Christophe Bassous
Arctique et Antarctique
16 juillet
24 juillet 2017
À bord du Grand Large, fin juillet 2017
Christophe Bassous
Arctique et Antarctique
Arrivés à 13h15 à Longyearbyen, nous avons des bus à notre disposition pour aller visiter la vallée de l’Advental, et discutons du Svalbard Seed Vault qui stocke des graines de tous les pays du monde au cas où certaines plantes disparaîtraient ainsi que des mines de charbon en activité et désaffectées. Puis, temps libre à Longyearbyen.
17h15, nous embarquons sur le Grand Large en nous installant dans nos cabines, le temps d’une douche rapide et l’équipage nous offre son pot d’accueil au Champagne et petits fours. En parallèle à cela, nous nous mettons en route vers Kongsfjord, la baie du Roi en traversant le Forlandsundet. Nous ajustons notre allure afin d’arriver sur site au petit matin. Le repas nous est servi et notre groupe de 11 personnes et 3 guides fait connaissance, l’heure du réveil, les déplacements et les visites de la journée ont eu raison du groupe vers 22h30, une bonne nuit nous mettra en bonne disposition pour la suite des aventures.
08h00 précises, le petit-déjeuner est servi et il est copieux, nous en aurons besoin, car c’est une randonnée qui est prévue aujourd’hui. Briefing aux passagers pour l’embarquement dans les zodiacs, le Grand Large jette l’ancre dans le Kongsfjord et nous débarquons à Ossian Sarsfjellet. Le groupe est assez homogène et nous imprimons un bon rythme. Vers le haut de la falaise, quantité de poils d’hiver trahissent la présence de rennes que nous ne tardons pas à trouver. Mais nous trouvons également des plumes fraîchement arrachées qui nous font espérer un renard. Nous n’avons pas eu à le chercher c’est lui qui est venu à nous dans sa quête de nourriture sur les falaises à oiseaux. Le Grand Large se remet en route vers Ny-Alesund pour une visite rapide du bureau de poste le plus septentrional du monde ainsi que de la statue en hommage à l’expédition en dirigeable d’Amundsen en 1926. Puis, troisième activité de la journée, croisière zodiac devant le glacier du 14 Juillet, ses oiseaux et ses vêlages. La croisière se termina par une marche sur la toundra au cours de laquelle nous avons encore eu la chance de rencontrer une famille de renards polaires dont deux en phase bleue. Le vent soufflant fortement du sud-est, nous décidons de passer la nuit du 17 juillet au 18 juillet et d’attendre le matin pour faire route vers la baie de la Madeleine.
Arrivés en Baie de la Madeleine à l’heure du petit-déjeuner, nous partons en croisière en zodiac pour inspecter les glaciers et la vie qui s’y trouve, oiseaux et pinnipèdes. Nous débarquons ensuite pour une petite randonnée qui monte jusqu’à une impressionnante colonie de mergules nains. Retour sur les zodiacs pour un peu plus de glaciers et d’observations ainsi que quelques photos d’un groupe de jeunes morses se reposant sur un banc de sable. Il est déjà l’heure du repas et de faire route vers le fjord de Smeerenburg. Grâce à la manœuvrabilité du Grand Large et au talent du Captain Kjell, nous effectuons un impressionnant passage proche du glacier. Puis, nous nous ancrons dans la baie afin d’aller voir en zodiac une petite colonie de phoques veaux marins ainsi que les vestiges de l’expédition d’Andrée. A quelques minutes de là, nous allons voir les vestiges de la ville de Smeerenburg où un groupe de morses a décidé de s’installer maintenant que l’activité de la ville a cessé. Le brouillard se lève après cette journée extrêmement ensoleillée, nous levons l’ancre, cap plein Nord…
Aujourd’hui, nous prenons notre petit déjeuner en faisant route vers la banquise accompagnés d’un groupe de phoques du Groenland pour un temps et de nombreux oiseaux tout au long de la traversée.
Premier ours polaire à 10 heures, il nageait, nous a vu au dernier moment et est ensuite monté sur une plaque de glace pour s’enfuir dans le brouillard.
La mauvaise visibilité nous contraint nous-mêmes à nous résigner, nous repartons vers le sud avec la ferme intention de revenir voir la banquise au retour.
Nous jetons l’ancre dans le nord de Murchinsonfjord, a Kinnvika, ancienne station scientifique construite en 1957 pour un an d’utilisation et réutilisée en 2007 lors de l’année polaire internationale.
Faute d’observations, bien que nous vîmes notre premier ours, nous compensons cela par de la connaissance avec trois conférences sur la sterne arctique, le renard polaire et bien-sûr l’ours polaire.
Alors que nous dormons encore, le capitaine Kjell commence à faire route vers les falaises d’Alkefjellet. Une fois de plus, elles ne déméritèrent pas et nous permirent d’observer des dizaines de milliers de guillemots nichant, ou faisant des allers-retours avec la mer, le pêché-croisé du mois de juillet pourrait-on dire.
Suite au passage du grand large au pied des falaises, nous mettons cap sur Torrellneset où nous trouvons deux groupes de morses que nous pouvons approcher à pied et à distance raisonnable. La mouette blanche qui nous gratifia d’un rapide passage vent arrière ne fit un effet que tout relatif, notre groupe ne comptant pas d’ornitho pur et dur.
En route vers la barrière de glace nous assistons à l’Arctic Walrus Festival (Copyright Chris Bassous) tant nous voyons de morses sur banquise et en pleine eau.
Arrivés au sud de Nordaustlandet, le mur de glace se dessine et nous paraît de plus en plus impressionnant au fur et à mesure que nous approchons. Impressionnantes aussi les capacités de manœuvre du bateau et du Capitaine qui longe le front de glace au point que l’on sent les embruns des cascades d’eau de fonte, les vêtements de Jules s’en souviennent encore.
Le chemin du retour est plus compliqué, le vent est tombé, les nuages se sont dissipés, c’est donc sous le soleil de minuit que l’équipage se fraie un chemin dans une banquise qui s’est fortement resserrée depuis notre premier passage. Mais à une heure du matin, nous finissons par nous libérer des glaces et faisons déjà route vers le nord dans le détroit d’Hinlopen.
Jour d’anniversaire du Capitaine, nous lui faisons le plaisir de lui demander encore plus de banquise, nous croisons donc dans la glace, au milieu du brouillard, que rêver de mieux pour un commandant de yacht polaire !!
La visibilité s’améliore quelque peu et Benjamin ne tarde pas à nous trouver le museau d’un ours dépassant de l’eau miroitante entre deux plaques de glace. Il semble bien décidé à se diriger vers le phoque barbu qui se repose à quelques centaines de mètres de là.
La pression est à son comble sur le bateau, nous leur laissons de la distance pour ne pas trahir la présence du prédateur. Malgré ces précautions l’attaque se solde par un échec, qu’à cela ne tienne, il y a de nombreux phoques barbus dans la zone, il remet donc cela en suivant, nouvel échec ! Nous le laissons finalement à ses pérégrinations alors qu’il nage vers une autre étendue de glace.
Nous prenons donc notre dîner sous un beau soleil rasant alors que le bateau fait route vers le sud-ouest, direction Hamilton.
Le son et le choc des plaques de glace poussées par le Grand Large nous réveillent un peu plus tôt qu’à l’accoutumée pour nous faire découvrir l’entrée de la Baie d’Hamilton.
Juste après le petit déjeuner, nous nous habillons légèrement pour une randonnée sous un soleil tenace, nos pas nous mènent jusqu’à un lac d’eau douce, seuls quelques névés et bien-sûr les immenses glaciers à l’horizon nous rappellent que nous sommes au Svalbard et non dans les Alpes en été.
Suite à la balade, nous faisons une croisière en zodiac au pied du glacier d’Hamilton outre les icebergs aux formes variées, nous nous attardons sur des Cyanea capilata, méduses rouges urticantes de l’arctique et passion sans bornes de Christophe. Mais aussi quantité de Pleurobrachia, des ctenophores dont les huit rangées de cils vibratils, délicatement irisées par le soleil rasant retiennent notre attention pendant plusieurs minutes.
De retour sur le bateau mère, nous apprenons que le mauvais temps entre par le sud-est et changeons nos plans pour la suite.
Nous débarquons donc sur l’île d’Ytre Nordskoya pour une nouvelle randonnée dans les pierriers qui va nous mener à 150m d’altitude de là, la vue panoramique est magnifique. Cette île servit à partir de 1617 aux baleiniers hollandais, la vue surplombante leur permettait de repérer les cétacés à l’horizon, aujourd’hui pas de baleine en vue, mais de nombreux phoques barbus se prélassant sur ce qu’il reste de banquise éparse. Les jours de visibilité exceptionnelle, on peut même voir jusqu’au Pôle Nord. De l’autre côté, 165 tombes de baleiniers rappellent le passé sombre de cette île.
Alors que le mauvais temps arrive, nous regagnons notre vaisseau amiral, le capitaine va nous trouver un endroit abrité du vent ou passer la nuit.
Ce matin, le vent souffle toujours mais s’est bien calmé par rapport aux rafales à 72 nœuds de la nuit. Nous retournons don investiguer la carcasse, il y a bien une ourse dessus en train de se repaître sous le regard tolérant d’un gros mâle a une centaine de mètres d’elle, la profusion de nourriture apportée par la mer ne vaut pas une confrontation, il y a à manger pour tout le monde.
Nous embarquons sur nos deux zodiacs pour aller voir la situation de plus près, très belle observation, mais au moment de rentrer au bateau après de nombreux clichés, entre en scène l’élément perturbateur : une mère et son (grand) petit.
Elle est certainement consciente qu’il y a de la nourriture pour tout le monde, toutefois elle ne veut prendre aucun risque pour son ourson, elle chasse donc le mâle dans un premier temps, puis se lance à l’assaut de l’autre femelle, l’endroit est vide de tout ours, elle peut faire venir son jeune sur la carcasse en toute sécurité, nous les contemplons donc une vingtaine de minutes mangeant les restes de baleine puis remontons à bord du Grand Large pour de bon.
Nous continuons donc la route vers le sud direction Lilliehook quittant la protection des îles pour une mer un peu plus agitée.
Devant le front de glace de Lilliehook, nous mettons les zodiacs à la mer et trouvons un brash très dense ; nous progressons à vitesse réduite et en silence. Cette allure nous permet une belle approche d’un phoque barbu se reposant sur une plaque, nous laissons celui-ci avant qu’il prenne peur. Direction ce que nous pensions être un deuxième barbu bien plus gros, mais en nous approchant nous constatons que notre ami est en réalité un jeune morse bien seul au fond de cette baie. Nous tentons donc une approche similaire à la précédente, tout se passe bien, il lève la tête un instant pour la reposer ensuite, nous sommes intrigues par ses nombreux frémissements. Quand tout à coup, il relève sa tête, ouvre grand les yeux et saute à la mer dans un mouvement de panique… Ce que nous prenions pour un comportement de confiance était en fait des mouvements durant son sommeil et lorsqu’il s’est effectivement réveillé nous étions trop près, il s’en sortira avec une belle frayeur.
Après la fraîcheur de l’après-midi passée proche du glacier et le repas du midi que certains ont décidé de sauter à cause de la grosse mer, Thomas notre chef cuistot danois nous sert un repas riche dont il a le secret, sa corpulence témoigne de l’efficacité de la méthode. Il nous dévoile son leitmotiv, « Personne ne veut d’un chef qui pèse moins de cent kilos ! »
Ce matin nous cherchons de la baleine !!
Les observations ont été rares durant cette croisière et nous sommes bien décidés à en trouver une. Nous cherchons donc pendant plusieurs heures à la sortie de l’Isfjord, tout le monde sur le pont ou à la passerelle jumelles rivées aux yeux. Tous nos efforts n’auront pas suffi, les baleines sont déjà parties plus au nord, mais nos routes ne se sont pas croisées non plus au nord. C’est le jeu avec les voyages nature, mais nous avons déjà été servi plus qu’à notre part avec les autres animaux.
Décision est prise de laisser les cétacés à leur migration et de rejoindre Alkehornet très belle petite marche pour notre dernier jour au Svalbard, une multitude de rennes de tous âges parsème une toundra d’un vert éclatant, explosion de couleurs sous le soleil du nord. Les oiseaux ne sont pas en reste, il y a 60 000 couples de mouettes tridactyles nichant sur les falaises du pic surplombant notre site de randonnée, les guillemots sont aussi très bien représentés.
Nous concluons notre séjour par un barbecue servi par Thomas, quelque peu dans la démesure comme il sait le faire, quand on pense que le plat et terminé et que l’on se demande ou on va trouver de la place pour le dessert, un nouveau plat arrive !!
Le repas se termine comme à l’accoutumée par un Whiskey Islay bien tourbé et dans la bonne humeur et franche rigolade.
Il est l’heure de fermer les bagages, demain est une journée qui débute tôt, passage par Longyearbyen pour retrouver du réseau et raconter nos aventures a nos proches ainsi que faire les derniers achats, puis retour direct vers Paris.
Merci à tous pour cette croisière, ce fut un réel plaisir de la passer ensemble !