Marianne Duruel
Coordination et Photographie
2 avril
15 avril 2017
À bord de l’Éco-Galaxy, avril 2017
Marianne Duruel
Coordination et Photographie
Partis de France, d’Italie et de Suisse, nous nous retrouvons tous à Amsterdam pour la suite du voyage. Le vol transatlantique est excellent. Quito: nous sommes accueillis par Lorena après un passage rapide des formalités. Le nouvel aéroport de la capitale équatorienne a été construit à l’extérieur de la ville. Il nous faut près de 45 minutes pour rejoindre notre charmant petit hôtel boutique. C’est l’occasion de commencer à faire connaissance avec le pays qui nous reçoit. Après un petit repos et une douche bien mérités, nous rejoignons notre restaurant pour le dîner, à vraiment deux pas de là. Le dîner typiquement équatorien est fort agréable. Bienvenue en Équateur!
Notre journée consacrée à Quito commence par un point de vue sur la ville, après la descente d’une petite rue aux sympathiques peintures murales. Nous continuons sur le thème peinture mais bien différent… en visitant l’ancienne demeure et le site de la Fondation Oswaldo Guayasamin. Le paradoxal artiste, athée mais dont la maison regorge de très beaux objets d’art religieux, jovial mais dont l’œuvre révèle un être torturé par toutes les douleurs de l’humanité. La visite est vraiment intéressante. L’artiste, décédé, nous parle par l’intermédiaire de petits films pour évoquer sa conception du lieu, sa manière d’aborder sa peinture… La « chapelle de l’homme » où sont exposées ses œuvres est poignante… son travail et ses influences incroyables… Une visite forte… Nous continuons vers le jardin botanique dont les collections de cactus, d’orchidées et de plantes carnivores sont superbes. Le déjeuner se passe sur fond de jazz dans une ambiance un peu bohême. L’après-midi, après une visite à la « Virgen de Quito » qui domine la vieille ville, nous descendons vers le musée « Del Alabado »: une merveille! Dans une très ancienne maison sont exposées avec sobriété de belles pièces préhispaniques.
Notre guide Lorena fait revivre pour nous les croyances, us et coutumes de ses ancêtres. C’est passionnant et les objets, bien mis en valeur, sont incroyables. Belle collection!!! Enfin, la vieille ville s’offre à nous… Cette fois, nous nous « penchons » sur la période hispanique pour clore une riche journée… Point final de cette entrée en matière: un dîner pris dans le vivant quartier voisin… Bonne nuit!
Ce matin, nous quittons le continent pour les îles… Notre vol fait une escale à Guayaquil puis c’est le Pacifique et… les îles Galapagos.
Nous atterrissons à San Cristobal. Nadine nous accueille et rapidement nous nous trouvons à bord de notre beau Galaxy II. Le déjeuner est servi tandis que le bateau commence sa navigation vers la côte Ouest de San Cristobal. Après une petite présentation des règles en vigueur dans le parc national, notre première visite est pour la belle plage de sable blanc de Cerro Brujo. Première jeune otarie: une vraie star, les appareils photos « chauffent »… Puis les rencontres ornithologiques se succèdent: héron des laves, courlis courlieu, bécasseau Sanderling, un couple de la rarissime et endémique mouette des laves. Des iguanes marins regagnent l’abri des buissons et font la pause aplatis sur le sable. Sur les rochers de lave noire, les bébés crabes « zayapas » ou grapsus, au mimétisme parfait, se fondent dans le décor. Les adultes arborent leurs couleurs flamboyantes. Leur stratégie de protection est autre: « ne me mangez pas, je suis toxique ». Tout ceci, dans la nature, vient du fait que les êtres colorés sont poisons, comme les toutes petites dendrobates, par exemple… Nous sommes régulièrement survolés par les grandes silhouettes des frégates. Quelques fous à pattes bleues s’adonnent à la pêche. Leurs plongeons foudroyants génèrent une certaine fébrilité chez les photographes… Les pélicans leur font un peu de concurrence… Tandis que certains continuent la balade et les photos, d’autres en profitent pour tester la qualité du bain. L’eau est à 27, 28°C… bon, la température, ça va… Si l’on rajoute l’eau délicieusement claire, le fond sablonneux et la chaleur à l’extérieur… les conditions sont toutes réunies pour un bain idyllique! Derrière la plage, à proximité des dunes, dans les buissons, nous rencontrons nos premiers pinsons chers à Darwin et fauvettes jaunes. Peu à peu, le soleil descend, c’est notre premier coucher de soleil sur lequel se détachent blocs de lave, silhouettes des grands pélicans et cactus géants. Bienvenue aux Galapagos!
6h du matin, la température est clémente, quoique… déjà bien chaude… Après un sublime lever de soleil, nous débarquons sur l’île de
Santa Fe. Au fond de la petite baie, sur une plage de sable, de nombreuses otaries se prélassent. Nous ne sommes plus en période de reproduction, mâles, femelles et jeunes se côtoient. Il faut faire attention pour ne pas risquer de les toucher…
Les bébés curieux sont parfois très proches. Certains en sont à la tétée du matin. Nadine nous explique l’origine des otaries.
Les pattes arrière avec leurs 5 doigts transformés en nageoires, les vestiges de griffes, au nombre de 3, au tiers de la nageoire, ce qui explique la technique pour se gratter: nageoire semi-pliée… Des quantités de lézards des laves de Santa Fe cohabitent avec les pinnipèdes pour profiter de la manne de nourriture que constituent les mouches qui s’attaquent aux pauvres otaries… Le mâle est tout gris et la femelle possède une belle gorge orange. Un merle moqueur de Santa Fe pose pour les photographes. Nous quittons la plage pour un petit sentier escarpé. L’île est étonnamment verte pour la saison. Madame iguane terrestre se chauffe sur un rocher.
Un beau « palo santo » ou arbre à encens, situé au bord du sentier, nous sentons son odeur si caractéristique. Les opuntias présentent leurs raquettes solidement armées de piquants redoutables. Ces cactus, adaptés à des conditions difficiles, constituent une source de nourriture pour certains représentants de la faune locale. Des tourterelles des Galapagos se manifestent régulièrement au sol, l’une est en train de faire sa toilette, avec application, dans un arbuste. Une couleuvre somnole sur le chemin. Elle juge plus prudent de s’éclipser… Une femelle iguane terrestre de Santa Fe se met en route vers une touffe herbacée qu’elle enfourne maladroitement dans sa bouche… Iguanes, lézards, otaries, pinsons des cactus, moqueurs… par moments, nous ne savons plus où regarder…
Après un petit déjeuner très apprécié, nous partons pour un tour en bateau afin d’observer les habitants de la paroi rocheuse bordant la baie. Les fonds nous offrent quelques tortues vertes et raies. Puis, équipés de palmes, masque et tuba et, pour la plupart, de combinaisons de plongée légère, nous partons voir tout ça de plus près. De jeunes otaries viennent jouer avec de drôles de grandes « bestioles » colorées que nous sommes certainement pour elles. Les poissons perroquets s’activent. Une tortue verte s’alimente au fond…
Le temps passe vite sous l’eau. Un petit peu de navigation et notre sortie de l’après-midi est consacrée à l’exploration de Plaza Sud.
Dès le débarquement, un comité d’accueil composé d’otaries et de mouettes à queue d’aronde, nous occupe. La mouette à queue d’aronde est la seule mouette nocturne. Quasi silencieuse, elle est endémique des Galapagos. Elle se nourrit surtout de calamars. Son bec possède une tache blanche qui sert aux petits. Ils la piquent pour déclencher la régurgitation des parents. Pour l’heure, il fait chaud, becs entre-ouvert, elles ventilent… L’île, née d’un soulèvement marin, ne fait que 2 à 3 ha mais possède la population la plus dense d’iguanes terrestres, près de 300, et la particularité de compter aussi bien des iguanes terrestres que marins et hybrides…
En effet, sur cette île particulièrement aride, d’habitude (cette année, elle est exceptionnellement verte), il y a très peu de jeunes iguanes et les iguanes terrestres y sont petits. Les femelles d’iguanes terrestres peuvent ainsi se reproduire avec les mâles iguanes marins et être fécondes… Ces hybrides peuvent grimper aux cactus grâce à des pattes griffues comme celles des iguanes marins mais ne vont pas dans l’eau. Nous retournons au bateau, non sans avoir profité des pinsons des cactus qui s’activent et des jeunes otaries qui s’ébattent dans l’eau avec énergie sous l’œil attentif du mâle qui les surveille…
Seymour Nord est une des îles les plus visitées des Galapagos mais nous débarquons à 6 h et sommes les premiers sur le site. Les frégates sont partout. La configuration est, comme hier, une falaise au Sud face au courant de Humboldt, aux eaux riches en nutriments donc en poissons pour les nombreux oiseaux présents. Chaque espèce a sa technique de pêche, le fou à pattes bleues, par exemple, est un excellent pêcheur aux piqués impressionnants. Les frégates aiment particulièrement sa présence. En effet, les frégates sont de vrais pirates des Galapagos. Elles se noient si elles tombent à l’eau par manque de graisse pour imperméabiliser leur plumage. Aussi, elles attaquent les autres oiseaux pour leur voler leur pêche, à l’image des labbes en Arctique… Les frégates magnifiques au plumage aux reflets violacés (à la différence des grandes frégates aux reflets verts) sont partout. Les mâles déploient la poche de leur jabot rouge et noire pour séduire les femelles, se disputent les positions stratégiques en haut des buissons, idéales pour se faire repérer des femelles qui survolent le secteur. Les femelles sont noires, au poitrail blanc et les jeunes ont, en plus, la tête blanche. Nous assistons au superbe spectacle de la parade nuptiale du fou à pattes bleues. Deux prétendants entourent une femelle. Le premier commence sa démonstration à grands renforts de pieds levés et de balancements.
Manifestement, le premier ne lui plait pas. Elle rejoint le second qui exécute sa chorégraphie avec enthousiasme. Les pieds bleus sont largement mis en valeur, les ailes se déploient, le cou est tendu vers le ciel puis vers la partenaire qui répond de plus en plus à ses avances. L’affaire est faite. Le prétendant éconduit s’éloigne. Le favori agite une brindille pour confirmer son statut de futur père motivé… Pourquoi la couleur des pieds du prétendant est si importante? Plus la couleur est intense et plus il aura consommé de poissons et donc plus il sera bon pêcheur, apte à nourrir au mieux sa progéniture. La taille des pieds est aussi essentielle car ils servent à couvrir les 2 œufs pondus par la femelle. Les vaisseaux sanguins jouent le rôle de régulateurs thermiques. Le couple se forme pour la saison mais la femelle peut choisir à nouveau le même mâle s’il s’avère efficace pour le succès de l’entreprise. De plus, ainsi la cour est plus rapide, le nid à la même place… La femelle pond 2 œufs. Elle a ainsi toutes les chances que l’un au moins soit fertile. À l’éclosion du premier poussin ou l’autre œuf est rejeté ou si 2 poussins éclosent alors le plus costaud tuera le second car il est impossible aux parents de nourrir deux rejetons affamés au milieu d’une dense population de voleurs de poissons: les frégates… Après avoir croisé la route de nombreux iguanes terrestres, des fous à pattes bleues en parade nuptiale, déjà en train de couver, frégates, pinsons de Darwin… nous arrivons au bout de l’île face aux rouleaux du Pacifique qui se fracassent sur des amoncellements de blocs de lave sculptés par les éléments.
Cet après-midi, c’est en zodiac que nous explorons la falaise de Baltra sur laquelle sont établis de superbes pailles-en-queue qui s’activent, des pélicans bruns, des mouettes à queue d’aronde, quelques fous à pattes bleus, un huitrier. Dans les anfractuosités nichent des sternes Noddi au mimétisme parfait avec la couleur de la roche… Puis, nous débarquons sur Mosquera où nous sommes accueillis par une jeune otarie joueuse en quête de chaussures de plage… Un grand pélican brun tente de faire une toilette soignée dans de grandes gerbes d’eau mais ça amuse beaucoup les jeunes otaries… Il doit faire un repli stratégique… Huitriers, tournepierres à collier, mouettes des laves… iguanes marins, squelette de baleineau… chacun immortalise ce beau moment passé sur fond de ciel chaotique et une lumière superbes.
Nous sommes le plus au Nord de notre voyage: à Genovesa, le volcan basculé. Le bateau est ancré dans la caldeira, d’un côté la plage, de l’autre la falaise. Nous débarquons d’abord sur la plage pour une promenade parmi une foule dense… non pas de vacanciers… mais de mouettes à queue d’aronde, fous à pattes rouges, frégates… 3 petits tournepierres à collier s’affairent sur la plage. Les mâles fous à pattes rouges sont en pleine confection de leur nid, mais… les frégates aussi… Ces dernières surveillent les activités des fous. Dès qu’ils ont détaché une branchette et partent la porter à leur belle, les frégates attaquent en plein vol. La plupart du temps, après une course poursuite aérienne, un grand cri retentit et la frégate victorieuse file, la brindille au bec… Il faut beaucoup d’observation, de stratégie et un vol rapide en rase-motte pour arriver au nid, victorieux, avec le matériau de construction. Le fou de Nazca est plus tranquille, sa parade nuptiale faite, il offre des petits cailloux et de toutes petites brindilles qui n’intéressent pas les frégates…
Le fou à pattes rouges, habitué des buissons, a des pattes bien adaptées à la préhension. Il pêche au large, la nuit, quand les calamars remontent à la surface. Le fou à pattes bleues, lui, pêche en eau peu profonde et utilise sa longue queue pour remonter rapidement de son fulgurant plongeon. Le fou de Nazca pêche en eau profonde, entre les îles, avec des plongeons plus verticaux. Au fil de notre balade, nous rencontrons des pinsons de terre, longeons des palétuviers rouges et entamons le secteur de lave. Dans une grande mare, des demoiselles (noires à queue jaune) gardent jalousement leur pierre garde-manger sous le regard placide des petits gobies étalés sur le fond sableux.
Aux îles Galapagos, 18% de la vie marine est endémique dont 5 à 6 % de gobies. Ici, pas d’iguanes, la végétation est plus basse, notamment les cactus. Des liserons sont en fleurs, toutes blanches. Du point le plus haut, nous profitons du ballet incessant des grands volatiles.
Quelques pinsons, un moqueur animent les buissons. En contrebas, sur de petites corniches les mouettes à queue d’aronde veillent sur leur œuf noir et blanc. Si le couple a fait son nid sur de la lave, les petits cailloux amenés seront du corail blanc et sur sol clair, des petits cailloux foncés. Ainsi l’œuf se fond dans le « décor »… Des hérons de nuit en sont à la phase toilette…
Aujourd’hui journée sportive: « snorkeling » de la plage, balade en zodiac le long de la falaise, balade en kayak, « snorkeling » en eau profonde… sont proposés. Nous rendons ainsi visite aux otaries à fourrure, fourrure mixte, poils longs, poils courts (70 poils courts pour 1 poil long) qui ont bien failli entrainer leur extinction… Sous l’eau, les amateurs d’eau profonde ramènent des photos de raies, en nombre au fond et quelques effets de nageoires en déplacement… Le secteur proche de la falaise est riche d’une faune marine fort colorée.
L’exploration de la partie la plus élevée de Genovesa, après avoir monté les marches du Prince Philips, nous amène au bord de l’ancien cratère. De là, nous nous enfonçons entre les arbres à encens (« palos santos ») dont les racines ont fait éclater la lave. Le comité d’accueil est largement composé de fous de Nazca. Précédemment nommé fou masqué comme son cousin sud-américain, la génétique a permis de le déclarer espèce endémique. Son bec est aussi plus orangé. Un peu plus loin, un moqueur s’approche de nous. Il doit son nom à ses talents d’imitateur, 400 dit-on… Les fous de Nazca ont des poussins de tous âges… Certains justes sortis de la coquille, encore nus, des petites boules de duvet de 15 jours et de gros bébés tout dodus qui agitent leurs ailes avec énergie pour avoir à manger. Nous constatons que parfois, ça marche… Mais gare aux frégates pirates… Ici pas de buses, c’est le hibou brachiotte qui est le prédateur, mais il s’attaque surtout aux pétrels tempête et puffins et il y en a peu… Enfin, Nadine nous montre le Tribulus ou « tête de chèvre », une plante à la graine bien défendue que ne peuvent consommer que les pinsons de terre à gros bec… Une sélection naturelle en cas de sécheresse…
Ce matin, nous sommes arrivés à Santa Cruz, environ 20 000 personnes vivent sur l’île. Pour l’heure, nous sommes tout au Nord, à Punta Carrion, entre Baltra et Santa Cruz, pour une balade en zodiac. La mer est calme, l’eau hyper limpide. À l’entrée d’une crique, des pélicans s’activent pour leur petit-déjeuner, un grand héron bleu aussi. Nous nous laissons glisser à la rame pour mieux observer les fonds. Des bancs de poissons passent de temps à autre. La falaise, un peu pentue, est toute de lave de couleur brun profond, rougeâtre, par la présence d’oxyde de fer. Les silhouettes claires des palos santos se détachent dessus comme les « bornes » blanches des perchoirs des oiseaux, couvertes de guano. De place en place, un cactus opuntia s’est développé. Le cadre est beau et le monde s’agite…
Des sternes Noddi suivent la pêche des thons et attrapent les sardines qui tentent de fuir. De temps à autre, un éclair argenté sort du bouillonnement. Des hérons des laves sont bien cachés par la couleur de leur plumage lorsqu’ils sont immobiles dans ce décor, tout comme les gracieuses petites noddis. Des frégates patrouillent, en quête d’un pêcheur avec prise. Près du bord, quelques-unes sont rassemblées, l’eau est très agitée… Une otarie a pêché un gros poisson qu’elle tente de déchiqueter. Elle le secoue et le jette pour en arracher des morceaux, à la plus grande joie des opportunistes… et des observateurs de la scène. En s’approchant de la mangrove de palétuviers rouges, fous à pattes bleues et pélicans pêchent aussi. Nous traversons, l’autre côté est plus abrupt. Un grand héron bleu s’affaire sur la lave. Il s’envole, nous regagnons le bateau. Après une présentation sur les tortues terrestres, nous nous retrouvons sur le pont pendant la navigation vers le Sud de l’île, le port d’Ayora. Des frégates, sans battement d’ailes, planent au-dessus du bateau. Elles nous escortent jusqu’au port. Après cette belle navigation, nous débarquons, après le déjeuner, pour aller visiter le « Centre Charles Darwin » et voir concrètement les tortues terrestres évoquées. Y sont illustrées toutes les phases du sauvetage des différentes espèces de tortues, la problématique des espèces invasives et la lutte contre une mouche que pond ses œufs sur certains oisillons qui en meurent… Les nids de tortues sont repérés et protégés par un grillage ou les œufs récoltés. Ils sont méticuleusement pesés, marqués et placés dans un film plastique en incubateur à moins de 28°C pour avoir des mâles, plus de 29°C pour les femelles. Dans la nature, le bébé tortue met 2 à 6 jours pour s’extraire de la coquille et reste encore un mois dans le nid. Alors encore ouverte en dessous, elle se nourrit du contenu du sac vitellin puis sa carapace se referme. La petite tortue est prête à sortir. Elle reste 10 à 12 ans près du nid puis s’éloigne. Là, elle sera mise un mois dans une boîte noire, passera d’enclos en enclos protégés contre rats, chats, vol… Finalement, à 25 ans, équipée d’une puce, elle sera relâchée. Ainsi la population de tortues terrestres est remontée à environ 20 000. Elles n’étaient plus que 3000 en 1970 pour 250 000 au XVIe siècle… avant qu’elles ne servent de viande de bord aux navires de passage, à produire de la graisse pour éclairer les villes, ne subissent la perte de leur habitat, que les œufs et bébés ne soient victimes de rats, cochons sauvages, chiens et chats sauvages, concurrence alimentaires (chèvres, ânes, bétail…)… Toutes ces opérations connaissent un grand succès, par exemple, depuis 1966, près de 2000 petites tortues ont été relâchées à Espanola. Quelques tortues adultes sont également visibles au Centre. Après quoi, nous profitons du dynamique petit port d’Ayora avant de regagner notre bord.
Isabella, premier débarquement dans la belle lumière du petit matin sur l’îlot spectaculaire de Tinterosas. La lave n’y est pas encore érodée et se « hérisse » sur notre parcours. Les sommets des blocs acérés sont couverts de lichens clairs qui contrastent avec la couleur de la lave. La lumière rasante du matin met bien en valeur notre superbe environnement. Mais les crêtes foncées ne sont pas toutes de lave car lézards et iguanes marins y ont développé un mimétisme parfait et excellent dans l’art de l’immobilité absolue… avant de se jeter dans une course éperdue et étonnamment bondissante, pour les lézards, en cas de danger. Les lézards d’Isabella sont les plus foncés de l’archipel. Dans une lagune, en contrebas de l’îlot, des tortues fuient dans l’eau. Requins et tortues viennent dormir dans ce genre de site abrité. Sur le sentier, les trous dans le sol sont des nids d’iguanes. D’ailleurs, nos premiers bébés iguanes marins sont en train de se chauffer au soleil sur la lave en petites grappes mouvantes. Par rapport aux iguanes terrestres, les iguanes marins ont un museau tronqué, plus carré et portent une crête tout le long du dos. Elle leur sert de quille quand ils nagent. Une petite plage est peuplée d’otaries, les iguanes marins viennent aussi y creuser leur nid. Un pinson de terre pose véritablement sur un petit buisson de Nolana. Un bout de tuyau semble échoué là… en fait, c’est un piège à rats installé là dans le cadre de la lutte contre les espèces invasives. Nous longeons, bientôt, des palétuviers rouges, ceux à grandes feuilles et dont le fruit tombe déjà germé. Et, des palétuviers blancs aux feuilles plus petites, leurs fleurs sont blanches. Dans une fissure dans la lave, des petits iguanes réapparaissent. C’est une bonne cachette pour échapper aux buses, grands hérons bleus, mouettes.
Sur une branche, un joli petit mâle de fauvette jaune fait une toilette approfondie, sous le regard de tout un public, « comme si de rien n’était ». Les oiseaux sont si peu farouches aux Galapagos… Ces fauvettes se retrouvent dans tout l’archipel et dans tous les milieux naturels. Les iguanes marins ont une organisation bien précise pour se nourrir. Avec une température de l’eau entre 18 et 20°C, il leur faut retourner à terre pour se chauffer au soleil après 15 à 20 minutes. Sur cette côte Ouest d’Isabella, la température de l’eau, avec la remontée du courant de Cromwell, est de 23, 24°C (28°C les jours précédents). Ils peuvent rester un peu plus longtemps. D’autant que l’iguane marin a la particularité de pouvoir baisser son rythme cardiaque et stocker de l’oxygène dans ses muscles, tout ça, pour se nourrir de l’algue verte : Ulva. Or, elle périt si la température augmente, faisant place à des algues brunes ou rouges, indigestes pour les iguanes qui doivent, alors, jeûner. Quand El Nino persiste pendant 6 ou 7 mois, apportant courants chauds et pluies chaudes, c’est l’hécatombe chez les adultes…
Après avoir fait le tour des volcans Cerro Azul et Sierra Negra, nous arrivons à l’isthme de Perry, le soleil fait ressortir les îlots rouges des îles Marielle « posées » sur une mer d’huile. Le Galaxy II est le seul bateau dans la baie, pour le moment. Juste en face, Elizabeth Bay donne envie de s’y perdre entre ses « miettes » volcaniques et ses grands palétuviers. Et c’est ce que nous faisons.
Les zodiacs, panga ici, s’avancent vers les îlots sur lesquels nos premiers cormorans aptères font leur toilette. Ces cormorans, uniques au monde, ont muté en absence de prédateurs et dans un milieu riche en poissons. Leurs ailes se sont atrophiées ainsi que l’attache des muscles. Ils ne peuvent plus voler mais nagent excessivement bien. Des pélicans pêchent. Ils se laissent tomber, ailes repliées, vident l’eau de la poche sous leur long bec et avalent les petits poissons avec satisfaction. Soudain, un banc de poissons passe et tout le monde se nourrit fébrilement: fous à pattes bleus (sortes de flèches en pleine action), pélicans… On ne sait plus où regarder…
Des petits manchots des Galapagos, avec leur pointe de vitesse de 40 km/h sous l’eau, sont aussi de la partie. Quel spectacle! Puis, nous nous enfonçons dans la lagune. Une buse juvénile nous y accueille de son poste d’observation. Des manchots pêchent mais surtout les tortues marines viennent se reposer là. Posées au fond, elles somnolent et remontent lentement pour respirer. Les tortues dorment en surface ou au fond de l’eau. Les pinsons chantent, le lieu est incroyablement calme et serein. Quel bel endroit! En ressortant, les manchots ont fini le petit-déjeuner et en sont à la phase toilette. Les pélicans s’activent toujours. Nous regagnons le bord pour reprendre la mer direction Bahia Urbina. Une frégate, posée sur le radar, scrute l’horizon à la recherche du moindre oiseau pêcheur pour lui réquisitionner son poisson… Ponctuellement de grandes raies mantas sautent hors de l’eau: pour le plaisir, pour se débarrasser des parasites, pour séduire une femelle?… La question reste ouverte. Nous arrivons à notre étape suivante, toujours sur Isabella, cette fois au pied du volcan Alcedo qui culmine à 1125 m. Nous accostons sur une pointe surélevée. La poussée de la lave en dessous, en 1956, a fait sortir de l’eau tout un secteur à 3 m au-dessus du niveau de la mer. Nous profitons d’abord de la plage et de ses fonds marins. Les tortues vertes sont nombreuses à se nourrir d’algues vertes sur les rochers. Quand nous ressortons de l’eau, nous sommes rincés de suite par une belle averse… Après changement de tenue, nous partons à pied rendre visite aux tortues et iguanes terrestres du volcan Alcedo. Les gouttes s’espacent et le soleil revient. Les petits pinsons sont tout ébouriffés, à sécher. Les passages de tortues dans la végétation sont bien visibles. L’une a laissé sa « carte de visite », elle avait mangé des pommes de mancenillier qui ne sont pas nocives pour les tortues… Elles ont un rôle majeur dans leur écosystème par la dissémination des graines, l’ouverture du paysage et la création de réserves d’eau dans les trous qu’elles font pour se protéger de la chaleur ou du froid. Elles tassent et creusent ainsi des sortes de baignoires qui persistent un certain temps sur le fond tassé par leur poids. Dans des îles où rares sont les sources, la présence de cette eau douce est vitale pour certains animaux et plantes. Soudain, notre première tortue terrestre en liberté est là. Sa carapace brille encore de l’eau de l’ondée et elle mange tranquillement. D’autres suivent, toutes en train de se nourrir. Dans les trous d’iguanes: une queue d’abord, puis une tête et, enfin, l’iguane étalé sur le sol. Plus gros et jaune orangé qu’ailleurs, cet iguane terrestre du volcan Alcedo est une belle bête, tout comme la tortue terrestre du même volcan.
Nous en croiserons plusieurs des deux espèces. FInalement, nous regagnons le bord direction Fernandina… Opération bain et snorkeling, chacun profite, avec délectation, de l’eau turquoise dans la superbe petite baie. Certains y croiseront: iguanes marins, otaries, raies… L’après-midi, un rigolo petit bus nous emmène à une lagune dans laquelle se nourrissent quelques flamants. Nous passons par le centre local d’élevage de tortues terrestres où un grand mâle nous montre que la reproduction marche, avec efforts… Et traversons une vaste mangrove dans laquelle pousse cotonnier local, mancenillier (aux pommes nocives), scalesias… Nous y rencontrons flamants, canards Bahamas, poules d’eau, échasse, pinsons variés, gobe-mouche des Galapagos, iguanes marins, crabes violonistes. Puis, c’est le petit village de Puerto Villamil à l’étonnante église avec une tortue à l’intérieur…
Fernandina est une île jeune, on est toujours au niveau du point chaud. Son volcan est très actif. En 1968, une explosion a fait s’effondrer sa caldeira de 300 m… Sa dernière éruption remonte à mai 2015. C’est donc sur de la lave « jeune » que nous débarquons à Pinta Espinosa au Nord-est de Fernandina. La marée est basse. Dans l’eau peu profonde, les poissons sont bien visibles. Sur une haute branche, une buse scrute la lave à la recherche d’un serpent. À cette saison, des couleuvres attendent la naissance des bébés iguanes pour se restaurer. Ces petits constrictors sont totalement inoffensifs pour nous. Mais, ce qui est le plus meurtrier pour les iguanes, c’est le réchauffement climatique, les phénomènes de El Nino longs. Alors leur nourriture, ulva, l’algue verte meurt par excès de chaleur. Les plus gros iguanes dépérissent, certains meurent. Pourtant, une extraordinaire découverte a été faite: ils ont la possibilité de réabsorber le calcium de leurs os. Ils rétrécissent! Les minéraux de la structure osseuse étant réabsorbés, le squelette perd jusqu’à 20 %… Mais face aux petits squelettes desséchés, il faut bien reconnaitre que ça n’est pas toujours suffisant…
Les coulées de lave sont superbes, ponctuées de-ci de-là par des plantes pionnières comme le cactus brachycereus. Là, les iguanes sont légion. La marée basse a découvert des « champs » d’algues vertes. Des limicoles s’y restaurent aussi: courlis corlieu, huitriers. Certains iguanes marins rentrent de s’être nourris en mer mais la majorité se chauffe au soleil. Par endroits, ils sont en grappes… Parfois un lézard profite du support d’un iguane… Ces créatures à la physionomie antédiluvienne sont fascinantes. Les photographes et cinéastes immortalisent les tableaux mouvants. Une incongruité apparait sur le tableau: un moteur de bateau de la seconde guerre mondiale! Hérons des laves, tournepierres à collier et cormorans aptères sont tout au bord de l’océan. Une belle otarie mâle garde sa plage tandis que des iguanes, qui ont fait le plein d’énergie, partent, en « procession », nageant vers les rochers à algues vertes. De juin à décembre, quand l’eau est plus fraîche, seuls les gros mâles vont dans l’océan. Femelles et jeunes se nourrissent exclusivement sur les « prairies », à marée basse. Du point de vue géologique, le soulèvement de 1956 a provoqué l’apparition de fractures dans la lave « ancienne ». C’est idéal pour que les bébés iguanes se cachent et se mettent ainsi à l’abri. Par contre, les palétuviers dont les racines se sont retrouvées sans eau ont péri. Leurs troncs et grosses branches, momifiés par le sel, sont encore là… Une autre conséquence fâcheuse du réchauffement climatique est la difficulté des cormorans aptères à mener à bien leur reproduction. En effet, ils nichent à 1 m seulement de la limite de la plus haute marée. Mais comme le niveau de l’océan a monté de 30 cm, ils ont sans cesse des accidents de nids… avec des œufs, des petits… Cette progression de la hauteur de l’océan se voit régulièrement au cours de notre croisière: piquets de marquage de sentier à l’eau, sentier emporté par les vagues, effondrements de terrains… Plus loin, une otarie mâle accueille un bébé qui arrive dans une grande mare, il lui parle véritablement, le petit répond. Ils partent jouer ensemble. Elles sont bien sympathiques ces otaries des Galapagos! En attendant les zodiacs, nous observons dans une mare les demoiselles chasser des bancs de tout petits poissons venus pique-niquer sur leur caillou « privé ». Noires à la queue jaune, ces petits poissons sont d’une autorité à toute épreuve. Autre activité: première exploration avec palmes, masque, tuba de la journée, agréable! Mais l’opération snorkeling N°2 est une merveille: quantités de tortues et otaries, parade nuptiale des cormorans aptères… Enfin, c’est en zodiac que nous profitons de la falaise créée par ce volcan effondré et de ses habitants. Le Galaxy II reprend sa navigation. Nous passons l’équateur juste au coucher du soleil!
Santiago est notre première escale de la journée, plus précisément: « Puerto Egas ». Le nom vient d’un ami du président équatorien qui obtint, dans les années 50, le monopole de l’exploitation du sel dans le cratère d’un cône de tuf. Là, le cratère étant en dessous du niveau de la mer, l’eau de l’océan s’infiltrait et par évaporation le sel se déposait au fond. Récolté et mis en sacs, il était vendu à Guayaquil. Mais, en 1950, le parc national est créé et le monopole aboli au changement de gouvernement, en 1964. Personne n’habite plus là. Quelques pauvres vestiges marquent le site. Pour l’heure, nous débarquons sur la plage de sable noir. Elle est formée d’anciennes cendres volcaniques riches en fer. Au niveau du point chaud, la lave ne provient pas du manteau mais plus du centre de la terre. Elle est très riche en éléments lourds et en magnétisme. Si la lave sort très profond, elle n’explose pas mais si elle parvient à l’extérieur, au contact de l’eau, par les dégagements de gaz et de vapeur d’eau, elle devient explosive et retombe en couches. On voit très bien ce phénomène au niveau des deux belles arches qui marquent la limite de la plage. Par contre, quand la lave ressort par-dessus, sans contact avec la mer, il n’y a pas d’explosion et la lave est dure. C’est de la lave effusive, celle sur laquelle nous nous déplaçons pour la suite de la balade. Pinsons et moqueurs chantent et s’activent dans les buissons bordant la côte. De gros criquets d’une espèce endémique des îles Galapagos sautent dans les herbes. Les lézards se chauffent au soleil. Les petites femelles au cou rouge-orangé ressortent bien sur la lave noire. Haricots des Galapagos, croton des Galapagos, tourterelle des Galapagos, l’endémisme est partout.
Au bord de l’eau, le rouge vif des crabes ponctue la lave noire. Un héron des laves est à l’affût. Dans d’anciennes bulles de gaz, reconverties en « spa » pour iguanes marins, des petites têtes crénelées nous observent calmement, en trempant. Un peu plus loin, des huitriers sont en pleine toilette. Les couples se forment à vie et les parents apportent à leurs rejetons des oursins qu’ils leur ouvrent pour les nourrir. Les parents ne régurgitent pas pour leurs poussins. Les jeunes ont le bec noir et rouge, avant d’arborer le rouge flamboyant des adultes. Les otaries aussi sont présentes: une femelle, toute dorée dans la lumière, allaite son petit. Une autre fait la planche, avec une satisfaction évidente, dans un bassin d’eau turquoise relié à l’océan par des arches de lave noire. Les otaries des Galapagos sont particulièrement sympathiques! Contrairement à des sites où les mâles peuvent tuer des petits lors de leurs violents combats entre mâles, ici, lorsque des mâles se disputent les faveurs d’une femelle, ils évitent d’écraser les iguanes… Les petits sont gardés par un mâle qui s’exprime beaucoup et joue avec eux. Il les surveille, les ramène s’ils vont trop loin et attaque si un requin s’approche trop… Nous croisons un peu plus loin un héron de nuit et celui qui nous fait un vrai numéro: le gobe-mouche… des Galapagos.
Le petit mâle croyant voir un autre mâle sur son territoire dans l’objectif d’un appareil photo attaque de suite et saute dans le pare-soleil… Nous rentrons par l’intérieur, quelques araignées « zig-zag » aux couleurs vives occupent encore les photographes. Près du bateau, des pétrels des tempêtes marchent sur l’eau…, nous levons l’ancre pour Rabida, la rouge. La mer est bien formée mais sur la plage de sable rouge sur laquelle nous débarquons pour le snorkeling. Tout est calme, l’eau est claire. Les poissons colorés ressortent sur fond de roche rouge… Pour la balade de l’après-midi, nous montons vers les hauteurs de l’île qui dominent la baie où est ancré le Galaxy II. Là a eu lieu une éruption explosive à très haute température et les débris se sont ressoudé les uns aux autres.
Pinsons et gobe-mouches sont présents. Pour les amateurs de botanique: les liserons, pétunias, lantana blanc sont tous des Galapagos, endémiques… Dans la lagune, pas de flamants roses mais 3 huitriers. La lumière du soir magnifie le paysage. Nous embarquons sur les zodiacs pour longer la falaise rougeoyante sur laquelle « s’agrippe » la végétation pionnière. Soudain, l’eau semble bouillonner: il s’agit de l’accouplement de raies aigles… Le soleil se couche quand le bateau vient nous chercher, direction Santa Cruz.
C’est en zodiac que nous partons à la découverte de Caleta Tortuga Negra, au Nord de Santa Cruz. Nous nous enfonçons dans la lagune, une mangrove de palétuviers rouges et de palétuviers blancs « gardée » par des pélicans. Ces mangroves sont vitales pour de nombreuses espèces qui s’y reproduisent et dont les jeunes se mettent à l’abri avant d’affronter leurs prédateurs. Nous croisons de nombreux tout jeunes requins à pointe blanche, deux petits requins marteaux aperçus furtivement, de nombreuses tortues vertes. Elles viennent là pour se reposer et se reproduire. D’ailleurs, nous assistons à sa reproduction. Pour la femelle, c’est une sécurité de se reproduire dans ce type de milieu peu profond et où elle peut s’accrocher à une branche pour ne pas couler. En effet, le mâle a un ongle sur les nageoires qui lui permet de bloquer la carapace de la femelle. Parfois plusieurs mâles s’agrippent les uns aux autres sur la pauvre femelle ne peut plus remonter respirer… À cette période, on trouve des femelles harassées échouées sur des plages, épuisées. Pourtant, la tortue verte est une merveille d’adaptation. Son organisme tolère une grande concentration en gaz carbonique lors de ses plongées.
Elle peut réduire son rythme cardiaque. Et ça, nous l’avons bien vu en nageant avec elles dans les lieux où elles se reposaient et où elles se déplaçaient comme au ralenti, somnolant en surface ou carrément posées et légèrement enfouies dans le sable, au fond. Elles peuvent également absorber de l’oxygène par les vaisseaux sanguins de leur paroi intestinale, après avoir emprisonné de l’eau par l’anus, un peu à l’image des ouïes des poissons. En contractant leur œsophage, elles chassent l’excès d’eau contenu dans les algues. Des glandes lacrymales leur nettoient les yeux. Elles peuvent vivre jusqu’à 150 ans après avoir parcouru des milliers de kilomètres entre leur zone de ponte et leurs zones d’alimentation. Elles se nourrissent d’algues vertes, comme nous avons pu l’observer et de méduses quand elles sont au large. Crustacés et éponges représentent une part moindre dans leur alimentation. Chaque tortue a un profil différent et une photo de la tête permet de l’identifier. Notre grande femelle, après la reproduction, peut retenir le sperme du mâle dans une capsule de son oviducte pour fertiliser ses œufs pendant 2 à 3 ans. Puis elle ira les pondre sur la plage où elle est née, à 30 ou 50 cm près… Elle va monter tout en haut d’une plage de sable blanc, y creuser un grand trou avec ses nageoires avant pour s’y positionner et un plus petit trou profond avec ses nageoires arrières pour y pondre ses œufs, 30 à 150 aux Galapagos. Pendant la ponte, elle maintient le côté du trou avec une de ses nageoires arrières pour éviter qu’il ne s’effondre. Le tout prend près de 4 heures… 40 à 70 jours plus tard, les minuscules bébés tortues vont éclore. En fonction de la température du sable pendant l’incubation: à 28,5°C des mâles, à 29,5°C des femelles. Alors commence pour la petite tortue le moment le plus périlleux de sa vie. Elle doit se précipiter à l’eau et éviter de se faire manger par: les frégates, mouettes des laves, bernard-l’hermites, crabes fantômes, grands hérons bleus, merles moqueurs, cochons, chiens et chats sauvages… et dans l’eau, s’ajoutent les jeunes requins et poissons carnivores… Puis, on ne sait où elles vont pour réapparaitre vers 15, 18 ans… Adultes, elles devront échapper à la pêche accidentelle, la pollution (notamment des sacs en plastique qu’elles prennent pour des méduses et meurent de faim après en avoir trop avalé), blessures par les hélices ou collision avec des bateaux rapides, changement climatique… Les dangers ne manquent pas, pourtant les grandes tortues marines ont un rôle important à jouer dans les écosystèmes marins. Elles équilibrent la chaîne alimentaire par leur consommation de méduses, éponges, stimulent la repousse des algues vertes donc la production d’oxygène, transportent des organismes… Bref, prenons soin de ces belles et indispensables créatures! Notre balade sur la plage de « los Bachas » nous permet d’évoquer tout ça en passant d’une lagune à l’autre où nous voyons: échasses, tournepierres à collier, petits chevalier, courlis corlieu, flamant rose, quelques iguanes marins… les vestiges des fameuses barges américaines qui ont donné le nom à la plage. Le soleil descend sur Daphné Minor et Daphné Major où les Grant ont travaillé pendant 30 ans sur les pinsons et leurs becs, en en suivant l’adaptation des populations aux aléas climatiques.
Ce matin, une véritable galerie d’art concoctée par Dame Nature nous attend. Nous débarquons sur la côte Est de Santiago, à Sullivan bay. Une coulée de lave noire a recouvert tout un secteur d’anciens volcans de tuf, en 1896, soit il y a 120 ans… Le phénomène semble s’être produit hier. Le socle sur lequel s’est répandue la lave est constitué de tuf oxydé, d’où sa teinte rouge. Ce tuf de lave pulvérisé au moment du contact mer/magma est formé d’une accumulation de cendres, lapilli (petits morceaux de lave) et bombes volcaniques (morceaux de lave de plus de 6 cm de diamètre). Par-dessus, la coulée de lave « pa-hoe-hoe » (un nom hawaïen pour désigner la lave cordée) ne fait pas plus de 1 m d’épaisseur. Cette lave, très fluide, s’écoule rapidement, le dessus refroidit et se fige tandis que l’écoulement se poursuit dessous. Cela froisse la surface. Plus la lave refroidit et plus la poussée par en dessous se fait sentir.
Le gaz tente de s’échapper. Cela donne un tumulus qui finit par se fracturer. Au niveau de cette cassure, on voit nettement des couches: sous la partie figée, les éléments constituant la lave s’organisent en fonction de leur densité par couches de couleurs variées. Les veines blanches sont du zinc. À certains endroits, la lave est comme dorée. De beaux « hornitos » sont également visibles. Il s’agit de l’accumulation en hauteur d’éclaboussures de lave projetée qui se soudent après avoir été emprisonnées dans un mélange de gaz et d’eau. Cela donne des minis volcans. Les multiples volutes de lave sont d’abord totalement nues. On arrive à un paysage varié avec la même lave mais soumise à des conditions physiques différentes. Plus loin, une toute petite plante, cachée dans une anfractuosité, est en fleurs. Il s’agit de « mollugo », plante pionnière. Transportées par les vents, les océans, les plantes pionnières résistent dans des conditions d’aridité extrêmes. Elles créent leur propre substrat par la décomposition de leurs feuilles, lente par manque d’humidité. Leurs racines fortes cassent souvent la lave. Le lézard est lui un animal pionnier. Il se nourrit d’insectes d’abord, de fleurs et feuilles des plantes pionnières. Un grand criquet décolle à notre passage. Voici un bel amateur de végétaux! Il sera la proie du lézard, qui, lui-même, sera celle de la buse. Le cycle de la vie s’est installé. Le cactus pionnier brachycereus s’installe, pousse sans cesse et à sa mort laisse un petit coussin organique très utile pour d’autres… Les tourterelles des Galapagos adorent ses petits fruits rouges. Elles viennent nicher dans les fissures de lave. Charles Darwin a passé 19 jours à Santiago (avant cette coulée de lave…), surtout à l’Ouest. À cette époque, il y avait encore des iguanes terrestres. C’était avant leur disparition due à l’arrivée des espèces invasives.
Nous voici à l’extrémité de la coulée, des oasis de verdure se sont développées. Les plantes qui les constituent sont adaptées à la présence de sel car l’océan s’infiltre un peu. Sur le chemin du retour, une saignée dans la lave et quelques micros tunnels sont tout ce qui reste d’un arbre pris dans la lave. Après un bon petit-déjeuner, retour sur la plage pour profiter des fonds marins et de ses habitants. L’eau est très claire et les poissons denses tout le long des blocs de lave. Un fou à pattes bleues pêche, un peu, tout près de nous. Les petits manchots, si rapides sous l’eau font des passages éclairs… Le second «snorkeling» se passe à Bartholomé au pied de « Pinacle Rock ». Puis, c’est la montée sur Bartolomé, dans un milieu minéral ponctué des touffes argentées de Tikilia, pour profiter de la superbe perspective. Un dernier tour en zodiac pour rendre visite à des manchots en pleine toilette et c’est le retour au bateau pour le pot du commandant.
Aujourd’hui, Santa Cruz et retour… Sur le chemin, nous en profitons pour rendre visite aux grandes tortues terrestres de Santa Cruz. La montée en altitude sur l’île, jusqu’à 600 m, nous fait passer par 5 zones de végétation. La première étant celle de bord de mer que nous avons eu l’occasion de bien explorer puis, la zone aride, nous l’avons aussi parcourue. Nous allons voir les icônes des Galapagos dans la zone de transition. La zone humide est le quatrième milieu. Enfin, la zone de miconias est la plus haute. Nous roulons au Sud-ouest de l’île. Santa Cruz a connu deux vagues d’arrivée de tortues: il y a environ 1 million d’années, en provenance de San Cristobal. Et, il y a 700 000 ans en provenance de l’Ouest. Les tortues se sont maintenant bien multipliées grâce aux centres d’élevages et à la protection dont elles font l’objet. À tel point qu’on les retrouve à l’entrée de Puerto Ayora quand elles descendent pour faire leur nid en basse altitude. Nous arrivons dans un secteur agricole, au Sud, Sud-est, dés 200 m, on rencontre de l’élevage de bovins. Les prairies y sont en herbe à éléphants, peu nourrissante. La culture des légumes est limitée par l’impossibilité d’irriguer. Aussi quand le parc national a été créé et que les tortues sont entrées en concurrence avec le bétail, mangeaient maïs, ananas, jeunes bananiers, forçaient les barbelés et ne pouvaient plus être mangées… Dans les années 70-80, de nombreuses tortues disparaissaient… La grogne était générale, jusqu’à l’arrivée des touristes. Là, il leur est apparu beaucoup plus rentable de garder les tortues, de réorganiser leurs propriétés pour accueillir les touristes. Il faut dire qu’actuellement les Galapagos acccueillent 245 000 touristes par an. Les tortues terrestres vivantes rapportaient beaucoup plus que mortes. Victoire pour elles! On a aménagé des routes pour en faciliter l’accès. Maintenant, on produit du café d’altitude, fertilisé par les tortues qui vont et viennent librement… Nous cheminons maintenant dans la propriété, parmi les goyaviers des Galapagos desquels pendent des « guirlandes » de lichens. Les grandes tortues en forme de dôme sont là: des petites jeunes de 20 ans, des vénérables géantes. Certaines se nourrissent, d’autres prennent des bains de boue. La situation semble tout à fait positive pour elles, même s’il reste les dangers des espèces invasives.
Nous reprenons la route par le secteur de la zone humide. C’est le domaine de la forêt de scalesias, sortes de marguerites géantes.
Nous sommes dans le parc national. Bientôt la route se termine et nous prenons un petit bateau-navette pour rejoindre Baltra et l’aéroport. Le vol Baltra/guayaquil est excellent. Nous quittons 6 personnes du groupe qui prolongent leur séjour en Équateur. Le reste du groupe regagne l’Europe. Quel beau et riche voyage nous avons fait!