Nathanaël Vetter
Arctique et Antarctique
12 février
22 février 2018
À bord de l’Island Sky, Février 2018
Nathanaël Vetter
Arctique et Antarctique
Santiago du Chili – Punta Arenas
Tôt ce matin, nous avons retrouvé notre guide Nathanaël aux comptoirs d’enregistrement. Quelques émotions pour ceux qui ont un peu couru après un taxi… ou après leur conjoint, mais finalement tout le monde a bien embarqué direction le Sud, vers Punta Arenas.
Arrivés à l’aéroport après un survol extraordinaire des Andes et une arrivée plutôt ventée, nous nous dirigeons vers notre hôtel en centre-ville.
Nous décidons d’aller manger en ville puis nous installons dans nos chambres.
L’après-midi est libre mis à part quelques ateliers relatifs à notre départ imminent vers l’Antarctique : il nous faut récupérer nos bottes et notre parka, peser nos bagages et aspirer nos affaires de terrain afin de n’apporter aucun germe sur le 7e continent.
Nous avons rendez-vous en début de soirée avec notre guide et l’équipe d’expédition pour 3 points d’informations importants : déroulement de la journée de demain, information sur les zodiacs et sur les règlementations IAATO.
Après toutes ces informations, nous profitons d’un excellent buffet avant de partir nous coucher pour être en forme demain !
Punta Arenas – King George island
Rendez-vous tôt ce matin de nouveau pour déposer nos bagages et ensuite partir à l’aéroport.
Nous nous retrouvons à l’aéroport de Punta Arenas de nouveau, mais cette fois, nous continuons notre route vers le Sud : un créneau météo s’offre à nous ce matin et avec un peu de chance, nous serons à bord de l’Island Sky dans quelques heures !
Et en effet, après quelques heures de vol, nous arrivons aux Shetland du Sud, sur l’île du Roi Georges, où nous attend notre bateau.
Après un bon repas, nous assistons à une présentation de l’équipe d’expédition et diverses informations sur le voyage et ces prochains jours.
S’ensuit une conférence sur la Glaciologie et les différents types de glaces que nous allons rencontrer. Le récapitulatif du jour porte sur les manchots que nous allons bientôt découvrir et un historique rapide des lieux nous environnant.
Encore un très bon repas avant un point d’information avec Nathanaël sur le déroulement de la journée de demain et nous partons nous coucher bien fatigués de cette journée dont nous rêvions : mettre le pied en Antarctique !
Enterprise Island (64°32’S, 62°00’W) & Damoy Point (64°49’S, 63°30’W)
Première sortie en Antarctique ce matin ! L’excitation est palpable…
Nous commençons par une croisière zodiac autour d’Enterprise Island, qui se trouve dans Wilhelmina Bay. C’est le moment tant attendu où nous nous retrouvons en face des splendeurs Antarctiques, à bord de notre zodiac, pour une découverte des lieux.
Après avoir observé quelques cormorans Antarctiques et otaries à fourrure, nous nous dirigeons vers une épave. C’est le D/S GUVERNOREN, un bateau baleinier qui a sombré ici en 1915 suite à un incendie. Nous passons à proximité d’un voilier français avec à son bord des bretons qui échangent quelques mots avec nous.
Nos guides nous proposent ensuite de partir à la recherche des baleines, qui sont souvent observées dans cette grande baie. Et là, au bout de quelques minutes de navigation, nous tombons sur quatre baleines à bosse en train de se nourrir en surface.
Leur ballet est impressionnant d’autant plus que nos zodiacs ne sont qu’à quelques dizaines de mètres de ces « monstres des mers ».
Après avoir observé un long moment ces cétacés, nous rentrons vers l’Island Sky où avant le repas Nathanaël nous donne quelques conseils pour mieux réussir nos photos.
Après le repas, nous nous dirigeons à travers le détroit de Gerlache vers le Chenal de Neumayer. C’est là qu’en début d’après-midi nous rencontrons un 2e groupe de baleines à bosse. Elles viennent très près du bateau et se jettent sur leur proies en sortant la tête de l’eau. C’est très impressionnant et notre bateau étant au ralenti, nous profitons de nouveau au maximum de cette observation.
S’ensuit une conférence sur les manchots, puis une magnifique navigation le long du Chenal Neumayer.
Nous finissons par arriver à notre objectif de l’après-midi : Damoy Point. Ce site nous permet de visiter un refuge du British Antarctic Survey, à partir duquel, de 1973 à 1993, des vols ont été organisés vers la Station de recherche britannique Rothera.
L’autre intérêt de cette excursion consiste à observer nos premiers manchots. Ce sont des papous qui se reproduisent à proximité. Leurs jeunes sont maintenant assez gros et poursuivent les adultes dans des courses folles pour leur quémander de la nourriture. Le paysage est grand ouvert, avec en face de nous de grandes montagnes glacées, les lumières, avec ce temps nuageux, sont changeantes et donnent tout son charme aux alentours.
De retour au bateau, et après un repas bien mérité, notre chef d’expédition nous présente le programme de demain. S’ensuit une discussion au bar avec un de nos guides sur les superstitions marines.
Entre temps, le ciel s’est dégagé et avant de partir nous coucher nos profitons une première fois des sommets totalement dégagés qui s’offrent à nous.
Îles Yalour (65°23’S, 64°17’W) & Base Vernadsky (65°15’S, 64°16’W)
Ce matin à 7h, notre chef d’expédition devait nous réveiller à l’entrée dans le chenal Lemaire, mais les conditions de glaces ne permettant pas sa traversée, nous avons dû contourner Booth Island dans notre périple vers le Cercle Polaire… Nous sommes finalement arrivés aux îles Yalour en milieu de matinée où nous avons embarqué en zodiac à la découverte de ce petit archipel.
Ces îles sont peuplées par différentes colonies de manchots papous (dont la colonie la plus australe de toute la péninsule antarctique) et de manchots Adélie. Nous nous sommes régalés de les voir se poursuivre dans la neige et avons exercés nos yeux pour reconnaître les adultes des jeunes, qui venaient de muer, prêts pour partir à l’eau !
Nous avons également pu observer nos premiers phoques !… et appris à reconnaître ces « crabiers » des autres « Wedell » et « Léopards ». Enfin, cette matinée nous aura laissé un souvenir tout particulier, car le temps s’est complètement dégagé, laissant apparaître les immenses glaciers et sommets les encadrant.
Avant même d’avoir eu le temps de nous rendre au restaurant, une baleine à bosse a fait son apparition devant le bateau et nous a livré de nouveau un beau spectacle…
Cet après-midi, nous sommes allés visiter en zodiac les alentours – surpeuplés de phoques crabiers – de la station de recherche Vernadsky, qui est passé des mains des Anglais à celles des Ukrainiens en 1996… Ces derniers nous ont ensuite accueillis et fait visiter les quelques bâtiments qui composent cette petite base où seulement 12 personnes hivernent.
Nous avons pu poster quelques cartes, acheter des t-shirts et aussi goûter la vodka distillée ici, qui est certainement la plus australe du monde !
Après notre récap du jour, nous sommes allés nous installer pour notre repas du soir, quelque peu mouvementé par la houle qui s’est levée au fur et à mesure que nous nous écartions des côtes pour poursuivre notre aventure vers le Sud.
Cercle Polaire Antarctique (66°33’S, 67°25’W) & Detaille island (66°52’S, 66°48’W)
Après une nuit passée à voguer plein Sud vers le cercle polaire, au large des îles Biscoe et Lavoisier, nous entrons par le chenal Matha dans le « Cristal Sound », immense Fjord nommé en référence aux recherches menées ici sur les cristaux de glace.
La météo n’est pas aussi clémente qu’hier : il pleuvine et le plafond est bas… mais cela ne nous a pas empêchés de fêter comme il se doit le passage du cercle polaire Antarctique !
Tous les passagers se sont retrouvés à l’arrière du bateau, une coupe de champagne à la main pour trinquer à nous, à nos familles au loin et aux découvreurs de ces terres inconnues.
En milieu de matinée, notre Guide, Nathanaël nous propose de faire un point cartographie : en effet, même si notre chef d’expédition nous montre quotidiennement les cartes des endroits visités, il n’est pas inutile de prendre un peu de temps pour bien comprendre la géographie locale, qui ne nous est pas familière ! Nous découvrons avec plaisir les circonvolutions réalisées en Zodiac hier autour des îles Yalour et comprenons aussi mieux quels endroits sont abrités de la houle ou non…
Nathanaël nous récapitule également la conférence d’hier sur les phoques et otaries comme la majorité du groupe francophone n’avait pu être présent à cause de la houle.
La navigation continue dans le Cristal Sound et nous approchons de notre objectif de l’après-midi : Detaille Island. Cette petite île située au-delà de cercle polaire a été le lieu à la fin des années 60 d’évènements marquants : en 1959, seulement trois ans après la construction de la station de recherche anglaise « W », il a été impossible au bateau ravitailleur de se rapprocher à moins de 40 km de l’île à cause d’une banquise particulièrement épaisse.
Les scientifiques présents ont alors dû évacuer la base avec leurs effets personnels et les données scientifiques si durement acquises… Ils ont alors rejoint le bateau en traineau à chiens sur plusieurs dizaines de kilomètres !
Le vent ayant forci au cours de la journée, le trajet en zodiac vers Detaille Island est quelque peu musclé et parfois un peu arrosé !
Nous visitons les bâtiments, restés tels quels depuis le départ de leurs hôtes, il y a près de 60 ans. Ensuite, nous montons sur les hauteurs de l’île pour admirer le panorama : des icebergs énormes à perte de vue, certains arborant des couleurs intenses… Le ciel changeant nous offre des éclairages variés et de beaux contrastes sur ces immensités. Nous observons également quelques manchots adélie, puis c’est l’heure de retourner sur l’Island Sky.
A bord nous attend Edward, qui nous parle avec émotion de la conquête du Pôle Sud. Nous apprenons tous les détails de cette héroïque et dramatique de l’histoire polaire.
Fish Islands (66°02’S, 65°25’W), Grandidier Channel
Nous nous réveillons ce matin dans un véritable écrin de glaces et de lumière ! Nous sommes tout près de la Péninsule et nous dirigeons vers les Îles Fish, qui sont chacune nommées d’un nom de poisson différent. Ces îles abritent plusieurs colonies d’oiseaux, notamment des manchots adélie et des cormorans antarctique.
Nous nous faufilons en zodiac entre les plaques de banquise et les icebergs à la recherche des animaux qui habitent ces îlots… Les recherches sont fructueuses : nous voyons plusieurs espèces d’oiseaux (Sternes antarctiques, Goélands dominicains, Labbes de Mc Cormick, Manchots adélie, Cormorans antarctique) et quatre espèces de phoques (Phoque crabier, Otarie à fourrure Antarctique, Phoque de Weddell et notre premier Léopard des mers !).
Nous profitons à fond de ces instants d’éternité, avec un panorama à 360° autour de nous et une visibilité de plusieurs dizaines de kilomètres !
De retour au bateau, les conditions sont parfaites (grand soleil et vent nul) pour proposer à ceux qui le souhaitent de faire un grand « plouf » dans les eaux glacées de l’Océan austral !
Seule Régine se sacrifie pour représenter le groupe, mais elle est accompagnée d’une bonne trentaine d’autres téméraires qui vont braver les eaux à -0,3°C… !
Nous partons ensuite vers le Nord pour remonter le Chenal Grandidier, qui sur les images satellites de ces derniers jours était relativement peu encombré de glaces… mais la météo a changé et les vents ont littéralement bouché le passage que nous devions emprunter et nous devons suivre la célèbre maxime « le chemin le plus court à travers la glace, c’est de la contourner ! ».
Cet après-midi et ce soir, nous contournons donc de nouveau les Îles Biscoe, et nous dirigeons vers les Îles Petermann où nous allons essayer de débarquer demain.
Le temps disponible est notamment utilisé par Nathanaël pour enfin nous présenter sa conférence sur les manchots et faire un nouveau point sur l’itinéraire suivi.
Île Petermann (65°10’S, 64°08’W), Île Pléneau (65°06’S, 64°04’W) & Chenal Lemaire
Ce matin nous nous sommes levés aux alentours de l’île Petermann, dans une brume qui nous rappelle quelles conditions les premiers explorateurs ont connues.
Nous partons en direction de l’île en zodiac, et mettons pied à terre dans le petit havre où Charcot a hiverné avec son bateau le « Pourquoi Pas ? » lors de sa deuxième expédition en Antarctique en 1909. Nous arpentons cette petite île et découvrons petit à petit son paysage, toujours entourés de brumes… Nous faisons connaissance avec ses habitants saisonniers : les manchots papous, dont les jeunes, très curieux viennent à notre contact. Quels souvenirs !
Pendant le repas, nous continuons notre navigation à vitesse réduite, toujours entourés de brumes, qui tardent à se déchirer.
Nous arrivons ensuite dans les alentours de l’île Pléneau, et au bout de quelque temps, le brouillard se dissipe pour laisser la place à un grand ciel bleu noyé de soleil. Le paysage est tout simplement à couper le souffle et nous attendons avec impatience que notre zodiac nous emmène voir de plus près toutes ces glaces étincelantes qui nous entourent.
Nous partons donc à la découverte des lieux autour de l’île Pléneau. De petites anses très calmes abritent de nombreux phoques crabiers et Weddell qui se font dorer au soleil. Nous passons devant quelques colonies de manchots et de cormorans et prenons encore le temps de bien observer toute la diversité de leurs comportements.
Le zodiac file ensuite plein Nord, à travers un « cimetière d’icebergs » échoués là pour quelques semaines ou quelques années ! Cela nous mène jusqu’à Port Charcot, petite baie très abritée où le Commandant a hiverné avec son bateau Le Français lors de sa première expédition en 1904. Nous avons même pu voir la lettre « F » gravée dans la roche pour rappeler la présence du bateau dans cette baie.
De retour sur l’Island Sky nous attend un « barbecue polaire ». Nous dégustons ces instants, entourés de paysages sublimes et attablés à l’arrière du bateau, en plein soleil et sans vent.
Nous poursuivons ensuite notre voyage et nous traversons le célèbre chenal Lemaire, et ce, dans des conditions exceptionnelles ! Le ciel est toujours d’un bleu intense, pas un nuage à l’horizon et une visibilité à plus de 100 à 150 km ! Puis nous profitons de notre premier coucher de soleil en Antarctique… chacun retournant petit à petit dans sa cabine.
Port Neko (64°51’S, 62°32’W) & Île Cuverville (64°41’S, 62°38’W)
Ce matin, nous nous sommes dirigés vers Port Neko en nous enfonçant petit à petit dans la grande Baie Andvord qui s’étire sur près de 20km depuis le détroit de Gerlache vers le Sud-Est.
Arrivés à terre, on nous explique que de fréquents tsunamis balayent le littoral en cet endroit à cause des réguliers vêlages du glacier adjacent. On nous informe également que le site est très crevassé, il faudra donc bien suivre les fanions pour ne pas perdre l’itinéraire de vue… mais aussi et surtout notre arrivée à Port Neko constitue notre premier débarquement sur le Continent Antarctique !!!
Nous vaquons, selon les préférences de chacun, entre points de vue sur l’immense Baie, observation des manchots que nous ne nous lassons pas d’épier et attente d’un éventuel vêlage.
Après ces quelques 2h30 passées sur ce magnifique site nous rentrons nous réchauffer sur l’Island Sky et bientôt profiter d’un bon repas. Le bateau lève l’ancre et nous nous dirigeons vers notre prochaine destination : l’île Cuverville, qui se situe à un peu plus de 25km au Nord.
Dans les derniers miles nautiques qui nous séparent cette île, nous apercevons plusieurs baleines à bosses, ce qui augure de belles observations pour cet après-midi !
Nous débarquons ensuite sur cette petite île qui abrite la plus grande colonie de manchots papous de toute la péninsule antarctique ! De 7000 à 8 000 couples se reproduisent ici et c’est donc entourés de manchots que nous déambulons sur les plages rocheuses de l’île.
Nous découvrons également que des mouches aptères (qui n’ont plus d’ailes car elles se sont réduites au fil du temps) habitent ces lieux inhospitaliers. Un peu plus loin, c’est une des deux seules plantes vasculaires vivant en Antarctique (Deschampsia antarctica) qui nous attend au détour d’un rocher…
Nous finissons par réembarquer pour profiter des alentours en zodiac. Et là au bout de quelques minutes, nous repérons deux baleines à bosse, en surface en train de se reposer. Nous passons près d’une demi-heure en leur compagnie, leurs profondes respirations rythmant ces instants. Le moteur du zodiac est éteint, les appareils ne crépitent plus, nous sommes tout ouïe !
De retour sur l’Island Sky, nous avons juste le temps de nous délasser quelques minutes avant que Nathanaël nous invite à sa conférence sur les baleiniers et phoquiers des mers du Sud. Cela nous permet de mieux comprendre la provenance des ossements de baleines vus cet après-midi sur l’île et aussi de jeter les bases pour la sortie de demain dans la Baie des baleiniers à l’île Déception.
Notre chef d’expédition nous expose la suite du voyage et passe la parole à un des guides qui va être le maître de cérémonie d’une vente aux enchères bien particulière : il est proposé aux passagers de faire un don (à travers l’achat de différents objets) à une association qui participe à la conservation des manchots : penguinwatch.org
C’est un moment qui nous semble typiquement anglo-saxon et nous nous amusons beaucoup de voir certains acheter un drapeau, une carte ou une bouteille d’eau d’iceberg plusieurs milliers de Dollars !
Après le dîner, c’est au tour de l’équipage philippin de se présenter, et ce, en musique et chansons.
Île de la Déception (62°59’S, 60°34’W), Hannah Point (62°39’S, 60°37’W) & Île du Roi George (62°12’S, 58°55W)
Ce matin, nous sommes réveillés par notre chef d’expédition pour admirer l’entrée dans la caldera de l’île de la Déception. La passe est étroite, elle fait à peine 500m de large et est encombrée en son milieu par des récifs. La manœuvre est donc délicate mais heureusement la mer est belle et le vent bien que vif ne nous empêchent pas de naviguer en sécurité. Nous passons ainsi par les « Soufflets de Neptune » pour entrer dans la grande baie très protégée que constitue l’intérieur du cratère de cette île et nous nous dirigeons vers la Baie des Baleiniers.
Notre bateau s’arrête et nous partons rapidement vers le littoral. Nous parcourons pendant plus de deux heures ces lieux chargés d’histoire où se succèdent les otaries venues ici trouver repos après leur saison de reproduction. Nous marchons jusqu’à la Fenêtre de Neptune, échancrure dans la muraille de la Caldera qui nous permet d’admirer l’horizon et la pleine mer. Ensuite nous nous dispersons entre les différentes ruines de cette station baleinière utilisée du début du XXe siècle jusqu’au années 1930.
Comment décrire nos sentiments à nous balader dans ces lieux qui ont connu des massacres immenses de mammifères marins et où la vie des hommes était également si dure ? Le cimetière nous rappelle que le voyage parfois se faisait sans retour et que les conditions de travail étaient pour le moins difficiles. Englués dans la graisse de baleine, les mains enflées de différentes infections communes chez les baleiniers, ces hommes travaillaient des journées sans fin à trancher les chairs, entouré d’outils affûtés comme des rasoirs et entourés du cortège d’oiseaux se nourrissant sur les carcasses…
Nous repartons de l’île de la Déception en direction de l’Île Livingston et plus précisément un site appelé Hannah Point.
Durant cette navigation, Nathanaël, notre guide nous présente sa dernière conférence du voyage : les menaces qui pèsent sur les zones polaires. C’est passionnant bien qu’un peu alarmant. Comme les marins du bateau ont du mal à faire tenir l’ancre à cause du vent qui s’est levé, nous avons un peu de temps et en profitons pour débattre des différentes solutions à mettre en œuvre…
Finalement une annonce nous indique que l’ancre ne tient pas, que le baromètre est en train de plonger… il va falloir se résoudre, nous ne pourrons malheureusement pas débarquer sur l’île Livingston.
Nous filons en direction de l’île du Roi Georges où demain notre avion nous ramènera à la civilisation…
…enfin c’est ce que l’on pensait jusqu’à ce que notre chef d’expédition nous annonce que la fenêtre météo de demain risque de ne pas avoir lieu… différents scénarios sont envisagés, mais ce qui est sûr c’est que ce sera la météo de demain qui aura le dernier mot !
Nous en profitons pour boire un verre à la santé d’Eole, qu’il puisse nous porter chance !
Île du Roi Georges (62°12’S, 58°55W)
Aujourd’hui a été une journée un peu particulière dans une croisière-expédition car nous sommes restés tout le temps au mouillage. En effet, le créneau météo probable de milieu de matinée qui aurait permis aux avions de venir nous chercher n’a finalement pas eu lieu et celui de la fin d’après-midi non plus.
Nous avons donc dû prendre notre mal en patience et rester à l’écoute des annonces qui ont ponctué cette journée.
Le temps maussade ce matin s’est légèrement levé en début d’après-midi, ce qui nous a permis de faire une sortie zodiac. Nous avons pu apercevoir (de loin) les fameux manchots à jugulaire et aussi rencontrer un léopard des mers, qui suivait notre zodiac…
Le vent s’étant levé, le retour vers l’Island Sky a été quelque peu mouillé… pour notre plus grand bonheur : ce n’est pas tous les jours que l’on est un(e) « explorateur(trice) polaire » !
De retour sur le bateau nous nous réchauffons après cette sortie dans des conditions que nous n’avions pas encore connues jusque-là et discutons tranquillement jusqu’à l’heure du repas. Repas directement suivi d’une petite réunion sur la journée de demain : OUI nous devrions pouvoir voler ! Le créneau est prévu pour le milieu de journée… affaire à suivre !
Île du Roi Georges (62°12’S, 58°55W), Punta Arenas (53° 09’S, 70° 53’W) & Santiago du Chili (33° 26′ S, 70° 39’W)
Au petit-déjeuner ce matin, nous apprenons deux choses pour la suite de notre voyage : le vol vers Punta Arenas aura certainement lieu en milieu de journée, une fenêtre météo semblant être bien présente. Deuxième chose : notre retour vers la France va pour certains être un peu bousculé : une grève d’Air France implique que notre vol de demain est annulé.
Nous passons une partie de la matinée avec notre guide Nathanaël pour gérer au mieux l’évolution des vols et gérer les urgences. Grâce à la réactivité d’Elza qui travaille au bureau de Grands Espaces, en quelques heures nous avons de nouveaux billets. Certains partiront tout de même le 23/02 comme prévu avec d’autres compagnies. D’autres, moins pressés prendront le vol direct d’Air France du lendemain.
En fin de matinée nous sommes appelés pour partir en zodiac vers l’Île du Roi Georges où notre avion va atterrir. La distance à marcher jusqu’à la piste d’atterrissage nous semble cette fois beaucoup plus longue bien qu’elle ne dépasse pas le kilomètre et demi. Est-ce parce que cela monte un peu ? peut-être que le vent de face n’aide pas non plus… mais ce qui est sûr c’est que nous avons du mal à quitter ces terres australes que nous avons tant aimé ! L’équipe de guide nous attend devant la carlingue pour nous dire au-revoir. C’est assez émouvant.
Arrivés à Punta Arenas après un vol de plus de 1 200 km où nous pu apercevoir les Shetlands du Sud au décollage puis un peu plus tard le Cap Horn, nous arrivons à Punta Arenas. Nous récupérons les quelques affaires laissées à l’hôtel, que nous ont amené l’équipe. Nous déposons nos bottes. Cette fois le voyage touche à sa fin !
Nous sommes soulagés d’avoir pu rentrer aujourd’hui et de pouvoir poursuivre sans encombre la suite (voyage à Valparaiso ou à l’île de Pâques pour certains chanceux… retour au travail pour d’autres), mais on sent la nostalgie de voir cette belle expérience se terminer. Mais peut-être est-ce à cela que l’on reconnaît un voyage réussi !?!
A peine une heure après notre arrivée, le charter qui nous ramène tous jusqu’à Santiago est avancé. Nous voilà de nouveau en train de survoler les magnifiques paysages des Andes Patagoniennes… nous reconnaissons le célèbre Fitz Roy et le glacier de Perito Moreno entre autres !
Et voilà, il est 20h passées, nous atterrissons sur le tarmac de l’aéroport de Santiago, les milieux polaires sont loin derrière nous, mais leur souvenir est encore bien palpable… c’est l’heure des adieux pour certains qui partent tout de suite vers de nouvelles aventures comme Didier et Michelle ainsi qu’Alain et Michelle… qui se retrouveront d’ailleurs bientôt sur l’île de Pâques et pour leur retour jusqu’à Paris !
Bon vent à tous !