Élodie Marcheteau
Géologie
26 mars
6 avril 2024
Élodie Marcheteau
Géologie
Antoine Lochin
Guide naturaliste
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédents voyages. Lorsque celui-ci sera terminé, nous publierons les photos de la croisière.
Pour tout voyage, il y a un point de départ : celui-ci débute à Paris, où tous les membres de notre groupe se retrouvent, déjà impatients de vivre cette expérience de l‘Arctique, pour certains pour la première fois. Mais c’est véritablement en arrivant à Tromsø, à 350 km au Nord du cercle polaire, que chacun réalise: ça y est, l’expédition commence! Bien vite, notre groupe monte à bord de ce qui sera notre cocon pendant les 10 prochains jours : l’Explorer, navire polaire bien rodé aux croisières expéditions en Norvège et au Spitzberg, entre autres destinations.
Après un temps de découverte du navire, c’est sous le soleil que nous nous acclimatons aux -2°C de Tromsø, en marchant dans ses rues aux maisons colorées et aux trottoirs enneigés. C’est dans l’une d’elle que nous découvrons une fresque résumant l’itinéraire ô combien original de Wanny Woldstad, la première femme trappeur d’ours au Spitzberg. C’est à Tromsø, alors chauffeure de taxi, que Wanny rencontre le trappeur Anders Sæterdal qui va la persuader de vivre une aventure hors de toute norme: celle de trappeur au Spitzberg, vie qu’elle mènera pendant 5 saisons consécutives dans les années 30, faisant d’elle une figure exceptionnelle du Spitzberg.
La déambulation dans les rues de Tromsø nous amène au Polarmuseet, le musée polaire, devant lequel nous contemple le buste de Roald Amundsen, explorateur norvégien célèbre pour ses nombreuses expéditions, qui l’amèneront à être le premier à franchir le passage du Nord-ouest entre 1903 et 1905, ainsi que le Pôle sud entre 1910 et 1912. Un personnage inspirant pour nous qui allons franchir dans quelques jours la mer de Barentz.
Après cette première découverte de cette ville surnommée la « Paris du Nord » début XIXème (sa prospérité issue des ressources naturelles de l’Arctique étant telle qu’elle permit à ses habitants de se vêtir de manière plus élégante que les Norvégiens du Sud), nous regagnons le bord alors que le soleil décroît. Nos guides Antoine et Élodie nous présentent le programme prévisionnel des prochains jours, où nous allons poursuivre notre découverte des fjords du Nord de la Norvège avant d’entamer notre traversée vers le Spitzberg.
Peu après le dîner, ce que la fin de journée laissait présager se manifeste dans le ciel : les premières aurores boréales colorent le ciel, dansent sous la lumière de la lune. Le spectacle est majestueux, et durera pendant plus de deux heures, changeant d’intensité et de direction.
C’est dans cette ambiance magique que chacun se dirige progressivement vers sa cabine. Le repos est de mise, pour profiter au maximum des jours à venir.
Après une magnifique navigation sous les aurores boréales, nous sommes ce matin devant le petit village de Hamnes sur l’ile d’Uloya. C’est sous un grand soleil que nous nous réveillons, et après un petit déjeuner copieux, nous nous apprêtons a partir pour l’excursion de la matinée : -5° avec un léger vent, il faut s’équiper, bottes et combinaisons seront nos alliés pour tout le séjour.
Nous embarquons ensuite à bord du zodiac, et partons accompagnés de nos guides Elodie et Antoine : nous visitons ensemble ce village typique norvégien avec ses maisons colorées, le quai de déchargement du poisson ainsi que les séchoirs à morue. Nous en profitons ensuite pour visiter le musée du village regorgeant d’artéfacts de toute époque… un véritable retour dans le passé grâce notamment à une exposition photographique mettant en avant le rude quotidien des locaux au début du siècle passé. Juste avant de repartir nous avons la chance d’assister à l’arrivée d’un navire de pêche, et c’est sous nos regards intrigués que les diverses caisses de poissons sont remontées sur le quai.
De retour à bord, un délicieux repas nous attend, et nous profitons de ce moment pour voguer vers notre nouvelle destination : Les iles Follesoya, juste au nord de l’ile d’Uloya.Ainsi, nous repartons en début d’après midi pour une nouvelle aventure, pas besoin de raquette à neige pour aujourd’hui car la neige fond par endroit, ce qui donne l’opportunité à nos guides de nous en dire plus sur la végétation environnante, nous avons même vu certaines baies de l’été dernier, tels que des camarines ou des airelles.
Plus tard dans la randonnée et après avoir aperçu moultes traces, nous voyons nos premiers Lagopèdes ! Quelle chance de voir ces animaux si discrets ! Ce sont pas les seuls oiseaux de la journée que nous observons puisque hareldes boréales, cormorans, et autres laridés sont présent lors de l’après-midi, le tout sous un magnifique soleil !
Nous retrouvons l’explorer en fin d’après midi, nos guides décident de profiter encore un petit peu des lieux, c’est ainsi que certains décident de profiter du jacuzzi tandis que d’autres s’essayent à la pêche, qui restera malheureusement infructueuse.
Ce soir nous sommes en route pour Oksfjord, que nous atteindrons vers 01 heure de matin, la navigation est magnifique, nous avons assisté a un coucher de soleil aux mille couleurs, allant du rose au orange en passant par le bleu !! Enfin, avant le repas, nous nous rassemblons pour le verre de bienvenue, hier fut tellement intense qu’il avait était décidé qu’il se tiendrait aujourd’hui ! Ce fut notamment l’occasion de discuter un petit peu plus avec notre commandant. La journée se termine par un briefing de nos guides sur la journée de demain, suivit d’un échange de questions/réponses sur le thème de la banquise.
C’est devant le village d’Oksfjord que nous nous réveillons ce matin, après une nuit calme au mouillage. Le ciel est couvert, quelques flocons virevoltent, se transformant rapidement en neige dense déposant une fine couche immaculée sur les ponts du navire. Chacun s’équipe pour être le plus à même de supporter les conditions. Pourtant, lorsque nous sortons, la neige s’arrête, le vent se calme. La seule neige que nous touchons est celle recouvrant le zodiac et celle sur laquelle nous marchons dans les rues d’Oksfjord.
Ce village de 500 habitants symbolise le passage de notre expédition dans le comté de Finnmark, comté le plus au Nord de la Norvège, après avoir navigué jusque là dans celui de Troms. Oksfjord est porteuse de la présence, il y a environ 12 000 ans, de la culture Komsa dans cette région s’étendant jusqu’à Alta, notre prochaine étape, et encore plus à l’Est, aux côtes de la mer Blanche en Russie. Chasseurs-cueilleurs, les représentants de la culture Komsa ont laissé à Oksfjord des objets en pierre taillée comme des pointes de lances, des couteaux et autres artefacts, tandis qu’à Alta ce sont des pétroglyphes représentant des scènes de la vie quotidienne qui illustrent leur vie tournée vers la mer, et notamment la chasse aux phoques. Oksfjord est devenue en 1814, après les guerres napoléoniennes qui ont uni la Norvège à la Suède, un comptoir commercial important pour la pêche, qui s’est largement développé au XIXème siècle avec les arrivées régulières de bancs de hareng vers le fjord. Aujourd’hui, Oksfjord est une étape quotidienne sur le trajet de l’express côtier Hurtigruten, son activité toujours essentiellement tournée vers la pêche.
En revenant vers le bateau, nous nous arrêtons à l’église du village, reconstruite en 1954, après avoir subi la destruction par les flammes en 1944, lors de l’occupation allemande de la Norvège. Malheureusement fermée, nous ne pouvons visiter l’église mais pouvons néanmoins admirer son toit en ardoise d’Alta, en réalité une quartzite d’une belle teinte verte, que nous retrouvons plus tard sur les toitures les plus anciennes des maisons d’Alta. Issues de roche datées de 700 millions d’années, l’ardoise d’Alta, ainsi nommée pour son débit en fines plaques, est considérée avoir été utilisée par la culture Komsa au Mésolithique. Reconnue pour sa grande dureté et résistance, elle est aujourd’hui largement exportée et orne certains sols de stations de métro et au musée du Louvre.
De retour à bord, alors que le soleil et le ciel bleu s’installent pour de bon, nous profitons des quelques heures de navigation jusqu’à Alta pour écouter la conférence d’Élodie sur la géologie de la Norvège.
En début d’après-midi, nous débarquons à Alta, où des taxis nous attendent pour nous transporter jusqu’à Sorrisniva, un site hôtelier sur lequel s’établit chaque année depuis l’an 2000 un hôtel de glace, l’un des plus septentrional au monde. Outre les quelques 30 chambres dans lesquelles il est possible de dormir par -4°C avec un équipement adapté, l’igloo, constitué de 7000 m3 de neige provenant des plateaux de Sierravann, est une véritable galerie d’art, qui mêle sculptures de glace et fresques murales inspirées de la mythologie nordique et de la faune arctique. Après cette visite originale, nous visitons la cathédrale d’Alta avec sa forme inspirée des aurores boréales, revêtue de milliers de plaquettes métalliques qui réfléchissent, à la nuit tombée, la lumière colorée des spots, à l’origine de son nom de « cathédrale des aurores ».
La lumière déclinant, nous revenons bientôt à bord de l’Explorer, pour déguster quelques spécialités norvégiennes préparées par nos guides.
Une aurore boréale signe la fin de cette journée bien remplie. De nouvelles découvertes des fjords nous attendent demain, au cœur de la nature norvégienne.
Après avoir été réveillé dans la nuit par nos guides pour nous informer de la présence de superbes aurores boréales dans le ciel. Nous ouvrons ce matin les yeux dans le magnifique décor de l’Ile de Soroya, dans le comté du Finnmark.
Sitôt notre petit déjeuner pris, nous partons accompagné d’Elodie et d’Antoine pour une excursion en zodiac au fond du fjord. Le soleil brille, une fois de plus, avec une intensité merveilleuse ! Quelle chance cette météo !
Rapidement après avoir commencé notre navigation dans une eau cristalline nous rencontrons plusieurs espèces d’oiseaux, et notamment des guillemots miroirs, huîtrier pie, hareldes boréales… Nous continuons ensuite toujours plus profond dans le fjord, et nous atteignons la banquise côtière ! Une grande première pour la majorité d’entre nous de pouvoir apercevoir cette grande étendue d’eau de mer gelée !
La matinée continue ensuite à terre puisque nous débarquons pour une marche dans la neige sur une petite ile toute en longueur, nos guides déplacent le zodiac d’une pointe à l’autre ainsi nous pouvons faire une vraie traversée ! Puis nous rembarquons pour aller marcher encore un peu plus sur l’ile principale de Soroya.
Sur les coups de midi, nous rembarquons à bord de notre navire pour déjeuner, pendant ce temps nous naviguons afin de rejoindre le prochain fjord, toujours sur l’ile de Soroya.
Et c’est ainsi qu’en tout début d’après midi nous repartons en expédition, car c’est bien une expédition qui nous attend !
Nous tentons, avec nos guides, et à marée haute de remonter en zodiac une rivière afin d’atteindre un lac encore pris dans la banquise ! Sur le chemin nous croisons à plusieurs reprise des phoques communs, curieux mais restant tout de même à une certaine distance.
Arrivé devant la banquise de fond de fjord, le zodiac vient s’échouer sur le bord de la glace et nous pouvons faire quelques pas sur la banquise ! Une belle expérience pour nous tous !
Nous débarquons ensuite à terre pour une marche à proximité du rivage, parsemé de vieilles cabanes de pêcheurs, le tout dans une lumière rasante absolument magnifique !
De retour à bord après cette sortie fraiche, nous profitons d’un bon sauna bien chaud ! Puis c’est au tour d’Antoine de nous faire une conférence, nous en savons maintenant plus sur l’histoire du Svalbard, de sa découverte en 1596, en passant par l’époque des baleiniers, des trappeurs, des mineurs de charbon… jusqu’à aujourd’hui !
Nous finissons notre journée par un bon repas de notre chef Warrel, puis par un briefing de la journée de demain et d’un récapitulatif d’Elodie sur les phoques veau marin que nous avons eu la chance d’observer dans la journée.
A présent nous mettons le cap sur Honningsvag, où nous serons vers 7h demain matin, prêts à découvrir le cap nord !!
L’Explorer a navigué toute la nuit pour rallier le port d’Honningsvåg, situé au Sud-est de l’île la plus septentrionale de Norvège, Mageroya. Aujourd’hui peuplée par 2300 habitants, Honningsvåg est, à l’image des villes d’Hamnnes et d’Alta précédemment visitées durant notre voyage, une terre où la présence humaine est marquée par la culture Komsa, chasseurs-cueilleurs du Mésolithique, utilisant déjà cette île pour son ouverture sur la mer de Barents. L’activité à Honningsvåg est depuis toujours liée à la pêche, la ville étant aux l’un des ports les plus importants du Nord de la Norvège. Le tourisme, notamment par le biais des bateaux de croisière, est aujourd’hui une source de richesse pour Honningsvåg, en lien avec l’intérêt suscité par son accès routier vers le Cap Nord. En seulement 40 minutes, nous relions ce lieu riche en histoire et hautement symbolique, situé à 2093 km du Pôle Nord.
Découvert par le navigateur britannique Richard Chancellor en 1553 lors de sa tentative pour passer en Chine (passage du Nord-Est), le Cap Nord, appelé Nordkapp en norvégien, est le point symbolique le plus septentrional d’Europe occidentale, avec sa latitude de 71°10’21 ». Il faut reconnaître qu’avec ses 307 mètres de falaise dominant la mer de Barents, il concurrence le point géographique le plus au Nord, situé seulement à 6 km à l’Ouest, dénommé Knivskjellodden, situé à une latitude de 71°11’09 » mais accessible uniquement après 5 à 6 heures de marche.
Après la découverte de Chancellor, l’intérêt pour l’endroit débuta, le premier touriste étant le prêtre italien Francesco Negri qui le visita en 1663, et le mentionna dans plusieurs lettres. Mais c’est réellement l’ascension du roi de l’union Suède-Norvège, Oscar II, en 1873, qui rendit célèbre le Cap Nord par la témérité dont il fit preuve pour aller jusqu’au sommet de la falaise. Jusqu’à l’ouverture de la route en 1956, l’accès au rocher du Cap Nord était en effet une affaire pénible. Il fallait naviguer jusqu’à la baie voisine de Hornvika, puis gravir les 200 mètres de dénivelé jusqu’au plateau par un sentier escarpé. La réussite du roi Oscar II initia les premières visites étrangères, comme celle du roi de Siam en 1907. Aujourd’hui, des dizaines de milliers de personnes se rendent chaque année sur le promontoire où trône le célèbre Globus de l’artiste norvégien Erlind Knudsen réalisé en 1978, pour admirer le soleil de minuit au coeur de l’été, ou les aurores boréales en hiver.
Depuis le haut de la falaise, c’est notre prochaine étape que nous contemplons: la traversée de la mer de Barents, qui nous sépare de l’île du Spitzberg, à près de 750 km au Nord.
Après cette matinée aux allures de bout du monde, nous profitons d’un temps pour déambuler dans les petites rues d’Honningsvåg, l’occasion de voir dans les eaux du port plusieurs spécimens de Crabe Royal, spécialité locale hautement appréciée.
De retour à bord, très vite l’Explorer met les amarres. Un dernier regard à la côte ouest de l’île Mageroya, puis c’est sur l’océan que nos yeux restent fixés.
Nous sommes rapidement récompensés: au loin, des souffles! Ils se succèdent à n’en plus finir! Spectacle incroyable pendant plus d’une heure d’au moins une trentaine d’individus se nourrissant, les mouettes virevoltant au-dessus d’eux. Nous reconnaissons des rorquals communs, dans leur lent mouvement au ras de l’eau, des dauphins à bec blanc nous montrant leur ventre pâle par des sauts impressionnants, au loin quelques orques et baleines à bosse. Quelle chance de débuter le voyage dans la mer de Barents par une telle observation !
Nous les laissons tranquillement poursuivre leur activité d’alimentation pour poursuivre notre route.
La fin de journée est animée par une conférence d’Élodie sur l’origine du charbon au Spitzberg, alors que le soleil décline à l’horizon. Une navigation de plusieurs jours nous attend jusqu’au Spitzberg, avec la promesse de voir, bientôt, la banquise.
Enfin nous voilà à l’approche des côtes du Spitzberg ! Nous venons de traverser la mer de Barents, et sommes maintenant près de nouvelles terres, un véritable sentiment d’explorateur nous anime. Tel William Barents en 1596, nous découvrons ces hautes montagnes, entourées d’une mer tumultueuse. Vers 8h du matin, nous sommes dans l’entrée du Bellsund, le deuxième plus grand fjord de la côte ouest après l’Isfjord.
Les conditions de glace cette année dans l’archipel sont exceptionnelles, inédites depuis 20 ans, et ce fjord n’est pas une exception, il y a de la banquise absolument partout autour de nous, notamment de la « pancake ice » facilement reconnaissable ! C’est un véritable spectacle toute cette mer gelée mais cela nous empêche d’atteindre notre objectif qui était le fjord de La Recherche. Tant pis, nos guides ont plus d’un tour dans leurs sacs, et nous partons donc pour une excursion en zodiac à travers la banquise morcelée… Il fait autour de -15 aujourd’hui avec un vent d’environ 20 noeuds… le ressenti doit être autour de -25°, mais un grand soleil est présent.
Alors cette sortie zodiac est une bonne manière de tester notre matériel, car comme disent nos guides « Il n’y a pas de mauvais temps, seulement du mauvais équipement ». Notre équipement est parfait, néanmoins après une heure de navigation à travers la glace, il est temps de rentrer au chaud ! Les conditions sont vraiment arctiques !
De retour à bord en fin de matinée, nous reprenons notre navigation, à peine le temps de dire ouf, que nos guides nous informent de la présence de morses sur la glace à l’avant de notre navire. Grâce à l’habileté de notre commandant, nous pouvons faire une observation exceptionnelle !!
Pendant le repas du midi, nos guides se relayent en passerelle pour observer la côte aux jumelles à la recherche de faune. En regardant attentivement un hélicoptère posé sur la neige en bord de côte, nos guides se rendent comptent que deux ours sont couchés à coté, sans doute des scientifiques ayant collecté des informations sur les plantigrades.
Quelques minutes plus tard, l’hélicoptère s’en va, et la femelle et son petit se réveillent, c’est le moment pour nous de mettre un zodiac à l’eau pour tenter de s’en approcher, nous sommes maintenant à quelques centaines de mètre, dans notre embarcation pneumatique entourée de glaces. Les ours se sont alors recouchés, levant la tête de temps à autre, nous avons aussi la chance d’apercevoir deux rennes qui se promènent paisiblement à côté.
Au bout de plusieurs dizaines de minutes d’observation, nous repartons tranquillement vers notre navire, tandis qu’un phoque annelé vient nous saluer au passage. De retour à bord, nous mettons le cap vers le glacier de Lilliehook, puis nous nous retrouvons au salon pour des récapitulatifs sur les morses et les ours animés conjointement par nos guides Elodie et Antoine, qui nous expliquent aussi le programme pour la suite de notre voyage.
Enfin, pour finir cette magnifique journée dans les glaces, nous regardons un film intitulé « Polar Bear » retraçant la vie d’une famille d’ours polaire à travers les différentes saisons : quel sentiment incroyable de se dire que nous en avons vu de nos propres yeux il y a seulement quelques heures !!
L’Explorer a navigué toute la nuit vers le Nord, à la recherche de fjords accessibles pour notre exploration. En effet, le froid des dernières semaines a provoqué un important enchevêtrement de glace dans de nombreux fjords, créant une banquise côtière conséquente que nous devons préserver, celle-ci étant le lieu de vie de nombreuses espèces, comme nous le verrons au cours de la journée. Ainsi, c’est dans Krossfjorden que débute notre deuxième jour au Spitzberg, la « baie de la Croix », ainsi nommée d’après la croix implantée par le baleinier Jonas Poole en 1610.
Ce fjord a été le sujet de plusieurs campagnes de cartographie et de reconnaissance entre 1905 et 1906 par le roi Albert 1er de Monaco, passionné d’océanographie, qui a participé et financé plusieurs expéditions scientifiques au Spitzberg, notamment dans Krossfjorden. La banquise côtière est ici aussi bien développée et nous empêche d’accéder au glacier de Lilliehook, qui était l’objectif de la matinée. Qu’à cela ne tienne, nos guides ont plus d’un tour dans leur sac, et c’est finalement devant Tinayrebreen que l’Explorer jette l’ancre. Bien couverts pour affronter les -14°C de ce début de matinée et après avoir vérifié l’absence d’ours polaires à terre, nous débarquons à Camp Zoe.
Raquettes aux pieds, nous suivons nos guides à travers les collines immaculées. Bien vite, la température négative n’est plus un problème, le dénivelé nous réchauffe ! Au cours de cette randonnée pour atteindre un point de vue sur le glacier de Tinayrebreen, ce sont pas moins de 4 renards polaires qui croisent notre route, deux à la fourrure immaculée ressortant sur le bleu foncé de la mer en arrière-plan, les deux autres « bleus », avec leur teinte foncée.
Nous nous réjouissons de cette belle opportunité d’observer des renards arctiques, notamment les bleus dont la présence au Svalbard est plus rare : la proportion estimée est en effet de 15% de la population totale. Leur course légère sur la glace révèle toute la curiosité de ce petit carnivore. Vers où courent-ils ainsi ? Marquent-ils leur territoire comme le suggèrent les nombreuses traces d’urine en bordure de nos traces ? Ou se dirigent-ils vers des terriers dans lesquels ils ont stocké de la nourriture pour l’hiver ? Peut-être tout cela, peut-être un autre but, nous ne le savons pas aujourd’hui, ils sont déjà repartis.
Nous continuons notre balade jusqu’à l’arrivée au point de vue qui offre une vue splendide sur le glacier Tinayrebreen, structuré par de nombreux séracs. De là, nous dominons l’Explorer qui semble presque petit au milieu de l’eau bleu foncé. Nous retournons tranquillement vers le zodiac puis l’Explorer, heureux de cette belle sortie.
Après le déjeuner, nous reprenons la navigation vers un fjord adjacent, celui de Fjortende Julibukta, la baie du 14 juillet, nommée par Albert 1er de Monaco en rappel de la fête nationale française. Sur notre route, nous observons sur une plaque de banquise un phoque du Groenland, espèce relativement rare au Spitzberg.
Caractérisé par sa couleur blanchâtre et ses tâches et capuchon noirs aux bords dentelés sur son dos et son visage, cet individu mâle se laisse approcher quelques minutes avant de disparaître dans l’eau.
C’est ensuite au tour de plusieurs morses, eux aussi sur des plaques de banquise, de se laisser approcher. Deux d’entre eux nous offrent même un véritable spectacle dans l’eau, sortant la tête et replongeant en alternance.
Nous les quittons pour nous diriger vers le fond du fjord du 14 juillet, où nous attend le spectacle du glacier, magnifique avec sa couleur bleu électrique. Après une croisière en zodiac qui nous permet d’observer 5 rennes à flanc de colline, 3 morses dans l’eau et des icebergs aux formes inspirant l’imagination, nous débarquons sur la côte Nord de la baie, pour une marche en direction du front de glace. La majesté des structures glacées enchevêtrées, comme figées, happe tous les regards. La banquise de fjord est suffisamment solide pour que nous nous y aventurions, et là encore, c’est avec des morses que nous la partageons, toutefois à une distance plus importante.
De retour à bord en début de soirée, nos guides nous apportent encore des informations sur nos observations de la journée à travers des récapitulatifs sur le phoque du Groenland et le renard polaire. La soirée est animée par la diffusion du film sur la vie de Jean-Baptiste Charcot. Les yeux sont lourds en cette fin de journée bien active, et chacun regagne bientôt sa cabine pour un repos bien mérité.
Demain, l’exploration du Spitzberg continue…
Nous naviguons ce matin dans l’entrée de la Baie du Roi, le pont est entièrement recouvert de neige lorsque nous nous réveillons, c’est magnifique ! La neige continue d’ailleurs de tomber, la visibilité est faible mais suffisante pour une sortie à terre. Ainsi, en milieu de matinée nous débarquons sur un site historique nommé « Ny London ». Cet endroit fut le théâtre d’une tentative d’exploitation de marbre dans les années 1910. La NEC – Northern Exploration Company – essaya, en vain d’extraire et d’exporter du marbre afin d’alimenter les chantiers de manoirs en Europe… Cet échec commercial laisse des traces apparentes encore de nos jours. C’est pourquoi, après avoir débarqués à terre et chaussés nos raquettes à neige (plus qu’utiles au vu de la hauteur de poudreuse) nous partons à la découverte de ces vestiges. Nous visitons notamment une cabane, servant encore aujourd’hui aux aventuriers ou scientifiques de passage, mais aussi les restes d’une grue, et d’une locomobile. Nous profitons ce matin d’un température clémente : environ -5° et d’un vent relativement faible.
De retour à bord, notre navire lève l’ancre sitôt le repas terminé. Nous explorons ainsi une partie de la Baie du Roi, en longeant la bordure de banquise côtière, coupant actuellement la baie en deux parties, puis nous naviguons au large de la cité scientifique internationale de Ny Alesund, pouvant accueillir jusqu’à 200 chercheurs en été.
Nos guides nous expliquent la présence d’un autre vestige historique : en effet se trouve ici le mat ayant servi au lancement des dirigeables « Norge » en 1926 et « Italia » en 1928 !
Ensuite, nous mettons le cap au sud, pour rejoindre l’Isfjord : le vent du nord s’est levé et nous devons d’abord naviguer vers l’ouest afin de contourner l’ile du Prince Charles. Les vagues de travers font rouler fortement le navire, mais cela ne nous empêche pas d’écouter une conférence d’Antoine sur l’incroyable expédition en ballon de l’ingénieur suédois Andrée en 1897 :
Des préparatifs des l’expédition, à la construction du ballon, en passant par la tentative le 1896 et la découverte des restes en 1930.
Après avoir longé les côtes découpées de Prins Karl Forland, la terre du Prince Charles, partie la plus occidentale de l’archipel du Svalbard, l’Explorer a posé l’ancre à l’entrée de l’Isfjord en milieu de nuit.
Après la neige d’hier, le soleil et le ciel bleu sont de retour, mais également le froid et le vent qui s’intensifieront au cours de la journée. Toutefois, la visibilité est excellente, de bonne augure pour cette journée dont l’objectif est annoncé : la recherche d’ours polaires.
Après le petit-déjeuner, nous débutons donc notre navigation en bordure de banquise côtière en suivant la côte Nord de l’Isfjord.
Très vite, de nombreux rennes sont visibles sur les pentes enneigées, à la recherche d’herbe sous l’épaisse couche de poudreuse. Leurs empreintes dessinent des lignes contorsionnées, parfois jusqu’au bord des falaises.
En portant le regard vers l’autre côté du fjord, nous apercevons Kapp Linné, ancienne station radio établie en 1933 pour maintenir une liaison avec la Norvège, détruite durant la seconde guerre mondiale, puis reconstruite en 1946. Elle fut en fonction jusqu’à 1999, puis remplacée en 2004 par un câble sous-marin jusqu’à la Norvège. Aujourd’hui transformée en hôtel, elle accueille les touristes entre mi-février et début mai, notamment les randonneurs venant de Barentsburg.
L’Explorer navigue tranquillement jusqu’à Alkornet, une falaise culminant à 431 mètres d’altitude, célèbre pour sa forme en corne qui abrite des colonies de mouettes tridactyles, encore peu présentes à cette période. A proximité se trouve le fjord de Tryghamna, le « havre de paix » connu des baleiniers au XVII ème siècle pour sa protection des vents et des vagues. Au fond repose l’épave d’un navire baleinier, le Figaro, en faisant l’épave étudiée la plus au Nord du monde.
Nous continuons notre route vers le fond de l’Isfjord, et cela prend quelques heures, l’Isfjord faisant environ 105 km de long.
Un paysage surprenant s’offre à nous: l’englacement exceptionnel des dernières semaines dû à un important refroidissement (il fait -20°C en milieu de journée, avec un vent de 40 km/h, soit un ressenti de -35°C environ) donne l’impression que les fjords remplis de banquise côtière sont une continuité parfaite des montagnes enneigées. Cette sensation se poursuit alors que nous naviguons devant Nordfjorden, Skansbukta et le Billefjorden puis Sassenfjorden.
C’est dans ce dernier fjord que notre recherche de la journée est récompensée. Un ours se repose au pied d’une falaise, sur la banquise de fjord, à environ 2 kilomètres du bateau. Certes la distance est là, toutefois l’émotion de voir et d’observer un ours polaire reste présente chez chacun. Tout le monde se presse à la passerelle et sur les ponts pour scruter les moindres mouvements du roi de la banquise. Il n’ira malheureusement pas très loin, ne se déplaçant que pour s’installer plus confortablement sur la glace. Nous remercions ce grand prédateur de nous avoir offert ce spectacle pour notre dernière journée au Spitzberg.
Nous terminons la journée par un moment d’échange, de partages et de retour sur les moments forts de la croisière par un film créé par Antoine, alors que notre navire arrive au port de Longyearbyen, marquant la fin de notre voyage.
1160 miles, 2150 km, depuis le départ de Tromsø. Des paysages, de la vie sauvage, des expériences maritimes et terrestres dans des conditions exceptionnelles de neige, une atmosphère unique. Pendant ces 12 jours à bord de l’Explorer, l’Arctique nous a offert des souvenirs qui resteront gravés dans la mémoire et le cœur de chacun.
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