Jonathan Zaccaria
Antarctique et Arctique
28 février
8 mars 2019
Mars 2019
Jonathan Zaccaria
Antarctique et Arctique
Nous voici arrivé au Canada, à Montréal, site de découverte de Jacques Cartier en 1535. Il nomma ce mont « Mont Royal » (Mons Realis en latin) en honneur au village fortifié iroquois qu’il trouva sur l’île. Hier soir, nous avons profité de la vue imprenable sur la ville après être montés au belvédère après le souper. Ce matin, nous avons visité la vieille ville et nous nous sommes promenés le long du fleuve Saint-Laurent par des températures hivernales bien en dessous de zéro. Gratte-ciel, planétarium et la visite de la serre du jardin botanique furent nos activités de l’après-midi avant de nous rendre à l’aéroport pour rejoindre, grâce à une météo clémente, les petites îles de la Madeleine, très isolées, et qui nous attendent pour nos quatre prochains jours d’activité. Atterrissage sans encombre à 22h30 dans le noir. Température : -15°C. Nous apprenons alors que les conditions de glace et de banquise sont excellentes pour un débarquement, les bébés phoques du Groenland sont là, et la météo pour demain devrait être bonne… Vivement demain !
La journée se déroule comme prévu ! Ce qui est phénoménal sachant où l’on est. Tant de choses auraient pu mal tourner ! La semaine dernière, une tempête a bloqué des passagers aux aéroports de Montréal, Québec, Gaspé et aux îles de la Madeleine. Nous nous réveillons avec un ciel bleu pur et sans vent. Après le petit déjeuner accompagné de sirop d’érable oblige, nous nous rendons dans la salle d’habillement pour revêtir nos combinaisons étanches en vue de notre débarquement sur la banquise. Les blanchons sont à 25 miles nautiques, une vingtaine de minutes de vol. Nous attendons impatiemment en trépignant des pieds comme des enfants, ne sachant pas vraiment à quoi s’attendre, si ce n’est blanchons et banquise… Nous embarquons. Deux hélicoptères Bell 206, comprenant chacun jusqu’à 6 passagers, décollent en même temps. Nous nous élevons à une altitude de 200m et découvrons la banquise vue du ciel ! Nous pouvons observer que des centaines de plaques de taille moyenne à très grande, compactées par les vents : des crêtes de compressions entourent chacune d’entre elles. Très souvent, des polynies, grandes étendues d’eau libre, apparaissent, prenant la forme de lacs, rivières… Nous survolons une étendue blanche, à perte de vue ! Les petites iles de sable de la Madeleine disparaissent rapidement derrière nous. Silence total à bord, tout le monde reste émerveillé par le spectacle…
Près une quinzaine de minutes plus tard, nous les voyons, parsemés sur la glace de mer autour des points d’eau libre, des craquelures, des trous de respiration et des crêtes de compression : les phoques du Groenland, partout, parsemés de-ci, de-là… L’hélicoptère descend doucement, effectue plusieurs virages pour offrir une belle vue à tous puis se pose doucement. Nous sortons, et débarquons sur la mer gelée !
Le ciel est d’un bleu parfait, il fait très frais, pas de vent. La banquise est très chaotique, jonchée de hummocks, qu’on appelle bousqueils en français canadien ! Et partout, des mères avec leurs jeunes. Aucun son, hormis les vocalisations incessantes des petits et de leur mère. En effet, le phoque du Groenland est l’un des plus chanteurs, jusqu’à 19 chants répertoriés dans le golfe de Saint-Laurent durant la période de reproduction !…
Nous observons les jeunes nés il y a un ou deux jours, encore jaunes, et ceux déjà plus âgés, d’une dizaine de jours, dont la fourrure blanche leur a porté un vilain défaut dans les années 1980. La chasse au blanchon est interdite depuis 1987. Les femelles vont et viennent de leur trou de respiration. Nous voyons des scènes d’allaitement… Nous restons là, pendant 2h30 à admirer ce spectacle de la nature.
Nous revenons en hélicoptère en admirant les îles depuis le ciel. À peine atterri, nous embarquons notre panier-repas pour vite rejoindre notre promenade de l’après-midi, sur un banc de sable entouré de banquise. Un renard roux a même croisé notre chemin !…
Le soir, apéro oblige pour célébrer l’évènement ! Nous profitons alors d’une quinzaine de minutes pour parler courant du labrador, grands bancs, pêche, relief sous-marin et météorologie locale.
Nous avons commencé la journée par rejoindre un étang gelé retenu par un banc de sable et légèrement ouvert sur la mer. Les Madelinots l’emploient pour y déposer leur cabane de pêche, dotée d’un trou en son centre, parfaitement aligné à un trou percé dans la glace pour une séance de pêche. Le but est d’attraper des éperlans. Le résultat est infructueux, mais nous avons beaucoup appris du pêcheur local au sujet des différentes espèces présentes ici : la morue, 3 sortes de crabes, le hareng, coquillages en tout genre (couteaux, palourdes, coques), et les phoques… dont la chasse ici est un sujet très sensible vis-à-vis de l’image négative que cela véhicule. La pêche représente aux îles de la Madeleine la première ressource économique. Sur la cabane de pêche on reconnait peint le drapeau de l’Acadie !
Nous avons rejoint ensuite une curiosité locale et inattendue : une ferme à Wapitis, qui sont les cousins canadiens de nos cerfs élaphe d’Europe. On pouvait distinguer les mâles dont les bois avaient perdu leur velours.
Suite à ceci, nous nous sommes arrêtés brièvement à l’église catholique du centre-ville de Cap-aux-Meules, construite à l’aide du bois de quelques-uns des 1000 navires naufragés les longs des bancs de sables traitres de cet archipel.
Calme avant la tempête… la prévision météorologique étant pessimiste pour demain, nous profitons d’une éclaircie pour aller admirer le coucher du Soleil sur les étendues glacées depuis un phare.
Ce soir, après le dîner nous nous réunissons en comité privé dans la salle de conférence pour parler banquise et phoques du Groenland. La journée a été longue. Bonne nuit !
La nuit a été très calme si bien qu’en nous levant, nous avons pu obersver la couche fine de glace à la surface de la mer qui a pris durant la nuit. Celle-ci, aidée par le faible vent, est venue s’agglutiner doucement le long de la berge bordant l’hôtel.
Nous savons que le mauvais temps arrivera cet après-midi sur place. Nous ne prévoyons donc pas d’aller bien loin et nous allons visiter une plage de sable bordant la mer gelée. On essaie d’imaginer ici les morses qui peuplaient les îles il y a encore 200 ans avant d’avoir été exterminés par la main de l’homme. Certaines boutiques de souvenir présentent quelques défenses, que les locaux trouvent parfois encore perdues dans le sable. Le long de la rive, nous observons quelques abris, que nous imaginons être utilisés pendant l’été qui accueille jusqu’à 100 000 visiteurs ici aux îles, peupler d’environs 12 500 âmes…
Sur notre route, nous voyons depuis le bus un renard roux encore une fois… Serait-ce le même qu’avant hier ?…
Suite à une courte pause café dans un coffee shop, nous allons à l’endroit préféré de Cindy, notre guide locale : le petit phare.
Phénomène assez extraordinaire à observer : la formation de la banquise… Nous voyons la fine couche de glace déjà bien prise, et qui empêche les vaguelettes et le ressac d’agir le long des côtes. Tout est silencieux. Quelques pancakes sont formés le long des côtes…
De retour à l’hôtel, Cindy nous apprend que la visite de la fromagerie locale cet après-midi est annulée en raison de la tempête de neige qui va bientôt s’abattre. Les vols avions sont d’ailleurs annulés pour toute l’après-midi et la soirée. Par chance, notre retour est prévu pour demain ! Et la météo s’annonce clémente pour notre retour !…
Nous nous décidons donc pour une petite escapade digestive, emmitouflés jusqu’aux oreilles. Nous ne nous dirigeons pas bien loin, au premier petit bosquet venu, pour une petite aventure hivernale. Il n’y a aucun arbre feuillu sur l’île. Que des conifères. Sur le chemin du retour, le vent forcit, comme prévu, et il a déjà recouvert nos traces de pas dans la neige. De retour à l’hôtel, le bosquet a déjà disparu derrière les flocons !
Ensuite, petite réunion pour parler de l’histoire du Canada et plus particulièrement de l’Acadie. Puis apéro ! Enfin, nous célébrons au dîner les 47 ans de mariage d’Yves et Hélène ! Pourvu que ça dure !
Le calme après la tempête. Il n’y a plus de glace dans la baie derrière l’hôtel, le vent a tout balayé en une nuit. Ciel bleu, le soleil brille de mille feux.
Pour cette dernière journée aux îles, certains empaquettent quelques souvenirs de leur présence ici tandis que d’autres s’essaient au fromage local, de vache canadienne, et dont la ferme réside sur les îles.
Après les formalités à l’aéroport, nous survolons une dernière fois le golfe du Saint-Laurent, couvert de banquise, hummocks, polynies, crêtes de compression… nous savons que là-dessous, quelque part au milieu du Golfe, des milliers de phoques du Groenland ont rendez-vous avec leur destin : la mise bas de leur petit. Un spectacle qui restera à jamais gravé dans nos mémoires.
Une courte halte à Gaspé à bord de notre Dash 8-300, attention à ne pas descendre, nous redécollons pour la ville de Québec, fondée par Samuel Champlain. Cela sera notre prochain terrain de jeu.
À l’arrivée, nous rencontrons notre guide local Johanne qui nous emmène pour une visite guidée en auto dans le centre de Québec. Nous parlons des 10 provinces et 3 territoires du Québec, du cap diamant, de la neige abondante de l’hiver dernier qui fut particulièrement froid..
Nous nous arrêtons pour une promenade dans le quartier Champlain, du nom du fondateur de la ville, et restons émerveillés par l’ambiance de Noël qui règne encore : sapins de Noël, guirlandes, et sculptures sur glace décorent les ruelles de la ville.
Nous rejoignons enfin le magnifique hôtel-musée « premières nations », dans la réserve Wendat (appelés Huron par les Français).
C’est par une journée ensoleillée, mais froide que nous nous dirigeons vers les chutes de Montmorency. Après avoir pris le téléphérique, nous nous promenons le long des allées enneigées pour profiter des différents points de vue sur la rivière gelée et les maisons aux toits enneigés.
Puis, « dîner » au centre-ville (au Québec, les trois repas quotidiens sont appelés : déjeuner/dîner/souper !) cidre à l’érable, soupe de pois et cipaille dans un petit restau du centre-ville.
Nous effectuons ensuite une petite promenade au centre-ville et restons étonnés par les boutiques offrant des articles en vraie fourrure : lapin, lynx, ours, loup, loutre, phoque, caribou, élan (appelé aussi orignal ici).
Puis, nous retournons à l’hôtel pour visiter le musée Wendat qui le juxtapose. Nous y avons découvert les maisons-longues, construites littéralement de milliers d’arbres. Une maison par famille, la longueur dépendait du nombre de générations et d’individus à l’intérieur. Un feu permanent y siège, signe de l’âme et de l’hospitalité des hôtes. Le toit est fait d’écorce, les différents étages de bois et peaux de bêtes : ours, renard, loup, castor…
Le soir après souper, nous retrouvons Isabelle, une Amérindienne qui nous fait partager les légendes de ses ancêtres tout en répondant à nos questions au sujet de sa culture. Entre 2 et 200 millions d’Amérindiens vivaient aux Amériques avant le premier contact avec les blancs… Elles ont été décimées surtout à cause des maladies apportées par les blancs. Lorsque la population de Wendat a baissé de 30 000 à 3 000, ils ont changé de territoire pour s’associer avec les colons blancs pour le commerce de fourrure. Aujourd’hui, 400 nations vivent aux Amériques avec autant de langues différentes… Les grands-mères choisissaient le chef de tribu qui devait prendre les bonnes décisions au risque de se faire destituer.
Dirigé par Johanne, nous déambulons en véhicule dans les ruelles du Québec en direction de la ferme bisonnière et apprenons le français canadien : pelleter les nuages / y fait bin frette ! / être dans les patates / virer son capot de bord / être tanné / faire la baboune / tire-toi une bûche…
La ferme est tenue par un jeune couple. Les bâtiments sont d’un beau bois décoré des animaux empaillés représentatifs de l’Amérique : cougar (appelé aussi panthère ou puma), renard, ours noir, grizzly, chevreuil, wapiti, élan, caribou… et l’emblème du lieu : le bison des prairies (le plus communément élevé, contrairement au bison des bois, un peu plus fin et haut). Le mâle fait 2m au garrot, pèse une tonne et les troupeaux courent jusqu’à 140 ou 50km/h et les individus sont capables de sauter leur propre hauteur !
Puis, nous goûtons à l’animal et dégustons en dessert le pudding du pauvre.
Pour la petite surprise de fin… c’est en limousine que nous quittons la ferme pour nous rendre à l’aéroport !
Bon voyage !