Christophe Bassous
Arctique et Antarctique
1 septembre
13 septembre 2021
Christophe Bassous
Arctique et Antarctique
Nathanaël Vetter
Arctique et Antarctique
Photos d’illustrations, prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Ce mercredi 1er septembre marque le début de notre voyage. Depuis l’avion qui nous mène jusqu’à Longyearbyen, les paysages défilent et nous remplissent déjà d’émotion. Les pics du Spitzberg se dévoilent sous les nuages, les côtes embrassent une mer d’huile sur laquelle le soleil se reflète. Le paysage est spectaculaire et promet de belles explorations. Nous arrivons donc en début d’après-midi à Longyearbyen, ville la plus septentrionale au monde, mystérieuse cité minière entouré d’un somptueux panorama.
Nos guides, Christophe et Nathanaël, nous accueillent à l’aéroport et se présentent dans le bus qui nous mène au « centre-ville ». Nous avons le temps de flâner dans les quelques rues qui composent cette ville de 2500 habitants, de visiter le musée qui expose la riche histoire du Svalbard, et de flâner dans les quelques boutiques de ce bout du monde, avant d’être totalement coupé de celui-ci durant les douze prochains jours.
Vers 17h, il est temps pour nous de rejoindre notre navire ; le Grand Large nous attend à quai et l’équipage nous accueille à bord : la croisière peut commencer. Lexter, le second capitaine, nous présente les indispensables règles de sécurité à bord et Christophe nous expose les directives à respecter en Arctique. Très vite, nous nous rendons à la passerelle, bénéficiant de la vue quasi panoramique de celle-ci, et faisons la rencontre de notre capitaine, June, capitaine dynamique et plein d’humour. Nathanaël nous raconte déjà des bribes d’histoires des lieux devant lesquels notre bateau navigue. Nous apercevons Colesbukta, ancien site minier russe, abandonné en 1961.Tous nos guides sont déjà armés de leurs jumelles, afin de pouvoir repérer les animaux. Nous sommes ici dans le royaume de Nanook, le Grand Voyageur, l’ours blanc. Après que le bateau se soit réfugié dans un fjord pour nous protéger du vent et éviter les roulis durant notre repas, nous nous mettons à table et profitons d’un délicieux repas préparé par notre chef philippin, Jerry. Après cette journée rythmée par les transports, nous rejoignons notre cabine afin d’être en forme pour notre première véritable journée au cœur de l’archipel du Svalbard. Demain, nous serons déjà loin de tout, déjà au bout du monde.
Nous nous réveillons par 78°56.875 Nord et 13*08,8E. Nous apercevons déjà nos premiers icebergs qui scintillent sous un magnifique soleil. En naviguant en direction de la Baie du Roi, nous passons devant la troisième « ville » du Spitzberg : Ny-Ålesund, une station scientifique internationale où travaillent jusqu’à 200 personnes en été et 40 en hiver, et qui représente un des sites historiques les plus importants dans l’histoire de la conquête du Pôle Nord.
Après avoir pris notre petit-déjeuner, nous partons pour notre première excursion en Zodiac pour nous rapprocher des glaciers de la baie : Kongsvegen et Kronebreen. Ces colosses de glace, de 40 à 60 mètres de haut, s’imposent devant nous et dévoilent de magnifiques nuances de bleus et de gris. Les glaciers craquent à plusieurs reprises, laissant comprendre que ces derniers « vivent » et que des vêlages internes peuvent avoir lieu.
Cette nature sauvage nous laisse admirer un énorme vêlage sous-marin, plutôt rare, qui fait remonter à la surface une partie initialement immergée de la glace. Un iceberg est ainsi formé, et commence sa lente dérive à la surface de l’eau. Des mouettes tridactyles, survolant nos Zodiacs, viennent compléter ce tableau polaire et brisent le silence arctique. Les conditions sont encore pleinement estivales et nous en profitons pour prolonger notre excursion. En longeant le front glaciaire, nous nous retrouvons, de nouveau face à un magnifique vêlage. Dans un bruit fracassant, un énorme pan de glace tombe dans la mer, soulevant une vague de belle hauteur. Ce dernier provient cette fois-ci de la face du glacier. Nous reprenons la direction du navire bercés par les vagues de cet incroyable vêlage.
Nous sommes attendus par notre cuisinier Jerry et son équipe pour un copieux déjeuner. Pendant le repas, un fromage a attisé la curiosité du groupe, un aspect de caramel au goût de gouda ? Nous parlons bien du Gudbrandsdalsost ! Les avis divergent, néanmoins certains y retournent.
Nous profitons d’un temps libre sur le pont du navire pour admirer le panorama qui s’offre à nous, et repérer, sur la falaise d’Ossian Sarsfjellet qui nous fait face, nos premiers renards polaires. Ces derniers, déjà dotés de leur pelage d’hiver d’un blanc presque immaculé, se détachent de l’arrière-plan de la toundra, teinté de rouille et de vert.
Ces n’est pas un, ni deux, ni trois, mais quatre renards arctiques qui nous font face, descendant parfois jusqu’à la plage à une vitesse incroyable. Un renne, paissant tranquillement sur le flanc de la falaise, vient compléter ce tableau vivant.
Il est15 heures. Nous sommes a Ossian Sarsfjellet ou une belle balade nous attend sous les piaillements des mouettes tridactyles virevoltant au-dessus de nos têtes.
Nous rencontrons dès les premiers pas, un beau renne couché face à nous. On peut apercevoir ses velours se détacher sur la partie supérieure de ses bois. Nos guides nous donnent quelques précisions concernant le cycle de vie des rennes en Arctique. Ils perdent chaque année leurs bois. Ces derniers apparaissent, en revanche, en quelques mois seulement ! Nous trouvons sur notre chemin un crâne d’animal. Il s’agit d’un petit renard. Les renards observés sont d’un blanc immaculé cette année. Ce qui est très rare ! Leur pelage est si blanc et étoffé que l’on pourrait imaginer un poids supérieur à 10kg. En réalité, les renards pèsent environ 2,5 à 5 kg.
Nathanaël nous explique la complexité de ce lieu au niveau géologie. Des roches métamorphiques sont observées au cours de notre balade. La transformation de ces roches conduit à de fabuleuses falaises colorées.
Nous arrivons au sommet après 3km de marche et nous surplombons la vallée. Notre navire semble tout petit entre les falaises illuminées par un soleil étincelant. Nous prenons le temps d’une pause afin de contempler la magie de cette nature ; des paysages à perte de vues entre montagnes et fronts glaciers, et surtout ces sons reposants, loin du tumulte quotidien. Nous terminons cette merveilleuse exploration par le front de mer, avec une vue imprenable sur la falaise où nichent ces centaines de mouettes, et le glacier de Blomstrand en second plan. Le Grand Large, notre yacht polaire, a fière allure dans ce paysage arctique et nous sommes heureux de pouvoir retrouver sa chaleur réconfortante. Les petits renards blancs font encore les fous sur la plage et se coursent les uns les autres… C’est juste génial !
Après le repas, notre capitaine navigue dans la Baie du Roi, pour que nous puissions apprécier au mieux le paysage et évoluer entre les icebergs qui nous entourent. Les couleurs de cette fin de journée donnent à ce panorama une poésie supplémentaire : un chamarré de roses déchirant le ciel, derrière les pics enneigés du Spitzberg. Tout le monde est sur le pont du navire, ou bien à la passerelle, et admire avec émotion les paysages polaires qui s’offrent à nous : les glaciers qui se jettent dans la mer, le frazil – fine couche de glace qui commence à se former à la surface de l’eau – les icebergs à la dérive, les montagnes se découpant à l’horizon. Il est difficile de quitter ce merveilleux spectacle pour aller rejoindre nos cabines. Demain, une autre belle journée polaire nous attend.
Ce matin, c’est par 79° 43.895 – N 11° 01.005 E que le Grand Large se réveille.
Nous sommes dans le Fjord de Smeerenburg, lieu historique du Spitzberg. 9h00, notre excursion en Zodiac peut débuter. Entre Amsterdamøya et Danskøya, la vue est dégagée et le ciel arbore de douces lumières pastels, qui contrastent avec les couleurs sombres des montagnes.
Nos guides nous dévoilent l’objectif de cette excursion: nous recherchons des phoques communs, qui viennent généralement se réfugier dans la baie. Très vite, nous les repérons au loin, profitant de la marée descendante pour se prélasser sur leurs rochers. Les phoques sont assez sensibles au bruit, et nous effectuons une approche discrète, à distance respectable, et évitons tout geste brusque afin de ne pas les effrayer. Nous en comptons une cinquantaine, joli rassemblement que nos guides estiment assez conséquent. Ces phoques communs, encore appelés veaux marins, assez placides, ne semblent guère importunés par notre présence. Quelques individus, curieux, tournoient autour de nos Zodiacs et semblent jouer avec les yeux aguerris des photographes que nous sommes. L’eau, limpide, nous permet d’apprécier leur ballet de nage et la vitesse à laquelle ils se déplacent.
Puis, nous nous dirigeons lentement vers Amsterdamøya où une colonie de morses est présente sur la plage. C’est notre première rencontre avec ces pinnipèdes imposants ! Les femelles sont proches de la tonne et les mâles font jusqu’à 1,5 tonnes. Ces animaux très grégaires sont collés les uns aux autres et semblent complètement indifférents à notre présence. Ils dégagent une forte odeur (un euphémisme) qui marque bien leur territoire. Leurs défenses peuvent mesurer jusqu’à 1m de long.
Le glacier Frambreen d’un bleu turquoise illustre parfaitement notre arrière-plan.
L’île où nous débarquons est jonchée de bois flottés venant de Sibérie. Nous marquons quelques arrêts pour en apprendre davantage sur ce lieu chargé d’histoires. Il y a environ 400 ans, les baleiniers venaient passer leurs étés pour chasser les baleines et en récupérer leur précieuse graisse qui était à l’époque un combustible recherché. Après avoir tué l’animal, ils récupéraient donc cette dernière et la brulaient dans d’énormes fours en cuivre pour la liquéfier. Ces mêmes fours étaient protégés par un enduit fait de sable et de graisse de baleines dont nous pouvons encore observer les vestiges aujourd’hui.
À notre retour, le Capitaine June profite du temps du déjeuner pour naviguer jusqu’au glacier, Svitfjordbreen, majestueux. Puis, nous jetons l’ancre entre 2 îles, Ytre Norskøya et Indre Norskøya. Le soleil est radieux, la glace scintille sous ses rayons pour le plus grand plaisir de nos passagers. Cet après-midi, une marche est prévue sur l’île qui surplombe le fjord. Nathanaël, Justine et Laureline partent en reconnaissance en Zodiac afin de s’assurer qu’aucun ours ne foule déjà ces terres et que nous puissions randonner en toute sécurité. Le doute levé, nous embarquons sur nos Zodiacs et débarquons sur l’île, dont la toundra prend des teintes mordorées. Nathanaël nous explique que cette île servait de repères pour les baleiniers qui, bénéficiant d’un excellent panorama, se livraient à la chasse à la baleine depuis ces rives.
Nous marchons jusqu’au sommet d’environ 180m d’altitude pour apprécier une vue à 360 °. Cette vue dégagée nous permet d’apercevoir clairement le cimetière des baleiniers en contrebas, le deuxième plus important du Spitzberg. Au loin, la calotte glaciaire de la Terre du Nord-Est émerge des montagnes enneigées. En repartant en direction du navire, Françoise repère un renard polaire flânant sur cette même île. Ce renard est cette fois-ci marron, il est appelé « Renard bleu » ou également « isatis ». Cette population représente 5% des renards du Spitzberg.
De même, l’eau claire de la mer Arctique regorge de richesses inattendues. Nous entrevoyons méduses orangées, copépodes et plein d’autres espèces planctoniques reluisant au soleil, nécessaires à la biodiversité et à l’activité des cétacés et d’une foule d’autres animaux.
De retour à bord, Nathanaël anime un atelier photo dans lequel il nous livre ses conseils avisés; nous réalisons un tour de table pour connaître les habitudes et les objectifs de chacun à travers la photographie. Durant le dîner, la bateau s’est repositionné pour nous permettre une excursion imprévu : nos guides ont repéré une carcasse de jeune cachalot, qui nous parait pour le moment vierge de toute morsure ursine. En s’approchant, nous réalisons la taille de ce colosse d’environ 7 mètres de long, mâchoire pendante, qui fera surement le bonheur de plusieurs ours pour les semaines à venir… Pour l’heure, Nanook n’a pas daigné se montrer. Néanmoins, le spectacle est ailleurs : les lumières de cette fin de journée sont spectaculaires et donnent aux montagnes du Spitzberg une allure particulière. Les pics se dessinent sur ces tons pastels, bleus et roses, sur lesquels dansent les fulmars et les macareux. Il est 22h30, mais il nous est impossible de rentrer dans nos cabines. Le soleil décline à l’horizon, mettant fin à cette journée tout simplement magique .
Nous ouvrons les yeux par 79°44.925 Nord, 18°01.643 Est…. Comme tous les matins, la majorité d’entre nous se retrouve sur la passerelle, saluant notre capitaine June et profitant de la vue panoramique pour observer le paysage. Aujourd’hui, le soleil est encore radieux, et le ciel, bleu indigo, est moucheté de quelques nuages fins et rosés, sublimant ce cadre spectaculaire. Le bleu de la mer se confond au bleu du ciel, la ligne d’horizon est à peine visible. La journée se présente plutôt bien… Au petit-déjeuner, l’ambiance est au rendez-vous, Catherine fête son anniversaire aujourd’hui, et la nature, toujours aussi clémente, a prévu de la gâter. Christophe surgit dans la salle du petit-déjeuner « Tout le monde sur le pont ! ». L’émotion nous gagne, les cris de joie se font entendre : devant nos yeux ébahis défile notre premier ours. Le capitaine June passe sa tête par la fenêtre de sa passerelle, un large sourire éblouissant son visage « Happy birthday Mrs Catherine ». Le ton est donné, l’ambiance sera aujourd’hui à la fête, et les conditions ont bien l’air de s’y prêter.
9h, nous embarquons sur nos Zodiacs pour approcher de plus près le Seigneur de l’Arctique, évoluant dans son royaume. Ici, c’est la nature qui dicte ses lois et nous sommes ses hôtes, nous nous devons alors de nous adapter et de la respecter. Nous nous approchons de la plage sur laquelle l’ours évolue tout proche d’une carcasse de cétacé déjà bien entamée. D’un pas lent et majestueux, il longe la plage puis se couche derrière une petite dune qui nous laisse juste entrevoir sa tête, qu’il redresse à plusieurs reprises pour nous donner des coups d’œils furtifs. Le silence règne dans les embarcations, c’est notre première rencontre tant espérée avec Nanook, et nous la savourons pleinement.
Les Zodiacs se fraient un chemin dans le frazil, fragile couche de mer gelée, première étape de la formation de la banquise, pour nous rendre dans le fond du Lomfjord dans lequel nous naviguons. La glace craque et se brise à notre passage, des petits cristaux éclatent et glissent sur la surface gelée à la manière d’un ricochet. Les guides sont prudents, naviguer dans ce dédale de fine glace est une opération délicate mais néanmoins excitante pour l’ensemble du groupe. Cette formation de la glace marque la fin de l’été et le début d’un hiver rude, durant lequel la banquise formée sera le nouveau terrain de jeu des ours. Durant la navigation, surprise, un autre ours est aperçu au loin, marchant en direction de la carcasse, d’un pas décidé. Le temps de quelques clichés et il disparait déjà dans la toundra.
Pour parfaire ce tableau arctique, des mouettes tridactyles, jonchées sur un pan de frazil, se laissent bercer par les douces ondes de la glaces créées par notre Zodiac, et prennent leur envol à notre arrivée, pour se reposer quelques mètres plus loin. Les montagnes, striées par des roches de différentes couleurs et dont certaines semblent rougis par le soleil, contrastent avec les quelques névés et langues de glace qui coulent sur les flancs de ces monts. Le panorama est grandiose, inespéré. Au loin, nos guides repèrent un autre ours, immobile sur un pan de la vallée. Au fur et à mesure que nous nous approchons, les jumelles vissées sur le nez, nous remarquons que l’ours en question n’est pas seul; il s’agit d’une femelle suitée de ses 2 oursons. Nous les observons de loin, mais nos jumelles nous permettent d’être les témoins d’une scène magnifique, l’un des deux oursons étant lové dans la fourrure de sa mère, la tête posée sur son train arrière. Les fourrures, d’un blanc immaculé, se détachent du brun brûlé de la toundra. Ces instants sont magiques, le temps est suspendu. La région arctique se dévoile ici dans toute sa splendeur.
Nous faisons demi-tour pour retrouver notre bateau après plus de deux heures d’excursion. Le paysage est magnifique, l’immensité s’étend devant nous, le soleil est rayonnant et nous réchauffe le corps. Nous suivons le sillon créé par notre venue, et profitons de ces instants merveilleux au cœur de la glace. Avant de retrouver l’ambiance chaleureuse de notre bateau, c’est encore un ours qui ère tout près de la carcasse, et se rapproche subtilement d’un groupe de rennes paissant tranquillement en arrière-plan. L’ours s’allonge, puis se roule à terre, ravissant les photographes que nous sommes.
Il est temps de rentrer, le déjeuner nous attend et nous avons tout de même besoin de nous réchauffer. Cette journée a merveilleusement bien commencé…
Pendant notre déjeuner, notre bateau vogue en direction du détroit d’Hinlopen, qui sépare le Spitzberg de la Terre du Nord Est sur environ 170km. La mer, ce matin d’huile, est un peu plus agité dans ce détroit plus exposé au vent. Nous reprenons nos Zodiacs à 14h30 pour nous rendre aux falaises d’Alkefjellet, site incontournable du Spitzberg. Les falaises d’Alkefjellet sont absolument impressionnantes. Véritables cathédrales basaltiques, les parois abruptes servent de nichoirs en été à quelques centaines de milliers de guillemots de Brünnich. La plupart sont partis la semaine dernière mais certains individus sont encore visibles, perdus entre les mouettes tridactyles et les jeunes goélands. Un renard polaire, animal opportuniste profitant de la présence des oiseaux, fait son apparition entre deux falaises majestueuses.
Nous terminons notre virée par un passage devant une partie du glacier d’Odinjokulen. La glace turquoise scintillant, nous sommes éblouis par ces contrastes de couleurs.
Nous sommes de retour à notre bateau. Notre Chef d’expédition profite de cette journée de rencontre avec le Seigneur de ces lieux pour nous faire une première conférence sur l’ours polaire. Nous clôturons la journée avec une jolie célébration pour l’anniversaire de Catherine. Jerry, notre Chef lui a préparé un gâteau spécialement pour l’occasion et nous lui offrons un livre sur le Spitzberg. L’équipage et l’équipe d’expédition se regroupent dans le salon pour célébrer cette journée parfaite ! En cette soirée du 4 septembre, l’Arctique nous montre un autre visage, il neige…
Notre bateau émerge doucement par 79°26.183 Nord, 019°28.782 Est. Aujourd’hui est une journée particulière, puisque les conditions climatiques nous empêchent de réaliser les activités initialement prévues. En effet, depuis hier soir, nous mouillons devant Nystromoya et le vent souffle à 40 nœuds, les sorties en Zodiacs sont donc reportées par souci de sécurité. Nous savons que les conditions climatiques rudes du Grand Nord peuvent parfois compromettre certains plans. Qu’à cela ne tienne, nos guides ont plus d’un tour dans leur sac et prévoient des activités instructives à bord. Malgré ce changement de programme fortuit, la bonne humeur règne dans le bateau. À 10h, Nathanaël termine son atelier sur la photographie afin de nous donner toutes les clefs pour réussir nos clichés durant cette croisière expédition. Il nous rappelle judicieusement de ne pas omettre de regarder les paysages avec nos propres yeux et non uniquement à travers le viseur de nos appareils. Les paysages qui s’offrent à nous durant ce voyage sont uniques, il s’agit donc de s’en imprégner pleinement. Le déjeuner est servi à table et nous profitons malgré tout des rayons de soleil qui percent à travers les fenêtres du Grand Large. Cette journée est inhabituelle, mais nous prenons le temps de nous reposer et profitons des moments ensemble, dans l’ambiance cosy du salon de notre bateau. Dans l’après-midi, Christophe nous présente une conférence passionnante sur la vie planctonique. Le plancton est matière organique qui se meut au gré des courants. La première cellule vivante est apparue il y a 3,5 milliards d’années. Il nous apprend que le phytoplancton, cellule végétale, produit plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons… Nous prenons conscience de son intérêt vital et de la nécessité de sa protection.
Entre ces ateliers scientifiques, nous voguons entre la passerelle, où la bonne humeur du capitaine June nous fait sourire, et le pont où le vent vient nous piquer le visage. À 18h, Nathanaël nous présente sa mission réalisée en 2011 sur les îles Kerguelen, avec la fondation Paul Emile Victor. Les clichés qu’il nous présente sont spectaculaires. Nous sommes finalement convoqués sur la passerelle du capitaine, des souffles ont été observés… Après avoir scruté l’horizon tous ensemble, nous apercevons deux jeunes morses nageant dans les eaux glaciales du Spitzberg. Durant le repas, les moteurs ronronnent à nouveau, nous avons l’espoir de reprendre notre expédition dès demain matin… En attendant, une odeur de pop-corn vient chatouiller nos narines… Soirée cinéma avec un reportage sur l’Antarctique, de quoi nous faire encore rêver…
La navigation de la matinée est sublime. Nous longeons le majestueux front de Brassvelbreen. Le ciel est teinté d’un gris sombre tombant délicatement sur la couverture de brash, le paysage est tout simplement irréel.
Un peu avant midi, Nathanaël repère un ours. L’observation est différente des précédentes, nous avons devant nous une belle femelle déambulant fièrement entre les multiples icebergs qui l’entourent. Nous sommes sur les ponts extérieurs, silencieux et admiratifs. Les icebergs d’un turquoise pure contrastent avec ce ciel grisonnant mais pourtant dégagé.
Nous devons tout de même nous rendre au restaurant pour profiter du déjeuner. Notre cuisinier, Jerry, nous fait découvrir des plats asiatiques (notamment philippins et indonésiens) typiques à notre plus grand plaisir ! Nous régalons nos papilles avec un « Adobo » du poulet et du porc mariné accompagné de riz, nommé « Nasi Qoreng ». Une « Tamarind soup » est également proposée pour alléger ce repas.
Nous n’avons pas eu le temps de terminer nos dernières bouchées, nous entendons notre Capitaine June à la radio « Olala ! » suivi de Nathanaël qui nous promet une observation magique ! Nos parkas enfilées, nous entrevoyons de nouveau une femelle, cette fois-ci accompagnée de ses deux petits. Les 3 ursidés semblent dormir, bercés par l’iceberg sur lequel ils ont trouvé refuge, qui bouge au gré du vent.
Une scène pleine de douceur et dans un paysage féerique. Notre commandant Lexter nous fait une approche tout simplement incroyable afin de pouvoir s’approcher sans les déranger. Après avoir dormi un long moment, la femelle semble soudainement agitée. Et pour cause, un phoque erre dans les eaux avoisinantes et cette jeune mère a sans doute senti l’odeur de cette proie. Elle semble scruter les horizons, passe plusieurs fois sa langue sombre à l’extérieur de son énorme gueule, se penche au-dessus de l’eau à l’affut du moindre mouvement. Elle se lance alors à la recherche de ce phoque, et commence à se déplacer entre les différentes plaques de glace, pleine de grâce, majestueuse au cœur de ce royaume glacé. Ses deux oursons, émergeant doucement, se mettent également en mouvement et suivent habilement leur mère. D’un blanc immaculé, ces jeunes semblent s’entraider pour pouvoir rejoindre rapidement leur mère qui est déjà loin d’eux.
Certaines lueurs rosées apparaissent dans le ciel, c’est un spectacle. Nous sommes encore une fois sous l’émotion de cette merveilleuse observation.
Les icebergs bleus translucides, hérissés de quelques mouettes tridactyles, caressent cette scène de vie. Nous continuons notre navigation le long de ce front glaciaire de 160km de long, un colosse de glace qui nous parait infini et qui disparaît dans une brume lointaine. L’atmosphère est parfois presque fantomatique, typique du grand nord. Nous naviguons à présent dans une mer de glace, le brash créant une nappe qui danse et se meut au gré des ondes créées par notre bateau.
Après plusieurs heures à observer ce paysage grandiose, Christophe nous propose une conférence sur les enjeux de la bio-politique polaire. Après le diner, nous retournons en passerelle où nous assistons au spectacle de la frontière marquée entre l’eau douce provenant des torrents sous-glaciaires, brune, et l’eau de la mer, beaucoup plus limpide. Nous ancrons en pleine mer, devant cette calotte glaciaire qui aura marqué notre journée. Demain, nous irons encore plus au nord, afin de chercher la banquise et éventuellement la fouler.
Nous avons passé une nuit calme au mouillage, bercés par les flots. Christophe profite du petit-déjeuner pour nous faire un point sur les prochains jours, durant lesquels nous avons la possibilité de continuer notre route vers le nord. Nous naviguons donc en longeant le front glaciaire qui nous offre des paysages toujours différents. Les icebergs d’un bleu cobalt qui émergent de cette calotte semblent danser à la surface de l’eau, bousculés par le brash, toujours plus présent. Le paysage est presque énigmatique, le front apparaissant doucement derrière la brume matinale. Certains icebergs sont colossaux, prenant des formes différentes, accidentés par les flots.
Les nuances de bleus de la glace sont magnifiques, les oiseaux en équilibre dessus offrent un relief supplémentaire et des envolées poétiques. De temps à autre, nous apercevons des phoques sortant la tête de l’eau, puis rejoignant les eaux glaciales, si limpides que nous pouvons les observer quelques secondes sous l’eau. Très vite, les rayons du soleil transpercent la brume qui coiffait la calotte glaciaire. Celle-ci nous dévoile alors ses plus belles couleurs, chamarrés de bleus et de blancs lacérés par les couches brunes des moraines. Si nous regardons à l’avant du bateau, un ciel bleu azur se détache, alors que la brume est encore bien présente derrière nous, offrant un ciel rose bien différent. Nous passons notre matinée à la passerelle, scrutant les horizons, nous habillant et déshabillant pour aller faire quelques clichés sur le pont, profitant de cet air vivifiant.
Nous arrivons vers 12h vers Isispynten, l’île d’Isis, autrefois un cap, pointant sous la calotte de de la Terre du Nord-Est, et qui a été dégagé grâce au recul du glacier. Au printemps, la fonte de la neige amène les bédières à déverser des torrents d’eau en cascades. Celles-ci sont actuellement gelées et cachent des fentes à plusieurs endroits. Ce paysage lunaire de moraines, recouvert d’une fine couche de neige, offre un environnement propice aux sternes arctiques. La houle, nous empêche de débarquer en Zodiac. Nous restons alors dans la chaleur réconfortante de notre bateau pour profiter du déjeuner, et notre capitaine reprend sa route vers le nord, vers des terres plus calmes.
En attendant, le bateau est bousculé, et beaucoup d’entre nous regagnent leur cabine afin de ne pas souffrir de ce roulis. En fin de journée, nous apercevons de nouveau une île, couvert elle aussi d’une calotte glaciaire épaisse, d’un blanc scintillant. C’est l’île de Storøya, appelé aussi « La petite île Blanche ». Elle fut explorée en 1898 et reste souvent inaccessible à cause de la banquise. Elle donne alors une impression de bout du monde, et nous sommes seuls dans cette immensité… Seuls ? Peut-être pas. Nos guides nous proposent une petite excursion en Zodiacs au tour d’une partie de l’île afin d’aller voir de plus près cette terre perdue, et très vite, Françoise distingue une masse mouvante sur cette immense calotte glacée. Après vérification aux jumelles, il s’agit bien d’un ours, le 10ème de ce voyage, évoluant dans un paysage lunaire, dans son environnement le plus pur. Cette observation est exceptionnelle. L’ours se déplace sur ce mont de 25 km2 créé par la glace, marchant sur l’arrête, sa silhouette se détachant alors sur le ciel rosé.
C’est incroyable, après avoir observé le Seigneur de l’Arctique au cœur de la toundra, sur la banquise ou encore bercé par un iceberg, le voilà désormais majestueux, au sommet de la glace, au bout du monde. Nous suivant ses pérégrinations depuis la mer, mais la brume se lève à nouveau et nous le perdons de vue. Nous voudrions attendre qu’il descende de sa falaise, mais le froid nous pique le visage, la neige nous fouette les joues et surtout la houle s’accentue. En rejoignant notre navire, nous apercevons alors un deuxième ours, marchant au loin dans la même direction que son compère. C’est incroyable, nous réalisons que les ours sont capables de vivre dans ces environnements extrêmes, bien loin de la toundra brûlée par le soleil. Peut-être vont-ils attendre ici le retour de la banquise, terrain de jeu idéal pour ces prédateurs de phoques. Nous revenons donc heureux, après cette nouvelle observation d’ours, qui crée toujours une excitation supplémentaire. Après le dîner, Nathanaël nous présente les évolutions des glaces durant ces dernières années, et développe le sens de notre itinéraire. Denis, un des passagers, complète cette présentation avec des éléments géologiques tout à fait intéressants. Demain, nous naviguerons de nouveau vers le nord, pour faire route jusqu’aux 7 îles, mythiques, pour le plus grand bonheur de tous.
Nous nous réveillons par 80°01.8N 28°00.9E … Notre nuitée en mouillage a été bien calme. Il est temps de reprendre notre route pour l’île Foynøya. Nous apercevons la côte au loin. Les vagues déferlent, quelques guillemots glissent face à nous, le vent s’agite et quelques flocons apparaissent. L’Est nous paraissait si excentré et inaccessible, nous y sommes. Le ciel est bas et notre visibilité est plutôt réduite. Ces paysages nous montrent à quel point la météo peut rapidement évoluer. Nous décidons de continuer jusqu’à l’île d’en face, Brochøya. Elle est aussi sous un épais brouillard. Décidément, ces îles nous laissent un sentiment de bout du monde.
Notre navire vogue lentement dans ces terres brumeuses, nous laissant le temps de s’imprégner de cette atmosphère hostile. Ces zones font parties de la Réserve Naturelle du Nord-Est du Svalbard. Peu explorées, il y a très peu de végétation sur ces îles mais l’ours polaire, les sternes arctiques et guillemots y sont néanmoins observés fréquemment. Cette journée de navigation permet d’échanger avec le Capitaine et l’équipe d’expédition sur les plans prévisionnels des prochains jours. L’idée est donc de contourner l’archipel par le Nord avec comme prochaine destination l’île Karl XII et les 7 îles. Certains profitent de ce temps libre pour rendre visite à Andrei en salle des machines où nous sommes conviés pour les plus passionnés.
Nous nous retrouvons face à l’île Karl XII vers 18h. Nous sortons les Zodiacs quelques minutes plus tard pour une croisière expédition. Les roches métamorphiques sortent de l’eau et sont bousculés nerveusement par les vagues de la houle, toujours bien présente. Nous enfilons nos tenues imperméables pour affronter ce froid et nous nous retrouvons sur cette mer quelque peu agitée. Nous changeons de cap pour approcher l’île et les mouvements de va et vient des vagues sur notre Zodiac se calment légèrement. Nathanaël nous conte durant ce trajet les histoires épiques des premières expéditions au Pôle Nord, dont celle de Nobile, en 1928, dont le dirigeable s’écrasa sur la banquise non loin de l’île Karl XII que nous sommes en train d’explorer. Puis, nos guides repèrent une tâche jaune au loin, nos jumelles confirment quelques instants plus tard la présence d’un ours. Incroyable.
Nous sommes donc face à lui. Hésitant, il se lève puis parcourt quelques mètres chevauchant les roches. Une scène encore différente, il s’agit d’un mâle, se tenant fièrement sur son promontoire. Cette rencontre intime ne laisse personne indiffèrent, nous croisons son regard, nous restons immobiles. Pas un seul bruit, nous entendons les vagues claquer sur les roches, les quelques sternes restantes virevolter au loin… Un moment mythique que nous prenons le temps d’apprécier. Nous l’avions rencontré hier dans son écrin blanc, la calotte glaciaire tel un alpiniste aguerri, il est donc passionnant de le rencontrer si seul aujourd’hui encore dans ce type de paysage sombre et rocheux.
De retour au navire, nous débriefons cette magnifique rencontre pendant le dîner. Un film sur l’expédition Nobile est projeté au salon ce soir, « La tente rouge », nous faisant revivre les expéditions polaires sur ce bout du monde tant convoité. Cette nuit, nous naviguerons en direction des 7 îles, et découvrirons encore de nouveaux paysages arctiques.
Après une nuit à voguer en direction des 7 îles, nous arrivons vers 6h du matin face à Phippsøya et Martensøya, au cœur d’un paysage embrumé et fantasmagorique. Nous prenons les Zodiacs vers 9h pour explorer de plus près ces deux îles, perdues au milieu de l’océan glacial Arctique. Ces îles sombres, aux reliefs intimidants, peinent à émerger de l’épaisse brume qui nous entoure. Sur Phippsøya, nous apercevons une cabane de fortune, ancien refuge de trappeurs, dont nous imaginons les épopées dans ce milieu si reculé. Il s’agit de la cabane la plus nordique de l’océan arctique. Non loin de cet abri dorment trois énormes morses, qui daignent de temps à autre relever leurs têtes bardées de leurs immenses défenses. Le paysage est énigmatique, et la vie de ces quelques mammifères donnent un peu de relief à ces contrées isolées. Des colonies de mouettes tridactyles balaient le ciel et survolent gracieusement nos Zodiacs. Plus loin, c’est une colonie de morses, qui, se confondant presque avec de gros rochers, nous indique leur présence par leurs grognements. Les morses, ces animaux aux regards rougeoyants, sont protégés au Spitzberg depuis 1952. On observe chez ces drôles d’animaux une ségrégation sexuelle, les femelles sont systématiquement avec leurs petits pendant que les mâles se prélassent souvent sur une plage beaucoup plus loin.
Certains d’entre eux nagent non loin de nos Zodiacs, plongent afin de se délecter de quelques coquillages, puis réapparaissent, curieux mais méfiants. Si la première colonie que nous avions observé à Smeerenburg était plutôt placide et silencieuse, celle-ci est bien plus active et pour le moins bruyante. Nous continuons notre exploration en longeant les rivages de cette île, dont les pics dentés sont par endroit verts de lichen et autres végétations, montrant l’établissement de certaines colonies d’oiseaux dans ces contrées lointaines. De retour à notre bateau, nous quittons notre mouillage vers notre destination de l’après-midi, c’est la première fois que nous allons vers le sud depuis plusieurs jours.
Nous venons à peine de rejoindre nos cabines que l’on toque à notre porte. Nous savons désormais que ce signal est généralement de bon augure. Nos guides ont repéré un ours sur l’île de Parryøya. Nous restons à bord pour l’observer, notre capitaine June parvient alors à s’en rapprocher suffisamment. Celui-ci déambule nonchalamment sur les rochers, dans différents reliefs, et nous émerveille par tant de souplesse et d’équilibre. Sa robe crème tranche parfaitement avec la couleur sombre des roches, c’est un environnement magnifique.
Notre déjeuner terminé, nous avons une fois de plus à peine le temps de regagner nos cabines, qu’on toque à nouveau à notre porte… Une femelle suitée de ses deux oursons longe le littoral de Castréøya. Bientôt, elle décide de se mettre à l’eau pour traverser vers une autre île, à deux kilomètres de là. Cette farandole de 3 ours laisse un sillage caractéristique derrière elle, non loin de notre navire, et provoque l’admiration de l’assemblée.
Nous les suivons du regard à distance pour ne pas les déranger et observons cette famille aller son chemin vers une des grandes vallées de l’île… nous continuons notre route et partons en Zodiac explorer les environs.
Nos guides nous emmènent sur une autre île, Chemsideøya, faire un débarquement sur un lieu où diverses expéditions ont laissé la trace de leur passage. Ainsi des alignements de pierres, formant des lettres, puis des mots nous indiquent le passage d’un sous-marin nazi en 1939, ainsi que celui du célèbre brise-glace Krassin, ayant secouru l’infortuné Nobile en 1928.
De retour aux Zodiacs, nous poussons jusqu’au fond d’une petite anse où nos yeux curieux ont décelé du mouvement… nous trouvons une mère renne et son jeune de l’année, qui se font houspiller par un couple de labbes parasites. C’est un ballet étonnant qui se joue sous nos yeux dans la toundra éparse de la Terre du Nord-Est.
La neige couvre les sommets sombres du fjord, la mer est d’huile, nous coupons les moteurs quelques instants pour profiter du calme de ce bout du monde.
Encore quelques observations géologiques, entre gneiss et blocs erratiques et nous rentrons au bateau.
Nathanaël nous propose ensuite une conférence sur les glaciers et calottes, ce qui est l’occasion de revenir sur diverses observations que nous avons faites sur le terrain depuis le début du voyage.
Le Grand Large reprend ensuite sa route, nous savourons notre repas, bien au chaud laissant les ours à leurs solitudes glaciales.
En ce vendredi, le Grand Large se réveille de nouveau au cœur de l’île principale du Svalbard, le Spitzberg. La brume se lève doucement devant nous, quelques rayons percent déjà et illuminent ce géant de glace qui nous fait face, le glacier de Monaco. Celui-ci, nommé en hommage à Albert 1er et ses nombreuses expéditions polaires effectuées entre 1898 à 1907, présente un front glaciaire de près de 6km. Après avoir avalé notre petit-déjeuner, nous embarquons à bord de nos fidèles Zodiacs pour une nouvelle expédition. Il est temps de nous approcher de ce colosse, teinté de ses nombreuses nuances de bleu, nous indiquant son âge glaciaire.
Les mouettes tridactyles et les fulmars survolent nos embarcations et se posent délicatement sur le brash. Nous naviguons entres les petits icebergs dispersés dans cette eau si limpide. Nous observons de nombreuses formes énigmatiques et fascinantes mettant en éveil notre imaginaire… Certains icebergs sont creusés par endroit de manière sphérique, nos guides nous explique alors que ces derniers étaient autrefois retournés et que les courants marins ont créés ces formations, appelés cupules. Toutes ces glaces ont des formes et couleurs singulières, elles sont alors à nos yeux de véritables œuvres d’art, que nous analysons avec assiduité. Un simple rayon de soleil donne à ce paysage une atmosphère tout à fait différente, faisant scintiller les glaces dansant à la surface et jouant avec leur transparence.
Un petit vêlage vient briser ce silence arctique, le colosse se réveille et nous rappelle que la glace vit, et se transforme de jour en jour. Nos guides prennent alors les mesures du front depuis un petit ilot qui lui fait face : le glacier de Monaco avance encore dans les flots arctiques. Ces paysages sont le décor d’une vie polaire tout à fait unique : au-dessus de nous, les labbes parasites s’acharnent sur une jeune mouette afin d’essayer de lui soutirer son modeste repas. Sous la pression, la mouette régurgitera sa proie que ces vils oiseaux récupéreront en vol. Nous passerons deux heures à observer cette vie polaire et ce paysage typique de l’arctique, avant de rejoindre notre navire.
Nous profitons de l’ambiance feutrée de la passerelle et de la bonne humeur de notre capitaine qui nous explique les clefs d’une belle navigation. Il est déjà temps de nous mettre à table, au mouillage devant la jolie baie de Texas Bar. Nous reprenons les Zodiacs très peu de temps après notre déjeuner afin de profiter pleinement de ce ciel plus dégagé et ce temps plutôt clément. Nous débarquons donc à Texas Bar. Nous apercevons depuis la plage une ancienne cabane de trappeur, perchée à flanc de colline. Celle-ci a été le refuge de nombreux trappeurs durant les hivers tumultueux, et notamment pour Hilmar Nois qui a hiverné pendant 38 ans et qui a construit cette même cabane en 1927. L’ours polaire et le renard étaient régulièrement chassés pour leur précieuse fourrure. Nous avons pu visiter cet ancien refuge de chasse où l’on trouve à l’intérieur certains équipements de l’époque. Nous continuons notre balade jusqu’au sommet nous donnant une vue imprenable sur le Woodfjord et le Liefdefjord. Ce dernier, long de 30km, tire son nom du bateau « Amour » du milieu du XVIIè siècle. Le vent se lève et les labbes dansent au-dessus du groupe au rythme du souffle. Cette vue à 360° est époustouflante ! En contrebas, des plaines sableuses adoucissent notre tableau. Ces dunes lacérées de quelques ruisseaux translucides nous laissent sans voix. Quelques rayons de soleil parviennent à percer sur notre navire en mouillage en arrière-plan. Face à nous, les montagnes se cachent timidement dans une épaisse couche nuageuse.
On constate également que les glaciers voisins, visibles aux jumelles détiennent des moraines latérales, ces observations illustrent les propos de la conférence hier soir. Curieusement, la flore perdure à certains niveaux de la colline. Certaines espèces comme le saxifrage ou encore silène acaule effleurent encore des sols. Ces fleurs colorent les horizons très calcaires du sol. Le blanc presque scintillant et parfait du marbre est facilement repérable à quelques endroits. Avant de rejoindre le Grand Large, Nathanaël décide de faire un crochet vers une lagune proche de là, au plus grand plaisir de Denis, un de nos passagers qui partage sa passion pour la géologie. Ces spécialistes partagent depuis le début du séjour leur intérêt pour ces « cailloux », pour lesquels nous montrons alors un réel intérêt. Aujourd’hui, ce sont de magnifiques roches métamorphiques que nous observons, chahutés par les flots, formant des nœuds, un modelage tout à fait singulier, mêlant différentes couleurs de roches. De retour au navire, une douce odeur de charbon de bois vient caresser nos narines. Notre équipage a fait chauffer le jacuzzi… Certains d’entre nous profitent de ce moment unique pour se réchauffer dans ce bain chauffé au feu de bois, jouissant du magnifique panorama du Woodfjord, tandis que le capitaine poursuit sa navigation. Le paysage défile sous nous yeux, les couleurs des montagnes sculptant ce fjord oscillent entre pourpre et violacé, nous offrant un moment magique. Après le diner, nous croisons la route du Polarfront, dont la silhouette se détache sur un somptueux coucher de soleil. C’est la première fois que nous observons le soleil disparaître sous l’horizon.
Le ciel est dégagé et les montagnes pointues typiques du Spitzberg surplombent la ligne d’horizon. Nous sommes dans la Baie de la Croix, par 79°15.9 Nord, 11°59.7 Est. C’est un très beau mouillage où peu de bateaux s’arrêtent, cet endroit étant au fond du Krossfjorden. Cette baie d’une longueur de 22km fut ainsi nommée par le baleinier Jonas Poole, qui y érigea une croix en 1610. Nous allons donc débarquer et cheminer sur une moraine faisant face au glacier de Mayerbreen. Depuis le Zodiac, nous observons déjà un petit renard frêle à la robe brune, le renard bleu, qui dévale les flancs de la colline.
Le panorama depuis la crête de cette moraine est spectaculaire : le glacier de Mayerbreen se jette dans une eau limpide d’un vert émeraude, contrastant avec les roches métamorphiques caractéristiques de cette vallée. La toundra apporte ses teintes de jaune et de vert, les pics enneigés nous rappelant nos sommets alpins. En toile de fond, de l’autre côté de la baie, les dents des sommets se détachent d’un ciel pâle aux couleurs d’aquarelle. Après avoir profité de ce paysages un long moment, nous descendons le flanc opposé de la moraine pour découvrir une combe, qui détenant la neige en hiver, favorise une végétation luxuriante, propice à la présence de rennes. Nous observons toute cette flore qui tapisse les sols des îles du Svalbard, en prenant garde de ne pas piétiner les « forêts » de saule, silènes acaunes et autres cassiopées tétragones. Il est étonnant, mais extrêmement plaisant, d’observer cette vie végétale dans des contrées si hostiles.
Nathanaël pointe la présence de sols structuraux, dont les roches forment des sphères en fonction de leur granulométrie et de leur taille. Nous terminons cette jolie promenade presque bucolique en longeant le rivage, profitant des rayons de soleil qui nous chauffe les joues. Après avoir rejoint notre navire, nous prenons notre déjeuner avec une vue imprenable sur le glacier de Mayerbrennn qui reluit sous une lumière polaire.
En début d’après-midi, nous reprenons notre navigation en direction du fjord du 14 juillet, Fjortende Yulibukta. Comme souvent, toute l’assemblée se retrouve en passerelle, afin de jouir de la vue panoramique et aider nos guides à repérer d’éventuels animaux. Jumelles en main, le moindre point blanc sur la toundra est analysé, le moindre mouvement commenté. Soudain, Stéphane, l’un des passagers, observe une masse mouvante très haute sur les monts dorés du fjord. Nathanaël se munit alors de la longue vue pour lever tout doute… Il s’agit bien d’un ours polaire, le 17ème de notre expédition, et repéré par un passager, pour le plus grand bonheur de tous. Le commandant prend position devant la falaise où Nanook prend un bain de soleil. Tout le monde monte sur le pont pour mieux apprécier le spectacle et profiter aussi de ce soleil radieux. Cet ours est bien loin de nous, mais dans nos lunettes, nous devinons sa masse et ses pattes pour le moins imposantes. Il est temps de reprendre notre route pour notre prochaine destination.
Vers 15h, notre navire mouille dans Fjortende Yulibukta. Le glacier du 14 juillet, nommé ainsi en l’honneur du prince Albert 1er de Monaco qui réalisa une expédition polaire en 1907 dans cette partie de l’île du Spitzberg, se dessine fièrement dans la baie. Il est temps pour nous de reprendre nos Zodiacs et explorer ces nouvelles contrées.
Une des plus belles plages de l’île du Spitzberg se trouve dans ce fjord, et les icebergs qui la jonchent lui donnent une beauté supplémentaire. Ce sont à nouveau de véritables œuvres d’art de glace que nous observons sous le chaud soleil du Svalbard, et prenant des reflets dorés. Nous nous approchons de la partie latérale du glacier du 14 juillet, disparaissant par endroit sous une farine glaciaire. Son front, d’environ 60 mètre est beaucoup plus imposant, torturé mais majestueux. Le glacier vit, craque et détonne à plusieurs reprises, laissant sous-entendre des vêlages internes puissants. Le brash danse au passage de nos Zodiacs, et les oiseaux se mêlent à ce gracieux ballet. Devant nous, un iceberg nuancé de gris se retourne lentement comme pour nous montrer un nouveau visage. Comme toujours, nos guides coupent les moteurs pendant un long moment, pour profiter pleinement de ce silence arctique. Nous terminons notre excursion par une observation de rennes qui paissent sur les flancs pentus des monts qui jouxtent le glacier. La toundra est ici magnifique, la végétation luxuriante, permettant à ces mammifères de se nourrir avant de passer le rude hiver polaire.
Au loin, notre navire brille sur une mer d’huile sur laquelle le brash scintille sous les rayons du soleil. Avant de rentrer, nous repérons un renard blanc sur le flanc de montagne face à nous. Ces canidés sont si agiles, celui-ci arpente les moraines si vivement que nous le perdons parfois de vue aux jumelles. Des colonies d’oiseaux nichent dans ces impressionnantes falaises, le terrain en contrebas est donc propice aux passages réguliers de renards. Nos Zodiacs regagnent doucement la direction du navire avec un soleil toujours aussi perçant. Nous restons encore quelques minutes sur le pont pour admirer ce beau glacier dans ces couleurs si marquées. Cette météo très favorable nous promet une belle soirée en mouillage devant le glacier.
À 18h, Nathanaël nous présente une conférence sur l’explorateur norvégien Nansen (1861-1930) : une expédition riche en émotions sur plusieurs années pour atteindre le pôle. Des anciennes photos de l’époque défilent et nous plongent dans ces fascinantes années d’expéditions. Nous découvrons le Fram, un navire remarquable qui a résisté à de nombreuses intempéries durant les rudes hivers. Ce dernier est encore visible au musée du Fram à Oslo. Nous profiterons peut-être de notre temps libre à Oslo dans quelques jours pour mettre des mots sur ce récit de voyage conté ce soir par notre guide.
La conférence est terminée et la soirée semble différente… Nous entrevoyons notre Chef Jerry sur le Pont arrière à l’extérieur en train de faire un barbecue au plus grand bonheur de toute l’équipe !
En effet, les conditions sont parfaites et nous profitons donc de ces instants pour dîner dehors. Un fond musical accompagne notre avant dernier dîner que nous savourons joyeusement ! Nous nous remémorons les observations des jours précédents. Et surtout, nous prenons conscience de la beauté de ce qui nous entoure et du bien-être procuré par le sentiment d’être « hors du temps ». En effet, sans repère du quotidien, nos journées sont bouleversées par un rythme fluide au gré de la météo, de la faune et des vents… Nous nous ne pensons pas au passé, ni au futur mais simplement au moment présent. C’est aussi déstabilisant que passionnant.
C’est de nouveau un coucher de soleil aux lueurs rosâtres qui se dessine à l’arrière du navire. Nous le contemplons avant de regagner nos cabines pour une belle nuitée.
Aujourd’hui est une journée particulière, notre dernière journée d’excursion et de navigation à bord de notre navire, qui est devenu pour nous une véritable maison. Certains se réveillent déjà nostalgique, d’autres ne pensent qu’au moment présent. Nous sommes dans l’Isfjord, non loin de notre dernier point d’ancrage, qui sera Longyearbyen. Mais pour l’heure, nous avons encore beaucoup à découvrir. 9h30, nous embarquons dans un Zodiac, bravons la houle pour nous rendre devant une montagne considérée par certains comme étant la plus belle de l’île du Spitzberg. Il est vrai que Alkehornet a fière allure, présentant une falaise abrupte patiné d’une toundra d’un vert tendre, et abritant en saison de nombreuses colonies d’oiseaux. La brume donne à ce paysage une atmosphère mystique, presque solennelle pour ce dernier jour d’expédition.
Nous débarquons pour une randonnée dans cette environnement. Les rennes sont nombreux, et paissent tranquillement sur ces plaines végétalisées. Au loin, nous observons un renard polaire à la robe déjà blanche immaculée, courir sur les falaises. Un renne passe nonchalamment à quelques mètres de nous, sans porter vraiment d’importance à notre présence. Sur les hauteurs, nous observons distinctement les sols structuraux, si caractéristiques des cette partie de l’archipel, sur lesquels le permafrost travaillant la terre crée des formes ici octogonales, laissant un paysage presque énigmatique. C’est ici que nous observons pour la première fois des vestiges des Pomores, ces trappeurs norvégiens dont nous pouvons encore voir les refuges en pierre. A côté d’un de ces vestiges, un squelette de renne git sur le sol, le crâne encore bardé de dents, la colonne nous indiquant presque la taille de l’animal. Nous reprenons nos zodiacs pour rejoindre notre bateau et continuer notre navigation. Nous pénétrons toujours plus loin dans l’Isfjord, et les fonds sont propices à de belles observations. Les passagers se retrouvent à la passerelle et ensemble, nous recherchons les seuls mammifères manquants à notre voyage… Soudain, Catherine s’écrit « Des baleines ! ». Tout le monde se rend à badord , d’autres passagers ont aussi vu des dorsales surgirent de l’eau… Nous cherchons encore, mais elles ne réapparaitront pas. Néanmoins, nous observons des souffles puissants au loin, d’autres baleines parcourent l’océan, pour notre plus grand bonheur. Mais ce n’est que le début de notre observation de cétacés. A tribord, cette fois, nous observons une belle baleine de Minsk qui suit notre bateau. Nous l’observons pendant plusieurs minutes, surgir à la surface et replonger en profondeur, le tout sur fond de montagnes typiques du Spitzberg, avec ce ciel rose pâle qui nous a accompagné pendant de nombreuses journées au Svalbard.
Quel bonheur de réaliser cette observation aujourd’hui! Nous regagnons notre table, heureux d’avoir pu observer ce géant marin qui n’avait pas encore daigné se montrer jusque là. Baleines, dauphins, ours, rennes, renards polaires, notre croisière exploration aura été vraiment riche en observations.
Après le repas, nous profitons d’un temps calme pour nous reposer un peu ou vaquer à nos propres occupations. La houle est puissante et nos guides sont contraints de changer de plan pour l’excursion de cet après-midi. A 16h, nous sommes donc invités à regagner notre zodiac pour débarquer sur Skansbukta. De magnifiques montagnes de roches sédimentaires nous surplombent, véritables cathédrales de dolorite, abritant elles aussi de belles colonies de fulmars que nous entendons depuis le bas. C’est un paysage encore différent de tous les autres. La plage sur laquelle nous débarquons est un véritable récit d’histoire. Nous observons un magnifique bateau en bois, échoué ici depuis plus de 100 ans, dans un état plus que satisfaisant. Ce navire était utilisé en 1910 par des miniers pour transporter les pierres exploitées sur ces terres.
Les vestiges de ces mines, justement, jonchent le sol de Sansbukta; nous trouvons encore les rails de chemin de fer et les chariots qui transportaient jadis les roches de calcaire exploitées. Tout près de ces rails paissent tranquillement deux magnifiques rennes, dont l’un, aux bois rougeoyants, perd doucement son velours. Au bout du littoral trône une magnifique cabane de trappeur, investit aujourd’hui par une association de chasse et pêche de Longyearbyen. Nous continuons notre promenade de l’autre côté de la baie, observons de nombreux fossiles, un piège à renard autrefois utilisé par les dits trappeurs, et toujours ce paysage magnifique de falaises creusées par l’érosion. A la fin de cette journée, le temps est très clément, et il fait presque doux. Nous sentons déjà le retour proche de la civilisation puisque nous observons à l’horizon d’autres petits bateaux qui voguent sur les flots. Nous le savons, la fin de cette croisière expédition est proche, et la ville de Longyearbyen à seulement 2 heures de navigation. A notre retour, certains se rendent en passerelle pour profiter des derniers instants de navigation, d’autres préparent déjà leurs valises. A table, l’ambiance, est, comme d’habitude, joyeuse. Gonzague nous fait part de ses dernières blagues, celles qu’il n’avait pas eu encore le temps de nous raconter. Le bateau est à quai, les lumières de la ville entrent par les fenêtres de notre navire. Notre expédition hors du temps s’achève ici. Pourtant, les lumières polaires ne cessent de nous enchanter, le paysage de l’Isfjord demeure en toile de fond. Christophe nous propose une petite présentation du camp Barnéo qu’il a évoqué plusieurs fois pendant le voyage, puis un retour en photos sur l’ensemble de notre croisière. Nous retraçons toutes ces incroyables aventures que nous avons vécu tous ensemble, au bout du monde, dans cet univers arctique si pur, humble et hors du temps. Vivre une croisière expédition, c’est vivre des aventures exceptionnelles, faire des rencontres uniques entre passagers, équipage et guides d’expédition, c’est aussi revenir la tête pleine de merveilleux souvenirs et réaliser enfin que le bout du monde était à portée de mains.
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Messages
Pas vraiment de mots à ajouter…. Vous vivez des expériences féériques….
Nous pensons bien à vous
Bises à Gonzague et Muriel
Magnifique !
Profitez un max, Gonzague et Muriel.
Bonne continuation
Ravie d’avoir participé se chez moi à votre odyssée , c’est grandiose bonne continuation à tous , grosses bises NATH
Pour Christophe
c est toi le chef d’expedition
avec elisabeth on t attend a Limoges pour te faire gouter une viande exceptionnelle
bonne continuation
on pense fort a toi
bises de babeth
Pour Gonzague et Muriel
Que d’ours que d’ours ❣️❣️❣️
Magnifique
Bonjour aussi à Christophe qui était à bord de l’Ortelius (2016)
Bises
Quel magnifique voyage . Nous sommes impatients d’écouter vos récits .
Nous vous suivons journellement.
Gros baisers de Véro et jordan
Petites pensées à notre Lolo!
Profites bien de cette belle excursion et reviens nous plein d’enthousiasme à partager avec nous.
Câlins
Charlie
Époustouflant tout ce que vous avez vécu et observé ! Vous devez être imprégnés de cette beauté et de ce silence…
Bon retour !
Catherine et Francis