Alain Desbrosse
Spitzberg
17 mars
30 mars 2022
Alain Desbrosse
Spitzberg
à bord du MV Galaxy II
Vol Paris – Amsterdam – Quito
Changement d’avion à Amsterdam, retard de deux heures, arrivée à 18h00 heure locale sous une pluie battante à Quito pour transfert à l’hôtel Reina Isabel avec le guide local Henry. Dîner au restaurant de l’hôtel.
Excursion en direction du pied du volcan Cotopaxi. Marche autour d’une lagune peuplée de Mouettes des Andes, Foulques et Sarcelles également andines. La végétation du paramo, cette formation végétale caractéristique des hautes altitudes de la chaîne andine, s’égaille des fleurs multicolores des arbustes s’élevant au-dessus du tapis des graminées peignées par les grands vents qui battent ces contrées. Le sommet du volcan restant enchassé dans sa chappe de nuages, nous nous réfugions pour le repas de midi au restaurant situé à son pied. Tout en dégustant un filet de truite, nous surveillons l’évolution de la couverture nuageuse qui laisse, par intermittence, entrevoir les neiges et les glaces éternelles ourlant la base du sommet pendant que les colibris viennent siroter le nectar sucré dans les mangeoires disposées sous le rebord du toit de chaume du refuge. Un champ de bombes volcaniques, nous sépare du cône volcanique. Les plus récentes furent projetées en 2016, les plus anciennes se parent d’un manteau lichénique, fourrure vivante dessinant des cartes d’archipels inconnus de couleur crème sur la roche gris-rose polie par les intempéries.
Rendez-vous du groupe de quatorze passagers à l’aéroport de Quito pour l’envol vers les Galapagos avec escale à Guayaquil, la grande ville portuaire située sur la côte pacifique de l’Equateur.
Arrivée à 10h30 (7 heures de décalage horaire) sur l’île de Baltra, ancienne base militaire américaine implantée au Nord de l’île Santa Cruz pendant la Seconde Guerre mondiale. Transfert en bus jusqu’à Puerto Ayora, la capitale de cette île peuplée de 22 000 habitants. Installation à bord du Galaxy II, après un trajet de 45 minutes qui nous conduit sous le sommet de l’île baignée par une abondante pluie équatoriale.
Déjeuner à bord suivi de la visite du Centre Darwin, un lieu de recherche consacré au sauvetage des différentes espèces de tortues terrestres. Cette écloserie permet de relâcher de jeunes tortues suffisamment développées pour résister à la prédation des rats et au piétinement du bétail dans les zones d’élevage destinées à l’approvisionnement en produits agricoles des habitants. Belle observation d’un Pinson des cactus en pleine construction de son nid logé entre les raquettes hérissées d’aiguilles d’un gros figuier de barbarie arborescent.
Retour à pied par le front de mer où fleurissent les boutiques en mal de touristes depuis deux longues années….
Embarquement sur le Galaxy II pour un premier dîner et une nuit réparatrice d’un long périple depuis l’Europe, bercés par la longue houle du Pacifique pendant que le navire se positionne pour se trouver, le lendemain matin, à pied d’œuvre sur la côte ouest de la grande île Isabela.
Le jour se lève, la lune se couche à 5h30 du matin sur Punta Moreno, cap formé par les immenses coulées de lave du volcan Sierra Negra qui nous domine, caché dans sa houppelande de nuages. Nous sommes accueillis par des troupes de Grands Dauphins et une harde de Globicéphales dont un gros mâle vient explorer notre coque.
En chemin vers le point de débarquement, une petite colonie de Pélican brun installée dans les palétuviers arbustifs nous offre le spectacle de jeunes à différents stades de développement pratiquant la ventilation par leur bec immense munie de cette grande poche qui leurs servira bientôt à pêcher le menu fretin. Nous progressons sur un champ basaltique où les rivières de lave autrefois fluides et leurs croûtes cordées offrent un paysage de commencement du monde où seuls quelques rares plantes ont réussi à s’accrocher : Cactus des laves et Cactus candélabre, Pâquerette buissonnante à petites feuilles, Souchet. Dans les dépressions laissées par l’effondrement de cette croûte minérale, de petits lacs aux eaux vertes font le bonheur des Flamants roses filtrant sans relâche la boue du fond à la recherche des invertébrés qui leur fournissent le carotène nécessaire à leur resplendissante livrée nuptiale. La fin de la matinée est consacrée à une exploration subaquatique des fonds marins constitués de gros blocs arrondis de basalte au milieu desquels évoluent tortues vertes, bancs de Salèmes et de Barracudas, Sergents major et Poissons chirurgiens.
Eco Galaxy fait route pendant le déjeuner en direction d’Elizabeth Bay où nous nous engageons pour une exploration en zodiacs du labyrinthe de chenaux colonisées par la mangrove constituées de deux espèces de palétuviers, le rouge au bord de l’eau et le blanc dont les plus gros spécimens s’élèvent à une vingtaine de mètres de haut. Ces chenaux sont une pouponnière pour d’innombrables poissons, requins, raies. Les tortues qui régulièrement viennent reprendre leur souffle à la surface s’y reposent de leur long périple pélagique tandis que les vagissements d’une jeune otarie retentissent du tréfonds de cet entrelacs impénétrable de racines-échasses.
Au retour, un minuscules îlot abrite un reposoir de Fous à pieds bleu et Cormoran aptères pendant que les Pélicans, plus au large, nous font une démonstration de leurs prouesses de pêcheurs, plongeant des airs sans relâche pour remplir leur vaste poche affamée.
Nous débarquons sur une plage de sable noir basaltique qui abrite un site de ponte des tortues marines. A l’arrière, un sentier sableux chemine sous le maquis côtier dominé par le Pommier des Galapagos, un arbuste de la famille des euphorbes dont les pommes parfaitement toxiques ne sont consommables que par les tortues terrestres. Celles-ci nous attendent au bord du chemin et nous permettent de comparer les corpulences des jeunes trentenaires d’une quinzaines de kilos avec l’énorme masse des grands mâles centenaires fleurtant leurs deux quintaux voire plus. Au soleil qui commence à chauffer très fort, les iguanes terrestres font le plein de calories du matin avant d’aller explorer leur territoire à la recherche de quelque femelle. Dans les frondaisons vert luisant, tout un aéropage ailé babille allègrement : bandes de pinsons de Darwin, Merle moqueur, Fauvette jaune.
De retour à la plage, nous cabotons le long de la partie rocheuse de la baie en masque et tuba à la recherche des tortures marines dans des eaux chaudes et très turbides liées à la richesse en vie planctonique.
Nous repartons en longeant une côte couverte du maquis à Palo Santo, le bois de santal local, crevée, de loin en loin, du boursouflement d’une petite bouche volcanique. Nous jetons l’ancre dans Tagus Cove, une anse très abritée où les bateaux, depuis le XIXème siècle venus y faire relâche, ont pris l’habitude d’inscrire leur nom et la date de leur venue sur les affleurements de tufs volcaniques qui dominent la baie sur plusieurs centaines de mètres d’altitude. Une partie du groupe part pagayer en kayaks doubles le rivage escarpé où nichent Cormorans aptères et Manchots des Galapagos. Les amateurs de faune sous-marine partent à la recherche du Labre harlequin, une espèce très colorée qui, compte tenu de la température très élevée de l’eau en surface, a décidé de rester cachée dans les profondeurs océanes. Labre mexicain, Cormorans et tortues nous donneront le change sous une ondée qui crépite à la surface de l’eau agitée par le ressac incessant de la houle du Pacifique.
Retour à bord du bateau avant d’entamer l’ascension, par une succession d’escaliers, vers le rebord du cratère dans lequel se niche le lac Darwin au sein d’une formation volcanique constituée entièrement de cendres fines retombées sous forme de petites billes cimentées par les eaux atmosphériques, les lapilis. Le ciel qui s’est assombri progressivement décide de nous envoyer une dernière ondée tiède pendant la traversée qui nous ramène à bord.
Des hordes noires d’iguanes marins nous attendent dès le débarquement à Punta Espinoza, qui grimpant lascivement sur le dos de son voisin, qui éternuant sa saumure, qui se laissant courir dessus par les lézards des laves en chasse des mouches. Ils sont en train de faire le plein de calories solaires avant d’aller brouter les herbiers d’algues sous-marines qui forment leur menu quotidien, leurs laissées verdâtres en témoignent. Une buse des Galapagos se perche au sommet d’un palétuvier, attendant son heure pour aller se servir dans ce réservoir de bonnes protéines animales. Sur ces épanchements de laves cordées, seuls quelques bouquets de cactus des laves aux manchons « soyeux » de leur fourrure piquante parsèment cet univers de commencement du monde. Quelques jeunes otaries dont les mères sont parties en pêche batifolent dans les trous d’eau du rivage à marée basse sous l’œil indifférent de quelques huitrier pie et des nuées de crabes rouges.
Dûment équipés de masques et tubas, nous enchaînons pour une nage au milieu de la zone où les iguanes vont pâturer les vastes herbiers d’algues vertes accrochées au basalte vomi il y a quelques siècles par le volcan de Fernandina. Un rare Hippocampe du Pacifique à la teinte jaune-orangée s’accroche à un bouquet d’algue brune tandis que les tortues et les cormorans aptères vaquent à leur marché quotidien, algues pour les premières, menu fretin et poulpe pour les seconds.
Pendant le repas, notre bateau fait route plein Nord pour se positionner sous le menton de l’hippocampe que dessine la pointe de l’île d’Isabela, au pied de la gigantesque falaise née d’un effondrement titanesque du flanc du volcan Ecuador culminant à 610 mètres. Nous partons pour une excursion en zodiacs le long de cette pointe Vicente Roca où les Manchots des Galapagos viennent se réfugier pour effectuer leur mue tandis que Fous de Nazca et Noddis niais nous observent, imperturbables depuis leurs promontoires taillés dans les couches de cendres indurées. Des attroupements d’iguanes marins se forment en hauteur, au-delà de la ligne battue par le ressac de la grande houle du Pacifique à laquelle fait face ce promontoire entaillé par une profonde grotte. Sur le chemin du retour et sous une pluie battante, les jeunes Otaries à fourrures batifolent dans le battement déchaîné des vagues qui viennent écumer au contact d’empilements dantesques de blocs de basalte noir sous lesquels ces animaux viennent se réfugier.
Galaxy reprend sa route pour contourner la pointe d’Isabela. A cette occasion, nous passons la ligne de l’Equateur, de nouveau sous une pluie équatoriale généreuse digne du Déluge des Ecritures. Une petite cérémonie de remise d’un diplôme signé du capitaine Carlos Sanchezs s’impose. Subordonnée à un rite d’imitation de quelque animal local par chaque impétrant, elle devient le prétexte, cocktail alcoolisé aidant, à une séance endiablée de danse de St Guy de la part de certains passagers et plus particulièrement passagères dont nous tairons bien évidemment ici le nom.
Nous avons fait route toute la première moitié de la nuit pour venir ancrer dans l’anse abritée de Puerto Egas, ancien site d’une tentative de colonisation de l’archipel par des mineurs équatoriens venus exploiter le sel piégé dans le volcan. Ile sans eau douce, cette implantation a bien évidemment périclité, laissant une ruine de béton et la citerne métallique pour l’eau à l’arrière du phare balisant le cap d’entrée dans l’anse. Un sentier en boucle parcourt le rivage où les couches de cendre volcanique indurée dessinent, sous l’action des vagues et des embruns, mille formes extraordinaires, paradis du micro-géomorphologue ou des adeptes d’origines plus mystiques : empreintes et visages de tornarssuk telluriens et autres monstres mythiques nés au cœur des volcans, citrelle et ciboires du diable ou de Darwin, au choix. Les coulées de basalte ont laissé des tunnels aujourd’hui envahis par les eaux marines dans lesquels les Otaries à fourrure viennent se protéger des rayons dardant du soleil équatorial. Cette espèce originaire des eaux glaciales du pourtour de l’Antarctique doit en effet se protéger de l’insolation. Sur le rivage, divers limicoles quêtent leur pitance d’invertébrés : Bihoreau, Héron des laves, Petit Gravelot, Tournepierre, Bécasseau sanderling ou le mythique Wandering Tattler, le Chevalier errant descendu ici de ses toundras natales. Un Courlis corlieu se délecte d’un petit crabe dont les gros congénères rouges forment un tapis mouvant sur la lave noire.
Le sentier nous ramène par l’intérieur de la côte, dans un maquis d’arbustes et de figuiers de Barbarie dans lesquels butinent un gros papillon migrateur, le célèbre Monarque capable d’affronter les immensités océanes pour gagner cet archipel situé à plus de 1000 kilomètres des premières côtes. Sous un ciel menaçant, nous chaussons palmes et tubas pour explorer les récifs dans lesquels évoluent un aéropage de poissons tous plus colorés les uns que les autres : Vieille mexicaine, Perche mouchetée, Poisson ange, Chirurgiens, Perroquet, Baliste, Requin à pointes blanches pendant que des petits groupes d’otaries vont et viennent. L’une d’entre elles nous gratifie d’un ballet entre la surface où elle remonte faire un salto et une crevasse où son remue-ménage attire une foule de poissons venus profiter des restes éventuels d’un festin sous-marin. A la surface de l’eau, un crépitement intense nous indique que le ciel nous décharge sa tiède pluie équatoriale quotidienne.
Le bateau en fin de matinée part se positionner devant l’île Rabida, l’île faite de pouzzolane offrant un contraste saisissant entre le rouge brique des plages et le bleu roi profond des Mers du Sud. Les terres intérieures, d’une aridité diabolique, brûlées chaque jour par un soleil en son zénit, sont couvertes du maquis à Palo Santo, le « bâton saint » ou Bois de santal, hérissé des figuiers de Barbarie arborescents.
Galaxy est venu se positionner hier soir sur la côte nord de Santa Cruz, l’île que nous avions quitté il y a déjà quatre jours plein, loin des connexions internet et autres réseaux « sociaux » « indispensables » à la survie d’Homo sapiens informaticus….
A 6h30, le soleil se lève sur le chenal séparant Baltra de Santa Cruz. Dès 8 heures, nous enfourchons les deux zodiacs pour nous immerger dans le dédale des chenaux de lave colonisés par la mangrove où palétuviers blancs et rouges se disputent l’espace. De jeunes requins à pointe blanche de récif patrouillent ces eaux peu profondes en compagnie des tortues vertes venues se reposer ou se reproduire comme l’indique le manège de deux gros chéloniens à la surface de l’eau verte. Au sommet de l’entrelacs des palétuviers, quelques pélicans se prélassent ou plongent à l’occasion du passage d’un banc de poissons. Dans l’épaisseur des fourrés retentit l’explosion du chant de la Fauvette jaune, espèce qui peuple les deux continents américains, de la taïga canadienne aux maquis équatoriaux galapagiens.
A 15h00, sous un soleil de plomb, nous partons arpenter Playa Las Bachas, une plage de sable fin corallien blanc-crème où viennent chaque nuit pondre les tortues vertes comme en attestent les traces laissées au-dessus de la ligne de marée haute. De jeunes volontaires sont installés là pendant toute la saison de ponte pour surveiller le bon déroulement de cet épisode crucial pour la survie de l’espèce dont les jeunes sont intensément prédatés par les oiseaux, frégates et hérons en particulier. Les figuiers de Barbarie prennent ici des allures de mammifères poilus. Leurs immenses aiguilles forment une véritable fourrure, protection contre les conditions atmosphériques particulièrement chaudes et sèches sur ce bas de flanc nord de la grande île Santa Cruz. Les anciennes barges métalliques laissées par les américains sont actuellement totalement ensablées, rendant leurs restes rouillés momentanément invisibles. A quelques dizaines de mètres du rivage, les pélicans pêchent, immédiatement rejoints par un noddi, cette sterne noire qui se pose sur la tête du pélican en espérant lui voler quelques restes de sa pêche. Une baignade dans les eaux turquoise au pied de la plage nous gratifie d’un rafraîchissement bienvenu après cette marche où la brise marine n’aura pas suffi à calmer l’ardeur des rayons solaires.
Galaxy s’est positionné en fin de nuit de Santa Cruz à la côte est de l’île Santiago où d’immenses coulées de lave ont façonné un paysage de commencement du monde intact depuis 150 ans, où la végétation n’a toujours pas pris pied. Un champ de laves cordées s’étend à perte de vue en direction du volcan principal qui domine le centre de cette grande île, la quatrième en superficie de l’archipel. Des formes toutes plus spectaculaires les unes que les autres ornementent la surface de la lave dont le degré de fluidité s’est prêté à une morphologie de cordes, de petits fours, tumulus, bulles de gaz éclatées, dépôts de laitier siliceux, tunnels ou empreintes des troncs de bois de santal qui occupaient les surfaces dévastées par la roche en fusion. Dans les fissures d’un tumulus, nous trouvons un amas de tortillons, les « cheveux de Pellé », du nom de la déesse des volcans d’Hawaii.
Retour à bord avant d’enchaîner par la nage en masque et tuba devant cette coulée de lave, au pied du pilastre vertical qui jaillit de ce paysage incontournable des Galapagos. Un aéropage multicolore peuple le dédale laissé sous l’eau par la coulée de lave : chirurgiens, cardinaux, blennie. Carlos, notre capitaine fait partie du groupe. Ancien pêcheur, il n’a pas son pareil pour dénicher les langoustes embusquées dans les anfractuosités de la roche. Quelques manchots viennent faire leur marché de menu fretin tandis que les fous à pieds bleu plongent, remontant leur pitance du jour. Un bateau de petits pêcheurs locaux venu faire relâche est surmonté d’un nuage de frégates affamées venues faire bombance des restes de poissons jetés à l’eau.
En début d’après-midi, profitant des heures les plus chaudes, nous nous mettons à l’eau depuis la plage de sable ocre au pied du Pinacle, reste acéré d’un cône volcanique dont il ne reste que cette aiguille de lave pointant au-dessus de l’onde. Un manchot vient visiter cette bande de créatures « extra-marines » équipées de masques et tuba, à la recherche des requins à pointes blanches qui dorment sur le fond sableux ou patrouillent en quête de quelque proie à leur goût pendant qu’une grosse raie pastenague se dissimule en s’enterrant discrètement sur le fond meuble.
La seconde moitié de l’après-midi nous entraîne au sommet d’un petit volcan dominant tout le site de la Baie Sullivan, permettant d’admirer, depuis le phare planté à son point culminant, le décor volcanique des coulées de lave et des cônes explosifs secondaires qui ornent les flancs du volcan de gros furoncles brun clair contrastant avec la teinte noire des coulées descendues, il y a 150 ans, de la bouche du volcan principal. Une ondée insistante, qui ne nous a abandonnés qu’un court moment à la montée et à l’arrivée au phare, nous accompagne de sa pluie équatoriale tiède pendant toute la redescente, immédiatement bue par les cendres purulentes qui entourent le sentier totalement équipé d’un platelage et de marches en bois.
Nous avons rejoint dans la nuit le port de la ville principale de l’archipel pour prendre un bus qui nous conduit, dans les hauteurs verdoyantes de cette grande île dont les terres fertiles ont favorisé les activités agricoles : élevage de vaches laitières, bananeraies, diverses cultures de plantes tropicales : igname, café, légumes en tous genres. Certains domaines se sont convertis dans la protection des tortues terrestres géantes, valorisant cette activité par l’accueil de touristes. D’énormes tortues à la carapace en dôme errent dans les verts pâturages qu’elles partagent avec des troupeaux de vaches laitières accompagnées par les hérons garde-bœufs. La propriété est parcourue de plusieurs souterrains naturels correspondant à des tunnels laissés par la lave en fusion. Celle-ci a laissé un manchon de roche refroidie qui s’est vidé de son cœur brûlant pour laisser ces rivières souterraines de lave vides.
Les activités de l’après-midi sont adaptées aux envies de chacun : une partie du groupe part pour une ballade par des petits sentiers pédestres vers le site de Las Grietas en passant par les salines, une lagune où les eaux de mer viennent s’évaporer, le sel étant collecté par les pêcheurs pour saler leurs captures. Las Grietas est une faille dans le basalte qui laisse s’infiltrer l’eau de mer. C’est un site de baignade pour les locaux et les équatoriens du continent qui viennent ici en famille s’initier aux joies de la baignade dans ce canyon ennoyé aux eaux fraîches. Après cette excursion qui serpente dans un maquis de cactus arborescents et de buissons épineux, nous retrouvons le reste du groupe parti à l’exploration des rues commerçantes de Puerto Ayora et de ses cyber cafés ou, pour les assoifés, sa brasserie locale proposant une quinzaine de bières différentes à déguster du haut d’une terrasse donnant sur le front de mer.
Retour à 18h00 au bateau où nous attends une bonne douche, des cabines climatisés et le dîner concocté par notre chef galapagien.
Nous débarquons sur une plage de sable fin aux teintes ocre vert où les olivines abondent, ce minéral présent en abondance dans la lave basaltique qui constitue les fondements de l’île de Floreana. Quelques fous à pieds bleu nous accueillent de leurs danses nuptiales au rituel parfaitement codifié. Un sentier dans le maquis épineux brûlé par le soleil équatorial nous conduit à une lagune d’eau saumâtre où les Flamants roses des Galapagos sont eux aussi très agités par la période des amours : coups de trompettes, écartement des ailes montrant le contraste entre le rose intense et le noir des rémiges. Le chemin continue vers une plage orientée aux vents dominants, les alizés. Dans les rouleaux générés par la houle du Pacifique, raies pastenagues et requins chassent crabes et poissons côtiers. Un cordon de dune en arrière de la ligne de rivage constitue un des quelques sites de ponte pour les tortues vertes dans l’archipel. Une trace toute fraîche laissée par une grosse femelle dans le sable la nuit dernière atteste de la fréquentation de ce site. Sur le parcours du retour, nous observons diverses espèces insulaires endémiques ou introduites : Fauvette jaune, Moucherolle des Galapagos, Ani à bec lisse, Grand Héron bleu, Pinsons de Darwin ou Merle moqueur.
La fin de matinée est consacrée à l’exploration sous-marine du pourtour de la Couronne du Diable, restes d’un cratère volcanique détaché de la côte autour duquel évoluent les bancs de poissons multicolores tropicaux. C’est l’occasion d’une excellente observation d’une jeune otarie très curieuse venue inspecter la bande d’intrus palmés et masqués que nous sommes. Les eaux très claires, sous un grand soleil avec des fonds immaculés par des dépôts de sables coralliens nous offrent des conditions idéales , malgré le fort courant qui balaye cette couronne de roches acérées.
Le bateau se repositionne pour nous amener, à quelques encablures de là, devant une immense plage de sable blanc, la Baie de la Poste, dénommée ainsi grâce à l’initiative d’un capitaine baleinier qui y installé une poste restante sous forme d’un baril dans lequel les marins déposaient leur courrier qui serait plus tard pris en charge par les navires de retour vers l’Europe. Aujourd’hui, ce bureau de poste original ne sert plus qu’aux touristes de passage qui déposent leurs cartes postales et en échange, récupèrent celles de leurs prédécesseurs pour les poster depuis leur pays d’origine. Depuis la plage, les adeptes du masque-tuba partent en exploration des rochers les plus proches où quelques tortues vont et viennent dans un ressac puissant et des eaux quelque peu troublées par la lessiveuse de la houle du large venue battre la côte.
Le phare et le cairn marquant l’entrée sur une des îles du parc national est gardé par la Buse des Galapagos qui veille sur son troupeau nourricier d’Iguanes marins noirs et roses, une espèce spécifiques à cette île, la plus au Sud de l’archipel et par conséquent, l’une des plus anciennes. On y trouve également une espèce endémique de Merle moqueur qui patrouille le maquis côtier en compagnies des pinsons aux énormes becs à la recherche de graines. Sur le rivage, une colonie de Fous de Nazca s’est installée au sommet des falaises de basalte orientées face aux alisés. Plusieurs jeunes bien emplumés fortifient leur muscles alaires tandis que quelques couples de Mouettes à queue d’aronde cherchent une vire pour pondre leurs œufs. Près du quai de réembarquement dans les zodiacs, une pouponnière de jeunes otaries batifole dans les brisants.
En fin de matinée, Galaxy lève l’ancre pour la Baie Gardner où nous devons effectuer la dernière nage de ce séjour. Au pied des falaises de lave rouge et noire, des fous plonge, remontant avec le produit de leur pêche pendant que les otaries viennent nous faire admirer leurs prouesses natatoires sub-aquatiques. Nous partons ensuite arpenter une immense plage de sable blanc-crème d’origine corallienne où se prélasse déjà de petits groupes d’otaries, jeunes encore non sevrés attendant le retour de leur mère la nuit prochaines, mâles de différentes tailles déchargés de leurs obligations reproductrices à cette époque.
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