Sylvain Mahuzier
Oiseaux et Mammifères
1 septembre
17 septembre 2018
Croisière-expédition en Alaska à bord de l’Island Spirit, septembre 2018
Sylvain Mahuzier
Oiseaux et Mammifères
Vols de Genève ou Paris vers Juneau
Temps pluvieux pour notre arrivée à Juneau le soir après de longs vols avec une longue escale à Seattle. Nous prenons rapidement nos chambres, les vaillants vont manger chez « Grandma », puis retour à l’hôtel vers 21h30, tout le monde veut aller dormir.
Juneau (58°18’N, 134°24’W) – Stephens Passage (58°16’N, 134°44’W)
Temps gris se découvrant en matinée, puis beau soleil, très belle et douce journée.
Le matin départ à 9h pour aller voir le glacier Mendenhall au nord de Juneau, beaucoup de monde, mais de superbes lumières et la chance de voir une femelle ours noir avec ses petits pour certains, ainsi que des saumons Sockeye remontant la petite rivière.
Déjeuner rapide et léger au « Hangar on the Warf » au centre de Juneau, à côté et avec le bruit des hydravions que nous allons prendre l’après-midi pour aller à Taku lodge en survolant le champ de glaces de Juneau.
Splendide !
Dégustation de saumon et petite promenade autour de Taku lodge pour cette première incursion dans la nature sauvage de l’Alaska. Retour à Juneau et on va rapidement au bateau qui nous attend, prêt à partir.
Apéro, répartition dans les cabines et première réunion d’information et consignes pour notre séjour à bord de l’Island Spirit données par Jeff, notre capitaine qui nous présente aussi son équipage.
Départ à 18h30 pour nous rendre dans un mouillage pour une première nuit au calme entre les îles Admiralty et Colt (58°16’N, 134°44’W), apéro dinatoire léger, on apprécie la première navigation et le bateau confortable, puis au lit pour récupérer le décalage horaire qui se fait encore bien sentir.
Navigation dans Chatham Strait à destination de Pavlov Harbor (57°50’N, 135°02’W)
Temps gris, puis ensoleillé.
Départ à 7h30 du mouillage, pendant le petit déjeuner. Peu avant 9h nous contournons la pointe nord de l’île Admiralty, Pt Retreat où se trouve un joli petit phare construit entre 1904 et 1907, un des plus anciens de la région. Nous apercevons une première baleine à bosse, peu active.
À 9h conférence-briefing de Christian sur la croisière et les activités des prochains jours puis présentation par Sylvain de l’Alaska et de cette région particulière qu’est la forêt tempérée pluvieuse (Rainforest).
Nous interrompons la conférence pour voir d’abord des baleines à bosse devant l’embouchure de Icy strait, beau spectacle de notre premier groupe de baleines. Sylvain termine sa conférence juste à temps, car Marie-Christine a repéré des orques qui longent la côte vers le nord, nous faisons demi-tour pour les suivre et avons un spectacle magnifique d’un groupe d’une bonne dizaine d’animaux avec un gros mâle. Nous passons ensuite à table, mais tous n’ont pas le temps de finir leur soupe avant qu’on nous annonce un autre groupe de baleines à bosse. Cette fois, elles se nourrissent en surface près de la côte et nous assistons au spectacle magnifique d’un groupe d’une dizaine baleines à bosse qui arrivent de manière synchronisée en surface, la gueule ouverte pour engloutir une bonne dose de nourriture, crustacés et petits poissons. Un groupe important de goélands se trouve aussi sur la zone afin de profiter de cette manne providentielle.
Du coup, arrivée un peu plus tard que prévu à Pavlov Harbor. Nous mettons aussitôt le « DIP » à l’eau puis les kayaks pour les 6 courageux qui s’y aventurent et partons voir l’embouchure de la rivière où nous avons la bonne surprise de trouver une mère grizzly avec ses deux petits en train de pêcher des saumons. Nous pouvons les observer dans de bonnes conditions même s’ils sont dans l’ombre des arbres ou alors à contre-jour. Les kayaks profitent du spectacle assez longtemps pour voir un mâle approcher qui fait fuir la mère et ses petits. Le groupe sur le DIP est parti explorer l’entrée de la baie où ils peuvent voir un phoque commun, un pygargue à tête blanche et quelques méduses…
Le soir, apéro convivial, tout le monde parle de cette fantastique journée et des nombreuses observations faites avant de passer à table. La soirée est courte au salon, la plupart vont se coucher tôt après cette grosse journée.
Tenakee Springs (57°46’N, 135°12’W) et Basket Bay (57°40’N, 134°56’W)
Temps brumeux et un peu nuageux le matin, se découvrant et beau soleil l’après-midi.
Le matin nous naviguons dans la brume vers Tenakee Springs, nous avons l’occasion de voir quelques marsouins de Dall qui jouent brièvement à l’étrave du bateau.
À 10h nous débarquons à Tenakee Springs, l’occasion de se dégourdir les jambes sur un sentier à la découverte de cette merveilleuse forêt pluviale, les nuances de vert sont superbes ! Explications de Rob et Sylvain sur les arbres (Épinette de Sitka et Pruche de l’Ouest) et sur les champignons qui poussent sur la Pruche (Western Hemlock) ainsi que sur la fameuse plante « Devils Club », qui tous deux ont des propriétés médicinales. Nous marchons jusqu’à un pont suspendu sous lequel des saumons Coho nagent contre le courant. Des ours (nous avons observé des traces de leur passage le long du chemin) viennent ici pour se nourrir de saumons, mais aujourd’hui il n’y a personne. Nous ne pouvons aller beaucoup plus loin, car un arbre s’est effondré, barrant le chemin et endommageant le petit pont suivant.
Puis nous visitons la sympathique petite bourgade de Tenakee Springs, une centaine de personnes vivent là (jusqu’à 120 l’été et de 40 à 60 l’hiver), beaucoup de retraités ou de résidences secondaires, quelques-uns pratiquent la chasse et la pêche. Il y a 8 enfants qui vont à l’école, la classe n’est pas surpeuplée ici ! L’occasion de boire un café au petit salon de thé avec un délicieux « Cinnamon Roll » offert par notre capitaine Jeff qui nous quitte ici !
Retour au bateau pour 14h00, heure du déjeuner. Nous partons à 14h30 dès que notre nouveau capitaine,
Chuck, a embarqué pour aller vers Basket Bay. Nous faisons un bref arrêt au fond de Basket Bay pour remonter la rivière au fond du fjord jusqu’à une grotte dans la roche calcaire, nous nous arrêtons dans cette grotte qui était semble-t-il utilisée comme refuge par les Indiens Tinglits. Le paysage est très impressionnant et nous avons la chance d’apercevoir un phoque commun en ressortant ainsi que deux aigles pêcheurs (pygargues) au sommet d’un arbre.
Nous continuons ensuite notre route vers Takhatz bay où nous prévoyons de passer la nuit. Nous nous arrêtons brièvement à l’heure de l’apéro pour observer un groupe de baleines à bosse qui se nourrit près du rivage, mais nous ne pouvons pas les approcher de très près cette fois-ci. Nous reprenons notre route et faisons escale à
Sitkoh bay (57°31’N, 134°56’W) pour la nuit afin de ne pas naviguer trop tard, nous irons à Takhatz Bay demain !
Takhatz Bay (57°08’N, 134°51’W)
Beau temps.
Nous repartons le matin pour Takhatz bay, le courant est contraire ce qui nous ralentit un peu, mais donne l’occasion à Sylvain de nous faire sa présentation sur les baleines, ce qui est bien à propos au vu du nombre que nous rencontrons dans ces eaux.
Nous interrompons la conférence à l’entrée da Takhatz Bay, car le paysage est splendide. Nous avons la chance de faire une très belle observation de loutre de mer qui se nettoie le pelage devant nous pendant plusieurs minutes. Nous pouvons l’approcher d’assez près.
Puis nous allons au mouillage tout au fond de Takhatz Bay, nous sommes seuls dans ce site de toute beauté.
Exploration avec les kayaks et le DIB avant le déjeuner. Des phoques communs nous regardent passer nous pouvons les observer assez bien, mais ils ne se laissent pas approcher de très près. Des saumons remontent la rivière, nous espérons trouver un ours, mais personne ne profite de cette manne à part plusieurs aigles pécheurs, des pygargues. Il y a là un jeune avec le plumage encore tout brun, un immature avec le pelage moucheté et un bel adulte. Celui-ci fait plusieurs tentatives pour capturer un saumon, mais sans succès.
Après le déjeuner, nouvelle sortie en DIB et en kayak qui fait de plus en plus d’émules… Brian nous conduit avec brio dans le courant de la rivière puis fait des manoeuvres délicates pour s’approcher de gros rocher afin de nous montrer une belle étoile de mer.
Vers 15h30 nous repartons, encore une loutre et un gros groupe de phoques sur un rocher, mais que nous ne pouvons pas approcher à cause des hauts fonds. Nous faisons route vers le Sud pour contourner l’île Admiralty, et dans Frederik Sound nous rencontrons encore quelques baleines à bosse, mais nous arrivons juste trop tard après le dîner pour observer un groupe d’une bonne dizaine qui se nourrissait. Elles ont fini et se dispersent dans les superbes lumières du soleil couchant.
Nous allons finalement à Chapin bay (57°09’N, 134°21’W) pour passer la nuit.
Five Fingers Lighthouse (57°16’N, 133°38’W) – Brother Islands (57°17’N, 133°52’W)
Beau temps calme, couvert par moment. Superbe coucher de soleil.
Le matin, en route vers le phare de « Five Fingers » (les cinq doigts), conférence de Christian sur les voyages de Vitus Béring avec son naturaliste, Georg Steller, à la découverte de l’Alaska (15 juillet 1741).
Nous arrivons près du petit phare vers 10h30, le débarquement est un peu difficile, une partie de la rampe ayant été arrachée l’hiver passé par un iceberg ! Finalement c’est moins difficile que nous le redoutions et nous pouvons profiter d’une magnifique vue depuis la plateforme pour hélicoptères sur les baleines à bosse qui se nourrissent tout autour. Nous prenons le petit chemin qui serpente dans la petite forêt pour aller jusqu’à l’autre bout de l’île, très joli sentier, nous pouvons observer un gros nid de pygargues sur un arbre au bord du chemin, le nid est inoccupé, car les jeunes sont déjà hors du nid. Nous en observons d’ailleurs un sur les cailloux devant la pointe de l’île. Un joli groupe d’arlequins plongeurs (des canards…) se trouve le long des cailloux. On aperçoit aussi un lion de mer de Steller près des rochers.
L’après-midi nous sommes aux Brother Islands (les îles des Frères) pour y observer des lions de mer de Steller.
Nous trouvons un mouillage parfaitement protégé entre deux petites îles et partons observer avec le DIB la belle colonie (plusieurs centaines d’individus) de ces gros lions de mer (les plus gros de la famille des otaries). Nous pouvons également bien observer un pygargue qui prend la pose en différents endroits. Le soir, nous retournons vers les Five Fingers et assistons encore à plusieurs spectacles de baleines à bosse dans les lumières magnifiques du coucher du soleil.
Nuit tranquille dans Cleveland Passage (57°13’N, 133°40’W) derrière Whitney Island.
Hobart Bay (57°25’N, 133°22’W) – Endicott Arm – Dawes Inlet (57°32’N, 133°00’W)
Temps pluvieux le matin, belles éclaircies après-midi et en soirée.
Le matin, sous une pluie alaskane, nous repassons près du petit phare, les baleines à bosse sont toujours là et nous passons une demi-heure à les observer, quelques-unes d’assez près. Mais la pluie décourage la plupart d’entre nous ! Nous allons donc explorer Hobart Bay à une heure de route de là dans l’espoir d’y apercevoir des ours. Conférence de Sylvain sur les saumons pendant le trajet. Dans Hobart Bay, pas d’ours, mais des pygargues en masse. Nous mettons le DIB à l’eau pour les courageux qui affrontent la pluie pour aller approcher les aigles.
Un festival de plus d’une dizaine d’aigles autour de la petite île.
Nous reprenons ensuite la route vers Endicott Arm, notre destination pour les 2 prochains jours. Après le déjeuner, conférence de Christian sur l’histoire de l’Alaska. Puis nous arrivons à l’entrée de Endicott Arm qui est normalement un bon endroit pour observer des baleines, nous nous y arrêtons quelques instants, mais une seule baleine à bosse daigne se montrer… Nous reprenons donc notre route vers le fond du fjord. Le glacier doit être actif, car nous croisons de plus en plus de glaçons lors de la remontée. Le soir vers 19h30 nous nous arrêtons dans une petite crique de la côte nord (Dawes Inlet) pour la nuit, dans un magnifique paysage plus alpestre et de belles lumières du soir.
Glacier Dawes (57°30’N, 132°50’W) – Fords Terror (57°42’N, 133°11’W)
Temps gris, petites gouttes de pluie, calme.
Le matin nous partons vers 06h30 pour essayer d’aller le plus au fond possible de Endicott Arm pour aller voir de près le glacier Dawes. Le fjord est très encaissé (sommets entre 800m et 1200m) et assez étroit (1 km de large) et de toute beauté. En regardant bien, on observe quelques chèvres des montagnes sur les hauteurs. Au fond, nous apercevons une cinquantaine de phoques communs (Harbor Seals) sur les glaçons qui dérivent. Le glacier a un front très spectaculaire, peut-être 60 m de haut et est assez actif. Nous nous arrêtons à environ 500 m du front et la mer est encombrée de morceaux de glace de toutes dimensions. Nous assistons à quelques petits vêlages. Un bon chocolat chaud nous est servi par Mandy et Candace pour nous réchauffer en attendant de voir si d’autres vêlages se produisent. Nous profitons une bonne heure de cet endroit magnifique avant de reprendre la route pour Fords Terror (la terreur de Ford, ainsi nommé, car un marin du nom de Ford y a eu la peur de sa vie en étant pris dans le violent courant et les rapides à l’entrée du fjord, il est resté pris plusieurs heures dans ces rapides impressionnants…).
En attendant de pouvoir entrer dans Fords Terror, Sylvain nous fait une présentation sur les phoques, les otaries, les lions de mer et les loutres.
Nous arrivons un peu en avance à l’entrée de ce fjord très étroit et très encaissé. Il nous faut attendre l’heure précise de l’étale de haute mer, car il peut y avoir jusqu’à 8 noeuds de courant dans la passe, ce sont vraiment des rapides que nous ne voulons pas affronter avec l’Island Spirit. Vers 13h40, le courant se calme et nous pouvons passer le détroit, c’est assez impressionnant, on se croirait sur un fleuve. Nous allons à l’extrémité du bras nord-ouest de Fords Terror pour trouver notre mouillage pour les prochaines 24 heures. L’endroit est superbe et très sauvage, nous partons avec le « DIP » et les kayaks pour une première exploration, de beaux paysages, un pygargue est observé par les passagers du DIB, les kayakistes rencontrent un phoque puis un marsouin commun. Nous en aurons deux qui viendront près du bateau pendant l’apéro et que nous reverrons après le repas.
Fords Terror (57°42’N, 133°11’W) – Juneau (58°18’N, 134°24’W)
Beau temps, calme.
Superbe matinée dédiée à l’exploration de Fords Terror, un fjord très encaissé et très fermé de toute beauté.
Nous l’explorons avec le « DIP » et avec les kayaks alternativement à partir de 8h00. La faune n’est pas extraordinairement riche, mais nous apercevons tout de même des canards et un martin-pêcheur. Lors de l’excursion en DIP vers l’entrée du fjord, les roches sont spectaculaires et nous admirons une cascade encaissée dans une gigantesque faille.
Nous profitons de l’endroit avec les petits bateaux jusqu’à 13 heures. Nous devons alors ressortir du fjord pour passer au bon moment (à l’étale de pleine mer) dans la zone de rapides (14h30). Nous continuons ensuite notre route en direction de Juneau par Endicott Arm, nous espérons observer des baleines à bosse à l’embouchure.
Avant l’arrivée à Juneau, présentation par Christian de la suite de notre voyage, l’extension vers Katmaï et le Denali. Puis Sylvain nous présente les principaux animaux terrestres que nous espérons rencontrer lors de cette deuxième partie de notre voyage.
Arrivée à quai à Juneau à 21h30.
Juneau, vols vers Paris ou Anchorage
Beau temps, calme.
Réveil matinal pour Anne-Claire qui nous quitte et rentre à Paris, pour nous autres, début de matinée libre à Juneau puis transfert à 11h30 vers l’aéroport pour notre vol vers Anchorage, point de départ de notre extension vers Katmaï ou le parc de Denali.
Christian Genillard et Sylvain Mahuzier de Grands Espaces ont été heureux de partager ce voyage inoubliable avec vous et espèrent vous revoir prochainement au pays des ours ou des manchots !
Juneau, vols vers Paris ou Anchorage
Beau temps, calme.
Réveil matinal pour Anne-Claire qui nous quitte et rentre à Paris, pour nous autres, début de matinée libre à Juneau puis transfert à 11h30 vers l’aéroport pour notre vol vers Anchorage, point de départ de notre extension vers Katmaï et le parc de Denali.
Katmaï
Beau temps sur Anchorage, temps nuageux sur Katmaï puis éclaircies.
Le jour tant attendu de la rencontre avec les ours est arrivé. Départ tôt ce matin pour rejoindre les hydravions de la compagnie Régal’Air, qui nous conduisent en 2h30 vers la péninsule de KatmaÎ. À l’amerrissage, premières visions d’ours qui se baladent sur la plage. Accueil au parc par les gardes, qui nous donnent les indispensables conseils de sécurité, puis nous accompagnent vers les chutes d’eau fréquentées par les saumons… et les ours bruns ! Pendant presque 3 heures, nous observons depuis des passerelles en bois bien placées les différentes techniques de nos cousins plantigrades pour capturer ces poissons. Certains attendent paresseusement au pied de la chute que les saumons passent à portée de griffes ou de dents, comme ce vieil ours de 22 ans au pelage plus clair que les autres. Les plus jeunes, plus actifs, se postent en haut de la chute et attrapent au vol les saumons en fin de franchissement, qu’ils dévorent sur place. D’autres enfin partent dans la végétation dévorer leur repas tranquillement, puis reviennent à l’affût. Une femelle passe tranquillement avec ses deux oursons. Mouettes et goélands attendent de récupérer quelques reliefs de ces repas, et une petite troupe de harles huppés très active pêche aussi au pied des chutes. Au total, sept ours nous enchantent, mais ce n’est pas fini : lors de notre retour vers l’accueil, nous croisons deux de ces mammifères coup sur coup sur le sentier, qui s’écartent tranquillement. Puis nous sommes bloqués ¼ d’heure sur le pont au-dessus de la rivière, car les ours sont trop près et trop nombreux selon les gardes, qui nous font patienter. Plusieurs ours pêchent dans des eaux plus profondes ou de véritables nuées de saumons rouges se préparent à la montaison, on aperçoit leurs têtes qui s’agitent, capturant et mangeant sur place les Sockeye. Finalement, nous en aurons aperçu une quinzaine ! Pique-nique sympathique près de l’accueil dans un endroit délimité par une clôture électrique afin que les plantigrades à l’odorat puissant n’aient pas l’idée de venir partager notre repas… Retour en hydravion dans un décor magnifique de glaciers, de rivières et de lacs. Dîner dans une brasserie pour fêter l’issue d’une « journée à ours » qui restera dans toutes les mémoires !
Anchorage – Denali
Beau temps pendant la majeure partie de la journée, un peu couvert en arrivant à Denali.
Une longue route nous attend aujourd’hui pour rejoindre le parc Denali, mais avant de partir vers le nord nous décidons de tenter notre chance à Beluga Point, une trentaine de kilomètres plus au sud. Pari gagné, nous avons la chance d’observer depuis ce petit cap bien nommé une dizaine de bélougas émergeant brièvement pour prendre leur souffle. Les jeunes sont gris et les adultes bien blancs, et tout le monde se félicite de ces observations, car c’est une « coche » pour une partie des voyageurs. Retour vers Anchorage puis nous nous lançons plein nord pour plus de 400 km de route. Première halte : les « headquarters » de l’Iditarod, cette célèbre course de chiens de traîneaux qui traverse l’Alaska. Un musée, un film, l’observation de plusieurs chiens de traîneau à l’extérieur et les explications éclairées de Christian, passionné de toujours de cette activité hivernale, nous familiarisent avec l’Iditarod. Beaucoup plus loin vers le nord, nous approchons du Parc national Denali et profitons d’un magnifique point de vue sur les sommets de la chaîne du Denali, ce dernier est partiellement caché par les nuages. La route est superbe, les jaunes des bouleaux qui prennent leurs couleurs d’automne sont intenses, et quelques arrêts photo s’imposent. Dernière étape avant d’entrer dans le parc : un barrage impressionnant de castors, dont Christian se souvenait et qu’il retrouve aisément. Les branches coupées en biseau par ses dents acérées ainsi qu’une hutte de branchages un peu plus loin, témoignent de la présence de ce gros rongeur. Juste avant d’arriver à destination, un train spectaculaire défile lentement sur le flanc de la montagne que nous longeons. La locomotive est en partie jaune, le même que celui des feuilles de bouleau, ajoutant ainsi une touche harmonieuse à la palette des somptueuses couleurs de la nature que nous avons traversée…
Parc National Denali
Beau temps malgré la météo annoncée, seulement quelques nuages par-ci par-là
Aujourd’hui, journée complète dans le Denali, nous sommes pris en charge par l’administration du parc : départ dans la matinée dans un bus vert piloté par une guide qui nous donnera (beaucoup…) d’informations pendant cette grande balade qui durera 8 heures au total. Nous sommes accompagnés par quelques Américains, Japonais et Chinois et l’ambiance est bon enfant. Comme toujours quelques consignes de sécurité au départ, dont l’interdiction de descendre du bus avec de la nourriture pour ne pas attirer les animaux. Nos observations seront multiples tout au long de la journée. Pour commencer, nous apercevons un jeune orignal, apparemment orphelin, cheminant tout près des bâtiments du parc. Plus loin, dans le vaste lit partiellement asséché d’une rivière glaciaire qui fut probablement colossale, un canidé gris/beige court de buisson en buisson ; nous croyons d’abord à un loup isolé, qui s’avèrera après réflexion être vraisemblablement un coyote, il faut dire que de loin la différence n’est pas évidente ! et dans les deux cas cette observation valait le coup… Au détour d’un virage de la piste qui commence à être escarpée, la fièvre monte lorsque l’un d’entre nous aperçoit en contrebas un grizzly fourrageant dans la végétation basse et multicolore de la toundra buissonnante ; certains apercevront même un petit, ce qui laisserait à penser que nous avons affaire à une mère « suitée ». Autre lit de rivière : les yeux exercés identifient à distance au pied de la falaise notre premier caribou, aux bois caractéristiques et au pelage de couleur claire. Peu après, au sommet d’une crête rocheuse proche de la piste, un rapace emblématique se laisse observer : le faucon gerfaut ! Il s’agit d’un jeune, tout gris, encore présent aux alentours du nid, mais capable de voler sur de courtes distances. Nous n’en avons pas fini avec les rapaces, puisqu’un aigle royal, puis deux, nous survolent majestueusement, faisant valoir leur envergure supérieure à 2 mètres. Arrivés à notre étape la plus éloignée, le centre des visiteurs d’Eielson, à partir duquel nous rebrousserons chemin, nous profitons d’une vue imprenable sur le Mont Denali, point culminant de l’Alaska (6200 mètres), mais aussi de l’Amérique du Nord États-Unis. Le paysage est grandiose, d’autant que la végétation de toundra arbustive autour de nous se partage entre les jaunes ultra-lumineux et les rouges flamboyants ! Cerise sur le gâteau, de nombreux spermophiles arctiques, cousins terrestres des écureuils souvent appelés chiens de prairie, s’activent tout autour de nous pour glaner des graines, et se redressent régulièrement pour nous observer, le spectacle est amusant et charmant à la fois… Au retour, observation de caribous plus rapprochées, mouflons de Dall aperçus sur une crête et éclairages magnifiques de fin de journée sur les bouleaux et peupliers jaune vif nous enchantent, le parc Denali à l’automne mérite bien sa réputation !
Parc National Denali
Notre deuxième journée au parc débute par une courte promenade du côté de la cabane de Savage, construite par l’entreprise qui construisit la route entre 1924 et 1935, afin que les ouvriers disposent d’un endroit où disposer la nourriture et d’une cuisine chauffée (par un poêle à bois) pendant ces années de travaux. Au nombre de cinq réparties sur le territoire du futur espace protégé, ces cabanes furent cédées au parc du Denali et servent maintenant de refuge pour les patrouilles hivernales en traîneau à chien. Toutes les explications sur l’histoire et l’organisation de la cabane sont données par un garde qui répond également – et très aimablement – à nos questions sur les espèces animales qui fréquentent le coin, d’autant que nous avons aperçu en arrivant une femelle de Tétras du Canada fourrageant dans le sous-bois. Nous l’informons aussi qu’une crotte d’ours particulièrement fraîche se trouve à l’entrée du sentier, ce dont il nous remercie, car il prendra davantage de précautions pour les visiteurs qui nous succéderont ! Déjeuner au Centre des Visiteurs, puis la plupart d’entre nous prennent un bus du parc pour rejoindre le chenil de chiens de traineau du parc Denali. Les chiens nous sont présentés, depuis les chiens affectueux et appréciant d’être caressés jusqu’aux chiens timides ou plus sauvages. Puis nous assistons à une démonstration agrémentée de nombreuses explications de la responsable du chenil. Cinq chiens sont attelés à un traîneau à roulettes et effectuent une boucle de sentier très rapidement. C’est très intéressant de voir à quel point ils sont impatients de partir, et à cette occasion les différents tempéraments se révèlent. Certains sont extrêmement expressifs, d’autres plus calmes, et tous sont soutenus vocalement par les autres chiens du chenil, qui participent à l’excitation générale… Pour revenir au Centre, Christian nous propose une randonnée de deux heures à travers la forêt de Rock Creek, que nous apprécions tous grandement. Le sous-bois est magnifique, vert, jaune, orange, rouge et couvert de nombreuses baies et champignons, et nous rencontrons quelques écureuils. Pendant ce temps-là, quatre d’entre nous ont marché jusqu’au lac Horseshoe (fer à cheval), et reviennent également satisfaits de leur balade, au cours de laquelle ils ont observé entre autres un castor. Nous reprenons tous nos vans et parcourons à nouveau la route qui mène jusqu’à l’entrée du parc, dans l’espoir de quelques rencontres. Notre patience est récompensée : au loin, dans la végétation arbustive multicolore, trois orignaux déambulent, dont un mâle bien reconnaissable à son panache. Un peu plus loin, un splendide caribou broute tranquillement à flanc de coteau, et ses bois brillent dans la belle lumière de fin de journée.
Denali – Fairbanks
Dernière matinée au parc Denali, la lumière est belle encore une fois et nous partons à la « chasse » à l’orignal. Dans le même secteur qu’hier, mais de l’autre côté de la route, nous apercevons plusieurs orignaux, dont une femelle au centre d’une clairière et un mâle facilement repérable, car malgré la distance, son panache brille au soleil. Retour au Centre des Visiteurs pour visionner le film sur les saisons du parc Denali et terminer notre visite du centre d’interprétation, puis déjeuner non loin de notre hôtel et départ pour Fairbanks, environ 200 km de route. Premier arrêt, le village de Nenana, à la confluence des rivières Nenana et Tanana. Terminé en 1923, le pont « Mears Memorial » fit partie du projet de liaison ferroviaire entre Anchorage et Fairbanks. Nous déambulons depuis la jolie gare d’époque jusqu’à l’entrée de la ville, au centre d’information, fermé ce samedi et qui affiche cet argument savoureux : « Si nous ne sommes pas en train de pêcher, camper et nager dans les lacs, ou en train d’entreprendre quelque aventure estivale, nous pourrons ouvrir » ! Puis nous reprenons la route de Fairbanks en empruntant le fameux pont métallique. Halte suivante : vue impressionnante qui porte très loin vers le nord puisqu’on aperçoit la Brooks Range, chaîne de montagnes dont l’extrémité orientale atteint la mer de Beaufort. Quelque temps après, un point de vue orienté à l’opposé, plein sud, nous donne l’occasion de revoir une dernière fois le Mont Denali et une partie de l’Alaska Range, l’autre chaîne de montagnes. Dîner et nuit à Fairbanks, en plein centre de l’Alaska. Ce repas du soir a lieu dans un cadre très original et tout à fait intéressant, d’ailleurs classé au patrimoine historique de l’Alaska, le « Pump House » : il s’agit du hangar qui abritait les pompes à eau permettant de mouiller abondamment le sol afin de « faciliter la tâche » de l’énorme drague qui creusait le sol pour rechercher de l’or. Hangar richement et joliment aménagé, sur les murs duquel photos d’époque et vieux phonographes côtoient mouflons de Dall, caribous, orignaux et ours noirs naturalisés. Juste à l’entrée, un gigantesque Grizzli empaillé – pas loin de 3 mètres dressé ! – accueille les visiteurs…
Denali – Fairbanks
Temps frais ce matin, mais pas de pluie, nous partons faire une balade dans un refuge d’oiseaux migrateurs situé dans les environs de Fairbanks. Dès l’arrivée, nous avons le loisir d’observer un troupeau de bernaches du Canada sur la plaine. Les grues du Canada que nous espérions sont déjà parties vers leurs quartiers d’hiver plus au sud, probablement la semaine dernière. Nous randonnons dans la forêt boréale essentiellement constituée de bouleaux, souvent courbés par le poids de la neige en hiver. Des allées de planches nous permettent d’avancer dans les boisements inondés, le permafrost n’ayant pas encore regelé. Quelques rencontres : des canards colverts et un canard siffleur américain, et dans les arbres des merles d’Amérique au poitrail orange resplendissant, et des mésanges à tête noire au cri très semblable à celui des nôtres. Retour au centre-ville et visite du musée du Centre Culturel, très intéressant tant du point de vue naturaliste qu’historique et ethnologique. L’après-midi, nous effectuons un tour de 3 heures sur la rivière Chena qui traverse Fairbanks. Le « Discovery III » est un beau bateau à aubes de plusieurs ponts, et on nous propose successivement plusieurs activités. Pour commencer une séance de décollage et atterrissage d’un petit hydravion, commentée en direct par le pilote. Puis, toujours depuis le bateau, nous assistons à une démonstration de chiens de traîneau sur les chenils de la maison de Susan Butcher, qui gagna 4 fois l’Iditarod dans les années 80. Enfin, arrêt dans un village Athabascan joliment reconstitué, pour une visite très intéressante. Pendant 45 minutes nous écoutons les explications de la guide d’origine amérindienne sur la façon de découper le saumon, l’utilité des caribous, des champignons, des bouleaux dans la vie quotidienne, les habits brodés et la signification de leurs couleurs et motifs, la chasse à l’orignal, la manière de travailler les peaux et fourrures… Pour finir, nous regardons de près la roue à poissons tout en bois dont le grand casier de pêche tourne verticalement, uniquement mû par la force du courant. De retour sur le Discovery III, une dégustation-vente de saumon est fort appréciée. Pour notre dernier dîner, cap sur le Turtle Club, où la plupart d’entre nous dégustent des steaks de belle taille. Au passage, nous nous arrêtons au bord du gigantesque pipe-line construit entre 1974 et 1977, qui traverse l’Alaska du nord au sud pour acheminer du pétrole. Il mesure 800 miles de long !
Fairbanks
Lever avant l’aurore : 3 heures du matin pour un avion à 5h30 que prennent la plupart d’entre nous, tandis que Christian et Sylvain repartent à Anchorage pour rendre les vans. C’est le temps des séparations, après un beau voyage en Alaska, l’ultime frontière !