Marianne Duruel
Coordination et Photographie
5 mars
18 mars 2014
Mars 2014
Marianne Duruel
Coordination et Photographie
Après un voyage parfaitement synchronisé, tout le groupe s’est retrouvé pour une arrivée très à l’heure à Entebbe : « Bienvenue en Ouganda ! ».
Nos 3 chauffeurs nous accueillent, tout sourire, nous sommes bien en Ouganda. Après une nuit bien méritée, nous nous réveillons face au lever du soleil sur le lac Victoria. Aujourd’hui, route vers le parc national de Murchinson Falls et notre premier safari…
Après une sortie « épique » de la conurbation de Kampala, l’agitation a fait place au calme de l’opulente campagne ougandaise. Les paysages, d’abord d’un vert intense, aux couleurs des arbres fruitiers ont fait place à des tons « arides ». Le bétail s’est mis à prendre de plus en plus de place dans les activités agricoles avec des cultures de manioc et autres… Les villages faisant la part belle aux maisons « classiques » en briques ont peu à peu été remplacés par de très traditionnelles cases rondes aux toits de chaume. Puis, ce fut notre premier contact avec le mythique Nil Victoria, le premier éléphant… Les perspectives sont devenues de plus en plus sauvages, palmiers et acacias se sont multipliés… Nous sommes rentrés dans le parc national de « Murchinson Falls » à l’heure magique pour le photographe, celle qui se conjugue en symphonie dorée… Et ils étaient tous là : les cobs ougandais, oribis, bubales, éléphants… vols de cigognes d’Abdim, couple de grues couronnées, calaos d’Abyssinie… Beau début !…
Sur le Nil Victoria…
Aujourd’hui, navigation sur le Nil Victoria (entre le lac Victoria et le lac Albert), nous suivons « les pas » de Baker, l’explorateur britannique parti rejoindre Speke et Grant dans leur quête des sources du Nil… Il ne fit pas la découverte des sources, mais voulut remonter le cours du Nil du Lac Albert vers le lac Victoria. Ce faisant, il s’est trouvé face à un obstacle spectaculaire qu’il baptisa du nom de son « sponsor », à la tête de la société géographique britannique, qui l’avait envoyé explorer ces contrées lointaines… Les Murchinson Falls pouvaient être cartographiées… À ce niveau de son cours, le Nil plonge dans une gorge étroite (6m de largeur) d’une hauteur de 43 m dans un bruit de tonnerre…
Quant à nous, nous passons toute notre matinée sur un Nil paisible, comme calmé par son « coup de force »… Encadré par une épaisse forêt-galerie, il nous dévoile, dans un cadre somptueux, une nature africaine où la vie s’épanouit à tous les niveaux. Il y a des moments où l’on ne sait même plus où regarder tant les actions sont multiples… Les hippopotames sont légions, avec un comportement très différent de ceux du fleuve Chobé, les familles d’éléphants aussi d’ailleurs… Nous observons les interactions diverses : crocodiles du Nil, varans du Nil, Cobs Defassa, colobe noir et blanc… becs en ciseaux, multes échassiers, anhingas, canards armés… Et les chutes !…
Quels beaux moments partagés !…
Ce matin, le parcours entre Hoima et Fort-Portal traverse des secteurs agricoles en pleine activités. Le « spectacle » est permanent : les vélos croulent sous les régimes de bananes, servent au transport improbable de planches, bancs… Les femmes portent de multiples marchandises sur leur tête, les hommes s’activent à grands coups de houe à extraire les souches des terrains… C’est l’effervescence partout… Sur la piste, nous croisons le bétail partant aux champs. La canne à sucre de la veille a fait place au manioc, à des arbres fruitiers variés… Et bientôt, des plantations de thé « cascadent » sur les collines, tandis que la piste rouge dévale d’une colline à l’autre… Plus de cases rondes, l’architecture est devenue moins « exotique ». Les maisons sont en rectangle, en terre crue ou en brique. Leur fabrication n’a plus de secret pour nous… Après avoir été façonnées, les briques sont méthodiquement agencées pour la cuisson… Régulièrement, nous passons ces grands « fours » fumant. Besogneuse campagne ougandaise, ce qui est bien normal dans un pays où 80 % de la population vit de l’agriculture…
Depuis hier soir, c’est l’impatience, demain nous avons rendez-vous avec nos cousins poilus… La météo est propice et nous, équipés en conséquence, sommes parés pour pouvoir nous enfoncer dans les grandes « cathédrales » vertes dans lesquelles ils vivent. Après un petit « briefing », nous partons par groupes de 5 encadrés par 2 rangers spécialistes de ces familles de chimpanzés du parc national de kibale. Très rapidement de grands cris bien reconnaissables retentissent… Nous pressons le pas… Dans un grand ficus, ils sont là, à se gaver de figues avec enthousiasme… Les appareils photos crépitent avec non moins d’enthousiasme… pourtant, les photographes transpirent, il y a beaucoup de mouvements et les nuques sont mises à rude épreuve… Puis, d’autres cris nous font reprendre notre progression : une belle famille de femelles, jeunes et un petit de 2 ans curieux et joueur… Et puis, en l’absence du mâle dominant, des hurlements éclatent soudain, les branches s’agitent furieusement tandis que des courses folles animent la canopée… Le temps semble court quand le spectacle est permanent et il faut repartir, mais non sans avoir rendu visite au mâle dominant qui nous gratifie d’une belle proximité. Une matinée que nous ne sommes pas prêt d’oublier…
Notre trajet entre Fort-Portal et le parc national Queen Elisabeth nous fait longer la chaîne des Monts Rwenzori ou Ruwenzori, littéralement « les montagnes de la lune ». Le Mont Marguerita (anciennement Mont Stanley), point culminant de la chaîne volcanique avec ses 5101m, est sous les nuages et l’ensemble drapé de brume bleutée. Les secteurs agricoles industrieux font place à un paysage de savane où les euphorbes candélabres prennent une place de plus en plus importante. C’est d’abord le lac George qui se profile à l’horizon. Puis des éléphants et des cobes d’Ouganda viennent animer les savanes… Après un agréable déjeuner sur la terrasse de notre lodge surplombant le canal de Kazinga qui relie le lac George au lac Edward, nous partons pour commencer notre exploration de ce bel exemple de biodiversité. On comprend très vite pourquoi ce parc a été classé réserve mondiale de biosphère par l’UNESCO… L’avifaune y fait la joie des amateurs d’oiseaux petits et grands… Bientôt nous rencontrons une belle famille d’éléphants, de nombreux cobes d’Ouganga, cobes Defassa… Un varan du Nil est en pleine chasse et pour les lionnes il est encore un peu tôt… Elles sont 6, voluptueusement étendues dans la savane dorée… Peut-être que lors de notre safari du lever du jour nous saurons si la nuit leur a été favorable…
Notre safari du lever du jour commence par quelques rencontres imposantes… Quand notre 4X4 croise le chemin des hippopotames de retour des lieux où ils se sont nourris pendant la nuit vers leur lieu de vie diurne : le canal de Kazinga…
Les euphorbes candélabres se détachent sur un ciel mariant les tons du soleil levant à celui des silhouettes bleues des Monts Ruwenzori. Les cobs d’Ouganda sont nombreux et « petit-déjeunent » avec enthousiasme. Des buffles mâles aux cornes impressionnantes surgissent d’entre les buissons du bush. Un peu surpris de voir évoluer des motos et vélos chargés de bananes, nous arrivons à un secteur du parc où l’activité humaine, antérieure à la création du parc, perdure (pêche dans le lac Edward et exploitation de salines), à condition de ne pas tuer d’animaux du parc… Cela semble fonctionner… Puis ce sont des éléphants, un grand troupeau de buffles au sein duquel évoluent des bufflons grassouillets, de multiples oiseaux, une hyène et 3 lionnes… Et nous rentrons prendre le meilleur petit-déjeuner possible : celui du retour de safari !
Cet après-midi, croisière sur le canal de Kazinga, quelle belle biodiversité il nous offre ! Les hippopotames sont légions et cohabitent avec de nombreux buffles qui descendent l’un après l’autre par un étroit petit sentier vers l’eau et l’herbe tendre. On ne compte pas les échassiers, limicoles, martins-pêcheurs, becs en ciseau, tant ils sont… Les jeunes sont nombreux. Un minuscule hippopotame ne quitte pas sa mère… Et nous assistons à une scène très émouvante et tendre chez les éléphants : les efforts d’une grande femelle pour faire remonter son tout petit de 3 jours après l’avoir emmené à l’eau. Une épreuve pour l’éléphanteau, un stress pour la mère et le sentiment profond que c’est impossible de ne pas tout faire pour sauver de si beaux et attachants animaux !… Et pour clore cette belle journée, c’est sur une danse frénétique exécutée par des danseurs « félins » au son des tam-tams que la nuit descend sur le canal de Kazinga…
Dernière journée au parc national de Queen Elisabeth, nous le quittons vers le parc national de Bwindi. Après avoir fait quelques derniers arrêts photos de l’avifaune, de cobes de Defassa parmi les euphorbes candélabres, traversé un bruyant troupeau de chèvres au-dessus duquel une multitude d’hirondelles de 4 espèces différentes papotaient, bien rangées par dizaines et dizaines, nous passons au-dessus du canal de Kazinga et bifurquons plein Sud. Le paysage évolue en permanence, le bush est de plus en plus souvent ponctué de grands acacias qui prennent la place des euphorbes. Nous doublons et croisons d’incroyables livreurs, sur un vélo rudimentaire chargé de 3 régimes de bananes au plein milieu de nulle part, à 70 km de la ville suivante, sur une piste en pleine réfection, alors que nous venons de croiser des buffles… Après un petit arrêt particulier : aider à remettre sur ses roues un pick-up de livraison qui avait un peu présumé de sa stabilité, nous passons à proximité d’un bel éléphant. La faune, dans ce secteur, nous offre une nouveauté : des topis… Nous explorons le secteur connu pour sa population de lions aux habitudes un peu particulières : se reposer dans les arbres, comme à Manyara, en Tanzanie… Mais, pas de lions dans les arbres, par contre une belle lionne avec ses 3 ou 4 lionceaux juge plus prudent d’emmener sa progéniture plus loin… Un peu trop rapidement à notre goût… Après un pique-nique au cadre unique : sur fond d’hippopotames en pleine sieste au bord de l’eau, nous repartons vers Bwindi. Dès la sortie du parc l’effervescence agricole reprend. Des myriades de petits écoliers en uniforme de leur école s’égayent sur les routes et chemins… La piste est une suite de montagnes russes et le vert est très nettement la couleur dominante… Nous approchons bien de la forêt impénétrable de Bwindi, celle qui abrite les gorilles de montagnes… Rendez-vous demain.
Ce matin, dûment équipés pour l’occasion, nous voilà parfaitement à l’heure au bureau du parc pour le briefing, voir un film sur les gorilles de montagne du parc et nous faire attribuer notre groupe de gorilles. Les pisteurs sont déjà partis à leur recherche. C’est un grand groupe de 18 individus que nous devons aller voir. Nous sommes impatients de nous mettre en route. Après un court trajet en voiture, nous retrouvons nos porteurs et démarrons légers et enthousiastes… Le paysage est splendide, nous progressons dans un secteur agricole en pleine activité. Sur des pentes abruptes poussent bananes, café, thé, igname… Il fait beau et nous avançons vers la forêt. C’est alors le contraste absolu, nous cheminons maintenant dans une cathédrale de verdure drapée de mousse. Les oiseaux chantent… Nous sommes concentrés sur notre piste, franchissant de petits ruisseaux, passant sous les fougères arborescentes, enjambant les lianes « échelles de singe »… Une bien belle forêt tropicale humide ! Et puis… Nous y sommes… les derniers mètres… Où sont-ils ? Nous découvrons maintenant les silhouettes noires dans la végétation… Nous croisons les premiers regards… Quelle émotion ! Le grand dos argenté veille sur sa famille. Deux femelles avec leur bébé de 10 et 11 mois, pleines de tendresse et d’amour pour des petites boules noires aux yeux brillants, pleins de curiosité pour ces étranges créatures qui font clic, clic, clic avec des boîtes noires… Des jeunes en plein concours d’accro-branches, une vieille femelle fatiguée, un futur dos argenté encore dos noir mais bien présent… Une femelle séduit le dos argenté… Séquence : intimité… Et le repas pour certains, la sieste décontractée pour d’autres. La famille est tellement détendue avec nous là, que nous passons d’une scène de vie quotidienne à une autre en un clin d’œil. Ils sont tellement humains, dans le bon sens du terme, nos cousins… Nul ne pourrait dire le contraire après ce moment si beau et intense qu’ils nous ont offert en toute confiance… Nous allons dormir ce soir d’un sommeil bien mérité sur fond de biens belles images et ça n’est pas un rêve…
Ce matin, c’est Mathias qui est notre guide pour aller rencontrer la famille de gorilles qui nous est attribuée. On le sent très impliqué dans la protection et le suivi des gorilles. Et nous voilà partis sur le petit sentier qui serpente vers le but qui nous motive tous : voir les gorilles de montagne.
Nous montons tranquillement, les pisteurs partis devant vont nous dire, dès qu’ils les auront trouvé, où ils sont. L’appel arrive : ils sont là, tout proche de nous. Le milieu est différent d’hier, ils sont moins dans la forêt, plus dans un secteur de buissons denses. Un groupe qui d’entrée se révèle être aussi calme que celui d’hier était plein d’actions. La première femelle qui nous « accueille» est très calme, un peu indolente. Les regards se croisent. Qui observe l’autre ? Que pense-t-elle de nous ? De longs regards sont échangés… Elle est très décontractée. La seconde rencontre nous fait nous croiser. Des jeunes chahutent dans les buissons : ils « font la bagarre » en grognant pour jouer et s’affirmer… Et, tout tranquille, le grand dos argenté étudie ses mains, à plat ventre dans la végétation… Il protège son trésor : une belle femelle et son petit de 3 semaines… Une protection rapprochée, sans aucune agressivité… Ce grand gorille dominant pourrait être le porte-parole de ces grands primates pacifiques. Il garde beaucoup mieux son self contrôle que celui d’hier au tempérament de feu… Chaque rencontre est différente mais l’intensité et l’émotion sont toujours incroyables… Et nous redescendons tous avec des étoiles dans les yeux…
Aujourd’hui, après l’orage tonitruant d’hier soir et les trombes d’eau qui l’ont accompagné, la piste est d’abord un peu « Rock’n’roll »… Nous quittons les hauteurs de Bwindi pour redescendre vers la partie Sud du parc de Queen Elisabeth puis bifurquer vers le parc national du lac Mburo. Nous retrouvons d’abord la « fourmilière » des activités agricoles. Les vélos, livraisons de bananes : 4, 5, 6 régimes à raison de 40 à 60 kg chaque… Les énormes fagots de bois portés sur la tête, d’étonnants croisements entre un vélo et une trottinette, tout en bois et pneus recyclés, qui servent au transport de charges incroyables comme un lot de planches d’au moins 2 m de long chaque… La magie de la créativité débrouillarde à l’africaine… Puis nous passons des zones de défrichage intense à des territoires où la nature reprend ses droits… Nous entrons de nouveau dans le parc national Queen Elisabeth. Nous retrouvons les cobes d’Ouganda, les topis, des buffles, quelques éléphants… Puis nous arrivons sur la route principale, retour à un niveau de vie supérieur à celui des secteurs très retirés… Nous pique-niquons sur une ancienne coulée volcanique avec vue imprenable sur le parc national… C’est la période de la récolte du café, les grains sont transportés dans des bassines puis séchés non loin de la route. La suite de notre trajet nous entraîne entre les collines, d’un très beau vert tendre dégradé, des plantations de thé aux belles figures géométriques. Des lacs de cratères ponctuent l’ensemble. Enfin, nous nous engageons sur la piste qui mène au parc national du lac Mburo sur laquelle nous croisons régulièrement de superbes troupeaux de bétail Ankole aux cornes remarquables. Et c’est l’entrée du parc : les premiers impalas, cobes Defassa dont un très photogénique petit jeune aux belles rouflaquettes… Cette nuit, nous sommes bercés par le chant de la savane…
Ce matin, réveil « aux aurores » et petit café ou thé rapide avant de partir pour une balade à pied dans la savane arborée au lever du soleil. La rosée et le soleil rasant font scintiller les graminées de mille feux… Les premiers habitants que nous croisons sont les impalas avec leur belle robe fauve. Puis deux vieux buffles nous suivent des yeux avec attention tandis que nous les contournons avec application. Puis nous rencontrons des phacochères, des cobes Defassa, d’autres buffles et, enfin, les zèbres attendus… Cette promenade matinale nous fait passer de la savane arborée de colline puis de vallée au bush. Nous rentrons à grands pas, car le petit-déjeuner est fort attendu… Puis c’est la détente, le tri des photos… avant de partir déjeuner. L’après-midi est consacrée à une balade en bateau sur le lac Mburo puis à un « game drive » de soirée. Un ciel d’orage, certes superbe, mais plus que menaçant perturbe un peu notre départ… Mais il s’éloigne et nous partons : 300 hippopotames vivent dans ce lac profond de seulement 6 m. Les berges nous offrent de belles observations d’oiseaux. Les pygargues vocifères sont en nombre incroyable sur les rives et leur cri si particulier retentit régulièrement… Tantôt bordé d’acacias et bush, tantôt de marais à papyrus, le lac est également peuplé d’une belle population de jeunes crocodiles. Et nous rentrons tandis que le soleil chaleureux du soir ravive les reflets des impalas et guibs harnachés souvent perchés sur d’anciennes termitières pour mieux surveiller la savane quand l’heure devient dangereuse…
Après un orage spectaculaire durant la nuit, nous partons pour notre dernier « game drive » avant notre retour vers Kampala. Les impalas, phacochères, zèbres et cobes Defassa sont au rendez-vous… Et nous rencontrons… plusieurs hippopotames voluptueusement vautrés dans des baignoires personnelles remplies pendant la nuit. À chaque fois, c’est avec effort qu’ils se sentent obligés, en maugréant, de quitter leur lieu de délice, avec quand même un coup d’oeil assassin vers les « troubles fête »… Puis c’est la piste pour quitter le parc, le passage parmi les troupeaux de bétail Ankole, aux cornes toujours aussi impressionnantes, même après quelques jours. Et nous rejoignons finalement la grand route direction la capitale. Après un spectacle garanti tout au long du trajet, c’est bientôt l’arrêt au passage de l’Équateur. La circulation se densifie de plus en plus pour devenir finalement inextricable dès les faubourgs de Kampala… C’est un spectacle incroyable… Il faut dire que le réseau routier, prévu à l’origine pour une ville de 500 000 habitants, doit drainer les déplacements d’un complexe urbain de 4 millions d’habitants…
Ce matin, nous tentons « l’opération bec-en-sabot »… Cela consiste à se rendre au marais de Mabamba, à embarquer dans de grandes pirogues à moteur pour s’enfoncer au coeur du marais parmi les papyrus à la recherche du mythique oiseau. Le lieu est somptueux : oiseaux, papyrus, nénuphars se reflètent dans l’eau. L’avifaune est riche, très riche : ombrettes, jacanas africains en nombre, dendrocygnes veufs, vanneaux à ailes blanches, canards à bec jaune… Les embarcations se faufilent dans la végétation luxuriante avec, régulièrement, des surprises : un camion monté sur un bac dont les conducteurs sont en pleine lessive, bateaux de pêcheurs… Et pas trace de la présence de celui que nous recherchons… Il faut dire que tout cela est bien dérangeant pour lui, d’autant que pour les pêcheurs, il est l’oiseau à pourchasser loin de leur lieu de pêche car accusé d’être grand consommateur de poisson… Heureusement qu’il est protégé et attire les amateurs avertis… Sinon il aurait tôt fait de devenir le « nuisible » à abattre… Et pourtant qu’il est beau ce grand bec-en-sabot… Mais pour ce matin, il reste introuvable… Sa grande silhouette gris souris reste cachée dans le marais… Mais nous avons passé un excellent moment… Ainsi ce finit notre exploration de la riche et unique faune sauvage ougandaise car ce soir c’est le retour. Nous quittons ce pays sympathique avec la sensation d’être infiniment privilégiés par les moments intenses que nous avons vécu à la rencontre de si belles créatures, en particulier nos cousins poilus… Mais aussi, malheureusement, le sentiment que ces inestimables sanctuaires sont vraiment menacés de toutes parts par la croissance démographique et son corollaire la déforestation, l’exploitation pétrolière en pleine expansion dans ses régions et le braconnage…