Sylvain Mahuzier
Oiseaux et Mammifères
25 octobre
2 novembre 2015
Octobre 2015
Sylvain Mahuzier
Oiseaux et Mammifères
Arrivés hier soir épuisés par près de 24 heures de voyage, nous avons été réconfortés par l’accueil chaleureux d’Helena, notre directrice de croisière, mais n’avions pas pris la pleine mesure de la beauté de notre bateau. C’est chose faite ce matin, l’Amazon Dream est magnifique dans la lumière de ce début de journée ensoleillée. Helena nous présente le bien sympathique équipage et nous dispense quelques conseils en matière de sécurité et d’organisation, puis nous partons découvrir la ville de Santarem, accompagnés par les cris stridents de quelques Sternes à gros bec. Animée et accueillante, Santarem est la seconde ville de l’état de Para après Belem.
Cap sur le marché aux Poissons, où nous découvrons avec l’aide de notre guide Karim les piranhas, le gigantesque Pirarucu ou encore le Tucunare, avec ses ocelles situées sur la nageoire caudale afin de tromper les proies. L’ambiance est bon enfant, chaleureuse et on nous renseigne bien volontiers. Au pied du marché sur pilotis, de nombreux Urubus noirs se régalent des déchets de poissons qu’ils ont récupérés. Un peu plus à l’intérieur de la ville, ce sont les fruits et légumes qui nous intéressent : bientôt, les noix du Brésil et les différentes utilisations du manioc n’ont plus de secrets pour nous. Enfin, D’autres curiosités nous attirent : les étalages de remèdes traditionnels extraits des plantes médicinales de la forêt, dont Karim nous parle avec passion. Après le déjeuner à bord, au cours duquel nous dégustons le poisson Tucunare aperçu ce matin au marché ainsi qu’une savoureuse glace à l’açai, petits fruits sombres d’une espèce de palmier, notre première navigation nous amène au point de rencontre entre les eaux claires du fleuve Tapajos, qui baignent le port de Santarem, et les eaux limoneuses de l’Amazone. Les eaux de température, d’acidité et de densités différentes tardent à se mêler, pendant des kilomètres les deux couleurs sont encore bien distinctes.
Puis, nous naviguons sur l’Amazone pendant quelques heures. Les maisons sur pilotis des cabocles, métis d’Indiens et de Portugais, nous offrent une première approche du mode de vie amazonien. Finalement, c’est l’arrivée dans un secteur de « varzea », ces zones inondées en période de hautes eaux. Le bateau jette l’ancre à l’abri du vent, au confluent du Rio Curua Una. Dernier spectacle avant la nuit : le long d’un banc de sable, quatre becs-en-ciseaux noirs – apparentés aux sternes – pêchent de manière spectaculaire, la longue mandibule inférieure de leur bec fendant l’eau à la recherche de crustacés ou de petits poissons…
Aujourd’hui, nous démarrons avant le lever du soleil, pour une croisière d’observation naturaliste. Le festival commence avec les dauphins roses, nombreux à pêcher non loin de nos embarcations. Quant aux oiseaux, les cormorans vigua, les anhingas au long cou ainsi que les Martins-Pêcheurs à collier sont déjà très actifs… Nous sommes témoins du vol gracieux du Tyran des savanes, un passereau au double brin de queue démesurément long. Un balbuzard pêcheur transporte un poisson dans ses serres, et la buse à tête blanche fait le guet au sommet d’un arbre de la rive. La lumière change, les couleurs sont chaudes et intenses. Après une partie de pêche aux piranhas, attrapés pour les identifier puis relâchés, nous percevons dans un buisson de bruyantes manifestations : c’est un groupe d’Hoatzins huppés, ces oiseaux mythiques au plumage fauve et aux yeux rouges cerclés de bleu, dont les jeunes possèdent deux griffes au poignet de chaque aile afin de remonter dans les arbres après s’être laissés tomber à l’eau en cas de danger.
Cap maintenant sur le village de Pacoval, dont la plupart des 1300 habitants sont des Quilombos, descendants du métissage d’esclaves noirs et de Portugais. Ils y vivent de la pêche, de la réparation des bateaux montés à terre en hautes eaux et d’une agriculture vivrière qui leur fournit l’essentiel de leur alimentation. Nous sommes à 140 km de Santarem et l’école reçoit tous les enfants des environs. Quelques villageois nous conduisent vers l’est de Pacoval, leurs véhicules ont parfois bien du mal à franchir quelques passages difficiles, mais nous arrivons dans une réserve naturelle mise à disposition par un habitant du village qui possède quelques hectares de forêt. Accompagnés par les cigales, nous empruntons un sentier en boucle qui nous fait découvrir de nombreuses caractéristiques des arbres de la forêt amazonienne primaire, puis sommes reçus par une famille qui tient un petit bar bien sympathique, où quelques boissons fraîches nous désaltèrent et remettent les idées en place.
Retour à bord pour un excellent déjeuner. L’après-midi de navigation sur l’Amazone nous mène jusqu’à la ville de Monte Alegre, et juste avant le dîner, nous sortons une dernière fois les annexes pour nous régaler du spectacle des Botos, les dauphins roses de l’Amazone qui sont très actifs, en pleine séance de pêche. Le couchant est somptueux, le fleuve se teinte de pourpre et de fuchsia. Puis la lune se révèle, presque pleine, et nous offre une dernière rencontre : un petit caïman noir dont l’œil doré brille au crépuscule…
Avant de partir en excursion, petites haltes à l’église principale de Monte Alegre, puis à son marché coloré de fruits et de poissons. Puis nous partons en 4×4 vers l’intérieur des terres et changeons complètement d’univers : nous sommes en « Terra firma » (terre ferme) dans une région d’élevage extensif. Le paysage est totalement différent. Ici, il fait très sec et la végétation est buissonnante et arbustive. Quelques bovins broutent les dernières graminées mais la plupart se sont dirigés vers les secteurs d’herbages qui sortent de l’eau. La piste devient difficile, nous sommes très souvent dans ce qui ressemble au lit d’une rivière et compte tenu de la profondeur des ornières, nous imaginons sans peine les torrents qui doivent dévaler les chemins en saison des pluies. Certains d’entre nous aperçoivent en chemin un tatou traverser la route, d’autres ont fait l’observation éphémère d’un petit singe capucin.
C’est une journée sous le signe de la préhistoire, car les montagnes « Serra de la Lune » et « Serra Ireré » vers lesquelles nous nous dirigeons abritent des grottes ornées de peintures rupestres datant de 9 000 à 12 000 ans, réalisées par les premiers habitants de l’Amazonie. Nous grimpons encore et les hauteurs volcaniques sont spectaculaires : les roches volcaniques sombres contrastent fortement avec le sable doré et les roches sédimentaires datant de la mer de Pébas. Sur le premier site, tandis que nous observons les peintures rupestres rouges, retentit le cri puissant et rauque d’un singe hurleur. Puis, nous montons à nouveau et atteignons le « mirador », bien nommé car il nous offre une vue imprenable sur lac de Monte Alegre et toute la région. Nous y découvrons des roches volcaniques somptueuses dont une en forme de cœur, d’autres peintures rupestres et quelques chauves-souris dans une fissure.
Plus loin, nous pénétrons dans des grottes spacieuses ornées elles aussi d’étranges représentations ocre foncé ou jaune orangé réalisées à partir de la roche broyée et donc de pigments minéraux mélangés à de l’urine, qui de toute évidence résistent très bien au temps. Redescente vers le lac où nous attend une surprise, l’équipe de l’Amazon Dream nous a préparé un excellent repas que nous prenons dans une salle à manger extérieure chaleureusement mise à notre disposition par une famille de fermiers brésiliens. Notre irremplaçable maître d’hôtel Everton a même prévu de quoi nous offrir l’apéritif !
Nous rejoignons ensuite l’Amazon Dream et l’après midi est consacrée à la navigation vers l’ouest, jusqu’à l’île de Curua, en plein milieu de l’Amazone large à cet endroit de 15 kilomètres. Les dernières dizaines de minutes du jour sont consacrées à la pêche au bord de l’île depuis les annexes. Puis nous assistons depuis notre palace flottant au magnifique lever de la lune, pleine et rousse ce soir. Sérénité au milieu du grand fleuve…
Au petit matin, nous accostons sur l’île de Curua, également appelée « île du milieu ». Un jeune éleveur, Rafael, nous fait une démonstration de traite des buffles, puis son épouse et lui nous invitent gentiment à visiter leur modeste maison sur pilotis, par la fenêtre de laquelle leur petit garçon distribue du grain aux poules, canards et cochons. Puis Rafael nous accompagne sur un sentier forestier le long duquel nous observons quelques paresseux à trois doigts, ce sont nos premiers contacts avec cette espèce. Ils grimpent lentement en déployant leurs longs membres antérieurs, suivis des postérieurs, les quatre étant munis chacun de trois longues griffes longues et robustes aptes à le faire progresser dans les arbres facilement. C’est ce qui leur a donné leur nom de Paresseux à 3 doigts (d’autres espèces de paresseux n’ont que 2 doigts). Nous entamons ensuite notre navigation de retour vers l’ouest, en direction de Santarem. Quelques Becs-en-ciseaux noirs et Sternes à gros bec, qui nous sont maintenant devenus familiers, saluent notre départ. De nombreuses maisons de cabocles sont visibles, souvent des éleveurs, et leurs vaches blanches et buffles s’abreuvent en bordure de fleuve. Au bord du village de Santa Rita, nous apercevons le bâtiment traditionnel de cette région, qui comprend à la fois l’église, la mairie et la salle des fêtes. Notre retour à Santarem est l’occasion de visiter la Cathédrale ainsi que la maison du baron de Santarem, fondateur de la ville. Toujours plus à l’ouest, nous reprenons notre navigation dans l’après-midi, et faisons une halte « détente » sur une plage somptueuse, vaste et couverte de fin sable blanc… L’espace d’un instant, nous nous croyons transportés aux Seychelles ! Mais nous sommes bien dans une anse du vaste fleuve Tapajos, et contrairement aux apparences, prenons un bain d’eau douce à température idéale ! Après un dîner d’anniversaire un peu agité compte tenu des hauts fonds, nous voilà à l’embouchure du Jari, où nous passerons la nuit. Une sortie nocturne est programmée, au cours de laquelle nos torches font scintiller les yeux rouges des caïmans et surprennent quelques hérons nocturnes…
Réveil par temps clair, une fois encore. Au lever du soleil, des dizaines de dauphins roses s’activent, pêchant à qui mieux mieux ; un vrai festival ! Nous partons ce matin sur le Rio Jari, qui relie l’Amazone au Tapajos, pour visiter une ferme et découvrir la forêt qui la jouxte. Sur la rive les couleurs chatoient déjà, grâce aux canaris et aux orioles arborant un jaune éclatant. En chemin, nous observons aussi de nombreux représentants de la famille des hérons : Grande aigrette, Aigrette neigeuse, Aigrette bleue, Héron garde-bœufs, Héron strié… sans oublier les Ibis mandore, Vanneaux téro et autres urubus et caracaras !
Arrivés à destination, nous sommes reçus par le couple de propriétaires qui nous montre sa maison, sur pilotis évidemment, puis nous accompagne en forêt. Les observations ornithologiques y sont nombreuses et nous enchantent : une troupe bruyante d’Hoatzins huppés se déplace de cime en cime, tandis que nous entendons le Pic ouentou qui tambourine énergiquement, et apercevons à plusieurs reprises le Barbacou unicolore, intégralement noir à l’exception de son bec écarlate. Côté mammifères, nous sommes gâtés aussi : plusieurs paresseux à trois doigts sont observés haut dans les arbres, souvent cachés dans les feuilles, ce qui ne nous empêche pas de les observer plus intensément que la veille, d’autant qu’un jeune paresseux est délicatement attrapé par le fermier, que l’une d’entre nous aura la joie de tenir dans se bras, et qui sera bien sûr rendu à la nature quelques minutes plus tard. Autre succès de cette pérégrination forestière : un petit groupe de singes-écureuils très agiles qui se poursuivent avec force cris, et entreprennent de vider une calebasse de noix du Brésil !Nous reprenons notre navigation et atteignons l’anse d’Urucurea, un cadre volcanique de hauteurs coiffées d’une forêt dense et sauvage. Débarquement sur une plage de sable clair, pour une petite balade en forêt avec des guides locaux. Après une première halte dans la maison d’un couple avec une petite fille qui nous présente quelques pièces d’artisanat, nous suivons le sentier sablonneux, et la forêt résonne déjà de mille sons. Les cigales ont entamé leur concert monocorde strident, de nombreux circuits de termites ou de fourmis traversent le chemin. Puis ce sont les primates qui prennent le relais : d’abord un singe hurleur noir isolé, puis une troupe de petits singes écureuils comme toujours très actifs et bruyants, enfin quelques singes capucins dont une femelle avec un bébé évoluant dans la canopée. Au village c’est l’heure de la sortie de l’école, les enfants sont très souriants et s’amusent de notre présence. Les femmes du village, organisées en coopérative, nous accompagnent dans un kiosque où nous sont présentés les produits de leur artisanat de vannerie, aux motifs caractéristiques de l’art Tucuman et aux couleurs entièrement naturelles. Avant le retour à bord, nous profitons d’un moment de silence et de sérénité au couchant, en plein milieu de la baie sur nos annexes. Seuls quelques souffles de dauphins viennent ponctuer notre méditation…
Aujourd’hui, visite de la communauté de Vila Ana, sur un affluent que nous ne connaissons pas encore : le fleuve Arapiuns. Accueil chaleureux comme toujours, et nous ne tardons pas à traverser le village en compagnie de notre guide local, jusqu’à une petite baie. Vila Ana est une communauté très pauvre, et la famine y a malheureusement fait quelques victimes jadis. Les eaux un peu trop acides n’hébergent en effet que peu de poissons, raison pour laquelle un élevage a été mis en place, principalement par les femmes. Les alevins sont acquis à Santarem, puis élevés dans le lagon. Pour nous parler de cette pisciculture, des habitants nous emmènent en pirogue jusqu’aux nasses, profondes de 2 m et larges de 3 m. Des milliers de poissons, essentiellement nourris au manioc, y croissent. Nommés « bocos » lorsque leur poids est inférieur à 4 kg, il sont appelés « tambaqui » au delà de 4 kg, et assurent une partie de la subsistance de la communauté. Puis nous faisons un stop gastronomique sous des arbres à cajou chargés de fruits dont la pulpe et le jus sont savoureux, halte bienvenue car la chaleur est intense et déshydratante ! Notre guide nous accompagne à l’autre bout du village, et nous présente les ruches de la communauté : les habitants donnent 2 jours par semaine de leur temps afin de les entretenir, et le miel que nous goûtons est tout simplement exquis… Juste avant de quitter Vila Ana, de grands oiseaux s’affairant dans les arbres près de la plage attirent notre attention : il s’agit de Pics ouentou, qui recherchent activement des insectes sous les écorces ; le dessus de leur tête et leur calotte rouge vif ainsi que les bandes blanches qui traversent leur face et parcourent leur dos contrastent magnifiquement avec leur robe d’un noir profond. Après un bain salvateur dans l’Arapiuns, nous rejoignons le Tapajos et voguons vers Maguari, plein sud. Accostage sur un banc de sable digne des îles du Pacifique, puis traversée et excellent accueil de la communauté de Maguari, facilité encore une fois par notre guide Karim qui les connaît bien et a fait évoluer leur situation grâce à un tourisme responsable et à des initiatives constructives. Notre guide local et son épouse nous présentent les différentes phases de l’exploitation du manioc, hautement toxique au départ puis produit indispensable de l’alimentation autochtone : épluchage des racines, broyage, expulsion du jus, cuisson etc. Puis dégustation de noix de cajou et noix du Brésil savoureuses, suivie d’une visite du nouveau « magasin » artisanal d’objets et de bijoux exclusivement réalisés à partir de graines et autres éléments végétaux de la forêt. Pendant le coucher du soleil, Karim nous raconte l’histoire étonnante de l’exploitation du caoutchouc au Brésil et dans le monde, et de retour tardif sur notre banc de sable, une surprise de taille nous attend : l’équipage nous a préparé un dîner sous les étoiles, à la mise en scène somptueuse, avec un chemin bordé de palmes et éclairé de bougies, un bien sympathique moment de partage qui clôt en beauté cette journée bien remplie !
Au menu d’aujourd’hui, une grande marche dans la forêt amazonienne, qui nous mènera de la forêt secondaire à la forêt primaire. Ce sont les guides de la communauté de Maguari qui accompagnent Karim pour tout nous expliquer sur les nombreux usages possibles des végétaux : fruits, résine, écorce offrent une panoplie impressionnante de possibilités pour répondre aux besoins de la vie de tous les jours, tant alimentaires que sanitaires ou médicinaux. Les insectes sont omniprésents : colonnes de fourmis, termitières, cigales produisent régulièrement leur concert strident. L’une d’entre nous a la surprise de rencontrer un gros serpent : il s’agit d’un Boa constrictor long de presque 2 mètres. Les guides parviennent à le saisir pour nous le montrer, et le relâchent dans la termitière où il avait trouvé abri. A la fin du premier tronçon, un groupe revient vers le village et profite du spectacle de nombreux papillons, verts, bruns, noirs avec taches rouges et blancs, et même quelques magnifiques papillons Morpho bleu intense, qui se déplacent de leur vol léger le long du sentier, et que nous suivons à grand peine ; d’autant que lorsqu’ils se posent brièvement en fermant les ailes, les motifs bigarrés brun et fauve qui apparaissent alors leur procurent un camouflage efficace. Le deuxième groupe parvient sur un plateau, où la forêt primaire nous offre quelques spécimens d’arbres particulièrement impressionnants par leur taille et leur diamètre. Lors d’une pause, tout le monde peut s’abriter sans peine entre les contreforts puissants de l’un de ces géants, aux allures de cathédrales. Lianes torsadées, naturellement tressées, fleurs inattendues, le spectacle est permanent. En milieu d’après-midi, lorsque tout le monde est à bord, reposé et rassasié, l’Amazon Dream reprend sa navigation vers le lac de Bragança. Et au crépuscule, nous reprenons nos canots pour pénétrer dans la forêt inondée, à la rencontre de la communauté des Mundurucus. La nuit est maintenant tombée, mais notre capitaine Angelo connaît parfaitement les lieux et nous mène à bon port comme toujours. Et le bon port ce soir, ce sont les feux de camp allumés par les Mundurucus et leur accueil. Ils nous accompagnent avec des torches jusqu’au village et nous sommes reçus par le cacique, le chef du village, qui nous invite à assister à un rituel. C’est simple et beau, et les enfants participent beaucoup. On les sent choyés et très proches de leurs parents. Après quelques échanges autour d’une petite exposition d’artisanat, c’est le retour toujours aussi magique sur l’eau noire. Les grenouilles chantent encore, et les poissons Tucunare sautent autour du bateau, éclairs dans la nuit.
Lever avant le soleil, car nous avons à nouveau rendez-vous avec les Mundurucus, qui vont cette fois nous inviter à naviguer dans leurs pirogues, toujours accompagnés par le cacique. Une myriade d’embarcations nous attend, et nous nous installons par un, deux ou trois, selon la capacité de la pirogue. Les eaux sont malheureusement trop basses pour que nous puissions entrer dans le réseau de canaux et rivières de la forêt inondée et nous ne faisons que la longer. Quelques rencontres néanmoins : Balbuzards pêcheurs, Martin-pêcheur à collier, cormorans, urubus, Grande aigrette, Sterne à gros bec et… trois cochons extrêmement intrigués par cette étrange flotille !De retour à bord, c’est à nous d’accueillir cette fois un sculpteur, qui a créé de nombreux et superbes animaux colorés, principalement en balsa, et sa femme qui nous propose quant à elle moult colliers, bracelets et autres pendentifs faits avec une grande diversité de graines et de plumes. Puis, c’est le temps du retour vers Santarem. Dernier bain dans les eaux du Tapajos au bord de la plage paradisiaque proche d’Alter de Chao, puis, en traversant le « Lago verde », direction la « Terre d’Amour » : c’est ainsi que se nomme la propriété forestière qu’Indios Brasil, celui qui nous accueille, a transformé en véritable site écotouristique. Tout en nous racontant ses projets et objectifs, ce passionné nous fait cheminer à travers les sentiers, nous fait découvrir la canopée et le lac vert depuis le sommet de la colline, et nous bénéficions de l’autre côté d’une vue d’ensemble formidable sur la baie d’Alter do Chao.
Il nous reste à visiter Alter do Chao elle-même, notre dernière étape. Cette petite ville touristique, véritable station balnéaire, nous désoriente un peu au départ car nous n’avons plus l’habitude de voir tant de monde à la fois ! Mais nous y profitons d’une ambiance chaleureuse, et découvrons une fois encore un artisanat de qualité, mention spéciale pour l’ivoire végétal dans lequel sont sculptés de très beaux objets et bijoux. Les portes de l’église sont grandes ouvertes et un office est en cours, probablement la messe de la Toussaint, les fidèles chantent avec ferveur tandis que la place centrale déborde d’animation en ce long week-end (demain sera férié). Nous pensions revenir à bord, mais nos canots nous emmènent à l’autre bout de la plage d’Alter do Chao : nous découvrons une véritable salle de restaurant et de spectacle, éclairée par des torches. L’équipage a creusé et sculpté dans le sable une table et des fauteuils en un très bel arc de cercle, le tout recouvert de tissus colorés. L’ensemble est magnifique et après notre traditionnel apéritif à la caïpirinha ou au jus de citron, notre ultime dîner, préparé un peu plus loin sur la plage par Dila, est servi par Everton en grande pompe. Un chanteur guitariste de talent, accompagné d’un percussionniste, nous interprète avec flamme les grands classiques de la musique brésilienne, puis de jeunes danseurs font un show plein de couleurs, nous invitant à les rejoindre…. Une soirée brésilienne très réussie qui se termine tard, dans un cadre exceptionnel et une ambiance que nous n’oublierons pas !
Dernière demi-journée à bord, pour boucler les valises, bavarder sur le pont supérieur ou faire une escapade au supermarché de Santarem pour rapporter quelques bouteilles de cachaça en France. Nous faisons nos adieux à l’équipage de l’Amazon Dream, qui nous a fait passer de si merveilleux moments, et partons déjeuner au yacht-club, de poisson essentiellement. Puis Helena et Karim nous accompagnent à l’aéroport, c’est le temps des séparations et des remerciements… Nous aurons eu la chance pendant cette croisière d’appréhender les multiples facettes d’une forêt amazonienne qui, au-delà de son image classique de forêt à la fabuleuse biodiversité et aux potentialités gigantesques en matière de pharmacopée, est aussi celle des éleveurs cabocles, des pêcheurs et des groupes indiens qui y vivent aujourd’hui. Rencontres avec la faune, rencontres humaines… Que d’activités enrichissantes et que de lumières magiques sur ces immensités fluviales ! De quoi espérer y revenir…
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Messages
Un grand merci à Sylvain pour son compte rendu très précis, il me sera très utile pour mettre un nom aux nombreux oiseaux que nous avons pu voir et photographier au cours de cette magnifique croisière en Amazonie .