Sophie Tuchscherer
Guide
30 août
9 septembre 2021
Sophie Tuchscherer
Guide
Photos d’illustrations, prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Notre journée de voyage se passe bien et nous atterrissons avec un petit retard qui n’est même pas remarqué tant il est éclipsé par la beauté des paysages qui nous entourent.
Le grand nord, le vrai, est désormais à portée de main.
C’est Christophe, notre chef d’expédition qui nous accueille à l’aéroport. Le temps de déposer nos bagages et de jeter un bref coup d’oeil à notre bateau le Polarfront, en préparation pour nous recevoir, nous continuons pour une petite visite de Longyearbyen suivie d’un temps libre. C’est notre guide Sophie qui vient nous chercher et nous voici repartis pour embarquer dans notre prochaine demeure flottante pour les 10 jours à venir. Nous découvrons l’équipe hôtelière qui nous montre nos cabines avant de nous retrouver pour les informations et l’exercice obligatoire de sécurité avec notre second, Matthieu. Puis c’est au tour de la commandante Sophie Galvagnon de nous présenter le bateau et son histoire avec une présentation diaporama autour d’un petit verre de bienvenue.
Nous terminons avec nos guides qui nous donnent les dernières instructions et informations pour le lendemain avant de dîner ensuite avec plaisir. Certains vont ensuite se coucher et d’autres vont faire un tour en passerelle, ouverte à tous : le luxe de l’intimité d’avoir peu de passagers à bord. Les paysages de l’Isfjord s’effacent à mesure que nous gagnons la mer libre.
Notre journée commence par un point au salon avec nos guides: sécurité Zodiacs, AECO (association des tours opérateurs de l’Arctique), faune/flore et protocole ours. Nous recevons nos combinaisons pour les sorties en Zodiac et nos gilets de sauvetage. Notre première sortie, programmée juste ensuite nous amène dans la baie du 14 juillet, baptisé ainsi par Albert 1er de Monaco lors de ses expéditions scientifiques ici même, il y a une centaine d’années. Nous mettons cap sur une petite falaise rocheuse où nous avons la chance d’observer encore quelques macareux. Leur gros bec coloré est vraiment singulier et peu discret.
Des rennes, bien visibles sur les pentes de toundra paissent tranquillement au pied des falaises à mouettes tridactyles et c’est une bonne dizaine d’individus que nous comptons, leurs poils muant doucement en vue de l’hiver. Nous apercevons même au loin un renard arctique, déjà tout blanc et courant entre les rocailles mais hors de portée de nos appareils photos. Nous profitons du temps superbe et de la plage dégagée pour mettre pied à terre et nous promener un peu sur les plages qui autrefois (comme nous le verrons ensuite sur les photos d’archives) étaient totalement recouvertes par la glace épaisse du glacier. Nous découvrons les premiers icebergs échoués sur la plage et naviguons un peu avant de retourner à bord pour le déjeuner. L’après midi est consacré à une promenade en Zodiac devant le fabuleux et vaste glacier de Lilliehook, au milieu des icebergs d’un bleu vif spectaculaire.
Après notre retour à bord, notre commandante nous présente l’équipage et nous mettons cap au nord. Un petit point informatif sur les conditions météo, vents, glaces et l’itinéraire avec ses possibilités de routes est organisée au salon avec nos guides suivi d’une présentation sur le macareux. Nous dînons et nous apprêtons à nous allonger lorsqu’une annonce surgit: un banc de dauphins est observé tout près du navire. Il faut faire vite: ces cétacés fugaces ont pour habitude de disparaître rapidement. Notre surprise est donc grande en constatant qu’ils se rapprochent, jouent même et font des galipettes dont des saltos et fendent les flots à la proue du navire. Nous les voyons même sous la surface, avec leur taches blanches et grises: il s’agit du méconnu lagénorynque à bec blanc, une espèce peu étudiée mais pourtant bien disposée : le groupe d’une trentaine de dauphins reste un long moment tout près de nous pour notre plus grand plaisir ! La superbe lumière et les montagnes roses dans le couchant sont le décor de ce véritable spectacle qui clôture une journée déjà très riche en émotions.
Le navire s’éveille ce matin le long des côtes de Reindersflya, la côte Nord de l’île du Spitzberg qui mène à l’entrée du Woodfjord où nous projetons de nous rendre pour nos activités.
Malheureusement la côte est enveloppée d’un épais brouillard avec moins de 2 miles de visibilité. Sophie et Christophe se concertent pour un plan B car une marche dans la toundra dans ces conditions n’est pas envisageable. Il est alors décidé de poursuivre jusqu’au Wijdefjord voisin à l’entrée duquel se trouve le canyon de Femmilsjoen. Certes il y a un peu de houle et la visibilité est à peine meilleure, mais les conditions nous permettent de sortir en toute sécurité. En attendant d’atteindre cette nouvelle destination, Christophe rassemble les passagers pour une conférence d’introduction au Spitzberg et à l’Arctique.
Les eaux du Wijdefjord sont un peu houleuses et certains passagers préfèrent rester à bord. Nous ne sortons qu’un seul Zodiac qui longe la côte Est de cette entrée du fjord à la recherche de l’entrée du canyon. L’ensemble géologique est formé de roche noire et presque nue, donnant un bon exemple de désert froid. Nous nous rapprochons de la côte pour scruter les environs et remarquons une tache plus claire dans la mer qui désigne l’endroit ou de l’eau glaciaire s’écoule.
Le Canyon, invisible tout à l’heure s’ouvre devant nous de façon surprenante. Avec mille précautions et à petite vitesse, le Zodiac y pénètre. Ce n’est pas l’eau qui a creusé la roche dure et noire. Les façades sont raides et brutes. C’est l’eau qui a trouvé une fracture pour s’écouler. Les strates géologiques sont très claires et nous lisons dans la roche les forces tectoniques qui ont déformé, plié ces sédiments métamorphiques au cours de leur histoire.
Le paysage est surprenant et tout le monde s’émerveille. Bientôt, notre progression est arrêtée par des roches affleurantes et nous faisons demi-tour, admirant ici et là la vie végétale qui a trouvé de quoi s’épanouir dans cet univers minéral.
À la sortie du canyon, une petite plage offre peu de ressac et Christophe « gare » le Zodiac à cet endroit pour une courte marche qui permet d’observer l’ensemble sous un autre angle.
Les appareils photos crépitent. Bientôt, c’est le retour au navire pour le déjeuner.
Malheureusement le brouillard persiste, contrariant les intentions de l’après-midi dans une baie voisine et bien que le vent reste peu fort, une houle résiduelle bien présente nous berce un peu trop.
Christophe décide alors de traverser le détroit d’Hinlopen voisin pour trouver refuge dans le fjord de Murchison. En attendant, c’est au tour de Sophie de faire un brillant exposé sur l’époque Baleinière au Spitzberg.
C’est pendant le dîner que nous entrons dans le fjord de Murchison et que l’équipe d’expédition se met à scanner les côtes. Il faudra une petite heure pour repérer un point jaune sous la colonie de mouette tridactyles de Florabukta. Un ours ! Il est perché sur de la mousse et ne prête que peu d’attention aux Zodiacs que le Polarfront a rapidement mis à l’eau. De temps en temps il change de position, s’assoit, se lève, se tourne, pour retourner à chaque fois en position allongé.
Tous les passagers sont ravis de cette observation, certes à distance, mais qui vient couronner une journée où les intentions premières ont dû être modifiés en raison des conditions.
C’est une rangée de sourires qui rentre à bord.
C’est au sept îles que notre journée commence, après une navigation plus calme depuis la terre du Nord-Est, toujours dans le désert polaire. Le paysage est totalement différent de la veille : en effet, tout est recouvert d’une neige subtile et délicate qui donne une solennité aux montagnes de Phippsøya que nous longeons lors d’une petit croisière en Zodiac. Nous avons la chance d’avoir quelques morses couchés sur la rive, l’un d’eux fait une petite virée aquatique et nous montre sa puissance le temps d’un aller retour vers les Zodiacs. Un groupe de jeunes et de femelles sont beaucoup plus méfiants mais leur dizaine de têtes émerge au loin, ponctué de quelques souffles. Nous espérons les voir s’approcher un peu , comptant sur leur curiosité mais ils nous boudent et restent à bonne distance avant de disparaitre définitivement.
Nous scrutons le monochrome de blanc et débarquons sur la plage dure et gelée. Nous marchons le long de la grève vers la petite cabane modeste dont nous découvrons le confort spartiate mais répondant aux premières nécessités : bois, allumettes, sommier, porte anti-ours. Nous poursuivons sur les hauteurs pour une vue panoramique de ce grand ensemble blanc avant de retourner au Zodiac pour une dernière observation du groupe immobile, rejoint par un nouveau compère, tout aussi apathique que les premiers.
De retour au Polarfront, nous déjeunons et mettons cap sur Karl XII-øya, cet écrin au milieu de l’océan, superbe décor de notre après midi où nous spéculons sur les chances de voir peut-être un ours. Notre attente est comblée lorsque nous voyons non pas un mais deux ours!
Le premier, tranquille et étendu sur les hauteurs est difficilement observable mais semble faire un bon somme. Le deuxième, plus petit, sans doute un jeune de l’année dernière, apparait derrière les rochers, nous observe avant de s’approcher, curieux et de se promener sur la plage, truffe en l’air, langue dehors, humant et interprétant des odeurs peut-être inconnues.
Sommes-nous les premiers humains qu’il rencontre ? Il ne semble pas effarouché pour autant et vaque à ses occupations avant de se recoucher plus loin.Nous décidons de faire le tour de cette île, à la recherche peut-être de la mère . Est-ce elle couchée sur les hauteurs ? Se cache-t-elle entre les roches ou lui est-il arrivé quelque chose ? Difficile à dire. De retour après notre virée sur les flots, nous jetons un dernier regard à l’ourson maintenant allongé et repartons avec nos questions et nos émotions.
Nous dînerons après un petit chocolat chaud bienvenu et aurons un point informatif sur nos observations du jour ainsi que la route à suivre et les conditions glaces et météo.
Cap vers l’est, à la recherche des glaces et de la mystérieuse île blanche que nous espérons avoir la chance d’approcher.
Durant la nuit, notre commandante Sophie, a trouvé, conformément à la carte des glaces une concentration de plaques de banquise compatible avec nos activités et y a stoppé le Polarfront. La journée commence par une navigation autour de cette zone à la recherche d’un éventuel animal à poils blancs. Assez rapidement, c’est Christophe, notre chef d’expédition qui repère au loin un point plus jaune qui s’avère être un ours. Un Ours sur la glace ! Le Polarfront fait une approche prudente et à vitesse réduite afin d’approcher l’animal dans les meilleures conditions. L’observation dure plus d’une heure, l’ours marche s’assoit, se roule et choisira finalement de se mettre à l’eau et de nager en direction de la terre du nord Est.
Un peu plus loin, nous décidons de profiter de la mer calme et du soleil qui vient pointer ses rayons, pour faire l’expérience de cette banquise d’un peu plus près. C’est avec les Zodiacs que les passagers s’approchent des nuages de mouettes qui se reposent sur les flots et les crêtes de compression.
Un phoque barbu facétieux s’approche de nos embarcations et se fait tirer le portrait. Enfin, les guides choisissent une plaque épaisse et solide pour y faire débarquer les passagers. Expérience extrême dans des conditions idéales. Tout le monde est ravi et l’on s’échange les appareils photos pour immortaliser le moment. Un chocolat chaud est offert pour réchauffer les doigts et ajouter encore plus de saveur à cet instant.
Pendant le déjeuner, le Polarfront se dirige vers les iles de Brochøya et Foynøya toutes proches. Une excursion en Zodiac est prévue dans l’après midi pour en faire le tour et vérifier si des ours ne se seraient pas réfugiés sur ces rochers après la disparition de la banquise. 10 minutes à peine se sont écoulées lorsque Christophe invite le Zodiac de Sophie à le rejoindre. Une femelle ourse imposante et curieuse est descendue jusqu’à la ligne d’eau pour mieux considérer nos embarcations. A peine nous émerveillons nous de cette observation que nous réalisons qu’un second ours est allongé dans un névé un peu plus haut.
Voila une excursion qui commence bien ! Au total, le tour des deux îles nous aura permis de voir 9 ours plus ou moins « accessibles ». Les passagers sont ravis et rentrent vite dans leur cabine pour se changer et passer au bar afin de discuter de cette incroyable journée à 10 ours ! Après le dîner, les guides Sophie et Christophe reviennent sur nos aventures et évoquent le programme de demain qui devrait voir le Polarfront à la mythique île blanche…
C’est près des côtes de Kvitøya, la mythique île blanche que le Polarfront met l’ancre ce matin. Nous sommes à Kraemerpynet au Nord-Est de l’île.
Trois ours observés à la jumelle (sur la calotte!) motivent une sortie en Zodiac pour une meilleure approche. Si le baromètre nous épargne la brume, en revanche Njørd, dieu de la mer nous présente une houle ronde mais soutenue. C’est presque toujours le cas sur cette île ovale et sans arrête, très exposée au vent. Notre sortie est digne de celles des explorateurs d’antan: mouvementée et froide. Mais le magnétisme de cet endroit mystérieux agit sur nous comme une boussole. Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser au destin tragique d’Andrée et ses pauvres compagnons d’infortune, ces suédois voulant vaincre le pôle en ballon mais trouvant ici finalement la mort, troquant leurs rêves fous de conquête et d’absolu pour une agonie lente et inexorable dans ce décor aussi majestueux qu’effrayant.
Les ours restant en retrait, nous longeons la côte par delà le cap de Kræmerpynten et contemplons l’immensité de la calotte glaciaire immaculée et massive qui recouvre presque l’intégralité de l’île, ovni blanc sur les flots verts.
Nous retrouvons le confort du bateau après cette sortie vivifiante et sauvage et assistons à la conférence de notre guide Sophie sur l’expédition d’Andrée, retrouvée avec les plaques photographiques et les journaux de bord 33 ans après sa disparition. Nous méditons sur l’insignifiance et la valeur des choses avant de penser à des choses plus terre à terre et d’aller déjeuner alors que le bateau fait le tour de cette île si particulière, vers l’autre cap dégagé des glaces: Andréeneset.
Notre sortie de l’après midi sera sous un ciel plus clément et nous contournons le cap en Zodiac, quelques morses (dont une mère avec son petit sur le dos) nous observent au loin. Un ours est aperçu, tel un gardien immobile de ces terres hostiles mais si belles. Nous observons le sublime jeu des lumières, la géométrie des bords de la calotte et quelques icebergs aux tailles imposantes avant de retourner vers le bateau pour notre petit récap et dîner, loin des -4ºc de l’extérieur.
Dans la soirée, nous levons l’ancre et quittons ce lieu à l’atmosphère troublante et mystérieuse.
Le Polarfront s’éveille dans un émerveillement de glace. Après avoir navigué toute la nuit en direction du plus long front de glace de l’hémisphère nord, nous voici devant le Brasvelbreen. Le ciel est assez clair pour que l’on aperçoive l’Austfonna, la calotte de glace qui recouvre la partie Sud-Est de la terre du Nord-Est. Les environs de la falaise de glace blanche sont peuplées d’icebergs plus ou moins bleus, de brash plus ou moins dense.
Univers glacé changeant de caractère avec la lumière ou la brume, mais ne perdant jamais sont coté sublime. Ici et là, des phoques apparaissent autour du navire. Quelques morses paressent sur des morceaux de glace. Il y a même une mère avec son tout petit de l’année, vision rare au Spitzberg il y a encore quelques années.
Pas besoin de sortie Zodiac ce matin, l’activité est là, dans cette superbe navigation menée de main de maître par notre commandante Sophie.
Nous quittons les reflets bleutés de cette interminable falaise blanche et nous prenons la route de l’Hinlopen.
Nous arrivons à Torrelneset après le déjeuner, juste au moment où le vent commence à souffler de plus en plus fort. Christophe annonce une croisière Zodiac, mais, très vite, revient sur cette décision après avoir constaté que le vent forcit encore. Sécurité avant tout !
C’est à nouveau du Polarfront, que les passagers apprécieront la vue de cette grande colonie de morses qui compte une centaine d’individus dont de nombreux jeunes.
Lors d’une croisière expédition, c’est la nature qui commande et c’est au chef d’expédition et du capitaine de tirer le meilleur parti des possibilités pour l’expérience des passagers.
En s’engouffrant de le détroit d’Hinlopen, le vent s’accélère aux endroit les plus étroits à cause d’un effet entonnoir.
Grâce aux talents de navigateur de notre commandante Sophie, le Polarfront s’approche et effectue une dérive contrôlée sous la célèbre falaise d’Alkefjellet qui brille aujourd’hui par l’absence de ses principaux habitants : les guillemots de Brunnichs.
La majorité des passagers ne sont pas à leur coup d’essai au Spitzberg. Ils connaissent cette falaise qui abrite en saison quelques 60 000 couples de guillemots. Voir cette falaise abandonnée en cette fin de saison est une expérience en elle-même. Le site est tout aux mouettes, goélands et renards… Le contraste est saisissant et illustre un grand aspect de la nature : la migration.
Le Polarfront, le vent au portant, nous emmène dans un grand confort hors de cette zone de vent, vers notre prochaine destination et nos prochaines aventures, en terre Albert 1er.
Après une navigation de “nuit” avec un franc vent arrière, nous ancrons près de l’île de Klovingen où une carcasse de cachalot fraîchement échoué a été repérée. Encore relativement “frais”, il n’a pas encore été visité par les ours. Nous approchons avec les Zodiacs pour observer la bête, d’environ 8 mètres, sous toutes ses coutures. Chaque détail de son anatomie est observé : la tête énorme et le corps conçus pour les grandes plongées, les dents imbriquantes et implantées uniquement sur la mâchoire inférieure pour coincer ses proies et son évent décentré, particularité bien étrange de ce cétacé des profondeurs.
Nous continuons vers l’île voisine d’Ytrenorskøya en vue d’un débarquement et d’une balade. Quel plaisir de fouler terre à nouveau!
Nous évitons les zones prohibées de ce site baleinier protégé où des planches d’un cercueil abandonné près du sentier nous rappelle la triste histoire et la dure réalité de ceux qui tentèrent ici une vie meilleure et trouverons pour beaucoup la mort. Nous avons une pensée pour les malheureux dont, comme l’écrira Léonie d’Aunet dans son “Voyage d’une femme au Spitzberg” « l’oubli semble envelopper deux fois le mort, où ne s’entend jamais ni un soupir ni une voix, ni un pas humain [dans cette] solitude terrible, ce silence profond et glacé ».
Nous séparons le groupe en deux pour les marcheurs: l’un vers les cimes, l’autre vers le cap avec chacun ses commentaires sur la flore (surtout les lichens abondants et surprenants de ressources), la roche, le bois flotté et les courants; le tout couronné par la vue magnifique.
Lors des retrouvailles de nos deux groupes, notre chef d’expédition repère un renard isatis: une forme rare de renard polaire qui gardera sa couleur grise toute l’année. Lové sur lui-même dans la végétation entre les rochers, la petite boule de poils capte toute notre attention.
Nous finissons la promenade et de retour à bord, nous naviguons dans le fjord pendant le déjeuner et suivons les petits « récaps » sur le cachalot et les glaces en vue du front glacier. Il est bientôt temps de mettre les Zodiacs à l’eau devant le glacier de Smeerenburg pour une promenade aussi contemplative qu’éducative : le brash, floes, bourguignons et vêlages n’ont plus de secret pour nous. Nous assistons d’ailleurs à un vêlage spectaculaire : tout un pan du front glaciaire se détache pour notre plus grande surprise et plaisir. Cette manifestation de la nature nous saisit et nous laisse sans voix. Quel spectacle pour clôturer cette belle après-midi !
De retour au bateau, nous recevons de l’équipe hôtelière un vin chaud qui est le bienvenu et profitons d’un temps libre avant le repas du soir et l’appareillage pour aller vers le sud en direction du Kongsfjord.
Les conditions sont « méditerranéennes » ce matin dans la baie du roi. Le Polarfront est stationné devant la falaise de Ossian Sarsfjellet où nichent encore de nombreuses mouettes tridactyles.
C’est ici que nous sautons dans les Zodiacs en rêvant du dernier mammifère terrestre que nous n’avons encore pas bien vu : le renard polaire.
L’attente n’est pas longue car une famille entière vit ici dans des tanières au pied de la falaise. Comme la saison est bien avancée, leur pelage est très clair et trois d’entre eux sont complètement blanc.
Les Zodiacs passent plus d’une heure à faire des allers retours le long de la plage pour trouver les meilleurs angles d’observation. Les renards passent à quelques mètres seulement des objectifs d’appareils photo. Les observations sont d’une qualité exceptionnelle. Lorsque les cartes mémoires sont bien pleines de ces petits carnivores, nous partons vers le Nord en direction du glacier du roi pour une exploration de la côte. Nous nous intéressons à la géologie et trouvons des eiders et des bécasseaux qui farfouillent le sable en bord d’eau.
Enfin c’est l’heure du retour. Avant le déjeuner, Sophie réunit les participants pour leur parler de littérature polaire et proposer quelques ouvrages pour compléter leur expérience après ce voyage. En début d’après-midi, juste devant le village scientifique de Ny-Ålesund, notre joyeuse équipe débarque sur le site de Ny-London, connu pour son exploitation avortée de marbre au début du 20ème siècle. Les conditions sont idéales, le ciel est bleu et la visibilité horizontale est maximale. Au loin, on aperçoit les « 3 couronnes » et le glacier du roi. Le paysage est somptueux. Nous randonnons pendant plus de deux heures dans les vestiges de l’exploitation de marbre avec les commentaires de Sophie. Les arrêts photos sont nombreux. Un couple de plongeon Catmarin nous survole et se pose sur un petit lac voisin. Devant lequel nous nous asseyons quelques instants, en extase devant tant de beauté.
De retour au Navire, c’est l’heure du « récap » où nos guides évoquent Ny-Ålesund et le renard polaire. Martine, une passagère artiste peintre, nous montre son travail avant le somptueux diner du commandant.
Une grande journée polaire !
Le temps est au plus beau fixe pour notre dernière journée de croisière: Alkehornet et son décor incroyable s’offre à nous. Quelques macareux sont aperçus de même qu’un renard polaire au loin. La falaise rocheuse sur laquelle nichent les mouettes tridactyles est blanche par sa roche et le guano. Les tonalités vertes de la toundra bien grasse tranchent avec l’âpreté du climat polaire.
Il reste quelques rares fleurs vaillantes puisque la saison est bien avancée et ce sont maintenant des champignons qui leur volent la vedette. La forêt lilliputienne se pare déjà des couleurs de l’automne et les rochers ponctuent ce décor de touches de beige et brun ainsi que les francs oranges et jaunes du lichen. Un labbe parasite entrain de faire sa toilette est observé à faible distance sur une flaque qui peine à rester libre de glace : la différence de température entre le jour et la nuit est maintenant de plus en plus marquée et le frasil sur la surface de la mer engendre les premiers “bébés glaces”. Nous commençons une belle promenade depuis la plage parsemée d’algues laminaires et marchons sur le sentier de la toundra, ayant la chance de croiser des rennes peu farouches qui paissent paisiblement.
Ils se rapprochent suffisamment pour des clichés mémorables et nous sommes ravis de la présence d’une mère et son petit au milieu du groupe d’une vingtaine d’individus, disséminés parmi les touffes de mousses et de végétation. Nous profitons des points de vue panoramiques et du relief pour une belle mise en jambe et retournons au Zodiacs pour le déjeuner.
Nous poursuivons ensuite pour le fjord de Borebukta où nous attend notre dernière sortie, en beauté toujours : le front glaciaire et ses cathédrales de glace aux tons et couleurs dignes d’une palette d’artiste nous émerveillent. L’une des passagère qui est peintre nous énumère quelques noms de ces camaïeux : du bleu de Prusse à l’outremer en passant par le terre d’ombre ou le bleu pétrole, la terre de sienne brûlée, ces noms résonnent comme un poème. Nous naviguons dans les glaces et avons la chance d’assister à quelques vêlages au milieu des icebergs, reliques de ce chaos maintenant immobile.
Au retour le Zodiac se fraye un passage parmi les croûtes d’une glace toute fraîche en train de se former et qui s’effrite sur notre passage au ralenti. Nous rejoignons le bord et enchaînons avec la visite de la salle des machines sous la houlette de notre cheffe mécanicien Charlène qui nous raconte la vie et fonction du moteur, fuel, osmoseur, machines et autres particularités de notre navire avec une aisance et une pédagogie chaleureuse. La voilà vite de retour à la tâche pour démarrer ces monstres de métal qui nous amèneront à bon port: Longyearbyen. Nous avons sur la route un dernier point info avant notre pot de départ en présence de l’équipage suivi d’un diaporama sur notre voyage. Quelles aventures avons nous vécu ! Quelle chance est la nôtre ! Nous savourons les dernières images avant d’assister à la manœuvre d’arrivée de retour dans la civilisation.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Ravis de pouvoir enfin vous suivre .profitez bien. Bisous bisous
Formidable de vous suivre.
Magnifique l’ours
On se souvient de Christophe qui racontait de passionnantes histoires sur l’ortelius
Bonne continuation
Quelle idée géniale ce journal qui nous donne des nouvelles « fraîches « ! Esperons que le temps s’améliore. Le premier ours ne sera sans doute pas le seul ! Bonne continuation
Je te suis sur le journal, avec un peu de retard.. Bises
Pas de nouvelles depuis mercredi. J ai hâte de vous retrouver! Bisous je pense bien à vous
Ah vous revoilà ! Super, et que de belles rencontres! A + gros bisous
Je découvre avec plaisir ce carnet de voyage et quelques belles photos en attendant le récit de vos émotions et vos photos personnelles.
Dix ours dans la même journée…..vous nous faites rêver.
Bonne fin de croisière.
Coucou. Depuis l Autriche nous venons de découvrir vos dernières aventures. Bruno a troqué le vin chaud contre la bière car le temps est pour l’instant superbe. Bonne fin d excursion. Bisous