Sophie Tuchscherer
Guide
9 septembre
20 septembre 2021
Sophie Tuchscherer
Guide
Photos d’illustrations, prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
C’est sous de bonnes conditions météo que le vol amène nos nouveaux passagers à Longyearbyen. Tout le monde arrive souriant et motivé. Après un passage rapide de dépose des bagages au quai où est amarré le PolarFront, tout le monde part en exploration de la rue principale du village. Certains en profitent pour visiter le célèbre musée du Svalbard, d’autres pour faire d’ultimes courses de matériel polaire, d’autres enfin pour boire l’excellent chocolat chaud du restaurant Fruene. À 17h, le bus ramène tout le monde au Polarfront, fin prêt à les recevoir. Présentations, distribution de cabines, amarres larguées, exercice d’évacuation, briefing ; le dîner est bien mérité et l’assiduité de tous, récompensée par un fabuleux coucher de soleil sur l’île du Prince Charles alors que nous quittons l’Isfjord. L’aventure commence…
C’est dans la célèbre baie de la Madeleine que les passagers vivent leur première excursion après les briefings de sécurité obligatoire concernant les opérations en Zodiac, les consignes « ours » et les conseils de l’AECO. Nous débarquons sur le site de Graveneset pour une petite marche panoramique ayant pour but la baie voisine et ses glaciers. Un petit point d’histoire est donné en passant sur les tombes de l’époque baleinière qui se trouvent sur cet endroit. Quelques goélands Bourgmestres se prêtent aux objectifs et des radeaux d’Eider traversent au loin. La baie est magnifique et baignée d’une belle lumière matinale qui inspire nos photographes. Retour à bord pour un excellent déjeuner, nous sommes en route pour le Fuglefjord lorsque Sophie repère une mère ourse accompagnée de deux petits de l’année. Christophe fait stopper net le Polarfront, les Zodiacs descendent à l’eau et nous voilà bientôt à chercher les ours observés plus tôt. Nous les approchons avec prudence, d’abord de loin car la mère nous a remarqué sans pour autant se montrer défiante ni dérangée. Les Zodiacs avancent à vitesse minimale et se font peu à peu accepter par la petite famille qui bientôt ne nous prête plus attention et retourne à ses occupations… Emerveillement, sourires, larmes… que d’émotion, que de beautés !
La mère est magnifique et de bonne stature. Les petits sont rondouillards et chahutent, imitant chaque geste et comportement de l’adulte. Pour finir, les ours retournent à leur nage et c’est le moment pour nous de leur laisser de l’espace et de retourner à bord. Tout le monde est ravi. Après un récap « spécial ours », le dîner est le bienvenu après ce bon bol d’air polaire. Pour une première journée, la croisière commence sous les meilleurs augures.
C’est dans la baie de Faskevågen dans le Lomfjord que nous commençons notre matinée. Les montagnes avec leurs cônes de déjection aux tons chauds tranchent avec le vert trouble de la mer. Les sédiments venant du glacier se concentrent dans la baie dont on ne voit pas le fond, même sur la rive. C’est avec prudence que nous accostons sur ces plages grises et roses, joli cadre pour notre promenade. Avec un effectif si réduit, nous avons le luxe de pouvoir faire “à la carte” et séparons le groupe. Une partie va sur la grève où la marche plus aisée nous amène sur le sable du delta. Nous y trouvons des empreintes d’ours plutôt fraîches qui nous rappellent l’omniprésence de cet animal tout terrain.
Nous ouvrons l’oeil. Des explications de notre guide sur les animaux marins et les oiseaux nous sont des informations précieuses, complétées par l’observation de bécasseaux violets. L’autre partie grimpe vers les hauteurs et le panorama exceptionnel et réputé avec l’observation de quelques spécimens de la flore (dont la cassiope tétragone déjà fanée), mousses, lichens et même champignons! Un labbe parasite et quelques fugaces bruants des neiges sont observés.
Quelques précisions géologiques sont données lors de notre pause au sommet avant de retrouver les autres, chaque groupe suivant les silhouettes, à contre jour sur les cimes ou en plongée sur les reflets de l’eau.
Ce bon tour nous a ouvert l’appétit et nous nous attablons après notre retour à bord.
Le bateau change de position et se rend vers le site où ces derniers temps une carcasse de cétacé a pu repaître des ours, pourtant absents ce matin après une observation minutieuse de nos guides. Le terrain inégal ou une sieste dans un recoin a peut-être caché à nos yeux des ours lors du premier tour de jumelles, mais ils sont maintenant bien présents : une aubaine. Nous écourtons le repas avant le café et filons illico sur les Zodiacs pour une meilleure observation d’une mère et ses deux petits. Quel spectacle incroyable! La petite famille se prélasse et fait quelques pas près de l’eau avant de longer la plage pour finir sur la carcasse où elle déjeune sous nos yeux émerveillés.
Nous apprécions la beauté et la classe de ce mammifère, sa démarche souple et sa puissance, sa tendresse quand le petit se frotte contre la mère et son imprévisibilité aussi lorsque cette dernière le rappelle à l’ordre d’un coup de dent inoffensif mais autoritaire.
Nous revenons les yeux (et les appareils photos) plein d’images superbes et profitons d’un goûter après quoi nous suivons une conférence de présentation du Svalbard par notre guide Sophie sur quelques points brefs et variés comme la géographie, le climat, l’histoire ou la géopolitique.
Un peu plus tard, un petit « récap » sur nos observations alimentées de quelques clichés de notre photographe Florian Ledoux nous est donné par Christophe notre chef d’expédition, suivi d’un point itinéraire au vu des conditions vent, mer, glace et météo, autant de paramètres à prendre en compte lors d’une croisière d’expédition qui se veut aller loin vers le Nord et l’Est.
C’est exactement à l’endroit ou l’île de Barents jouxte celle du Spitzberg que le Polarfront s’éveille ce matin. Le détroit d’Heleysundet est très peu fréquenté par les croisières expéditions car il peut y régner de très forts courants à marée haute et basse. Les calculs ont été fait par les officiers du navire et c’est vers 7h que le passage a été décidé.
À cet endroit, le Spitzberg fait penser à la Terre François-Joseph, la petite sœur Russe et voisine qui se trouve à l’Est et un degré plus au Nord. La dolérite, roche volcanique, est omniprésente avec ses colonnes et ses couleurs sombres. Des mouettes y séjournent encore.
Le Polarfront passe sans encombre à petite vitesse ce qui laisse aux passagers tout le loisir de découvrir cet environnement unique sous une belle lumière de jour naissant.
À peine ancré, Christophe décide d’envoyer les Zodiacs pour une exploration plus rapprochée à la recherche de ces fameux courants.
Il n’y a pas à chercher bien loin, au milieu du canal, tout à l’heure si calme se dessinent de grands tourbillons, comme des marmites à l’eau frissonnante, puis des vagues comme des escaliers et des écumes qui s’abattent contre les roches. On dirait une rivière qui s’écoule vivement mais c’est l’eau de la mer qui est précipitée dans un détroit étroit. Nous jouons durant une heure dans ce courant, débrayant par moment les moteurs pour se laisser transporter par les flots à une vitesse de 10km/h.
Les passagers sont enthousiastes et remontent à bord avec des superlatifs aux lèvres.
En attendant le déjeuner, Jean-Jacques donne une conférence sur la glace de terre. Petit clin d’œil au programme à venir car après l’excellent déjeuner, nous voici en vue du Negribreen, fantastique glacier de la côte Sud-Est du Spitzberg.
On pourrait croire que les dieux de la glace sont avec nous. Partout, tout autour, de lourds nuages couvrent le ciel, mais alors que nous approchons du glacier, celui-ci est arrosé d’un soleil d’été méridional. Le spectacle est à couper le souffle. Guides et officiers sont partis chercher leurs appareils photo tant la vision est superbe.
Le Polarfront commence à parcourir l’immense front de glace pendant une bonne heure, puis les Zodiacs sont mis à l’eau et une exploration plus minutieuse commence au milieu des icebergs multicolores et du brash étincelant. Les zooms s’entrecroisent et les appareils cliquètent autant que les bulles prisonnières des glaces pétillent en se libérant.
Il fait assez froid en cet après-midi d’automne boréal. Le signal de retour est à peine donné que Christophe donne un contre ordre : il vient de trouver un ours endormi sur un iceberg plat.
En effet, une femelle portant un collier est allongée sur fond de glacier et lève la tête à notre approche prudente et ralentie. Nous gardons nos distances car elle semble préférer sa sieste plutôt que faire notre connaissance. Cela n’empêche pas nos photographes de faire des clichés magnifiques de cet animal sur son lit de glace bleue sur fond de glacier blanc. Le tout sous l’incroyable lumière de fin de journée de septembre. Une des plus belles images du séjour.
Ce sont des passagers souriants qui se mettent à table après le récap qui promet encore de grands moments polaires pour le lendemain.
Ce matin, les morses de Doleritneset au Kapp Lee sont au rendez-vous. Une bonne cinquantaine d’individus peuplent cette grande échouerie qui se reforme après des années d’absences suite aux massacres des siècles précédents.
Un petit groupe de jeunes s’est mis un peu à l’écart des autres. Les passagers se régalent de ces défenses qui s’entremêlent, des querelles de dortoirs et des grattages de ventre à la nageoire. Ce sont les premiers morses de la croisière et nous pouvons les apprécier à notre guise.
La toundra aux alentours est magnifique, baignée d’une douce lumière automnale et parsemée ici et là par des rennes placides.
Après le déjeuner, nous remontons le détroit de Freeman, en explorant la côte nord. Les rennes sont légion ici et nous repérons bien vite un ours qui est très haut perché et assez loin dans le paysage. Plus loin, après le glacier de Freeman, le Polarfront s’approche de la côte en vu d’un débarquement et d’une marche, mais les guides, les jumelles vissées aux yeux repérèrent une mère ourse et son petit, elle aussi assez haut perchée mais cependant trop près du site de débarquement.
Qu’à cela ne tienne, nous sautons dans les Zodiacs pour mieux apprécier le panorama extraordinaire qui nous entoure. À cet endroit, la toundra du Freemansundet est recouverte d’une fine couche de neige qui se joue des lumières de fin de journée. Paysage enchanteur, unique que nous apprécions, bien conscient de notre privilège.
Après cette nouvelle superbe journée, le Polarfront quitte le Freemansundet en direction du Nord.
Notre arrivée matinale, près d’Isispynten, devant le mur de glace de la terre du Nord-Est est des plus mystérieuses : le front glaciaire de cette immense calotte qui s’étend sur 160 km est des plus impressionnants et nous contemplons cette merveille de la nature depuis la passerelle ou le pont avant pour les plus courageux malgré les -4ºC ambiants.
Notre imagination fertile nous joue des tours et la brume alentour pourrait nous faire croire à l’apparition de vaisseaux fantômes dans ces lumières fantasmagoriques. Il semble que tout est possible dans cette ambiance étrange et nous comprenons la fantaisie des récits des navigateurs dans ces contrées lointaines où nous nous sentons seuls au monde… pour notre plus grand plaisir!
Nous longeons toute la matinée ce mur gelé, tel une sentinelle veillant sur un royaume interdit et admirons le paysage en silence. Les manoeuvres sûres et discrètes de notre commandant nous amènent à observer tous les détails de ce chaos de bleus et blancs.
Plus tard en fin de matinée, alors que nous prenons de la distance pour notre prochaine étape, nous assistons à une conférence de notre guide Sophie sur l’un de ses animaux favoris de l’Arctique: le morse. Elle nous transmet sa passion et de riches informations sur ce pinnipède intrigant qui comme elle le cite est « un hédoniste polaire aux moeurs étonnantes » que nous connaissons maintenant mieux après une belle observation la veille. Nous espérons en avoir d’autres et c’est chose faite après notre déjeuner puisque nous voyons plusieurs groupes dans l’eau et sur les rochers alors que nous jetons l’ancre près de Storøya: les placides spécimens se laissent approcher à distance réglementaire et certains font quelques mètres de courtoisie pour venir nous voir.
À bonne distance, nous observons des femelles dont une mère qui porte son petit sur le dos, adorable tableau familial de ces animaux à l’instinct maternel et grégaire très fort. La lumière dorée rend la scène encore plus belle maintenant que les lueurs du soir tombent de plus en plus tôt. Nous repérons un ours au loin qui restera cependant en retrait malgré nos espoirs et ne se laisse voir qu’à la jumelle.
Un petit tour le long des côtes de l’île nous en fait apprécier la beauté ainsi que la calotte bien dégagée sous le soleil bientôt couchant.
De retour à bord nous prenons un petit apéritif lors du récap’ de la journée : les photos des morses et quelques vidéos des vocalises de cet étrange animal précédent le point itinéraire.
Il nous faudra anticiper un coup de vent et nous engager vers les Sept-îles dès demain, prochain lieu de notre voyage et étape la plus au nord des prochains jours dans la terre du Nord-Est, cet immense désert polaire.
C’est à 80 “40 º N, au point le plus septentrional de notre voyage que commence notre matinée sous un rayon de soleil et une neige fraîchement tombée. Nous sommes à Phippsøya, l’une des sept îles de l’archipel éponyme, le plus au nord du Svalbard. Le paysage est magnifique et les montagnes saupoudrées rendent délicate la recherche d’éventuels ours à la jumelle. Après un bon repérage depuis la passerelle, nous sommes sur le point de partir en excursion pour une promenade lorsque Sophie, notre guide, repère des ours allongés sur les hauteurs, particulièrement bien cachés.
Nous troquons donc les vêtements de marche pour nos chaudes combinaisons et partons pour un tour en zodiac. Un petit groupe de morses nous accueille dans l’eau, leurs souffles et leurs tête sombres hors des flots trahissant leur présence. Ils gardent leur distance mais se montreront plus entreprenants par la suite, se rapprochant du zodiac au point d’entendre leurs grognements et raclements de gorge on ne peut plus loquaces et impressionnants. Nous continuons vers leurs congénères allongés sur la plage dont nous observons l’activité certes peu frénétique mais activité quand même: ils se grattent, rotent, se serrent les uns contre les autres, s’accommodent et se retournent.
Nous longeons la côte jusqu’au détroit le plus proche pour un coup d’oeil de l’autre côté de l’île: les couleurs rendent la scène irréelle et nous font prendre conscience de notre chance d’être là, seuls, dans cet endroit du bout du monde.
Nous repartons près des morses et constatons que des ours se sont rapprochés de la rive malgré une distance qu’ils ne semblent pas vouloir abolir. Ce sera tout pour cette fois. Nous sommes sur le point de rentrer lorsqu’un renard polaire est repéré de loin, furetant sur la plage. Nous faisons une approche qui se révèle être un succès: le renard ne semble absolument pas troublé par notre présence et continue son activité nutritive, mâchonnant ce qui lui tombe sous la dent et se promenant de son pas léger et sautillant au milieu des algues, préparant ses réserves pour la saison froide qui est maintenant imminente. Il se laisse regarder et nous sommes sous le charme de le voir dans son milieu naturel, courageux et méritant de survivre en ces lieux si hostiles. Nous remontons à bord pour le déjeuner en poursuivant vers le sud pour jeter l’ancre près du cap Nord à Chermisdeoya, dans ce décor de montagnes noires couvertes de neige où un rayon de soleil fait passer le noir et blanc à la couleur comme sur un instantané.
Le site est surnommé “Grafiti beach”, un lieu historique qui porte son nom à cause des marques laissées par les rares homo sapiens qui sont passés par ici jadis, dont les russes qui sauvèrent Nobile lors du crash de son dirigeable l’Italia en 1928 et y laissèrent, marqué de lettres cyrilliques en monticule de pierres, le nom du bateau qui le sauvera.
Nous montons un peu sur les hauteurs et profitons de la vue pour faire une minute de silence arctique, laissant la parole à la nature seule. Un régal.
Sur la route du retour, un phoque barbu taquin joue à cache-cache avec nos sens et nos objectifs, apparaissant tantôt à bâbord, tantôt à tribord, tantôt à l’arrière du zodiac qui nous ramène à bord après cet interlude sympathique. Peu après nous suivons avec intérêt une conférence de notre guide Jean Jacques sur les baleiniers avant le point info qui précède le dîner du capitaine avec la présence de Pierre qui commande le navire mais aussi de Charlène, notre cheffe mécanicien. C’est au milieu des galons et d’une lumière aussi dorée qu’eux que nous partageons ce chaleureux dîner.
Le Raudfjord nous offre un abri idéal au mauvais vent généralisé qui souffle sur le Spitzberg. Nous commençons par une visite en zodiac de la très jolie baie de Hamilton dont les glaciers offrent des couleurs passant du noir et blanc au bleu le plus intense. Les appareils photos crépitent alors qu’un jeune morse curieux apparait dans le brash à quelques mètres des embarcations. La colonie de mouettes tridactyles est désertée ainsi que les ilots trônant au centre de l’île mais dont les roches moutonnées offrent un sujet d’étonnement et un challenge photographique.
Après le déjeuner, le Polarfront se repositionne à Hirondelle Hamna dont le mouillage est bien protégé des vents de sud qui pénètrent dans la baie. C’est le moment d’une grande Promenade jusqu’aux hauteurs de la presqu’ile de Buchanan d’où la vue sur les glaciers environnants est tout bonnement stupéfiante. La marche est soutenue mais les efforts bien récompensés.
Durant le récap, Christophe explique la situation d’une météo difficile au moyen des cartes de prévisions. Tous les passagers ont été formé depuis le premier jour à comprendre ces documents et savent à présent en spécialiste en apprécier les subtilités. Un fort coup de vent de sud est prévu dès demain après-midi sur toute la côte Ouest du Spitzberg. Le Polarfront naviguera donc toute la nuit et toute la matinée pour aller se mettre à l’abri dans l’Isfjord qui devrait être tranquille pendant la tempête.
Thor, dieu des tempêtes ayant décidé de nous envoyer des vents sud contraires, il nous faut prendre la route pour profiter d’une fenêtre météo avant que trop de houle nous surprenne; nous choisissons de nous mettre à l’abri dans l’Isfjord avant qu’il ne soit trop tard et avons ainsi navigué toute la nuit et la matinée. Qu’à cela ne tienne, notre emploi du temps est bien pourvu : nous assistons le matin à une présentation photo des clichés de Florian Ledoux, photographe de renom présent à bord qui nous montre des images de notre croisière ainsi qu’une sélection de photos de ses voyages, nous illustrant et expliquant ainsi ce fabuleux mais difficile métier qu’est le sien et la patience d’ange et la résistance qu’il faut pour l’exercer. Nous sommes subjugués par les images, la lumière, les glaces et les ours mis en valeur. Peu après, notre guide Sophie nous fait une conférence sur la littérature polaire et nous recommande de nombreux titres de livres, allant de la littérature classique, science fiction, polars, récits d’aventuriers, biographies, nouvelles ou manuels polaires. La liste est longue, de quoi largement continuer fictivement le voyage polaire confortablement depuis chez soi ! Dehors le brouillard s’installe comme un invité et nous jetons l’ancre dans un endroit plus dégagé: Ymerbukta, au pied du glacier dont les flancs froids chassent la brume. Après le déjeuner, nous mettons les zodiacs à l’eau pour une navigation dans l’anse au hauts fonds où se laissent apercevoir des phoques communs que nous observons longtemps à la jumelle. Leur position en banane, leurs contorsions et leur petite frimousse nous font sourire et comblent les photographes.
Nous poursuivons devant le front glaciaire et descendons même à terre devant la partie morte du glacier, à l’abri des chutes de glaces. Le paysage est impressionnant et la beauté et force de la glace nous étonnent. Quelques vêlages au loin avec leurs détonations tonitruantes nous surprennent et renforcent notre respect de ce géant de glace. Une petite navigation dans le brash plus tard et nous revenons à bord. Pour les plus motivés, un petit tour de pédalo est proposé avant que la pluie ne ramène tout ce petit monde à l’intérieur dans la chaleur et l’intimité du bateau.
Nous suivons un petit point récap’ sur le phoque commun et la mouette ivoire puis les infos sur l’itinéraire nous sont présentées avant le repas du soir pendant que nous mettons le cap sur un fjord voisin pour nos aventures de demain.
Le jour se lève sur la grande baie de Yodliabukta alors que le Polar front est au mouillage devant le glacier de Sveabreen. Des rennes au loin paissent sur la toundra. Un brash important occupe la baie. Au loin, les montagnes pointues et partiellement enneigées trône dans un ciel clair et baigné de lumières matinales. Le paysage est tout simplement époustouflant. Nous sautons dans les zodiacs et nous lançons à la découverte des caps et des glaces. Les fulmars boréaux sont nombreux. Certains volent bas au-dessus des zodiacs, d’autres forment des radeaux à la surface de l’eau. Nous nous intéressons à la glace, aux bleus intenses de certains icebergs. L’un d’entre eux est complètement noir. Malgré notre application à trouver une baie protégée d’un vent général difficile sur le Spitzberg, celui-ci se fraye un chemin jusque à nous et commence à « lever » la mer. Une houle d’abord ronde s’invite et il est temps de retourner au Polar Front.
Après le déjeuner, nous avons repositionné le navire près du Cap Wijk à l’entée du fjord de Dickson. Nous sommes mieux protégés du vent qui a tourné. Le cap est une longue bande de toundra autour d’une baie immense et nous pouvons voir quelques rennes dans la verdure. Justement, c’est l’objectif des photographes à notre bord. Nous débarquons pour une balade à terre et marchons dans la toundra pour une approche des rennes. D’abord à couvert pour ne pas les effrayer, nous tentons pas à pas de leur montrer nos intentions pacifiques afin qu’ils nous acceptent à une distance raisonnable. Avec un peu de patience c’est chose faite et les animaux s’offrent aux objectifs. Une très belle observation de ces ongulés sauvages. De retour au navire, c’est l’heure de la visite machine orchestrée par notre mécanicienne en cheffe, Charlène. Puis vient l’heure du récap ou nos guides reviennent sur les rennes et les fulmars avec plus de précisions, juste avant un excellent diner bien mérité.
Le vent est beaucoup plus fort que prévu et la brume s’est installée dans le Billefjord ce matin. L’équipe d’expédition décide de repositionner le Polarfront au fond du fjord proche du glacier de Nordenskjold où les conditions semblent meilleures. L’atmosphère est vaporeuse mais l’immense glacier est bien visible avec ses nuances de bleus et de gris. Ce caractère étrange n’échappe pas à nos photographes qui s’attardent depuis le navire. Les zodiacs sont mis à l’eau et nous commençons à explorer les abords de la baie et des replis de la glace. De nombreuses mouettes sont au repos sur du brash bleu, des fulmars passent au- dessus de zodiacs. Alors que nous passons devant la presqu’ile de roche moutonnée qui coupe le glacier en deux parties, nous repérons un ours ! Il s’agit d’une grosse femelle qui porte un collier émetteur posé par les scientifiques. Elle doit être à terre depuis longtemps car son pelage tire sur le marron. Elle est parfaitement indifférente à notre présence et passe de la position allongée à debout pour brouter quelques touffes de végétation arctique.
Nous prenons notre temps pour l’observer et lui tirer le portrait. Un ours pour notre dernier jour ! Quel beau cadeau arctique ! Alors que nous poursuivons notre exploration, le vent forcit soudain et Christophe sonne l’heure du retour au navire. Avant le déjeuner, guides et matelots endossent le rôle de mannequin pour un défilé de vêtements souvenirs. Sophie est au micro, tout le monde se prête au jeu : Bonne humeur et rires assurés ! A nouveau, les intentions de l’après-midi sont à revoir. C’est cela la croisière expédition et jusqu’au dernier jour ! Le vent s’engouffre dans le Billefjord si puissamment qu’il compromet le mouillage dans la petite baie que nous visions pour notre dernière activité. Nous nous replions sur le Templefjord où le vent est moins fort et le plafond plus haut pour une belle navigation dans cet endroit connu pour sa beauté panoramique. Un rayon de soleil nous donne raison et les passagers, tour à tour viennent braver le vent et le froid pour tirer quelques clichés depuis les ponts extérieurs. En fin de journée, le Polar Front fait demi-tour, cap vers Longyearbyen. Plus tard dans la soirée, alors que les informations de retour ont été données à tous, Christophe présente une petite rétrospective de cette formidable croisière en images, ponctuée par un verre de l’au-revoir. Place au dernier diner avant l’ultime nuit terminant un séjour qui restera longtemps dans les mémoires.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Bravo à celui a celle qui nous raconte ces merveilles….Nous vivons ce voyage près de vous et admirons les lieux incroyables ,ces ours et oursons etc….merci de nous faire découvrir ce que vous vivez.
Tout va bien chez vous,pas d ours,dommage!,mais un chevreuil magnifique qui a compris que tout l espace était pour lui!
Gros poutous non givrés à vous 2 et pourquoi pas à tout l équipage qui le mérite!
Monique et Alain