomme « Lobos », ce qui signifie loups de mer, c’est à dire otaries… Partout, les bébés vagissent, les mères allaitent, les mâles dorment ; certains petits ne doivent avoir que quelques heures ! Autre intérêt naturaliste de l’île : les frégates : deux espèces nichent en quantité au sommet des buissons : la frégate superbe et la frégate du Pacifique, que Juan nous apprend à distinguer l’une de l’autre. Enfin, les fous à pieds bleus sont en pleine parade nuptiale, et c’est intéressant et amusant de les voir danser en tendant le cou et en levant leurs pattes azur l’une après l’autre ! Le soir, tous débarquent à Puerto Baquerizo Moreno et se régalent d’une bonne langouste…
Quelle émotion de visiter ce matin le premier site sur lequel Charles Darwin a débarqué aux Galapagos en 1835 ! Pour commencer, nous longeons avec les pangas les falaises beige-brun clair de tuf. Corniches où se perchent noddis et pélicans, parois vertigineuses, grottes et arches sous lesquelles la mer se précipite sont impressionnantes. Puis, nous débarquons sur la plage de Cerro Brujo. Sable blanc, lave ébène et eaux turquoises contrastent merveilleusement, et commencent à nous livrer leurs premiers trésors : fous à pieds bleus plongeant comme des fusées, otaries des Galapagos femelles avec leurs petits ou mâles isolés (que nous contournons prudemment…), iguanes marins et lézards des laves, parulines jaunes, « pinsons » de Darwin, on comprend que ce dernier ait été impressionné dès son arrivée !
Après le déjeuner, navigation vers l’ouest, toujours sur la côte nord de San Cristobal, pour atteindre Punta Pitt et accomplir une marche cette fois encore hautement naturaliste. L’endroit est magnifique : montagnes arides, défilés sculptés par les ruisseaux en saison humide, végétation adaptée aux conditions particulièrement sèches. Notre objectif : observer pour la première fois des fous à pieds rouges. En chemin, nous commençons par retrouver – avec toujours autant de plaisir – les fous à pieds bleus que nous connaissons bien. Puis des moqueurs de Chatham, espèce endémique de San Cristobal, viennent jusqu’à nos pieds « jauger » ces drôles d’intrus que nous sommes. C’est au bout du sentier que le rythme de nos observations s’accélère : les fous à pieds rouges attendus sont perchés dans un arbre, trois jeunes et un adulte sur un nid, dont nous ne voyons pas encore vraiment les pattes rouges. Mais plus loin, l’une d’entre nous aperçoit en contrebas un adulte qui montre très clairement ses pattes, objectif atteint ! Nous avons la chance de côtoyer aussi des fous de Nazca, jeunes au sol et adultes en vol, et de voir passer des phaétons à bec rouge aux longues plumes postérieures ainsi que des mouettes à queue fourchue. En soirée, Sylvain nous parle longuement de Charles Darwin : son voyage sur le Beagle et son passage aux Galapagos, la genèse de sa théorie de la sélection naturelle… Une journée à nouveau bien remplie !
Lever encore plus tôt que d’habitude, nous avons une matinée chargée : 3h30 de balade naturaliste pour découvrir de nouveaux paysages et de nouvelles espèces. L’île Española est la plus au sud-est de l’archipel, c’est une des plus anciennes dont l’existence avoisine les 3,5 millions d’années, contrairement à Fernandina, à l’ouest, âgée de seulement 700 000 ans. Les espèces ont donc eu plus de temps pour évoluer et il y a davantage d’endémismes. Nos objectifs cette fois : le moqueur de Hood, la sous-espèce locale de l’iguane marin, et bien sûr l’albatros des Galapagos. Dès notre arrivée sur la plage, le moqueur se manifeste, et comme tous ses congénères s’avère très curieux et absolument pas farouche. Une fois encore les lions de mer sont omniprésents – dont un très jeune encore à peine capable de se dresser sur ses nageoires antérieures – mais les plus nombreux sont incontestablement les iguanes marins appelés « Christmas » par les locaux, compte tenu de la coloration rouge et verte qui apparait sur fond de peau noire. C’est la sous-espèce venustissima, il y en a partout, jusqu’au milieu du sentier, et nous devons faire attention à les contourner. Même le lézard des laves est représenté par une forme distincte ici, nettement plus grande que sur les autres îles. En chemin, nous rencontrons la tourterelle des Galapagos, puis en longeant la côte des mouettes à queue fourchue et des fous de Nazca au plumage et au masque bien contrastés. Ces derniers nous font témoins de quelques bagarres entre mâles plutôt énergiques. Au détour de quelques buissons arides, c’est le clou du spectacle : nos premiers albatros des Galapagos, ce grand oiseau au bec jaune imposant, et à l’envergure respectable de près de 2,40 mètres ! Quelques-uns protègent des poussins âgés de quelques jours à peine. D’autres effectuent des parades nuptiales spectaculaires, les partenaires dansent, croisent leur bec, effectuent nettoyage, gratouillage et calins réciproques. Dans les zones les plus dégagées, de jeunes albatros prêts à prendre leur envol exercent leurs ailes avec conviction. En scrutant la plaine buissonnante plus précisément, nous nous apercevons qu’il y a des albatros partout. Juan nous apprend que 12 000 couples nichent sur l’île ! Un adulte se jette du haut de la falaise et trouve immédiatement son équilibre en un vol plané majestueux. À quelques endroits de la côte rocheuse, des « trous de souffleur » laissent échapper régulièrement des colonnes d’eau de mer impressionnantes. Au sommet d’un arbre, un couple de buses observe les alentours avec attention. À la fin du sentier, nous identifions dans la végétation un nouveau passereau, le géospize olive, parfois appelé « pinson chanteur ». Nous terminons une balade naturaliste dont nous nous souviendrons… En début d’après-midi, la moitié d’entre nous part pour une dernière séance de snorkeling au large de Gardner Bay ; certains aperçoivent une murène, d’autres un poisson-trompette. Puis nous cheminons sur une très belle plage de sable blanc, où moqueurs de Hood et otaries abondent. Les plus courageux se baignent, mais le temps s’est rafraîchi et nous rentrons à bord pour finir de boucler nos valises. Le cocktail de l’au revoir du Capitaine est suivi d’un dîner sur le pont arrière, pour clôturer cette belle journée.
Sept heures de navigation nocturne nous ramènent vers le nord de Santa Cruz. À l’aube c’est le temps des adieux à un équipage bien sympathique, nous quittons l’Alya à Punta Carrion, au bord du canal côté Santa Cruz, et un minibus nous conduit à nouveau à travers les « hautes terres ». Destination : une grande ferme/parc où de nombreuses tortues géantes des Galapagos (la sous-espèce de Santa Cruz) évoluent dans les prairies et sous les goyaviers, en toute liberté. Elles sont d’ailleurs complètement libres, susceptibles de sortir du domaine si l’envie les prend. Certaines dorment, d’autres prennent un bain de boue, ou s’alimentent. Elles se nourrissent d’une cinquantaine de plantes différentes, qu’elles n’ont pas de mal à trouver sur place. Nous revenons ensuite vers le chenal qui sépare Santa Cruz de Baltra où se trouve l’aéroport qui nous a vus arriver il y a onze jours. Le même traversier nous emmène sur l’autre rive avec nos bagages. Avant de prendre le bus ultime qui nous conduira vers nos vols de retour, quelques pélicans, noddis et crabes des Galapagos viennent nous saluer non loin de l’embarcadère. Un clin d’oeil pour clore cette croisière riche en émotions naturalistes dans cet archipel du bout du monde, si justement appelé parfois « les Îles Enchantées »…
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Messages
Amitiés à Joëlle et Bernard Revolon en voyage sur Océan Nova du 23 juillet au 1 août de la part de Mireille et Michel.