25 mai
10 juin 2019
La découverte de la Ceinture de feu du Pacifique et ses centaines de volcans. Cette région est aussi connue pour son extraordinaire abondance de mammifères et oiseaux marins.
C’est à Moscou que le groupe Grand Espaces se rassemble après différents vols et différents itinéraires.
L’hôtel Marco Polo est un cadre idéal pour cette introduction au voyage. L’établissement est ancien, de l’époque soviétique avec ici et là de vieilles photos et des objets anciens qui rappelle cette période révolue.
Il n’y a qu’une heure de décalage horaire, mais chacun sait le long périple qui l’attend le lendemain jusqu’à l’autre bout de la Russie. Un peu d’avance dans le sommeil ne fera pas de mal. Le grand voyage a déjà commencé.
C’est à 8h30 que Val erija vient nous chercher pour un tour de ville bien rempli à travers les rues modernes et anciennes de Moscou. Nous prenons le temps de marquer un arrêt excentré par la colline aux moineaux pour un panorama imprenable le cœur de la capitale. Puis nous rejoignons la place rouge, croisant quelques-uns des grattes ciels staliniennes. Enfin, nous pénétrons dans le Kremlin pour une visite complète de ce cœur historique fondé dès 1147.
Pour notre premier déjeuner, nous faisons connaissance avec le bortsch traditionnel russe (soupe de betterave et viande) avant de filer pour le terminal D de l’aéroport et sauter dans notre avion pour 8h de vol et 9h de décalage horaire à l’intérieur du même pays.
Une telle démesure ne se voit qu’en Russie…
C’est à 10h ce matin que nous atterrissons à Petropavlovsk Kamchatski « là où commence là Russie » comme on dit ici. Le temps est un peu nuageux, mais nous pouvons tout de même bien apprécier les trois volcans locaux qui règnent sur la ville : Le Koriaksky, l’Avachinsky et le Kozelsky.
Anna et Yuri nous accueillent et nous conduisent jusqu’à notre hôtel en nous arrêtant au monument aux ours avec ses statues bien nommées ainsi qu’à la grande église orthodoxe qui offre une vue extensive sur la ville et les volcans.
Après le déjeuner, nous faisons un petit tour au marché aux poissons puis suivons les plus courageux au centre sur la place de Lénine qui donne sur la plage. Les ornithologues y commencent leurs observations.
Ce soir nous dinons de bonne heure, car le vol et le décalage horaire commencent à peser. Demain il faut être en forme pour partir à la découverte de la ville.
Dès 9h30, Anna nous guide à travers les rues de Petropavlovsk, ville fondée en 1740 par le grand navigateur Vitus Bering. Après un arrêt panoramique sur la baie Avacha et une balade à pied au cours des monuments à La Pérouse, Béring et la guerre de Crimée, nous explorons l’histoire naturelle et chronologique locale au musée de la ville.
Après le déjeuner, l’excitation est palpable, car le départ est imminent. Très vite, notre bus vient nous chercher pour nous mener au port où nous trouvons le mythique « Professeur Khromov ».
Embarquement, prise des cabines, briefing d’introduction, nous larguons les amarres en fin d’après-midi et traversons la baie Avacha en voyant Petropavlovsk disparaitre à l’ombre des grands volcans. Quelques oiseaux viennent nous souhaiter bon voyage, des guillemots, des goélands à dos argentés, des mouettes tridactyles et même un macareux huppé. Autant de bons présages à notre voyage.
Nous passons les mythiques « 3 frères », trois rochers alignés, source de légendes puis sortons de la baie alors que le brouillard nous enveloppe. Une houle résiduelle nous attend à la sortie comme pour nous signifier que le voyage commence.
Nous venons de pénétrer dans l’océan Pacifique.
Nous profitons de cette journée de mer en route vers les îles du Commandeur pour régler les détails techniques et administratifs avec entre autres la distribution des bottes. En milieu de matinée c’est le tour de l’exercice d’abandon à la fin duquel nous prenons place dans les chaloupes prêtes à être larguées. Une mise en condition qui nous motive à être très attentifs à la sécurité à bord.
Pour l’heure, le brouillard est persistant et nous laisse peu d’espace pour les observations d’oiseaux. Après le déjeuner, Chris nous présente les principaux oiseaux marins qui devraient croiser notre route avec une probabilité raisonnable. Beaucoup d’Alcidés avec les macareux, huppés, cornus ou rhinocéros entre autres, des Laridés avec la fameuse mouette des brumes ou dans d’autres familles, le cormoran à face rouge ou l’Albatros de Laysan pour ne citer qu’eux.
À la suite, c’est Dan qui nous offre une introduction à l’art de reconnaitre les cétacés. Nous découvrons les différents souffles de baleines, celles qui montrent leurs nageoires ou leur queue. Des plus petits marsouins à la Baleine bleue, nous voilà prêts pour identifier le prochain grand mammifère qui croise notre chemin.
Enfin le brouillard s’écarte et laisse place au soleil. Nous sommes nombreux à nous réunir sur les ponts extérieurs et à lancer des rafales aux oiseaux qui passent. Macareux huppés, Albatros de Laysan, fulmars, puffins à bec grêle n’échappent pas aux appareils photo. C’est notre chef d’expédition, Nathan qui termine la journée avec une présentation des îles du Commandeur que nous devrions atteindre dans la nuit. Une approche physique et historique avec les intentions de visite de la ville de Nikolskoye, unique bastion habité de l’archipel. Nous sommes impatients d’être demain. Après le diner, une jeune baleine à bosse vient nous faire son festival juste devant le navire. Elle nous fait la démonstration de la pêche au filet de bulle sans oublier de sortir sa queue à chaque plongée. Une très belle observation qui vient ponctuer une belle journée de croisière expédition.
Nous nous réveillons ce matin devant la ville de Nikolskoye au nord-ouest de la plus grande des iles du commandeur ; l’île de Béring. Endroit mythique, bout du monde tellement lointain de notre Europe occidentale… Par chance, le temps est magnifique, digne d’un été méditerranéen. Nous embarquons tour à tour sur les zodiacs, puis écoutons le briefing de Nathan. La ville ou plutôt le village est petit, nous pouvons déambuler à notre aise en évitant les zones militaires.
Certains suivent Chris en bord de mer pour une marche ornithologique à la recherche des bécasseaux des aléoutiennes ou des pipits de la Pechora. Certains apercevront des Harlequins plongeurs, d’autres même une loutre de mer. Les participants moins intéressés par l’ornithologie se promènent jusqu’au musée aléoute local, et dans le « visitor center » fraîchement rénové et décoré de photos d’animaux marins. La balade à travers les rues du village et jusqu’à l’église orthodoxe vaut la peine, car certains bâtiments récemment rénovés brillent de couleurs vives en décalage avec l’austérité des constructions plus anciennes.
Nous revenons au Navire pour déjeuner, mais très vite nous sautons dans les zodiacs pour une petite croisière ornithologique sur l’îlot Ariy Kamen couvert d’oiseaux marins. Des mouettes tridactyles, et des brumes, des guillemots de troil et de Brunnich, des macareux huppés, des cormorans pacifiques et à face rouge… entre autres ! En fin d’excursion nous observons une petite colonie de lions de mer de Steller où quelques mâles commencent à rassembler leurs femelles. De retour à bord, nous filons vers le sud en nous décalant juste assez de la côte pour suivre une fosse océanique profonde.
Pas de cétacés, mais l’observation des côtes mythiques de l’île de Béring sous un ciel bleu vaut le détour &a grave; elle seule. Le dîner est avancé d’une heure pour nous permettre de ressortir les zodiacs pour une excursion tardive. Tant qu’il fait beau, il faut en profiter ! Un raisonnement dont les habitués de Grands Espaces sont familiers. Le soleil bas nous offre une lumière magnifique pour découvrir l’incroyable baie de Peresheyek au sud de l’île. Les formations géologiques stratifiées sont découpées de fentes comme des canyons offrant juste la place aux zodiacs pour se faufiler.
Nous découvrons nos premiers macareux cornus puis deux loutres de mer ainsi que quelques phoques. Sur la plage, un renard polaire détale à notre approche. Nous débarquons sur la plage pour nous dégourdir un peu les jambes et prendre quelques clichés supplémentaires. Que de beautés minérales et animales ! Le froid se fait sentir avec la nuit qui arrive et c’est l’heure de revenir à bord après une fantastique journée d’expédition.
Toute la nuit, le Professeur Khromov a navigué en direction de la seconde île de l’archipel, l’ile Medny et nous nous réveillons dans la baie Peschnaya devant la plage qui, jusque dans les années 1970 abritait le village de Prebejinskaya. L’endroit se limita ensuite à un poste de gardes-frontière jusqu’en 2011.
Ce matin, à nouveau les conditions sont méditerranéennes et le paysage est proprement époustouflant. Des montagnes ocre sont décorées de végétations, de lichen, d’oxyde de cuivre et de fer ; un environnement minéral imposant fait de roches sédimentaires anguleuses qui n’est pas sans rappeler le Groenland.
Devant tant de beautés, les passagers pardonnent facilement au chef d’expédition de les avoir fait lever à 6 heures du matin.
Pour commencer, nous débarquons là où existait au siècle dernier une petite communauté Aléoute. Le gouvernement russe a déplacé depuis cette population sur l’île de Béring et nettoyé l’endroit. Mis à part deux ruines et quelques vestiges épars, il ne reste plus rien du passage des humains. Pendant une heure et demie, nous avons quartier libre pour grimper les collines qui bordent la baie et nous intéresser aux oiseaux comme les bruants, les pipits de la Pechora ou encore les macareux cornus qui nichent dans les falaises. Un groupe de stariques perroquet est aperçu flottant non loin de la berge. Petit à petit nous retirons des couches de vêtements tant les conditions sont exceptionnelles. Les appareils photo crépitent tant pour les paysages que les oiseaux. Nous mesurons notre chance lorsque Nathan nous explique qu’il n’a pas pu débarquer l’an passé pour cause de brouillard. C’est à peine imaginable aujourd’hui.
Pour la deuxième partie de matinée, nous passons directement de la plage aux zodiacs et naviguons à vive allure jusqu’à un cap voisin réputé pour abriter des oiseaux pélagiques. Chris, l’ornithologue de bord nous a vanté cette excursion ce matin en parlant de l’un des plus beaux « safaris » en zodiac au monde. Nous ne pouvons le contredire tant la géographie de l’endroit est magnifique, partout foisonne la vie. Les phoques se nourrissent de poissons, nous en photographions un qui sort un poulpe énorme. Quelques loutres de mer timides nous regardent passer allongées sur le dos au milieu des grands laminaires. Côté oiseaux c’est le festival ; Macareux huppés et cornus, stariques perroquets, fulmars, puffins, mouettes tridactyles, goéland à ailes argentées, guillemots de troils et colombins, cormorans pacifique et à face rouge pour ne citer que ceux-là. Le temps passe à une vitesse folle et les cartes mémoires des appareils photo se remplissent rapidement.
C’est une rangée uniforme de sourires et de visages réjouis qui remonte de l’échelle de coupée juste avant le déjeuner.
Il nous faut quitter l’île Medny en passant à nouveau par le sud de l’ile Béring afin de regagner demain dans le courant de la journée, le Kamtchatka et la rivière Zupanova.
Après le déjeuner, nombreux sont ceux qui restent sur le pont à la recherche des oiseaux rares de cet archipel magique. Quelques stariques pygmée sont aperçues mais le vent et le brouillard reprennent le dessus et nous renvoient à l’intérieur.
Un peu de repos avant l’intervention d’Elena qui nous offre une conférence tout en humour et en poésie sur le Kamtchatka où elle réside.
La journée se termine au bar pour certains ou devant les écrans pour les autres qui ont à trier des centaines voire des milliers de photos.
Le récap du jour reprend les espèces animales observées ces derniers jours et parle des intentions concernant demain avec l’exploration de la rivière Zupanova.
Personne ne traine après l’excellent dîner, il faut rattraper l’énergie dépensée dans cette merveilleuse première étape autour des iles du commandeur et prendre des forces pour la suite du programme le long des côtes du Kamtchatka.
Tout le monde apprécie la « grasse matinée » jusqu’à 8h30 ce matin. Le Professeur Khromov a bien avancé durant la nuit et nous atteignons notre objectif du jour avec un peu d’avance. Dès le milieu de la matinée, les côtes du Kamtchatka sont en vue et notre navire s’immobilise juste devant l’embouchure de la rivière Zhupanova. Le temps a repris son naturel de saison. Le ciel est gris et assez bas et une petite pluie fine nous accueille dans les zodiacs.
C’est cela la croisière expédition, la nature sauvage sous tous ses visages et toutes ses réalités. Par chance, Nathan nous avait bien prévenus et nous sommes bien équipés pour l’excursion en zodiac qui nous permet de remonter le cours de la rivière. Des phoques tachetés sont présents en nombre, car une usine ici traite quelque 2000 tonnes de saumons pêchés localement et rejette les déchets à la mer. Une aubaine qui n’échappe pas aux pinnipèdes.
Les goélands à dos ardoisés sont également de la partie, entourés de mouettes du Kamtchatka et de quelques sternes. Très vite nous apercevons notre premier pygargue de Steller, l’objectif du jour. Mais l’oiseau est un peu loin et manifestement très timide. Un peu plus loin, un autre individu fait preuve de la même sensibilité. Enfin, quelques kilomètres plus loin, un mâle adulte trône près de son immense nid. Les aigles de Steller, son connus pour revenir chaque année au même nid qu’ils complètent et entretiennent. Sous le poids accumulé de branchages, certaines branches parfois se brisent. Nous faisons une approche très lente et cette fois-ci, l’oiseau ne s’envole pas et semble au contraire nous contempler « de haut ».
Festival de déclics, les participants s’en donnent à cœurs joie, mais pendant quelques minutes seulement, car nous ne voulons pas déranger plus cet individu fort obligeant. Sur le chemin du retour, nous nous attardons à quelques endroits connus de nos guides, mais sans plus de succès et nous rentrons après avoir observé à quelques distances un rare courlis de Sibérie réglant leur compte à deux corbeaux. Nous rentrons trempés, mais ravis, juste à l’heure pour le déjeuner.
En milieu d’après-midi, Dan passe en revue la flore et la faune du Kamtchatka, une présentation forte intéressante expliquant le lien entre les animaux et leur milieu. Enfin, comme nous avons atteint notre destination du matin plus tôt que prévu, nous avons droit à une excursion supplémentaire. Notre navire jette l’ancre dans Bhukta Morzhovaya en route vers le sud. Ici, par le passé, des ours ont été aperçus. Nous sautons de suite dans les zodiacs et partons à la découverte des côtes escarpées et recouvertes de la végétation rase typique de la région. Par chance nous croisons le chemin de 2 aigles de Steller, dont un sur son nid et ce n’est pas moins de trois ours que nous apercevons.
Les observations sont brèves ou lointaines, mais c’est cela la nature sauvage. Nous avons malgré tout le temps d’observer à la jumelle et même de faire quelques photos souvenirs de ces moments forts d’expéditions. Le diner est rapidement servi après nos aventures, puis vient l’heure du « log » pour les plus passionnés qui reprennent et notent chaque jour leurs observations. Encore une journée bien remplie de rencontres nouvelles et attendues.
C’est la baie Ruskaya qui, de bon matin, est le théâtre de nos activités. Dès 8h30 nous sommes dans les zodiacs à la recherche de la curiosité locale : le guillemot à long bec. Nous trouvons quelques individus timides pour la plus grande joie de nos ornithologues. Un nouvel ours est aperçu sur les flancs des montagnes environnantes.
Les zodiacs nous déposent à terre, près d’une ancienne station de ranger à l’abandon. Les bâtiments délabrés sont entourés d’objets les plus insolites : les restes d’un rotor d’hélicoptère, un char retourné, un bateau échoué à plus de 100 mètres de la plage… Deux imposants navires rouillés gisent sur la côte et servent d’habitation à des locaux qui viennent d’en acheter la concession… Nous nous promenons le long de la cote et de la rivière environnante pour les uns alors que les autres partent avec Chris pour une marche ornithologique.
En milieu de matinée, nous retournons sur le navire pour une rapide pause technique et café avant de remonter dans les zodiacs pour explorer la cote environnante de la baie Ruskaya où habitent quelques regroupements de lions de mer de Steller. Le brouillard s’est dissipé pendant la pause et c’est à présent un ciel bleu et un soleil éclatant qui nous accompagne dans ce décor fabuleux. La côte est très minérale, avec des falaises imposantes et pointues. De nombreux oiseaux pélagiques nous accompagnent et nous apercevons plusieurs aigles de Steller.
Enfin, nous trouvons les colonies des plus grands lions de mer du monde, entassés sur des îlots que nous contournons afin de profiter de tous les angles possibles de lumières. Que de beautés, que de vie ! Nous ne voyons pas le temps passer et c’est à regret que nous laissons cet endroit magique pour repartir vers le sud.
La matinée a été longue, notre équipe nous a laissé le temps d’explorer l’endroit. Nous déjeunons tard et l’après-midi est consacrée au shopping à bord avec l’ouverture du magasin. Les naturalistes n’y passent que peu de temps, car le navire longe une faille sous-marine très propice à la présence de cétacé. Nous croisons d’ailleurs la route d’une baleine à bosse très active et très proche du navire. Nous la verrons sauter, se nourrir et bien sûr sortir la queue sous les crépitements des appareils photo.
Un court récap se tient en fin d’après-midi pour revoir les points forts de la journée et notamment parler des immenses nids des aigles de Steller ainsi que des marquages observés sur les lions de mer dans le cadre d’une étude scientifique de longue haleine.
Après le dîner, l’équipe d’expédition nous invite sur les ponts extérieurs, car les conditions sont très claires et nous apercevons au loin quelques cônes volcaniques du sud de la côte du Kamtchatka.
On aurait pu se demander ce que nous allions faire près de cailloux perdus de Pitchky près de l’ile de Paramushir. Certaines cartes ne les montrent même pas.
Nous sommes partis dans le brouillard matinal et sommes très vite arrivés sur ces iles rocailleuses. Quelle bonne surprise ! Un comité d’accueil de premier choix nous attendait ; des phoques tachetés et veaux marins, toute la diversité des oiseaux pélagiques avec en tête les macareux huppés juchés sur des cailloux à quelques mètres des zodiacs et surtout de nombreuses loutres de mer bien moins timides que toutes celles observées jusque-là.
C’est à un véritable festival animal que nous avons assisté ce matin entre les îlots perdus du second détroit des îles Kouriles. Une entrée en matière grandiose dans cet archipel nouveau pour nous. Le temps est passé à grande vitesse et les cartes mémoires se sont trouvées saturées en un rien de temps. Du grand spectacle de la nature et de la vie de cet endroit sauvage et reculé.
De retour au navire, nous naviguons le long des côtes de la grande île de Paramushir. En attendant notre arrivée sur l’ile d’Atlasova, Chris nous présente sa conférence sur les oiseaux migrateurs de la région. A peine avons-nous terminé le déjeuner que Nathan nous annonce que le brouillard vient de tomber et que, de la passerelle, le volcan Alaïd de l’ile d’Atlasova est visible.
Le paysage est réellement surréaliste. La brume s’est ouverte sur un immense volcan de plus de 2300 mètres de haut que le soleil éclaire. C’est tout simplement fantastique.
Les zodiacs font la navette de la plage au navire et les participants ont le choix d’errer à leur guise ou suivre Chris et Dan pour des recherches ornithologiques. Les stars du lieu sont la locustelle de Middendorf, où le bruant rustique.
La grande plage noire n’est pas faite de sable, mais de petites pierres volcaniques. De nombreux vestiges abandonnés parsèment l’endroit. Certains disent que c’est une ancienne communauté de pêcheurs qui vivaient là, d’autres parlent d’un ancien goulag… Mystère, tout ou presque a disparu et rien ne permet de comprendre ce qui s’est passé ici.
Comme le Professor Khromov a fait bonne route, le temps est de notre côté et nous pouvons profiter de l’ile à notre aise.
Retour à bord en fin d’après-midi avec un rendez-vous au bar pour le récap, suivi du diner et de l’annonce du programme du lendemain qui promet un réveil de bonne heure et une autre grande destination des Kouriles ; l’ile d’Onekotan.
C’est la partie nord de l’ile d’Onekotan que nous explorons ce matin de bonne heure. Nous débarquons sur une grande plage de sable noir et divisons nos participants entre petits et grands marcheurs. Les ornithologues partent bien sûr de leur côté.
Après avoir grimpé les falaises qui bordent la plage nous partons à l’assaut de la toundra des Kouriles avec les tapis de mousse et les pins nains de Sibérie où s’épanouissent les Durbecs. Qu’il est bon de marcher plusieurs kilomètres dans cette nature sauvage même sous une pluie fine. La grande marche nous emmène jusqu’au lac noir au pied du volcan Nemo de plus de 1000 mètres de haut. Les petits marcheurs eux fouillent le plateau à la recherche de quelques oiseaux et s’attardent sur le bord de la falaise pour apprécier les côtes déchiquetées. Tout le monde rentre content de s’être dégourdi les jambes après tant de bons repas.
Après le déjeuner, Helena nous parle des peuples premiers du Kamtchatka et en particulier des Itlemens, pêcheurs de saumons attachés aux coutumes sages, qui furent victimes des premiers cosaques et de leurs « taxes » payées sous forme de fourrures.
En milieu d’après-midi, nous arrivons devant l’ile d’Ekarma où les fulmars nichent par milliers. Tout autour du navire, ce sont des nuées de ces oiseaux qui obscurcissent le ciel. La mer en est recouverte. Cette omniprésence est saisissante. Nous sautons dans les zodiacs pour nous rapprocher des falaises de la partie nord de cette île et observons quelques autres milliers de fulmars assis sur leurs œufs dans les falaises. L’endroit est d’une beauté minérale inattendue. Le roc est craquelé comme sous l’effet d’une gélifraction à grande échelle.
Bientôt, la brume qui nous avait accueillis s’écarte pour laisser passer les rayons du soleil et illuminer les côtes abruptes de cette ile. Le sommet du volcan apparait au milieu des vols d’oiseaux. Nous apercevons quelques macareux huppés, quelques cormorans à face rouge, mais aussi un starique rhinocéros furtif et un starique pygmée plongeur. Deux oies du Canada sont aperçues au pied de la falaise et nous en entendons beaucoup d’autres. La biomasse est impressionnante sur cette île et nous n’en revenons toujours pas de la quantité de fulmars qui foisonne aux alentours. Cette multitude nous raccompagne jusqu’au navire où rembarquent les participants ravis. Tout le monde retourne à sa cabine pour jeter un œil à ses photos. Seule l’annonce du dîner nous sort de cette occupation. Ce soir nous fêtons l’anniversaire d’un participant de Grands Espaces qui offre une collation.
La soirée se termine avec le sourire, mais personne ne s’éternise, car la journée de demain commencera comme aujourd’hui : de très bonne heure.
Dès 6h15, Nathan nous réveille avec la situation de ce début de journée. Nous sommes en position devant Shimushir. Cette île exceptionnelle est formée d’une gigantesque caldera ouverte dans un flanc, ce qui permet aux navires d’y rentrer. De la guerre froide à la Perestroïka, cet endroit a abrité une base secrète de sous-marins. Aujourd’hui, toute la zone est abandonnée. Bâtiments et véhicule sont toujours là dans un état de décrépitude avancée. Dès 8 heures tous les Zodiacs quittent le navire de concert en direction de l’intérieur de la caldera.
Nous débarquons sur la plage devant ce qui nous parait être une petite ville fantôme. Ce sera notre terrain de découvertes pendant les prochaines heures. La végétation a déjà bien pris le dessus et permet aux ornithologues de rechercher les Calliopes nombreuses et moins timides qu’ailleurs. Bouvreuils, Durbecs des sapins, Pouillots du Kamtchatka, casse-noix moucheté, entre autres, habitent également cet univers d’arbres nains.
Pour les photographes, les ruines et les vieilles installations sont des occasions uniques pour un style photographique différent de l’habituelle faune des croisières expéditions.
Enfin, les amateurs de marche peuvent se lancer à travers le paysage et se dégourdir les jambes.
Nous quittons cet univers surprenant sans avoir eu le temps de regarder nos montres et regagnons le navire avant un déjeuner attendu tant l’air frais a aiguisé nos appétits.
Aujourd’hui, pas le temps de faire la sieste. À peine avons-nous terminé nos cafés que la passerelle nous appelle pour nous annoncer une rencontre des plus attendues. À l’extérieur, des orques ont fait leur apparition !
Coup de chance magistral, car cette observation est unique. D’habitude les orques s’observent par petite famille, mais cette fois-ci, ce sont douze individus qui suivent le navire. Nous assistons à des comportements uniques comme cet individu sur le dos qui tape la surface de sa queue. Les cétacés restent avec nous pendant près de trois quarts d’heure. Tout le monde est là pour assister au spectacle, passagers, équipages et officiers.
À regret, nous poursuivons notre route, car notre objectif de fin d’après-midi est encore à quelques miles.
Nous atteignons l’ile de Yankicha vers 17h. A nouveau il s’agit d’une caldera à l’intérieur de laquelle nous pouvons naviguer, mais il faut attendre que la marée soit en notre faveur. Le paysage est incroyable avec une géologie déchiquetée, manifestement volcanique avec ici et là des orgues basaltiques. Tout autour du navire volent des nuées de stariques cristatelle. Ce sont ces oiseaux que nous sommes venus trouver.
Enfin nous sortons sur les coups de 18h15 et rentrons avec les Zodiacs dans la caldera avec pour première destination la plage qui borde un site où s’échappe des vapeurs de souffre. Nous avons une demi-heure pour explorer l’endroit. Les plus courageux en profitent pour grimper les flancs du cratère pour apprécier le paysage d’en haut. C’est proprement somptueux. Mais nous revenons bien vite aux Zodiacs, car le vrai centre d’intérêt ici sont les stariques cristatelle et pygmée.
Nous sommes un instant détournés de cet objectif par l’apparition de 3 renards arctiques sur la rive du cratère. Manifestement peu timides ils se laissent approcher avec les Zodiacs et vivent leur existence comme si nous n’étions pas là. Nous restons en leur compagnie quelques instants avant de revenir à nos Stariques Cristatelle. Ces alcidés ne sont visibles près de leur site de nidification qu’au lever du jour et avant le coucher du soleil. Il y en a des milliers et des milliers, certaines publications parlent de millions.
Les Cristatelles arrivent en premier en nuage épais qui s’abat sur la surface de l’eau. Ces oiseaux sont curieux et s’approchent de nos Zodiacs pour le plus grand bonheur des photographes. De petite taille cet alcidé porte une crête sur l’avant de la tête. En second les pygmées, plus justement appelés « moustachus » en anglais ne sont guère plus gros, mais possèdent des plumes qui ressemblent à de longues moustaches. Un oiseau à l’apparence très étrange.
Nous restons longtemps à observer ces oiseaux alors que le froid de la fin de journée se fait sentir. La lumière basse marque la fin de l’excursion et le retour au navire ou nous attend un dîner tardif, mais cette sortie a fait l’unanimité et personne ne se plaint du changement d’horaire.
Nous abordons l’ile de Chirpoy ce matin très tôt, avant le petit déjeuner. Ceux qui le désirent peuvent rester au lit, mais nous sommes nombreux à descendre l’échelle de coupée pour rejoindre les Zodiacs. Le littoral est volcanique avec cette même roche basaltique largement « gélifractée » déjà rencontrée. Il est aisé de comprendre que ce socle minéral a été recouvert de nombreuses fois par des cendres que la végétation a recolonisées. Au milieu d’une vallée, il est clair que la dernière éruption a recouvert cette végétation et offre un paysage lunaire et désolé. Par endroits des fumerolles soufrées sont encore actives. Tout au long de cette sortie en Zodiac, la géologie est le sujet essentiel des photographes. Parmi les oiseaux marins, nous rencontrons nos premiers guillemots à lunettes au milieu de ses cousins de Brunnich.
Les mouettes tridactyles ont aussi colonisé l’endroit et se rassemblent par millier dans de grandes anfractuosités creusées par les vagues qui s’y brisent inlassablement. Cela nous fait penser à de grandes cathédrales de pierre noire. Un spectacle saisissant.
Les Zodiacs rentrent à temps pour le petit déjeuner.
Le reste de la matinée, pendant que notre navire fait route vers l’île d’Urup, notre prochaine destination, c’est Christophe, notre guide « Grands Espaces » qui donne conférence et nous raconte l’histoire des expéditions de Vitus Béring entre 1725 et 1741.
Juste avant le déjeuner, Nathan nous informe que l’endroit où il pensait dérouler nos activités cet après-midi ne présente pas les conditions de sécurité suffisante. Nous poussons un peu plus loin vers un plan B qui malheureusement ne sera pas non plus satisfaisant.
En milieu d’après-midi, le plan C échoue lui aussi. Les vagues brisent sur la plage et menacent de retourner les Zodiacs. C’est ainsi, c’est le principe de la croisière expédition, la nature commande. Jusqu’ici nous avons été très chanceux et avons pu observer tous les paysages et toutes les créatures à poil et à plumes dont nous avions rêvé.
L’équipe d’expédition profite de l’occasion pour organiser une discussion ouverte dans le bar sur le thème de l’incroyable complexité de l’organisation d’une croisière comme la nôtre dans cette région reculée du monde. Une causerie très intéressante et instructive sur la gestion de cette partie de la Russie. Juste avant le dîner, un cachalot fait son apparition à quelques dizaines de mètres du navire et laisse le temps aux passagers d’atteindre les ponts extérieurs pour profiter de l’observation. Quelle chance ! le Cachalot passe les trois quarts de son temps dans les profondeurs abyssales et ne remonte que quelques minutes pour reprendre son souffle. Décidément dans cette croisière nous ne sommes privés de rien.
C’est devant la plus grande des iles Kouriles que nous nous réveillons ce matin ; Iturup, 200km de long, 27km de large !
Plus qu’une excursion, c’est une visite que nous allons faire. L’ile est habitée par quelque 8000 personnes et nous sommes attendus de pied ferme par les locaux très motivés de montrer leur ile à des touristes très rares sur cette ile. Même les journalistes de la télévision russe sont présents et interviewent certains d’entre nous au cours de la journée.
Pas moins de 17 véhicules 4X4 attendent les passagers du Professor Khromov. Nous nous répartissons par 3 ou 4 puis partons en cortège vers l’intérieur de l’ile.
La route devient très vite une piste. Nous sommes à la même latitude que la France et nous remarquons que la végétation ici est très différente de ce que nous avons vu jusqu’à maintenant. Les pins et les bouleaux sont beaucoup plus grands et c’est une vraie forêt qui tapisse les collines et les volcans.
Alors que le plafond nuageux est bas ce matin, il se dissipe assez rapidement et tout le monde se débarrasse des nombreuses couches que nous avons eu la prudence de revêtir en quittant le navire. Bientôt, la visibilité n’est plus troublée et c’est un panorama fabuleux qui s’offre à nos yeux. Le volcan Baransky trône dans un paysage vert profond. Les ornithologues font bande à part et cherchent les superstars locales, les autres partent visiter un site géothermique qui produisait autrefois de l’électricité.
L’installation est à présent désuète, mais le site vaut le coup d’œil avec ses grandes fumerolles soufrées ainsi que quelques marmites bouillonnantes. La particularité locale est une argile bleue dont les locaux qui nous accompagnent vantent les mérites dermatologiques en s’en barbouillant le visage.
Nous poursuivons notre progression plus profondément dans la forêt et arrivons à une rivière brûlante tout droit sortie des flancs du volcan. L’eau fume abondamment et en poursuivant la route, nous tombons sur un aménagement qui retient cette eau chaude dans des piscines naturelles. C’est ici que nous pique-niquons et nous baignons pour les plus courageux.
L’heure est venue ensuite de retourner vers la ville de Kurilsk pour une petite visite. Sur le retour c’est le volcan Stokap qui nous saute aux yeux en occupant une grande partie de l’horizon. Le temps libre en ville est court, certains vont visiter le minuscule musée de la ville tandis que les autres partent à la recherche de souvenirs dans les boutiques locales.
Un peu avant 17h nous sommes revenus à bord, ravis de cette journée de découverte.
Décidément, chaque jour de ce voyage, cet archipel nous aura offert un aspect différent aussi bien du point de vue animalier qu’humain ou simplement paysager.
C’est l’heure de l’ouverture du bar alors que le navire reprend son chemin vers l’ile de Kunashir.
C’est un site nouveau pour l’équipe d’expédition que nous découvrons ce matin. D’habitude, le Professor Khromov se rend dans une baie centrale de la côte orientale de l’ile de Kunashir. Cette fois-ci nous visitons à l’opposé, sur la côte occidentale. Cela semble une bonne idée car nous pouvons voir au-dessus des montagnes que le ciel est chargé de l’autre côté.
Pour cette dernière excursion à terre, nous sommes dans un environnement très différents des premières iles de l’archipel. Les collines sont recouvertes d’une forêt assez dense où se mêlent les grands pins et les grands bouleaux. Dans la petite vallée juste derrière la plage de débarquement la végétation est assez dense. Un pygargue à queue blanche passe au-dessus de nous alors que nous sortons des Zodiacs.
Des gardes-côtes sont là pour nous accueillir et nous donner des informations pour découvrir le site. Un groupe de petit promeneur restera sur la plage, deux groupes d’ornithologues partirons à la découverte de la végétation de la vallée et de ses habitants à plume, enfin un groupe de grands marcheurs gravira les pentes des premières collines jusqu’à un point de vue où, par beau temps, les cotes d’Hokkaido sont visibles.
Malheureusement, même si le soleil est au rendez-vous, l’horizon est dans le brouillard. Chaque groupe est accompagné d’un garde armé car la densité d’ours brun est importante dans cet écosystème de forêt.
La grande balade se fait le long d’un sentier assez pentu mais abouti effectivement à un petit sommet dégagé d’où nous apercevons la côte et le navire.
Les ornithologues de leur côté seront ravis de leur recherches avec une très belle observation de Gobe Mouche Narcisse et de grand-duc de Kaliston.
Les petits marcheurs, eux parcourent la côte et visitent quelques vieux bâtiments dont de très vieilles cabanes de chercheurs d’or de l’époque japonaise.
Cette dernière excursion de termine dans la bonne humeur avant un retour au navire et un excellent déjeuner.
L’après-midi passe entre retour des bottes et des gilets de sauvetage, le règlement des notes de cabines et le briefing de débarquement pour le lendemain.
En milieu d’après-midi, tout le monde est convié à un récap en vidéo préparé par Dan ; un très beau résumé en image de notre voyage et la mise en avant des moments forts comme cet aigle de Steller sur la rivière Zupanova et notre soirée sur l’ile de Yankicha.
Puis c’est le moment des remerciements à toute l’équipe donnés par Nathan.
Avant le dernier dîner, c’est le verre de l’au revoir au bar avec un toast porté à ce voyage très réussi.
Ce matin, nous débarquons au port de Korsakov au sud de l’ile de Sakhaline. Le groupe Grands Espaces est attendu par Serguei, le guide local qui nous explique son ile jusqu’à la capitale Yuzhno Sakhalinsk. Nous faisons une courte visite de la ville qui a autrefois été japonaise. Les soviets ont pratiquement tout détruit de ce passé nippon. Un des seuls bâtiments encore debout de cette époque est le musée de la ville que nous parcourons brièvement avant de prendre un déjeuner et nous rendre à l’aéroport direction Moscou.
C’est la fin du voyage mais quelle aventure dans cette région du monde encore méconnue et peu visitée.
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