Sophie Tuchscherer
Guide
29 juillet
9 août 2022
Sophie Tuchscherer
Guide
Christophe Bassous
Arctique et Antarctique
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Nous quittons Paris tôt ce matin et abandonnons la canicule française pour nous envoler vers des contrées bien plus froides mais pas moins exotiques pour autant : le Svalbard. En fin de vol, nous admirons la vue des glaciers depuis les hauteurs. Après un atterrissage sans encombre, nous sommes accueillis par l’équipe de Grands Espaces et une excursion dans la vallée de l’Adventdalen est organisée. Nous y découvrons un pan de l’histoire de cette terre lointaine et superbe. Nous profitons d’un petit temps libre pour découvrir le centre de la ville de Longyearbyen puis embarquons à bord de l’Explorer.
Une équipe accueillante et sympathique nous donne les premières instructions dont l’exercice de sécurité obligatoire de rigueur après l’attribution de nos cabines. Puis un pot de bienvenue nous est servi et nous dînons d’un délicieux menu préparé avec soin par notre chef Ed et servi par notre steward Francis, toujours souriant. Après le dessert, nous admirons le paysage mais de courte durée : la fatigue du voyage a raison de nous et c’est avec plaisir que nous nous couchons et nous endormons pour cette première “nuit” polaire; le soleil ne daignant pas baisser d’un iota dans un ciel éternellement lumineux malgré la couverture nuageuse.
Après une nuit de navigation, nous entamons notre journée dans le fjord de Smeerenburg. Alors que nous en longeons les côtes, nos guides Christophe et Sophie nous distribuent les chaudes combinaisons qui nous sont gracieusement prêtées pour toute la durée de la croisière. Elles seront sans aucun doute d’une grande utilité lors de nos sorties dans la fraîcheur polaire. On nous prête également des bottes d’une bonne épaisseur et d’un grand confort, quel luxe! Puis Sophie nous présente le Svalbard grâce à une introduction complète et variée sur son histoire, sa géographie, son environnement et son actualité. Une page de notre voyage s’ouvre alors que de superbes paysages se dévoilent à nos yeux. Nous ancrons devant le front glaciaire de Smeerenburg au décor majestueux et déjeunons entre les pans de montagnes abruptes et sombres et le bleu étincelant des glaciers.
Sitôt le déjeuner terminé, les zodiacs sont mis à l’eau et nos guides nous conduisent entre les blocs de glace et les icebergs plus ou moins gros pour une navigation inoubliable devant ce mur d’eau solide. Nous sommes bouche-bée devant tant de beauté et de grandeur! Un visiteur s’approche de nos embarcations; en effet une petite tête noire surgit des flots : un phoque annelé. Il joue à cache-cache avec les zodiacs et s’approche suffisamment pour que nous distinguions ses grands yeux noirs et brillants avant de disparaitre sous les glaces.
Nous sommes amenés à bonne distance devant les parties vivantes et celles érodées et plus figées de ce géant bleu et blanc. Des blocs de roche gros comme des immeubles sont polis par la force du glacier qui découvre aussi plusieurs îlots entre lesquels nous naviguons. De nombreux et sympathiques guillemots à miroir noir et blanc nagent paisiblement en petits groupes. Nous distinguons leurs pattes et même l’intérieur de leur bec d’un rouge sang vif. Une autre tête est aperçue dans l’eau : un phoque barbu. Il ne fait que passer, plus timide (ou indifférent) que le premier. Le glouglouti des cascades accompagne le claquement des bulles des icebergs et les détonations puissantes venues du glacier. Nos guides nous expliquent leur formation, leur cycle de vie et leurs “accouchements” de blocs de glace de dimensions parfois gigantesques qu’on appelle vêlages.
Comme pour illustrer nos propos en image et montrer sa toute puissance et sa dangerosité, le front glaciaire éructe de gros blocs qui tombent avec des gerbes d’eau et d’éclats de glace dans un fracas brutal et monstrueux. La vague qui en résulte est haute et importante mais nous sommes plus loin que la distance respectueuse imposée par la loi et le bon sens… Aux premières loges, nous profitons du spectacle et mitraillons l’évènement spectaculaire. Quelle chance, nous n’en croyons pas nos yeux! (et nos oreilles ne sont pas en reste).
Nous revenons à bord et le navire lève l’ancre pour remonter le fjord. Un goûter nous est servi et nous l’avons à peine avalé qu’une annonce est faite: rendez-vous en combinaison et gilets pour une sortie inopinée. Après une observation lointaine et incertaine depuis la passerelle, nos guides sont partis en repérage en zodiac et confirment leur doute : un ours se trouve à demi caché derrière une colline de la grève. Nous nous équipons rapidement alors qu’ils viennent nous chercher et nous partons sur les chapeaux de roue pour mieux regarder notre premier ours. Nous contournons la grève et entrons dans une lagune en prenant garde aux hauts fonds et rochers et observons le bel animal couché derrière un monticule. Quelle rencontre incroyable! Le bel animal lève la tête à notre approche et reste couché, lové sur lui même.
Nous repartons ensuite pour ne pas le déranger trop longtemps et regagnons le bateau. Nous rentrons comblés. Le dîner, décalé pour la bonne cause est le bienvenu et les bons plats s’enchaînent. Le paysage est toujours aussi majestueux et nous ne pouvons croire qu’un seul jour s’est écoulé; nous avons l’impression d’être là depuis une semaine et semblons avoir déjà eu notre quota d’émotions pour un mois ! Quelle journée incroyable! Nous nous couchons comblés de joie et d’émotions.
Ce matin, nous nous réveillons la tête encore pleine de belles images de la veille. Nous sommes ancrés à Eolusneset par 79°56’48N et 016°45’5 E . La mer est belle, le ciel est dégagé et la visibilité est totale. Une température caniculaire pour le lieu, de 14°C ! On peut dire qu’il fait chaud ! Eolusneset, d’après Aeolus, un voilier norvégien se trouve dans le Sorgfjord ,« le fjords des soupirs ».
C’est un petit fjord de 15 km de long au nord-est du Spitzberg, à l’entrée du Détroit de Hinlopen. Son nom remonte au temps des baleiniers et fait probablement allusion aux conflits entre baleiniers et aux difficultés rencontrées par les navigateurs en raison des conditions de glace dans cette région isolée du Spitzberg. Les traces les plus anciennes datent du 17e siècle et se trouvent sur la côte ouest du fjord, sous la forme d’un cimetière comprenant une douzaine de tombes des 17e et 18e siècles, près du site d’Eolusneset. On ne sait pourquoi, mais c’est un endroit qui dégage une grande émotivité. Une grande croix en bois sur une colline, domine le site (Krosshaugen). Elle fut dressée le 6 juin 1855 par J. Holmgren, skipper norvégien de la goélette Eolus encerclé à l’époque par les glaces.
C’est ici, en août 1693, qu’a eu lieu la bataille navale la plus nordique de tous les temps… En effet la concurrence entre baleiniers français et hollandais était telle qu’elle donnait lieu parfois à des conflits armés. Le 6 août, trois frégates françaises, sous le commandement de Coursic, le corsaire malouin de Louis XIV, attaquèrent 40 bateaux hollandais, dont 13 furent capturés par les français, le reste de la flotte hollandaise ayant pu s’échapper…Il en reste également quelques-uns au fond. Sur le côté nord du site Eolusneset se trouve une vielle hutte de trappeur ; bâtie en 1921, elle fut réparée en 1926 par le célèbre trappeur Arthur Oxaas. Elle est encore là, même si elle tient debout grâce à des bouts de bois de soutien. Un ancien piège à renard est encore en place non loin de là. Il y a des traces de rennes et même quelques traces d’ours. La semaine passée, nous n’avions pu visiter le site à cause d’un plantigrade qui a grimpé jusqu’à la croix ! Nous ferons également un petit coucou à nos copains de l’Ocean Nova qui passait par là. De retour au bateau, Sophie nous présente une conférence captivante tout à fait appropriée sur les baleiniers au Svalbard.
Cet après-midi nous filons vers le Lomfjord , le fjord des plongeons. Long de 35 km il comporte une petite baie latérale, Faksevågen, sur sa côte ouest. Isolé et tributaire de conditions de glace difficiles, la partie intérieure du fjord n’est pas cartographiée sur les cartes marines en grande partie, si bien
que la région est rarement visitée, mis à part quelques hivernages de trappeurs norvégiens entre 1908 et 1938. Nous sommes à nos jumelles lorsque nous repérons deux formes particulières. L’une est plus grosse que l’autre. Nous doutons, l’excitation nous prends, nous nous rapprochons, regardons encore et encore … Le doute n’est plus permis. Ce sont deux ours qui déjeunent sur le bord de mer ! Non ! Pas deux, pas trois, mais quatre ours ! Non ! Pas quatre, mais cinq, puis six !
Les trois derniers sont nonchalamment étendus dans la toundra. Il s’agit d’une femelle et ses deux oursons. Extraordinaire ! Nous sautons dans nos habits de zodiac et nous précipitons pour aller voir cela de plus près ! Trois ours dont deux jeunes, sont en train de manger quelque chose. Les autres sont couchés non loin de là. Le quelque chose en question s’avère être des restes de carcasse de baleine.
Ce sont des restes de l’an passé, mais des restes, il n’en reste plus grand-chose justement. Et puis, il y a encore un mouvement sur un grand névé, un peu plus loin. Encore un plantigrade ! Nous en sommes à 7 ours !! Quelles observations fantastiques ! Nos guides nous font passer des moments exceptionnels ! Les ours se relaient, qui pour manger sur la carcasse, qui pour aller se recoucher. Après un très long moment, il est tout de même temps de rentrer sur l’Explorer. Nos guides emmèneront une partie de l’équipage faire aussi un tour auprès de nos ursidés. Bien entendu, il est temps d’avoir une conférence sur Ursus maritimus, et c’est Christophe qui nous raconte « la vie des ours » !
Mais quelles splendides observations et quelles découvertes, auxquelles nous avons assisté aujourd’hui ! C’était tout simplement génial !
C’est en terre du Nord-Est que nous nous réveillons dans le détroit de Beverlysundet. Le bateau est à distance respectable des côtes; nous sommes si loin au nord que certains fonds ne sont même pas cartographiés. Le décor est minéral à souhait. Ici, tout n’est que roche et nous peinons à croire qu’il y ait aussi de la vie animale. C’est pourtant le contraire que nous démontrent nos guides lors de notre sortie : des dizaines de petits organismes marins entourent les zodiacs et nagent dans les eaux froides dans un ballet de couleurs et de filaments : pleurobrachia, cténophores, copépodes, krill et méduses semblent s’être donné rendez-vous autour de nos embarcations et leurs couleurs chatoyantes contrastent avec le noir de la mer. Christophe en prélève quelques uns et nous les fait passer pour mieux les voir. Malgré leur petite taille, nous sommes émerveillés par la beauté de ce monde élaboré et délicat.
Le brouillard semble nous accorder une trêve et se lève juste pour notre sortie. Nous mettons pied à terre à la “plage des graffitis”, ce lieu riche en histoire où plusieurs bateaux ont laissé leur marque. En effet, on peut lire sur le sol des géoglyphes faits de pierres composant des lettres formant le nom de certains d’entre eux dont le Krassin et le Krasni Medved (l’ours rouge) qui en 1928 vont retrouver Nobile après son accident avec l’Italia lors de la grande mission menée pour venir à son secours. Un pan de l’histoire nous est raconté par nos guides et nous imaginons aisément les hommes des expéditions laisser une trace de leur passage dans ce lieu désolé.
Nous commençons une promenade entre rochers et toundra et apercevons deux rennes : une femelle et son petit qui nous jaugent rapidement d’un coup d’oeil avant de disparaitre. Un peu plus
tard, c’est un passager qui repère un autre charmant visiteur : un renard arctique. Il est très curieux et vient nous voir, creusant à chaque pas la distance qui nous sépare de lui. Il entame une partie de cache-cache, ses petites oreilles apparaissant derrière les rochers. Espiègle, il se roule dans la mousse, s’étire, se gratouille à quelques mètres de nous! Nous qui pensions être au bout de nos surprises le voyons se rapprocher encore plus!! Joueur, il fait quelques galipettes et continue toujours plus près.. Nous sommes complètements sous le charme. Immobiles et silencieux, nous le laissons venir à nous jusqu’à moins d’un mètre…jusqu’à renifler à moins d’un centimètre (oui oui, centimètre!) les bottes du plus chanceux, plongeant ses yeux noisettes dans les nôtres pour un moment inoubliable et magique. Il nous suivra de sa démarche gracile et sautillante jusqu’aux zodiacs…en partant, nous avons le sentiment de laisser un ami derrière nous et ne pouvons nous empêcher de constater la féerie de cette rencontre animale et le privilège de côtoyer la vie sauvage si intimement.
Comme par un accord tacite, le brouillard revient voiler le site après cet instant de grâce. Après le déjeuner nous mettons cap sur les sept îles, cet archipel qui sera notre record de latitude. Mais la brume épaisse vient cette fois empêcher toute tentative de sortie, ne serait-ce qu’en zodiac. Après un peu d’attente sur les intentions de cette purée de pois, nos guides se concertent et décident de passer directement à l’étape suivante : l’île Karl XII, cet îlot minuscule mais si beau perdu au milieu de l’océan. En route, Christophe nous fait une conférence sur le monde fascinant du plancton et des micro-organismes sous-marins observés ce matin. Grâce à ses explications, nous comprenons mieux cette grande famille méconnue du grand public et nous nous rendons compte de son importance capitale pour tous et de sa place prépondérante dans le cycle de la vie.
Alors que nous regardons le paysage pendant la navigation, nous constatons un étrange effet d’optique : le mystérieux mirage polaire Novaia Zemblia qui brouille l’horizon et transforme des archipels planes en icebergs géants et des îles coniques en muffins. Quel drôle de monde que celui des pôles…
Plus tard, Sophie nous donne un petit cours de norvégien et nous répétons le vocabulaire de base en très bons élèves avec une excellente prononciation!
Vient le moment de dîner et les délicieux plats préparés par Ed défilent dans nos assiettes alors que nous jetons l’ancre à l’île de Karl XII. Nos guides nous proposent une sortie en zodiac autour de cette jolie île et nous acceptons avec plaisir : son relief, la variété du paysage et sa colonie d’oiseaux nous attire d’autant plus que nous avons paraît-il des chances d’y voir de l’ours à condition d’ouvrir l’oeil. Et c’est Christophe qui ouvrira le bon et trouvera un ours! Franchement bien caché et difficile à repérer, il est sur un rocher à une dizaine de mètres de hauteur, se fondant dans le blanc du ciel.
En bonne forme et gras, il est couché sur le côté, nous distinguons même les coussinets de ses énormes pattes aux griffes sombres. Sous ses airs de nounours, nous devinons la puissance de cet animal imposant! Nous le photographions à souhait avant de continuer notre tour de l’île avec de nombreux macareux volant tout près des zodiacs. Nous distinguons bien leurs becs caractéristiques et colorés.
De grandes nuées de muettes tridactyles passent au dessus de nous, continuant la poésie de ce moment hors du temps. L’Arctique ne dort donc jamais?! Pour nous, il faudra tout de même y penser mais malgré l’heure avancée, nous échangeons encore longuement sur les émotions de cette incroyable journée.
Après cette mémorable journée d’hier, nous nous réveillons toujours en vue de l’ile Karl XII. Le vent est un peu monté, la température est descendue à 8°C. La visibilité est encore bonne, mais on sent
bien que cela ne va pas durer. Nous démarrons les moteurs très tôt, en route pour une escale prévue entre les îles de Brochoya (d’après Ole Jacob Broch (1818-1889), mathématicien et politicien norvégien), et Foynoya (d’après Svend Foyn (1809-1894), marin et baleinier norvégien, qui mit au point le canon-harpon pour chasser les gros cétacés). Il y a peu de végétation sur ces îles essentiellement rocheuses, mais la possibilité d’y voir un ours ou deux sur le chemin nous intéresse.
Du moins, c’est ce que nous avions prévu. Las, le brouillard épais entoure les deux îles, et malgré un ancrage à proximité dans l’attente de la dispersion de cette brume, nous ne pouvons raisonnablement prendre les zodiacs et aller en exploration. Nous mettons à profit cette immobilisation pour effectuer une visite de la passerelle avec notre capitaine Norvégien, Kai Hansen. Nous en savons désormais un peu plus sur les différents systèmes de communications, de compas magnétique et GPS, de sondeurs, sonars et autres instruments de navigation. Même les cartes marines sont sur des écrans ! On a perdu le charme des cartes papiers, même s’il y a tout un tas de ces cartes qui sont pour certaines encore utilisées. En effet, les sondes ne sont pas toujours complètes partout, comme par exemple, celles vers lesquelles nous faisons route, ou dans bien des parties du Groenland.
Nous descendons ensuite en salle des machines ou les explications de notre chef mécanicien Edwin, sont traduites par nos guides. Finalement, nous reprenons notre route en direction de Storoya, notre prochaine étape. Christophe en profite pour nous présenter une conférence sur une histoire peu connue du monde francophone ; l’histoire de l’expédition de Sir John Franklin à la recherche du passage du Nord-Ouest en 1845. Une des plus célèbres et des plus dramatiques expéditions Anglaises.
Puis c’est l’heure du déjeuner, une fois de plus « goûteusement » préparé par notre chef cook, Eddy. Nous arrivons en vue de Storoya dans l’après-midi. Cette île était en général isolée jusqu’à la fin de
l’été, puis inaccessible car la banquise revenait, mais depuis peu et malgré le fait que les eaux alentours soient peu profondes et mal sondées, on peut quelques fois y atterrir. Storoya ou la « grande île », qui ne compte en fait que 40 km² dont 35km² couverte d’une calotte de glace, a été découverte vers 1640-1645 par le chasseur de baleines néerlandais Ryke Yse.
Il n’y a que quelques petites baies dont l’une abrite une colonie de morses. C’est eux que nous allons voir en croisière zodiac. Quelques-uns sont dans l’eau, et un gros « tas » somnole sur la plage. Ça se chamaille de temps à autre, un des énormes pinnipèdes se traine littéralement à l’eau, tandis qu’un autre remonte jusqu’au « tas ».
Entretemps, Sophie a repéré un gros ours à proximité ! Celui-ci est affalé près d’un bloc de rochers, dans une position assez curieuse. Il est sur le dos, les pattes à moitié en l’air.
Il daigne ouvrir un œil, lève un peu la tête puis reprend sa position. Nous avons le temps d’aller observer d’autres morses femelles et leur jeune, eux aussi vautrés sur des rochers. Décidément, aujourd’hui, c’est journée sieste ! Et, enfin, monsieur l’ours condescend à se mouvoir. Il se lève, il est gros, il a une belle blessure cicatrisée sur le côté, il descend sur la plage, nous regarde encore et bien sûr, il se recouche. Des sternes arctiques lui tournent autour et l’asticotent, mais, pfff, il s’en moque …
Entretemps, Sophie a encore repéré une tache couleur paille au loin derrière un rocher. C’est encore un ours, mais celui là est trop loin pour avoir une belle observation. Il n’empêche que nos deux compères trainent à proximité d’une colonie de morses … Il est temps pour nous d’aller goûter. Oui, je sais, il faudrait être raisonnable …. Difficile … !
Après avoir navigué cette “nuit” le long de la terre du Nord-Est, nous nous retrouvons devant l’énorme calotte de l’Austfonna qui recouvre la plus grande partie de la 2e île du Svalbard. Jugez plutôt : un immense dôme de glace recouvrant plus de 10 000 km2 de l’île qui compte elle 14 400 km2. Ce géant gelé s’étale en capsule et s’étend jusqu’à la mer pour finir en barrière de glace qui s’étend sur plus de 160 km de front glaciaire, le plus important de tout l’hémisphère nord! Nous prenons notre petit déjeuner au milieu des premiers icebergs dérivant nonchalamment dans les eaux vertes et imaginons, comme dans les nuages, des formes diverses et variées allant du champignon à l’hippopotame en passant par le sanglier ou le sphinx. Avec une météo bien maussade, un vent revêche, une pluie fine et une forte dérive, nos guides, se concertant avec le capitaine décident de tester une mise à l’eau d’un zodiac pour voir si les conditions permettent une sortie. Mais le vent, la houle et la dérive non seulement du navire mais aussi des zodiacs et surtout de sournois blocs de glace imprévisibles leur font annuler le projet : depuis le pont, nous suivons leurs manœuvres difficiles et la remontée à la coupée ne se fait pas sans encombre. La sagesse impose de rester à bord de l’Explorer. Qu’à cela ne tienne : c’est avec le navire et en toute sécurité que notre commandant nous mène d’une main experte entre ces sculptures éphémères de glace dont certaines atteignent presque la taille du bateau.
Nos appareils photos crépitent et nous passons la matinée sur le pont à immortaliser « des icebergs anguleux, asymétriques et tarabisicotés » comme s’ils s’étaient retournés plusieurs fois dans un mauvais
sommeil » pour citer Jean Echenoz. Pour couronner cette navigation scénique, le capitaine se positionne ensuite devant le front glaciaire de Bråsvelbreen, là où la hauteur est la plus impressionnante et où l’eau douce de fonte découle en bédières (rivières glaciaires) et cascades.
Il place la proue du navire dans l’axe de l’une d’elle au débit impressionnant dont les remous dans la mer attire de nombreux oiseaux. Une mouette ivoire est même observée (pour les plus chanceux et rapides), disparaissant dans le grand blanc tel un fantôme . Nous longeons ensuite ce mur de glace devant certaines cascades encore gelées, donnant un air étrange à cette merveille de la nature et déjeunons dans ce cadre irréel.
L’après-midi nous traversons le détroit de Hinlopen en direction de Walberøya. En cours de route, Sophie nous fait une présentation de certains livres choisis sur le thème polaire avec des recommandations et extraits pour que nous puissions continuer le voyage à la maison. Il y en a pour tous les goûts et certains titres sont même disponibles à la bibliothèque du bord. À Walhberøya, malgré une pluie fine qui n’efface pas notre enthousiasme, nous sortons pour une balade en zodiac et allons voir une colonie de morses. Nous nous observons mutuellement et les gros pinnipèdes à l’eau s’approchent de nous et nous regardent du coin de l’oeil (qu’ils ont rouge). Ils viennent à nous en nageant et nous distinguons outre leur peau épaisse, leurs défenses, narines et vibrisses fournies. Plus loin, d’autres petits groupes à l’eau sont occupés à manger et sont très actifs: ils plongent et restent en apnée dans les eaux froides pour attraper les coquillages dont ils se nourrissent. On entend leur souffle et grognements et nous sommes témoins du remue-ménage que cela créé quand ils se chamaillent.
La plus grande partie de la colonie est étendue sur le sable, repue et se prélasse, les gros individus affalés les uns contre les autres dans les postures les plus détendues. Nous les observons longtemps, fascinés par leur grâce, agilité et rapidité dans l’eau. Plus loin, nous longeons la côte avec ses colonnes de dolérite s’érodant dans la mer et nos guides nous font un petit cours de géologie.
Nous rentrons sur une mer d’huile et sous une pluie de plus en plus insistante et retrouvons avec plaisir la chaleur de nos cabines. Il est bientôt temps de dîner et c’est là encore un bon dîner convivial autour duquel nous échangeons le plaisir et les émotions de la journée.
Ardneset par 79°19.71N et 019°41.97 E . Temps arctique, mer d’huile, température de 7°c et visibilité faible. Nous sortons de nos rêves en même temps que nous levons l’ancre, et nous entamons une traversée de petites îles inhospitalières au caractère sombre. Quelques morses émergent de l’eau et nous regardent passer. C’est dans un brouillard qui va et qui vient que nous nous dirigeons vers Hinlopenbreen. Nous entrons doucement dans le cirque ce cet imposant glacier. La brume se dégage enfin et nous découvrons, au sens propre car pratiquement personne ne vient par ici, nous découvrons donc la majesté du lieu.
Beaucoup d’icebergs sont visibles. Cela veut dire que ce glacier est actif et vêle régulièrement. Soudain, un cri, c’est Brice, un de nos passagers qui viens de repérer un ours en train de nager à quelques encablures du bateau. Nous stoppons les machines pour observer Ursus maritimus dans son autre milieu, l’eau. C’est un bel ours qui nage entre les morceaux de glace vers un but inconnu. Nous avons beau chercher, nous n’avons pas vu de phoque vers lequel il aurait pu se diriger après l’avoir reniflé de très loin. Un ours dans l’eau, ça nage vite ! Nous le laissons vaquer à ses occupations et reprenons la direction de la sortie du glacier de Hinlopen. Pour déjeuner, nous allons mouiller devant celui, beaucoup plus modeste, de Chydenius.
Cet après-midi, nous remontons vers le nord dans le détroit d’Hinlopen en direction de la fameuse falaise d’Alkefjellet. Quelques îles avec des orgues basaltiques sont sur notre chemin. Quant à Alkefjellet, la falaise aux oiseaux, c’est un des sites caractéristiques majeur du Svalbard, à voir absolument lorsque l’on peut longer ses colonnes basaltiques impressionnantes sur plusieurs kilomètres. Ici la lave s’est infiltrée, il y a environ 150 à 100 millions d’années, à travers la roche sédimentaire en formant des colonnes, des tours et des créneaux. Dans la brume, ces structures semblent sorties tout droit d’un film fantastique.
C’est peut-être l’heure du goûter, mais nous embarquons dans nos zodiacs pour une visite hors du commun. Vraiment quelque chose d’irréel et d’impressionnant. Nous progressons très lentement en nous imprégnant (au sens propre) des bruits et des odeurs qui se font plus fortes à mesure que l’on approche de ces colonnes de basaltes fantastiques. La grande attraction de ces falaises hautes de près de 200 de mètres, c’est bien sûr la colonie de guillemots de Brünnich qui nichent juste au-dessus de l’eau par dizaines de milliers (plus de 100 000 couples), et se livrent à un incessant et bruyant va- et-vient pour nourrir leur progéniture, en compagnie de mouettes tridactyles mais aussi de goélands bourgmestres à l’affût des jeunes guillemots. A ce sujet, on dirait que c’est l’heure du diner pour les goélands.
Nous assistons à plusieurs attaques sur des jeunes guillemots et malheureusement pour eux, c’est une fin prématurée. Les guillemots se battent aussi entre eux à cause de problèmes de promiscuité. Ils se donnent des coups de becs violents, tombent à l’eau, continuent à se battre, et l’un prend le dessus tandis que l’autre s’enfuit. L’ambiance est dantesque. Ces centaines de milliers d’oiseaux qui tournoient dans un ciel gris en piaillant sans cesse, c’est un peu effrayant. À certains endroits, les couches de calcaire sont encore visibles. Le calcaire s’est recristallisé dans la zone de contact avec le basalte, faisant apparaître, en un contraste remarquable, un beau marbre blanc.
Les guillemots reviennent du large, certains avec un petit poisson bien visible dans leur bec. Et là, un grand labbe qui poursuit et harcèle sans relâche une pauvre mouette. Elle finit par régurgiter son
repas et c’est le labbe qui s’en saisit juste avant que ledit repas tombe en mer. Le ballet de tous ces oiseaux, continue en mer. Les vols des alcidés en formation en V, très au-dessus de l’eau ou au contraire en hauteur, sont un spectacle dont on ne se lasse pas… Nous croisons un phoque la tête dans l’eau, il ne nous voit pas du tout tellement il est absorbé, entouré d’oiseaux. Il y a du poisson dessous, c’est certain.
Nous revenons sur l’Explorer et repartons revoir nos ours du Lonmfjord, non loin de là. Il y en a encore cinq, qui ont plutôt la position couchée. De temps en temps, l’un se lève et fait quelques pas en direction de la carcasse. Le suspense est insoutenable ! Nous resterons près d’une demi-heure à les observer pour savoir qui va se lever, qui va enfin aller re-gouter les restes de carcasse. Finalement nous en serons pour nos frais, les cinq compères se sont recouchés … Mais quel spectacle encore une fois !
Il est temps de repartir pour notre prochaine aventure vers le fjord de Palander … Mais bien sur après un excellent dîner et sur cette curiosité cinématographique en noir et blanc de 1930 qu’est le film de « Nanook, l’Esquimau ». Cependant notre programme est interrompu par un cri de Sophie qui nous annonce une baleine sur l’arrière du bateau. Tout le monde se précipite sur le pont. Il s’agit d’un petit rorqual d’environ 7 m dont on aperçoit la dorsale. Il est assez discret, mais c’est indéniablement un cétacé. Nous pouvons aller finir de voir Nanook …
C’est sous la brume que nous nous réveillons ce matin et un voile blanc vient couvrir le décor des montagnes du désert polaire de la terre du Nord-Est. Nous petit-déjeunons alors que nous mettons cap vers le fond du fjord de Wahlenberg pour nous positionner devant le glacier de Eton. En route, les blocs de glace aux camaïeux de bleus tranchent sur le vert de la mer qui bientôt vire au rose. Ce sont des sédiments vieux de centaines de millions d’années qui s’érodent sous l’action de la glace et des rivières et teintent la mer en un rouge de plus en plus profond à mesure que nous avançons.
Le sillage du bateau est marqué d’arabesques troubles du plus bel effet et l’ambiance est mystique et recueillie. Nous contemplons ces aquarelles vivantes avant de retrouver le salon pour assister à une conférence complète sur la géopolitique des pôles. Christophe nous explique l’histoire de cette dernière et son actualité complexe avec les intérêts des différents pays qui entourent ou se partagent les pôles. Là encore, nous constatons combien il est important de préserver ces endroits vulnérables, tant pour l’écologie que pour la paix et que la situation générale est aussi fragile que de fines couches de glace fondant au soleil, dévoilant des frontières dont l’avenir est incertain.
Nous poursuivons notre navigation dans le fjord et le bateau ralenti son cours lorsque apparait un groupe de morses dans l’eau! Nous distinguons bien leurs défenses et leurs nageoires qui font beaucoup d’éclaboussures et voyons même leur souffle. Ils font plusieurs pirouettes et plongent en un mouvement élégant avant de s’éloigner. Alors que les montagnes montrent leurs silhouettes sombres, certains d’entre nous profitent du sauna et du jacuzzi pour un petit moment de détente avant le déjeuner.
Puis nous nous arrêtons et jetons l’ancre et nos guides nous emmènent pour une sortie en zodiacs devant le glacier de Idunbreen, du nom de la déesse gardienne des pommes d’or de l’immortalité dans la cosmogonie viking. Nous contournons et photographons de superbes icebergs aux couleurs variées : blanc immaculé, noir charbon ou bleu de Prusse qui colorent la palette d’une nature décidément artiste aujourd’hui. Nous écoutons les détonations du glacier et voyons plusieurs blocs s’en détacher et tomber dans les eaux profondes. Subitement, un phoque annelé fait une apparition furtive juste devant le zodiac mais, trop méfiant, repart au loin. Alors que nous sommes à l’arrêt devant le front glaciaire et contemplons ce monstre (et sommes sur le point de rentrer !), nous avons la chance d’assister à un énorme et magnifique vêlage : une immense colonne de glace (dans un équilibre bien précaire) tombe brutalement juste sous nos yeux et se brise en mile éclats dans un vacarme du tonnerre! Quel expérience fabuleuse !!
Nous retournons à bord et c’est dans ce cadre merveilleux que l’équipage nous a préparé dans le plus grand secret un délicieux barbecue ! Nous dégustons de bons et nombreux plats dans un cadre somptueux et trinquons à nos am-« ours » dans une très bonne ambiance et sur fond de musique entraînante, sans crainte de déranger les voisins. Et nous profitons de ces moments privilégiés sur terre..(ou devrions-nous dire sur l’eau?). Nous terminons la soirée dans une ambiance de détente au salon après avoir levé l’ancre et quitté cet endroit magique.
Une bonne route cette nuit avec un courant favorable nous fait nous lever par 79°32N et 012°32 E devant le beau glacier de Monaco. La mer est belle, la visibilité est très bonne et la température de 10°c. Notre petit déjeuner est suivi d’un embarquement en zodiac pour une promenade dans les glaces du Liefdefjord. Le glacier de Monaco fut nommé en l’honneur du Prince Albert 1er de Monaco lors de la cartographie du glacier en 1906-1907. Son arrière-petit-fils, Albert II y est d’ailleurs revenu un siècle plus tard et il existe des photographies des deux époques montrant le recul du glacier. C’est assez impressionnant. La géologie a eu une profonde influence sur les formes du paysage du Liefdefjord.
Des montagnes imposantes aux crêtes déchiquetées et aux créneaux acérés sont visibles dans les zones de terrains primitifs, sur le flanc ouest du Glacier de Monaco, atteignant une altitude de 1000 m. Le clou est constitué par le front de glace large de plus de 5 km, formé par la confluence du Monacobreen et du Seligerbreen. Le front a reculé fortement, si bien qu’en 2006 est apparue une île, jusque-là recouverte de glace, appelée Nyholmen, la « nouvelle île », et qui avait déjà fait l’objet d’une étude géologique en 1991, mais une avancée soudaine du Monacobreen, un « surge », en 1992, l’avait ensuite fait disparaître pendant 14 ans. De nombreux vêlages assourdissants ont lieu sous nos yeux. C’est toujours aussi magnifique de voir ces énormes morceaux de glace bleutée s’effondrer dans la mer. Nos embarcations nous font paraitre très petits … Ici, c’est un grand labbe posé sur la glace avec sa silhouette noire s’en détachant, là, un labbe pomarin en chasse après une mouette (qui riposte en lui pinçant la queue !), là deux phoques qui pointent leur joli museau. Et
toujours ce bruit des bulles pétillantes provenant du « brash » qui crèvent la surface. Et quand on éteint le moteur, c’est le grondement et les claquements comme des coups de feu qui résonnent. Un glacier, cela vit, cela bouge ! Il y a toujours du bruit.
Quelques gros icebergs perdent leur équilibre et se retournent autour de nous quand une forte vague issue du vêlage passe à proximité. Quels regrets de devoir quitter ces spectacles grandioses ! Nous naviguons dans un dédale de petites îles au cœur d’un paysage magnifique, pour entrer dans le le Fuglefjjord : le « fjord aux oiseaux », car il y a plusieurs colonies de mergules nains qui y nichent. Sophie en profite pour nous faire une superbe présentation des oiseaux du Svalbard. Puis nous ancrons en faisant filer très lentement les maillons de la chaine pour faire le moins de bruit possible, devant le glacier de Stemabreen. L’endroit est plus modeste que les énormes glaciers que nous avons visités auparavant, mais le charme opère toujours. Et puis, nous ne sommes pas seuls ; un autre petit
bateau est à l’ancre un peu plus loin derrière les rochers. Justement, en hauteur, il y a, devinez quoi ? Une ourse et son petit ourson tranquillement installés sur les cailloux. Bien sur nous ne sommes pas à quelques mètres, mais on voit très bien le petit, lové contre sa mère, puis il va se balader. L’ourse relève la tête périodiquement pour surveiller l’ourson. Et pour une raison que nous ignorons, il se prend une « taloche façon ours ». Courte mais très ferme. Il reste ensuite très tranquille à coté de sa mère… Etonnant, non ?…
Notre diner est royal. Une large baie devant un glacier en compagnie d’ours polaires …. Que dire de plus ? Finalement, nous remontons l’ancre avec regrets. Mais avant de partir, nos ours nous ferons l’honneur de se lever pour dire au revoir…
Nous nous réveillons dans le cadre somptueux de Ossian Sars, une réserve naturelle de falaises et de toundra dont les îles voisines abritent des sanctuaires à oiseaux où ornithologues et biologistes étudient leurs moeurs, nombres et nidification. Il y a en effet une colonie de mouettes tridactyles qui piaillent en commérages aigus alors que nous prenons notre petit déjeuner. Nous les voyons protester contre la visite indésirable de goélands qui viennent chiper oeufs et poussins. Le renard arctique n’est pas en reste puisque l’un d’eux, repéré de loin à la jumelle, sera suivi des yeux sur sa route entre les anfractuosités des parois abruptes. Le petit déjeuner terminé, nous filons dans les zodiacs pour observer son manège avant qu’il ne disparaisse bien haut dans la montagne. Nous mettons ensuite pied à terre pour une rando dans ce bel endroit.
Et une fois de plus, la nature nous gâte : nous avons droit à de beaux exemples de botanique : champignons, lichens (dont la caloplaca elegans orange vif qui porte si bien son nom), la cassiope tétragone, les saxifrages et même une dryade à huit pétales encore en fleur ! Alors que nous grimpons dans la toundra, un beau labbe à longue queue passe telle une sentinelle au dessus de nous, comme pour vérifier que tout est sous contrôle. Des bruants des neiges virevoltent de pierre en pierre et les amateurs d’oiseaux rares sont comblés et surpris lorsque un groupe d’une demi-douzaine de lagopèdes volent droit sur nous pour se poser à quelques mètres! Quelle chance ! Nous voyons clairement le brun tacheté de leur plumage. Nous avons tout le loisir de les regarder avant de continuer vers un point de vue sur toute la baie où le glacier de Kronebreen s’étale au loin derrière de gros blocs éparses de vêlages récents avec l’Explorer au premier plan sur la mer étale. Une image scénique ! Nous écoutons encore une fois le silence arctique (relatif à cause des craquements du glacier audibles même à cette distance) avant de redescendre retrouver la cacophonie de nos voisines ailées bruyantes et de reprendre le zodiac pour remonter à bord. Nous déjeunons dans ce beau cadre et repartons ensuite vers une île voisine, le capitaine et le second louvoyant entre les icebergs où nous distinguons des points sombres en équilibre sur la glace : il s’agit de phoques barbus!
Placides et avachis, nous les approchons sans qu’ils ne bronchent. Ils se prêtent au jeu de nos objectifs, gardant la pause : panse à l’air, nageoires en éventail et posture débonnaire, ils sont très photogéniques ! Grâce à la délicatesse de nos pilotes (et aux propulseurs d’étrave) nous captons le meilleur angle pour en approcher et immortaliser trois ! Puis nous descendons à Ny-London, ce site historique remarquable où une extraction de marbre fut tentée autrefois et écoutons l’histoire d’Ernest Mansfield qui donna son nom au site où l’on voit aujourd’hui les ruines de machines et installations pour l’extraction du minerai. Que d’espoirs vains, que d’argent et d’énergie perdus. Le Svalbard est plein de récits, de (més)aventures aussi.
Nous continuons vers les hauteurs et jouissons de la belle vue sur les glaciers d’où émergent les sommets des trois couronnes : Svea, Dana et Nora, les montagnes reines de ce coin sublime. Nous croisons la route de quelques rennes que nous pouvons voir de plus près avec leurs bois recouverts de velours, leur pelage et larges sabots. Les tranquilles herbivores se font dépasser par une colonne d’oies bernaches picorant de rares graminées au milieu des rocailles. Un couple de plongeons catmarins vole plus loin, précédé de leur cri caractéristique alors que nous rentrons aux zodiacs, apercevant encore un phoque barbu au repos.
À bord, un bon goûter préparé par Ed nous attend et nous le mangeons avec appétit. Certains profitent du jacuzzi alors que nous longeons le village de Ny-Ålesund tandis que nos guides nous montrent les installations minières, les bâtiments des scientifiques, les appareils dont d’énormes paraboles et le fameux mât de métal d’où parti le Norge, dirigeable à bord duquel Amundsen, Nobile et Ellsworth survolèrent le pôle nord en 1926.
Quant à nous, c’est vers le sud que nous mettons le cap et voguons sur une mer d’huile alors que nous est servi un délicieux repas dont les petits pains oblongs ne sont pas sans rappeler la forme enrobée de morses. Puis, le soir venu, nous échangeons propos et photos autour d’un thé ou d’un verre de vin au salon.
Le réveil dans la baie de Tryghamna se fait par un temps un peu couvert, une mer toujours aussi calme, une belle visibilité et une température de 11°c. Le bateau des gardes côtes est juste à coté de nous. Il s’est invité cette nuit, furtivement (c’est normal pour un garde côte …). Bref nous embarquons dans nos zodiacs pour une belle randonnée sur le site d’Alkehornet. Une énorme montagne en forme de corne pleine d’oiseaux qui y nichent. C’est surtout une toundra d’un vert presque fluorescent, tellement il y a de mousses et d’herbes. C’est un contraste étonnant par rapport à tout ce que nous avions pu découvrir auparavant.
Beaucoup de rennes sont en train de brouter et de se remplir la panse pour passer le prochain hiver. Ils sont très très proches de nous et n’ont pas la moindre inquiétude lorsque l’on passe à côté. Une marche magnifique sur un support moussu élastique. C’est particulièrement agréable tellement c’est doux. Puis en bord de mer sur les hauteurs, ce sont des macareux qui sont à l’eau, puis un phoque annelé qui sort sa tête. Nous resterons plus de deux heures et demi dans cette verdure qui nous a manqué pendant 10 jours.
Il est temps de rentrer, hélas, vers la civilisation. Après déjeuner, nous ferons un peu de pêche, pas franchement réussie pour certains et un peu mieux pour d’autres avec quelques prises de morues. Sophie nous présente ensuite une récapitulatif sur le renne ; c’était le jour pour. Et notre soirée se poursuit après le pot d’au revoir du capitaine. Encore un dîner gargantuesque de notre chef Eddy, puis c’est un diaporama de plein de photos de tout le monde que chacun commente. Juste histoire de se souvenir, déjà, de ce beau et très sympathique voyage au pays des glaces.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Un petit coucou à sophie et à Christophe , on ne change pas une équipe qui gagne ! Ravie de lire vos magnifiques aventures sur l’Explorer , ça rappelle de tellement bons souvenirs avec vous .
Bon voyage
Pour Brice et Magali Beaucoup d’émotion à la vue de ces images, nous imaginons votre bonheur et nous partageons votre joie.
Pour Michèle et Riri, ravie de lire votre aventure qui est magnifique en voyant ces photos, profitez en bien et ici tt va bien ainsi que les loulous. Nous attaquons notre périple demain. Des bisous.
Ravis de partager avec vous ces moments extraordinaires ! On vous souhaite d’autres découvertes aussi superbes que Brice et Magali ne manqueront pas de photographier !
Merci de nous faire participer à ce bon voyage 👋👋👍
Pour Brice et Magali,
Quel plaisir de lire le déroulé de chacune de vos journées, avec un peu d’imagination nous avons l’impression d’y être. Quel splendide voyage!!!
Un rêve éveillé.
Profitez et remplissez votre tête de beaux souvenirs heureux.
On pense bien à toi aujourd’hui pour ton 51 ème Anniversaire. Ici 38 degrés , on trinque à votre santé 🥰Gros bisous, profitez bien encore .
Carole ,Nat, Melina,Carine .
Hello à Circé et Nicolas, ça fait rêver!!! Profitez bien . Ici tout va bien. Hélios et Nyx sont en pleine forme. Schmutz.
Un petit coucou à Mimi et riri du mont st Michel, tt va bien. Profitez bien de vos vacances au frais car nous avons 22 mais dans le sud 38. Bisous