Vincent Lecomte
Écologie Polaire
30 juillet
10 août 2021
Vincent Lecomte
Écologie Polaire
Sophie Tuchscherer
Guide
Photos d’illustrations, prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
De différents horizons, tous nos chemins se sont croisés à Paris Charles de Gaulle pour prendre notre vol et passer notre première nuit ensemble, à Oslo. Trois heures de vol plus tard, nous voilà arrivés à Longyearbyen : une piste d’atterrissage pour nous accueillir, nous sommes seuls.
Une arrivée brumeuse mais quelle splendeur de voir ces colosses rocheux et enneigés en face de nous. Un théâtre polaire pour une magnifique entrée en matière.
Notre bus nous attend, nous dépose dans le centre de Longyearbyen pour y passer un petit moment avec notre guide Vincent, en attendant d’appareiller. Présentations des lieux, de l’équipage, un exercice de sécurité obligatoire en présence de tous les passagers avant de quitter le port de Longyearbyen.
Un pot du capitaine et un repas plus tard, nous nous retrouvons sur le pont et la passerelle afin d’y observer les couleurs et les paysages spectaculaires où le soleil tient son rôle à merveille.
A la proue du navire tandis que nous quittons l’Isfjord, nous observons de nombreux oiseaux emblématiques du Svalbard : le fulmar boréal, qui tournoie autour du Polarfront, les macareux moine et des groupes de mergules nains, dont les envols ratés font rire les passagers.
Puis nous sommes tous repartis dans nos cabines respectives pour se reposer avant le programme alléchant de demain.
Notre bateau vogue désormais plein nord, en direction de la Terre du Nord-Est, avec une escale prévue dans l’un des plus beaux glaciers de l’archipel: le Glacier de Smeerenburg.
C’est le matin. Après une nuit de navigation, pour monter au nord, nous arrivons en baie de la Madeleine, sur la côte ouest du Spitzberg.
À la proue du navire, les passagers profitent d’un soleil éclatant, trônant au milieu d’un ciel azuré, pour observer le fjord à 360°C tandis que le capitaine navigue vers le glacier à une vitesse de 2 nœuds : les fonds sont mal sondés et la vigilance est de rigueur. La dextérité de l’équipage lui permet de s’approcher là où peu de bateaux le peuvent.
Un spectacle irréel s’offre alors à nous : tour à tour entrent en scène phoques communs, phoque barbu, jeunes phoques et vieux briscards, puis en levant les yeux nous avons la chance d’observer des guillemots à miroir, des eiders à duvet, des sternes arctiques, des macareux moines, des mouettes tridactyles et des labbes parasites : oiseaux portant bien leur nom puisque leur principale particularité est de subtiliser aux autres volatiles la nourriture qu’ils ont réussi à pêcher, en les forçant à régurgiter ou à lâcher leur prise.
Mais le clou du spectacle consiste en l’observation d’une fabuleuse colonie de mergules nains nichant dans les éboulis, dont les nuées fendent le ciel éclatant.
Nous transitons ensuit vers le fjord de Smeerenburg, plus au nord encore, en suivant de près la côte, à la recherche du plantigrade préféré des passagers : l’ours. Celui-ci ne se montrera pas aujourd’hui, malgré un milieu propice. Nous assistons à un curieux spectacle, celui d’un renne solitaire allongé au milieu d’une plaque de neige, au loin.
Les névés se parent parfois de rouge, en raison du développement d’une algue microscopique.
Le temps de s’équiper de nos combinaisons spéciales pour les sorties zodiac, nous naviguons au milieu des glaces, du brash, en direction du front de glacier de Smeerenburg.
Un goniomètre spécialement amené pour l’occasion permet de faire différentes estimations de la hauteur de glace accumulée au cours des millénaires : 60 mètres à l’extrémité nord du front de glace, 95 mètres au plus haut. Malgré les apparences, ce glacier spectaculaire n’est pas, et de loin, l’un des plus grands du Spitzberg. Toutefois, par sa variété de paysages et de faune, il offre un excellent premier aperçu de l’Arctique aux passagers éblouis. De plus, en raison d’un vent de 20 nœuds soufflant depuis le large, ce fjord offre un abri temporaire, avant de reprendre la mer.
Lors de l’excursion en zodiac, s’ouvre le ballet des oiseaux : un guillemot miroir particulièrement curieux accompagné de ses congénères bien plus timides que lui, des fulmars boréaux rasant les flots et tournoyant autour de nos embarcations, mouettes tridactyles posées sur le front de glace et goélands bourgmestres faisant le guet sur leur promontoire rocheux.
Très appréciée, l’observation d’une mouette ivoire, au plumage immaculé, nous donne un avant goût de la banquise.
Des labbes parasites plutôt véhéments sont également photographiés, dont un individu spectaculaire, presque entièrement noir : il s’agit du (rare) morphe sombre de l’espèce.
Les îlots rocheux, abrasés par le travail de la glace, offrent le spectacle de colonies de sternes arctique, lesquelles défendent leurs nids et leur territoire avec vigueur, par leurs cris et leurs piqués.
Un phoque commun joueur s’approche de nous, laissant seulement dépasser sa tête des ondes glaciales, jouant à cache-cache sous les flots avec nos appareils photo, avant de disparaître en apnée pendant quelques instants et de piéger les photographes (en surgissant à quelques dizaines de mètres en direction totalement opposée). Mais il n’est pas seul : non pas un, non pas deux, mais trois phoques nous observent tour à tour.
À une distance appréciable, nous pouvons voir et entendre des vêlages du glacier de Smeerenburg, aux craquements puissants libérant des surfaces de glace fraîche d’un bleu éclatant. Un vêlage plus conséquent que les autres provoque la formation d’une vague d’un mètre de haut environ qui s’atténue et dessine une large onde dans tout le fjord.
Nous avons également la surprise de voir un iceberg se retourner : nous offrant son flanc sombre avant de disparaitre.
Dès notre retour à bord, nous appareillons pour la Terre du Nord Est, sans attendre.
Nous naviguons entre les îles de la baie de Fair Haven, là-même où William Barentz, le navigateur néerlandais, aurait ancré son navire en 1596, produisant la première carte connue de l’archipel (et baptisant au passage le Spitzberg : « les montagnes pointues »)
La soirée est animée par les conférences de Vincent (chef d’expédition) et Sophie (guide) sur les sternes arctiques et l’histoire du Spitzberg, tandis qu’une mer maintenant bien formée berce les passagers. La météo des prochains jours promet d’être capricieuse : mais c’est aussi cela, le charme des 79 et 80ème parallèles !
Destinés à nous rapprocher au plus vite de la terre du Nord-Est, royaume des ours polaires au début de l’été boréal, nous ancrons le navire dans la baie de Murchison.
Une couleur argentée nous accompagne durant notre sortie en Zodiac, d’île en île, au cours de laquelle nous avons pu observer un morse émerger à la surface à une dizaine de mètres de nos frêles esquisses.
À l’horizon, entre terre et brume, la calotte glaciaire se présente à nous, dôme immaculé qui nous laisse admiratifs. C’est une chance de voir ces nuages de glace. Cette terre n’a jamais été habitée de manière durable.
Nous mettons pied à terre pour une petite randonnée dans le désert polaire qui nous permet de localiser un crâne de morse déchiqueté et une omoplate qui jonchent la toundra.
Nous retrouvons les sternes arctiques que nous avions quittées la veille.
Tandis que nous sillonnons les îles en zodiac, des veilleurs installés en passerelle sur le Polarfront scrutent l’horizon. Un ours est aperçu rapidement sur une petite île à quelques encablures.
Après deux heures de vaines recherches, le chef d’expédition fait déplacer le Polarfront pour mouiller à proximité immédiate de la baie, et bénéficier d’une vue plongeante sur l’intérieur de l’île depuis la passerelle du bateau. Le capitaine, expert en la matière, accepte de s’approcher (tout doucement) de la côte.
L’ours, depuis le pont arrière, est à notre portée de vue. Nous nous installons à l’arrière du navire, sous un soleil exceptionnel. Un goûter est même installé pour patienter. De la patience, il en faudra : l’ours dort. Il digère, semble-t-il. A en croire la taille de son ventre, il a dans l’estomac une proie de taille importante : peut-être un phoque ? Un bébé morse ? Il a du mal à se mouvoir.
L’ours ne semble pas prêt de bouger. Allongé sur le dos, il lève une patte vers le ciel. Puis se rendort. Un peu plus tard, il lève la tête, brièvement, puis s’étale de tout son long sur le sol. Puis, il lève le train arrière, mais omet de lever ses pattes avant, puis se rallonge. Plus le temps passe, plus l’ours semble affalé et statique.
Le grand ciel bleu, accompagné d’une température extraordinairement chaude pour le 80e parallèle nord, semble faciliter la sieste de l’ours qui se repose au soleil tout l’après-midi, en limitant au maximum ses mouvements : il est manifestement en hyperthermie. Le plantigrade le plus célèbre du monde est fait pour résister à des températures frôlant les -50° en hiver (et non pour bronzer par 15°C).
Tandis qu’une veille sur le pont arrière s’organise, les passagers prennent leur repas au restaurant : c’est l’anniversaire d’une passagère, qui fait un vœu en soufflant ses bougies : « que l’ours se mette à bouger ».
Miracle, quelques instants après, l’ours se lève, et commence à marcher. Les passagers sont rappelés en urgence à l’arrière du bateau… cependant l’ours, manifestement fatigué par cette migration extraordinaire de plus d’un mètre, se rallonge pour plus d’une heure.
Nous pourrions enlever l’ancre et appareiller en direction de la banquise, mais un nouvel examen des cartes de vents et des cartes des glaces, en concertation avec le capitaine, nous permet de prolonger notre attente.
Tout vient à point à qui sait attendre. Une attente qui va durer… 9 heures (au total).
A 23 heures, enfin, alors qu’une lumière crépusculaire tombe sur l’archipel, Sa Majesté des ours daigne se lever. D’abord sur ses pattes arrière, puis sur ses pattes avant : enfin, il marche. On a de la peine à y croire. Sa déambulation commence, au milieu des nids de sternes affolées qui tentent de le faire fuir, sans succès.
Le silence se fait sur le pont arrière, chacun observe le spectacle de l’ours nonchalamment « en action » pendant près de 20 minutes.
C’est le grand show. Bouquet final, il marche sur la crête, sa silhouette se découpant sur l’horizon, en un superbe contre-jour qui fait le bonheur des photographes.
Cet ours nous donne une leçon : le Spitzberg n’est pas un zoo, encore moins un supermarché. Ce n’est pas les visiteurs qui viennent voir l’ours, c’est l’ours qui décide s’il veut se montrer.
La quête de Nanook est une quête subtile, où tout entre en jeu : la patience, les conditions de mer, l’orientation du vent, l’état physiologique de l’ours, les hauts-fonds et les nerfs des passagers : ceux-ci ont été solides !
Il est minuit, l’ours s’en retourne à son activité principale : dormir et digérer son repas. La croisière est déjà un succès. Adieu, ours : tu nous auras régalés.
Les promesses de la veille nous suivront jusqu’à ce troisième jour de croisière d’expédition puisque sans avoir le temps de prendre nos petits-déjeuners, nous voici déjà à bord des zodiacs, habillés, équipés : Nanouk s’est réveillé tôt sur l’Ile de Ringertzøya où nous l’avions laissé hier, endormi. Nous ne sommes pas les seuls à avoir passé une bonne nuit : bien plus actif qu’hier pour un matin à 8h20, il se lève et fait un bout de chemin au bord de l’eau puis au milieu des nids de Sternes arctiques pour glaner quelques oeufs… avant de se recoucher. Nous avons pu l’observer de la meilleure des façons, grand soleil et ciel bleu. Quelques sternes lui tournent encore autour pour défendre leur territoire, mais l’ours reste insensible à leurs récriminations.
Cette superbe et rare observation d’un ours au petit matin ravit les passagers.
Nous croisons la route du Grand Large auquel nous avions transmis l’information et les coordonnées de l’île où cet imposant ours se repose.
Nous nous éloignons pour nous rendre dans la baie de Kinnvika dans le fjord de Murchison et sa station scientifique aux cabanes construites en 1957 qui nous ouvrent leurs portes pour nous laisser entrapercevoir des fragments du passé. D’anciens dortoirs et points de lâcher de ballons-sondes météorologiques. Une collection d’ossements de baleines, quelques douilles rouillées, traces de l’intense activité des explorateurs ayant vécu en ces terres désolées.
Au retour, un zodiac a été dépêché pour l’équipage du Polarfront pour voir l’ours, avant de lever l’ancre pour le détroit d’Hinlopen.
Nous eûmes la surprise d’un florilège de baleines s’ébaudissant dans les flots. C’est un festival spectaculaire qui se passe sous nos yeux à quelques centaines de mètres : de bâbord à tribord des rorquals communs et baleines bleues gigantesques pêchent en une « danse », tournant dans des bancs de krill et de petits poissons et les avalant à volonté.
Ces derniers font le régal de guillemots et macareux opportunistes. Il est rare de voir tant de baleines bleues dans les eaux du Svalbard, et surtout aussi longtemps et dans de telles conditions d’observation : proximité et ciel bleu roi. Cette scène se prolonge sur plusieurs heures au cours desquelles les cétacés se rapprochent de la proue du navire à moins de 20 mètres. Le point d’orgue de cette journée est certainement atteint lorsque les baleines sont assez proches du navire pour que l’on entende puissamment leur souffle, qui est, à proprement parler, « à couper le souffle » : tout le monde fait silence. Les jeux de lumière proposent des arcs-en-ciel dans la brume de leurs jets, final en apothéose, avant une navigation tardive dans le fjord de Wahlenberg, à proximité immédiate du rivage, ce qui permet d’apercevoir un petit rorqual dans une mer d’huile.
Ours, baleines bleues, grand rorqual et petit rorqual la même journée : les passagers vont faire de beaux rêves !
Dans la nuit, les passagers ont pu entendre les premiers chocs de la banquise dispersée vers laquelle nous nous dirigeons. La journée commence par une vision digne d’un décor de film : glaces et ciel blanc pur. Un paysage immaculé, mystique, à 360°C, nous est proposé à la pointe méridionale de la Terre du Nord-Est.
Une sortie en zodiac nous permet d’aller à la rencontre d’un groupe de morses interrogés sur une plaque de glace en respectant leur environnement et les distances préconisées. Nous sommes les invités de l’Arctique et ne pouvons décemment pas les déranger par notre présence.
Malgré un froid mordant, nous avons approché les zodiacs d’un fragment de banquise où logeait le groupe de morses qui se reposait non loin de nous, jusqu’à entendre leurs vocalisations.
Nos guides ont effectué plusieurs rondes autour du groupe, puis nous avons pu prendre des photographies des majestueux icebergs au chamarré turquoise et gris perle.
La mer est un écrin dont les icebergs sont ses diamants. C’est face à cette beauté offerte par la nature que nous avons pu également écouter les chants de la glace : un hydrophone nous a permis d’écouter les craquements et pétillements sous-marins. C’était une première pour l’ensemble du groupe !
Cette excursion de la banquise permet d’observer des crêtes de compression, des icebergs retournés, des arrachements du socle rocheux (moraines).
Début d’après-midi, une houle importante se forme alors que nous naviguons vers le nord en recherche d’une banquise compacte. Le spectacle est impressionnant et inédit : la banquise déjà fragmentée se disloque sous l’effet de larges ondes de plusieurs mètres de creux. Le temps se couvre et il se révèle son jour le plus austère et fascinant. À l’horizon, on aperçoit le liseré du glacier de Brasvell, une longueur totale supérieure à 150 km.
Ce glacier a libéré un chapelet, causant, certains dépassant 10 m de haut, nous approchons navires pour le bonheur des passagers.
La houle, cependant, nous contraint à revoir tout le plan et urgemment se réfugier dans les fjords. Un vent de force 5 sur l’échelle de Beaufort se joint à la partie.
Toutefois, le chef d’expédition décide de poursuivre la navigation une vingtaine de minutes jusqu’à un groupe d’icebergs imposants avant de faire demi-tour : cette navigation permet à la chance de sourire. En effet, on aperçoit un ours cheminant sur la banquise.
Le tranquille plantigrade à la démarche nonchalante et au pelage jaune doré nous ouvre les portes de son royaume. Munis de nos jumelles nous avons tous scruté attentivement le paysage pour ajouter des images à ce nouveau chapitre de notre voyage. Ce n’était pas la dernière surprise de la journée puisqu’un autre ours l’accompagnant nous est à tous apparu. Suivi d’un troisième probablement en train de dormir à l’horizon.
Comme si cela ne suffisait pas, nous apercevons à une trentaine de mètres du PolarFront une maman morse en train de s’occuper de son bébé sur une plaque de banquise. Il apparaît qu’elle est en pleine séance d’allaitement. Ce sera une introduction à notre conférence de la soirée animée par notre guide Sophie. Conférence suivie de celle de notre chef d’expédition Vincent, à propos de la baleine bleue accompagnée des photographies prises la veille.
Nous ne sommes pas au bout de nos surprises : un examen attentif des photographies prise la veille démontre que l’une des baleines bleues était accompagnée d’un baleineau restant près de sa maman durant toute la séance de chasse qui a duré deux heures.
Alors que le vent se renforce, nous nous réfugions dans le fjord de Pallander, et apercevons sur notre chemin un petit rorqual, et, à nouveau, le souffle d’une dizaine de mètres de l’étage sur le ciel d’encre.
Cette journée a été marquée par une navigation extraordinaire de la part du capitaine et du second capitaine, ayant permis malgré la houle et les conditions changeantes de s’approcher au plus près de la banquise compacte, de suivre nos zodiacs dans la brume lorsque nous étions en excursion, et de contempler avec respect des ours et des morses présents sur cette parcelle de bout du monde.
Nous voici à l’aube de notre 5ème jour de croisière, déjà. Le temps passe incroyablement vite depuis notre arrivée, comme dans le film Interstellar les minutes passent comme des secondes. Cette référence prendra tout son sens quelques lignes plus tard.
Nous avons profité des paysages de Palanderbukta et son imposant glacier, confortablement installés à la passerelle de navigation du navire avec une vue panoramique.
A bord des zodiacs qui nous sont devenus rapidement familiers, nous entreprenons la navigation dans la lagune de Kloverbladbukta. Cela permet l’observation d’un phoque annelé et d’un plongeon catmarin. En outre, des eiders à duvet et des oies à bec court ont trouvé refuge dans cette lagune de bout du monde d’accès délicat.
Nous nous ancrons et entamons une randonnée scientifique animée par les explications de Sophie et Vincent : en cheminant vers le sommet, nous rencontrons de nombreuses fleurs arctiques comme des saxifrages, des stellaires arctiques, des linaigrettes, des silènes acaules (la fameuse plante « boussole », la mythique dryade à huit pétales, relique glaciaire témoin d’une époque révolue, celle où une grande calotte descendait depuis le Spitzberg jusqu’au nord de la France. Nous observons également le saule polaire, minuscule arbuste dont les feuilles dépassent à peine le sol, pour se protéger de la dessication, du froid et du broutage. Nous observons également des linaigrettes et des figures de solifluxion et gélifraction.
Cette toundra est le royaume du renne, nous observons tout d’abord des bois, avant de contempler pendant près d’une heure un troupeau d’une dizaine d’individus qui paissent.
Au sommet de la colline, un belvédère irréel s’offre à nous : la calotte glaciaire de la Terre du Nord Est qui nourrit d’imposants fleuves gelés, l’échancrure bleue du fjord de Wahlenberg à l’horizon. Nous somme seuls au Monde face à cette nature sauvage qui sait aussi se rendre hostile. C’est ainsi avec beaucoup de respect et d’admiration que nous rencontrons ses hôtes qui ont su merveilleusement s’acclimater à ces difficultés.
Vincent explique la richesse géologique insoupçonnée des lieux : marnes rouges, marbres, granite rose et, point d’orgue, des gabbros métamorphisés riches en grenats (une pierre semi-précieuse).
Nous entamons la route du retour après 2 heures de marche qui nous ont permis d’ajouter à notre liste l’observation d’un squelette d’ours presque entier, dans la vase : il s’agit d’un jeune individu n’ayant pas survécu à son premier ou deuxième hiver.
Nous poursuivons en zodiac pour aller à la rencontre du majestueux glacier d’Etonbreen, dont la partie morte révèle d’audacieuses figures géométriques bleues et noires, avant de rentrer à la station où un bon vin chaud nous attend pour clôturer cette sublime journée.
Demain, la falaise aux oiseaux nous attend, avec ses centaines de milliers d’oiseaux perchés sur des orgues magmatiques.
Nous arrivons dans la baie de Alkefjellet aux falaises dentelées composées de dolerite, ces dernières abritent des oiseaux peu farouches que nous avons déjà rencontrés lors de notre voyage : les guillemots de Brünnich. Noirs et blancs, petits fantômes de l’opéra qui s’affairent autour de nos zodiacs. La particularité des guillemots étant de se déplacer sous l’eau à l’aide de leurs ailes déployées.
Nous admirons le spectacle de ces oiseaux nageurs qui sont tout aussi à l’aise dans l’eau que dans les airs : notons une petite difficulté au niveau du décollage. Cela entraine quelques situations cocasses lors de nos excursions à leurs côtés, certains oiseaux ne parvenant pas à décoller lorsqu’ils ont le ventre plein.
Et quel spectacle, les falaises sont organisées comme le serait une capitale, différents quartiers et infrastructures, rien n’est laissé au hasard dans l’organisation de leur lieu de vie. Se joignent à leur colocation des goélands et mouettes tridactyles. Nous avons pu assister à un combat de guillemots, même au sein de la même espèce les enjeux territoriaux sont de mise.
Venant s’ajouter à cette scène arctique inédite : un renard polaire vient compléter cette observation de sa belle robe marbrée de brun et beige. Laissant de côté sa robe blanche propre à la saison hivernale. Nous le savions majestueux mais pas chapardeur, ce dernier a été dérober un guillemot mort à un couple de goélands. Il s’est empressé de fuir avec son butin, parcourant le flanc de ces falaises hostiles à tout autre mammifère à la recherche d’une cachette où le dévorer en paix. Un deuxième comparse fait son apparition dans ce tableau épique, lui-même tenant un guillemot subtilisé.
La falaise sertie dans son écrin de brume débouche sur un spectacle féérique : un glacier émerge d’une falaise où alternent des formations rocheuses étonnantes dans une ambiance sépulcrale : du marbre blanc pur enrobe une intrusion magmatique, en une figure rare de métamorphisme de contact.
Nous transitons ensuite dans le Détroit d’Hinlopen, jusqu’au fjord de Murchison, l’objectif étant de gagner la banquise désormais située tout au nord de l’archipel du Spitzberg, offrant de belles possibilités de navigation en territoire ours.
Une sortie à la quête de l’ours en zodiac au cours de l’après-midi nous mène à la rencontre d’un morse placide.
De retour au bateau une conférence sur le guillemot de Brünnich permet d’en savoir plus sur la biologie de cette espèce fascinante.
Une journée placée sous les auspices de la Glace. Elément phare du Monde Arctique, elle fige, et témoigne d’une Histoire.
Après avoir navigué de nuit, plein nord, et franchi le mythique 80ème parallèle, nous nous réveillons encerclés dans la banquise compacte, que nous avons atteint à 80°30, à l’approche de l‘archipel des sept îles : c’est la première fois que ce passage est praticable depuis le début de l’été boréal. Ces ilots volcaniques, lieu de reproduction de multiples oiseaux marins, émergent de la brume. Nous prévoyons de poser le pied sur la banquise pour observer les formations glacées : hummocks (impressionnantes crêtes de compression), mares de fonte d’un bleu turquoise, sculptures naturelles dans la glace où chacun lira les formes suggérées par son imaginaire.
Le repérage d’une plaque de banquise par notre chef d’expédition et les guides se heurte dans un premier temps par un « no go » : la houle s’est levée par surprise, empêchant toute opération sur la glace : des creux d’environ 1 mètre menacent de disloquer les plus grandes plaques. Le capitaine entreprend de naviguer au coeur de la banquise pour trouver refuge, à l’abri de la houle. C’est chose faite vers 10 heures du matin. Tous les passagers mettent alors un pied sur la glace, non sans appréhension — mais avec impatience. Une mouette ivoire fait irruption et vient observer ces humains si mystérieux. La plaque de glace a naturellement été minutieusement inspectée pour permettre cet « ice-landing » très attendu par les passagers : fouler le pied de la banquise Arctique est un moment précieux, presque intime. C’est s’avancer à pas de loups dans le royaume infini du « bord du monde » (on croyait autrefois que la banquise était le prélude à la fin du monde, ou bien la porte d’entrée vers une mystérieuse pierre magnétique entourée de fleuves dangereux).
Cette visite de la banquise est le moment de célébrer un événement important. Quel lieu serait le plus propice pour fêter ce que l’on a nommé « les noces de glace », à savoir un mariage symbolique de deux de nos passagers en voyage de noces ?
Une jolie surprise pour nos voyageurs qui se sont vus mariés sur la banquise, avec le Polarfront en image de fond, du champagne et des membres de l’équipage ainsi que nos guides qui ont joué de leurs instruments pour ajouter encore plus de joie à cet événement. Vincent a interprété un morceau spécialement composé pour l’occasion, en hommage aux jeunes mariés mais aussi à l’ensemble des passagers : ce fut sans doute le premier concert de piano donné sur la banquise de l’océan glacial arctique.
Le chef mécanicien du Polarfront a également révélé ses talents, en interprétant un morceau au trombone. Le tout sous la forme d’une brève cérémonie — et sous surveillance : nos veilleurs sont là pour s’assurer que nous ne venons perturber aucune présence animale (et réciproquement).
L’après-midi, alors que le ciel gris s’est déchiré pour laisser place à un céleste drap bleu, nous partons en zodiacs à la rencontre d’autres glaces, dans une ambiance mystique et irréelle. Les sommets enneigés des Sept Iles se dessinent au loin, coiffés d’un nuage de brume laissant délicatement découvrir leurs falaises verticales. Nos guides présentent l’écosystème arctique présent sous les icebergs, algues, plancton et bactéries : plusieurs prélèvements démonstratifs sont effectués en pleine eau.
Le ciel semble se mêler à notre enthousiasme : un arc-en-ciel rejoint le cortège, on dit même qu’en dessous l’on peut y trouver un trésor : nous sommes tous d’accord que le cadeau, c’est le Svalbard — et l’ambiance régnant à bord. Nous avons également la chance d’observer un autre phénomène céleste plus rare celui-ci : un arc en brume, balayant la moitié du ciel alors que le soleil, bas, se mêle à la brume revenue hanter les eaux glacées du nord de l’archipel.
A minuit, une belle observation de rorquals communs, à quelques centaines puis dizaines de mètres, vient compléter ce tableau, tandis que le soleil brille comme à midi, sur une mer bien formée : n’est-il pas si bon d’être « déboussolés » de la sorte ?
Très fraichement arrivés dans le fjord de Liefdefjorden dans la matinée, nous voici rapidement installés dans nos zodiacs pour se rapprocher du Glacier de Monaco. L’équipage est unanime : cet endroit que nous nous apprêtons à découvrir est un lieu magique — et surtout un haut lieu historique du Spitzberg.
Nous naviguons en Zodiac dans le brash entre brume et soleil, face à un front de glace que nous pouvons mesurer grâce à un goniomètre : celui-ci atteint 54 mètres de hauteur à son maximum. Son développement horizontal est de plusieurs kilomètres. Si le spectacle est fantastique, entre icebergs retournés, figures de stratification de la neige devenue glace, vêlages fréquents et moraines frontales, sans compter une rare mouette ivoire posée sur son promontoire de glace, les stigmates du retrait glaciaire sont évidents : on aperçoit bien la ligne de démarcation entre la partie récemment mise à nu (non lichénisée) et la partie rocheuse récemment découverte par la fonte rapide du glacier. Oui, comme la plupart des glaciers du monde, ceux du Spitzberg reculent, témoignant du changement global que trop longtemps certains ont voulu ignorer. Ici, point besoin d’hypothèses ou de conjectures : le réchauffement climatique se voit à l’oeil nu.
D’année en année, des îles nouvelles émergent de la glace disparue. Si cette croisière est aussi un moment de conscientisation et d’observation du monde en péril, c’est surtout et avant tout un moment d’observation du monde naturel. Ainsi, pour notre plus grand bonheur un petit museau de phoque barbu pointe le bout de son nez pour ravir nos photographes, il s’approche à une dizaine de mètres de l’embarcation, par curiosité mutuelle.
Ce fjord est un haut lieu historique du Spitzberg : outre les baleiniers, outre les explorateurs, il fut le haut lieu d’exploitation du renard polaire et du renne par les trappeurs pendant plusieurs siècles. L’abondance du bois flotté leur permettait de construire des cabanes pour hiverner malgré l’absence de forêt dans l’archipel. Dans l’après-midi, nous visitons justement la hutte de l’un d’eux, sur la rive nord du Liefdefjorden, ce qui est l’occasion de montrer des outils encore stockés dans la réserve à fourrures, de narrer l’aventure intrigantes des trappeurs venus fouler le grand nord, depuis les chasseurs Pomors venus des rivages de la mer Blanche tenter leur chance au Svalbard, jusqu’aux femmes trappeuses du 20ème siècle.
Une courte excursion permet d’admirer la vue sur le fjord, magnifiée par des grès rouges dévoniens (ère primaire), des verrous glaciaires ou plus simplement les survols si particuliers des fulmars. La soirée se termine par le traditionnel repas du commandant, au cours duquel celui-ci quitte sa passerelle (laissant la navigation au second capitaine) pour se joindre exceptionnellement aux passagers en un repas festif. Dans la soirée, le Polarfront quitte le nord du Spitzberg pour prendre le chemin de la Baie du Roi, où d’autres aventures nous attendent.
Les passagers du PolarFront ne sont pas prêt d’oublier ce 8 août : deux heures d’observation de trois renards blancs, immaculés, en majesté dans leur fourrure blanche, parfois à quelques mètres de distance…
Le matin, tandis que le yatch faite route vers le sud, nous assistons à une conférence donnée par notre guide Sophie sur l’Histoire du Svalbard, fort instructive, où l’on croise des récits de baleiniers, des mésaventures de trappeurs et des exploits d’aventuriers attirés par l’immensité blanche du grand nord.
Lorsque le bateau entre dans la Baie du Roi, nous sommes tous stupéfaits de la beauté de ce lieu : une dizaine de langues glaciaires se jettent dans un fjord aux eaux tantôt turquoises, tantôt ocre ou rouge.
Tandis que l’équipe se préparer à une sortie à terre, les passagers visitent la salle des machines du navire, où trône l’organe central de l’embarcation : les férus de mécanique navale peuvent observer l’arbre de l’hélice où encore les volumineux pistons.
Repérés par notre chef d’expédition la semaine précédente, trois renards blancs font leur apparition au pied d’une falaise où tournoient des milliers de mouettes tridactyles. D’abord, nous observons ces renards depuis le navire, tandis qu’ils courent et hument le sol à la recherche de poussins ou d’oeufs.
Il est temps de mettre à l’eau les zodiacs pour les approcher. Nous longeons la colline d’Ossian Sars, quand soudain les renards descendent vers nous, par petits bonds, s’approchant de nos zodiacs à quelques mètres à peine, curieux et intrigués. Nous gardons nos distances mais ceux-ci semblent vouloir nous observer -de même que nous les observons, pendant une heure, en train de monter, descendre, chasser, grignoter, se faufiler entre les rochers, les galets, les pelouses et les ravins au long de la baie.
Il s’agit peut-être de trois jeunes d’une même fratrie, nés l’an passé.
C’est irréel car nous avons pu les approcher de très près, curieux, l’un d’eux nous fait l’immense honneur de prendre la pause pour le plus grand bonheur de nos photographes, sous une lumière éclatante et un ciel d’azur.
Nous descendons ensuite à terre pour une randonnée sous le soleil.
Poser le pied à terre nous fait du bien afin d’arriver à un superbe point de vue sur le fjord. Nous observons une dizaine de rennes dans leur environnement naturel, la toundra. Peu farouches ils ne semblent pas gênés de notre présence, tandis qu’ils paissent.
La découverte d’ossements de rennes lors de la poursuite de notre randonnée nous laisse à penser en regard de l’état des os que son prédateur était sans en douter, un ours. Pour cela, nous avons pris le temps de bien repérer et surveiller le territoire pour éviter tout incident.
Notre guide Vincent explique les indices qui permettent de conclure à une dévoration par un ours : les os volumineux sont brisés nets, les côtes sont cassées.
La toundra révèle ses nombreux trésors : terriers de renards, saxifrages, silènes, mousses, dryades à huit pétales et autres fleurs arctiques.
Le point de vue sur le fjord clot cette magnifique journée, tandis que les renards refont leur apparition avant que nous levions l’ancre en direction de l’Isfjord.
Notre voyage touche bientôt à sa fin, mais il nous reste encore une belle journée devant nous. Prêts à observer tout ce que le Svalbard a encore à nous donner.
Le climat du Spitzberg nous offre sa palette de nuances : à la houle qui a « bercé » nos passagers toute la nuit, succède une brume à couper au couteau, qui envahit tout l’Isford. Dans ces conditions, il n’est pas possible ni d’observer la côte et de débarquer : on ne voit pas à plus de 20 mètres, parfois moins. La prudence est de mise.
Nous programmons une autre destination, tandis que deux conférences sont animées par notre guide Sophie et notre chef d’expédition Vincent, l’une portant sur la littérature polaire, l’autre sur l’aventure exceptionnelle de Léonie d’Aunet, première femme à franchir le cercle Arctique. Nous avons parcouru un bout d’espace-temps et pu nous imaginer la difficulté d’une femme à vivre ce genre d’aventures. Sa ténacité plus que tout, dans un monde à la fois masculin et hostile comme peut l’être le Spitzberg.
Tandis que la brume stagne sur le fjord, nous décidons de trouver refuge là où la brume ne va pas : en hauteur, au dessus de la mer de nuages, dans la cité minière de Barentsburg, à flanc de colline, où nous découvrons un morceau authentique de l’Histoire arctique, celle de l’implantation russe au Spitzberg. Cette excursion de dernière minute, nécessitant habituellement une programmation anticipée, car nous entrons en « territoire » russe, a été négociée en dernière minute grâce à Grands Espaces et à son directeur, Christian Kempf, spécialiste du Spitzberg. Une guide russe nous accueille et nous présente la cité, l’histoire de cette mine, de cette statue de Lénine encore debout au milieu d’hôtels luxueux et d’un décors post-soviétique totalement lunaire très intriguant où l’on croise de mineurs bourrus et de sympathiques résidents de ce bout du monde antagoniste.
Depuis Barentzburg, la vue sur le fjord est fantastique. A peine visible, la silhouette de notre yatch d’expédition émerge, fantomatique, de la brume, tandis qu’un arc-en-brume mystérieux étend ses bras au dessus du fjord. Le capitaine est contraint de se rapprocher du quai pour que les auteurs puissent apercevoir le navire, et l’approcher pour remonter à bord. Ce sont sur ces notes historiques et quasi irréelles, fortes, que notre journée se clôture, nous nous préparons avec grand regret à partir car ces jours polaires ont définitivement su conquérir le cœur de tous.
Nous nous reverrons bientôt !
Un pot de départ nous attend ainsi qu’un film fabuleux réalisé par deux passagers passionnés d’image, retraçant nos aventures polaires, pour un dernier adieu. Ce n’est pas sans verser quelques larmes que, le lendemain, les passagers du nord disent au revoir au capitaine (Vincent), au second (Mathieu), au chef mécanicien (Yann-Pol), à l’équipage (Thomas, Théophile, André, Robin, Josua…), aux guides et à l’équipe « stew » (hôtellerie : Lydie, Thomas, Mathéo) et naturellement au chef, Cyril, du Polarfront.
Ours, morses, renards polaires, baleines bleues (et leur baleineau), rorquals, près de 25 espèces d’oiseaux dont la mythique mouette ivoire et le macareux, c’est avec ces myriades de souvenirs dans les yeux que les adieux se font, non sans mal, sur le tarmac de Longyearbyen, par 78° Nord.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Bon voyage aux croisièristes.
Bon vent ! Bon anniversaire à Virgine Breheret.
Bonjour Virginie !! Nous te souhaitons Tous un Très Très Bon Anniversaire 🎂🎉🎊 !
Profites bien de ta journée (je pense que nous sommes en décalés) Bises à vous 2!
Mick, leïla, Dorian, Élisée et Albane
Continuez à nous faire rêver. Photos superbes.
Bonjour,
Très bon anniversaire Virginie. Quelle belle destination pour ton anniversaire ! Profitez-bien de ces moments.
Anne-Sophie, Jean-Philippe et Augustin
Bonjour,
Le récit de votre journée d’hier était passionnant ! Et quelles photos ! Notre aurions voulu y être !
Bonne continuation…
Joyeux anniversaire en retard Virginie, profitez bien de votre voyage plus que magique !! (Philippe j’attends avec impatience tes photos 😋😋).
Gros bisous à vous deux 😘😘