Rémi Favre
Polaire et Animaux Marins
20 juin
27 juin 2023
Rémi Favre
Polaire et Animaux Marins
Sophie Tuchscherer
Guide
Sarah Galtier
Conseillère croisières
Certaines photos photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
L’aventure commence ici : à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, certains viennent en train, d’autres en voiture ou en avion. Nous rencontrons nos guides : Sophie et Rémi, ainsi que notre directrice de croisière : Sarah.
Ces derniers nous donnent les informations de rigueur avant notre vol vers Longyearbyen, la capitale du Svalbard. Quelques heures nous distancent encore de notre arrivée dans cette contrée sauvage polaire prometteuse. Pour la majorité du groupe, ce sera la première expérience vers l’un des pôles. Le Svalbard, découvert par Willem Barentsz en 1596 : un archipel à mi-chemin entre le nord de la Norvège et le pôle Nord recèle de secrets que nous nous apprêtons à découvrir.
Commençons par les airs, nous survolons de somptueux sommets enneigés, c’est irréel, l’Arctique ouvre ses portes de neige et de glace à ses nouveaux invités. Pour les initiés, nous mesurons la chance d’une telle observation car les nuages laissent place à un soleil éclatant qui illumine les cimes. Le pied à terre, nous sommes enfin à Longyearbyen : ville minière créée par John Munroe Longyear en 1906, plus en activité depuis quelques années mais pôle central d’habitation de ce territoire désertique.
Nous partons en bus pour la découverte de l’Advental avec notre guide Sophie, qui nous parle de la réserve de graines « Seed vault » dont le principe est simple : conserver des variétés différentes de graines pour les générations futures. Nous croisons la route de quelques rennes, broutant indifférents à notre présence et poursuivons vers la petite église en bois de Longyearbyen dont l’intérieur, chaleureux et accueillant, témoigne d’une foi bien vivante encore. Nous arrivons sur un site minier abandonné mais protégé (comme l’est ici chaque bâtiment antérieur à 1945). Sophie nous dispense de nombreuses informations sur les sites, la vie quotidienne des habitants, les chiens de traîneaux alors que nous dépassons un chenil. Nous nous arrêtons pour la photo-souvenir indispensable de toute venue au Svalbard : le panneau d’alerte aux ours. Ça y est, nous sommes définitivement immergés dans le royaume de ce célèbre plantigrade.
Après un temps libre où nous furetons dans les rayons achalandés des boutiques de la ville avant notre croisière, nous sommes ramenés au bateau que nous n’avons encore pas nommé : l’Explorer. Nos guides et notre directrice de croisière nous font une présentation complète de la vie à bord, distribution de l’équipement polaire et nous font visiter le bateau par un soleil qui ne nous quitte toujours pas. S’ensuivent les instructions de sécurité et l’exercice d’évacuation (le drill) présentés par notre second capitaine Jonathan.
Nous appareillons et quittons Longyearbyen, profitant de la majesté des paysages, accompagnés de nos premiers oiseaux arctiques tels que les fulmars, guillemots miroirs, de Brünnich, mergules nains, et passons à table où nous faisons la rencontre de notre chef Ed et de l’hôtel manager Monina. Ce dîner nous permet aussi de nous rencontrer les uns et les autres autour d’un verre de vin et d’échanger sur les aventures qui nous attendent !
Ce matin, certains d’entre nous sont déjà levés bien avant le petit-déjeuner pour admirer le paysage grandiose que nous offre le majestueux front en fer à cheval du glacier de Lilliehöök, dans la branche Ouest de la Baie de la Croix.
Le temps est très clément : soleil, mer calme, température très douce (10°C) : parfait pour une première découverte d’un des joyaux de la côte Ouest du Spitzberg.
Nous commençons notre première sortie en zodiac par la visite d’une petite colonie de phoques veaux marins : une quinzaine d’individus dorent paisiblement au soleil, chacun sur leur rocher. Quelques-uns nagent et nous offrent quelques cabrioles pour le spectacle.
Deux couples de sternes arctiques se font la cour, revenues de leur longue migration dans les Terres Australes, à l’autre bout du Monde…
Nous poursuivons par la visite du front glaciaire, découpé de crevasses, façades blanches et bleues, prêtes à tomber à tout instant. Nous guettons les coups de canon annonciateurs d’un vêlage en cours.
Nous pronostiquons quelques paris sur la distance à laquelle nous sommes du monstre de glace et jouons à définir des formes parmi les bourguignons (icebergs) et glaçons qui forment le brash, ensemble des glaces éparses issues des vêlages successifs.
Sur l’un de ses îlots glacés, un phoque barbu se repose et se laisse approcher : quel magnifique animal ! Nous voyons très bien ses vibrisses organisées en de longues moustaches.
Après avoir admiré quelques icebergs, un autre phoque barbu est observé : l’observation est à nouveau incroyable. Quelle matinée !
Nous ressortons du Lilliehöökfjorden au Sud pour accéder après le déjeuner à la Baie du 14 Juillet pour une double sortie : nous commençons en zodiac par la visite de falaises côtières et blocs erratiques où nichent oies bernaches nonnettes, goélands bourgmestres, guillemots de Brünnich et les très attendus macareux moines. Sur l’eau, nous observons aussi des guillemots à miroir et des eiders à duvet : un bel échantillon de l’avifaune du Grand Nord !
Alors qu’un phoque annelé très curieux montre son nez, nous décidons de débarquer sur la grève pour une marche dans la toundra : Sophie nous renseigne sur cette végétation spécifique, colorée par de précoces saxifrages mauves vifs ; les algues échouées dans la laisse de mer, les moraines et glaces du Glacier du 14 Juillet dont nous nous approchons.
De nombreuses mouettes tridactyles, qui nichent plus haut dans les falaises, se regroupent sur des bourguignons pendant qu’un couple de labbes parasites nous observe sur le mollisol.
De retour à bord de l’Explorer (pour le goûter), nous levons l’ancre pour d’autres aventures vers le Nord et croisons devant la magnifique Côte des Sept Glaciers, très bien mise en valeur par la lumière d’Ouest de cette fin d’après-midi.
À 19h, la présentation de l’équipage est animée par notre Capitaine, June.
Après le dîner, Sophie nous présente le trajet déjà effectué sur la carte et Rémi le traditionnel « récap » avec les photos du jour.
Demain, nous visons les glaces du Raudfjord…
C’est dans le nord, dans le Raudfjord, au bord de la banquise et sous un nuage bas de brume opaque que se réveille l’Explorer ce matin. Nous prenons notre petit-déjeuner au milieu de ce gris laiteux mais qu’importe : l’enthousiasme et la propension à la découverte de nos guides nous incitent à une sortie matinale. Les zodiacs sont mis à l’eau et il ne se passe même pas 3mn avant un coup de chance inouï : un petit rorqual passe à une dizaine de mètres de notre bateau !! D’autres le suivent de peu et ils réapparaissent plusieurs fois de suite autour des zodiacs en un ballet majestueux : leurs têtes et dos brillants contrastent avec le gris de la brume dans une ambiance fantomatique. C’est un émerveillement total! Nous les regardons aussi longtemps qu’ils nous font le plaisir de leur visite et poursuivons ensuite le long de la banquise, la silhouette de l’Explorer se fondant au loin à mesure que nous longeons cette étendue de glace puis tout s’enchaîne dans un parfait timing : le brouillard se lève doucement, dévoilant un ciel azuré et des tonalités de blancs et bleus francs. Le soleil est radieux et nous prenons même des couleurs!
Lors de cette sortie prolongée, nos guides nous expliquent les différents types de glaces, leurs formations, les écosystèmes qui s’y forment et les animaux qui cohabitent dans cet univers de froid mais de vie. L’eau, bien que sombre est d’une limpidité étonnante et nous distinguons nettement le fond avec ses roches, bancs de sable et des tapis d’algues et de kelp.
Les oiseaux ne sont pas en reste et nous régalent de leurs acrobaties: des escouades de guillemots rasent les flots, un labbe parasite poursuit mouettes et sternes en de remarquables pirouettes, un couple de bruants des neiges voltige en sifflotant et un groupe d’eiders accompagné du coloré eider à tête grise nous dépassent en un arc de cercle parfait au dessus de nos têtes.
Ce sont maintenant nos estomacs qui nous rappellent à l’ordre : l’appétit retentit et l’heure du déjeuner aussi. Un bon repas de notre chef avalé et nous mettons cap vers le fjord voisin : le Breibogen. Certains profitent de la navigation pour une petite sieste, d’autres pour de la lecture ou pour trier un nombre de photos qui ne cesse d’augmenter.
La brume est cependant encore au rendez vous et la visibilité réduite. Qu’à cela ne tienne: une visite de la salle des machine est organisée et tous les secrets des moteurs, rouages et complexités électriques ; le “coeur du bateau” pour reprendre l’expression de Tiger, notre chef mécanicien, nous sont dévoilés.
La météo, comme par un accord tacite est maintenant plus clémente et nous permet une belle sortie en zodiac au milieu de chenaux d’eaux libres entre les vastes plaques de banquise. La mer est d’huile et nous contemplons le reflet des géantes rocheuses aux sommets enneigés tel un miroir parfait. Nous scrutons les côtes et l’horizon lointains à la recherche d’ours et c’est un spotting participatif aux jumelles : tous cherchent un signe du célèbre mammifère qui se fait bien désirer. Nous discernons clairement plusieurs traces et empreintes témoins de son passage récent..mais d’ours point. Il nous faut cependant retourner à bord : la météo commence doucement à changer, le brouillard refait son apparition et le temps a passé.
Nous rentrons cependant comblés de cette sortie à l’air libre et vif de l’Arctique et prenons grand plaisir au goûter qui nous est proposé à notre arrivée.
Deux phoques nous observent depuis la surface en un mouvement caractéristique du spy-hoping (tout le buste hors de l’eau) et nagent sur le dos, visiblement joueurs.
Après un bref point journalier de notre chef d’expédition Rémi, nous rebroussons chemin vers l’emplacement de ce matin pour optimiser les chances d’observations dans cette baie emprisonnée d’une conséquente couche de glace et à la visibilité panoramique. Et cela paye! Bien que lointain..il est là : un ours au repos, couché sur la glace. Il ne daigne que lever la tête à notre approche mais nous jetons l’ancre en espérant, après un relai d’observation à la longue-vue qu’il se rapprochera d’ici notre réveil…Sur ces espoirs, nous allons nous coucher après un bon dîner.
Après une nuit à l’ancre dans la baie tranquille du Raudfjord, nous espérons que notre ours de la veille se soit rapproché de nous. Il a en effet parcouru une petite distance ce matin mais reste éloigné sur cette glace de fjord impossible d’accès pour nous. Nous observons plutôt son petit manège aux jumelles et à la longue vue. C’est donc une chance d’avoir la coopération de collègues sur le terrain qui nous informent de la présence d’un autre ours tout près de là où nous nous trouvons ! Nous mettons les zodiacs à l’eau pour profiter d’une courte traversée sur le bras de fjord où le placide individu barbotte sur la rive. Après un peu de patience il sort de l’eau et nous régale de ses activités : baignade, sauts, galipettes et marche avec tentative d’attraper des oiseaux.
C’est un jeune, en bonne santé mais inexpérimenté qui nous ravit avec sa curiosité et ses mouvements parfois encore gauches. Entre temps, un petit rorqual fait surface tout près de l’ours : certains d’entre nous arrivent même à cadrer les deux sur la même photo ! Il refait surface plusieurs fois avant de sonder sous la ligne blanche de l’horizon…
Nous sommes au comble de la surprise lorsque des phoques du Groenland se rapprochent dangereusement de l’ours… Enfin, c’est ce que nous croyons.. Certains s’en vont à tir de nageoire mais l’un d’eux, plus taquin, se moque vertement et outrageusement de lui (à notre plus grande joie sarcastique) : alors que l’ours nage près de la ligne de glace, il le nargue sous son nez à grand renfort de bonds, pointes de vitesse et vrilles habiles, faisant mine de se laisser rattraper pour filer au dernier moment en un pied de nez agile. S’il était doué de parole, nous entendrions sans aucun doute un “nananèère” insolent.
Fatigué par cette course poursuite infructueuse, notre jeune ours remonte sur la berge et se promène d’un pas plus lent, laissant à nos photographes le temps de l’immortaliser sous toutes ses coutures. Il continue, comme naturellement, vers l’Explorer où les membres d’équipages aussi peuvent voir sa progression depuis le pont supérieur. Quelle aubaine, quelle belle observation! Puis il s’éloigne doucement sur l’immensité gelée…
Après de telles émotions il est temps de déjeuner et c’est avec appétit que nous dévorons les bons plats de notre chef. Nos guides décident de poursuivre le menu des activités et nous invitent à un petit point : cap au nord. Nous allons chercher la banquise, la vraie, la banquise de mer.
Après une route rectiligne sur le temps libre d’après le déjeuner, nous arrivons près des premières grosses plaques. June, notre capitaine fait un petit crochet pour nous faire voir un gros phoque barbu posé sur un floe. Le tranquille animal est doucement bercé par une houle résiduelle régulière. Nous poursuivons toujours plus haut et franchissons le 80º parallèle Nord, un beau symbole. Puis la voilà, cette frontière infranchissable, ce gigantesque mur horizontal infini: la banquise. La brume est à nouveau présente et nappe le paysage d’un gris diffus. Nous sommes captivés par la beauté des lieux face à ces châteaux de blanc et de glace et mettons les zodiacs à l’eau sitôt arrivés. L’Explorer nous suit tel un ami fidèle et sa présence rassurante est un repère alors que nous slalomons entre les plaques, floes et insolites et éphémères sculptures de glace.
Un petit mergule nain est vu sur un morceau de glace et quelques guillemots et fulmars font leur apparition. Sont-ils les seuls êtres vivants dans ce vide où les heures semblent suspendues? L’ambiance est fantasmagorique et nous naviguons dans un silence recueilli, hors du temps.
L’atmosphère change et devient plus ludique alors que nos guides choisissent de nous faire partager une expérience hors-norme et ludique : débarquer sur la glace!! Après une sélection impartiale, ils trouvent une plaque convenable et engagent en toute sécurité les zodiacs sur cette texture originale. Nous débarquons sur ce terrain inattendu et prenons la pause pour une photo mémorable. Malgré la beauté de l’instant et nos habits épais et efficaces, le froid finit par avoir raison de nous et c’est presque à regret que nous rentrons. Mais nous retrouvons la chaleur du bateau avec bonheur. Après un goûter et une bonne douche chaude, nous célébrons le passage du parallèle et de l’ours avec une coupe de champagne et revivons ces instants de grâce. Le dîner qui s’en suit est aussi un agréable et réjouissant moment, clôturé par une présentation photo de notre directrice de croisière qui nous rappelle la chance incroyable que nous avons de pouvoir côtoyer ces grands espaces.
Nous nous levons au rythme des flots devant Ytre Norskøya. Quel bonheur de voir la vie Arctique sous toutes ses formes météorologiques à travers une palette de couleurs et de textures différentes. Nous profitons de notre petit-déjeuner avant d’embarquer sur nos fidèles zodiacs. Au préalable, car la sécurité est plus importante que tout, surtout dans l’univers polaire : Sophie et Remi sont partis en amont prospecter et voir si le terrain s’avère propice au programme défini par ces derniers. La réponse est positive pour notre plus grand bonheur. A chaque jour de nouvelles découvertes.
Nous débarquons à Ytre Norskøya abordable par une plage de gros galets et débutons notre ascension pour aller à la rencontre de cairns et de tombes de marins : ancien haut-lieu de l’Histoire baleinière. Énigmatique, historique, nous sautons dans une faille spatiotemporelle au grès de nos pas et de la neige que nous foulons au milieu des premières fleurs écloses et des nombreux lichens. Ils sont légion dans ces endroits préservés et nous montrent toute leur diversité: certains ont des formes de dentelles, d’anémones, de trompettes ou de crêpes, de toutes formes et couleurs. Apres quelques mètres de dénivelé, ce sont des macareux qui attirent notre attention, discrètement nichés au creux d’une falaise accompagnés de bernaches nonnettes et guillemots à miroir.
Nous continuons notre aventure vers le sommet pour avoir une vue panoramique époustouflante de la baie toute entière ! A peine notre chemin de retour emprunté, quelle stupeur : nous observons un gros dos noir apparaitre à la proue du navire. C’est une baleine à bosse. Un deuxième individu la rejoint et les cétacés tournent autour du bateau ancré dans la baie. Nous distinguons même leurs nageoires pectorales blanches qui émergent de l’eau. Elles jouent longtemps autour du bateau alors que nous le rejoignons depuis les zodiacs, surpris par un morse qui émerge mais repart aussitôt.
Notre appétit est aiguisé par la marche et le froid et nous nous attablons sans plus tarder. Un café plus tard et nous sommes un bon nombre en passerelle, jumelles vissées aux yeux pour une séance de veille assidue alors que nous naviguons vers notre prochaine étape : Smeerenburg. Nous longeons les côtes de ce fjord bordé de roches et d’un splendide glacier dont les multiples fractures aux tons noirs et turquoises révèlent des formes graphiques surprenantes. Nous poursuivons la route et notre guide Sophie en profite pour nous faire une conférence sur les baleiniers du Svalbard. Nous apprenons la dure vie de ceux qui tentèrent leur chance et périrent parfois dans ces contrées lointaines et hostiles et découvrons leur histoire.
Le timing est parfait : nous venons d’arriver en baie de la Madeleine, le prochain site de notre itinéraire où sont enterrés de nombreux baleiniers dont la mémoire est honorée par la lecture d’un extrait de “Voyage d’une femme au Spitzberg” de Léonie d’Aunet. Rémi, notre chef d’expédition vient tout juste nous chercher pour prendre part à notre prochaine activité : une sortie en zodiac dans la baie. Nous longeons le front glaciaire avec un instant de recueillement devant l’énorme masse de glace et coupons les moteurs le temps d’écouter le silence, ponctué par l’éclatement des bulles des icebergs. Les eaux troubles de faible profondeur témoignent des sédiments brassés et déposés par les bédières du glacier.
Nous nous arrêtons ensuite devant une échouerie d’une cinquantaine de morses, groupés sur la plage. Les placides pinnipèdes nous offrent un vrai spectacle. Ils sont très actifs, tant à terre que dans l’eau; ils grognent, éructent, rampent, se grattent et nous nous amusons à observer leurs interactions et les relations de groupe entre les jeunes individus et les vieux grincheux : qui fait la loi et qui s’écrase (au propre comme au figuré) ! Notre chef d’expédition a la pertinente initiative de nous mener à différents points de vue pour photographier le groupe sous tous ses angles, tantôt sur fond de glacier, tantôt de montagnes ou avec les flots miroitants de l’eau où s’ébaudissent quelques individus se chamaillant parfois.
Nous sommes conscients de la chance que nous avons d’être là, privilégiés reconnaissants de l’invitation de la nature qui nous fait un si grand cadeau.
Le temps passe à une autre vitesse en Arctique et il nous faut déjà rentrer. A bord, un petit évènement est organisé : June, notre capitaine a aujourd’hui son anniversaire et, de connivence, nous nous sommes rassemblés pour lui faire la surprise de lui souhaiter sa fête en Philippin et lui chanter la traditionnelle chanson d’anniversaire en norvégien ! Ces réjouissances et un petit récap’ terminés, nous passons à table et revenons sur cette journée encore une fois mémorable et ces instants figés dans nos esprits.
Nous nous réveillons dans la très jolie baie du roi, Kongsfjord. Photogénique à souhait, cette baie renferme l’abrupte falaise à oiseaux de Ossian Sars où de bavardes et bruyantes mouettes tridactyles côtoient guillemots et goélands. Un renard fait une apparition très furtive et de nombreux rennes paissent paisiblement sur les flancs parfois raides des montagnes et ne sont absolument pas perturbés par notre présence; l’un d’entre eux suit même Rémi de près alors que celui-ci part en repérage dans les hauteurs.
Les mousses et lichen sont abondants et nous remarquons que nous sommes plus au sud : les fleurs sont plus nombreuses et plus développées et nos guides nous en montrent une belle diversité, accrue par la présence du guano des oiseaux. La dryade à huit pétales avec ses feuilles dentelées, la cassiope tétragone et ses clochettes rappelant celles du muguet, la silène acaule ici déjà éclose et plusieurs saxifrages. Mousses et lichen ne sont pas en reste dans ces paysages et le coloré lichen xanthoria elegans teinte des pans entiers de roches de son orange vif. Nous croisons quelques bruants des neiges dont le chant les précède et deux gros lagopèdes en pleine mue nous observent et se prêtent sans complexe au jeu des photographes.
Nous poursuivons notre balade dans les hauteurs jusqu’à un fabuleux point de vue où nous jouissons d’une vue spectaculaire sur la baie où mouille l’Explorer. Nous profitons de l’instant solennel pour faire un silence arctique : tout le monde se tait et contemple le paysage dans un calme absolu. Un moment de grâce dont nous profitons longtemps avant de reprendre la route.
Nous profitons d’un autre point de vue sur la colonie de mouettes, cette fois depuis les hauteurs et observons un phoque barbu nageant dans les eaux troubles, agile et véloce parmi les blocs de glace. Notre descente se passe paisiblement et nous rentrons pile pour un repas bien mérité, le gros phoque barbu observé depuis les hauteurs apparaissant juste à un mètre du zodiac d’où il repart avec quelques éclaboussures.
Après cela, l’Explorer navigue devant le très beau front glaciaire de Kongsbreen où de grosses marques bleues témoignent de vêlages récents. Le navire nous fait un véritable tour panoramique, louvoyant entre des icebergs de la taille de baleines et se rapproche de plusieurs gros phoques barbus se prélassant sur des floes. Un régal ! Nous débarquons dans l’après midi à Ny London, une île de marbre qui fut témoin jadis de l’entêtement d’Ernest Mansfield, un promoteur exploitant ce marbre et dont les installations, la carrière, les chaudières, treuils, restes de grue, cabanes et rails de charriots sont non seulement visibles mais protégés en tant que site historique. Nos guides nous content l’histoire du site et de Ny Ålesund, sa voisine d’en face, ville autrefois minière et aujourd’hui scientifique qui fut le point de départ de plusieurs expéditions vers le pôle dont la notoire aventure aérienne de Amundsen et Nobile en 1926 par un zeppelin dont le mât de lancement est un point de repère facile dans ce paysage minéral.
Certains d’entre nous rejoignent le bateau où un goûter et des boissons chaudes nous attendent alors que d’autres poursuivent vers les hauteurs pour une marche plus soutenue. Nous contemplons le paysage depuis des hauteurs respectables après un bon exercice de cardio. Nous croisons des oies à bec court et un labbe parasite avec sa nichée, faisant attention à respecter une bonne distance. Nous débutons notre descente et finissons par faire de la luge sur la neige pas encore fondue. À nouveau, nous surprenons des baleines à bosses à l’avant du bateau. Elles soufflent et émergent verds la proue et repartent ensuite à l’entrée du fjord.
Nous retrouvons le bateau proche de l’heure du dîner pour un repas bien mérité après ces activités intenses. Après un point informatif, récap’, itinéraire et prévisions pour le lendemain, nous assistons ensuite, curieux, à une conférence sur les morses et sommes surpris par les capacités, moeurs et modes de vie de cet animal étrange et sympathique au physique singulier. Nous levons l’ancre après dîner et naviguons le long des berges du Kongsfjord, toujours à la recherche de nouvelles observations dont nous nous ne lassons évidemment pas. L´Arctique a décidément été généreux avec ses invités depuis le début de notre expédition et nous l’en remercions ! Nous allons nous coucher dans une ambiance argentée puisque des nuages bas forment un nappage cotonneux sur les montagnes des environs. A demain pour de nouvelles aventures…
Nous arrivons aux aurores (pourtant sous une lumière égale) dans la baie de Tryghammna où nous mouillons. Les sommets encore enneigés sont un décor fabuleux pour cette dernière journée d’excursion; nous petit déjeunons copieusement avant d’entamer un bon trajet en zodiac afin d’auparavant scruter la zone pour la sécurité et s’assurer que le champ est libre. Nous descendons sur la plage d’Alkhornet et montons sur les collines par de petites marches taillées dans la neige et commençons une jolie promenade sur un sol spongieux et rebondi entre les mousses. De nombreux rennes sont présents et broutent tranquillement, nos yeux sont maintenant exercés à les distinguer facilement entre les roches de mêmes couleurs. Nous cheminons parmi les petits ruisseaux et la végétation. Un couple de labbes parasites tente en vain d’avoir un peu d’intimité pour leurs ébats…difficile dans ces grandes étendues sauvages à portée de vue de tous. Nous passons un peu plus loin d’eux, allant à la rencontre de rennes plus proches encore que lors de notre arrivée, certains gambadant au loin. D’autres s’habituent à notre présence et se rapprochent même franchement.
Nous poursuivons notre balade pour une superbe vue sur l’océan depuis un promontoire rocheux, surplombant une terasse de mousse et rochers de marbres où plusieurs squelettes de rennes sont découverts à différents stades de décomposition, témoignant de la rudesse de la vie dans ces contrées polaires. Au cours de ce cheminement, nos guides nous enseignent les fondations de ruines Pomors : des chasseurs trappeurs du 17e s ainsi que les restes effondrés de la cabane du prince des trappeurs, Hilmar Nøis, ayant fait des hivernages plusieurs décennies d’affilée.
Sur le chemin du retour, un renard polaire (enfin! Il s’est tant fait désirer) fait soudain une apparition furtive devant nous et s’approche même, espiègle, pour prendre la pause à quelques mètres de nous pour un grattage d’oreille et une petite moue adorable, les moustaches au vent. Il repart aussitôt de son pas sautillant dans les plaines maintenant nappées d’une petit crachin léger : le signal qui confirme qu’il est temps de rentrer.
Nous mettons le cap au sud et passons à table pour un repas en navigation alors que la mer nous fait toujours et encore cadeau d’une météo exceptionnelle et d’un calme surprenant.
Après un petit moment, nous sommes invités à nous rendre en passerelle pour découvrir le cette fois le “cerveau” du bateau : le poste de commandement où les machines, sondeurs, radars, AIS et autres appareils à la fonction alors obscure nous sont à présent dévoilés. Nous comprenons mieux le fonctionnement du navire et pouvons même poser des questions à loisir au capitaine et au matelot présents. Certains consultent les cartes marines dont on nous explique la lecture et l’interprétation.
Plus tard, nous nous arrêtons devant le glacier de Sveabreen et sortons les zodiacs pour une dernière sortie panoramique devant ce front imposant dans une lumière mystique. La nostalgie est au rendez vous car nous savons que l’heure du départ se profile, inexorable, même si nous refusons d’y penser. Un petit vêlage surprise ravit nos yeux (et nos oreilles) dans une détonation surprise avant que nous ne slalomions entre les icebergs aux tons variés. Nous prenons le temps de les contempler en silence, religieusement, avant de rentrer à bord où un délicieux goûter chaud nous attend.
Nous mettons maintenant cap vers Longyearbyen dans une lumière de plus en plus vive et assistons à une mini présentation de recommandation de littérature polaire pour continuer chez nous à rêver de ces espaces blancs lointains et glacés. Une coupe de champagne toute aussi glacée nous est offerte pour le pot de départ et nous partageons des moments de franche rigolade et de complicité, désormais liés par ces aventures partagées. Le repas est pris dans la bonne humeur et la joie d’avoir eu le privilège de voir de nos yeux ces sublimes paysages et vécu ces expériences extraordinaires et hors du commun. Un recap’ photo surprise est organisé par notre directrice de croisière et certains d’entre nous font de même. Nous revivons tous les moments intenses et magiques de cette croisière et restons longtemps réunis ensemble, repoussant sans cesse le moment de retourner à nos cabines pour une nuit qui n’en sera pas une.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Un bonjour à Sarah
Bonne semaine à tous
Superbe équipe de guide pour cette croisière! Un petit coucou à vous trois que j’ai eu la chance de croiser. Bon voyage.
Quel bonheur d’être un peu de votre voyage grâce au très beau journal de bord de Sarah …
Vous avez commencé par le roi de la banquise, tu as vu des Eiders King, on te souhaite de tout coeur une belle d’observation de bélugas pour terminer en apothéose cette belle croisière !!!
Vous devez vous régaler, on pense fort à vous. Pas d’ours ni phoques dans le port du Guilvinec..
Bisous à la famille Gadreau – Filliette
de la part des rémoises