Christophe Bassous
Arctique et Antarctique
2 juin
6 juin 2021
Un voyage exceptionnel à la découverte du volcan en éruption en Islande.
Christophe Bassous
Arctique et Antarctique
Photos et texte par Christophe Bassous, guide et chef expédition Grands Espaces.
Hier après-midi, nous sommes arrivés à Reykjavik où nous avons récupéré nos bagages, puis passé les tests Covid, très vite expédiés, et fait connaissance avec notre guide local, Nathanaël. Dans l’autobus qui nous a emmené à l’hôtel situé idéalement dans le centre de Reykjavik, nous présentons les détails de notre séjour.
Après une bonne nuit et après avoir réceptionné rapidement la validation de nos tests (négatifs bien sûr), nous sommes libres (et sans masque) et partons en bus privatif en direction de la péninsule de Reykjanes, au sud-ouest de la capitale islandaise. Le temps est un peu couvert et la température aux alentours des 12 C°. Un temps Islandais …
La capitale est déjà loin et nous traversons des champs de lave recouverts de mousse. Sur la route du volcan, nous passons le joli lac de Kleifarvatan entouré de chaines de montagneuses de palagonite et de basalte.
Puis nous nous arrêtons un petit moment dans la zone géothermale de Seltun. Les filets d’eau sont bouillants, il y a des fumées chargées en gaz qui s’échappent du sol. Nous sommes déjà dans l’ambiance tant il semble qu’ici, tout, absolument tout, est « volcanique ». L’Islande est un volcan gigantesque !
Enfin, c’est l’arrivée au point de départ de la randonné qui doit nous mener en vue du Fagradalsfjall. On ne voit pas de manifestations volcaniques. Encore une heure et demie de patience … Une belle marche avec quelques passages en dénivelés nous propulse dans un monde déjà « autre ». Le sentier est bien balisé, déjà aplani par les nombreux Islandais qui continuent à venir admirer le spectacle.
Le vent s’est levé, il pleut quelques gouttes, mais la visibilité est bonne. Nous approchons tranquillement. Encore une dernière montée … et c’est le premier choc ! Un immense champ de lave noircit et fumant se dégage en contrebas.
Nous sommes à bonne distance du volcan, mais assez proche pour sentir ces fumées remplies de sulfure d’hydrogène, de gaz carbonique et de vapeur d’eau. Le vent souffle avec force dans cet incroyable paysage.
Et soudain, c’est une première lueur rouge qui se profile à quelques centaines de mètres, puis une autre et en très peu de temps, c’est le lac secondaire qui déverse une coulée de lave en fusion.
C’est impressionnant ! Et c’est le tour du volcan de commencer de libérer ses morceaux de magma venus du fond de la terre. C’est un spectacle fabuleux ! Cela dure quelques minutes avec un bruit de mélange de tonnerre et de machine à laver géante. Puis la nature se rendort…
Nathanaël en profite pour nous donner des explications sur les phénomènes auxquels nous venons d’assister.
10 minutes plus tard, un cri ! Ça recommence ! Il est difficile de ne pas être subjugué par ces visions incandescentes.
Entre deux émissions de lave, nous reprenons quelques forces avec le pique-nique emporté dans nos sacs à dos. Il fait un peu froid, un peu de vent et une faible pluie… toujours un temps islandais, mais facile à supporter vu le spectacle qui s’offre à nous.
Nous nous rapprochons sur un autre versant de montagne pour admirer encore (on ne s’en lasse pas) un autre point de vu du volcan. Le champ de lave noir qui fume encore à beaucoup d’endroits est lui aussi impressionnant. C’est véritablement immense. Et c’est à nos pieds !
Cela fait plus de deux mois que la lave sort du volcan et elle a rempli petit à petit la vallée de Geldingadalur. Des fissures sont ensuite apparues au Nord-Est et la lave a commencé par remplir une autre vallée, celle de Meradalir.
Encore quelques éruptions et c’est au loin qu’apparait une trainée rouge. D’abord furtive, puis elle grandit, s’allonge sur plusieurs dizaines de mètres, grandit encore. C’est une fissure de la nouvelle croute de lave pas encore suffisamment refroidie, et pas encore assez solide qui cède. Le courant de lave en fusion repart de plus belle, et cela s’est créé devant nous ! Le Fagradalsfjall repart de plus belle !
Il est temps de rentrer… et c’est bien évidement à regret que nous entamons notre descente. Le vent à encore forcit et il est difficile de tenir debout. C’est le temps Islandais, imprévisible et changeant. Nous sommes fourbus, quelque peu transis, mais quel spectacle … !
Nous reprenons notre chemin en s’arrêtant au petit port de pêche de Grindavik.
Le temps de quelques photos, puis nous arrivons au fameux Blue Lagoon.
Ce sera une sorte de béatitude pour tout le monde lorsque nous barboterons, un verre à la main, dans une eau « bleutée » riche en silicates. La température oscille entre 35 et 40° … Que du bonheur ! Et il est difficile d’en sortir !
Nous sommes maintenant en forme pour le restaurant « Le Viking », le bien nommé, où nous attend un excellent repas.
Après le dîner, retour à Reykjavik pour un repos bien mérité, en vue d’une nouvelle journée bien remplie dès demain.
Aujourd’hui c’est un complément sur nos connaissances nouvelles en vulcanologie qui nous attend, puisque nous allons nous enfoncer sous terre. Je devrais dire sous lave. En effet le tunnel de Raufarhólshellir est l’une des grottes les plus longues et les plus connues d’Islande.
Nos guides vulcanologues, Soley et Nathanaël, nous racontent l’histoire de ce tunnel de 1,3 km qui a été formé il y a plus de 5000 ans. Les fantastiques palettes de couleurs sur les parois ont été créées par la variété minérale de la roche.
Nous faisons un petit arrêt proche de la centrale géothermique au nom imprononçable de Hellisheidasvirkjun et Nathanaël nous renseigne sur les techniques de production d’énergie dans lesquelles les Islandais sont les spécialistes mondiaux.
Nous arrivons au site de Geysir pour observer le Strokkur. C’est le geyser qui projette dans les airs des jets d’eau et de vapeur sous l’effet de la pression, à peu près toutes les 6 à 8 minutes. La bulle d’eau chaude de la base du geyser est réellement impressionnante.
Il y a un petit peu de vent et gare à ceux qui sont trop proches et dans le sens du vent. Quand le jet s’élève à une quinzaine de mètres, c’est très humide !
Il est temps de déjeuner.
Notre prochaine étape de ce « Cercle d’Or » Islandais, c’est Gullfoss, littéralement les Chutes d’Or. Impressionnantes, c’est la puissance des flots de Gullfoss qui frappe en premier lieu. Ces chutes d’eau sont les plus belles d’Islande et même d’Europe.
C’est la rivière Hvítá, provenant du Langjökull au nord, qui en se jetant dans une fissure de basalte, étroite et profonde de plus de 30 mètres, va créer la chute d’eau de Gullfoss. Le débit du cours d’eau atteint en moyenne 130 m2 par seconde ! C’est énorme et cela se ressent quand on est proche de cette masse d’eau gigantesque.
Nous repartons tranquillement en direction du site historique de Thingvellir. C’est le site le plus important du patrimoine culturel islandais. C’est en l’an 930 que l’Althing, l’assemblée générale, s’y est établie. Les assemblées de l’Althing sont omniprésentes dans de nombreuses sagas islandaises. Un endroit très bien choisi car très pratique. Tout le monde pouvait y prendre place, le dos à l’immense faille rocheuse, et l’orateur était fort bien entendu de tous.
Notre journée n’est pas finie. Nous allons diner dans un excellent restaurant du petit village de Eyrarbakki, puis retour à notre hôtel.
C’est une matinée un peu plus tranquille pour certains qui vont aller à la rencontre de la capitale et visiter les beaux endroits de la ville. D’autres iront en pleine mer à la recherche des macareux et des grands cétacés. Ils partent naviguer sur un gros semi rigide puissant mais très confortable même en mer agitée. Une combinaison de pêcheur professionnel les protègera du froid et des embruns.
Tout le monde se retrouve pour un super déjeuner à l’Apotek en plein centre de Reykjavik.
Cet après-midi, c’est la moitié de nos voyageurs qui repart à l’assaut du volcan. Les conditions météo sont un peu plus difficiles à cause d’un vent assez fort sur le chemin de la randonnée qui mène au site volcanique.
Nous progressons lentement et soudain, c’est une énorme surprise ! Non, ce n’est pas encore le volcan, mais dans la vallée contiguë au lac asséché que nous avions dépassé il y a deux jours, c’est un énorme front de lave rougeoyant et fumant qui avance. Cela n’existait pas du tout lors de notre précédant passage.
Notre arrêt sur la crête sera interrompu par Nathanaël qui nous pousse à monter encore un peu.
Et là …. Sur la crête suivante c’est un des spectacles des plus grandioses auquel nous participons. Je dis participer, car nous sommes à l’aplomb d’une rivière de lave en fusion qui coule à une vitesse inouïe. Nous sommes à moins de cent mètres, il fait une chaleur impressionnante qui nous saisit instantanément.
La vallée qui nous fait face est en feu, mais cette rivière est littéralement hypnotisante ! Les appareils photos ne tardent pas à crépiter. On ne peut se lasser de ces visions de fabrication du monde…
Nous restons un très long moment, jusqu’à ce que les sentinelles Islandaises qui arpentent sans arrêt les alentours du volcan, fassent entendre le bip-bip stridents de leurs détecteurs de gaz. Les taux de souffre sont extrêmement élevés.
Il faut partir.
Nous remontons alors vers la crête d’observation du volcan lui-même. Et c’est encore une merveille !
Il crache encore plus fort que la première fois. Le niveau du lac de lave qui s’étend à nos pieds s’est élevé de plusieurs mètres et il recouvre le lieu de notre observation d’il y a deux jours. C’est exceptionnel !
Ce volcan est vivant et il va encore cracher son magma pendant des jours, des semaines ou des siècles ? Nul ne peut le dire et les vulcanologues n’en ont aucune idée. Nous profitons encore et encore des geysers de lave qui sortent avec une violence fantastique du Fagradalsfjall .
Retour à l’hôtel et dernière soirée en Islande. Demain, il sera temps de rentrer en France et méditer sur ce merveilleux spectacle auquel nous avons pu assister !
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
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